Affichage des articles dont le libellé est institut français de cotonou. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est institut français de cotonou. Afficher tous les articles

vendredi 25 janvier 2019

Sébastien Boko : de nombreux trésors à contempler comme en donne l’exemple un certain Oswald Homéky

Dans le cadre de l’exposition ’’Voiles’’

Depuis le 15 janvier 2019 se tient, à la Galerie ’’Kpobly’’, de l’Institut français de Cotonou, l’exposition intitulée ’’Voiles’’, qui permet au sculpteur béninois, Sébastien Boko, de porter à la découverte du public plus d’une trentaine de pièces qu’il a organisées en installations, ce qu’Oswald Homéky n’a pas résisté à revenir examiner …

Le Ministre Oswald Homéky, en privé, à l'exposition ''Voiles''
34 sculptures mises en scène à travers pas moins de six installations. Ce dont a tenu à retourner se délecter Oswald Homéky, Ministre béninois de la Culture, dans le sillage d’une grande décontraction et d’une complète discrétion, au début de l’après-midi du samedi 19 janvier 2019, à la Galerie ’’Kpobly’’ de l’Institut français de Cotonou, lui qui avait appartenu au trio ministériel qu’il avait constitué avec Dona Jean-Claude Houssou, de l’Energie, et Aurélien Agbénonci, des Affaires étrangères et de la coopération, le mardi 15 janvier, au vernissage de l’exposition, ’’Voiles’’, mise en place par le jeune sculpteur, Sébastien Boko. « Je suis venu faire mon achat », nous a juste confié l’autorité ministérielle, surprise dans son observation de proximité des œuvres et, comme tenant à ce qu’on la laisse jouir de l’atmosphère de discrétion qu’elle s’était créée.
Ici, Oswald Homéky se comportait comme un criminel atypique : le crime parfait qui a été commis est positif ; il prolonge la vie et les biens, au lieu de détruire l’une et de faire dérober les autres, même si l'exposition en question coupe le souffle, impose silence, tue ! ’’Voiles’’ montre la dureté, l’ardeur, le niveau élevé du travail, à la fois physique, psychologique et intellectuel, d’un sculpteur d’un crû bien béninois, puis la qualité irréprochable et exceptionnelle que ses sculptures ont atteinte, ce qui met en jeu un défi terrible pour l’artiste : réussir à dépasser ce stade déjà d’une hauteur difficilement égalable.
Le crime parfait commis ne l’a pas été par Oswald Homéky mais, comme l’on le comprend, par Sébastien Boko, avec la complicité de Dona Jean-Claude Houssou, le découvreur, le promoteur et le révéleur de l’artiste ! Solidarité gouvernementale oblige, Oswald Homéky a eu part à l’activité et en est un complice conscient ou inconscient, s’il s’agissait d’un crime.



Quintessence d’une inspiration

Comme « l’assassin [ou son auxiliaire] revient toujours sur les lieux du crime », le Ministre de la Culture a, vraisemblablement, pour affiner son choix d’achat, revisité les différentes séries de l’exposition de Sébastien Boko : ’’Voile’’, ’’Lunettes’’, ’’Voyage’’, ’’Guèlèdè’’, ’’Dame voilée’’ et ’’Militaire’’.

La série ''Guèlèdè''
Aussi discret et imprévisible qu’Oswald Homéky, Sébastien Boko avait précédé, sur les lieux, l’autorité gouvernementale, quelques heures plus tôt, dans la matinée, une présence dont il a fallu profiter pour lui arracher quelques explications.
Si l’artiste use d’une force physique remarquablement épuisante pour transformer en personnages de gros troncs de teck, d’ébène, d’iroko ou, entre autres, de bois de veine, de son nom scientifique, Pterocarpius erinaceus, cela devrait exciter le visiteur à aller découvrir de quelle manière il harmonise le matériau qu’est le bois, en général, avec du fer, ceci qui, pour lui, a une résonance particulière, celui qu’il récupère des barils de pétrole, un liquide très précieux, une ressource du sous-sol à l’origine de terribles conflits entre les pays, à travers le monde.

L'installation ''Militaire''
C’est ainsi qu’il faudrait absolument se déplacer vers l’Institut français de Cotonou pour chercher à comprendre comment, par ’’Militaire’’, Sébastien Boko détermine une installation de pièces portant une réelle valeur de synecdoque, identifiant des soldats par la partie de leur corps allant de la poitrine ou de la ceinture aux membres inférieurs habillés en conséquence, afin de poser le problème des guerres monstrueuses et meurtrières que provoque justement le pétrole et que sont chargés d’animer les hommes en armes, chargés de la défense.

La série ''Lunettes'' ...
... et celle, ''Voile'' ...
En outre mérite d’être appréhendée la traduction par Sébastien Boko d’un thème aussi urgent et actuel que celui de l’immigration, qu’elle soit clandestine ou non, de l’évasion physique, tout simplement, telle qu’elle transparaît dans ’’Voile’’ et, directement dans ’’Voyage’’, 

... de même que ''Voyage''
sans oublier qu’il reste tout au moins important que chacun se rende à la Galerie ’’Kpobly’’ de l’Institut français de Cotonou, pendant qu’il en est encore temps, afin de se faire sa lecture, sa compréhension des différentes facettes de la réelle indispensable hypocrisie humaine dans ’’Lunettes’’ et vis-à-vis de ’’Dame voilée’’. 

Dame voilée
Par ailleurs, de la même manière que l’on se donne de saisir le contenu d’un roman, d’une pièce de théâtre ou d’un recueil de poèmes, il faudrait aller décrypter ’’Guèlèdè’’, se faire une idée de la façon libre, variée et diversifiée dont se déploient, autour de ce masque que « les hommes portent pour rendre hommage aux femmes », l’imagination et, globalement, l’inspiration du sculpteur dont le talent est en pleine explosion. 

Une sculpture de l'installation ''Guèlèdè''
En réalité, cette exploration du ’’Guèlèdè’’, version ’’Sébastien Boko’’, commence par la devanture de l’Institut français de Cotonou, avec une pièce d’un siamois intrigant, impressionnant. Finalement, lesquelles des 34 sculptures de l’exposition ’’Voiles’’, qui s’achève le 4 février 2019, auraient arraché l’achat du Ministre Oswald Homéky ?

Marcel Kpogodo

jeudi 7 juin 2018

Quand l’Occident va à l’école de l’Afrique

Dans le cadre des activités de l’Association ’’Grains de sel’’

Le mercredi 23 mai 2018 a donné l’opportunité de participer à une séance de diction de contes. La manifestation culturelle s’est déroulée à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Se déroulant périodiquement face à un public d’enfants, elle a pris un cachet particulier, étant donné le statut de la conteuse de l’après-midi indiqué : sous la conduite de l’Association béninoise ’’Grains de sel’’, l’Européenne Suzanne Gaede a exercé un art, pratiqué, à une certaine époque, en Afrique, qui lui a exigé une bonne période d’apprentissage.

Suzanne Gaede, en action
Un couple qui, progressivement, se constitue, s’unit et donne naissance à une fille, avant d’éprouver des situations de mésentente, de se détruire et de divorcer, à charge à chacun de ses membres d’accueillir l’enfant, selon un tour réparti et plus ou moins bien respecté. Le conte dont le défi de la narration s’est vue imposer à Suzanne Gaede, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 23 mai 2018, devant un public constitué essentiellement d’enfants, dans le cadre de l’épuisement du processus de transmission de compétences, qui a été établi et qui devait lui permettre de s’approprier les techniques de diction, à l’africaine, du conte.
Suivant de très près cette apprenante de circonstance, la Franco-suisse de nationalité qui s’est retrouvée dans l’obligation de se battre pour réussir la narration expressive de l’histoire, Guy-Ernest Kaho. Président de l’Association culturelle ’’Grains de sel’’, conteur expérimenté et expert reconnu dans l’art de la diction de ce type d’histoire, professeur, donc, il développait un regard simple, impartiale, sur la prestation d’une élève, cantatrice de profession, maître de chœur et responsable d’une chorale, qui, après avoir assisté, en France, à une séance impressionnante de maîtrise de toute une salle par un griot africain, de son tam-tam, armé, à travers le récit de conte, avait été foudroyée par la passion, par la volonté de réussir le même jeu.
Il s’agissait pour Guy-Ernest Kaho de contrôler chez cette écrivaine, auteure d’un roman de jeunesse, qu’elle a adapté dans le conte dont elle a produit le récit, le mercredi 24 mai 2018, la réalisation d’un certain nombre de critères : entre autres, sa manière de dire le conte, sa façon d’utiliser sa voix, son procédé de se tenir, de se déplacer sur la scène, sa capacité à captiver le public qu’elle avait en face d’elle, la gestion qu’elle a fait du temps qui lui a été imparti : environ quarante-cinq minutes.. Cette évaluation, après trois semaines d’une formation qu’il a lui a inculquée en ces matières, et qui avait débuté le 30 avril 2018.
Au bout du compte, Suzanne Gaede, après s’être donnée à fond, pour produire un impact sur ses jeunes auditeurs, a donné l’impression de mener une bataille, dure, d’une telle rudesse, mettant au centre de la scène, sobrement décorée, deux chaises incarnant les membres du couple de son conte, les séparant, les mettant collées et attachées, les séparant de nouveau, au gré de l’évolution de l’histoire. Guy-Ernest Kaho aura réussi à lui donner de vaincre le trac face aux enfants, de façon à ce qu’elle a réussi à dérouler l’histoire d’un bout à l’autre, même si elle devra affiner ses méthodes pour maintenir le public sur son récit, pour le sortir de sa torpeur et le faire participer à la narration. Et, ’’Grains de sel’’ peut s’enorgueillir de transmettre la science de la diction du conte à une Occidentale qui n’a eu d’autre choix que de courir vers l’Afrique pour se ressourcer scientifiquement et techniquement, n’en déplaise aux prometteurs béninois du triste et pitoyable concept du « désert de compétences ».
Suzanne Gaede se trouve originaire d’un continent qui, à l’époque coloniale, ayant dénié à cette Afrique une culture, y avait décrété la table rase pour, despotiquement et exclusivement, imposer sa civilisation, ce qui se retourne contre l’Europe qui, aujourd’hui, se dresse vers ce continent humilié et décérébré, dépersonnalisé, pour retrouver ses sources premières, des racines. Guy-Ernest Kaho, immanquablement, s’est vu inviter au cœur d’un processus stratégique, prouvant ainsi que ces décennies de sa vie que cette personnalité a consacrées à l’art du théâtre, en général, et à celui du conte, en particulier, essaiment de son précieux sel, pour continuer à enrichir le Bénin, et à produire un impact davantage envahissant sur l’Afrique, l’Europe et le monde.

Marcel Kpogodo 

lundi 16 avril 2018

Quand le ’’Sabwana orchestra’’ sème la chaleur et la joie


Dans le cadre du concert du Groupe à Cotonou

La Paillotte de l’Institut français de Cotonou a été grandement secouée dans la soirée du vendredi 13 avril 2018. C’est à la faveur du concert qu’y a donné le Groupe franco-burkinabé, ’’Sabwana orchestra’’. Alors, le public a vibré au rythme de la forte vitalité instrumentiste, véhiculée par les membres de l'orchestre de jazz.  

Le ''Sabwana orchestra'' (De gauche à droite, David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Sosthène Ouédraogo, Colin Mousser et Petit Solo Diabaté)
Vingt-et-une heures tapantes et des notes de balafon lancent un concert qui va durer quatre-vingt-dix minutes environ, dans une atmosphère d’embrasement du public pour un peu plus d’une dizaine de morceaux : ’’Blakyne’’, ’’Sabwana’’, ’’Curyse’’, ’’Ylop’’, ’’Débora’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’E djè ka djo’’, ’’Sababou’’, ’’Célestia’’, ’’Night in Bobo’’, ’’Badenya’’ et ’’Zigribiti’’. Le délice musical qu’ont savouré les spectateurs le vendredi 13 avril 2018, en soirée, au concert qu’a donné le Groupe ’’Sabwana orchestra’’, sous la Paillotte de l’Institut français de Cotonou. Colin Mousser, qui va se révéler un saxophoniste vivant à fond chaque son que son souffle lui permet de générer, entre en scène en émergeant du public ; les deux guitaristes, Sosthène Ouédraogo, l’ ’’électriste’’, et Jessie Ouédraogo, le bassiste, font leur apparition des coulisses, de même que le batteur, David Yaméogo, puis, voilà Gautier Gêne, prenant le contrôle de la régie, qui répartit une lumière rouge et claire sur la scène : le morceau introductif donne le ton d’un concert engagé qui va donner du tonus.
Cette tendance se confirme au fil du déroulement. Une musique rendue jazz par l’agencement mesuré des coups de baguette sur les différentes cymbales, avec les coups harmonisés que reçoivent les styles de tambours, une rythmique qu’intègrent les notes que dégagent les deux guitares dont les cordes sont grattées ou secouées, selon que se stabilise ou monte l’intensité de la fièvre du message que ressentent les manipulateurs de ces instruments de musique. Et, une affinité de taille : celle que développe Petit Solo Diabaté, le joueur de balafon, avec le batteur à partir de l’accord lointain de qui il fait entrer en symbiose les notes douces qu’il laisse échapper de sa machine héritée de la séculaire tradition musicale mandingue. Spectaculaire et polyvalent, ce balafonniste ne varie en rien son comportement de quête d’entente avec David Yaméogo lorsqu’il se déporte sur ses percussions dont les battements communient étrangement avec les coups de batterie. Avec Petit Solo Diabaté, le jazz vire à l’afro, ce qui épanouit ceux dans le public qu’enchantent la grande capacité de provocation de remuement du corps de la part de la musique africaine, très dansante, qui a fait se lever et bouger beaucoup de spectateurs, tantôt spontanément, tantôt sur demande des musiciens.
Le côté purement jazzy du Groupe, c’est aussi la place laissée, dans la plupart des morceaux, à l’expression des instruments ; ’’Sabwana’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’Sababou’’ et ’’Badenya’’ sont alors les seuls dans lesquels David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Petit Solo Diabaté et Colin Mousser auront fait découvrir leurs bonnes capacités chorales. 
Particulièrement, Colin Mousser s’est parfaitement intégré à cette belle ambiance, manifestant la partition de son précieux souffle à travers la mélodie de son saxophone, dans laquelle tout se trouvait engagé en lui, que ce soit son âme, son esprit et, très visiblement, son corps qui, se propulsant, à des moments donnés, au-devant de la scène, se courbait, se pliait en deux, sous l’impulsion d’une fougue intérieure, donnant l’impression que le musicien allait se retrouver au sol. Impresario de service, faisait luire son visage la satisfaction qu’il éprouvait de se donner entièrement au spectacle, pour un public qui suscitait en lui une simple ambition : le combler.
De toute évidence, l’homme de la soirée aura été Petit Solo Diabaté, dans le déploiement, d’abord, d’une énergie physique bien répartie, totalement généreuse, pour les besoins de la cause du comblement du public, de la manifestation de la spécificité dansante et remuante, émouvante de la musique africaine ; il se distribuait amplement entre son balafon et trois tambours de percussions, sans pour autant donner l’impression d’en ressentir de la fatigue, ses mains battaient ardemment la mesure sur ceux-ci, et son visage en rayonnait, il prenait du plaisir à procurer du plaisir …
Ensuite, Petit Solo Diabaté jouait juste et bien, faisant voyager l’esprit, en dépit de l’ambiance surchauffée du concert, par le doux son multiforme qui émanait de son balafon que balayaient des baguettes manipulées par ses doigts si agiles.
Enfin, le Groupe, dans son emble, aura davantage impressionné quand, à la fin du concert, devant un public qui en redemandait, les membres de l’orchestre n’ont eu d’autre choix que de concocter une improvisation acoustique mettant à l’honneur le gong géminé de chez nous, fusionnant avec de la percussion ! Un signe de la capacité du ’’Sabwana orchestra’’ à intégrer des instruments musicaux spécifiques, des rythmes locaux.        

Segun Olabissi
A accompagné le ’’Sabwana orchestra’’, celui qu’il est devenu ordinaire d’appeler le ’’plus Béninois des Nigérians’’, Segun Olabissi. Bête de scène, sa voix tonnait, il y déambulait, stimulant le public à accompagner le mouvement.  


Engagement et écologie 
      
De longues branches de palmier décoraient de part et d’autre la scène, laissant pressentir chez les musiciens une tendance écologiste, et même d’engagement, surtout qu’une certaine uniformité a frappé, en ce qui concerne leur accoutrement de scène : faisait l’unanimité, au niveau d’eux tous, la cravate multicolore en tissu dit africain, ainsi que le pantalon jeans. Celle-ci distille le message de la fusion entre l’Afrique et l’Occident, la cravate étant culturellement de lui, le tissu, du continent des Afro-descendants, en grande majorité. Du côté du jeans, il symbolise le travail acharné sans quoi rien ne s’acquiert ni ne se conquiert, ce travail dans lequel s’engagent les membres du ’’Sabwana orchestra’’, pour donner corps à leurs objectifs, à leur vision. Se rapportant à la chemise, elle est de couleur kaki chez certains, verte, noire ou rouge chez d’autres, ce qui témoigne de la variété, de la multiplicité des choses, des cultures, de leur complémentarité.   
Et, à en croire Jessie Ouédraogo, porte-parole de circonstance, sur la scène, le ’’Sabwana orchestra’’, né depuis quatre ans, s’implique, au fil de son évolution, dans le développement durable, pour plus de justice et d’équilibre dans le monde contemporain.  

Marcel Kpogodo   

jeudi 12 avril 2018

« [Il faudrait] essayer avec nous autres, demande Serge Ologoudou aux mécènes


Dans le cadre de la tenue de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’

La cinquième édition du ’’Festin vocal’’, le Festival international des voix de femmes du Bénin, se profile à l’horizon. Nous en dit sur le programme prévu, le Directeur de l’Evénement, Serge Ologoudou. L’entretien, qu’il a bien voulu nous accorder, s’achève par un appel au soutien financier, qu’il lance aux mécènes.

Serge Ologoudou
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Serge Ologoudou. Vous êtes journaliste culturel et promoteur culturel. Bientôt se tient le ’’Festin vocal’’. Pouvons-nous savoir ce qui est prévu pour cet événement ?


Serge Ologoudou : Merci pour l’opportunité que vous m’offrez. Le ’’Festin vocal’’, c’est le Festival international des voix de femmes du Bénin. Nous en sommes à la cinquième édition qui va se tenir du 24 au 28 avril 2018, ici, à Cotonou. Il y a plusieurs activités à mener. D’abord, il y a trois jours de formation, de perfectionnement en technique vocale ; ces trois jours seront encadrés par Annie Flore Batchiellilys qui est une grande chanteuse africaine, gabonaise d’origine. Elle est en même temps la tête d’affiche de l’édition.
Cette formation, ce seront trois jours de renforcement de capacités, c’est un Master class qui va regrouper un certain nombre d’artistes, des jeunes ou des moins jeunes, peu importe. Toutes celles qui sont intéressées à profiter de l’expérience d’Annie Flore Batchiellilys sont invitées à participer à ce Master class qui se déroulera du 24 au 26 avril, de 9h à 15h, à l’Institut français de Cotonou. En fait, il s’agit d’une dame qui chante depuis un bout de temps ; elle a déjà la cinquantaine, donc, elle n’est pas une petite dans le domaine.  
Ensuite, il y aura deux concerts : le premier, le 27 avril, à la Grande salle du Fitheb (Festival international de théâtre du Bénin, Ndlr), avec le Chœur polyphonique national, Assy Kiwa, Amy Mako de Parakou, Ayodélé et puis bien d’autres. Le 28 avril est prévu un deuxième concert qui sera, cette fois-ci, à l’Institut français de Cotonou avec, encore, le Chœur polyphonique national et, en première partie de la vedette du Festival, Annie Flore Batchiellilys, il y aura une révélation du nom d’Hermance Ellé ; elle est journaliste à l’Ortb (Office de radiodiffusion et télévision du Bénin, Ndlr) au journal parlé mais elle a pour passion la chanson. Elle a eu l’occasion de participer à ’’The voice’’ francophone cette année. Donc, elle sera la révélation et, son nom d’artiste, c’est Djayé.
Profitons de l’occasion pour parler du thème du Festival, qui est : « Les femmes dans l’environnement musical ». Il sera présenté par Marcel Padey. Ce sera la conférence inaugurale de tout le Festival, le mardi 24 avril.


Quelles sont les innovations de cette édition par rapport à la précédente ?

On veut mettre l’accent, surtout, sur les révélations, sur la détection de talents. Donc, nous sommes en train de lancer une activité dénommée ’’Première chance’’, où l’on aura à retenir une dizaine de jeunes chanteuses parmi lesquelles nous allons sélectionner trois que nous allons commencer à suivre, pour les autres éditions du Festival, histoire de les canaliser, de leur donner des notions de base pour que, d’ici à quelques années, elles puissent aussi évoluer dans leur carrière de chanteuses.


Pourquoi cette focalisation du Festival sur les femmes musiciennes chanteuses ?

D’abord, j’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs femmes artistes, entre autres, - paix à son âme ! – Zouley, et puis le trio Tèriba, surtout, un Groupe grâce auquel l’idée du Festival est née. Il faut rappeler que je l’ai fait connaître ici et à l’international. Je crois que le travail qui a été fait au niveau de ce Groupe, j’ai eu envie de le vulgariser. C’est pour cela que j’ai pensé mettre en place un Festival du genre.


L'Affiche officielle du ''Festin vocal''
Organiser un festival, par les temps qui courent, ce n’est pas facile. Est-ce que vous avez déjà tout bouclé pour la réussite de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’ ?

Si tout dépendait de nous, tout serait bouclé. Mais, dans ce genre d’activités, il y a pas mal de partenaires, il y a pas mal de paramètres qu’on ne maîtrise pas forcément. Il s’agit, entre autres, du nerf de la guerre ; il faut que les bonnes volontés, les mécènes se manifestent.
Les sponsors, il n’y en a pratiquement pas puisqu’il n’y a pas de politique ni de loi qui favorise ce genre d’activité. On y va comme l’on peut, mais on a pris ce risque parce que l’année dernière, on n’a pas pu faire le Festival, tout simplement du fait qu’il y a des réformes en cours au Ministère du Tourisme, de la culture et des sports et que ces perturbations ne nous ont pas facilité la tâche. Mais, cette année, on s’est dit que si on doit attendre que ces réformes se mettent en place, on risque de perdre beaucoup de choses. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes jetés à l’eau, il faut le reconnaître, pour maintenir la crédibilité du Festival. Donc, nous sommes là, on attend, on garde l’espoir que le Ministère finira certainement par nous accompagner.
Je profite de ce créneau pour lancer aussi un appel au Ministère de la Culture, aux responsables et aux décideurs politiques, pour attirer leur attention sur le fait que l’Etat organise des événements, mais je crois que les privés, que nous sommes, aussi participent quand même de façon importante à animer les activités artistiques et culturelles dans le pays. Et, on doit tenir compte aussi de cet effort, de cette contribution que nous, privés, apportons au secteur culturel qui en a vraiment besoin.
A l’endroit des mécènes : c’est vrai qu’il y a des bonnes volontés, des privés qui veulent parfois accompagner le secteur mais ils n’ont pas toujours la garantie qu’il faut, il manque un peu de crédibilité. Nous leur lançons l’appel d’essayer avec nous autres et, certainement, ils vont voir la différence. C’est vrai, après cette édition, on va les approcher pour mieux leur expliquer notre démarche à nous, pour mieux leur expliquer l’intérêt de ce que nous faisons et, surtout, l’intérêt que, eux aussi, peuvent en tirer. Ce sont des points qu’il faudrait, à un moment donné, éclaircir, il nous faudrait sensibiliser les uns et les autres sur des choses à faire et comprendre que si on n’a pas une mutualisation des différentes énergies, on ne pourra pas faire avancer ce secteur.


A quel contact on pourrait vous joindre, si on était intéressé pour vous accompagner ?

Il y a un contact sûr qui est mon contact direct : le 97-30-03-44.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 3 mai 2017

Michaël Todégo ou Antonin, l’innocence-intelligence précoce

A la représentation de ’’L’œuf et la poule’’


La pièce de théâtre, ’’L’œuf et la poule’’, a été jouée le samedi 29 avril 2017, à deux reprises, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. S’est trouvé mis en vedette Michaël Todégo, contraint de restituer au public la curiosité un peu trop poussée d’un enfant sur les tenants et les aboutissants de la vie intime de ses parents.

Michaël Todégo, sur scène 
L’air perpétuellement anxieux et insatisfait, insatiable d’Antonin, 5 ans. Le défi qu’a réussi à relever Michaël Todégo qui incarnait ce rôle exigent, le samedi 29 avril 2017, au cours de la représentation, en milieu de matinée et en après-midi, de la pièce, ’’L’œuf et la poule’’, écrite par Catherine Verlaguet et mise en scène par Nathalie Hounvo-Yèkpè.
Dans un décor meublé de gros cubes en carton, diversement colorés et dont certains portaient, écrites, de grosses lettres ou un dessin de poussin ou d’œuf, notamment, un ensemble qui finissait par incarner la devanture d’une maison, Antonin se confrontait régulièrement à son père et à sa mère, respectivement incarnés par Bardol Migan et Sophie Mètinhoué. Alternativement, il les dérangeait de ses incessantes questions visant, pour lui, à comprendre les fondements du gonflement progressif du ventre de sa mère enceinte et, face à la découverte du fait qu’il contenait son petit frère qui allait naître, Antonin ne cessait de chercher à comprendre de quelle manière il allait sortir du ventre. Les doigts bien expérimentés de Meschac Adjaho libéraient les notes de musique de comptines, de sa composition, nous dira-t-il, fermant et ouvrant les scènes.

Michaël Todégo, en fond de décor
Face à sa taille un peu au-dessus de la moyenne, qui était celle de Michaël Todégo jouant Antonin, le jeu se trouvait compromis et le comédien ne devait s’en remettre qu’aux différentes expressions de son visage, aux intonations de sa voix et à ses gestes, à ses comportements, pour laisser lire en lui la mentalité d’un enfant de 5 ans.
Notre Antonin s’y est mis, 35 minutes durant, manifestant les sourcils froncés de la curiosité, la mine boudeuse de l’insatisfaction, les yeux écarquillés de la surprise, face aux réponses trop expéditives du papa concernant, entre autres, un aspect réellement embarrassant de la manière dont son petit frère à la naissance attendue a pu se retrouver dans le ventre de sa mère par le fait du père, sans oublier la voix traînante de cet enfant de scène, confrontant, aux considérations évasives de son papa, les connaissances précises, transmises par sa camarade de classe, sur les conditions de la tenue d’une relation sexuelle par deux adultes. Confusion du père et rire assuré du public.

De gauche à droite, Sophie Mètinhoué, Michaël Todégo, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Bardol Migan et Meschac Adjaho, saluant le public


De cette manière, Michaël Todégo a tôt fait de réussir à se mettre dans la peau du très intelligent et réellement mais profondément innocent petit Antonin. Se faire admettre comme tel par des spectateurs scandant des félicitations, à la fin de la pièce, voilà une grande réussite pour ce jeune comédien plein d’avenir.

Marcel Kpogodo  

vendredi 24 mars 2017

Le chantier de la ’’Nuit poétique’’ bouge !

Dans le cadre des préparatifs de ce grand événement de récital poétique



A une semaine de la tenue de la ’’Nuit poétique’’, les artistes impliqués dans la phase de réalisation du récital poétique sont à pied d’œuvre. Ce qu’il nous a été donné de constater, en ce début d’après-midi du vendredi 24 mars 2017.

De gauche à droite, Daly N'Landou, Bonaventure Didolanvi et Meshac Adjaho
On s’entraîne fort, ça va et ça vient, comme dans une ruche d’abeilles, de la loge au podium du Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. La remarque, ce vendredi 24 mars 2017. Guy-Ernest Kaho, maître d’orchestre de l’œuvre qui va se déployer, dans une semaine exactement, travaille en aparté avec l’artiste peintre et son outil de travail qui n’est personne d’autre qu’une femme, un mannequin bénévole qu’il va habiller de ses couleurs de peinture ; le comédien, Directeur artistique, aujourd’hui, synchronise avec eux les moindres détails de la manifestation publique de la grande œuvre poétique de déclamation.
Tout près, Bonaventure Didolanvi, ayant déployé ses instruments dont deux tambours, ajuste sa mesure, lui qu’écoute de très près Daly N'Landou qui, des cordes de sa guitare, se met au pas, ce qui donne une musique que les autres présents dégustent tout en travaillant. N’est pas du reste Meschac Adjaho, avec sa fameuse flûte ; elle va nous déployer des sonorités qu’il harmonise avec le jeu de leurs instruments respectifs par les deux premiers. Un peu plus à l’écart, tout en consultant le long pagne de poème qui sera déployé pour habiller les oreilles du public, Sergent Markus, ses lunettes vissés aux yeux, reste dans la danse de la note d’organisation interne de succession des poètes, que lui suggère Guy-Ernest Kaho.

Ernest Kaho, au milieu de son équipe ...
Hier, jeudi 23 mars, tous étaient à ce même endroit, ils y seront encore les prochains jours, probablement. De toute façon, tout ce beau monde prépare une bombe artistique que regretteront de n’avoir pas été là pour la recevoir en plein cœur ceux qui n’auraient pas été au spectacle de grande déclamation. Ce sera une ’’Nuit poétique’’ bien chaude, d’une multi-dimension artistique, le vendredi 31 mars prochain, dès 19h, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou.
   

Marcel Kpogodo

mardi 21 mars 2017

La ’’Nuit poétique’’ 2017 : « […] comment on peut lier le poème à la musique, et à un corps qu’on peint … »

Selon Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de l’événement


La ’’Nuit poétique’’, dans son édition 2017, aura bel et bien lieu, le vendredi 31 mars prochain, dès 19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, ce que confirme Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la manifestation culturelle inédite, à travers cette interview qu'il a bien voulu nous accorder. En outre, il annonce l'une des attractions, pour cette année : une performance de sculpture vivante de Laudamus Sègbo.

Guy-Ernest Kaho, Directeur artistique de la ''Nuit poétique'' 2017
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Guy-Ernest Kaho. Vous êtes un monument du monde du théâtre au Bénin. Vous êtes reconnu comme un comédien de talent, comme un conteur de haut niveau. Si vous le permettez, que venez-vous faire dans la 3ème édition de la ’’Nuit poétique’’, qui se déroulera le 31 mars prochain ?


Guy-Ernest Kaho : Dans le cadre de cette ’’Nuit poétique’’, j’ai le plaisir de travailler avec quelques musiciens, des hommes qui ont le plaisir de dire des textes et qui ont aussi le plaisir de les partager avec le public. Donc, musiciens et diseurs de textes vont s’exprimer, pour un moment de poésie, à l’Institut français de Cotonou. Je suis chargé de la Direction artistique de cette activité-là.



Cela suppose quoi, la Direction artistique ? Quelles seront vos activités, en tant que Directeur artistique de la ’’Nuit poétique’’, dans son édition 2017 ?

Ce que j’ai à faire, et que nous avons commencé, depuis quelques semaines, c’est déjà de mettre ensemble des textes, de les distribuer, et puis de leur donner vie, dans l’espace. La ’’Nuit poétique’’ est un récital de poésie ; un récital de poésie, c’est le poème et le public. Donc, c’est celui dit le poème et celui qui écoute le poème. Je crois que René Domal qui a bien défini cette affaire : il dit qu’un poème, c’est comme la mère et son enfant ; il y a celui qui dit le poème et celui qui doit l’écouter. Cela va être un moment simple, mais agréable, j’espère … Donc, mon travail, c’était de réunir les textes, de les harmoniser, de les distribuer et de leur donner vie dans l’espace. Moi aussi, je vais faire partie de ceux qui vont dire ces textes.



Le public aura la chance de se délecter de votre diction que tout le monde reconnaît comme parfaite, quand vous êtes dans le jeu théâtral …

Oh, il ne faut pas exagérer … C’est vrai que j’aime les textes et, quand on a de la chance que des auteurs bien inspirés savent en écrire, quoi de plus beau ! C’est de la nourriture pour nous autres … Donc, j’aurai l’occasion de dire quelques textes, avec mes collègues et confrères aussi. Cela va être un travail d’ensemble, un travail d’équipe.
Et, la particularité de ce travail, c’est qu’on a un de nos grands plasticiens, Laudamus Sègbo, qui est en train de créer le récital avec la couleur, avec le corps, avec son art qu’il sait très bien exprimer, à travers des modèles qu’il est capable de proposer au public. Donc, il y a la musique, les voix et puis le corps auquel on donne les couleurs qu’on veut, pour exprimer une façon de dire autrement le texte, que par la voix.



A part l’art Laudamus Sègbo qui va, cette fois-ci, intervenir dans le récital de poésie, quels sont les autres éléments spécifiques qui permettront de faire la différence d’avec l’édition de  de la ’’Nuit poétique’’ de l’année dernière ?

C’est vrai qu’un récital de poésie n’est pas comme un concert de musique. Mais, il est prévu une sorte de première partie où nous avons la chance d’avoir des auteurs vivants et qui ont bien envie de participer à l’événement avec nous. Donc, ces auteurs-là vont commencer avec leur texte, ils sont déjà prêts à le faire. Cela va servir de première partie.
La deuxième, c’est ce récital ; nous aurons différents poèmes, de différents auteurs, de différents pays africains, mais mis ensemble comme si c’était un seul poème. C’est l’autre particularité, bien entendu, accompagnée, assaisonnée musicalement, pour nous permettre de profiter de ce que la parole poétique peut êtrte une nourriture spirituelle aussi.
Et, ce dont j’ai parlé précédemment : Laudamus Sègbo qui va apporter touche particulière ; nous avons voulu amener la poésie jusque-là parce que nous espérons cela va donner l’occasion au public de voir quelque de différent, qui va lui plaire, certainement.
On a aussi une auteure franco-canadienne, Claudine Bertrand, qui participera aussi à cette ’’Nuit poétique’’ ; c’est une autre des spécificités de l’édition de cette année. Elle nous vient de très loin, elle écrit, et puis elle dit aussi. Elle aussi dira des poèmes.



Statiquement parlant, combien de personnes, d’artistes seront mobilisés, tous domaines confondus, pour participer à ce grand rendez-vous de la poésie ?

Concernant la confirmation et la disponibilité entière des poètes, par exemple, des auteurs, j’ai une liste ; ce sera la dizaine, au maximum. Après, nous allons ajouter Claudine Bertrand, en plus de deux musiciens, Meschac Adjaho et Bonaventure Didolanvi, nous aurons Sergent Markus, puis Evelyne et Philippe qui font partie de l’équipe de Laudamus, plasticien et grand décorateur. A part eux, je vais m’ajouter à ce lot.
Nous invitons aussi Gratien Ahouanmènou et Didier Samson …



Didier Samson, l’ancien journaliste de Rfi …

Oui, nous l’associons à l’événement, parce que c’est, pour ce que je sais, avec mon équipe, nous en avons parlé, c’est un homme de culture, d’expérience ; il sera de la partie, aussi.



Ernest Kaho, une question hors sujet, une question-surprise : vous, que devenez-vous, en tant que comédien ? Aujourd’hui, combien d’années de carrière avec-vous ? Combien de pièces jouées sont à votre actif ?

J’avoue que je n’ai pas mon Cv rédigé, là, tout de suite, mais je peux dire que cela fait quelques petites années. Quand je dis aux gens que je suis timide ou qu’il y a des choses que je ne sais pas dire … Je préfère continuer de faire et d’apprendre à bien faire.
Donc, c’est vrai, j’ai commencé à faire du théâtre, cela fait quelques années ; je suis toujours celui que je suis, je suis toujours là …La difficulté, à ce moment-là, c’est que ce sont les autres qui vous voient et qui savent ce que vous êtes … En même temps, je suis toujours là, je continue de faire ce que j’ai fait, c’est-à-dire faire du théâtre, je construis, je continue toujours de construire petit-à-petit, de pouvoir faire le chemin … C’est ce que je peux répondre à cette question-surprise …



Quel appel avez-vous à lancer aux Béninois et qui devrait les amener à être là, le vendredi 31 mars prochain ?

C’est peut-être que je dise un extrait d’un texte qu’ils vont entendre, cette soirée-là. Mais, déjà, avant d’en venir au texte, je voudrais les inviter en leur disant de venir découvrir, de venir pour voir ; ça va les changer, le moment de cet échange, le vendredi 31 mars, à partir de 19 heures, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Cela va être un moment agréable ! C’est quand ils seront là qu’ils vont voir et apprécier ; ce qui est sûr, c’est que nous travaillons à ce que ce soit une soirée agréable et puis, ils viendront pour écouter des textes, certainement qu’il y en aura qu’ils reconnaîtront peut-être, d’autres qu’ils vont découvrir. Ce sera une façon d’accompagner la poésie qu’ils vont voir, parce que les musiciens seront là, et puis, ils verront comment on peut lier le poème à la musique, et à un corps qu’on peint, comment ça peut se faire, de façon simple.
Je leur demande d’être curieux et de se déplacer nombreux ; il y aura de la place pour tout le monde. Je me répète ; c’est au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Donc, il y a de la place pour tout le monde, l’entrée est libre et gratuite ; ils auront aussi la possibilité de rencontrer, en direct, des poètes béninois, on n’en croise pas à tous les coins de rue. Peut-être qu’ils connaissent des textes, qu’ils disent des textes d’auteurs béninois qu’ils n’ont jamais vus. Ce sera l’occasion, certainement, de les rencontrer. Je crois que c’est ce petit pot-là, ce petit bouquet que je voudrais proposer, et pour lequel j’invite les Béninois, les amoureux de poèmes et de musique à se déplacer. Cela va être un moment agréable.

J’avais promis un petit texte :
« En ce temps-là
Le temps était l’ombrelle d’une femme très belle
Au corps de maïs, aux cheveux de déluge
En ce temps-là
La terre était insermentée
En ce temps-là
Le cœur du soleil n’explosait pas
En ce temps-là
Les rivières se parfumaient incandescentes
En ce temps-là
L’amitié était un gage
En ce temps-là
La chimère n’était pas clandestine
Alors vint un homme
Qui jetait comme cauris ses couleurs
Alors vint un homme
Dont la défense lisse était un masque goli et le verbe un poignard acéré
Alors un homme vint
Qui se levait contre la nuit du temps
Un homme stylé un homme scalpel
Un homme qui opérait des taies
C’était un homme qui s’était longtemps tenu entre l’hyène et le vautour
Au pied d’un baobab un homme vint
Un homme vent un homme ventail un homme portail
Le temps n’était pas un gringo gringalet
Je veux dire un homme rabordaille
Un homme vint 
Un homme »

Ce texte est de l’illustre, de l’éternel Aimé Césaire.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo