mardi 12 juin 2012
Séjour d'Alain Mabanckou à Cotonou
mardi 5 juin 2012
Résultats du Concours des Dix Mots de la Francophonie
Le Bénin frappe un grand coup !
L’Association francophone d'amitié et de liaison s'est prononcée, le 11 mai dernier, sur les résultats du Concours lancé quelques mois auparavant. Il s'agissait pour les participants, qui se sont inscrits, à travers le monde, de construire un texte de leur choix, à partir des Dix mots suivants, dans cet ordre : ''âme'', ''autrement'', ''caractère'', ''chez'', ''confiant'', ''histoire'', ''naturel'', ''penchants'', ''songes'' et ''transports''. Par ailleurs, il fallait se fonder sur le thème : "Raconter un souvenir de vacances". La proclamation de ces résultats permet de constater que, pour deux catégories sur les trois, autorisant des concurrents de toutes les nationalités, des Béninois sont sortis vainqueurs, occupant, dans certains cas, des places d'excellence.
15e Prix : Caroline RENDERS (Belgique)
mardi 29 mai 2012
Paslo au Bénin
dimanche 27 mai 2012
Festival ''Gankéké'' 2012
Dans le cadre du projet ’’Arts de la Scène, des Langues et de l’Oralité’’ (PASLO), financé par le Programme Société Civile et Culture (PSCC) à travers le 10e FED, l’Association Théâtre d’Afrique et son partenaire l’Association Katoulati lancent l’appel à candidatures pour l’organisation du Festival International des Langues Maternelles et de l’Oralité, « GANKEKE 2012 » 4e Edition, qui se tiendra à Porto-Novo, du 08 au 11 septembre 2012.
Catégories : Théâtre, Danse, Contes, Chanson Traditionnelle.
Critères :
* THÉÂTRE
* DANSE
*CHANSON
- Composer et interpréter une chanson sur un thème socioculturel et dans un rythme de son choix entre 03 et 07 minutes.
* CONTES
Prix à gagner
Théâtre/ Danse :
Chanson / Conte:
Date limite de dépôt de dossier : 30 juin 2012 à 18h, heure locale.
NB : Présélection des troupes et compagnies du 05 au 10 Août 2012
Contacts : 97 889891 – 97607209 – 95170332
02 BP 858 P/Novo - Email : theatre.dafrique@yahoo.fr , katoulati@gmail.com
jeudi 24 mai 2012
"Rayons d'Afric" en action
jeudi 19 avril 2012
Kajero en expo à l'institut français du Bénin
Kajero, l'appel au saut sur la chaise
Depuis le 5 avril dernier, Kajero se trouve en exposition à la Salle Joseph Kpobly de l'Institut français du Bénin. 15 tableaux et 1 installation sont à savourer sur le thème "A chacun sa place". Il y a juste de quoi rappeler à chacun de vite retrouver sa chaise et d'y sauter pour l'occuper, de peur de rater le sens de sa véritable vie.
Dans l'exposition, "A chacun sa place", lancée depuis le 5 avril dernier par l'artiste-plasticien camerounais, Kajero, à la Salle Joseph Kpobly de l'Institut français du Bénin, 15 tableaux se disputent le regard du visiteur.
Le livre artistique "Kaje", à la salle Kpobly de l'Institut français du Bénin
Mais, d'emblée, l'essentiel du message de cette initiative est livrée dans l'installation que l'exposant propose ; c'est une attaque, une grande accroche sous la forme d'une chaise rouge qui symbolise l'être humain - puisqu'elle a la couleur de notre sang, cette chaise emprisonnée dans une cage blanche paradoxalement dénuée de barreaux, ce qui laisse croire qu'en réalité, l'homme s'enferme alors qu'il doit jouir d'une liberté programmée par la nature pour faire tout ce qu'il veut, pour réaliser les ambitions qu'il se donne. Cette chaise, c'est le signe de la place unique qu'il revient spécifiquement à chaque être humain d'occuper, comme un Adn qui n'identifie qu'une et une personne ! Kajero, rencontré à juste titre sur les lieux de l'exposition, confirme : "La place dont je parle, c'est la mission pour laquelle on est né et, il faut s'écouter soi-même pour la découvrir ; chacun a une place qu'il doit occuper, si elle est occupée par quelqu'un d'autre, cette personne ne peut faire exactement ce à quoi tu étais destiné : chaque personne est unique et a sa vision, sa manière de faire les choses, propre à elle."
L'artiste, Kajero ...
Donc, ce n'est pas pour rien que cette installation s'intitule "Kaje" ; c'est un peu comme le diminutif de Kajero, pour montrer que le livre artistique et même toute l'exposition - qui se termine le 3 mai prochain - sont la marque de l'expérience personnelle d'un artiste qui, s'il n'y avait pris garde, ne se serait jamais retrouvé à Cotonou pour exercer en tant qu'artiste, mais habiterait le Cameroun, son pays d'origine, en train de réaliser la vision professionnelle d'homme de science de ses parents. "Kaje" avec "j" semble aussi le signe de cette cage rendue fausse, illusoire, factice par le dernier mot qui revient à l'être humain de découvrir son destin, de l'accepter, de l'assumer et de le réaliser courageusement.
La chaise, marque déposée
La chaise, voilà aussi le dénominateur commun à tous les tableaux ; elle marque de son sceau l'un ou l'autre, en lot ou de manière isolée. Et, de manière transversale, elle irradie des thèmes d'une simplicité, d'une profondeur et d'une vigueur incontestables, notamment, la nécessité de se battre pour remporter ses objectifs, la sérénité de la mort, l'intuition comme la voix de Dieu en l'homme. Par ailleurs, les 15 tableaux proposés font intervenir des couleurs de tous genres, montrant ainsi le refus de se limiter de Kajero qui se révèle un patient créateur quand l'on comprend qu'outre la papier mâché qu'il utilise, les pigments, la peinture à huile, les pastels, la craie à peindre, il y a aussi les sciures de bois, les sciures de bois de chaise ! Comme une résurrection thématique et spirituelle. Il n'y a rien à y redire : Kajero, dans notre univers domestique, professionnel ou de tout autre ordre, cela reste la garantie de la profondeur en expression au quotidien des réalités de notre existence ; c'est la lecture des exigences que la providence attend que nous réalisions, c'est booster nos défis ...
Marcel Kpogodo
mercredi 18 avril 2012
Farouk Abdoulaye au Fitheb 2012
Fitheb 2012
La flamboyance d'une installation
Depuis le samedi 7 avril dernier, le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a fermé ses portes. Douze jours auparavant, acteurs, comédiens, metteurs en scène, promoteurs culturels, scénographes, ingénieurs de son et de lumière, notamment, d'une part, et commerçants de tous ordres, artistes de la musique, d'autre part, s'étaient fait valoir, les premiers, dans les différentes salles de spectacles retenues à travers le pays et, les seconds, au village du Fitheb, qui s'est animé au Stade de l'Amitié de Cotonou.
Néanmoins, une production artistique particulière, créée dans le cadre du même Festival, a été aussi mise en exergue et a fortement focalisé l'attention : la grande installation réalisée par le scénographe béninois, Farouk Abdoulaye. C'était au niveau du portail du Fitheb, celui donnant entrée au Village justement mis en place pour accueillir les commerçants animateurs des stands.
Le règne des parapluies
Comme pour partager la logique de la tutelle et de la protection, le parapluie était roi dans cette installation réalisée par Farouk Abdoulaye, au niveau du Portail du Fitheb. Au nombre de 12, ces parapluies matérialisent, rappellent qu'il s'agit de l'année 2012, celle de la tenue de la 11ème édition du Festival. Lorsque les éléments de ce chiffre se fusionnent, nous avons 3 symbolisant le pouvoir, l'affirmation et l'autorité, ce qui donne à penser que l'artiste entendait rester en phase avec la logique des dirigeants et des organisateurs du Fitheb 2012, celui-ci qu'ils ont considéré comme "L'édition du Renouveau", celle qui devait permettre à cette institution internationale de revenir s'imposer comme celle incontournable en matière de théâtre en Afrique. Voilà une image que le Fitheb 2012 a réussi à restituer à juste titre, à travers la rigueur dans la sélection de pièces de haut niveau et, entre autres, par la diversification des activités d'expression artistique et par le retour de grands sponsors et d'institutions de financement qui s'étaient éloignés du Fitheb.
Le livre scénique de Farouk Abdoulaye, au Stade de l'Amitié, au Fitheb 2012
Ce même contexte de trinité, avec le chiffre 3, se met en symbiose avec les trois grands domaines qui ont servi de canal aux artistes de tous bords pour manifester et faire plaire leur savoir-faire en art : le théâtre, la danse et la musique.
Par ailleurs, cette installation a laissé Farouk Abdoulaye faire parler l'harmonie de couleurs multiples, comme s'il avait choisi de montrer que le Fitheb 2012 renaissait avec des inspirations de toutes variétés et, les têtes d'oiseaux ornant les deux panneaux du portail allant de la droite vers la gauche symbolisent justement ces voyageurs interminables que sont les festivaliers, les directeurs de troupes et de compagnies, de festivals, se mouvant d'un horizon à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre et à travers les continents, pour passer le message de leur pertinence artistique. Finalement, Farouk Abdoulaye n'aura rien oublié, surtout lorsque le portail dresse ses panneaux, il se métamorphose en un couloir s'ouvrant aux stands de tous genres, s'animant durant la tenue du Festival.
Le pouvoir de la nuit
Dans l'écriture de son installation, Farouk a imposé que son oeuvre se fasse remarquer en plein jour. Ceci était davantage le cas pour la nuit. Elle rayonnait et, de loin, les parapluies multicolores, couvant chacun une ampoule, devenaient des étoiles qui appelaient à la découverte, ce qui a été, pendant les 12 jours du Festival, un coup réussi de polarisation de l'attention du curieux sur ce qui se passait au-delà du portail.
En réalité, du Fitheb 2010 à celui que nous venons de finir de vivre, Farouk Abdoulaye a réalisé et imposé une marque d'une originalité irréfutable. Ce livre de scène se trouve le résultat de la fusion d'inspirations de plusieurs esprits de métier : menuisier, peintre, soudeur, électricien, entre autres. Voilà un autre aspect de sa force : se concilier la spécificité et le génie professionnels de corps a priori difficilement attendus dans l’accouchement d'un livre tel que l'installation publiée, le 26 mars dernier, au Stade de l'Amitié. Une étoile de plus à sa boutonnière d'artiste, ce Farouk . . .
Marcel Kpogodo
samedi 7 avril 2012
Ella Justine Irikié au Fitheb 2012
Souleymane Bah, metteur en scène guinéen
Fitheb 2012
Le gros ’’menteur’’
Pleins feux sur une personnalité d’un type particulier, émanant de la troupe théâtrale guinéenne présente au Fitheb 2012 ! Contrairement aux attentes, cet homme, d’un teint clair franc et d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, n’est pas à 100% un homme de théâtre. Discrètement drapé dans son Doctorat en Sciences de l’Information et de la communication, Consultant de plusieurs institutions spécialisées des Nations-Unies, il est Professeur de Sémiologie et d’Analyse des médias à l’Institut supérieur de l’Information et de la communication de Guinée. Au soir de la représentation de sa pièce, il se montre en débardeur blanc, en lunettes et portant un simple chapeau
Cet homme est un profil digne d’une personne profondément conformiste ; il lui échoit à lui qui aime se repaître dans la contestation et la remise en question perpétuelle et il avoue ne pas aimer les choses établies et s’épanouir dans la dénonciation, ce au titre de quoi il anime une chronique satirique dans un journal guinéen.
Densifiant davantage sa carte de visite, il devrait s’honorer d’avoir été, pendant la dernière élection présidentielle dans son pays, le Conseiller à la Communication de Cellou Dalein Diallo, challenger du second tour et premier opposant de l’actuel Président de la République. Intellectuel bon teint et complètement décalé, il se donne les moyens de sortir de sa douillette carapace sociale et de communier avec la société dans sa diversité. C’est ainsi qu’on le retrouve dans le théâtre, âgé actuellement de 38 ans et père de deux filles. Frottant avec le milieu des planches depuis 1990 et, metteur en scène quatre années plus tard, il en est, avec celle qu’il joue au Fitheb, ce mercredi 4 avril en soirée, à son 9ème spectacle joué sur scène.
La pièce, Les châteaux de la ruelle, dans laquelle il s’est impliqué, en dit long sur son caractère d’insoumis. Ayant fait le choix de faire évoluer, sur la scène du théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, en ce mercredi soir, six acteurs qui finissent par en incarner successivement vingt sans sortir de la scène, il justifie son choix, non principalement par le fait de vouloir faire de économies mais, surtout, par la volonté de montrer comment l’histoire de la pièce est fondée sur le mensonge. Entrant dans le jeu de cette comédie, il décide de se faire aussi menteur comme Samba qui, informé du décès de son frère en France, s’embarque pour ce pays, feignant une grande souffrance mais, préoccupé par l’héritage à encaisser et par la femme du défunt à épouser. Pris au piège de sa douleur factice, il se trouve nez-à-nez avec un ghetto, en guise de châteaux, et avec Clémentine, cette épouse qui n’est personne d’autre que le compagnon homosexuel de son frère mort.
Se vautrant dans cette atmosphère sordide qui lui permet de montrer de quelle manière l’idée de l’Eldorado occidental est fausse, notre homme utilise l’humour, le décalage et la dérision pour appeler les jeunes africains à comprendre, en se distrayant, que, dans leur pays d’origine, ils peuvent vivre mieux lotis qu’en France.
S’imposant l’Ivoirien Koffi Kwahulé comme unique modèle, il pense s’engager prochainement dans la mise en scène de L’enfant noir de Camara Laye et de Sur la pelouse, pièce d’un jeune auteur guinéen sélectionné pour ce Festival burkinabé des Recréatrales. Lauréat de la bourse ’’Visa pour la création’’, de l’Institut français, Maison mère, il pense se lancer dans la création d’un spectacle ayant comme socle cinq pièces de théâtre de Koffi Kwahulé, mettant en vue le désir et la sexualité. De son vrai nom, Souleymane Bah, ce metteur en scène d’un type particulier répond au pseudonyme, Soulay Thiâ’nguel.
Marcel Kpogodo
Florisse adjanohoun et Alphonse atacolodjou
Fitheb 2012
Deux comédiens béninois en maturité
Ce sont deux figures phare du théâtre béninois ayant effectué un jeu dans l’une des pièces diffusées en ce Fitheb 2012. A un an d’intervalle, l’une entrait fortuitement sur les planches avec la création d’une troupe théâtrale qui a fait fureur dans les années 1990 et 2000. C’était avec Urbain Adjadi, Marcel Orou Fico, Claude Balogoun et Brice Brun. L’autre, par un « heureux hasard », comme il aime à le dire, voit le monde du théâtre lui ouvrir les bras, par le biais d’un certain Camille Amouro qui venait voir un cousin dans la maison qu’il habitait. Ce jour-là, cette belle plume se déplaçait avec Les fourberies de Scapin de Molière. C’est ainsi que notre ami initie le montage d’une troupe de théâtre à l’Ecole de base Saint Basile de Vodjè. En entrant dans le milieu, il côtoie des noms emblématiques tels qu’Antoine Dadélé, Jean-Paul Badet, en ce moment, Professeur de Français à l’Ecole Montaigne, Orden Alladatin, Alougbine Dine et Ousmane Alédji. Deuxième « heureux hasard », selon notre homme, un casting en décembre 1992 l’amène en France, une année plus tard, pour jouer dans Médée de Pierre Corneille. Mais, il crée son premier spectacle en 2001 : Monstres et saltimbanques, dans laquelle il joue le rôle d’Alpha, un chef de bande, face à un Erick-Hector Hounkpè, alias Fô Kiki, incarnant un handicapé moteur, ’’cul-de-jatte’’. En 2002, il rencontre Bruno Thircuir, un ancien technicien de l’ex-Centre culturel français, qui lui propose, en 2003, de jouer dans Don Quichotte de Cervantès. C’est l’année où il s’installe en France.
Situation presqu’analogue de l’autre côté puisque, elle, au début des années 2000, fait plusieurs tournées en France, elle qui, quelque années plus tôt, après avoir obtenu son Bac, se trouve aux prises avec ses parents, des Administrateurs des Impôts, qui ne voulaient pas la voir s’investir professionnellement dans le théâtre, considéré comme précaire et peu sérieux. Mais, convaincue de n’être née que pour la vocation dramatique, elle fonce et se professionnalise à travers un nombre incomptables de pièces dans lesquelles elle se produit en Europe et dans les Antilles, notamment. Elle fait même des ateliers avec des metteurs en scène. Entre temps, elle s’est mariée mais, cela se termine par une séparation. De retour au pays vers la fin de la première décennie de l’année 2000, elle gère une galerie d’art pendant trois ans et arrête parce que la scène lui manquait. A l’heure actuelle, quand ses père et mère voient l’actrice confirmée qu’elle est devenue, ils se montrent satisfaits et l’encouragent à aller de l’avant. Pour l’instant, elle va s’investir dans la pièce, La femme et le colonel, d’Emmanuel Dongala et se prépare pour un Festival au Cameroun.
Parallèlement à elle, l’autre acteur émérite béninois, coiffé d’un rasta, entend rester comédien et, pour un bon moment encore ! Au cas il se déciderait à se faire metteur en cène, ce serait pour quitter définitivement les planches. En outre, devant l’évocation du nom de sa collègue de jeu, il tombe d’admiration pour elle, émerveillé qu’il est de l’avoir recommandée à Bruno Thircuir pour remplacer la comédienne titulaire qui était enceinte : lorsque cette actrice d’un teint très claire, d’yeux élégamment forts et d’une taille modeste, accepta de prendre la place de celle-ci, il ne lui fut envoyé que la vidéo et le texte du spectacle, ce avec quoi elle a travaillé seule pendant fin février-début mars 2012 et, ce n’est que le jeudi 29 du second mois qu’eut lieu l’unique répétition avec l’ensemble de la troupe du metteur en scène, venue de France. Et, le 2 avril, elle s’illustra majestueusement dans Kaïna-Marseille. Celle-ci n’est personne d’autre que Florisse Adjanohoun et, cet autre grand acteur qui admire le savoir-faire qu'elle a déployé, Alphonse Atacolodjou.
Marcel Kpogodo
Kaïna-Marseille représentée à Cotonou
’’Kaïna-Marseille’’ à l’Institut français de Cotonou
Chronique d’une vie prolongée de torture
Le théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou a vu célébrer la force de l’expression des souffrances des immigrés en France. C’était en soirée du lundi 2 avril dernier, sous le jeu des acteurs de la Compagnie ’’La fabrique des petites utopies’’, dans une mise en scène de Bruno Thircuir.
Le contraire en aurait plutôt surpris. Pour qui connaît Bruno Thircuir dans ses mises en scène, il fallait un décor comme celui qu’il a livré au public dans la soirée du lundi 2 avril dernier, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Ce décor était d’une expressivité consistante, efficace, pour matérialiser la précarité de la vie d’un immigré en France. Dans le cas d’espèce, nous sommes dans la ville de Marseille où est arrivée Mamata-Isabelle Ternier, prise par la Béninoise, Florisse Adjanohoun, en provenance de son village natal africain, fuyant un mariage forcé dont elle était la proie, et aidée en cela par sa grand-mère, Kaïna qui, pour lui permettre de s’échapper, avait feint d’être malade, de quoi polariser l’attention des notables. Dans le conteneur qui lui sert d’abri, un autre élément de torture : elle manque de se faire violer au cours d’une attaque de skinheads, fascistes racistes, sans compter que la grossesse qu’elle porte relève de la rançon payée à Papa Dia l’avocat, pour obtenir les papiers, précieux sésame pour échouer à Marseille.
De son village natal à cette ville française, il y a plusieurs rencontres dont certaines ne manquent pas de lui être bénéfiques : Douga, incarné par le Burkinabè, Moussa Sanou, le griot aveugle, rencontré dans le bateau vers Marseille, qui vit avec elle dans le conteneur, la soutient profondément dans le processus du rituel de la levée de deuil, exigée par Kaïna, et qui doit donner la paix à l’âme de celle-ci, défunte. Aussi, joué par notre autre compatriote, Alphonse Atacolodjou, Moha, l’Africain désormais francisé qui, tout en la protégeant contre toute agression extérieure, ne s’habitue jamais, d’ailleurs, à appeler Mamata, cette femme meurtrie, mais, plutôt, Isabelle.
Et, c’est là le deuxième facteur de réussite de la mise en scène de Bruno Thircuir qui laisse Mamata heureusement écartelée, par le nom qui sert à l’appeler, entre l’Afrique ses racines, et Marseille, cet Eldorado qui, dans la réalité, s’impose comme un cauchemar dont elle doit affronter les éléments d’adversité pour rester en symbiose avec le rêve transmis par Kaïna, sa grand-mère.
Dans la même logique, Mamata et Douga se comprennent en parlant, l’une, le fon ou le français, l’autre, le dioula, ce qu’on pourrait interpréter comme la volonté de Bruno Thircuir de justifier la diversité ethnique et nationalitaire des immigrés africains vers la France, lui qui, par ce décor d’un réalisme poignant de la ’’ghettorisation’’ des conditions de vie des Africains en France, montre qu’ils sont des héros cachés.
En effet, ce décor élaboré, pragmatique ne laisse aucune place au superflu ; représenté par un terrain vague nettement délimité par un grillage parsemé de poteaux portant des lampes d’éclairage, cet espace accueille un conteneur qu’habitent Mamata, Douga et Moha, ce qui fait ressortir, à juste titre, la réalité d’une situation catastrophique vécue par les immigrés clandestins en France. La force de la mise en scène réside, en outre, dans le procédé de narration de ses mésaventures par Kaïna ; elle s’investit dans un univers onirique dans lequel elle nous baigne, de façon à nous faire pleurer sur les conditions pressantes de son départ du village, l’exploitation d’ordre sexuel de Papa Dia et, surtout, la trahison de Moussa, son cousin censé lui faciliter tout à son arrivée à Marseille. Cette pièce étant la troisième branche d’une trilogie entamée avec Niama-Niama et poursuivie avec Et si l’homme avait été taillé dans une branche de baobab, cette deuxième pièce d’ailleurs jouée au Fitheb 2008, Alphonse Atacolodjou reste le fil conducteur de ces pièces liées par l’engagement de Bruno Thircuir à démontrer l’existence d’une vision française de l’immigration clandestine, cette manière de voir, plus populaire, s’opposant radicalement avec celle ambiante politiquement dans la France de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, la mise en scène de Bruno Thircuir permet de mettre en valeur la maturité du jeu dramatique de Florisse Adjanohoun et Alphonse Atacolodjou, deux acteurs béninois qui se sont aguerris au fil de plusieurs années de pratique.
Marcel Kpogodo
mercredi 4 avril 2012
Vernissage de Kajero à Cotonou
Dans le cadre de ses activités artistiques à Cotonou
Le plasticien Kajero lance ''A chacun sa place''
vendredi 30 mars 2012
Hassane Kassi Kouyaté au Fitheb 2012
Qui l'eût cru ? Se retrouver en face de lui, c'est côtoyer le deuxième fils du très célèbre feu homme de théâtre et de cinéma, Sotigui Kouyaté ! Ayant donc les arts de la scène dans le sang, en héritage, en pratique quotidienne et s'y baignant de tout son corps, de tout son âme et de tout son esprit, il reconnait avoir été conçu et élevé dans le théâtre, ce qui constitue pour lui une rampe de lancement pour déployer toute son expertise dans le domaine pour la mettre au service de ses frères africains qu'il rencontre régulièrement, justifiant par là ses navettes régulières entre l'Afrique et la France, ce pays où il vit depuis trois décennies. A son actif, il faut trouver, pour ce formateur dont le mérite se reconnaît par les nombreuses sollicitations scientifiques dont il est l'objet, la création, au Burkina, avec des frères et des amis, du Centre Kilia, un lieu d'accueil, de production, de formation, de programmation de spectacles vivants et de résidence de création, du Festival ''Djenné" de musique et de contes de Bobo-Dioulasso, de "Ouaga Hip-hop'', et le parrainage de plusieurs festivals, notamment. En outre, plusieurs structures d'enseignement l'accueillent pour partager sa connaissance du théâtre : l'Ecole de Théâtre de Naples dont il est le Directeur artisitique, l'Université de Paris VIII, entre autres. Il développe aussi une carrure inimaginable. Diplômé en Commerce, il s'applique à faire entrer dans la mentalité de ses apprenants africains la nécessité de rentabiliser économiquement les projets artistiques dont ils sont les concepteurs, le seul moyen, selon lui, pour garantir la durabilité des structures mises en places en Afrique pour la pratique des arts du spectacle. Vous évertuant à pénétrer dans le jardin secret de l'homme, vous découvrirez un fan du parfum "Aqua Ijio Armani", un gourmand du plat de pâte de maïs à la sauce-légumes, un amoureux de la couleur verte, du citron et du zèbre, un animal auquel il a du plaisir à s'identifier, pour le blanc et le noir harmonieusement dessinés sur sa peau. Détestant l'ingratitude et tombant des nues devant la générosité, il n'est pas dramaturge. Fier d'avoir travaillé avec le très célèbre Peter Brook, il jouera, rappelez-vous le, ce 28 mars à l'institut français de Cotonou, dans la pièce "The Island", en duo avec l'autre très influent acteur malien, Habib Dembélé. Ce tempérament chaleureux est Hassane Kassi Kouyaté, Directeur artistique aussi de la Compagnie "Deux Temps, Trois mouvements".
lundi 26 mars 2012
Fitheb 2012
dimanche 25 mars 2012
Prix Master Média
samedi 17 mars 2012
''Exhibition trip'' à Cotonou
Cycle (IR)REALITES
Mi-hommes, mi-bêtes, des animaux mythiques enchantés par la flûte d’un dieu Pan citadin, êtres fantasques à tête et troncs humains, jambes effilées prolongées en sabots, queue d’âne ou de lion, bêtes à corps humain, êtres cornus avec des seins pointus et croupes de femme, pieuvres, étoiles de mer, serpents, reptiles divers, insectes géants, têtes d’oiseaux, suspendues, accrochées, pendues, à un poteau ou à un véhicule quelconque, virevoltent dans un environnement urbain, ligotés par des fils de fer, planent - sibyllines créatures familières de nos vies modernes, expressions secrètes de nos modernes superstitions - dans un paysage rabougri, miniaturisé, au-dessus des avions, voitures, motos, trains, arbres, au-dessus (ou plutôt au-delà ?) des rues grouillantes d’un petit quotidien, d’une vie à petite échelle ou les rapports de force et les directions semées d’embûches sont les vecteurs d’un perceptible déséquilibre. Sortant de leurs gueules, accrochés à leurs griffes, serres, crocs, pendent des fils conducteurs qui relient et enferment tout ce monde dans un cercle étroit sous le signe omniprésent d’une croix, la souffrance, le lot de l’être, excroissance discrète de leur corps.
« Dans mon enfance », raconte Ben avec un sourire mi-triste, mi-étonné, « je trouvais un plaisir fou à lancer des pierres sur toutes les bêtes du voisinage qui avaient le malheur de me rencontrer sur leur chemin ». Insensible à leur souffrance comme aux invectives des adultes, il s’adonnait tous les jours à sa passion, à améliorer son tir et à se réjouir de son excellente adresse.
Aujourd’hui, jeune adulte et ami des bêtes, il se remémore ses anciennes « victimes », la douleur qu’il a dû leur infliger et s’interroge sur les raisons qui ont fait jaillir cette violence primaire, même si elle s’est évanouie un jour comme elle était venue, sans crier gare, sans préavis. Exercices d’exorcisme, points de départ d’une réflexion sur le monde, ces « péchés de jeunesse », il les métamorphose en dessins.
Havre d’imagination, la surface blanche - lisse ou poreuse aux petits reliefs, mais toujours blanche, blanche comme l’aube des désirs, comme l’absence de pensée, comme le brouillard avant qu’il ne se dissipe, cette surface où le blanc a sa place, son rôle à jouer, effet de mise en scène qui ne révèle que mieux le noir du crayon, l’encre du stylo et les pastels où, des fois, il laisse son crayon, ses stylos, ses « bics », ses pastels, courir d’une manière qui rappelle l’écriture automatique des surréalistes - lui est certainement exutoire, mur des perceptions qu’il recense comme un état de lieux du rêve, mais d’un rêve éveillé, presque palpable.
Nous sommes aspirés par l’énergie que chaque dessin dégage, astreints au regard par le spectacle, par les personnages qui se présentent un à un dans un défilé d’une beauté dérangeante, et la chaise où nous étions assis, observateurs étrangers, devient soudainement inconfortable.
Il insinue peut-être que la part d’ombre ne peut jamais être entièrement tirée vers la raison, que l’obscurité est la face cachée de la lumière. Mais, sans la nuit que serait le jour, si ce n’est qu’un tombeau de formes sans relief ?!
Dans ses dessins, nous voyons un clin d’œil au travail de Ndoye Douts ; pensez aux véhicules miniaturisés qui sillonnent les toiles du Sénégalais et, héritage de son compatriote Dominique Zinkpé, une certaine manière de tracer ses personnages qu’il imprègne d’un brin d’érotisme, élément assez rare dans le paysage béninois. C’est indéniable, Zinkpé est un incendie dans les arts béninois et Ben a emporté de la ferveur du maître pour explorer ses propres angoisses avec une grande sensibilité.
L’artiste a commencé son art en faisant de la récupération, à redonner vie aux cimetières de produits de la société de consommation, tailleur de tôles, couturier au fil de fer des boîtes de conserves assemblées en tableaux pleins d’une nouvelle vitalité, compositions hétéroclites de matières qu’il a percées, soudées, martelées, découpées, sous la chaleur ou la pluie, dans une lutte acharnée avec la matière. Il a canalisé peut-être cette violence d’antan, violence qui, d’impulse destructeur devenait énergie vitale, projection d’une fureur d’exister, exercice difficile dans une société mutante, tiraillée entre les presqu’inutilisables valeurs du passé et le « nouveau monde » brutal, niveleur où les individus perdent leur identité et se retrouvent gavés d’inutilités modernes, proies du jetable et du futile.
Dans une belle continuité, Benjamin Déguénon poursuit son chemin de croix, à ressusciter, avec cette force que seuls les êtres fragiles peuvent connaître, des images enfouies dans son subconscient, à traduire l’indicible dans un ballet d’allégories plus ou moins transparentes sur le destin, sur la raison d’être, tout en se gardant de nous livrer la part de mystère qui rend une œuvre de l’esprit indéfinissable.
De la part de Fabiola Badoi