mardi 12 juin 2012

Séjour d'Alain Mabanckou à Cotonou

Alain Mabanckou rejette une certaine Afrique

Alain Mabanckou, écrivain africain originaire du Congo-Brazzaville, a tenu une conférence de presse, ce mardi 12 juin, à Cotonou. C'était à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français. Bon nombre de questions ont fait l'objet de ses échanges avec les journalistes. Il ressort qu'il assume difficilement certaines idées reçues adoptées en Afrique.

Alain Mabanckou, dans ses échanges avec les journalistes béninois présents à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ce mardi 12 juin 2012, s'est montré opposé aux idées faisant la promotion d'une Afrique des jérémiades, qui se remet mal de l'esclavage et de la colonisation et qui, rendant responsable l'Occident de son sous-développement actuel, refuse de se battre pour en sortir. Quand on pense que, dans un Bénin ravagé et fragilisé par la cybercriminalité où les jeunes qui s'y investissent justifient leurs escroqueries par l'idée d'un vengeance contre les Occidentaux pour, justement, l'esclavage et la colonisation, on comprend que l'écrivain a touché à un point sensible de la mentalité de la jeunesse de notre pays. Il s'est insurgé, en outre, dans un humour finalement instinctif, contre une Afrique qui se veut pure et exempte de toute tare, contre une Afrique qui n'a rien à se reprocher et qui trouve que ce sont les autres qui portent tous les grands défauts.


Dans son évolution, l'écrivain congolais est allé jusqu'à démontrer que ce continent, à travers certains de ses pays, a laissé se manifester un ''racisme intra-africain'' ayant fait de certains autochtones des chiens méchants et des xénophobes vis-à-vis d'Africains, étrangers, venus de pays voisins. Ce langage complètement rectificateur intervient dans un contexte où il vient de faire paraître son nouveau roman aux Editions Fayard, ouvrage intitulé Le sanglot de l'homme noir. Il faudra attendre le vendredi 15 juin prochain, à 18 heures 45, à la Paillote de l'Institut français du Bénin, pour voir l'écrivain congolais s'étendre plus amplement sur cet ouvrage. Rappelons qu'à son actif se trouvent un peu moins d'une dizaine de productions romanesques : Bleu-Blanc-Rouge (1998), Et Dieu seul sait comment je dors (2001), Les petits-fils nègres de Vercingétorix (2002), African psycho (2003), Verre cassé (2005), Mémoires de porc-épic (2006), Black Bazar (2009), Ma Soeur Etoile (2010) et Demain j'aurai vingt ans (2010). Parmi celles-ci, Verre cassé a reçu, en 2005, successivement le Prix des Cinq continents de la Francophonie, le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs et le Prix RFO 2005, pendant que Mémoires de porc-épic a été auréolé du Prix Renaudot 2006. Se rapportant au Sanglot de l'homme noir, les explications et les éclairages d'Alain Mabanckou, nourris dans un humour subtil, restent très attendus.


Marcel Kpogodo 

mardi 5 juin 2012

Résultats du Concours des Dix Mots de la Francophonie

Le Bénin frappe un grand coup !


Le Concours des Dix Mots de la Francophonie, initié par l'Association francophone d'amitié et de liaison, a donné son verdict. C'était le 11 mai 2012. Pour les quatre catégories concernées par ces résultats, les Béninois se sont illustrés d'une manière parfaitement remarquable.


L’Association francophone d'amitié et de liaison s'est prononcée, le 11 mai dernier, sur les résultats du Concours lancé quelques mois auparavant. Il s'agissait pour les participants, qui se sont inscrits, à travers le monde, de construire un texte de leur choix, à partir des Dix mots suivants, dans cet ordre : ''âme'', ''autrement'', ''caractère'', ''chez'', ''confiant'', ''histoire'', ''naturel'', ''penchants'', ''songes'' et ''transports''. Par ailleurs, il fallait se fonder sur le thème : "Raconter un souvenir de vacances". La proclamation de ces résultats permet de constater que, pour deux catégories sur les trois, autorisant des concurrents de toutes les nationalités, des Béninois sont sortis vainqueurs, occupant, dans certains cas, des places d'excellence. 

Probable couac ...

Pour ce Concours qui se tient tous les deux ans, il faut reconnaître que, pour 2010, il n'y avait pas eu de lauréat béninois. Les résultats de l'année en cours viennent sonner une belle revanche des candidats en provenance de l'ex-Quartier latin de l'Afrique. Cependant, comme en 2008, il va, à coup sûr, se poser le problème du déplacement des lauréats vers la France pour la réception de leur Prix. En effet, Antonin Fassinou, élève en Terminale D au Collège ''Le bon berger'' de Godomey, pour la deuxième place occupée dans sa catégorie, devra effectuer deux voyages, le premier, au Canada, le 30 juin prochain, ce qui est déjà garanti par ce pays d'accueil, tous les frais étant pris en charge, et le second, en France, en septembre 2012. Reste à savoir si le Gouvernement béninois acceptera de financer ce déplacement qui se trouve à ses frais. Et, il en est de même pour les autres candidats, dans leurs catégories respectives. Seront-ils pris en compte par le Ministère de l'Enseignement secondaire ou par celui de la Culture, ce qui leur permettrait d'aller recevoir leur Prix et qui donnerait les moyens d'encourager d'autres à se lancer dans un même expérience d'excellence dans deux ans ? La question reste posée et l'Exécutif devrait faire mentir les pronostics qui laissent croire que ceux d'entre les lauréats qui n'auraient pas les moyens financiers propres de s'offrir le voyage en compagnie d'un parrain seraient dans l'obligation de rester cloués au territoire national pendant que d'autres, dans d'autres pays, se retrouveraient dans l'Hexagone.


Marcel Kpogodo
  


Palmarès 2012 du Concours des Dix mots de la Francophonie, organisé par l'Association francophone d'amitié et de liaison
Catégorie ''Jeunes Etrangers''

1er Prix : Jingye ZHU (Chine)
2e Prix :  Antonin FASSINOU (Bénin)
3e Prix : Henriette Francine NGO IBOUM (Cameroun)
4e Prix : Bengie ALCIME (Haïti)
5e Prix : Alexandru LEFTER (Roumanie)
6e Prix : Spéro GODJO (Bénin)
7e Prix : Carly SOMMERLOT (Etats-Unis)
8e Prix : Francine Mariette AGO (Bénin)
9e Prix : Elvis AGUIDISSOU (Bénin)
10e Prix : Zoi TSALIKI (Grèce)
11e Prix : Bruno Sanchez MONTES (Espagne)
12e Prix : Aurelia Elena VIDU (Roumanie)
13e Prix : Sara BADOURA (Jordanie)
14e Prix : Lilit SARGSYAN (Arménie)
15e Prix : Caroline RENDERS (Belgique)

Catégorie ''Jeunes Français''

1er Prix : Anne-Calire JAULIN
2e Prix : Annabelle CHALOPIN
3e Prix : Juliette SCHWAK
4e Prix : Amandine JARDIN
5e Prix : Aurore CHAUSSEPIED
6e Prix : Fayçal ZARROUK
7e Prix : Pauline L'HÔTE
8e Prix : Armande DIQUAS
9e Prix : Florian GUILLOT
10e Prix : Apolline BARRA
11e Prix : Julien GOLOMB
12e Prix : Pauline SEIGNON
13e Prix : Morgane LEMONNIER
14e Prix : Marie LAMMER
15e Prix : Etienne LABAOU

Catégorie ''Bibliothécaires''

1er Prix Etranger : Paula Huguette ANANI, épouse SEMADO (Bénin)
1er Prix Français : Lydie LORSSERY ( France)
2e Prix : Placide Bidossessi AGOUNFON (Bénin)
3e Prix : Aurélie LACOUCHIE (France)
4e Prix : M. HOAREAU (France)
5e Prix : Maria José RIEGO MAIDANA (Paraguay)
6e Prix : Isabelle LE BASTARD (France)
7e Prix : Oumou Slama LY (Mauritanie)
8e Prix : Cathy ROUMIEU (France)
9e Prix : Catherine BAUMER (France)
10e Prix : Cécile BOURLANGE (France)
11e Prix : Aline MARSIQUET (France)
12e Prix : Gontran SEMADO (Bénin)
13e Prix : Diego MORALES GARCIA (Espagne)
14e Prix : Toufic KOJOK (Liban)
15e Prix : Selma CHERKAOUI (Maroc)

Catégorie ''Organismes''

1er Prix Etranger : ASIJOHAC (Cameroun)
1er Prix Français : IEFE-UNIVERSITE Paul Valéry Montpellier III (France)
2e Prix : Académie socio-pédagogique de Nijni Taguil (Russie)
3e Prix : American University (Bulgarie)
4e Prix : Alliance française de Delhi (Inde)
5e Prix : Académie de Langues France Méditerranée (France)
6e Prix : DGCI-Faculté de Commerce, Université Ain Shams (Egypte)
7e Prix : Université nationale technique de Donetsk (Ukraine)
8e Prix : IES Xograr Afonso Gomez de Sarria (Espagne). 

mardi 29 mai 2012

Paslo au Bénin

Des contes pour égayer et éduquer


L'Ecole primaire publique Sèhogan de Cotonou, en face de la Place du Bicentenaire, à 15 heures tapantes, ce vendredi 25 mai. Une armée de conteurs déferle dans la petite cours de l'établissement en effervescence. Les écoliers sont en mobilisation par la Directrice et les enseignants. Il s'agit de faire écouter à ces âmes innocentes et modelables des contes préparés pour eux par l'équipe du Projet ''Arts de la scène, des langues et de l'oralité" (Paslo). Ce sont soixante minutes consacrées à l'activité, gagnées par les apprenants.

Sept conteurs ont été reçus à l'Ecole primaire publique Sèhogan de Cotonou, le vendredi 25 mai dernier. Parfait Dossa, Donatien Gaglozoun, Charrelle Hounvo, Koudoussou Laourou, Soulémane Laly, Jean-Louis Lokossou et Sylviane Zannou ont assisté à une répartition circonstancielle des apprenants en trois classes, ce qui leur a permis d'intervenir devant eux, à tour de rôle, pour leur faire vivre des contes. 
Cette initiative s'inscrivait dans le cadre du Projet ''Arts de la scène, des langues et de l'oralité'' (Paslo), financé par le Programme Société civile et culture (Pscc), sur le 10ème Fonds européen de développement (Fed). 
Une heure de temps a suffi pour un procédé comportant quelques petites étapes : la diction du conte, entrecoupée de courts chants ou de slogans, de quoi maintenir l'attention des auditeurs. A la fin de l'histoire, d'innocentes questions pleuvent du conteur pour s'assurer que les apprenants ont retenu aussi bien l'histoire dite que la leçon qui en découle. Plusieurs groupes de classes ont été pris en charge simultanément.
Dans ce contexte, bon nombre d'animaux ont été exposés dans leurs comportements manifestant, au-delà de tout, la mentalité humaine, dans ses tares, ses dérives et ses faiblesses. L'exercice était aussi l'occasion pour les conteurs de se succéder et de montrer leur savoir-faire dans ce très exigent travail de présentation ; chacun y allait selon son style et sa personnalité, tantôt réjouissant et égayant les enfants, tantôt les réchauffant, les enthousiasmant et les monopolisant entièrement sur l'histoire. 
Témoins de cette réussite, Serge Zossou et Patrice Tonakpon Toton, respectivement, Coordonnateur et Administrateur du Paslo, n'ont pas hésité, à un moment donné, à mettre la main à la pâte, démontrant qu'avant de diriger un tel Projet, ils savaient bel et bien pratiquer. 


Serge Zossou 

Selon la seconde personnalité, qui a bien voulu se prêter à nos questions, cette activité de partage de contes avec les enfants des établissements s'achèvera après que l'équipe de conteurs aura parcouru 78 écoles réparties à travers 7 Départements de notre pays : l'Atlantique, le Littoral, l'Ouémé, le Plateau, les Collines, le Zou et le Borgou. 


 Patrice T. Toton

A en croire ses propos, raconter des contes aux apprenants vise à accompagner le programme pédagogique de déroulement de ces types de récits dans les écoles primaires, d'une part, et à contrer l'assaut du système moral actuel par des maux tels que la dépravation des mœurs, la délinquance juvénile, la déchéance de l'éducation, l'incivisme, la recherche du gain facile, la perte de repères moraux par le jeunesse, notamment, d'autre part.Ce vaste programme nécessite que les dirigeants du Paslo et l'équipe de conteurs montrent le même grand souffle de détermination farouche qu'ils ont manifesté au lancement de ce Projet, le vendredi 25 mai dernier.

Marcel Kpogodo

dimanche 27 mai 2012

Festival ''Gankéké'' 2012


Appel à candidatures pour le Festival GANKEKE 2012


Dans le cadre du projet ’’Arts de la Scène, des Langues et de l’Oralité’’ (PASLO), financé par le Programme Société Civile et Culture (PSCC) à travers le 10e FED, l’Association Théâtre d’Afrique et son partenaire l’Association Katoulati lancent l’appel à candidatures pour l’organisation du Festival International des Langues Maternelles et de l’Oralité, « GANKEKE 2012 » 4e Edition, qui se tiendra à Porto-Novo, du 08 au 11 septembre 2012.

Catégories : Théâtre, Danse, Contes, Chanson Traditionnelle.

Critères :

* THÉÂTRE 
-Etre une troupe théâtrale ou une compagnie artistique du Bénin.
-Produire un spectacle de théâtre dans la langue maternelle de son choix sur un thème socioculturel, entre 15 et 20 minutes.
- Remplir une fiche d’inscription.


* DANSE
- Etre un groupe de Ballet ou une compagnie de danse du Bénin.
- Produire un ballet à thème dans un rythme local de son choix entre 15 et 20 minutes.
- Remplir une fiche d’inscription. 


*CHANSON
- Etre un groupe ou un chanteur de musique traditionnelle ou tradi-moderne du Bénin.
- Composer et interpréter une chanson sur un thème socioculturel et dans un rythme de son choix entre 03 et 07 minutes. 
- Remplir une fiche d’inscription. 


* CONTES
Seuls les conteurs traditionnels ayant participé aux séances de collectes de contes à Savalou, du 1er  au 12 mars 2012, sont éligibles.

Prix à gagner

Théâtre/ Danse :
1er prix : Trophée + 150.000 FCFA
2e  prix : Trophée + 100.000 FCFA


Chanson / Conte:
1er  prix: Trophée + 60.000 FCFA
2e  prix : Trophée + 40.000 FCFA 


Date limite de dépôt de dossier : 30 juin 2012 à 18h, heure locale.


NB : Présélection des troupes et compagnies du 05 au 10 Août 2012
Contacts : 97 889891 – 97607209 – 95170332 

02 BP 858 P/Novo - Email : theatre.dafrique@yahoo.fr , katoulati@gmail.com

Visiter le site: www.benincultures.com pour le formulaire d'inscription ou, encore, www.theatredafrique.blogspot.com


Source : Magazine ''Sport Culture News''

jeudi 24 mai 2012

"Rayons d'Afric" en action

Des artistes de tous domaines bientôt formés et exposés

Du 18 au 22 juin prochain, l'Association "Rayons d'Afric" innovera à travers une initiative d'un type particulier : des artistes de toutes catégories seront mis en synergie pour réaliser un processus de prise en charge intellectuelle et professionnelle.


Patrice Tomédé, alias Pat'ace, Coordonnateur du Projet "Rayons d'Afric"


L'Association "Rayons d'Afric", pour la période du 18 au 22 juin 2012, réunira des plasticiens, des sculpteurs, des comédiens, des musiciens et des écrivains, tous confirmés. Ceux-ci se trouveront embarqués dans un système qui leur fera bénéficier d'abord d'une formation. Celle-ci se tiendra justement le 18 juin au Centre de développement local de Wologuèdè. Ensuite, le lendemain, il se déroulera une exposition-vente qui fera découvrir et acheter par le public les oeuvres des artistes ; elle s'achèvera le 22 du même mois. Mais, la clôture du processus sera marquée par un grand défilé de mode qui aura pour cadre le Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin. Selon Patrice Tomédé, alias Pat'ace, Coordonnateur du Projet, le but d'une telle initiative reste "le rayonnement du continent africain d'un éclat particulier, du point de vue artistique et financier". Il continue en disant qu'il s'agit d' "une foire du management culturel" qui a pour ambition de créer les fondements d'une Afrique en rupture avec la précarité. A en croire toujours le promoteur du Projet, plusieurs partenaires seraient d'accord pour l'accompagner dans cette initiative : l'Institut français du Bénin, le Fonds d'aide à la culture, le Fodefca, des entreprises telles que la Sobémap, le Port autonome de Cotonou, la Bgfi Bank, notamment. Il ne reste qu'à souhaiter que les fruits tiennent la promesse des fleurs entrevues.


Marcel Kpogodo


jeudi 19 avril 2012

Kajero en expo à l'institut français du Bénin

Arts plastiques au Bénin


Kajero, l'appel au saut sur la chaise


Depuis le 5 avril dernier, Kajero se trouve en exposition à la Salle Joseph Kpobly de l'Institut français du Bénin. 15 tableaux et 1 installation sont à savourer sur le thème "A chacun sa place". Il y a juste de quoi rappeler à chacun de vite retrouver sa chaise et d'y sauter pour l'occuper, de peur de rater le sens de sa véritable vie.


Dans l'exposition, "A chacun sa place", lancée depuis le 5 avril dernier par l'artiste-plasticien camerounais, Kajero, à la Salle Joseph Kpobly de l'Institut français du Bénin, 15 tableaux se disputent le regard du visiteur.


Le livre artistique "Kaje", à la salle Kpobly de l'Institut français du Bénin

Mais, d'emblée, l'essentiel du message de cette initiative est livrée dans l'installation que l'exposant propose ; c'est une attaque, une grande accroche sous la forme d'une chaise rouge qui symbolise l'être humain - puisqu'elle a la couleur de notre sang, cette chaise emprisonnée dans une cage blanche paradoxalement dénuée de barreaux, ce qui laisse croire qu'en réalité, l'homme s'enferme alors qu'il doit jouir d'une liberté programmée par la nature pour faire tout ce qu'il veut, pour réaliser les ambitions qu'il se donne. Cette chaise, c'est le signe de la place unique qu'il revient spécifiquement à chaque être humain d'occuper, comme un Adn qui n'identifie qu'une et une personne ! Kajero, rencontré à juste titre sur les lieux de l'exposition, confirme : "La place dont je parle, c'est la mission pour laquelle on est né et, il faut s'écouter soi-même pour la découvrir ; chacun a une place qu'il doit occuper, si elle est occupée par quelqu'un d'autre, cette personne ne peut faire exactement ce à quoi tu étais destiné : chaque personne est unique et a sa vision, sa manière de faire les choses, propre à elle."


L'artiste, Kajero ...

Donc, ce n'est pas pour rien que cette installation s'intitule "Kaje" ; c'est un peu comme le diminutif de Kajero, pour montrer que le livre artistique et même toute l'exposition - qui se termine le 3 mai prochain - sont la marque de l'expérience personnelle d'un artiste qui, s'il n'y avait pris garde, ne se serait jamais retrouvé à Cotonou pour exercer en tant qu'artiste, mais habiterait le Cameroun, son pays d'origine, en train de réaliser la vision professionnelle d'homme de science de ses parents. "Kaje" avec "j" semble aussi le signe de cette cage rendue fausse, illusoire, factice par le dernier mot qui revient à l'être humain de découvrir son destin, de l'accepter, de l'assumer et de le réaliser courageusement.

L
a chaise, marque déposée

La chaise, voilà aussi le dénominateur commun à tous les tableaux ; elle marque de son sceau l'un ou l'autre, en lot ou de manière isolée. Et, de manière transversale, elle irradie des thèmes d'une simplicité, d'une profondeur et d'une vigueur incontestables, notamment, la nécessité de se battre pour remporter ses objectifs, la sérénité de la mort, l'intuition comme la voix de Dieu en l'homme. Par ailleurs, les 15 tableaux proposés font intervenir des couleurs de tous genres, montrant ainsi le refus de se limiter de Kajero qui se révèle un patient créateur quand l'on comprend qu'outre la papier mâché qu'il utilise, les pigments, la peinture à huile, les pastels, la craie à peindre, il y a aussi les sciures de bois, les sciures de bois de chaise ! Comme une résurrection thématique et spirituelle. Il n'y a rien à y redire : Kajero, dans notre univers domestique, professionnel ou de tout autre ordre, cela reste la garantie de la profondeur en expression au quotidien des réalités de notre existence ; c'est la lecture des exigences que la providence attend que nous réalisions, c'est booster nos défis ...


Marcel Kpogodo

mercredi 18 avril 2012

Farouk Abdoulaye au Fitheb 2012

Fitheb 2012


La flamboyance d'une installation


Depuis le samedi 7 avril dernier, le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a fermé ses portes. Douze jours auparavant, acteurs, comédiens, metteurs en scène, promoteurs culturels, scénographes, ingénieurs de son et de lumière, notamment, d'une part, et commerçants de tous ordres, artistes de la musique, d'autre part, s'étaient fait valoir, les premiers, dans les différentes salles de spectacles retenues à travers le pays et, les seconds, au village du Fitheb, qui s'est animé au Stade de l'Amitié de Cotonou.

Néanmoins, une production artistique particulière, créée dans le cadre du même Festival, a été aussi mise en exergue et a fortement focalisé l'attention : la grande installation réalisée par le scénographe béninois, Farouk Abdoulaye. C'était au niveau du portail du Fitheb, celui donnant entrée au Village justement mis en place pour accueillir les commerçants animateurs des stands.


Le règne des parapluies

Comme pour partager la logique de la tutelle et de la protection, le parapluie était roi dans cette installation réalisée par Farouk Abdoulaye, au niveau du Portail du Fitheb. Au nombre de 12, ces parapluies matérialisent, rappellent qu'il s'agit de l'année 2012, celle de la tenue de la 11ème édition du Festival. Lorsque les éléments de ce chiffre se fusionnent, nous avons 3 symbolisant le pouvoir, l'affirmation et l'autorité, ce qui donne à penser que l'artiste entendait rester en phase avec la logique des dirigeants et des organisateurs du Fitheb 2012, celui-ci qu'ils ont considéré comme "L'édition du Renouveau", celle qui devait permettre à cette institution internationale de revenir s'imposer comme celle incontournable en matière de théâtre en Afrique. Voilà une image que le Fitheb 2012 a réussi à restituer à juste titre, à travers la rigueur dans la sélection de pièces de haut niveau et, entre autres, par la diversification des activités d'expression artistique et par le retour de grands sponsors et d'institutions de financement qui s'étaient éloignés du Fitheb.


Le livre scénique de Farouk Abdoulaye, au Stade de l'Amitié, au Fitheb 2012

Ce même contexte de trinité, avec le chiffre 3, se met en symbiose avec les trois grands domaines qui ont servi de canal aux artistes de tous bords pour manifester et faire plaire leur savoir-faire en art : le théâtre, la danse et la musique.

Par ailleurs, cette installation a laissé Farouk Abdoulaye faire parler l'harmonie de couleurs multiples, comme s'il avait choisi de montrer que le Fitheb 2012 renaissait avec des inspirations de toutes variétés et, les têtes d'oiseaux ornant les deux panneaux du portail allant de la droite vers la gauche symbolisent justement ces voyageurs interminables que sont les festivaliers, les directeurs de troupes et de compagnies, de festivals, se mouvant d'un horizon à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre et à travers les continents, pour passer le message de leur pertinence artistique. Finalement, Farouk Abdoulaye n'aura rien oublié, surtout lorsque le portail dresse ses panneaux, il se métamorphose en un couloir s'ouvrant aux stands de tous genres, s'animant durant la tenue du Festival.


Le pouvoir de la nuit

Dans l'écriture de son installation, Farouk a imposé que son oeuvre se fasse remarquer en plein jour. Ceci était davantage le cas pour la nuit. Elle rayonnait et, de loin, les parapluies multicolores, couvant chacun une ampoule, devenaient des étoiles qui appelaient à la découverte, ce qui a été, pendant les 12 jours du Festival, un coup réussi de polarisation de l'attention du curieux sur ce qui se passait au-delà du portail.


Farouk Abdoulaye

Le public, circulant lentement et circonstanciellement sur cette partie de l'esplanade du Stade de l'Amitié, devait s'arrêter, se poser des questions, risquer des réponses personnelles avant de faire le choix d'un arrêt plus long pour aller à la découverte de la vraie information, celle relative au déroulement du Fitheb, dans l'un des programmes retenus pour le moment de la visite.

En réalité, du Fitheb 2010 à celui que nous venons de finir de vivre, Farouk Abdoulaye a réalisé et imposé une marque d'une originalité irréfutable. Ce livre de scène se trouve le résultat de la fusion d'inspirations de plusieurs esprits de métier : menuisier, peintre, soudeur, électricien, entre autres. Voilà un autre aspect de sa force : se concilier la spécificité et le génie professionnels de corps a priori difficilement attendus dans l’accouchement d'un livre tel que l'installation publiée, le 26 mars dernier, au Stade de l'Amitié. Une étoile de plus à sa boutonnière d'artiste, ce Farouk . . .


Marcel Kpogodo

samedi 7 avril 2012

Ella Justine Irikié au Fitheb 2012

Fitheb 2012

Comédienne au-delà des déboires


Dans ses perspectives les plus urgentes, elle veut créer une pièce d'auteur, avec un très bon metteur en scène. A cet effet, son chevet de lit s'orne de quatre pièces de théâtre parmi lesquelles elle entend opérer son choix. Même si elle se refuse à nous soumettre les titres concernés, elle garde profondément enfouie en elle la détermination à s'améliorer en tant qu'artiste, de façon à faire du théâtre le métier à partir duquel elle pourra tout s'offrir dans la vie. Se rapportant à son jeu proprement dit sur scène, elle préfère toujours qu'on lui dise la vérité. Si, contrairement à ce comportement de franchise, celui ou celle qui n'a pas aimé sa prestation se met à la couvrir de fleurs en sa présence pour finir par la dénigrer en son absence, elle s'en trouve blessée ; elle n'aime donc pas l'hypocrisie mais apprécie beaucoup les petits gestes qui touchent, la vraie et grande gentillesse. Avis donc à ceux qui rêvent de conquérir son coeur à prendre, mère qu'elle est d'un garçonnet de cinq ans, gardé par sa grand-mère en son absence professionnelle. Un charmant gamin qui, très récemment, l'a épanouie, elle, en lui annonçant avoir occupé la deuxième place dans sa classe de CP1. Cette séquence scolaire lui rappelle ce qu'elle ne souhaite jamais à son fils : avoir arrêté ses études en 1ère.
Heureusement, les couleurs de la vie sont aussi réjouissantes. Par conséquent, elle a très tôt participé à de nombreux stages de formation, qui lui ont permis de mieux appréhender le métier théâtral, déjà que, dès le CM2, elle organisait, avec ses amis, des moments de retrouvailles et de montage de petites pièces qu'ils jouaient pendant les ''Concours Miss'', dans les quartiers. Une véritable vocation donc que le théâtre pour elle !
Dans la logique du perfectionnement de soi, elle a fini, en décembre dernier, au Burkina Faso, la première phase d'une formation dans la marionnette, ce qu'elle justifie par la nécessité de toucher à tout, de compléter son art, de maîtriser tout le contenu de celui-ci. Concrètement lié au jeu qu'elle manifeste depuis le 28 mars dernier dans la pièce par laquelle elle participe au Fitheb 2012, un fait retient l'attention : dans ce spectacle, elle joue un rôle qui se révèle aux antipodes de sa personnalité réelle. S'ouvrant sur les secrets de sa réussite du jeu, elle confie que, dans ce cas de figure où elle doit incarner une psychologie contraire à son moi, elle ne fait rien d'autre que de regarder ; elle observe profondément des personnes en rapport avec son personnage, les approche, communique avec eux et s'imprègne de leur état d'âme, de leur personnalité, de leurs comportements.
Déjà participante au Fitheb 2010, elle se réjouit de son actuelle présence à Cotonou, félicitant au passage les organisateurs du Festival, version 2012, surtout lorsqu'elle comprend que ce n'est pas facile ni évident, dans un contexte où, dans son pays, les festivals sont annulés depuis au moins 5 ans, et que, la crise mondiale sévissant, ils se battent pour maintenir le Fitheb en vie ! Elle leur suggère donc de prendre en compte les suggestions d'amélioration que leur feront les participants.
Cette comédienne, membre de la Compagnie nationale de Côte d'Ivoire, dont les yeux s'embuent momentanément d'amertume lorsqu'elle peint le tableau artistiquement désolant de son pays d'après-guerre, s'exprime ainsi d'une voix claire, dans sa trentaine en fleur, s'épanouissant dans le vert, le bleu, le rose et le blanc. Armée de sa taille modeste domptant toute réticence, elle lance à l'univers son avis d'une totale disponibilité à travailler avec des metteurs en scène présents dans la capitale économique du Bénin. Présente à Cotonou grâce au Cercle de recherches et d'échanges en scénographie et arts de la scène (Cresas), elle a incarné la froide Mademoiselle Atlantie, dans la pièce ''Les convives de la Maison Sapézo'': Ella Justine Iriké, sur scène, le 4 avril dernier, dans la Salle de spectacle du Fitheb.


Marcel kpogodo

Souleymane Bah, metteur en scène guinéen

Fitheb 2012


Le gros ’’menteur’’


Pleins feux sur une personnalité d’un type particulier, émanant de la troupe théâtrale guinéenne présente au Fitheb 2012 ! Contrairement aux attentes, cet homme, d’un teint clair franc et d’une taille un peu au-dessus de la moyenne, n’est pas à 100% un homme de théâtre. Discrètement drapé dans son Doctorat en Sciences de l’Information et de la communication, Consultant de plusieurs institutions spécialisées des Nations-Unies, il est Professeur de Sémiologie et d’Analyse des médias à l’Institut supérieur de l’Information et de la communication de Guinée. Au soir de la représentation de sa pièce, il se montre en débardeur blanc, en lunettes et portant un simple chapeau

Cet homme est un profil digne d’une personne profondément conformiste ; il lui échoit à lui qui aime se repaître dans la contestation et la remise en question perpétuelle et il avoue ne pas aimer les choses établies et s’épanouir dans la dénonciation, ce au titre de quoi il anime une chronique satirique dans un journal guinéen.

Densifiant davantage sa carte de visite, il devrait s’honorer d’avoir été, pendant la dernière élection présidentielle dans son pays, le Conseiller à la Communication de Cellou Dalein Diallo, challenger du second tour et premier opposant de l’actuel Président de la République. Intellectuel bon teint et complètement décalé, il se donne les moyens de sortir de sa douillette carapace sociale et de communier avec la société dans sa diversité. C’est ainsi qu’on le retrouve dans le théâtre, âgé actuellement de 38 ans et père de deux filles. Frottant avec le milieu des planches depuis 1990 et, metteur en scène quatre années plus tard, il en est, avec celle qu’il joue au Fitheb, ce mercredi 4 avril en soirée, à son 9ème spectacle joué sur scène.

La pièce, Les châteaux de la ruelle, dans laquelle il s’est impliqué, en dit long sur son caractère d’insoumis. Ayant fait le choix de faire évoluer, sur la scène du théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, en ce mercredi soir, six acteurs qui finissent par en incarner successivement vingt sans sortir de la scène, il justifie son choix, non principalement par le fait de vouloir faire de économies mais, surtout, par la volonté de montrer comment l’histoire de la pièce est fondée sur le mensonge. Entrant dans le jeu de cette comédie, il décide de se faire aussi menteur comme Samba qui, informé du décès de son frère en France, s’embarque pour ce pays, feignant une grande souffrance mais, préoccupé par l’héritage à encaisser et par la femme du défunt à épouser. Pris au piège de sa douleur factice, il se trouve nez-à-nez avec un ghetto, en guise de châteaux, et avec Clémentine, cette épouse qui n’est personne d’autre que le compagnon homosexuel de son frère mort.

Se vautrant dans cette atmosphère sordide qui lui permet de montrer de quelle manière l’idée de l’Eldorado occidental est fausse, notre homme utilise l’humour, le décalage et la dérision pour appeler les jeunes africains à comprendre, en se distrayant, que, dans leur pays d’origine, ils peuvent vivre mieux lotis qu’en France.


Koffi Kwahulé


S’imposant l’Ivoirien Koffi Kwahulé comme unique modèle, il pense s’engager prochainement dans la mise en scène de L’enfant noir de Camara Laye et de Sur la pelouse, pièce d’un jeune auteur guinéen sélectionné pour ce Festival burkinabé des Recréatrales. Lauréat de la bourse ’’Visa pour la création’’, de l’Institut français, Maison mère, il pense se lancer dans la création d’un spectacle ayant comme socle cinq pièces de théâtre de Koffi Kwahulé, mettant en vue le désir et la sexualité. De son vrai nom, Souleymane Bah, ce metteur en scène d’un type particulier répond au pseudonyme, Soulay Thiâ’nguel.


Marcel Kpogodo

Florisse adjanohoun et Alphonse atacolodjou

Fitheb 2012


Deux comédiens béninois en maturité


Ce sont deux figures phare du théâtre béninois ayant effectué un jeu dans l’une des pièces diffusées en ce Fitheb 2012. A un an d’intervalle, l’une entrait fortuitement sur les planches avec la création d’une troupe théâtrale qui a fait fureur dans les années 1990 et 2000. C’était avec Urbain Adjadi, Marcel Orou Fico, Claude Balogoun et Brice Brun. L’autre, par un « heureux hasard », comme il aime à le dire, voit le monde du théâtre lui ouvrir les bras, par le biais d’un certain Camille Amouro qui venait voir un cousin dans la maison qu’il habitait. Ce jour-là, cette belle plume se déplaçait avec Les fourberies de Scapin de Molière. C’est ainsi que notre ami initie le montage d’une troupe de théâtre à l’Ecole de base Saint Basile de Vodjè. En entrant dans le milieu, il côtoie des noms emblématiques tels qu’Antoine Dadélé, Jean-Paul Badet, en ce moment, Professeur de Français à l’Ecole Montaigne, Orden Alladatin, Alougbine Dine et Ousmane Alédji. Deuxième « heureux hasard », selon notre homme, un casting en décembre 1992 l’amène en France, une année plus tard, pour jouer dans Médée de Pierre Corneille. Mais, il crée son premier spectacle en 2001 : Monstres et saltimbanques, dans laquelle il joue le rôle d’Alpha, un chef de bande, face à un Erick-Hector Hounkpè, alias Fô Kiki, incarnant un handicapé moteur, ’’cul-de-jatte’’. En 2002, il rencontre Bruno Thircuir, un ancien technicien de l’ex-Centre culturel français, qui lui propose, en 2003, de jouer dans Don Quichotte de Cervantès. C’est l’année où il s’installe en France.


Florisse Adjanohoun


Situation presqu’analogue de l’autre côté puisque, elle, au début des années 2000, fait plusieurs tournées en France, elle qui, quelque années plus tôt, après avoir obtenu son Bac, se trouve aux prises avec ses parents, des Administrateurs des Impôts, qui ne voulaient pas la voir s’investir professionnellement dans le théâtre, considéré comme précaire et peu sérieux. Mais, convaincue de n’être née que pour la vocation dramatique, elle fonce et se professionnalise à travers un nombre incomptables de pièces dans lesquelles elle se produit en Europe et dans les Antilles, notamment. Elle fait même des ateliers avec des metteurs en scène. Entre temps, elle s’est mariée mais, cela se termine par une séparation. De retour au pays vers la fin de la première décennie de l’année 2000, elle gère une galerie d’art pendant trois ans et arrête parce que la scène lui manquait. A l’heure actuelle, quand ses père et mère voient l’actrice confirmée qu’elle est devenue, ils se montrent satisfaits et l’encouragent à aller de l’avant. Pour l’instant, elle va s’investir dans la pièce, La femme et le colonel, d’Emmanuel Dongala et se prépare pour un Festival au Cameroun.


Alphonse Atacolodjou


Parallèlement à elle, l’autre acteur émérite béninois, coiffé d’un rasta, entend rester comédien et, pour un bon moment encore ! Au cas il se déciderait à se faire metteur en cène, ce serait pour quitter définitivement les planches. En outre, devant l’évocation du nom de sa collègue de jeu, il tombe d’admiration pour elle, émerveillé qu’il est de l’avoir recommandée à Bruno Thircuir pour remplacer la comédienne titulaire qui était enceinte : lorsque cette actrice d’un teint très claire, d’yeux élégamment forts et d’une taille modeste, accepta de prendre la place de celle-ci, il ne lui fut envoyé que la vidéo et le texte du spectacle, ce avec quoi elle a travaillé seule pendant fin février-début mars 2012 et, ce n’est que le jeudi 29 du second mois qu’eut lieu l’unique répétition avec l’ensemble de la troupe du metteur en scène, venue de France. Et, le 2 avril, elle s’illustra majestueusement dans Kaïna-Marseille. Celle-ci n’est personne d’autre que Florisse Adjanohoun et, cet autre grand acteur qui admire le savoir-faire qu'elle a déployé, Alphonse Atacolodjou.


Marcel Kpogodo

Kaïna-Marseille représentée à Cotonou

’’Kaïna-Marseille’’ à l’Institut français de Cotonou


Chronique d’une vie prolongée de torture


Le théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou a vu célébrer la force de l’expression des souffrances des immigrés en France. C’était en soirée du lundi 2 avril dernier, sous le jeu des acteurs de la Compagnie ’’La fabrique des petites utopies’’, dans une mise en scène de Bruno Thircuir.


Le contraire en aurait plutôt surpris. Pour qui connaît Bruno Thircuir dans ses mises en scène, il fallait un décor comme celui qu’il a livré au public dans la soirée du lundi 2 avril dernier, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Ce décor était d’une expressivité consistante, efficace, pour matérialiser la précarité de la vie d’un immigré en France. Dans le cas d’espèce, nous sommes dans la ville de Marseille où est arrivée Mamata-Isabelle Ternier, prise par la Béninoise, Florisse Adjanohoun, en provenance de son village natal africain, fuyant un mariage forcé dont elle était la proie, et aidée en cela par sa grand-mère, Kaïna qui, pour lui permettre de s’échapper, avait feint d’être malade, de quoi polariser l’attention des notables. Dans le conteneur qui lui sert d’abri, un autre élément de torture : elle manque de se faire violer au cours d’une attaque de skinheads, fascistes racistes, sans compter que la grossesse qu’elle porte relève de la rançon payée à Papa Dia l’avocat, pour obtenir les papiers, précieux sésame pour échouer à Marseille.

De son village natal à cette ville française, il y a plusieurs rencontres dont certaines ne manquent pas de lui être bénéfiques : Douga, incarné par le Burkinabè, Moussa Sanou, le griot aveugle, rencontré dans le bateau vers Marseille, qui vit avec elle dans le conteneur, la soutient profondément dans le processus du rituel de la levée de deuil, exigée par Kaïna, et qui doit donner la paix à l’âme de celle-ci, défunte. Aussi, joué par notre autre compatriote, Alphonse Atacolodjou, Moha, l’Africain désormais francisé qui, tout en la protégeant contre toute agression extérieure, ne s’habitue jamais, d’ailleurs, à appeler Mamata, cette femme meurtrie, mais, plutôt, Isabelle.

Et, c’est là le deuxième facteur de réussite de la mise en scène de Bruno Thircuir qui laisse Mamata heureusement écartelée, par le nom qui sert à l’appeler, entre l’Afrique ses racines, et Marseille, cet Eldorado qui, dans la réalité, s’impose comme un cauchemar dont elle doit affronter les éléments d’adversité pour rester en symbiose avec le rêve transmis par Kaïna, sa grand-mère.

Dans la même logique, Mamata et Douga se comprennent en parlant, l’une, le fon ou le français, l’autre, le dioula, ce qu’on pourrait interpréter comme la volonté de Bruno Thircuir de justifier la diversité ethnique et nationalitaire des immigrés africains vers la France, lui qui, par ce décor d’un réalisme poignant de la ’’ghettorisation’’ des conditions de vie des Africains en France, montre qu’ils sont des héros cachés.

En effet, ce décor élaboré, pragmatique ne laisse aucune place au superflu ; représenté par un terrain vague nettement délimité par un grillage parsemé de poteaux portant des lampes d’éclairage, cet espace accueille un conteneur qu’habitent Mamata, Douga et Moha, ce qui fait ressortir, à juste titre, la réalité d’une situation catastrophique vécue par les immigrés clandestins en France. La force de la mise en scène réside, en outre, dans le procédé de narration de ses mésaventures par Kaïna ; elle s’investit dans un univers onirique dans lequel elle nous baigne, de façon à nous faire pleurer sur les conditions pressantes de son départ du village, l’exploitation d’ordre sexuel de Papa Dia et, surtout, la trahison de Moussa, son cousin censé lui faciliter tout à son arrivée à Marseille. Cette pièce étant la troisième branche d’une trilogie entamée avec Niama-Niama et poursuivie avec Et si l’homme avait été taillé dans une branche de baobab, cette deuxième pièce d’ailleurs jouée au Fitheb 2008, Alphonse Atacolodjou reste le fil conducteur de ces pièces liées par l’engagement de Bruno Thircuir à démontrer l’existence d’une vision française de l’immigration clandestine, cette manière de voir, plus populaire, s’opposant radicalement avec celle ambiante politiquement dans la France de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, la mise en scène de Bruno Thircuir permet de mettre en valeur la maturité du jeu dramatique de Florisse Adjanohoun et Alphonse Atacolodjou, deux acteurs béninois qui se sont aguerris au fil de plusieurs années de pratique.

Marcel Kpogodo

mercredi 4 avril 2012

Vernissage de Kajero à Cotonou

Kajero


Dans le cadre de ses activités artistiques à Cotonou


Le plasticien Kajero lance ''A chacun sa place''


Ce sera à l'Espace Joseph Kpobly de l'Institut français de Cotonou, le jeudi 5 avril, à partir de 18 heures 30 minutes, heure de Cotonou. L'artiste plasticien camerounais, Kajero, tient le vernissage de son exposition intitulée ''A chacun sa place''. Le profil de l'homme est celui d'un rebelle qui, semble-t-il, s'est donné la mission d'oser devenir qui il est. C'est ainsi qu'il réussit à échapper à la vocation professionnelle imposée par ses parents pour se consacrer à la sienne : l'art. Lui, né en 1977, s'est, à cet effet, investi d'un parcours initiatique de la réelle existence de soi, en quittant le Cameroun pour se retrouver en Côte d'Ivoire, pour quelques mois, et au Bénin, enfin, où il a jeté l'ancre de manière plus durable. Sa Chaise - notons qu'il s'agit d'un symbole qui revient inévitablement dans ses toiles et qui signifie l'Adn spirituel, la place exclusive et spécifique qui revient à chaque être humain sur terre et qu'il a l'obligation d'occuper - est désormais prise par lui et, le voilà dans l'approfondissement de ses marque artistiques.


Marcel Kpogodo

vendredi 30 mars 2012

Hassane Kassi Kouyaté au Fitheb 2012

Hassane Kassi Kouyaté


Une discrétion de densité


La densité se vêt toujours de simplicité. Cette vérité se concrétise une fois de plus à travers cet homme de 48 ans, teint noir, élancé, humblement habillé d'une chemise blanche sur un pantalon bleu. De sa voix lente de stentor et de son regard d'une perspicacité latente, il échange, entouré d'hommes de théâtre de plusieurs nationalités, non loin des bancs de la paillote qui abritera quelques minutes plus tard, le premier spectacle que l'Institut français de Cotonou accueille, dans le cadre du Fitheb 2012. Sa jovialité et son air détendu contrastent avec une carte de visite dont il évoque à peine la consistance. Metteur en scène, comédien, conteur, organisateur d'événements, Professeur de Théâtre un peu partout à travers le monde, Directeur artistique de la compagnie au nom de laquelle il planchera sur scène ce 28 mars, il est originaire du pays des "Hommes intègres'', mais se dit Mandingue d'éducation.


Qui l'eût cru ? Se retrouver en face de lui, c'est côtoyer le deuxième fils du très célèbre feu homme de théâtre et de cinéma, Sotigui Kouyaté ! Ayant donc les arts de la scène dans le sang, en héritage, en pratique quotidienne et s'y baignant de tout son corps, de tout son âme et de tout son esprit, il reconnait avoir été conçu et élevé dans le théâtre, ce qui constitue pour lui une rampe de lancement pour déployer toute son expertise dans le domaine pour la mettre au service de ses frères africains qu'il rencontre régulièrement, justifiant par là ses navettes régulières entre l'Afrique et la France, ce pays où il vit depuis trois décennies. A son actif, il faut trouver, pour ce formateur dont le mérite se reconnaît par les nombreuses sollicitations scientifiques dont il est l'objet, la création, au Burkina, avec des frères et des amis, du Centre Kilia, un lieu d'accueil, de production, de formation, de programmation de spectacles vivants et de résidence de création, du Festival ''Djenné" de musique et de contes de Bobo-Dioulasso, de "Ouaga Hip-hop'', et le parrainage de plusieurs festivals, notamment. En outre, plusieurs structures d'enseignement l'accueillent pour partager sa connaissance du théâtre : l'Ecole de Théâtre de Naples dont il est le Directeur artisitique, l'Université de Paris VIII, entre autres. Il développe aussi une carrure inimaginable. Diplômé en Commerce, il s'applique à faire entrer dans la mentalité de ses apprenants africains la nécessité de rentabiliser économiquement les projets artistiques dont ils sont les concepteurs, le seul moyen, selon lui, pour garantir la durabilité des structures mises en places en Afrique pour la pratique des arts du spectacle. Vous évertuant à pénétrer dans le jardin secret de l'homme, vous découvrirez un fan du parfum "Aqua Ijio Armani", un gourmand du plat de pâte de maïs à la sauce-légumes, un amoureux de la couleur verte, du citron et du zèbre, un animal auquel il a du plaisir à s'identifier, pour le blanc et le noir harmonieusement dessinés sur sa peau. Détestant l'ingratitude et tombant des nues devant la générosité, il n'est pas dramaturge. Fier d'avoir travaillé avec le très célèbre Peter Brook, il jouera, rappelez-vous le, ce 28 mars à l'institut français de Cotonou, dans la pièce "The Island", en duo avec l'autre très influent acteur malien, Habib Dembélé. Ce tempérament chaleureux est Hassane Kassi Kouyaté, Directeur artistique aussi de la Compagnie "Deux Temps, Trois mouvements".


Marcel Kpogodo

lundi 26 mars 2012

Fitheb 2012

Démarrage du Fitheb 2012


Programmation des spectacles à l'Institut français de Cotonou


Le Fitheb 2012 est lancé ce mardi 27 mars 2012. Le programme des spectacles devant se jouer à l'Institut français de Cotonou sont nombreux et, tout se termine le 07 avril ....



Marcel Kpogodo

dimanche 25 mars 2012

Prix Master Média

Attribution du Prix 2011 du Meilleur journaliste culturel de la presse écrite béninoise


Franck Raoul Pédro remporte le Trophée


La tenue, le samedi 24 mars dernier, à la Salle de conférence du Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb), a permis à l'Agence de Communication ''Master média communication'' de décerner le Prix du meilleur journaliste culturel de le presse écrite béninoise pour l'année 2011. Il est revenu à Franck Raoul Pédro.


Franck Raoul Pédro, journaliste culturel au Quotidien béninois L'autre quotidien, s'est vu décerner le Prix du meilleur journaliste culturel de la presse écrite du Bénin pour l'année 2011. Cela se passait à la Salle de conférence du Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb) de Cotonou.
Selon Erick-Hector Hounkpè, le Président du Jury comportant comme autres membres le journaliste Pascal Zantou et la femme de théâtre, Daouda Moudjibath, cinq critères ont permis de départager les cinq journalistes culturels nominés : la forme et l'articulation (6 points), la variété des genres journalistiques (4 points), la variété des sujets abordés (4 points), la profondeur des articles (4 points) et l'actualité des sujets (2 points).


Franck Raoul Pédro


Ainsi, dans l'attribution des notes, le lauréat Franck Raoul Pédro a récolté 14 points devant Claude Urbain Plagbéto du Quotidien national La Nation, qui a eu 13,75, Donation Gbaguidi du Quotidien L'Evénement précis avec 13,5 et Valentine Bonou du Matinal qui a totalisé 10,5 et Rodéric Dèdègnonhou de l'Agence Bénin presse (Abp), avec aussi 10,5 points.
En outre, Franck Raoul Pédro s'est vu remis le Trophée du Meilleur journaliste culturel béninois de l'année 2011 en plus d'un chèque de Cent mille francs (100.000 F) Cfa.
La cérémonie de distinction s'est déroulée en la présence de Bruno Adjahounzo, Directeur des Médias de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (Haac) du Bénin, représentant le Président de la Haac, et Serge-Davi Zouémé, Directeur de l'Agence de communication, Master média communication.


Marcel Kpogodo

samedi 17 mars 2012

''Exhibition trip'' à Cotonou

Dessins de Benjamin Déguénon



Cycle (IR)REALITES


L'un des dessins de Benjamin, au cours de l'exposition (Photo de Sophie Négrier)



Mi-hommes, mi-bêtes, des animaux mythiques enchantés par la flûte d’un dieu Pan citadin, êtres fantasques à tête et troncs humains, jambes effilées prolongées en sabots, queue d’âne ou de lion, bêtes à corps humain, êtres cornus avec des seins pointus et croupes de femme, pieuvres, étoiles de mer, serpents, reptiles divers, insectes géants, têtes d’oiseaux, suspendues, accrochées, pendues, à un poteau ou à un véhicule quelconque, virevoltent dans un environnement urbain, ligotés par des fils de fer, planent - sibyllines créatures familières de nos vies modernes, expressions secrètes de nos modernes superstitions - dans un paysage rabougri, miniaturisé, au-dessus des avions, voitures, motos, trains, arbres, au-dessus (ou plutôt au-delà ?) des rues grouillantes d’un petit quotidien, d’une vie à petite échelle ou les rapports de force et les directions semées d’embûches sont les vecteurs d’un perceptible déséquilibre. Sortant de leurs gueules, accrochés à leurs griffes, serres, crocs, pendent des fils conducteurs qui relient et enferment tout ce monde dans un cercle étroit sous le signe omniprésent d’une croix, la souffrance, le lot de l’être, excroissance discrète de leur corps.



Benjamin Déguénon



« Dans mon enfance », raconte Ben avec un sourire mi-triste, mi-étonné, « je trouvais un plaisir fou à lancer des pierres sur toutes les bêtes du voisinage qui avaient le malheur de me rencontrer sur leur chemin ». Insensible à leur souffrance comme aux invectives des adultes, il s’adonnait tous les jours à sa passion, à améliorer son tir et à se réjouir de son excellente adresse.


Aujourd’hui, jeune adulte et ami des bêtes, il se remémore ses anciennes « victimes », la douleur qu’il a dû leur infliger et s’interroge sur les raisons qui ont fait jaillir cette violence primaire, même si elle s’est évanouie un jour comme elle était venue, sans crier gare, sans préavis. Exercices d’exorcisme, points de départ d’une réflexion sur le monde, ces « péchés de jeunesse », il les métamorphose en dessins.



Havre d’imagination, la surface blanche - lisse ou poreuse aux petits reliefs, mais toujours blanche, blanche comme l’aube des désirs, comme l’absence de pensée, comme le brouillard avant qu’il ne se dissipe, cette surface où le blanc a sa place, son rôle à jouer, effet de mise en scène qui ne révèle que mieux le noir du crayon, l’encre du stylo et les pastels où, des fois, il laisse son crayon, ses stylos, ses « bics », ses pastels, courir d’une manière qui rappelle l’écriture automatique des surréalistes - lui est certainement exutoire, mur des perceptions qu’il recense comme un état de lieux du rêve, mais d’un rêve éveillé, presque palpable.



Nous sommes aspirés par l’énergie que chaque dessin dégage, astreints au regard par le spectacle, par les personnages qui se présentent un à un dans un défilé d’une beauté dérangeante, et la chaise où nous étions assis, observateurs étrangers, devient soudainement inconfortable.



Un autre dessin de Benjamin (Photo de Sophie Négrier)


Certains dessins ressemblent à des esquisses, contours griffonnés qui nous laissent suspendus, joyeusement effrayés, à son imaginaire ; des esquisses de vie, scènes d’une (ir)réalité troublante, découpée avec audace dans l’émerveillement ou la stupeur où ce monde le plonge ; d’autres se peuplent sans encombrer l’espace où les quelques touches de couleurs qu’il ajoute ci et là avec justesse, lèvent le rideau sur un décor autrement troublant.


Ben a l’acuité de voir la bête qui gît en chacun d’entre nous et de savoir nous la montrer avec finesse, de saisir aussi la part de beauté et de composer un tableau gracieux, épuré, où les formes se déforment en un perpétuel mouvement au point de nous donner l’impression de n’avoir jamais tout vu, de n’avoir pas encore compris et de nous tenir scotchés, toujours en éveil, happés par un nouveau détail, à chercher des sens nouveaux.


Il insinue peut-être que la part d’ombre ne peut jamais être entièrement tirée vers la raison, que l’obscurité est la face cachée de la lumière. Mais, sans la nuit que serait le jour, si ce n’est qu’un tombeau de formes sans relief ?!



Dans ses dessins, nous voyons un clin d’œil au travail de Ndoye Douts ; pensez aux véhicules miniaturisés qui sillonnent les toiles du Sénégalais et, héritage de son compatriote Dominique Zinkpé, une certaine manière de tracer ses personnages qu’il imprègne d’un brin d’érotisme, élément assez rare dans le paysage béninois. C’est indéniable, Zinkpé est un incendie dans les arts béninois et Ben a emporté de la ferveur du maître pour explorer ses propres angoisses avec une grande sensibilité.



L’artiste a commencé son art en faisant de la récupération, à redonner vie aux cimetières de produits de la société de consommation, tailleur de tôles, couturier au fil de fer des boîtes de conserves assemblées en tableaux pleins d’une nouvelle vitalité, compositions hétéroclites de matières qu’il a percées, soudées, martelées, découpées, sous la chaleur ou la pluie, dans une lutte acharnée avec la matière. Il a canalisé peut-être cette violence d’antan, violence qui, d’impulse destructeur devenait énergie vitale, projection d’une fureur d’exister, exercice difficile dans une société mutante, tiraillée entre les presqu’inutilisables valeurs du passé et le « nouveau monde » brutal, niveleur où les individus perdent leur identité et se retrouvent gavés d’inutilités modernes, proies du jetable et du futile.

Dans une belle continuité, Benjamin Déguénon poursuit son chemin de croix, à ressusciter, avec cette force que seuls les êtres fragiles peuvent connaître, des images enfouies dans son subconscient, à traduire l’indicible dans un ballet d’allégories plus ou moins transparentes sur le destin, sur la raison d’être, tout en se gardant de nous livrer la part de mystère qui rend une œuvre de l’esprit indéfinissable.



De la part de Fabiola Badoi




Fabiola Badoi