mardi 24 mai 2016

« Elles répètent, toutes les semaines, leurs chorégraphies et scénographies … », dixit Esther Vilate

A propos des concurrentes de ’’Miss Bénin Fance Europe’’ 


Quelques petits jours et, le Concours ’’Miss Bénin France Europe’’ sera une réalité. Le 5 juin prochain, il se déroulera à Paris, engageant 8 jeunes filles dans une compétition déterminante pour désigner la plus d’entre elles. A bien voulu en discuter avec nous, Esther Vilate, membre du Comité d’organisation, chargée des relations avec la presse. Une belle fête en perspective, sur fond de la reconduction de l'initiative de lutte contre l'ulcère de Buruli, au Bénin ...

Esther Vilate

Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Esther Vilate. Vous êtes la Responsable chargée de la presse du Concours ''Miss Bénin France Europe''. Combien de jeunes filles sont prévues pour compétir, dans le cadre de ce Concours, le 5 juin prochain ?


Esther Vilate : Bonjour. En effet, je suis Esther Vilate, Responsable Pôle Presse de la 2è édition du concours de beauté ’’MISS BENIN France Europe’’™. Je vous remercie de votre intérêt pour notre événement. Cette année, 8 jeunes, intelligentes et belles filles béninoises, vont concourir au titre de MISS à la grande soirée béninoise prévue le dimanche 5 juin à l’hôtel de ville de Rosny-sous-Bois. Elles étaient 9 au départ mais nous avons dû en disqualifier une pour des motifs de retard et d’absences aux répétions. ’’MISS BENIN France Europe’’™ est un concours de beauté de prestige, ce qui nous impose beaucoup de rigueur et de l’intransigeance sur tous les points, encore plus, sur le sérieux des jeunes filles.



Quels sont les pays d'Europe dont ces Béninoises sont originaires ?

Nous avons reçu quelques candidatures venant d’Europe mais, malheureusement, aucune d’entre elles n’a été assez satisfaisante pour la suite du concours. Nous comptons, néanmoins, parmi nos finalistes, plusieurs jeunes béninoises qui représentent, respectivement, les communautés lyonnaise, toulonnaise, dijonnaise et châteauroussine. Elles posent leurs valises sur Paris, tous les week-ends, pour assister aux répétitions, et s’investissent tout autant que celles résidant en région parisienne.

Vue sur les 8 candidates, de part et d'autre, encadrant leurs entraîneurs
Où en sont les préparatifs pour la réussite de l'événement ?

Les filles s’apprêtent durant tout ce temps. Elles répètent, toutes les semaines, leurs chorégraphies et scénographies, pour le bon déroulé de la soirée finale, avec des professionnels qui mettent tout leur talent et leur disponibilité au service de cet événement. J’en profite d’ailleurs, au nom de toute l’équipe, pour leur dire un immense merci. Nous aurons également la présence de plusieurs artistes de renom qui viendront honorer la soirée. L’artiste Régis Kole a déjà été annoncé sur notre page Facebook, les autres seront dévoilés, dans les prochains jours. Plusieurs médias et organes de presse seront de la partie également, pour retransmettre cette soirée qui promet d’être belle et riche en émotions.



Quels sont les points de différence avec la 1ère édition qui s'est déroulée en 2015 ?

J’ai suivi à distance la 1ère édition et j’ai aimé ce que j’ai vu. Etre au cœur de la 2è édition est une belle expérience. L’équipe d’organisation est renforcée avec la création de plusieurs pôles de compétence. C’est un choix de Monsieur Codjovi Tossou lui-même. Ensuite, nous avons moins de finalistes, comparativement à la 1ère édition. Elles ont entre 18 et 25 ans, sont toutes différentes les unes des autres et chacune d’entre elles représente, avec fierté, le Bénin. De plus, une variété de nouveaux artistes béninois et d’ailleurs sera également présente. Enfin, il y a un renforcement de la communication sur l’événement avec des vidéos professionnelles à toutes les répétitions, ce qui donne encore plus de visibilité à l’événement mais, aussi, aux partenaires. Je vous recommande cette soirée de la deuxième édition. Ce sera à l’hôtel de ville de Rosny-sous-bois (20, rue Claude Pernès 93110) à 18h très précises, comme je l’ai précisé plus haut.

L'affiche officielle de l'événement
Cette 1ère édition s'était donné comme mission la lutte contre l'ulcère de Buruli, au Bénin, ce qui, apparemment, a connu des difficultés, vu l'absence de résultats visibles. Si vous confirmez cette information, de quels problèmes s'agit-il ?

Vous n’avez pas totalement tort mais, ce n’est pas exactement cela. La ’’MISS BENIN France Europe’’ 2015 et le Staff sont allés au Bénin pour une première prise de contact avec les malades, les autorités et les institutions en charge du traitement de la maladie. En réalité, les deux véritables problèmes sont le manque de réactivité et la lenteur administrative manifeste au sein des structures avec lesquelles nous sommes censés travailler. Mais, aux dernières nouvelles, les choses avancent bien et, c’est d’ailleurs pour cela que nous avons reconduit la même cause, afin d’aller au bout de nos engagements. La nouvelle MISS, qui sera élue le 5 juin, poursuivra et accélérera les actions liées à cette cause.



Quelles dispositions les organisateurs du Concours pensent déjà prendre pour le décollage de cette noble initiative?

Vous savez, nous sommes déjà entrés en contact avec les autorités du nouveau régime en place. Nous comptons sur les nouvelles valeurs prônées par ce régime pour faire aller les choses plus loin. Nous remplirons notre part d’engagement, en ce qui concerne nos actions de lutte contre l’Ulcère de Buruli et, ceci, dans la limite de nos possibilités et du degré d’accompagnement des autorités en charge de la santé et du social au Bénin.

''MISS BENIN France Europe'' a-t-il réussi à fédérer la diaspora béninoise en France et en Europe, d'une part, et à établir un lien entre celle-ci et les Béninois vivant au Bénin, d'autre part ?

’’MISS BENIN France Europe’’ est un événement et non une mission diplomatique. Il est vrai qu’un des objectifs de l’événement est de fédérer la communauté béninoise d’Europe en la réunissant, au moins une fois par an, lors d’une grande soirée béninoise à Paris. Sur ce plan, nous pouvons nous féliciter du travail de mobilisation qui s’est fait l’année dernière et qui se fait encore cette année. Le 6 juin 2015, il y avait eu plus de 600 Béninois et amis du Bénin venus de plusieurs pays de l’Europe, des USA et de l’Afrique, tous réunis à Paris pour l’événement. Pour ce qui concerne le lien entre les membres de la diaspora et les nationaux, il faut dire que ce genre de lien existe déjà forcément et ce serait prétentieux de le mettre à l’actif de ’’MISS BENIN France Europe’’. Cependant, pour les jeunes filles béninoises qui participent au Concours, c’est un lieu de rapprochement avec leur origine, un espace de découverte et d’expression d’une appartenance identitaire.



Quelles sont les chances de survie d'une telle manifestation culturelle, à moyen et à long terme ?

Quand j’observe la rigueur, la volonté, le patriotisme et la détermination qui entourent l’organisation de l’événement, je peux vous garantir que c’est une chance pour notre pays d’avoir des jeunes capables de s’investir autant bénévolement et, sans grand soutien, dans un pays où la vie n’est pas simple et aisée. Je pense qu’il ne s’agit pas d’une question de moyens financiers mais il est question, là, d’une vraie leçon de patriotisme. Sachez que ’’MISS BENIN France Europe’’ est entièrement organisé sur fonds propres du Fondateur, bien sûr, avec le soutien de quelques bonnes volontés, comme Monsieur Romain Da COSTA, ancien Président de la Section ’’France’’ du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur et Directeur de communication de la Ville de Rosny-sous-Bois. Un Monsieur de bon cœur avec de multiples compétences. Maintenant, l’essoufflement peut vite arriver, bien évidemment, si les autorités locales ou diplomatiques ne soutiennent pas l’événement en lui allouant assez rapidement un budget pour la réussite des prochaines éditions.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

samedi 21 mai 2016

’’Abend mit Freunden’’, l’initiative germaniste de Marc Bonou

Pour des relations fructueuses avec la culture allemande


L’après-midi du samedi 7 mai 2016 s’est révélé profondément instructif pour un ensemble d’étudiants germanisants : la première édition du concept, ’’Abend mit Freunden’’, mis en place par Marc Bonou, a tenu ses promesses. C’était au siège de l’Organisation non gouvernementale (Ong), ’’Deutsch bei uns’’ sis quartier Tankpè, dans la Commune d’Abomey-Calavi.

Marc Bonou, après la manifestation, expliquant son Projet aux journalistes
Environ une trentaine d’étudiants en Allemand et de jeunes amoureux de cette langue, concentrés sur le déroulement d’un sketch concernant l’avortement, ce qui a débouché sur des échanges entre le groupe et le comédien et metteur en scène, Fidèle Anato, sur les forces et les faiblesses de la prestation théâtrale, avant que la séance ne se termine par un partage gastronomique. L’essentiel à retenir du projet, ’’Abend mit Freunden’’, en français, ’’Soirée entre amis’’, une rencontre culturelle initiée par Marc Bonou, le samedi 7 mai dernier, à Tankpè, dans la Commune d’Abomey-Calavi, au siège de l’Ong ’’Deutsch bei uns’’, ce qui veut dire, en français, ’’L’Allemand chez nous’’.

Fidèle Anato, en bleu, échangeant avec les adhérents au Centre de documentation
En réalité, cette structure porte une dénomination qui est la même que celle du cadre ayant accueilli cette manifestation, c’est-à-dire un Centre de documentation pour les étudiants germanistes, ouvert tous les jours, et mis à leur disposition pour leurs recherches. Ainsi, selon Marc Bonou, le stratège du Projet ’’Abend mit Freunden’’, et en même temps le Directeur, il est question, concernant ceci, d’une manifestation mensuelle qui se tiendra le premier samedi de chaque mois, de 17h à 20h, selon un programme rigoureusement établi : la projection d’un film, un débat, la présentation d’un sketch suivi d’un autre débat, puis, enfin, un barbecue au cours duquel du pain à la saucisse, le tout arrosé de jus de bissape, sera au rendez-vous, un peu comme cela se fait en Allemagne, dans les cercles de ce genre, seulement que dans cet espace béninois, la bière est proscrite.


De solides fondements

Justifiant la concrétisation de l’initiative, ’’Abend mit Freunden’’, Marc Bonou explique : « Il existe peu d’institutions au Bénin permettant l’amélioration et l’approfondissement de l’amour des étudiants germanistes pour la langue allemande, d’où la création de ce creuset pour des opportunités de traduction, de mise en place de compétitions sur l’Allemand, d’assurance de cours de vacations dans les établissements scolaires, et de dons de matériel à ceux-ci ». Il envisage même la perspective qu’il puisse exister la version germanisante du concours
’’Epelle-moi’’.
Par ailleurs, en dehors du premier acquis du Projet étant la tenue mensuelle du ’’Abend mit Freunden’’, Marc Bonou annonce déjà la mise à disposition du Centre de documentation, ’’Deutsch bei uns’’, de plus de 500 livres par des universités de la ville de Münich et de maisons d’édition allemandes. Ainsi, les adhérents à la structure pourront commencer à jouir des fruits de leur engagement.


Un profil atypique

Avec un tel Projet, Marc Bonou donne l’impression d’avoir fait des études germaniques à l’université. Mais, il n’en est rien. A en croire ses propos, il a plutôt évolué au Département de Philosophie de la Faculté des Lettres de l’Université d’Abomey-Calavi, mais a connu ses premiers contacts avec la langue allemande au cours d’un certain séjour au séminaire. Et, sa complexion naturelle pour les langues étrangères a fait le reste. Jeune mais très relationnel, il a réussi à convaincre Aron Kneer, Professeur, chercheur et numériste allemand de croire à ’’Abend mit Freund’’, en version béninoise, ce qui a permis qu’il mette en place son système d’octroi d’ouvrages en langue allemande, afin d’enrichir le Centre de documentation. Ainsi, la valeur n’attendant pas les années chez les âmes bien nées, Marc Bonou dispose apparemment d’un potentiel énorme pour faire de ’’Deutsch bei uns’’, une structure névralgique et incontournable pour la diffusion de la langue et de la culture allemandes au Bénin.


Marcel Kpogodo

vendredi 20 mai 2016

« Contours et détours sans discours » fait exploser le Centre ’’Arts et cultures’’

Dans le cadre du vernissage de l’exposition lancée le 13 mai


Le vendredi 13 mai 2016 s’est tenu le vernissage de l’exposition intitulée, « Contours et détours sans discours ». L’événement se déroulait au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey, pour une présentation officielle relevant d’une triple et très productive résidence de création.

Aston, en rouge, devant un de ses personnages, guerrier
Des objets de ferronnerie béninoise utilisée dans le vaudou, puis des tableaux en papier journal, des vêtements de papier japonais enguirlandé, et des installations aériennes fabriquées à base de flamboyant, notamment, pour l’une, des sculptures à tête de clous et à bras et pieds en esprit, de même que des toiles aux couleurs contrastées et combinant filets, tissus et grains de faume, pour le deuxième. Enfin, des sculptures spectaculaires, inattendues et absurdes, conçues à l’aide de tous ordres d’objets de récupération, pour le troisième. Le contenu synoptique de l’exposition, « Contours et détours sans discours », menée par le trio Daphné Bitchatch, Zanfanhouédé et Aston. Le vernissage en a eu lieu le vendredi 13 mai dernier, au Complexe culturel ’’Arts et cultures’’ de Godomey. Le résultat d’une bonne trentaine de jours de résidence de création.
Les tableaux en papier journal de Daphné Bitchatch
Pour ses travaux, Daphné Bitchatch, franco-russe, laisse voir 4 types de production : plusieurs pièces à base d’un métal utilisé dans les couvents fétichistes, et de petits gongs, des robes fabriquées avec du papier japonais émaillé de peinture et d’acrylique, de quoi évoquer les filles pauvres placées dans des familles dites aisées et victimes de maltraitance. Ensuite, des tableaux en papier de journaux béninois ; ici, le papier en une de journal est auréolé de peinture, pour « se moquer des mauvaises nouvelles, pour créer de nouvelles informations », expliquera-t-elle. « Ces toiles me servent à témoigner des événements que j’ai connus dans les pays visités et à rendre hommage aux journalistes », dira-t-elle, en conclusion. 
Dominique Zinkpè, Directeur du Centre ''Arts et cultures'' de Godomey, avait lancé le vernissage de l'exposition
Un certain tableau a un soubassement de papier mais montre des graines de palmier et du pigment comme matériaux de manifestation d’expression, alors qu’un autre, encore, est fait d’une plaque d’acier sur laquelle intervient de la peinture. Enfin, le concept de la main frappe chez Daphné Bitchatch ; celles qu’elle présente sont en résine et, prises dans des chaînes en flamboyant, des chaînes brisées, expression de la réalité de la liberté.

Les sculptures de Zanfanhouédé
Se rapportant à Zanfanhouédé, de son nom à l’état civil, Franck Zannou, sont à son actif près d’une dizaine de sculptures en un bois lissé, de plusieurs tailles différentes, puis des toiles peintes à l’acrylique, sur lesquelles sont réalisés des personnages, notamment, de morceaux de tissus, de filets, élégamment recomposés. 

De gauche à droite, Zanfanhouédé, Daphné Bitchatch et Aston, devant le public, avant le vernissage
De vrais élans de vie rendus vivaces, surtout avec ces sortes de statues qui s’aventurent vers une inspiration maîtresse, celle de Dominique Zinkpè, le modèle à atteindre, mais dont il faut vite se détourner pour éviter de se brûler les jeunes ailes, pour découvrir sa propre voie.
Une vue du public venu échanger avec les artistes, ... 
Du coté d’Aston, récupérateur en chef, tout objet aura servi à monter des personnages débonnaires dans le danger des objets de guerre qu’ils manipulent, que ces objets soient du bois occulte fabricateur de sortilège, ou du fer pour les armes à feu de mains. Exprimant l’endurance et la ténacité de l’artiste, des milliers de mégots sont été mis en combinaison pour donner des objets de forte vie. 

Quand lui-même, en pleine exposition, revient vers les visiteurs, autrement accoutré, dans un tissu de bazin en mode ’’patchwork’’, c’est pour revendiquer un titre qu’on a semblé lui voler, celui du ’’roi’’, du roi de la récupération pour créer une nouvelle vie. 

... peu avant le vernissage
En tant que tel, dans la phase d'échanges pré-vernissage avec les futurs visiteurs, il dévoila la quintessence du thème commun de l’exposition : les ’’contours’’ révèlent le processus intime et intellectuel de création, les ’’détours’’, la phase de transformation des objets sélectionnés pour appartenir aux œuvres, et, enfin, les ’’discours’’ dont eux artistes doivent se passer, afin de laisser le public contempler leur travail et en émettre leurs analyses.

Le roi récupérateur, Aston, métamorphosé
Jusqu’au 13 juillet 2016, ces trois esprits d’artistes que sont Daphné Bitchatch, Zanfanhouédé, Aston, ont de quoi impressionner le public qui devra se donner le plaisir d’aller lire des travaux aussi géniaux.


Marcel Kpogodo    

Le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, fait honte au Nouveau départ

Dans le cadre des cérémonies d’hommage à Jean Pliya


Sous le couvert de la commémoration du 1er anniversaire du décès de Jean Pliya, a eu lieu, le samedi 14 mai 2016, la représentation magistrale, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, de la pièce, ’’Kondo le Requin’’, assurée par le ’’Théâtre Kaïdara’’, dans une bonne succession de tableaux. Mais, un gros cheveu sur la soupe : n’est pas venu le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Un désaveu pour une vision d’espérance du Nouveau départ de Patrice Talon.

Une séquence de de la représentation de l'intronisation du Roi Béhanzin
Une absence de taille : le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, n’a goûté à aucune seconde des deux explosives heures de la représentation de ’’Kondo le Requin’’, une pièce historique écrite par Feu Jean Pliya. Cet événement signalait le dernier acte, en cette soirée du samedi 14 mai 2016, d’une série de manifestations liées à la commémoration du 1er anniversaire du décès, justement, de cet auteur, dramaturge, entre autres. Et, très chargé, il n’a pu se rattraper les mercredi 18 et jeudi 19 mai, deux dates où la pièce avait été à nouveau jouée.
Elle relate les difficiles relations du Roi Béhanzin, ’’Kondo le Requin’’, avec le colon français que représente le Général Dodds. Celui-ci est sorti gagnant d’une dure guerre contre le Royaume du Danhomè, ce qui en a conduit le souverain à se rendre à l’ennemi et à être conduit en exil.
La mise en scène par Tola Koukoui de la représentation d’une telle pièce a réussi, d’abord, du fait de la restitution d’un décor rappelant le rouge ambiant de la terre argileuse du cadre ordinaire de la vie au Royaume du Danhomè. Grégoire Houdéhou, qui s’en est chargé a fait le choix d’une façade de fond de scène d’un long mur d’enceinte, doté d’une ouverture centrale enregistrant les brusques arrivées et sorties du roi et de sa suite, puis conçu avec des passages décrépits, comme dans le vrai, sans oublier des panneaux, de part et d’autre de ce mur, montrant deux différentes époques de règne : celle du Roi Glèlè finissant, avec le lion, et l’œuf matérialisant celle de Béhanzin.
Au centre de la scène se déroulait l’essentiel des actions dont la plupart concernaient le souverain. Dans une répartition symétrique, les femmes, à gauche et, les hommes, du côté droit, suivaient tout de près, les premières pour ne lancer que des louanges au ’’Dada’’, les êtres de sexe masculin, pour, parmi ceux qui en avaient la posture, respectueusement s’adresser au Roi et tenter de faire passer leur point de vue. Il s’agit donc d’une mise en scène qui est restée fidèle à la mentalité sociale de l’époque du Royaume du Danhomè : les femmes n’avaient pas le droit à la parole, surtout en public. Si elles devaient la prendre, ce ne devait être qu’en groupe pour couvrir ’’Dada’’ de chansons glorifiantes.

Un des merveilleux tableaux de la pièce ...
Par ailleurs, la mise en scène de ’’Kondo le Requin’’ par Tola Koukoui a réussi, comme à cette représentation au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2008. En effet, l’intérêt du spectateur était permanent tellement des tableaux captivants se sont succédé : l’épisode de l’entrevue de Kondo avec Dodds, Glèlè, le roi en exercice étant malade, la danse du deuil du décès de celui-ci, la cérémonie d’intronisation de Béhanzin, dans ses deux aspects rituel donc privé, restreint à quelques ministres, et public, ce qui veut dire ouvert à tous, les chants et les danses, la consultation négativement accueillie par le Roi de Guèdègbé, les louanges des griottes, Béhanzin en privé avec deux de ses épouses rivalisant de câlins et de massages, pour se faire préférer, les critiques en privé de paysans comme de nobles, la détresse de Béhanzin avec, à son point culminant, le célèbre ’’discours d’adieu’’.
Tous ces faits du jeu théâtral ont été assurés par une brochette de comédiens et de comédiennes béninois distribués, dont le professionnalisme n’a fait qu’exploser davantage : Josette Loupéda et Carole Lokossou, les coépouses du roi,  Eliane Chagas, notamment, dans le rôle de l’intrigante Vitchégan,  Nathalie Hounvo-Yèkpè,  Sandra Adjaho, Nicole Dadjo, Nadjibath Ibrahim, Espoir Abogourin, Blanche Hounga, Félicité Gounou, Céciline Abissi, entre autres, toutes des griottes, Koffi Gahou le ’’Guèdègbé’’, devin du roi, Patrick Gbaguidi, Raphaël Hounto, Fidèle Anato, James Salanon, alias ''Major'', Bardol Migan, le ministre de la justice, Franck Béhanzin le ’’Yovogan’’, Mathieu Koko le ’’Mèhou’’, Serge Zossou le ’’Gahou Goutchili’’, chef des armées du royaume, et, surtout, Nicolas Houénou de Dravo, dans le rôle tant exposant de Béhanzin.
En outre, le metteur en scène, Jean-Michel Coulon et le bibliothécaire, David Longin, ont assuré les rôles respectifs de représentants coloniaux. Et, Adolphe Koffi Alladé, acteur aussi, a coordonné les chants et les danses par le biais de son groupe de ballet, ’’Hwendo na bua’’, sans oublier Koffi Gahou s’étant aussi chargé des costumes et des accessoires. Du côté de la régie du spectacle, Bruno Adadja a fait montre d’une science sans failles.


Le gros hic

« Nous acceptons de rencontrer ceux-là qui nous permettront enfin de mettre en place les soubassements, les fondements d’une culture de la vraie culture ». Ainsi s’est exprimé, quelque peu déçu, à la fin de la représentation théâtrale, Tola Koukoui, entouré par les comédiens ayant salué le public et avec, à sa proximité, le Professeur Adrien Huannou, organisateur des manifestations d’hommage au Feu Jean Pliya ; il cherchait des yeux un représentant du Gouvernement pour mettre fin officiellement à celles-ci, le spectacle venant clore les activités de la commémoration du premier anniversaire du décès de cet homme de Lettres, de culture, de naturothérapie et d’évangélisation.

Au premier plan, de gauche à droite, Adrien Huannou et Tola Koukoui
En réalité, si la représentation de ’’Kondo le Requin’’ n’était pas un événement, elle avait un cachet particulier, vu qu’elle visait à faire se souvenir de Jean Pliya, à faire honneur à ses qualités de dramaturge, à marquer le premier anniversaire de sa disparition. Ainsi, la présence d’Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, au spectacle et à la cérémonie de clôture aurait montré l’intérêt du Gouvernement de la Rupture pour la célébration de la mémoire des grands hommes de la République. Dans le cas d’un agenda supposé chargé, un membre de son cabinet aurait valablement rempli cette mission, ce qui aurait sauvé les meubles du respect de l’Exécutif pour la chose artistique et culturelle. N’avoir pas pris la précaution d’être présent ni de se faire représenter semble montrer le poids léger des événements culturels dans l’esprit d’Ange N’Koué ; il devrait résolument reconsidérer cette conception, étant donné l’espoir immense que suscite le régime du Nouveau départ dans l’univers béninois des Arts et de la culture.




Marcel Kpogodo    

mardi 3 mai 2016

''Okpara culture’’ tient une riche conférence-débat

Pour la commémoration du 1er mai


Le siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’ a donné lieu à l’organisation d’une conférence-débat. Elle s’est déroulée dans la matinée du samedi 30 avril 2016, dans le cadre de la commémoration du 1er mai, fête des travailleurs.

De gauche à droite, Sessi Tonoukuin, Kombert Coffi Quenum et Anselme Amoussou, au cours de la conférence-débat
« Syndicalisme et culture : les revendications dans le monde culturel aboutissent-elles réellement à la valorisation du travail de l’artiste ? ». Tel est le thème ayant fondé la conférence-débat à laquelle un nombre important de personnes ont participé, le samedi 30 avril dernier, au siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’, sis quartier Zogbohouè de Cotonou. Comme intervenants avaient été invités deux panélistes dont était établie la notoriété, respectivement, dans le monde syndical et dans celui du management culturel : Anselme Amoussou, Secrétaire général adjoint de la Centrale des syndicats autonomes (Csa), et Sessi Tonoukuin, journaliste et entrepreneur culturel. Avait modéré les échanges, Kombert Coffi Quenum, artiste comédien et membre du Conseil d’administration d’ ’’Okpara culture’’.

Bertin Guédénon, de même que ...
En présence d’importantes personnalités telles que Bertin Guédénon, Chef du 9ème Arrondissement de Cotonou et, notamment, de Michel Nahouan, Directeur de cabinet du Ministre du Tourisme et de la culture, de jeunes, de femmes et de sages de la localité indiquée, de même que d’artistes et de managers culturels reconnus tels que Eliane Chagas, Tony Yambodè et Giovanni Houansou, le premier conférencier a, dans un premier temps, fait l’historique de l’immortalisation de la date du 1er mai comme fête du travail, avant de montrer les relations entre le syndicalisme et la culture, celles-ci se matérialisant par l’existence d’un poste de chargé aux affaires culturelles au niveau du Bureau des différentes centrales et confédérations syndicales. 

... Michel Nahouan, ci-contre, ont honoré de leur présence la manifestation 
Un autre signe, selon Anselme Amoussou, de ces liens, est l’ancrage des responsables syndicaux béninois dans les valeurs de dialogue, de consensus et de paix, défendues par nos cultures ancestrales, ce qui débouche sur une méthode de négociation avec l’autorité incluant le dégoût pour les situations de pourrissement, d’où leur appel à des médiateurs appartenant au monde de nos religions endogènes ou de la royauté traditionnelle. En outre, ces responsables syndicaux arborent une présentation vestimentaire locale. Par ailleurs, le syndicalisme n’a pas manqué de dénoncer des comportements fragilisant les artistes dans leur lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail : notamment, l’inclusion de l’acteur culturel dans le secteur informel, son individualisme, la précarité de sa situation sociale, la difficulté des centrales et confédérations syndicales à intervenir dans le milieu artistique, un ton de jérémiades, face à l’autorité, dans la revendication par les artistes de leurs droits.

Un aperçu du public participant
De son côté, Sessi Tonoukuin a évoqué une évolution en dents de scie du syndicalisme en milieu culturel, avant d’aborder aussi le combat individuel de certaines grandes figures du monde des arts et de la culture, et la lutte d’autres pour leurs intérêts égoïstes, puis l’existence du ’’Vendredi des artistes’’, un creuset salutaire d’échanges entre autorités et artistes. Puis, le conférencier a déploré la dévalorisation ambiante du secteur culturel, pour a évolué vers l’historique de la vie associative depuis plusieurs années, avant de clore son propos par la situation déplorable au Fonds d’aide à la culture (Fac) où l’augmentation régulière du montant de la subvention étatique aux artistes a entraîné un effet pervers : la mort de la création.
L’ensemble de cette présentation n’a pas manqué de susciter la contribution de certains participants dans le public. De manière générale, entre autres propositions fortes, il fallait retenir l’association de l’alphabétisation au fonctionnement du secteur des arts et la promotion des objets locaux dans la confection des œuvres artistiques.



D'autres manifestations en vue

Après la conférence-débat du samedi 30 avril, l'Association culturelle, ''Okpara culture'' n'entend pas s'arrêter en un si bon chemin. C'est ainsi que, pour le mois de mai 2016, un thème a déjà été retenu par l'équipe de programmation : ''Les opportunités de financement de la culture au Bénin''. En outre, pour celui de juin, une activité est prévue dans le cadre de la Journée mondiale de l'arbre, sans oublier qu'en juillet, c'est la frange des jeunes que l'Association mobilisera pour des discussions autour d'un sujet lié à la culture.

Un grand fonctionnement culturel hebdomadaire

L'Association culturelle, ''Okpara culture'', ayant été portée sur les fonts baptismaux en 1998, s'est fixé comme objectifs, notamment, le développement de la culture béninoise matérielle et immatérielle. Et, depuis bientôt 2 mois, elle s'investit dans des activités de proximité avec les habitants du 9ème arrondissement de Cotonou, dans lequel son siège est situé. C'est ainsi que le public est convié à participer, tous les samedis soirs, à une projection cinématographique débouchant sur des discussions concernant des thèmes purement culturels. 
Ensuite, des cours payants de danses et de musiques traditionnelles, de même que de musiques contemporaines sont donnés et, il est prévu que des vagues se succèdent pour satisfaire toutes les demandes. Du côté du premier type d'enseignement, Séwa Wilson reste le spécialiste qui s'en occupe, pendant que les cours de musique contemporaine sont assurés par Félix Agossou. Les différents tarifs et les conditions de participation en sont consultables au siège de l'organisation. 
En troisième lieu, une activité se déroule par saison : ''Les recettes de grand-mère''. Il s'agit de revisiter les recettes culinaires purement béninoises ayant marqué leur époque mais qui ne sont plus exploitées aujourd'hui dans les foyers de notre pays. 
Par ailleurs, une autre activité enrichissant la programmation hebdomadaire au siège d' ''Okpara culture'' reste les spectacles de danses traditionnelles donnant lieu à des compétitions entre quartiers.
Enfin, l'organisation culturelle tient ''Samedi zém'' consacrée aux conducteurs de taxi-moto. Ceux-ci sont conviés au même siège, s'y détendent et participent à des séances de formation en montage de projets, aux fins de leur donner des chances d'augmenter leurs revenus. N'est pas exclue une formation pour leur faciliter de passer le permis de conduire.
Avec une telle programmation, à la fois culturelle et sociale, ''Okpara culture'', de manière implicite, travaille à l'enracinement du sens culturel au Bénin.



Marcel Kpogodo  

Trois nouveaux artistes en résidence de création

Dans le cadre des activités du Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey


Une conférence de presse s’est tenue au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey. C’était le vendredi 29 avril 2016. Il s’agissait pour Dominique Zinkpè, Directeur de ce complexe culturel, de présenter aux journalistes 3 artistes qui y effectuent une résidence de création depuis une dizaine de jours et dont le vernissage de l’exposition des œuvres est prévu pour la mi-mai.

De gauche à droite, Franck Zannou, Daphné Bitchatch et Aston ....
Franck Zannou, Serge Aurélien Mikpon, artistes plasticiens béninois, et Daphné Bitchatch, française, sont ceux qui seront en exposition dans une quinzaine de jours au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey. La quintessence des échanges que le 1er responsable de l’espace culturel, Dominique Zinkpè, a initiés entre les journalistes culturels et ces créateurs, le vendredi 29 avril dernier.   
D’abord, Franck Zannou, alias Zanfanhouèdé, 25 ans, précisément sculpteur et peintre, développait, selon les propos de Dominique Zinkpè, un travail qu’il a remarqué par l’énergie qui s’en dégage, ce qui l’a conduit à le convier à cette résidence. L’élu, très reconnaissant de cette confiance, a avoué : « Grâce à lui, j’ai su que j’avais des choses en moi ». Puis, ce fut le moment de décliner sa démarche : « Je sculpte du bois, je travaille avec des clous, pendant que, dans mes peintures, je procède par collage et j’utilise des grains de faume, des filets, des tissus ». Si, en matière de thèmes, il s’inspire des faits de la vie au quotidien, il utilise des adages, des réalités du milieu béninois, notamment, l’habillement d’aujourd’hui, dont il dénonce les travers.

... Dominique Zinkpè, notamment, au cours de la conférence de presse

Ensuite, Serge Aurélien Mikpon, très connu par Aston, son nom d’artiste, 52 ans, est un monument du domaine des arts plastiques, sculpteur, récupérateur et installateur de talent, autant de canaux d’expression qui se fondent sur une stratégie de représentation métonymique des faits dangereux de la vie, tels que l’esclavage, les guerres, les armes de destruction massive. « Je suis un rebelle positif, je dis ce qui ne va pas ; je suis un artiste engagé, je dis aussi ce qui va bien », avoue-t-il, martelant ses habitudes de dénonciation de la situation des enfants-soldats, de la fabrication et de l’achat des armes et des bombes.
Avec, enfin, Daphné Bitchatch, française d’origine russe, 58 ans, c’est un autre esprit artistique qui annonce sa spécificité, pratiquant le ‘’détournement d’objets’’ : « Je suis inspirée de ce que je vois », précise-t-elle, agissant ainsi à partir du prisme de sa culture et affirmant s’adapter à ce qu’elle découvre sur son terrain d’exercice qui, dans le cas d’espèce, est le Bénin, un pays qui lui est bien connu, vu qu’elle le pratique depuis 18 ans. Concernant ses sujets, elle n’en développe pas de particulier montrant qu’à ce niveau, « tout tourne autour des chaînes de vie ».
En réalité, ces artistes, travaillant au Centre ’’Arts et cultures’’, depuis un peu plus d’une dizaine de jours, ont, selon leurs affirmations, évolué différemment, ce qui n’exclut pas des concertations. Ils manifestent, par ailleurs, une bonne entente qui promet des mises en commun d’expériences. Vivement le 14 mai, jour du vernissage de leur exposition collective, pour découvrir le fruit de leur inspiration.    


Marcel Kpogodo

mardi 26 avril 2016

Elon-m Catilina Tossou Amèvi, une démarche artistique qui s'affirme

Dans le cadre de son exposition à la Médiathèque des diasporas


Depuis le samedi 16 avril 2016, l’artiste plasticien béninois, Elon-m Catilina Tossou Amèvi, est en exposition à la Médiathèque des diasporas, à Cotonou. A traves un nombre impressionnant de toiles, il rend compte de sa lecture de la psychologie de la femme de son pays, le Bénin.

Elon-m Catilina Tossou Amèvi expliquant certaines toiles aux journalistes, lors du vernissage de l'exposition
Une bonne trentaine de tableaux sur le thème : « Femme béninoise au quotidien ». C’est ainsi que la galerie d’exposition de la Médiathèque des diasporas, sis Place du souvenir de Cotonou, trouve ses murs et ses allées, ses panneaux embellis des multiples couleurs des tableaux du peintre béninois, Elon-M Catilina Tossou Amèvi, depuis le samedi 16 avril dernier, jour du vernissage de l'exposition. Cette diversité des couleurs s’offre une grande symbiose avec la multiplicité des visages de la femme béninoise, celle-ci dont on en lit les expressions développées sur les peintures.

Aperçu des oeuvres ...
Donc, il s’agit d’une femme béninoise qui, décrite par l’artiste, appartient à tous les univers humains possibles, notamment, ceux de la mise à la vie, des rituels de couvents vaudou, des tâches ménagères quotidiennes, de la réussite culinaire, de la mode qui l’assujettit, des activités lucratives, de la conservation patrimoniale, du mystère amoureux, de la séduction à la traditionnelle, de la beauté, de la matérialisation du mystère amoureux. Et, c’est sous le couvert de l’acrylique et de la peinture à l’huile que ses personnages, majoritairement féminins, se déploient dans une harmonie de l’agencement de couleurs par rapport auxquelles l’artiste semble ne pas manifester particulièrement une préférence.
... en exposition
En outre, la technique de l’équerre déploie ses marques et géométrise tout sur son passage, laissant en héritage du bout des doigts d’Elon-m Catilina Tossou Amèvi des formes profondément stylisées, sans oublier un instrument phare, fabricateur de ces formes, à la base : le couteau. Cet artiste, peintre et aussi sculpteur, excelle désormais dans le maniement de cette stratégie et cet outil, donnant de la richesse et de l’envergure à une pratique artistique défiant la médiocrité, jusque dans ses derniers retranchements. Dans sa modestie de verbe et de psychologie, Elon-m Catilina Tossou Amèvi se laisse envahir par les effluves d’une maturité artistique fondée sur un travail personnel, caché, acharné et régulier. Le résultat en est cet ensemble de 30 toiles qu’il serait une perte pour l’amateur ou non d’arts plastiques de ne pas être pas allé visiter, au plus tard le 29 avril, date de clôture de l’exposition.


Marcel Kpogodo      

mercredi 13 avril 2016

Le ministre Ange N'Koué rejette les élections du 18 avril prochain

Dans le cadre d'un arrêté ministériel pris ce jour

La matinée du mercredi 13 avril a permis au Ministre du Tourisme et la culture, Ange N'Koué, de remettre en cause les élections devant permettre au monde des arts et de la culture de choisir ses représentants au sein du Conseil d'Administration du Fonds d'aide à la culture (Fac). Elles étaient prévues pour se tenir le 18 avril prochain.
Ange N'Koué
Les élections du 18 avril 2016 concernant le choix des administrateurs du Fonds d'Aide à la culture (Fac) sont annulés, donnant la victoire aux mouvements des artistes béninois, ''Trop c'est trop'' et ''Plateforme Wanilo'', qui s'étaient ouvertement engagés contre la tenue de ce scrutin, un processus prévu pour s'achever le 22 du même mois. Ce qui relève de l'Arrêté n°098/MTC/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA, signé dans la matinée de ce mercredi 13 avril 2016. 


Ce texte vient ainsi abroger l'Arrêté n°082/MCAAT/DC/SGM/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA du 1er avril 2016, portant modalités de désignation des représentants des fédérations d'artistes et d'associations de promoteurs culturels au Conseil d'administration du Fac. 


Voilà donc qui relance le débat sur la définition d’un nouveau cheminement pour la désignation par les acteurs du secteur des arts et de la culture du Bénin de leurs porte-voix au veau du Conseil d’administration du Fac, une instance stratégique, vu la partition décisive que ces représentants jouent dans l’attribution des subventions annuelles de l’Etat béninois aux artistes.


Marcel Kpogodo

mardi 5 avril 2016

’’Madame la Présidente’’ de L. O. Delombaut, entre talent et amateurisme dramaturgiques

Pour une édition à expertise problématique


Avril 2016, la période d’édition du recueil de 2 pièces de théâtre, intitulé, ’’Madame la Présidente’’, sous-titré, « Mango a bè awè ». Sous la plume du jeune Centrafricain, Landry Ouoko Delombaut, ce livre campe une situation politique de l’Afrique d’aujourd’hui, mais dans une légèreté formelle qui étonne, avec le cachet d’une maison d’édition française : ’’Edilivre’’.


D’une part, Ham’salam, le jeune ministre du gouvernement d’un pays dirigé par une femme est en passe de se suicider par pendaison, après avoir constaté l’assassinat de son juge de père. Mais, c’est une grenade lancée par la fenêtre, dans la pièce où il se trouve, qui finit par lui ôter la vie. D’autre part, Malik, un jeune homme, désormais sans domicile, à cause de la guerre civile, se rend à la présidence de la république, où la lettre de démission du chef de l’Etat lui tombe entre les mains. Grâce à cet indécrottable piéton, elle arrive au chef des rebelles, qui décide de mettre fin à la guerre civile. L’histoire que raconte chacune des deux pièces, ’’Madame la Présidente’’ et ’’SDF sportif’’, contenue dans le recueil, justement intitulé, ’’Madame la Présidente’’.
En un livre, elles sont le regard du dramaturge en herbe, Landry Ouoko Delombaut, de nationalité centrafricaine mais vivant et travaillant au Bénin, sur les dérives et les maux de la politique africaine, avec ses marques indélébiles, entre autres, d’assassinat politique, de corruption, d’enrichissement illicite des dirigeants, de cynisme de ceux-ci, de guerre civile, de rébellion cyclique, d’intervention de la religion dans la politique, d’instrumentalisation de la seconde par la première, et vice-versa.
La force du premier texte, ’’Madame la Présidente’’ : la capacité de l’auteur à produire une ironie rentable par l’évocation d’ « une voix », comme second personnage de la pièce, alors que la succession des répliques avec le suicidaire, Ham’salam, montre plusieurs interlocuteurs dont la femme-chef d’Etat. De plus, ce prénom musulman incarne tout un symbole, celui de la guerre civile centrafricaine à relent de persécution des mahométans de ce pays. Par ailleurs, le contexte temporel de cette pièce ne fait aucun doute. Avec  « Bring back our girls », « Je suis Charlie », dans la didascalie d’ouverture de la 1ère pièce et, notamment, le thème d’une femme présidente de la république dans un pays d’Afrique sortant de la guerre civile, rien de plus pour orienter le lecteur de ’’Madame la Présidente’’, vers l’Afrique d’aujourd’hui, celle de l’amorce de la 2ème décennie des années 2000, telle qu’elle tourne à la catastrophe, vers la Centrafrique où, Catherine Samba-Panza, a passé le témoin présidentiel, le 31 mars dernier, à un homme du nom de Faustin-Archange Touadéra, vers le monde, confronté au terrorisme dont l’imagination de ses acteurs, dans les stratégies de perturbation sociale et de mort, n’égale en rien une certaine inventivité meurtrière perpétuellement renouvelée.
Avec ’’SDF sportif’’, Landry Ouoko Delombaut touche du doigt la dérision, la fragilité, la légèreté, la vacuité, la déliquescence du pouvoir présidentiel lorsqu’il s’inscrit dans un contexte de dictature, avec ce chef d’Etat qui, lassé de la rébellion, quitte son palais pour l’exil, à l’instar d’un Samuel Doe qui, étouffé par la pression claustralisante de Charles Taylor, a juste voulu sortir pour respirer l’air du dehors, seulement que lui, rejetant toute idée d’exil, s’est vu capturer et physiquement martyriser par les hommes de Prince Johnson. Dans ’’SDF sportif’’, le président quitte le pays après avoir rédigé une lettre de démission, qui ne réjouit pas tout le monde : le pasteur espérant être ’’dauphiné’’, ni Claire, l’institutrice ayant entrevu comme une source d’évolution sociale, l’homme de religion promu aux plus hautes charges.
Landry Ouoko Delombaut
A travers les 2 pièces, Landry Ouoko Delombaut développe le mérite d’un engagement à témoigner d’un temps qu’il a connu, celui dans lequel il vit et par rapport auquel la postérité identifiera les mœurs politiques de ce qu’elle appellera une certaine époque. En outre, le dramaturge en devenir marque par, deux textes, d’un coup, un ancrage dans l’écriture théâtral, ce qu’il faudra qu’il solidifie. Et, il fait dans la sécheresse des dialogues, pour une intrigue facilement comestible même si, l’art aidant, sa capacité à donner de l’épaisseur à celle-ci ira de pair avec sa maturité en constitution. Dans ’’SDF sportif, particulièrement, les onze personnages donnaient l’impression d’un étouffement qui n’a pas eu lieu, par la magie de cette sécheresse pragmatique du ton des personnages. Une vraie qualité.
Cependant, un nombre incalculable de pages, d’une pièce à l’autre, porte des coquilles laissant à désirer sur le professionnalisme de la maison d’édition ayant supporté la parution du recueil : ’’Edilivre’’. Pour ce qui est de la version pdf du livre, qui a pu nous être rendue disponible par l’auteur, il faut assister à un fourmillement de fautes de tous genres, celles liées à la ponctuation des deux livres s’arrogeant la palme d’or de présence. A titre indicatif, ’’Madame la Présidente’’ porte, en sa page 11, la 2ème réplique de la ’’voix’’ crée un scandale de conjugaison : « […] ne finit pas […] », au lieu de « […] ne finis pas […] », le verbe étant à l’impératif présent. Et, c’est ainsi parti pour une avalanche de coquilles de tous genres : « […] Tu la coules douce à l’étranger », pour : « Tu te la coules douce … » (Page 12, 2ème réplique d’Ham’salam, 2ème phrase), sans oublier les pages 13, 14, 15, 16, 20, 24, 25, 27 portant des fautes incompréhensibles. Aussi grave, à la Page 17 : « Après quelques années de rébellion, des rebelles pauvres et très endettés débarquent, dépouillent le peuple de ses biens, les renvoyant à leur tour à la rébellion », pour : « Après quelques années de rébellion, des rebelles pauvres et très endettés débarquent, dépouillent le peuple de ses biens, le renvoyant à son tour à la rébellion ». Ce registre est aussi lisible aux pages 18 et 19.
Quant au second livre, ’’SDF sportif’’, le prologue, dans ses lignes 2, 3, 6, 7 et 11, regorgent d’incorrections visibles aussi aux pages 39, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 51, 60 et 62, comme s’il n’avait pas fait l’objet d’une relecture pertinente.
Finalement, les coquilles font perdre aux 2 livres leur qualité, leur force de suggestion puisque, régulièrement, le lecteur doit voir sa progression arrêtée par des sursauts de manifestation d’horreur, face à des fautes impossibles, dans un livre édité en France ! Du vrai pain à traiter pour ’’Edilivre’’.


Marcel Kpogodo