vendredi 11 décembre 2020

Zanfanhouédé, des toiles édifiantes sur les secrets du bonheur

Dans le cadre de son exposition en cours à Cotonou

Depuis le vendredi 27 novembre 2020, l’artiste peintre, sculpteur et tatoueur, Zanfanhouédé, est en exposition à la galerie du ’’Lieu unique’’, sis quartier de Fidjrossè à Cotonou. En substance, une majorité de tableaux et quelques dessins entraînent le visiteur dans un univers d’un réalisme parfois fatal qui instruit plus qu’il n’inquiète.


Zanfanhouédé, au cours de ses explications

’Azor’’, ’’Noukonglô’’, ’’Gbêwézoun’’, ’’Gbédokpo’’, ’’Gbèwéman’’, ’’Noun kpon dô nounwou’’, ’’Gandido min énongnon’’, ’’Gbèwémantowé’’, ’’Nounangnon’’, ’’Houénounsou’’, ’’Mèwèdjro’’, ’’E houn zou’’. On croirait des titres de morceaux d’un album de musique traditionnelle béninoise, ce qui n’est aucunement le cas, puisque les œuvres concernées sont des tableaux produits par Franck Zannou, alias Zanfanhouédé, animant l’exposition intitulée ’’Gbê kannou’’, ’’La course de la vie’’, en français, dont le vernissage s’est tenu dans la soirée du vendredi 27 novembre 2020 à la galerie du ’’Lieu unique’’, un espace de détente et de partage culturel, situé au quartier de Fidjrossè, à Cotonou.


« Dans notre vie, cela ne sert à rien de ne pas courir, vu la mission qu’on doit y accomplir », explique Zanfanhouédé, justifiant le thème de l‘exposition. « Il vaut mieux alors éviter d’adhérer au ’’Crimandor’’ », continue-t-il, un terme qu’il détaille comme l’association de trois actions dont le caractère successif fait tomber son auteur dans de la léthargie, de façon à le rendre nuisible à son entourage : critiquer, manger et dormir. « Pour mieux passer sa vie sur terre », conclut-il, « il faut écrire une histoire ».


Cela est ainsi parti pour un univers dans lequel les toiles de Zanfanhouédé promettent d’embarquer le visiteur : un système apaisant d’éveil de la conscience humaine à des vérités simples du quotidien, des vérités ordinaires auxquelles empêchent d’avoir accès le bouillonnement et le tourbillon dans lesquels se trouvent enfermés les êtres humains du fait de leurs activités quotidiennes.


Aller s’imprégner de l’atmosphère feutrée de l’exposition ’’Gbê kannou'' amènerait à se ressourcer profondément à partir de deux facteurs cardinaux, à découvrir absolument, qu’a mis en place l’artiste, et qui concourent à créer la communication et la connexion entre toutes les quinze toiles proposées au regard du visiteur. Les facteurs concernés devraient susciter la curiosité d’aller voir cette exposition, surtout qu’ils permettent de se rendre compte de quelle manière, par eux, Zanfanhouédé développe une philosophie particulière de la victoire sur les situations d’adversité de la vie actuelle.


Par conséquent, dans son usage bien organisé, bien dosé de l’acrylique, du pastel, des teintes et de la bombe à faire du graffiti, Zanfanhouédé a réussi la confection de toiles à la somptuosité veloutée pour le regard et pour les autres sens lorsqu’ils sont conditionnés chez l’observateur averti des œuvres de peinture à fonctionner même apparemment hors de leur champ d’exercice.


Il s’agit donc de se rendre sans trop tarder à la galerie du ’’Lieu unique’’ de Fidjrossè, à Cotonou, afin de communier avec la thérapie, par le regard, que propose l’artiste à la fois pour l’âme et pour le cœur, surtout que Zanfanhouédé entend que les cinq mois qu’a duré la production des tableaux puissent permettre à tout Béninois, quel que soit son statut social, de se procurer des pièces qu’il a mis à des prix étudiés pour toutes les bourses. Jusqu’au 27 janvier 2021, le visiteur dispose donc de l’opportunité de s’enrichir au contact d’une école de la nouvelle génération des arts plastiques au Bénin, au contact d’un jeune peintre né avec des dents, qui semble ne pas exercer son métier pour faire de la figuration.

Marcel Kpogodo Gangbè      

mardi 8 décembre 2020

Un catalogue exceptionnel en arts plastiques lancé par l’Union européenne

Dans le cadre d’une manifestation tenue à Cotonou

On n’aura encore jamais vu un catalogue en arts plastiques de ce volume au Bénin. Ecrit par André Jolly, il est intitulé, ’’Artistes contemporains du Bénin – Artistes du monde’’, et a connu un lancement officiel le jeudi 26 novembre 2020 à la Résidence de l’Union européenne à Cotonou, sous la direction de Véronique Janssen, Chargée d’Affaires a.i. de la Délégation de l’Union européenne au Bénin, et en présence de nombreux invités dont des artistes.

De gauche à droite, Véronique Janssen et Dominique Zinkpè montrant le catalogue au public lors du lancement (Crédit photo : Cellule de Communication de la Délégation de l'Union européenne au Bénin)

82 artistes plasticiens béninois présentés à travers un gros volume de 445 pages en couleurs, dans du papier glacé, pour une couverture aux vert, jaune et rouge du drapeau du Bénin. Les éléments de fonctionnement du catalogue, ’’Artistes contemporains du Bénin – Artistes du monde’’, ce livre de poids dont le lancement a été officiellement effectué dans la matinée du jeudi 26 novembre 2020 à la Résidence de l’Union européenne à Cotonou.


En effet, initié par l’artiste plasticien Dominique Zinkpè, qui est le relais de la Galerie ’’Vallois’’ au Bénin, l’ouvrage trouve son édition co-financée par cette institution, établie et exerçant en France, et l’Union européenne, alors qu’il a pour auteur, André Jolly, ancien Directeur de l’ex-Centre culturel français de Cotonou.

Aperçu du public au lancement du catalogue (Crédit photo : Cellule de Communication de la Délégation de l'Union européenne au Bénin)

En ouverture du confortable livre se laisse parcourir l’avant-propos de l’auteur, illustré, trois pages plus loin, par le sculpteur Euloge Glèlè, alias Glèlè, presqu’en embuscade derrière sa célèbre et significative œuvre, ’’La reine et sa cour’’. Et, après, respectivement, une présentation du Bénin, le « mot » de Robert Vallois, celui de Jutta Urpilainnen, Commissaire européen aux Partenariats internationaux, et un certain souffle de l’écrivain béninois, Florent Couao-Zotti, une page de garde lance la découverte des artistes contemporains du Bénin par un monument vivant : Romuald Hazoumè, avec un honneur qui ne sera octroyé qu’à lui comme à un seigneur échappant à tout classement alphabétique, 10 savoureuses pages illustrées qui le définissent dans sa démarche aussi bien récupératrice que photographique ! Ensuite, peuvent être classés au deuxième rang, une crème de 12 créateurs répartis dans le livre, selon l'initiale de leur nom, qui se voient restituer en 8 pages faisant resplendir leur authenticité artistique : Gérard Quenum, Glèlè, Ishola Akpo, Julien Vignikin, Kajéro, Kifouli Dossou, Ludovic Fadaïro, Meschac Gaba, Moufouli Bello, Psycoffi, Rémy Samuz et Zinkpè.


Et suivent, classables en troisième position, 26 artistes présentés en 6 pages, intercalés par Benjamin Déguénon et Charles Placide lisibles en 5 pages,  et, au cinquième rang, 26 autres en 4, pendant que Bonsa et Calixte Dakpogan se distinguent par les 3 pages qui leur échoient et que 12 derniers artistes n’ont que 2 pages pour laisser dire leur être créateur.  

André Jolly, l'auteur du livre - (Crédit photo : Cellule de Communication de la Délégation de l'Union européenne au Bénin)

Coup de cœur de l’auteur, quote actuelle de l’artiste, qualité de son travail, force de rayonnement de sa démarche, visibilité, disponibilité d’informations ou de photos ? Il n’y en a aucun doute, le hasard n’aura eu aucune place dans l’attribution par l'auteur André Jolly d’un nombre de pages à tel artiste ou à un tel autre, lui qui est loin d’en être à sa première expérience de production d’un catalogue d’artistes contemporains béninois. 


En effet, en 2000, en tant que Directeur de l’ex-Centre culturel français de Cotonou, il laissait paraître, ’’L’Harmattan 2005 – Art contemporain du Bénin’’, promouvant 14 artistes. Cinq années plus tard, son successeur à ce poste, Wily Dubos, se faisait aussi l’auteur d’ ’’Harmattan 2005 – Art contemporain au Bénin’’, passant la liste à 24, sans oublier qu’André Jolly revient en force, en 2013, avec ’’Sculpteurs contemporains du Bénin - De la tradition à la modernité". Par conséquent, l’auteur d’ ’’Artistes contemporains du Bénin – Art du monde’’, vraisemblablement, manifeste un véritable parcours, s’est fait un métier dans l’exploration de l’univers de l’art contemporain béninois ; il capitalise une connaissance approfondie de ce milieu et s’impose comme un archiviste de la question, d’où le choix judicieux de la Galerie ’’Vallois’’ de l’avoir amené à conduire ce nouveau chantier apparemment d’une consistance remarquablement plus exigeante.


Au lancement de l’ouvrage, le jeudi 26 novembre 2020, Véronique Janssen, Chargée d’Affaires a.i. de la Délégation de l’Union européenne au Bénin, a tenu une allocution forte.

Marcel Kpogodo Gangbè

 

 

Extrait de l’allocution de Véronique Janssen


Véronique Janssen, au cours de son allocution (Crédit photo : Cellule de Communication de la Délégation de l'Union européenne au Bénin)

 

« Mesdames et messieurs,

Chers artistes,

Chers amis,

Chers invités,

J’ai le grand plaisir de vous recevoir aujourd’hui en la résidence de l’Union Européenne pour le lancement officiel d’un livre d’art exceptionnel dédié aux artistes du Bénin, intitulé « Artistes contemporains du Bénin-artistes du monde ».

Cet ouvrage dont nous avons l grand honneur d’avoir l’auteur parmi nous, aujourd’hui, M. André Jolly, a été réalisé à l’initiative de la célèbre Galerie Vallois.

La DUE en a assuré le cofinancement, marquant par là l’engagement de l’UE ne faveur de la promotion de l’art et des artistes.

Dans sa préface, Mme Jutta URPILAINEN, Commissaire européen aux partenariats internationaux, a écrit (je cite) : « L’art aide à l’ouverture des esprits et à la rencontre des personnes et des peuples. C’est dans ce sens que je souhaite saluer le travail de Robert Vallois qui consiste à mieux faire connaître les artistes béninois – en tant que créateurs profondément liés aux traditions culturelles et spirituelles spécifiques du Bénin et à la fois universels, contemporains et incroyablement intenses. Le Bénin peut être fier de ses nombreux créateurs qui sont à la fois, en tant qu’artistes contemporains de renom, citoyens du monde ».

L’art et la culture permettent en effet d’établir un trait d’union entre les peuples. Comme le disait Octavio Paz, poète et lauréat du prix Nobel de littérature en 1990 : « Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement qu meurent les civilisations ».

C’est pour permettre de telles rencontres que le précédent Chef de la DUE au Bénin, M. Oliver Nette et son épouse, avaient décidé en 2018 d’ouvrir la Résidence, la maison européenne à Cotonou, aux artistes du Bénin, qui méritent d’être davantage connus. Depuis lors, 6 expositions ont été organisées à la Résidence, offrant l’occasion tant à nos amis béninois qu’à nos amis de la communauté internationale de découvrir ou redécouvrir des artistes de renom comme de jeunes talents. Le concept de chaque exposition était de présenter à chaque fois un artiste sculpteur et un artiste peintre, afin de susciter un dialogue entre ces différentes formes d’art plastique. C’est ainsi que nous avons eu l’immense honneur d’accueillir successivement :

-          Moufouli Bello & Kifouli Dossou

-          Nathanaël Vodouhè & Lionel Yamadjako

-          Gérard Quenum & Karimi Chouyouti

-          Thierry Oussou & Elias Boko

-          Charly D’Almeida & Mica Hounkpèvi (qui nous a hélas quittés, et pour qui je vous demanderais d’avoir une pensée tout particulière), et enfin

-          Calixte Dakpogan  & Midy.

Certains d’entre eux figurent dans l’ouvrage dont nous célébrons le lancement aujourd’hui.

A la fin de cette cérémonie, nous offrirons à chacun d’entre vous un exemplaire de cet ouvrage qui marquera les annales de l’histoire de l’art au Bénin.

Mais avant cela, vous aurez l’occasion au cours du cocktail d’admirer dans le jardin les œuvres de quelques artistes qui figurent dans le livre, et qui ont été spécialement reproduites pour cette occasion. Vous pourrez aussi échanger, si vous le souhaitez, avec les artistes présents ici. Je veux nommer Sènami Donoumassou, et MM. Romuald Hazoumé, Ludovic Fadaïro, et Dominique Zinkpè, que je demande d’applaudir très chaleureusement.

Je vous demanderais une ovation toute particulière à M. Zinkpè, pour son apport à la réalisation de l’ouvrage. Avec l’espace artistique Le Centre, dont il est le Président d’honneur, M. Zinkpè participe à la mise en valeur de l’art contemporain du Bénin et du continent africain, et à l’accompagnement d’artistes émergents. Merci pour vos applaudissements … ».