Ce que révèle l’exposition
’’L’envol take off’’
Depuis le vendredi 27
mars 2015 se tient l’exposition dénommée ’’L’envol take off’’, qui a été lancée
par un vernissage. C’était à l’Agence de voyage ’’Air France-Klm’’ de Cotonou. Parmi
les deux artistes mis en vue par Christelle Yaovi, l’initiatrice de l’événement,
se trouve Sébastien Boko dont les œuvres donnent l’impression d’une nouvelle
dimension d’un travail purement interpellatif. L'exposition prend fin le 27 mai.
Sébastien Boko |
Sébastien Boko prend
part à l’exposition ’’L’envol take off’’, présentant pas moins de 9 sculptures
de deux factures différentes. La première est constituée de 5 pièces ;
chacune est un visage géant en bois
sculpté sur socle. La seconde catégorie d’œuvres se rapporte à 4 sculptures en
bois couleur claire, avec des traces noires qui, entretenant le contraste, les rendent
belles. Elles sont devenues ordinaires, seulement que, depuis peu, les formes
en sont plus arrondies.
Une des pièces de Sébastien Boko |
Concernant les visages,
ils ont la particularité de porter une paire de lunettes d’un genre particulier :
les glaces, de chaque côté, sont un amoncellement de cadenas, petits ou moyens,
fermés. Tout simplement ! Se prononçant sur ce choix, Sébastien Boko n’a
pas manqué de remonter à la signification originelle du cadenas dans la
sociologie béninoise : « Je suis conscient que le cadenas signifie
un élément de fermeture, un facteur d’envoûtement, d’ensorcellement, d’enfermement
de l’âme d’une personne à qui l’on veut nuire ; j’en suis conscient … ».
Sans tarder, il précise le sens réel de sa démarche artistique : « Les
êtres humains ont de la facilité à reprocher des choses aux gens, on ne se
regarde pas, on fuit vers ce qu’on désire, on ne se recherche pas, on ne se
voit pas ». Devant un constat aussi amer, il préconise la solution : « Si
on se regarde, on peut voir autre chose, on peut voir des portes qui vont s’ouvrir
pour nous apporter quelque chose de bien, de plus positif ; il faut que
les hommes se voient ».
La stratégie
artistiquement cadenassée de Sébastien Boko révèle donc son appel à ce que l’homme
se repère, se regarde, entre en lui-même, et qu’il parte de l’intérieur de lui
pour envisager l’extérieur, ce qui, selon l’artiste, ne peut qu’être porteur de
satisfaction pour lui, d’où le phénomène de l’intériorisation du regard de l’homme.
Sébastien Boko dans ’’Le
monde de Sica’’
Christelle Yaovi, au centre, avec Dina, au cours du vernissage de ''L'envol take off'' |
’’Le monde Sica’’ est
un concept de fédération, par petits groupes, des énergies artistiques, opéré
par l’artiste peintre franco-béninoise, Christelle Yaovi. Très sélective, elle n’inclut
pas dans son univers n’importe qui, si l’on consulte les artistes qui, avec
elle ou non, ont déjà exposé dans ce concept : en février 2014, Daphné
Bitchatch, Diagne Chanel et le phénoménal Dominique Zinkpè, en décembre de la
même année, Thierry Oussou et l’autre imprévisible, Meschac Gaba, sans compter
qu’à présent, Sébastien Boko se trouve nez-à-nez avec Dina.
Se prononçant les raisons
de l’entrée triomphale de Sébastien Boko dans son ’’Monde’’, Christelle Yaovi est
sentencieuse sur son labeur : « Il mouille la chemise, qu’il ait de l’argent
ou pas, il travaille énormément et très dur, il ne se lamente pas ; le
bois est lourd et, pourtant, il y travaille, c’est quelqu’un qui cherche à
apprendre, il est très humble et très respectueux, de même qu’il a beaucoup de
talent … Je le connais depuis 3 ans, j’aime bien ce qu’il fait ».
Sébastien Boko, le Turc
S’il n’a pu être au
vernissage de ’’L’envol take off’’, dans la soirée du vendredi 27 mars dernier,
c’est qu’il était en train de revenir de Turquie où il a bouclé un séjour
purement professionnel en Turquie. Il venait d’y participer au Symposium de la
culture sur bois, à l’occasion du ’’World wood day’’, en français, Journée
mondiale du bois. Seul sculpteur représentant le Bénin et, égrenant sa
troisième participation à ce rendez-vous où 90 pays ont droit au chapitre, il a
marqué son empreinte, une fois de plus, par la sculpture d’une déesse, celle
qui, à coup sûr, lui portera davantage bonheur, pour des dimensions plus que
jamais reluisantes, surtout que, dès le 1er avril 2015, il devra s’enfermer
au ’’Café cauris coquillages’’, dans le cadre de la résidence de création, ’’Cénacle
phénoménal’’, en compagnie de huit autres de ses collègues artistes
plasticiens.
Marcel Kpogodo
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