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mercredi 10 juin 2015

''L'émergence de l'Afrique - Le greffage qui s'impose'', l'essai politique enfiévré d'Agboessi Noumonvi Cloubou

Un ouvrage lancé le vendredi 5 juin 2015


Le vendredi 5 juin dernier a donné lieu, à l’Auditorium de l’Institut français de Cotonou, à la présentation aux journalistes d’un livre de registre purement politique : ’’L’émergence de l’Afrique – Le greffage qui s’impose’’. Il a été écrit par Agboessi Noumonvi Cloubou, un ancien officier de l’armée béninoise, travaillant pour les Nations unies. Il s’agit d’un ouvrage témoignant d’une véritable explosion verbale qui se fait effervescente, sous l’influence de la forte préoccupation de l'auteur pour le développement de l’Afrique.


1 préface du célèbre chroniqueur béninois, Jérôme Carlos, 228 pages d’un discours ardent sur les stratégies que doit mettre en œuvre le continent africain pour connaître le développement et 6 chapitres. Voilà la substance sans concession d’un ouvrage qui vient d’être publié à ’’Star éditions’’, en cette année 2015, par Agboessi Noumonvi Cloubou, un officier des Forces armées béninoises (Fab), désormais au service des Nations unies : ''L'émergence de l'Afrique - Le greffage qui s'impose''. Ce livre a fait l’objet d’une conférence de presse qu’a tenue l’auteur, le vendredi 5 juin dernier, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou.
« C’est un livre de sociologie de développement, un livre de prospective ! ». Voilà les termes en lesquels s’est exprimé le Professeur Jean Marc-Aurèle Affoutou, de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash), de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), quand il lui a été donné de se prononcer sur le contenu de l’ouvrage d’Agboessi Noumonvi Cloubou. 
« Un livre de sociologie de développement, un livre de prospective », oui, donc, un livre politique sur l’Afrique, une grande profession de foi d’une personnalité apparemment ulcérée par l’absence de développement d’un continent pourtant pourvu d’atouts de tous ordres et d’un potentiel de façonnement de ses cadres à l’effet de ce développement.
C’est ainsi qu’à travers 6 consistants chapitres, l’auteur lance une giboulée d’idées qui, dans certains compartiments de l’ouvrage, peinent à trouver un ancrage. C’est, d’abord, le cas du premier d’entre eux, structuré en deux parties. Intitulé ’’Il est temps …’’, il s’enracine dans l’expérience personnelle de l’auteur de mise en valeur végétale d’espaces terriens lui appartenant, ce qui lui donne le déclic pour se vautrer dans une sorte de délire, dans une expression d’idées au cadrage thématique difficile mais qui portent, néanmoins, une préoccupation : faire ressortir la nécessité pour l’Afrique de revenir à elle-même pour définir de nouvelles bases de départ pour le développement, comme pour donner raison à une certaine sagesse : « Si tu ne sais là où tu vas, retourne à d'où tu viens ». Mais, il responsabilise fortement les cadres africains, d’une part, dans ce processus de retour aux sources et, d’autre part, dans l’adoption de stratégies rationnelles, dans leurs méthodes.
Dans le deuxième chapitre dénommé ’’C’est bien possible’’, Agboessi Noumonvi Cloubou distribue ses réflexions en trois parties et détermine plus d’une trentaine de qualités devant animer le cadre africain engagé à contribuer au développement de l’Afrique : la loyauté, la responsabilité, le désintéressement, la rigueur, la détermination, la force, le sens des valeurs, l’honnêteté, la compétence, l’enthousiasme, le sens de la décompression, celui de la curiosité, l’ambition, la générosité, le doigté, la culture sur soi et sur les autres, l’impartialité, l’auto-discipline, la persévérance, l’endurance, le courage, la souplesse, la flexibilité, l’esprit de décision, celui d’initiative, le sens de la justice, celui de la proximité avec ses collaborateurs, de la responsabilité, de l’exemple, la positivité, la maîtrise de soi, une grande capacité d’adaptation et, notamment, l’humilité. Cependant, ce type de cadre ne doit pas se faire compagnon de la peur et de la colère.     
Quant au troisième chapitre, du titre, ’’Et si c’était vrai !’’, l’auteur met sous les feux de la rampe le génie noir, qu’il se soit manifesté en politique, à travers des inventions et des découvertes ou par la maîtrise des forces magiques, quel que soit le continent sur lequel ce génie  a laissé ses marques, comme pour donner confiance à l’Africain que le développement est un miracle accessible.
Avec la quatrième étape de l’ouvrage, qui s’intitule, de manière exclamative, ’’Mais pourquoi pas !’’, Agboessi Noumonvi Cloubou n’échappe pas au tic, connu de lui depuis le début de l’essai, de la profusion d’idées visant à indiquer les principes à suivre, avant de revenir à un ensemble de dénonciations des faits défavorables qu’on ne saurait mettre à un même niveau : la dépendance économique et financière de l’Afrique vis-à-vis de l’extérieur, l’extraversion culturelle des fils de ce continent et l’absence chez eux de la culture de la prise de notes. Ceci lui sert de tremplin, par le biais de la première partie du quatrième chapitre, pour évoquer les comportements exemplaires de gouvernance qui doivent être ceux du cadre africain et, dans la deuxième, il l’exhorte à exercer ses fonctions dans une totale symbiose avec les couches de la population, tout en réussissant une grande capacité d’adaptation.
Par rapport au cinquième chapitre dénommé ’’Aimer et développer ce qui convient’’, l’auteur propose des orientations, une sorte de code de bonne conduite du cadre, dans un contexte de gestion humaine concernant le domaine professionnel et, ceci, pour une efficacité nationale et une réussite panafricaine.
Enfin, se rapportant au sixième chapitre, il se subdivise en trois parties, s’intitulant ’’Optimiser le potentiel endogène’’. A son ouverture, il rejette vigoureusement la lutte armée au profit du travail qu’il faut exercer pour amorcer un développement progressif. Mais, tenace, l’auteur revient à son outil de prédilection et de réflexion qu’est le cadre africain ; il lui propose le sens de la compassion pour entretenir la proximité avec les citoyens, de façon à désamorcer toutes les formes de situations d’affrontement, sans oublier qu’il doit faire valoir les techniques purement africaines d’entretien du dialogue. Et, en matière de l’être purement africain, Agboessi Noumonvi Cloubou l’appelle de tous ses vœux, il en fait le fondement de la nouvelle Afrique, celle qui doit se révéler au monde, dans un état de développement inculturé, à travers ses valeurs intrinsèques. Les conditions d’une telle réussite : la motivation des sages africains à laisser immortaliser par l’écrit des « savoirs » et des « savoir-faire », séculaires, à l’efficacité multidimensionnelle reconnue, le reconditionnement de la mentalité de l’Africain, celle-ci devant être amenée à plus de confiance, à plus d’assurance dans sa capacité à créer et à matérialiser la contribution authentique du continent africain à la mondialisation. Enfin, dernière condition : le réveil des cadres de l’Afrique !
Il n’y a rien à y redire, l’auteur de ’’L’émergence de l’Afrique – Le greffage qui s’impose’’ a réservé le plus fort synthétique pour la fin, par quatre mots (pp. 227-228) :
« - Puissent les tam-tams résonner et appeler au renforcement de l’éveil de l’éveil de conscience et au travail !
-          Puisse le capital humain s’imposer dans la performance compétitive internationale !
-          Puisse la puissance exercée dans l’anonymat être quantifiée, valorisée et tournée vers l’avenir et donc vers la recherche scientifique pour le développement durable !
-          Puisse le greffage tous azimuts renforcer l’espérance et favoriser l’émergence d’une nouvelle nation africaine ! »
C’est donc ainsi que tombe la fièvre d’Agboessi Noumonvi Cloubou qui a produit un livre d’appel au greffage, ce qu’il faut entendre comme leur expression inculturée au monde par les Africains. Il s’agit d’un ouvrage que tout observateur préoccupé du devenir de l’Afrique de notre époque de forte modernité, n’a d’autre choix que de lire, même s’il se fragilise par quelques coquilles (Entre autres, ’’d’entreé’’, au lieu de ’’d’entrée’’, p. 26, ’’chemmin’’, au lieu de ’’chemin’’, p. 46, ’’fébrille’’, au lieu de ’’fébrile’’, p. 58, ’’ressor’’, au lieu de ’’ressort’’, p. 67, ’’ssacrifices’’, au lieu de ’’sacrifices’’, p. 132, ’’imposées’’, au lieu de ’’imposé’’, p. 200, ’’pays Africains’’, au lieu de ’’pays africains’’,  aux lignes 8 et 19 de la page 207, une phrase au sens problématique : « Il faut lui créer un cadre de lui permette de … », en fin de la même page, ’’interpellés’’, au lieu de ’’interpelés’’, p. 213, ’’crystallisés’’, au lieu de ’’cristallisés’’, p. 227, …). Elles sont incompréhensibles du fait du professionnalisme reconnu de la maison d’édition, ’’Star éditions’’.
En outre, il aurait été souhaitable que ce soit sous le prisme unique du très novateur concept du ’’capsocalisme’’, trop brièvement évoqué à la page 39, notamment, que l’auteur ait fait ressortir toutes les idées et les propositions émises. Ceci aurait empêché un regrettable éparpillement, une gratuite dispersion des inspirations entre l’orthodoxie du comportement de tous ordres du cadre africain et les mesures de sortie par l’Afrique du sous-développement. Néanmoins, en dépit du fait pour l’auteur d’avoir occulté la fermeture de l’Africain aux livres, sa difficulté, sa réticence à se cultiver par les ouvrages écrits, comme une cause fondamentale non négligeable du sous-développement du continent ayant focalisé tout son intérêt, il a le mérite, très pratique d’ailleurs, d’avoir annexé à son essai un carnet de prise de notes, dénommé ’’Carnet vie’’, de quoi amener ses amis africains à acquérir et à développer l’habitude de mentionner par écrit leurs pensées.
Comme l’a mentionné Jérôme Carlos, dans sa préface au livre, Agboessi Noumonvi Cloubou est désormais très attendu sur un autre ouvrage concernant spécifiquement le ’’capsocalisme’’.

Marcel Kpogodo