lundi 18 mars 2019

Alphabétisation : Gopal Das Nounagnon lance ses services aux artistes et aux populations

Dans le cadre d’une conférence de presse qu’il a animée à Cotonou

L’artiste béninois du slam en langue nationale ’’goun’’, Gopal Das Nounagnon, a initié une conférence de presse, qui a eu lieu le vendredi 15 mars 2019, au ’’Parking’’, un espace culturel situé à Cotonou. En substance, le jeune créateur a informé les journalistes culturels de la mise à la disposition des artistes et du public de ses capacités, entre autres, à les former en alphabétisation dans les langues nationales du Bénin.

Gopal Das Nounagnon, dans ses explications, au cours de la conférence de presse
« En tant qu’Africains, nous devons apporter un revers au règne dévalorisant du français, ce qui crée la nécessité de l’écriture des langues maternelles pour contribuer à freiner la disparition de la littérature orale ». La réflexion du jeune slameur béninois en langue ’’goun’’, Gopal Das Nounagnon, alias, Gopal, lors de la conférence de presse, qu’il a animée dans le milieu de l’après-midi du vendredi 15 mars 2019, à l’Espace culturel ’’Le parking’’ sis quartier de Fidjrossè, à Cotonou.
Selon lui, cet échange avec les professionnels des médias tient lieu du lancement officiel de ses activités respectives de formation en alphabétisation dans les langues nationales du sud du Bénin, et de transcription de textes des chansons produites dans ces langues. Un ensemble de prestations qu’il réalisera au sein des Ateliers ’’Ojiji’’, ’’Oriji’’ qui veut dire ’’L'original’’, ''L'authentique''.
Dans le premier cas, Gopal affirme pouvoir accompagner les artistes pour leur faire acquérir, après quelques séances de transmission de capacités, la phonétique appropriée à l’écriture des langues nationales. Ceci leur permettra de produire par eux-mêmes les textes de leurs chansons au moment voulu. Et, l’intervenant se rend disponible pour mettre aussi cette formation au profit de toute personne qui en aurait besoin, et qui ne serait pas un artiste professionnel. Ainsi, pour un mois de formation, l'artiste devra s’acquitter d’un montant de cinq mille Francs (5000 F) Cfa, alors qu’un civil paiera deux mille Francs (2000 F) Cfa, pour la même durée de formation.
Concernant le second cas, Gopal appelle à recourir à ses services les artistes dans le besoin de transcription de leurs textes de chansons ou de tous les autres genres, ces textes étant en langues nationales. D’ailleurs, a-t-il précisé, le Bureau béninois du Droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra) exige que les chansons en langues nationales, proposées à la protection, soient accompagnées de leur texte intégralement transcrit. Il se met alors à la disposition de ses collègues pour réussir, en leur faveur, ce genre de travail.


Une démarche pédagogique bien motivée

Dans son évolution professionnelle, Gopal s’est rendu compte, selon ses propos, de l’importance, pour les artistes, de la transcription des textes de leurs œuvres. En effet, ceux-ci sont parfois demandés par des chercheurs universitaires aux fins d’études scientifiques. Et, ce ne devrait pas être le moment pour se mettre à courir dans tous les sens afin de trouver une solution viable. Ainsi, il lance un appel vibrant à ses collègues artistes pour qu’ils sachent anticiper par rapport à ce genre de besoin, soit en se faisant alphabétiser pour opérer soi-même la transcription, soit en confiant des travaux de ce genre aux Ateliers ’’Orijiji’’.


Une réelle expertise

Gopal Das Nounagnon manifeste un engagement pour le retour par les Africains à leurs langues nationales, de manière à faire accepter aux décideurs qu’il faudrait mettre en place des budgets conséquents pour l'éclosion de ces langues, leur essor, leur appropriation, un peu comme le fait la France, pour la langue française, à travers la francophonie, a-t-il comparé. Ce slameur reste le concepteur, le promoteur et le pratiquant, par excellence, du ’’Sassigbé’’, une initiative linguistique l’amenant à partir des profondeurs de la langue nationale pour en extraire les tournures les plus riches, les plus imprévues, « pour créer un choc de sens et de son à partir des impossibilités naturelles que je sais que nous avons », a-t-il expliqué, lui qui, en outre, met à son service, à l’effet de cette réussite verbale, les proverbes.
Gopal est donc un manipulateur spécialisé des langues nationales du Sud-Bénin, lui qui, en 2009, connaissait son premier apprentissage en alphabétisation à travers un processus étatique mis en place par l’ex-Ministère de l’Alphabétisation, visant à faire obtenir aux apprenants de cette époque l’équivalent du Baccalauréat en Langues nationales, et qui, finalement, n’a pas abouti, vu l’instabilité des portefeuilles au niveau de ce Département ministériel. Mais, en 2015, il s’enfonce dans la pratique de ses connaissances. Aujourd’hui, appelé par plusieurs institutions, prouvant un savoir-faire avéré dans l’alphabétisation et dans la transcription de paroles en langues nationales, Gopal Das Nounagnon se dit prêt à servir, en la matière, les artistes et toute personne, lui qui répond au numéro, 00229 66559420, et qui se trouve joignable au mail, gopaldasleslam@gmail.com.

Marcel Kpogodo

dimanche 17 mars 2019

Exposition du rôle essentiel des femmes dans les sociétés de masques en Afrique

Dans le cadre de la tenue du volet intellectuel du Feridama

Le Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama) s’est déroulé du 12 au 16 décembre 2018. Son volet intellectuel s’est matérialisé par un colloque qui a eu lieu le jeudi 7 mars 2019 à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture. La Journée internationale du Droit des femmes étant d’actualité, la femme s’est invitée dans les réflexions, pour des communications assurées par des intellectuels africains de haut rang.

Le podium du volet intellectuel du Feridama
« Place et rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique ». Le thème qui a mobilisé les réflexions lors de la tenue d’un colloque, dans l’après-midi du jeudi 7 mars 2019, à la Salle Vip de l’ex-Ministère de la Culture, sis zone de la route de l’Aéroport. Ce coolloque appartient au volet intellectuel de la 9ème édition du Festival des Rituels et des danses masquées (Feridama) ayant été organisée  du 12 au 16 décembre 2018. Cette séance d’échanges s’est effectuée dans le cadre de la Journée internationale des Droits des femmes, que le monde entier célèbre le 8 mars de chaque année. 

Aperçu du public
Se sont succédé au pupitre pour faire connaître leurs réflexions respectives concernant le sujet indiqué l’Ivoirien Konin Aka, le Malien Lassana Cissé, le Burkinabè Léonce Ki et le Béninois Richard Sogan.


Des communications

Léonce Ki
De façon préliminaire, Léonce Ki a planté le décor de l’abord du sujet en traitant le thème : « Du culturel au cultuel, masques vs religions révélées ». Ainsi, il a fait ressortir que 247 sociétés de masques existent au Burkina Faso, avant de rappeler les grandes aires culturelles que comporte ce pays et de rejeter une idée reçue sur le masque : il ne se limite pas à la tête. Puis, il a évoqué les grandes catégories de masques dans son pays : les masques de feuilles, les masques d’écorces, les masques de fibres, les masques de pailles et les masques de tissus. Achevant son propos, il a montré que le système des masques est mis en danger par les religions étrangères importées.

De gauche à droite, Lassana Cissé et Konin Aka
De son côté, Lassana Cissé, Expert ’’Patrimoine et développement local’’, étant intervenu sur le thème, « Place et rôle de la femme dans la société des masques dogon », il a montré qu’au Mali, les aires culturelles Bobo, Dogon et Bamanan sont celles au niveau desquelles se manifestent les sociétés de masques. De manière particulière, il a choisi de s’appesantir sur celle des Dogon. Pour ce communicateur, elle s’appelle ’’Ava’’, reste l’affaire des hommes et intervient lors des funérailles et de toutes les circonstances sociales où il s’agit de « rétablir l’ordre social et de maintenir de bonnes relations entre le monde des vivants et celui des morts ». Il faut être circoncis pour appartenir à cette société. Aussi, après avoir fait ressortir les éléments de la mission sociale des masques, il a établi de quelle manière la femme a découvert la pratique relative aux masques, même si elle se trouve exclue de son aspect rituel mais recherchée dans celui relatif à l’initiation.
Quant au Docteur Konin Aka, Conservateur principal-muséologue, Expert en Culture et développement, et Directeur général de l’Office ivoirien du Patrimoine culturel, sa communication s’est structurée en trois parties, basée sur le thème : « Le rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique ». Dans une première, il a énuméré les sept sociétés de masques de la Côte d’Ivoire et fait connaître leurs caractéristiques : les masques krou, dan, toura, baoulé, yohoué, gouro et sénoufo. A travers la deuxième, le conférencier a satisfait la curiosité du public en montrant le rôle qu’exerce la femme au niveau de chacun de ces masques. Pour finir, dans une troisième, Konin Aka a abordé la manière dont les masques contribuent à l’équilibre social et à la paix.

Richard Sogan
Dernier communicateur, Richard Sogan, Expert du Patrimoine culturel et Conseiller technique à la Culture du Ministre béninois de la Culture. Dans son propos sur le thème, « Le rôle de la femme dans les sociétés de masques en Afrique : le cas du genre oral Guèlèdè », il a daté l’origine du ’’guèlèdè’’ à la mise en place du royaume de Kétou et a indiqué : « C’est une pratique sociale qui permet de conjurer la famine, les maladies, les épidémies et la sécheresse. Elle prône, par ailleurs, la cohésion sociale, et permet l’éradication de la mésentente et des discordes qui ont cours dans les familles ». Puis, selon lui, la femme en est le centre puisqu’il se tient autour des mères, les « Iya » à qui les hommes demandent pardon pour leurs méfaits, à travers les danses exécutées. Ceux-ci se servent de ce culte pour honorer la femme qui, pour Richard Sogan, « dans le ’’guèlèdè’’, joue, à la fois, le rôle de gardienne de la tradition mais, aussi, d’agent de transmission et de conservation des valeurs de la culture ». Voilà qui casse radicalement une idée reçue laissant croire qu’en Afrique, la femme est considérée comme un être humain de seconde zone.


De l’organisation 


Magdaléna Tovornik
Magdaléna Tovornik, représentante à l’Unesco du Conseil international des Organisations de festivals de folklore et d’arts traditionnels (Cioff), a été chargée d’organiser la succession des quatre communications qui ont été présentées et d’assurer la modération des débats. 

De gauche à droite, Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon
Et, plusieurs autres personnalités ont, par leur présence, développé la valeur de la manifestation intellectuelle : Olabiyi Yaï, Ambassadeur honoraire du Bénin à l’Unesco, Carole Borna, Directrice du Patrimoine culturel, Dagbo Hounon Hounan, Chef de la religion endogène à Ouidah, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national (Dean), Point focal du Cioff au Bénin et Président-Fondateur du Feridama, Koffi Adolphe Alladé, Directeur du Groupe traditionnel, ’’Hwendo na bu a’’ et Président de la Confédération béninoise de danses (Cobed), et Monique Blérald, universitaire guyanaise.  

Au dîner de gala ...
Dans la soirée du jeudi 7 mars, Marcel Zounon a convié ses hôtes à un dîner de gala qui leur a permis de savourer des mets béninois et un tableau des danses patrimoniales des grands pôles départementaux du Bénin.

Marcel Kpogodo