vendredi 20 mai 2016

« Contours et détours sans discours » fait exploser le Centre ’’Arts et cultures’’

Dans le cadre du vernissage de l’exposition lancée le 13 mai


Le vendredi 13 mai 2016 s’est tenu le vernissage de l’exposition intitulée, « Contours et détours sans discours ». L’événement se déroulait au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey, pour une présentation officielle relevant d’une triple et très productive résidence de création.

Aston, en rouge, devant un de ses personnages, guerrier
Des objets de ferronnerie béninoise utilisée dans le vaudou, puis des tableaux en papier journal, des vêtements de papier japonais enguirlandé, et des installations aériennes fabriquées à base de flamboyant, notamment, pour l’une, des sculptures à tête de clous et à bras et pieds en esprit, de même que des toiles aux couleurs contrastées et combinant filets, tissus et grains de faume, pour le deuxième. Enfin, des sculptures spectaculaires, inattendues et absurdes, conçues à l’aide de tous ordres d’objets de récupération, pour le troisième. Le contenu synoptique de l’exposition, « Contours et détours sans discours », menée par le trio Daphné Bitchatch, Zanfanhouédé et Aston. Le vernissage en a eu lieu le vendredi 13 mai dernier, au Complexe culturel ’’Arts et cultures’’ de Godomey. Le résultat d’une bonne trentaine de jours de résidence de création.
Les tableaux en papier journal de Daphné Bitchatch
Pour ses travaux, Daphné Bitchatch, franco-russe, laisse voir 4 types de production : plusieurs pièces à base d’un métal utilisé dans les couvents fétichistes, et de petits gongs, des robes fabriquées avec du papier japonais émaillé de peinture et d’acrylique, de quoi évoquer les filles pauvres placées dans des familles dites aisées et victimes de maltraitance. Ensuite, des tableaux en papier de journaux béninois ; ici, le papier en une de journal est auréolé de peinture, pour « se moquer des mauvaises nouvelles, pour créer de nouvelles informations », expliquera-t-elle. « Ces toiles me servent à témoigner des événements que j’ai connus dans les pays visités et à rendre hommage aux journalistes », dira-t-elle, en conclusion. 
Dominique Zinkpè, Directeur du Centre ''Arts et cultures'' de Godomey, avait lancé le vernissage de l'exposition
Un certain tableau a un soubassement de papier mais montre des graines de palmier et du pigment comme matériaux de manifestation d’expression, alors qu’un autre, encore, est fait d’une plaque d’acier sur laquelle intervient de la peinture. Enfin, le concept de la main frappe chez Daphné Bitchatch ; celles qu’elle présente sont en résine et, prises dans des chaînes en flamboyant, des chaînes brisées, expression de la réalité de la liberté.

Les sculptures de Zanfanhouédé
Se rapportant à Zanfanhouédé, de son nom à l’état civil, Franck Zannou, sont à son actif près d’une dizaine de sculptures en un bois lissé, de plusieurs tailles différentes, puis des toiles peintes à l’acrylique, sur lesquelles sont réalisés des personnages, notamment, de morceaux de tissus, de filets, élégamment recomposés. 

De gauche à droite, Zanfanhouédé, Daphné Bitchatch et Aston, devant le public, avant le vernissage
De vrais élans de vie rendus vivaces, surtout avec ces sortes de statues qui s’aventurent vers une inspiration maîtresse, celle de Dominique Zinkpè, le modèle à atteindre, mais dont il faut vite se détourner pour éviter de se brûler les jeunes ailes, pour découvrir sa propre voie.
Une vue du public venu échanger avec les artistes, ... 
Du coté d’Aston, récupérateur en chef, tout objet aura servi à monter des personnages débonnaires dans le danger des objets de guerre qu’ils manipulent, que ces objets soient du bois occulte fabricateur de sortilège, ou du fer pour les armes à feu de mains. Exprimant l’endurance et la ténacité de l’artiste, des milliers de mégots sont été mis en combinaison pour donner des objets de forte vie. 

Quand lui-même, en pleine exposition, revient vers les visiteurs, autrement accoutré, dans un tissu de bazin en mode ’’patchwork’’, c’est pour revendiquer un titre qu’on a semblé lui voler, celui du ’’roi’’, du roi de la récupération pour créer une nouvelle vie. 

... peu avant le vernissage
En tant que tel, dans la phase d'échanges pré-vernissage avec les futurs visiteurs, il dévoila la quintessence du thème commun de l’exposition : les ’’contours’’ révèlent le processus intime et intellectuel de création, les ’’détours’’, la phase de transformation des objets sélectionnés pour appartenir aux œuvres, et, enfin, les ’’discours’’ dont eux artistes doivent se passer, afin de laisser le public contempler leur travail et en émettre leurs analyses.

Le roi récupérateur, Aston, métamorphosé
Jusqu’au 13 juillet 2016, ces trois esprits d’artistes que sont Daphné Bitchatch, Zanfanhouédé, Aston, ont de quoi impressionner le public qui devra se donner le plaisir d’aller lire des travaux aussi géniaux.


Marcel Kpogodo    

Le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, fait honte au Nouveau départ

Dans le cadre des cérémonies d’hommage à Jean Pliya


Sous le couvert de la commémoration du 1er anniversaire du décès de Jean Pliya, a eu lieu, le samedi 14 mai 2016, la représentation magistrale, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, de la pièce, ’’Kondo le Requin’’, assurée par le ’’Théâtre Kaïdara’’, dans une bonne succession de tableaux. Mais, un gros cheveu sur la soupe : n’est pas venu le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Un désaveu pour une vision d’espérance du Nouveau départ de Patrice Talon.

Une séquence de de la représentation de l'intronisation du Roi Béhanzin
Une absence de taille : le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, n’a goûté à aucune seconde des deux explosives heures de la représentation de ’’Kondo le Requin’’, une pièce historique écrite par Feu Jean Pliya. Cet événement signalait le dernier acte, en cette soirée du samedi 14 mai 2016, d’une série de manifestations liées à la commémoration du 1er anniversaire du décès, justement, de cet auteur, dramaturge, entre autres. Et, très chargé, il n’a pu se rattraper les mercredi 18 et jeudi 19 mai, deux dates où la pièce avait été à nouveau jouée.
Elle relate les difficiles relations du Roi Béhanzin, ’’Kondo le Requin’’, avec le colon français que représente le Général Dodds. Celui-ci est sorti gagnant d’une dure guerre contre le Royaume du Danhomè, ce qui en a conduit le souverain à se rendre à l’ennemi et à être conduit en exil.
La mise en scène par Tola Koukoui de la représentation d’une telle pièce a réussi, d’abord, du fait de la restitution d’un décor rappelant le rouge ambiant de la terre argileuse du cadre ordinaire de la vie au Royaume du Danhomè. Grégoire Houdéhou, qui s’en est chargé a fait le choix d’une façade de fond de scène d’un long mur d’enceinte, doté d’une ouverture centrale enregistrant les brusques arrivées et sorties du roi et de sa suite, puis conçu avec des passages décrépits, comme dans le vrai, sans oublier des panneaux, de part et d’autre de ce mur, montrant deux différentes époques de règne : celle du Roi Glèlè finissant, avec le lion, et l’œuf matérialisant celle de Béhanzin.
Au centre de la scène se déroulait l’essentiel des actions dont la plupart concernaient le souverain. Dans une répartition symétrique, les femmes, à gauche et, les hommes, du côté droit, suivaient tout de près, les premières pour ne lancer que des louanges au ’’Dada’’, les êtres de sexe masculin, pour, parmi ceux qui en avaient la posture, respectueusement s’adresser au Roi et tenter de faire passer leur point de vue. Il s’agit donc d’une mise en scène qui est restée fidèle à la mentalité sociale de l’époque du Royaume du Danhomè : les femmes n’avaient pas le droit à la parole, surtout en public. Si elles devaient la prendre, ce ne devait être qu’en groupe pour couvrir ’’Dada’’ de chansons glorifiantes.

Un des merveilleux tableaux de la pièce ...
Par ailleurs, la mise en scène de ’’Kondo le Requin’’ par Tola Koukoui a réussi, comme à cette représentation au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2008. En effet, l’intérêt du spectateur était permanent tellement des tableaux captivants se sont succédé : l’épisode de l’entrevue de Kondo avec Dodds, Glèlè, le roi en exercice étant malade, la danse du deuil du décès de celui-ci, la cérémonie d’intronisation de Béhanzin, dans ses deux aspects rituel donc privé, restreint à quelques ministres, et public, ce qui veut dire ouvert à tous, les chants et les danses, la consultation négativement accueillie par le Roi de Guèdègbé, les louanges des griottes, Béhanzin en privé avec deux de ses épouses rivalisant de câlins et de massages, pour se faire préférer, les critiques en privé de paysans comme de nobles, la détresse de Béhanzin avec, à son point culminant, le célèbre ’’discours d’adieu’’.
Tous ces faits du jeu théâtral ont été assurés par une brochette de comédiens et de comédiennes béninois distribués, dont le professionnalisme n’a fait qu’exploser davantage : Josette Loupéda et Carole Lokossou, les coépouses du roi,  Eliane Chagas, notamment, dans le rôle de l’intrigante Vitchégan,  Nathalie Hounvo-Yèkpè,  Sandra Adjaho, Nicole Dadjo, Nadjibath Ibrahim, Espoir Abogourin, Blanche Hounga, Félicité Gounou, Céciline Abissi, entre autres, toutes des griottes, Koffi Gahou le ’’Guèdègbé’’, devin du roi, Patrick Gbaguidi, Raphaël Hounto, Fidèle Anato, James Salanon, alias ''Major'', Bardol Migan, le ministre de la justice, Franck Béhanzin le ’’Yovogan’’, Mathieu Koko le ’’Mèhou’’, Serge Zossou le ’’Gahou Goutchili’’, chef des armées du royaume, et, surtout, Nicolas Houénou de Dravo, dans le rôle tant exposant de Béhanzin.
En outre, le metteur en scène, Jean-Michel Coulon et le bibliothécaire, David Longin, ont assuré les rôles respectifs de représentants coloniaux. Et, Adolphe Koffi Alladé, acteur aussi, a coordonné les chants et les danses par le biais de son groupe de ballet, ’’Hwendo na bua’’, sans oublier Koffi Gahou s’étant aussi chargé des costumes et des accessoires. Du côté de la régie du spectacle, Bruno Adadja a fait montre d’une science sans failles.


Le gros hic

« Nous acceptons de rencontrer ceux-là qui nous permettront enfin de mettre en place les soubassements, les fondements d’une culture de la vraie culture ». Ainsi s’est exprimé, quelque peu déçu, à la fin de la représentation théâtrale, Tola Koukoui, entouré par les comédiens ayant salué le public et avec, à sa proximité, le Professeur Adrien Huannou, organisateur des manifestations d’hommage au Feu Jean Pliya ; il cherchait des yeux un représentant du Gouvernement pour mettre fin officiellement à celles-ci, le spectacle venant clore les activités de la commémoration du premier anniversaire du décès de cet homme de Lettres, de culture, de naturothérapie et d’évangélisation.

Au premier plan, de gauche à droite, Adrien Huannou et Tola Koukoui
En réalité, si la représentation de ’’Kondo le Requin’’ n’était pas un événement, elle avait un cachet particulier, vu qu’elle visait à faire se souvenir de Jean Pliya, à faire honneur à ses qualités de dramaturge, à marquer le premier anniversaire de sa disparition. Ainsi, la présence d’Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, au spectacle et à la cérémonie de clôture aurait montré l’intérêt du Gouvernement de la Rupture pour la célébration de la mémoire des grands hommes de la République. Dans le cas d’un agenda supposé chargé, un membre de son cabinet aurait valablement rempli cette mission, ce qui aurait sauvé les meubles du respect de l’Exécutif pour la chose artistique et culturelle. N’avoir pas pris la précaution d’être présent ni de se faire représenter semble montrer le poids léger des événements culturels dans l’esprit d’Ange N’Koué ; il devrait résolument reconsidérer cette conception, étant donné l’espoir immense que suscite le régime du Nouveau départ dans l’univers béninois des Arts et de la culture.




Marcel Kpogodo    

mardi 3 mai 2016

''Okpara culture’’ tient une riche conférence-débat

Pour la commémoration du 1er mai


Le siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’ a donné lieu à l’organisation d’une conférence-débat. Elle s’est déroulée dans la matinée du samedi 30 avril 2016, dans le cadre de la commémoration du 1er mai, fête des travailleurs.

De gauche à droite, Sessi Tonoukuin, Kombert Coffi Quenum et Anselme Amoussou, au cours de la conférence-débat
« Syndicalisme et culture : les revendications dans le monde culturel aboutissent-elles réellement à la valorisation du travail de l’artiste ? ». Tel est le thème ayant fondé la conférence-débat à laquelle un nombre important de personnes ont participé, le samedi 30 avril dernier, au siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’, sis quartier Zogbohouè de Cotonou. Comme intervenants avaient été invités deux panélistes dont était établie la notoriété, respectivement, dans le monde syndical et dans celui du management culturel : Anselme Amoussou, Secrétaire général adjoint de la Centrale des syndicats autonomes (Csa), et Sessi Tonoukuin, journaliste et entrepreneur culturel. Avait modéré les échanges, Kombert Coffi Quenum, artiste comédien et membre du Conseil d’administration d’ ’’Okpara culture’’.

Bertin Guédénon, de même que ...
En présence d’importantes personnalités telles que Bertin Guédénon, Chef du 9ème Arrondissement de Cotonou et, notamment, de Michel Nahouan, Directeur de cabinet du Ministre du Tourisme et de la culture, de jeunes, de femmes et de sages de la localité indiquée, de même que d’artistes et de managers culturels reconnus tels que Eliane Chagas, Tony Yambodè et Giovanni Houansou, le premier conférencier a, dans un premier temps, fait l’historique de l’immortalisation de la date du 1er mai comme fête du travail, avant de montrer les relations entre le syndicalisme et la culture, celles-ci se matérialisant par l’existence d’un poste de chargé aux affaires culturelles au niveau du Bureau des différentes centrales et confédérations syndicales. 

... Michel Nahouan, ci-contre, ont honoré de leur présence la manifestation 
Un autre signe, selon Anselme Amoussou, de ces liens, est l’ancrage des responsables syndicaux béninois dans les valeurs de dialogue, de consensus et de paix, défendues par nos cultures ancestrales, ce qui débouche sur une méthode de négociation avec l’autorité incluant le dégoût pour les situations de pourrissement, d’où leur appel à des médiateurs appartenant au monde de nos religions endogènes ou de la royauté traditionnelle. En outre, ces responsables syndicaux arborent une présentation vestimentaire locale. Par ailleurs, le syndicalisme n’a pas manqué de dénoncer des comportements fragilisant les artistes dans leur lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail : notamment, l’inclusion de l’acteur culturel dans le secteur informel, son individualisme, la précarité de sa situation sociale, la difficulté des centrales et confédérations syndicales à intervenir dans le milieu artistique, un ton de jérémiades, face à l’autorité, dans la revendication par les artistes de leurs droits.

Un aperçu du public participant
De son côté, Sessi Tonoukuin a évoqué une évolution en dents de scie du syndicalisme en milieu culturel, avant d’aborder aussi le combat individuel de certaines grandes figures du monde des arts et de la culture, et la lutte d’autres pour leurs intérêts égoïstes, puis l’existence du ’’Vendredi des artistes’’, un creuset salutaire d’échanges entre autorités et artistes. Puis, le conférencier a déploré la dévalorisation ambiante du secteur culturel, pour a évolué vers l’historique de la vie associative depuis plusieurs années, avant de clore son propos par la situation déplorable au Fonds d’aide à la culture (Fac) où l’augmentation régulière du montant de la subvention étatique aux artistes a entraîné un effet pervers : la mort de la création.
L’ensemble de cette présentation n’a pas manqué de susciter la contribution de certains participants dans le public. De manière générale, entre autres propositions fortes, il fallait retenir l’association de l’alphabétisation au fonctionnement du secteur des arts et la promotion des objets locaux dans la confection des œuvres artistiques.



D'autres manifestations en vue

Après la conférence-débat du samedi 30 avril, l'Association culturelle, ''Okpara culture'' n'entend pas s'arrêter en un si bon chemin. C'est ainsi que, pour le mois de mai 2016, un thème a déjà été retenu par l'équipe de programmation : ''Les opportunités de financement de la culture au Bénin''. En outre, pour celui de juin, une activité est prévue dans le cadre de la Journée mondiale de l'arbre, sans oublier qu'en juillet, c'est la frange des jeunes que l'Association mobilisera pour des discussions autour d'un sujet lié à la culture.

Un grand fonctionnement culturel hebdomadaire

L'Association culturelle, ''Okpara culture'', ayant été portée sur les fonts baptismaux en 1998, s'est fixé comme objectifs, notamment, le développement de la culture béninoise matérielle et immatérielle. Et, depuis bientôt 2 mois, elle s'investit dans des activités de proximité avec les habitants du 9ème arrondissement de Cotonou, dans lequel son siège est situé. C'est ainsi que le public est convié à participer, tous les samedis soirs, à une projection cinématographique débouchant sur des discussions concernant des thèmes purement culturels. 
Ensuite, des cours payants de danses et de musiques traditionnelles, de même que de musiques contemporaines sont donnés et, il est prévu que des vagues se succèdent pour satisfaire toutes les demandes. Du côté du premier type d'enseignement, Séwa Wilson reste le spécialiste qui s'en occupe, pendant que les cours de musique contemporaine sont assurés par Félix Agossou. Les différents tarifs et les conditions de participation en sont consultables au siège de l'organisation. 
En troisième lieu, une activité se déroule par saison : ''Les recettes de grand-mère''. Il s'agit de revisiter les recettes culinaires purement béninoises ayant marqué leur époque mais qui ne sont plus exploitées aujourd'hui dans les foyers de notre pays. 
Par ailleurs, une autre activité enrichissant la programmation hebdomadaire au siège d' ''Okpara culture'' reste les spectacles de danses traditionnelles donnant lieu à des compétitions entre quartiers.
Enfin, l'organisation culturelle tient ''Samedi zém'' consacrée aux conducteurs de taxi-moto. Ceux-ci sont conviés au même siège, s'y détendent et participent à des séances de formation en montage de projets, aux fins de leur donner des chances d'augmenter leurs revenus. N'est pas exclue une formation pour leur faciliter de passer le permis de conduire.
Avec une telle programmation, à la fois culturelle et sociale, ''Okpara culture'', de manière implicite, travaille à l'enracinement du sens culturel au Bénin.



Marcel Kpogodo  

Trois nouveaux artistes en résidence de création

Dans le cadre des activités du Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey


Une conférence de presse s’est tenue au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey. C’était le vendredi 29 avril 2016. Il s’agissait pour Dominique Zinkpè, Directeur de ce complexe culturel, de présenter aux journalistes 3 artistes qui y effectuent une résidence de création depuis une dizaine de jours et dont le vernissage de l’exposition des œuvres est prévu pour la mi-mai.

De gauche à droite, Franck Zannou, Daphné Bitchatch et Aston ....
Franck Zannou, Serge Aurélien Mikpon, artistes plasticiens béninois, et Daphné Bitchatch, française, sont ceux qui seront en exposition dans une quinzaine de jours au Centre ’’Arts et cultures’’ de Godomey. La quintessence des échanges que le 1er responsable de l’espace culturel, Dominique Zinkpè, a initiés entre les journalistes culturels et ces créateurs, le vendredi 29 avril dernier.   
D’abord, Franck Zannou, alias Zanfanhouèdé, 25 ans, précisément sculpteur et peintre, développait, selon les propos de Dominique Zinkpè, un travail qu’il a remarqué par l’énergie qui s’en dégage, ce qui l’a conduit à le convier à cette résidence. L’élu, très reconnaissant de cette confiance, a avoué : « Grâce à lui, j’ai su que j’avais des choses en moi ». Puis, ce fut le moment de décliner sa démarche : « Je sculpte du bois, je travaille avec des clous, pendant que, dans mes peintures, je procède par collage et j’utilise des grains de faume, des filets, des tissus ». Si, en matière de thèmes, il s’inspire des faits de la vie au quotidien, il utilise des adages, des réalités du milieu béninois, notamment, l’habillement d’aujourd’hui, dont il dénonce les travers.

... Dominique Zinkpè, notamment, au cours de la conférence de presse

Ensuite, Serge Aurélien Mikpon, très connu par Aston, son nom d’artiste, 52 ans, est un monument du domaine des arts plastiques, sculpteur, récupérateur et installateur de talent, autant de canaux d’expression qui se fondent sur une stratégie de représentation métonymique des faits dangereux de la vie, tels que l’esclavage, les guerres, les armes de destruction massive. « Je suis un rebelle positif, je dis ce qui ne va pas ; je suis un artiste engagé, je dis aussi ce qui va bien », avoue-t-il, martelant ses habitudes de dénonciation de la situation des enfants-soldats, de la fabrication et de l’achat des armes et des bombes.
Avec, enfin, Daphné Bitchatch, française d’origine russe, 58 ans, c’est un autre esprit artistique qui annonce sa spécificité, pratiquant le ‘’détournement d’objets’’ : « Je suis inspirée de ce que je vois », précise-t-elle, agissant ainsi à partir du prisme de sa culture et affirmant s’adapter à ce qu’elle découvre sur son terrain d’exercice qui, dans le cas d’espèce, est le Bénin, un pays qui lui est bien connu, vu qu’elle le pratique depuis 18 ans. Concernant ses sujets, elle n’en développe pas de particulier montrant qu’à ce niveau, « tout tourne autour des chaînes de vie ».
En réalité, ces artistes, travaillant au Centre ’’Arts et cultures’’, depuis un peu plus d’une dizaine de jours, ont, selon leurs affirmations, évolué différemment, ce qui n’exclut pas des concertations. Ils manifestent, par ailleurs, une bonne entente qui promet des mises en commun d’expériences. Vivement le 14 mai, jour du vernissage de leur exposition collective, pour découvrir le fruit de leur inspiration.    


Marcel Kpogodo

mardi 26 avril 2016

Elon-m Catilina Tossou Amèvi, une démarche artistique qui s'affirme

Dans le cadre de son exposition à la Médiathèque des diasporas


Depuis le samedi 16 avril 2016, l’artiste plasticien béninois, Elon-m Catilina Tossou Amèvi, est en exposition à la Médiathèque des diasporas, à Cotonou. A traves un nombre impressionnant de toiles, il rend compte de sa lecture de la psychologie de la femme de son pays, le Bénin.

Elon-m Catilina Tossou Amèvi expliquant certaines toiles aux journalistes, lors du vernissage de l'exposition
Une bonne trentaine de tableaux sur le thème : « Femme béninoise au quotidien ». C’est ainsi que la galerie d’exposition de la Médiathèque des diasporas, sis Place du souvenir de Cotonou, trouve ses murs et ses allées, ses panneaux embellis des multiples couleurs des tableaux du peintre béninois, Elon-M Catilina Tossou Amèvi, depuis le samedi 16 avril dernier, jour du vernissage de l'exposition. Cette diversité des couleurs s’offre une grande symbiose avec la multiplicité des visages de la femme béninoise, celle-ci dont on en lit les expressions développées sur les peintures.

Aperçu des oeuvres ...
Donc, il s’agit d’une femme béninoise qui, décrite par l’artiste, appartient à tous les univers humains possibles, notamment, ceux de la mise à la vie, des rituels de couvents vaudou, des tâches ménagères quotidiennes, de la réussite culinaire, de la mode qui l’assujettit, des activités lucratives, de la conservation patrimoniale, du mystère amoureux, de la séduction à la traditionnelle, de la beauté, de la matérialisation du mystère amoureux. Et, c’est sous le couvert de l’acrylique et de la peinture à l’huile que ses personnages, majoritairement féminins, se déploient dans une harmonie de l’agencement de couleurs par rapport auxquelles l’artiste semble ne pas manifester particulièrement une préférence.
... en exposition
En outre, la technique de l’équerre déploie ses marques et géométrise tout sur son passage, laissant en héritage du bout des doigts d’Elon-m Catilina Tossou Amèvi des formes profondément stylisées, sans oublier un instrument phare, fabricateur de ces formes, à la base : le couteau. Cet artiste, peintre et aussi sculpteur, excelle désormais dans le maniement de cette stratégie et cet outil, donnant de la richesse et de l’envergure à une pratique artistique défiant la médiocrité, jusque dans ses derniers retranchements. Dans sa modestie de verbe et de psychologie, Elon-m Catilina Tossou Amèvi se laisse envahir par les effluves d’une maturité artistique fondée sur un travail personnel, caché, acharné et régulier. Le résultat en est cet ensemble de 30 toiles qu’il serait une perte pour l’amateur ou non d’arts plastiques de ne pas être pas allé visiter, au plus tard le 29 avril, date de clôture de l’exposition.


Marcel Kpogodo      

mercredi 13 avril 2016

Le ministre Ange N'Koué rejette les élections du 18 avril prochain

Dans le cadre d'un arrêté ministériel pris ce jour

La matinée du mercredi 13 avril a permis au Ministre du Tourisme et la culture, Ange N'Koué, de remettre en cause les élections devant permettre au monde des arts et de la culture de choisir ses représentants au sein du Conseil d'Administration du Fonds d'aide à la culture (Fac). Elles étaient prévues pour se tenir le 18 avril prochain.
Ange N'Koué
Les élections du 18 avril 2016 concernant le choix des administrateurs du Fonds d'Aide à la culture (Fac) sont annulés, donnant la victoire aux mouvements des artistes béninois, ''Trop c'est trop'' et ''Plateforme Wanilo'', qui s'étaient ouvertement engagés contre la tenue de ce scrutin, un processus prévu pour s'achever le 22 du même mois. Ce qui relève de l'Arrêté n°098/MTC/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA, signé dans la matinée de ce mercredi 13 avril 2016. 


Ce texte vient ainsi abroger l'Arrêté n°082/MCAAT/DC/SGM/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA du 1er avril 2016, portant modalités de désignation des représentants des fédérations d'artistes et d'associations de promoteurs culturels au Conseil d'administration du Fac. 


Voilà donc qui relance le débat sur la définition d’un nouveau cheminement pour la désignation par les acteurs du secteur des arts et de la culture du Bénin de leurs porte-voix au veau du Conseil d’administration du Fac, une instance stratégique, vu la partition décisive que ces représentants jouent dans l’attribution des subventions annuelles de l’Etat béninois aux artistes.


Marcel Kpogodo

mardi 5 avril 2016

’’Madame la Présidente’’ de L. O. Delombaut, entre talent et amateurisme dramaturgiques

Pour une édition à expertise problématique


Avril 2016, la période d’édition du recueil de 2 pièces de théâtre, intitulé, ’’Madame la Présidente’’, sous-titré, « Mango a bè awè ». Sous la plume du jeune Centrafricain, Landry Ouoko Delombaut, ce livre campe une situation politique de l’Afrique d’aujourd’hui, mais dans une légèreté formelle qui étonne, avec le cachet d’une maison d’édition française : ’’Edilivre’’.


D’une part, Ham’salam, le jeune ministre du gouvernement d’un pays dirigé par une femme est en passe de se suicider par pendaison, après avoir constaté l’assassinat de son juge de père. Mais, c’est une grenade lancée par la fenêtre, dans la pièce où il se trouve, qui finit par lui ôter la vie. D’autre part, Malik, un jeune homme, désormais sans domicile, à cause de la guerre civile, se rend à la présidence de la république, où la lettre de démission du chef de l’Etat lui tombe entre les mains. Grâce à cet indécrottable piéton, elle arrive au chef des rebelles, qui décide de mettre fin à la guerre civile. L’histoire que raconte chacune des deux pièces, ’’Madame la Présidente’’ et ’’SDF sportif’’, contenue dans le recueil, justement intitulé, ’’Madame la Présidente’’.
En un livre, elles sont le regard du dramaturge en herbe, Landry Ouoko Delombaut, de nationalité centrafricaine mais vivant et travaillant au Bénin, sur les dérives et les maux de la politique africaine, avec ses marques indélébiles, entre autres, d’assassinat politique, de corruption, d’enrichissement illicite des dirigeants, de cynisme de ceux-ci, de guerre civile, de rébellion cyclique, d’intervention de la religion dans la politique, d’instrumentalisation de la seconde par la première, et vice-versa.
La force du premier texte, ’’Madame la Présidente’’ : la capacité de l’auteur à produire une ironie rentable par l’évocation d’ « une voix », comme second personnage de la pièce, alors que la succession des répliques avec le suicidaire, Ham’salam, montre plusieurs interlocuteurs dont la femme-chef d’Etat. De plus, ce prénom musulman incarne tout un symbole, celui de la guerre civile centrafricaine à relent de persécution des mahométans de ce pays. Par ailleurs, le contexte temporel de cette pièce ne fait aucun doute. Avec  « Bring back our girls », « Je suis Charlie », dans la didascalie d’ouverture de la 1ère pièce et, notamment, le thème d’une femme présidente de la république dans un pays d’Afrique sortant de la guerre civile, rien de plus pour orienter le lecteur de ’’Madame la Présidente’’, vers l’Afrique d’aujourd’hui, celle de l’amorce de la 2ème décennie des années 2000, telle qu’elle tourne à la catastrophe, vers la Centrafrique où, Catherine Samba-Panza, a passé le témoin présidentiel, le 31 mars dernier, à un homme du nom de Faustin-Archange Touadéra, vers le monde, confronté au terrorisme dont l’imagination de ses acteurs, dans les stratégies de perturbation sociale et de mort, n’égale en rien une certaine inventivité meurtrière perpétuellement renouvelée.
Avec ’’SDF sportif’’, Landry Ouoko Delombaut touche du doigt la dérision, la fragilité, la légèreté, la vacuité, la déliquescence du pouvoir présidentiel lorsqu’il s’inscrit dans un contexte de dictature, avec ce chef d’Etat qui, lassé de la rébellion, quitte son palais pour l’exil, à l’instar d’un Samuel Doe qui, étouffé par la pression claustralisante de Charles Taylor, a juste voulu sortir pour respirer l’air du dehors, seulement que lui, rejetant toute idée d’exil, s’est vu capturer et physiquement martyriser par les hommes de Prince Johnson. Dans ’’SDF sportif’’, le président quitte le pays après avoir rédigé une lettre de démission, qui ne réjouit pas tout le monde : le pasteur espérant être ’’dauphiné’’, ni Claire, l’institutrice ayant entrevu comme une source d’évolution sociale, l’homme de religion promu aux plus hautes charges.
Landry Ouoko Delombaut
A travers les 2 pièces, Landry Ouoko Delombaut développe le mérite d’un engagement à témoigner d’un temps qu’il a connu, celui dans lequel il vit et par rapport auquel la postérité identifiera les mœurs politiques de ce qu’elle appellera une certaine époque. En outre, le dramaturge en devenir marque par, deux textes, d’un coup, un ancrage dans l’écriture théâtral, ce qu’il faudra qu’il solidifie. Et, il fait dans la sécheresse des dialogues, pour une intrigue facilement comestible même si, l’art aidant, sa capacité à donner de l’épaisseur à celle-ci ira de pair avec sa maturité en constitution. Dans ’’SDF sportif, particulièrement, les onze personnages donnaient l’impression d’un étouffement qui n’a pas eu lieu, par la magie de cette sécheresse pragmatique du ton des personnages. Une vraie qualité.
Cependant, un nombre incalculable de pages, d’une pièce à l’autre, porte des coquilles laissant à désirer sur le professionnalisme de la maison d’édition ayant supporté la parution du recueil : ’’Edilivre’’. Pour ce qui est de la version pdf du livre, qui a pu nous être rendue disponible par l’auteur, il faut assister à un fourmillement de fautes de tous genres, celles liées à la ponctuation des deux livres s’arrogeant la palme d’or de présence. A titre indicatif, ’’Madame la Présidente’’ porte, en sa page 11, la 2ème réplique de la ’’voix’’ crée un scandale de conjugaison : « […] ne finit pas […] », au lieu de « […] ne finis pas […] », le verbe étant à l’impératif présent. Et, c’est ainsi parti pour une avalanche de coquilles de tous genres : « […] Tu la coules douce à l’étranger », pour : « Tu te la coules douce … » (Page 12, 2ème réplique d’Ham’salam, 2ème phrase), sans oublier les pages 13, 14, 15, 16, 20, 24, 25, 27 portant des fautes incompréhensibles. Aussi grave, à la Page 17 : « Après quelques années de rébellion, des rebelles pauvres et très endettés débarquent, dépouillent le peuple de ses biens, les renvoyant à leur tour à la rébellion », pour : « Après quelques années de rébellion, des rebelles pauvres et très endettés débarquent, dépouillent le peuple de ses biens, le renvoyant à son tour à la rébellion ». Ce registre est aussi lisible aux pages 18 et 19.
Quant au second livre, ’’SDF sportif’’, le prologue, dans ses lignes 2, 3, 6, 7 et 11, regorgent d’incorrections visibles aussi aux pages 39, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 51, 60 et 62, comme s’il n’avait pas fait l’objet d’une relecture pertinente.
Finalement, les coquilles font perdre aux 2 livres leur qualité, leur force de suggestion puisque, régulièrement, le lecteur doit voir sa progression arrêtée par des sursauts de manifestation d’horreur, face à des fautes impossibles, dans un livre édité en France ! Du vrai pain à traiter pour ’’Edilivre’’.


Marcel Kpogodo  

« Les acteurs culturels en ont marre ! », un cri de révolte de la ''Plateforme Wanilo''

Dans le cadre des prochaines élections au Fonds d'aide à la culture


Le 18 avril 2016 est la date retenue pour l'élection des différents administrateurs du Fonds d'aide à la culture (Fac), ces consultations devant se dérouler par discipline artistique. Contrairement à la pratique traditionnelle, cette élection-ci s'effectuera au niveau des fédérations d'artistes et non au suffrage universel des créateurs. Une situation qui indigne profondément un regroupement d’acteurs culturels, dénommé ’’La Plateforme Wanilo’’. Ainsi, elle a rendu public un communiqué intitulé, ''Les acteurs culturels en ont marre !''. Il revendique clairement la restitution du suffrage universel aux artistes à la base, ce qui, selon elle, logiquement, devrait passer par l'annulation des élections à venir. 




LES  ACTEURS  CULTURELS  EN  ONT  MARRE !

Le 18 avril prochain, se tiendra l’élection des nouveaux membres du Conseil d’Administration du Fonds d’Aide à la Culture (FAC).  Selon les nouvelles dispositions prévues dans le décret N°2015- 486 du 07 septembre 2015 portant création, attributions, organisation et fonctionnement du FAC, seules les fédérations d’artistes sont qualifiées pour aller au vote.

Cette disposition, divulguée  seulement dans un passé récent, non seulement arrache  le droit de vote aux acteurs culturels  individuellement mais aussi pollue considérablement l’organisation de la vie associative  du secteur, des disciplines des arts et de la culture du Bénin.

Par le passé, c’était aux associations d’élire les représentants des acteurs culturels au FAC, ceci comportant toutes les conséquences avec un très grand nombre d’associations fictives. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes associations fictives qui se regroupent en fédérations pour piller davantage le fonds destiné à la création artistique.

Nous constatons avec beaucoup de regret la création tous azimuts de fédérations sans but précis, sans vision clairement définie et juste, dans un but électif. Entre octobre et décembre 2015, plus d’une trentaine de fédérations ont été créées et parfois une seule discipline artistique compte déjà plus de 16 fédérations.

Nous, acteurs culturels regroupés dans la plateforme Wanilo des Acteurs Culturels pour un Meilleur Fonctionnement du FAC, pour avoir constaté, d’une part, que, sur le terrain, ces  fédérations sont inaptes, donc, inexistantes et, d’autre part, que leurs  dépositaires sont de moins en moins crédibles, pensons qu’il s’agit  d’une machination grotesque d’un groupuscule d’Hommes de culture, qui veut s’éterniser  dans le Conseil d’Administration  du FAC.

Pour cela, nous  exigeons :
1.      L’arrêt immédiat du processus électoral des administrateurs du Fond d’Aide  à la Culture en  cours ;
2.      La prolongation jusqu’au 31 décembre 2016 du mandat des conseillers actuels  afin de créer le  débat autour de la redynamisation du FAC, à travers une réorganisation et l’assainissement de la vie associative dans le  secteur des arts ;
3.  La démocratisation directe du secteur (UN ACTEUR CULTURE, UNE VOIX) en attendant l’assainissement de la vie associative dans le secteur.
La Plateforme Wanilo engagera toutes les actions militantes, juridico-administratives,  pour que le secteur soit assaini et pour que cesse la dilapidation des subventions allouées à la création et à la promotion artistique au Bénin.


Fait à Cotonou le 03 avril 2016

lundi 28 mars 2016

« Le Fitheb 2016 en bonne marche, malgré les couacs », selon Erick-Hector Hounkpè

Dans un point de presse donné ce lundi 28 mars


Dans le milieu de la matinée de ce lundi 28 mars 2016, Erick-Hector Hounkpè, Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a donné un point de presse. Le but en était de présenter aux professionnels des médias le bilan à mi-parcours du déroulement de la 13ème édition de la Biennale. A en croire ses propos, l’orchestration des activités en est satisfaisante, en dépit des difficultés extérieures enregistrées.

Erick-Hector Hounkpè, au cours du point de presse
Pour le pré-Fitheb, une dizaine de collèges et d’écoles primaires parcourus, pour des lectures scéniques sur 4 pièces de théâtre de dramaturges béninois, une vingtaine de spectacles d’attraction donnés à Cotonou, Porto-Novo, Lobogo, Abomey et Parakou, pendant que, pour cette manifestation internationale proprement dite, il faut enregistrer une ouverture officielle réussie, le jeudi 24 mars dernier, au Village du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) par le jeu du spectacle, ’’La nuit du songe’’, la commémoration de la Journée mondiale du théâtre (Jmt), le déroulement normal d’une programmation réaménagée, le transport, la restauration et l’hébergement des festivaliers assurés, la dotation de ceux-ci d’une police d’assurance et, enfin, la prise de mesures spéciales pour assurer la sécurité des personnes et des biens, sur tous les sites d’exercice du Fitheb. Les éléments d’un reluisant bilan à mi-parcours de la 13ème édition de la Biennale d’envergure internationale, un point réalisé par le Directeur Erick-Hector Hounkpè, ce lundi 28 mars 2016, dans la petite salle de spectacle du Fitheb, pour le compte du point de presse qu’il a fait devant les journalistes culturels.


De gauche à droite, les Professeurs Romain Hounzandji et Bienvenu Koudjo, Eliane Chagas et Kombert Quenum 
Se rapportant à la commémoration de la Journée mondiale du théâtre (Jmt), l’intervenant a montré qu’elle a connu 3 étapes : en collaboration du Fitheb avec l’Association ’’Okpara culture’’ et le Centre béninois de l’Institut international de théâtre (Iit), la tenue d’une causerie basée sur une communication donnée par le Docteur Romain Hounzandji, sur le thème : « Le théâtre béninois de 1990 à nos jours », ce qui a permis la mise en place de 2 panels, respectivement, sur l’état des lieux de ce théâtre et les perspectives de son développement, autant de risques instants déchanges intellectuels modérés par le comédien béninois, Kombert Quenum. Par ailleurs, Pascal Wanou, représentant de l’Iit, a procédé à la lecture de la déclaration de l’institution, en commémoration de la Jmt 2016. 

L'instant de distinction des récipiendaires
Deuxièmement, Erick-Hector Hounkpè a procédé à l’exécution d’une tradition, la distinction de 5 personnalités du monde du théâtre béninois : Eliane Chagas, Fidèle Gbégnon, James Rémy Salanon, Gérard Hounou et Marcel Orou-Fico. Enfin, un gâteau symbolique a été coupé pour la célébration des 25 ans du Fitheb.
Concernant les couacs qu’aurait connus l’édition 2016 du Fitheb, ils sont liés aux attentats terroristes respectifs de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, et de Bruxelles, en Belgique, ce qui a créé un bouleversement de la programmation initiale à cause de l’annulation du voyage de certaines compagnies qui sont arrivées plus tard que prévu, d’où le repoussement de leur représentation plus loin dans le programme et le positionnement des créations béninoises disponibles, plus en avant, afin de combler les trous créés par cette situation internationale d’insécurité.
Par rapport, en outre, à la sécurité des festivaliers, Erick-Hector Hounkpè a indiqué l’inclusion dans un des sous-comités travaillant sous sa direction d’experts des ministères des Affaires étrangères et de la Sécurité, ce qui entraîne le déploiement de policiers en civil sur tous les sites où les activités du Fitheb s’exercent.
Dans l’après-midi de ce lundi 27 mars, le public est attendu pour suivre deux pièces à la grande salle de spectacle du Fitheb : ’’Champs de sons’’ et ’’Roméo et Juliette’’, respectivement à 16 et 18 heures.


''Okpara culture'', une organisation cohérente

La commémoration de la Jmt a permis de mettre en lumière une Association au fonctionnement particulièrement impressionnant. Non seulement elle a organisé cette manifestation, de pair avec le Fitheb et le Centre béninois de l'Iit mais, elle a aussi mis à la charge de sa structure le cocktail ayant clos la manifestation, ce qui devait rester ordinaire si ''Okpara culture'' n'avait pas donné une touche spécifiquement locale à cette circonstance de partage. 


Au cours du cocktail, purement local ...
En effet, ce cocktail se constituait de boissons typiquement béninoises comme le ''tchakpalo'', le jus de bissap et le vin de palme, accompagnant des ignames frites, des beignets de banane et de haricot. Cerise sur le gâteau, ces éléments de désaltération étaient servis dans des calebasses, comme à l'ancienne, en Afrique. 
Finesse Tonadji, à la commémoration de la Jmt, édition 2016
Sollicitée pour se prononcer sur cet état de choses, Finesse Tonadji, Chargée de programme d' ''Okpara culture'' et qui s'est personnellement impliquée dans le déroulement de la Jmt aux côtés du Directeur Erick-Hector Hounkpè a, après avoir précisé que cette association avait vu le jour en 1998, montré qu'elle avait comme objectifs de "promouvoir les us et les coutumes de chez nous", de même que la culture de la paix, et d' "assurer le développement de la culture matérielle et immatérielle du Bénin". Ainsi, selon elle, c'est en restant fidèle à son engagement à œuvrer pour le développement de la culture béninoise qu' ''Okpara culture'' avait ainsi tenu ce cocktail, de façon à montrer son ambition de "valoriser les savoirs locaux béninois". Bon nombre d'associations béninoises devraient prendre de la graine de ce genre de stratégie de promotion de la culture intrinsèque de notre pays.  


Marcel Kpogodo





Message de la Journée Mondiale du Théâtre 2016, par Anatoli Vassiliev

Pascal Wanou, représentant de l'Iit au Bénin
Avons-nous besoin du théâtre ?
Telle est la question que se posent des milliers de professionnels du théâtre déçus, ainsi que des millions lassés de celui-ci.
Pourquoi en avons-nous besoin ?
De nos jours, en comparaison avec les villes et les Etats où les tragédies de la vie réelle sont jouées chaque jour, la scène est devenue insignifiante.
Qu’est-ce que le théâtre pour nous ?
Les galeries et balcons plaqué-or des salles, les fauteuils en velours, les voix bien polies des acteurs, ou au contraire, quelque chose de différent: Des « black box », remplies de boue et de sang avec un tas de corps nus enragés à l’intérieur.
Qu’est-il en mesure de nous dire ?
Tout!
Le théâtre peut tout nous dire.
Comment les dieux demeurent au paradis, la façon dont les prisonniers croupissent dans des grottes oubliées sous terre, comment la passion peut nous pousser vers le haut, comment l’amour peut détruire, comment personne n'a besoin de quelqu'un de bienveillant dans ce monde, comment règne la déception, comment certaines personnes habitent dans des appartements alors que des enfants se fanent dans des camps de réfugier, comment doivent-ils tous retourner dans le désert, et comment, jour après jour, nous sommes forcés de nous séparer de nos bien-aimés, - Le théâtre peut tout nous dire.
Le théâtre a toujours été présent et le restera éternellement.
Et depuis les 50 à 70 dernières années, il est particulièrement nécessaire. En effet, si vous jetez un œil parmi tous les arts publics, nous pouvons constater que seul le théâtre nous transmet : un mot de bouche en bouche, un regard d'un œil à un autre, un geste de main en main, et de corps en corps.
Le théâtre n’a pas besoin d’intermédiaire pour travailler avec les êtres humains. Il constitue la partie la plus transparente de la lumière, il n'appartient ni au sud, ni au nord, ni à l'est ou à l'ouest - oh non, il est l'essence même de la lumière, brillant des quatre coins du monde, immédiatement reconnaissable par toute personne, qu'elle soit hostile ou amicale envers lui.
Et nous avons besoin de théâtre qui soit différent, sous toutes les formes.
Pourtant, je pense que, parmi toutes les formes de théâtre possibles, ses formes archaïques va maintenant se révéler la principale demande.
Le théâtre sous ses formes rituelles ne doit pas être opposé artificiellement à celle des nations « civilisées ». La culture laïque est maintenant de plus en plus émasculée, et ce que l'on appelle ’’l'information culturelle’’ remplace et évince progressivement les entités simples, ainsi que notre espoir de finalement les rencontrer un jour.
Mais je vois plus clairement aujourd’hui : le théâtre ouvre largement ses portes. Entrée gratuite pour tous.
Au diable les gadgets et les ordinateurs - Allez au théâtre ! Occupez les rangs entiers des stands et galeries, écoutez et regardez les images vivantes ! – Le théâtre est à portée de main, ne le négligez pas et ne manquez pas la chance d'y participer - peut-être la chance la plus précieuse que nous partageons dans nos vies vaines et pressées.
Nous avons besoin de toutes les formes de théâtre.
Seule une forme de théâtre n’est sûrement pas nécessaire pour tout le monde – Le théâtre des jeux politiques, un théâtre de “souricière” politique, un théâtre de politiciens, un théâtre futile de politique. Ce dont nous n’avons certainement pas besoin est un théâtre de la terreur quotidienne. - Que ce soit individuellement ou collectivement, ce dont nous n’avons pas besoin est le théâtre de cadavres et de sang dans les rues et sur les places publiques, dans les capitales ou dans les provinces, un théâtre hypocrite d’affrontements entre les religions ou entre des groupes ethniques….


Traduction : Malory Domecyn