mardi 15 septembre 2009

edou au bénin


Musique béninoise



Edou: '' [Mon album] est un album de très haut niveau ''



Edou, de son vrai nom Edouard Ayidomèhou, a fait l’objet d’une grande curiosité auprès de ses compatriotes béninois, après la sortie de son premier album, Un mot. A travers cette interview qu’il vient de nous accorder, il lève un coin de voile sur tout ce que les Béninois voulaient savoir sur lui : son évolution dans le monde musical, les thèmes qui lui sont les plus chers, la psychologie qui est la sienne, … Voilà Edou dans tous ses réels états !



Marcel Kpogodo: Bonjour Edou. Depuis la sortie de votre premier album, il y a quelques mois, vous êtes à la mode actuellement à Cotonou. Vous êtes musicien béninois mais, quel est votre parcours, vous êtes parti d’où pour arriver à ce niveau ?


Edou : D’abord, je vous remercie. Je me présente : Edou, artiste-chanteur. Mon parcours : je suis parti d’abord de la Côte d’Ivoire, où j’ai reçu une formation au sein d’un groupe qui m’a, très jeune, découvert et qui est l’orchestre de l’Université d’Abidjan, où j’ai eu mes premiers pas, en tant que chanteur. Et, après, dans le même temps, il n’y avait pas de chanteur. Donc, j’ai été chanteur leed de cet orchestre. Ensuite, dans le même laps de temps, j’ai pu rencontrer Meiway qui a été émerveillé lors d’une répétition avec ses musiciens ; j’étais avec l’un de ses choristes, qui a demandé à ce que je les aide à chanter, vu que Meiway n’était pas là et que je connaissais pas mal de chansons de lui. Et, comme Meiway était un modèle pour moi à cette époque, je maîtrisais en fait tout son répertoire. Donc, plus d’une heure après, pendant la répétition, Meiway est arrivé lui-même répéter, il m’a vu en train de chanter ses propres chansons, il était étonné parce qu’il n’avait jamais rencontré un petit garçon en train de chanter sa chanson, exactement comme lui, dans la même gamme. Je pense que c’est ce qui l’a vraiment ébloui ; il a demandé si je voulais être recruté au sein de son orchestre pour recevoir une formation de chanteur et de chanteur-choriste, ce que j’ai accepté, parce que je pense bien que toute personne n’aurait pas refusé une telle offre. Donc, c’est parti comme ça ; dans la même année, j’ai fait la connaissance de Nayanka Bell également, qui m’a recruté pour être son choriste. Ainsi de suite. Au sein de l’orchestre de l’Université, on arrivait à accompagner des artistes, d’où je jouais le rôle également de choriste de ces artistes-là : il y a eu Tiken Jah Fakoly, le groupe RAS, Mathey, Alice Sofa, David Tayrault, en fait, pas mal d’artistes. Toutes ces formations m’ont amené à partager des scènes dans de grandes salles du Palais des Congrès, de l’Hôtel Ivoire, toujours à Abidjan, avec le groupe Extra Musica, Wenge Musica Maison Mère et Wenge Musica BCBG, j’ai partagé des scènes où j’étais choriste, pour Nayanka Bell, toujours dans certaines grandes salles de l’Hôtel Ivoire, j’ai eu l’opportunité d’être choriste d’un soir de Lokua Kanza qui est une référence, une grande figure de la musique africaine. Partant de là, avec tout ce parcours que j’ai eu à un moment donné, j’ai senti le besoin de connaître mes origines ou de venir apprendre à connaître mes origines béninoises. Donc, c’est comme ça que je suis arrivé au Bénin et, de manière inattendue, j’ai eu la proposition, comme cela, de travailler dans un orchestre ici, au Restaurant Le Berlin, qui était le groupe Feeling Stars de Monsieur Rock Quenum ; j’ai travaillé avec cet orchestre pendant un an et demie. Et, après, j’ai été sollicité pour être chanteur dans certains cabarets de la place, ici à Cotonou. Je pense que c’est toute cette expérience-là qui m’a servi aujourd’hui également de pouvoir rencontrer un producteur de taille, à qui je ne dirai jamais assez « Merci », parce qu’il a cru en la capacité vocale que j’avais, au talent, en ma petite personne et, je pense qu’il a eu confiance, il a investi, il a mis les moyens qu’il fallait pour produire un album de bonne facture. Je pense que c’est tout ce travail qui s’est fait, avec toute l’expérience acquise, qui a donné naissance à l’artiste Edou que je suis.



On peut avoir le nom de ce producteur ?

Monsieur Jules Gbaguidi.



Votre album comporte combien de titres ?



Mon album comporte dix titres. C’est un album riche en couleurs et près de 70% de ses textes parlent d’amour, sur plein de bords. Dans cet album, j’interpelle également à ce que chacun de nous puisse croire en ce qu’il fait et que, dans la vie, il ne faudrait jamais baisser les bras, il faudrait toujours croire en ce que nous faisons ; il y a une heure qui vous est proprement destinée et, par rapport à cette heure-là, quand elle sonne, nul ne peut la retenir. Je pense que ça a été la mienne, cette année, et je demande à ce que chacun de nous tous, autant que nous sommes dans ce monde, que chacun puisse garder un espoir et croire à son jour
En dehors de cela, il y a une chanson où je rends grâce à Dieu pour tous les bienfaits qu’il m’a accordés et je parle également à certaines personnes qui se découragent dans la vie ; je leur demande de ne pas se décourager, de croire en Dieu, parce que, quel que soit ce qu’on fait, quel que soit ce qu’on se fixe comme but dans la vie, il faudrait croire en Dieu parce que, à un moment donné, Dieu vous donnera la chance. J’ai énuméré comme ça, à travers cette chanson, l’histoire d’un employé qui est resté longtemps, pendant des années à la servitude, et qui ne croyait plus à la réussite, qui a confié sa destinée à Dieu, afin que Dieu lui donne la chance de pouvoir être un jour autonome et ne plus dépendre de quelqu’un.
Vous avez également d’autres textes qui parlent de séparation douloureuse entre monsieur et madame, qui se sont séparés sur un coup de tête. Voilà, il y a un peu de tout.


A travers quels rythmes musicaux il faut vous identifier ?



C’est d’abord un premier album. Pour des personnes comme moi qui ont eu à toucher à un peu de tout - parce que nous passons de cabaret en cabaret et qu’on arrive à faire tout genre musical -, il n’est pas évident de faire un album et qu’il soit accepté ; cela ne signifie pas que je suis en train de dire qu’on ne peut pas avoir fait tout ce trajet et faire un album dans un seul genre et ne pas réussir. Mais, moi par exemple, j’ai fait un peu de tout, parce que, réellement, j’ai été un chanteur à variétés, dans presque tous les genres de cabarets, j’ai fait des chanteurs africains, j’ai fait juste des standards, j’ai fait de la variété française, du zouk, un peu de tout. Donc, pour un premier album, s’il n’en tenait qu’à moi, j’aurais fait de la world music à coloration internationale et africaine, du genre Lokua Kanza et Garou. Mais, c’est vrai que tous ceux qui m’ont vu sur des scènes, des gens m’ont dit : « On aimerait bien que tu nous fasses danser, puisque tu nous as habitués à ça. » Donc, c’est dans cette optique que j’ai fait un album à variété africaine. Et, maintenant, je pense que ce qui aurait beaucoup plus plu aux gens, c’est dans cette optique-là que je travaillerais pour le deuxième album et pour les autres albums à venir.



On a vous a vu en featuring avec Ardiess Posse. Cela a quelle signification ? Est-ce que cela est la manifestation de votre intégration à la musique béninoise locale ?




En fait, je dirais que ça n’a pas de signification ... Ardiess, c’est une expérience pour montrer un tout petit peu aux gens qu’on peut associer un chanteur à un rappeur, qu’on peut associer par exemple des rappeurs à tout genre musical. Et, je pense que j’ai demandé à mes amis et frères du groupe Ardiess de pouvoir intervenir sur une chanson qui ferait une ambiance africaine internationale ; cette expérience a été bonne, c’est une chanson qui cartonne, qui plaît à beaucoup de personnes. Donc, je dirai que si cette expérience était à refaire, je la referais volontiers.



Actuellement, tu es à Cotonou. Quels sont tes projets immédiats ?



Mes projets immédiats, présentement : pouvoir permettre au peuple béninois d’être accessible à l’album d’Edou. Et puis, les projets à venir, ce sont mes voyages, mes tournées, ainsi de suite.



As-tu un dernier mot à l’endroit de tes fans, de tes admirateurs ?



A l’endroit de mes fans, honnêtement, j’avoue que je me posais pas mal de questions, à savoir si mon produit allait plaire au public béninois. Et, j’ai eu à le dire, il y a trois semaines, lors d’un spectacle, à Cotonou ici, où j’étais : j’ai été très ému, je le suis encore, de la manière très réceptive dont a réagi le peuple béninois. Honnêtement, je ne m’y attendais pas … Vous voyez, je vous en parle, j’en ai même la chair de poule, je ne m’y attendais pas ; et ça, ça m’a fait et ça continue de me faire un grand plaisir. J’étais également à certaines émissions sur certaines chaînes radiophoniques où j’ai vu la population appeler de Malanville, de Parakou, de Djougou, de Sèhouè, de Savalou, ainsi de suite, de Porto-Novo, même de Cotonou. Honnêtement, je ne m’y attendais pas, j’avoue que je reçois énormément de coups de fil … Franchement, ça fait un chaud au cœur de se sentir apprécié par la population béninoise. Et, moi, honnêtement, je remercie toute cette nation béninoise qui est réceptive à l’album et à ceux qui viendront également par la suite ; je la prierai de bien consommer cet album, sans hésitation, parce que c’est un album de très haut niveau. En reconnaissance à la manière réceptive du peuple béninois vis-à-vis de cet album, je prends l’engagement – une grande promesse, je dirai – de faire en sorte à ce que le deuxième album d’Edou soit spécialement pour le peuple béninois, une façon pour moi de dire « Merci » à la manière dont il a accepté le premier album ; je ne m’y attendais pas. Je lui dis gracieusement et énormément « Merci » ; le deuxième album, franchement, il n’en sera pas déçu, il n’en sera pas déçu.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 4 septembre 2009

liberté de la presse: nouvelle création théâtrale au Bénin


A propos de la très prochaine représentation de sa nouvelle pièce sur la liberté de la presse



Patrice Toton : « […]Quand tu tues un journaliste, il en naîtra une vingtaine d’autres … »



La presse et les fondements de son exercice préoccupent plus d’un esprit aujourd’hui. Parallèlement, dans les prochains jours, le monde du théâtre béninois verra naître une pièce consacrée à la liberté de presse et au travail délicat des journalistes : Dans l’arène du fou. Son auteur, Patrice Toton, nous parle plus profondément de l’œuvre, à travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder.


Marcel Kpogodo : Bonjour Patrice Toton, tu es en train de travailler sur une nouvelle création intitulée Dans l’arène du fou, et qui est prévue pour être jouée courant décembre 2009. Peux-tu nous parler un peu de cette pièce ?


Patrice Toton : Bonjour Marcel. Je te remercie pour la question et pour l’intérêt que tu accordes à ma modeste personne. Je suis comédien, conteur et, par moments, j’essaie de faire de la mise en scène, puisque j’ai évolué, j’ai fait une école de théâtre, l’Ecole internationale de théâtre du Bénin, dirigée par Alougbine Dine. Sorti de cette école-là, il est important pour moi d’organiser une carrière dans laquelle la comédie a une place, le conte a une place, la mise en scène a aussi une place. Mais, dans mes nuits, dans mes insomnies, dans mes heures de distraction, dans mes heures de contemplation et de réflexion, je cogite un peu sur l’homme, sur les faits, sociaux, sur l’humanité, sur la tradition, sur l’histoire du monde, sur même l’histoire du théâtre. Et, ça me tente d’écrire quelques fois ; je n’écris pas forcément parce que je suis auteur, parce que je veux devenir grand auteur, mais j’écris pour traduire quelque chose, pour mettre sur papier ce que je sens, ce que je pense, pourvu que cela soit utile aux autres et à moi-même, à partir d’un certain moment.
Donc, c’est en faisant justement cela que j’ai réussi à écrire une pièce que j’ai titrée Dans l’arène du fou. Cette pièce, j’ai commencé à l’écrire depuis 2003 ; ça a connu des étapes, ça a été joué comme création ou spectacle test, sur le Festival d’Orden Alladatin en 2003 à Parakou. Après, j’ai repris une autre version, j’ai participé à des chantiers d’écriture à Cotonou, organisés par La Comédie de Saint-Etienne, j’ai repris encore une autre version et, en 2007, j’étais à Lomé, à un autre chantier d’écriture, organisé par La Comédie de Saint-Etienne et les Ecritures vagabondes, je crois, ou Escales d’écriture. A cet Atelier-là, j’ai encore travaillé sur la pièce avec le grand auteur, Slimane Benaïssa, qui est un Franco-algérien, qui m’a donné des consignes que j’ai exécutées et, enfin, j’ai une version plus ou moins finalisée de la pièce Dans l’arène du fou, que j’ai entrepris de mettre moi-même en scène, avec des comédiens professionnels béninois.


De quoi parle cette pièce ?



Je remonte dans le passé ; il y a un journaliste qui a été assassiné au Burkina Faso, qui s’appelle Norbert Zongo, en 1998, je crois bien. Ce fait de société m’a marqué, comme la mort de Sankara m’a marqué. Je ne suis pas révolutionnaire, mais je suis un admirateur de tous ceux qui se battent pour une cause commune, pour une cause noble. Et, je classe, moi, les journalistes dans cette catégorie d’hommes qui se sacrifient, qui donnent leur intelligence, qui donnent leur savoir à tout un peuple, à toute une nation, qui mettent leur vie au service du peuple. Donc, je suis sensible à ces personnes-là ; tout ce qu’ils font m’intéressent. Du coup, la mort de Norbert Zongo m’a marqué et j’ai décidé de contribuer à mettre fin aux sévices que subissent les journalistes, mais je voudrais donner mon opinion sur cet état de choses et montrer l’importance du journaliste dans une société démocratique, donc, montrer l’importance du quatrième pouvoir dans une société de droit. Alors, ma pièce est essentiellement axée sur cela, sur la protection du journaliste et sur l’enracinement de la démocratie. Dans cette pièce-là, je défends la cause des journalistes. Sans être trop dans de la sensibilisation, j’écris une pièce tout simplement, mais dans cette pièce, il est bien question de la dépénalisation des délits de presse, de la protection des journalistes, de la bonne gouvernance, de l’enracinement de la démocratie ; il est aussi bien question d’une pièce de qualité, au service d’une démocratie durable qui profite à tout le peuple.



Pouvons-nous avoir un petit résumé de la pièce ?



Il s’agit, dans cette pièce, d’une histoire très banale ; je raconte l’aventure d’un journaliste évadé de prison donc, un journaliste en cavale, qui est recherché par le gouvernement, parce qu’il détient des informations qu’il menace de publier, des informations top secret, des informations qui en diront beaucoup sur la mauvaise gouvernance, sur les crimes crapuleux du pouvoir, sur les détournements, sur les violations de la loi fondamentale, sur, également, le blanchiment d’argent, sur tout ce qui salit l’image de nos gouvernants, de nos Etats, de nos peuples, et qui les opposent, la plupart du temps, aux journalistes. Alors, ce journaliste évadé, pour rester en contact avec l’actualité, va prendre la place de son frère jumeau qui est un fou. Celui-ci avait érigé domicile dans un vieil immeuble que j’appelle l’arène du fou ; il va se substituer à son frère le fou qu’il ira cacher quelque part dans les égouts du Palais de la liberté, qui est en face du Palais de la République. Donc, il a pris la place du fou et il suit l’actualité. Comme le pouvoir s’est mis à la recherche du journaliste, il a appris qu’il est allé rendre visite à son frère le fou, avant de disparaître ; le fou est devenu très célèbre du fait que son frère journaliste lui aurait rendu visite. Les policiers, la femme du journaliste évadé, le pouvoir incarné par le ministre de l’intérieur et de la défense nationale, le représentant des journalistes, tout le monde sonne à la porte du fou qui est devenu, du coup, célèbre, sans que personne ne se rende qu’en fait le fou dont il s’agissait en ce moment-là, c’était le journaliste lui-même. On a découvert le pot-au-roses à la fin de la pièce qui bascule en drame ; le ministre a trouvé la mort, ainsi que l’un des policiers chargés de traquer le journaliste en cavale, un peu pour dire qu’il faut renouveler le pouvoir, qu’il faut que le pouvoir change de vision à l’endroit des journalistes et que le pouvoir, qui est un pouvoir oppresseur, doit partir et disparaître, pour que vive le pouvoir qui collabore avec le journaliste, qui lui tend la main. A la fin du spectacle, la dernière phrase est dite par le policier survivant, au journaliste et au porte-parole des journalistes : « Vous êtes libres, vous n’avez rien à craindre, le président ne viendra pas, vous êtes libres ». Donc, c’est une manière de dire : « Le pouvoir vous renouvelle toute sa confiance, le pouvoir vous renouvelle son attachement, le pouvoir comprend votre importance et, ensemble, nous allons œuvrer pour l’assainissement de la maison, pour la bonne gouvernance, pour que le peuple vive en paix et que les richesses du pays soient équitablement partagées entre tous ». C’est de cela que je parle.



Tu dis avoir entamé Dans l'arène du fou depuis 2003, mais on constate qu’elle est d’une réelle actualité …



C’est une bonne et belle coïncidence et cela va demeurer ainsi, parce que, je ne suis pas grand auteur, mais je pense que, pour qu’une œuvre théâtrale dure dans le temps, c’est qu’elle parle des événements présents, et continue de parler des événements futurs ; c’est ce que j’essaie de faire. Cette pièce parle, en général, de la liberté de presse, de la liberté d’expression, de la protection du journaliste, de l’enracinement de la démocratie, mais, ces questions ont été abordées depuis la nuit des temps, depuis les siècles passés par de grands auteurs : Victor Hugo parlait déjà de l’Etat de droit, de la libre expression et, on continuera de parler de cela, durant les années, les siècles qui vont venir. Il faut juste savoir aborder le sujet pour que cela reste universel, pour que cela reste un sujet de tous les temps. Et moi, c’est ce que j’ai essayé de faire. S’il plaît à Dieu – j’exagère, ce n’est pas une question de Dieu – mais, qu’il plaise au temps, cette pièce restera l’allié du temps, donc une pièce de tout le temps.



Peut-on dire que Dans l’arène du fou est une pièce de dénonciation ?



En partie, oui, dans la mesure où l’allusion est faite à beaucoup de crimes commis, comme la mort de Norbert Zongo, la disparition mystérieuse de Frédéric Nérac en Irak, l’assassinat crapuleux de Jean Hélène en Côte d’Ivoire, de Michel Congo en RDC, ainsi de suite. Donc, cette pièce fait allusion à tant de crimes, à tant d’actes crapuleux commis sur des personnes de journalistes, ce qui permet de dire que c’est une pièce de dénonciation. C’est aussi une pièce de vision, une pièce de révélation, une prophétie pour dire que, quel que soit ce qu’on fera à l’endroit de la presse, elle est immortelle, elle demeurera immortelle, et qu’il est juste de comprendre et d’accepter, malgré tout, que la presse constitue un quatrième pouvoir, et qu’il faut faire avec ; il faut conjuguer avec la presse, si on veut garder durablement l’Etat de droit, la démocratie. Si on veut cultiver effectivement la bonne gouvernance, il faut comprendre et accepter qu’on ne saurait arracher à tout un peuple la liberté d’expression. Parlant de liberté d’expression, les journalistes représentent donc vraiment cette liberté d’expression dans un Etat de droit.



Est-ce que tu penses te servir de cette pièce pour produire un impact réel sur la situation de la presse au Bénin ?



Justement, c’est pour cela que nous avons entrepris de monter cette pièce en ce moment précis, dans la mesure où, tout d’abord, le problème de liberté de presse reste un problème majeur au Bénin, puisqu’il n’y a pas d’année où on n’entend pas parler de répression sur les journalistes, de journalistes martelés, de journalistes emprisonnés. De deux, nous sommes presqu’en fin de mandat ; il sera question bientôt d’élections présidentielles et d’élections législatives couplées et tout cela interpelle la presse et le pouvoir. Vous connaissez autant que moi, en tant que journalistes, le comportement du pouvoir en ces moments sensibles, vous connaissez également l’engouement des journalistes en ces moments délicats. Nous sommes dans le besoin d’arbitrer, de dire : « Faites attention ! », nous sommes dans le besoin de solliciter une presse de qualité au service d’un pouvoir et d’un Etat conscients de l’importance de la presse, d’un Etat conscient de l’utilité de la presse au service de la démocratie, du développement, de l’Etat de droit. C’est très important pour nous de monter cette pièce en ce moment, de parler, à la fois, à la presse, aux organes de presse, aux journalistes, comme nous parlerons également au pouvoir en place, pour que la paix soit sauvegardée, pour que notre démocratie soit durable, pour que le quatrième pouvoir soit respecté et qu’il respecte le pouvoir exécutif, et que l’Exécutif respecte le quatrième pouvoir, et que le législatif soit impliqué et, élabore les lois. Comme nous parlons de dépénalisation, nous voulons l’interpeller aussi ; cette pièce va interpeller aussi le législatif pour lui dire le besoin d’élaborer des lois pour protéger les journalistes, dans un Etat de droit comme le nôtre. Nous avons tous besoin que la démocratie prospère, que le peuple prospère dans la paix et dans le partage des richesses nationales. C’est ce que nous pensons faire et c’est utile en ce moment.



Qu’en est-il de la distribution des rôles au niveau des acteurs ?



Cela est bien provisoire, puisque nous sommes encore en pleine réflexion autour du casting, quand bien même il est déjà très clair que la pièce sera montée. Il y a, en tout et pour tout, six personnages dans cette pièce et, vous pouvez être rassuré que ces rôles seront confiés à des comédiens professionnels qui ont déjà apporté plus d’une fois la preuve de leur talent, de leur ambition de continuer au théâtre, de continuer à faire du théâtre, d’évoluer dans le théâtre et de mettre leur talent au service de leur nation.
En plus des six comédiens qui vont interpréter les six personnages de la pièce, il y aura un septième acteur qui sera un musicien et qui va jouer du talking-drum, ce que nous appelons en nago le « guinguin » ; il va accompagner, à un moment donné, l’action du porte-parole des journalistes.



On connaît Patrice Toton comme l’un des acteurs béninois ayant une diction remarquable. Est-ce que tu penses interpréter l’un des six rôles de la pièce ?



Je ne crois pas, je ne crois pas. Ce n’est pas possible, parce que, tout simplement, on nous reproche déjà au Bénin, nous, acteurs, culturels, comédiens, d’embrasser beaucoup de choses à la fois. Quand bien même je trouve utile et nécessaire, à la limite, indispensable qu’on ait plusieurs cordes à son arc, il faut quand même tirer une seule corde à la fois. Du coup, je voudrais être à la mise en scène, je voudrais mettre ma vision de metteur en scène au service de cette création, et permettre à d’autres comédiens de s’exprimer en tant que tels et de mettre leur talent aussi au service de cette création.



Un dernier mot ?



Avant d’en arriver au dernier mot, nous allons encore en dire deux qui sont pour moi très importants. Le premier concerne l’utilité de notre théâtre ; il est important aujourd’hui qu’on croie en ce que font les hommes de théâtre, il faut croire que le théâtre constitue une discipline artistique noble, et que le théâtre doit cesser tout simplement, pour des pays comme le nôtre, d’être juste un objet de distraction et devenir un objet de développement ; il faudrait que le théâtre soit un théâtre utile, que notre théâtre parle, que notre théâtre touche durablement, que notre théâtre contribue à changer quelque chose au sein de notre société. Et, c’est vers ce type de théâtre que nous tendons, c’est ce type de théâtre que nous voulons offrir au peuple béninois, c’est un théâtre de développement, c’est un théâtre au service du peuple, au service de la nation ; c’est ce que notre association, l’association Katoulati s’évertuera à faire, dans les années à venir.
Le deuxième mot concerne la manière dont nous allons procéder pour réussir ce projet. C’est d’abord de remercier ceux qui collaborent déjà avec nous et qui croient en ce projet, comme le Ministère de la Culture, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales qui, à travers sa Direction du fonds d’aide à la culture, subventionne cette création, en nous accordant une aide substantielle qui nous permettra de supporter les charges de décor et de costumes. Mais, il reste beaucoup d’autres charges auxquelles nous allons faire face pour que ce projet soit une réussite. Alors, nous nous faisons d’office l’honneur d’y associer tous les organes de presse béninois, tous les journalistes béninois ; autant qu’ils se sentent utiles à quelque chose, qu’ils nous contactent et qu’ils apportent leur pierre à l’édifice, comme on le dit. Nous nous faisons l’honneur d’y associer aussi la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, à travers son Président, le Ministère de la Communication et des nouvelles technologies, les Ambassades et toutes les structures qui se battent pour la liberté de presse et la protection du journaliste, et aussi pour l’enracinement de la démocratie. Que toutes ces structures retiennent que nous sommes ouverts pour collaborer avec elles et, d’office, leur nom est impliqué à ce projet qui est un projet utile pour notre peuple.
Pour finir, je voudrais dire que ce projet est celui de tout le peuple béninois, de la communauté internationale, de tous les journalistes et, comme nous l’avons su les qualifier dans cette pièce de théâtre, l’océan est trop petit pour les contenir ; nous voudrions aussi que le monde soit trop petit pour contenir cette pièce de théâtre, nous voudrions, comme nous l’avons décrit dans cette pièce, que la presse, quand on la tuera, quand on la détruira, elle se reconstituera dans les minutes qui vont suivre. C’est ce que nous avons dit dans la pièce : quand tu tues un journaliste, il en naîtra une vingtaine d’autres ; c’est comme cela que nous souhaiterions que les échos de cette pièce retentissent et ne cessent de retentir, parce que dès que ce projet est mis en ondes, dès que ce projet est mis sur la toile, il cesse d’être le nôtre, il devient le projet de la Haac, du Palais de la République, de l’Ambassade de France, du Centre culturel français, du Fitheb, du théâtre béninois, de tous les acteurs culturels béninois, de tous les organes de presse, de toutes les entreprises béninoises qui pourront se faire de la visibilité par cette action que nous qualifions de la plus grande action du théâtre en faveur de la presse béninoise et de la presse universelle. Nous n’allons pas arrêter de nous obstiner, nous n’allons pas arrêter de croire en la réussite de ce projet et, inch’Allah, ce sera ainsi.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Pour contacter Patrice TOTON :
Tél. : (00229) 97 607 209 / (00229) 93 260 388
E-mail : patotcool@yahoo.fr




6èmes Jeux de la Francophonie: participation effective du Bénin?


Cotonou, le 01/09/09

COMMUNIQUE DE PRESSE

LA PARTICIPATION DU BENIN AUX 6èmes JEUX DE LA FRANCOPHONIE


1- Qui sommes-nous
?

Nous sommes les artistes béninois sélectionnés dans le cadre de la 6ème Edition des Jeux de la Francophonie, qui auront lieu du 26 Septembre au 06 Octobre 2009 à Beyrouth, au Liban.
Nous avons été sélectionnés sous la couverture du Ministère de la Culture, en présence des experts envoyés par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Il s'agit de :
Catégorie Conte : Patrice TOTON
Catégorie Danse: Richard ADOSSOU
Catégorie Arts plastiques :
Catégorie Nouvelle: Mireille GANDEBAGNI.
Nous sommes des artistes professionnels et, depuis notre qualification, nous nous investissons pour défendre l’honneur du Bénin au Liban. Mais .....


2- Notre préparation proprement dite

Nous sommes retenus, certes, pour participer aux 6èmes Jeux de la Francophonie, mais, tout porte à croire que nous travaillons dans le vide. En effet, participer aux Jeux de la Francophonie signifie, pour nous, rivaliser d'ardeur et de compétence avec les autres nations francophones et, remporter des médailles dans les catégories où nous sommes qualifiés. Mais, alors, remporter des médailles exige, de nous, des préalables, au nombre desquels, nous pouvons citer :
- La mise au vert (Répétitions, préparations morales et psychologiques)
- La logistique (Décors, costumes, accessoires, instruments de musique, etc.)
- L'administration (Envoi des dossiers au Liban, rencontres avec les autorités du Ministère, achat des billets d'avion, définition des frais liés aux préparatifs et à l'entretien des artistes, etc.)

A la date d'aujourd'hui, nous pouvons dire que notre préparation se limite à nos répétitions quotidiennes, qui sont à nos propres frais, et, à nos vains efforts de discuter avec les autorités du Ministère. Mais, nous nous préparons à notre propre compte, sans savoir réellement si nous irons au Liban et si l'Etat béninois mesure la gravité de la situation.

3- Qu’en est-il de la situation et qu'en pensons-nous?

La participation du Bénin aux Jeux de la Francophonie est une question de souveraineté nationale.
Les jeux ont lieu, tous les quatre (04) ans, dans un pays de l'espace francophone. Notre pays, le Bénin, s'est engagé, en tant que pays francophone à participer aux Jeux et à respecter ses engagements à cet effet. Mais, aujourd'hui, les choses se passent autrement. Le Ministère, en charge de la Culture, a organisé la sélection des artistes devant participer auxdits Jeux. La sélection a eu lieu depuis avril 2009 et les artistes retenus ont été informés officiellement de leur future participation aux Jeux de la Francophonie. A la date d'aujourd'hui, c'est-à-dire à moins d'un mois de l'événement, le Cabinet du Ministère évite de rencontrer les artistes concernés. Cependant, la Direction de la Promotion Artistique et Culturelle du même Ministère écoute les artistes et leur fait entendre qu'il n'y a pas d'argent dans les caisses de l'Etat. La Direction fait entendre qu'elle se bat pour que les artistes béninois participent aux Jeux, même dans les conditions les plus dérisoires possibles: peut être, sans costume, sans décor, sans frais de séjour.

Sommes-nous officiellement accrédités pour les Jeux? Nos billets d'avion sont ils achetés? Aurons-nous des frais de préparation, d'entretien, de séjour? Et, enfin, réussirons-nous à participer effectivement aux Jeux?

Nous sommes, aujourd'hui, le 1er Septembre 2009 et, nous, artistes béninois sélectionnés, sommes incapables de répondre à une seule de ces questions. Et, voici ce que nous pensons :

Richard ADOSSOU : " C'est dommage. Dans quel pays sommes-nous où les artistes créateurs ne peuvent pas jouir des fruits de leur efforts et se sentir protégés et soutenus par leur pays ? "

Patrice TOTON : " C'est dommage, et j'interpelle le Chef de l'Etat, le Ministre de la Culture, le peuple béninois et, au pire des cas, les instances supérieures de l'OIF. Je les invite, tous, à sauver la participation du Bénin aux prochains Jeux de la Francophonie. "

mardi 1 septembre 2009

Nominés des Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone 2009

Galiou Soglo, Ministre de la Culture du Bénin

Le vendredi 28 Août 2009, le Comité d’organisation des Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone, lors d’une grande soirée de proclamation, qui a eu lieu au Théâtre de verdure du Centre Culturel Français de Lomé au Togo, a rendu publique la liste des 77 nominations, faites dans 14 catégories pour 14 Prix à décerner, au soir du Samedi 19 Décembre 2009 à Cotonou, lors d’un Gala spectacle. C’était sous la direction de Florent Couao-Zotti, Président du Jury.

Les catégories sont les suivantes : Meilleur Costume, Meilleur Lumière, Meilleur Metteur en scène, Meilleur Promoteur Culturel, Meilleure Comédienne, Meilleur Comédien, Meilleur Auteur, Meilleur Décor, Meilleure Scénographie, Meilleur Spectacle Elitiste, Meilleur Théâtre de Sensibilisation, Meilleur Média, Meilleur Humoriste et Meilleur Théâtre Populaire.

Il faut préciser que les nominés de l’édition 2009 proviennent de 20 pays africains et de 03 pays de la Diaspora : Algérie, Angleterre, Bénin, Burundi, Burkina Faso, Centrafrique, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Etats Unis, France, Sénégal, Madagascar, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Congo Brazzaville, Djibouti, Niger, Mali, Tchad, Tunisie et Togo.

A titre de rappel, les Grands Prix Afrique du Théâtre Francophone, sont comme les Oscars en France ; elles constituent des distinctions annuelles qui feront la promotion de leurs bénéficiaires, à l’échelle africaine et internationale.


En réalité, il s’agit d’une initiative de l’Association culturelle CBEOA, dirigée par le Béninois Euloge Béo-Aguiar.

Voici la liste des différents nominés :

1° Catégorie : Meilleur Metteur en scène

01
Minoungou Etienne : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso

02
Ildevert Méda et Luca Fusi : ‘’Le tigre’’
Burkina Faso

03
N’doye Ibrahima : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal

04
Prince Bilau Yaya Georges : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France

05
Mwanbayi Kalengayi Alexandre : ensemble de ses oeuvres
RDC

06
Amoussa Koriko : ensemble de ses oeuvres
USA

07
Koubidina Alanda : ensemble de ses oeuvres
Togo



2° Catégorie : Meilleur Promoteur Culturel



01
Théâtre El Hamra : ensemble de ses oeuvres
Tunisie

02
FITHEGA : ensemble de ses oeuvres
Gabon



3° Catégorie : Meilleure Comédienne



01
Mme Sanogo Diarrah : ‘’Bougouniéré invite à dîner ‘’
Mali
02
Mme Ahogbédji Rachelle : ‘’Côté coeur ‘’
Bénin
03
Mme Wegang Nicaise Magloire : ‘’Qu’il en soit ainsi’’
Cameroun



4°Catégorie : Meilleur Auteur



01
Wegang Nicaise Magloire : ‘’Qu’il en soit ainsi’’
Cameroun
02
Mellal Arezki : ‘’Fada rive droite’’
Algérie
03
Fanou B. Marcel :’’Lorsque l’Afrique traduira l’Europe en justice’’
Bénin
04
N’diaye Alioune Ifra : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
05
Wilsi Akpéné Samuel :’’Le caleçon du roi’’
Togo
06
Malanda Mandounou Michel : ‘’Calibre 12’’
Congo Brazza



5° Catégorie : Meilleur Décor



01
Cie Falinga : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso
02
Cie l’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Che au Congo’’
Burkina Faso
03
CRESAS : Ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire
04
Malanda Mandounou Michel : ‘’Trente contre trois’’
Congo Brazza
05
Cie UNIVERSALISAPO : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France



6° Catégorie : Meilleur Comédien



01
Ernest Guy Kaho : ‘’L’enfer comme station balnéaire’’
Bénin
02
Sangaré Michel : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
03
Ouédane Wéssé-Kpamon Michel : ensemble de ses oeuvres
Centrafrique
04
Koubidina Alanda : ensemble de ses oeuvres
Togo
05
Dissaké Martin Alvarez : ‘’Le bal des coqesses’’
Cameroun
06
Ndoye Ibrahima : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal
07
Prince Bilau Yaya Georges : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France
08
Tobachi Pastor : ‘’A petites pierres’’
Guinée Equatoriale



7° Catégorie : Meilleure Scénographie



01
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin
02
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC
03
CRESAS : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire
04
L’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Ché au Congo’’
Burkina Faso



8° Catégorie : Meilleur Spectacle de recherche, élitiste, classique ou autre



01
L’oeil de Cyclone : ‘’L’oeil de cyclone’’
Burkina Faso
02
Cie Universalisapo : ‘’ ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France
03
Cie Falinga : ‘’A la vie à la mort’’
Burkina Faso
04
Théâtre Evasion : ‘’Le tigre’’
Burkina Faso
05
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali
06
Association VEC : ‘’L’hospitalité’’
Sénégal
07
Cie Koz’art : ‘’L’ombre de mon propre vampire’’
Cameroun



9° Catégorie : Meilleur Théâtre de sensibilisation



01
Association VEC : ‘’Khakhatar’’
Sénégal

02
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin

03
Evaglo Cie Femmes et Théâtre : ensemble de ses oeuvres
Togo

04
Cie Rubli Africa : ‘’Un monde sans barrière’’
RDC

05
Bousri Ben : ensemble de ses oeuvres
Comores

06
Samafou Diguilou : ensemble de ses oeuvres
Tchad

07
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC

08
Cie Pataclowns : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire



10° Catégorie : Meilleur Média



01
LCF : pour ses programmes culturels
Togo

02
Canal 3 : pour ses programmes culturels
Bénin

03
Nana FM : pour ses programmes culturels
Togo

04
Radio France Internationale : pour ses programmes culturels
France

05
Vox Africa : pour ses programmes culturels
Angleterre



11° Catégorie : Meilleur Humoriste



01
Cie Pataclowns : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire

02
Samafou Diguilou : ensemble de ses oeuvres
Tchad

03
Docteur Mabuze : ‘’Le mal s’expire’’
RDC

04
Cie Sèmanko : ensemble de ses oeuvres
Bénin



12° Catégorie : Meilleur Théâtre Populaire



01
Docteur Mabuze : ‘’Le mal s’expire’’
RDC

02
Cie Rubil Africa : ‘’Un monde sans barrières’’
RDC

03
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali

04
Cie Sèmanko : ensemble de ses oeuvres
Bénin

05
Bousri Ben : ensemble de ses oeuvres
Comores



13° Catégorie : Meilleur Costume



01
Cie l’oeil de Cyclone : ‘’Le geste des Etalons’’
Burkina Faso

02
Blonba Production : ‘’Sud Nord’’
Mali

03
Malanda Mandounou Michel : ‘’Trente contre trois’’
Congo Brazza

04
EAC Les Muses : ensemble de ses oeuvres
Bénin



14° Catégorie : Meilleure Lumière



01
L’oeil de Cyclone : ‘’Tatu ou la guerre du Che au Congo’’
Burkina Faso

02
Cie Universalisapo : ‘’Héritage perdu de Mabi et Miko’’
France

03
Ndoye Ibrahima : ‘’ Khakhatar’’
Sénégal

04
Blonba Production : ‘’Bougouniéré invite à dîner’’
Mali

05
Cie Tam-tam : ensemble de ses oeuvres
RDC

06
Cie Falinga : ‘’ A la vie à la mort’’
Burkina Faso

07
CRESAS : ensemble de ses oeuvres
Côte d’Ivoire


N.B. : Les catégories Meilleur Homme ou Meilleure femme de théâtre de l’année et de la Diaspora restent ouvertes.

jeudi 27 août 2009

68ème anniversaire de cesaria evora


Attention: Sur ce blog, nous avons choisi de ne parler que des artistes béninois. Mais, ce 27 août, nous faisons une petite exception, étant donné qu'un grand nom de la musique africaine fête son 68ème Anniversaire: Cesaria Evora. Hommage à elle!!!! Merci de votre compréhension ...
Spécial 68ème Anniversaire


Cesaria Evora, on peut réussir à tout âge



Aujourd’hui, 27 août 2009, c’est le 68ème anniversaire de celle que le monde entier s’accorde à appeler affectueusement "la diva aux pieds nus" . De nationalité capverdienne, Cesaria Evora est née dans la ville de Mindelo. A cette heureuse occasion, nous vous proposons de revisiter la vie de cette femme, exceptionnelle, en ce sens que c’est à un âge très avancé qu’elle a connu la réussite, la prospérité et la gloire, rompant ainsi avec plusieurs décennies de dénuement.


68 ans est un âge auquel elle peut se permettre de s’acheter tout ce qu’elle désire et de voyager vers n’importe quelle destination du monde, parce qu’elle est mondialement connue aujourd’hui et très fortunée. Pourtant, il n’en est pas ainsi pour beaucoup de personnes de son âge et, il y a près d’une vingtaine d’années, elle ne se prévoyait peut-être pas ce destin : Cesaria Evora, comme la majorité des gens de la planète, a connu la grande pauvreté et l’alcoolisme.


Une épreuve porteuse



Quand elle avait sept ans, son père qui est un musicien violoniste, décède prématurément, par excès d’alcool, avouera-t-elle. Alors, sa mère qui a beaucoup de mal à élever ses sept enfants, confie la petite Cesaria à l’orphelinat de la localité, où elle apprend à chanter dans une chorale ; elle quitte cet endroit à l’âge de treize ans. Cette mère, cuisinière de métier, qui lui a fait effectuer cette expérience de l’orphelinat, lui a donné, sans le savoir, le moyen de se tracer une vocation dans le domaine de la chanson et de vivre de quelque chose.



Une adolescence artistique et libertine



A seize ans, elle fait la connaissance d’un marin, Eduardo, son premier grand amoureux ; il est l’un de ceux qui lui apprennent à interpréter les anciennes chansons de rythmes typiquement capverdiens, à savoir les coladeras et les mornas qui, en l’occurrence, sont très mélancoliques. Durant son adolescence, elle gagne sa vie en se produisant à travers les bars de sa ville natale et, sur l’île de Sao Vicente, elle se fait un minimum d’argent, boit de l’alcool et fume puis, paradoxalement, se perfectionne dans son art musical. La vie d’artiste est vraiment libre et, Cize – pour les intimes – y prend goût ; elle côtoie plusieurs musiciens de son quartier. A cette époque, le Cap-Vert n’était pas encore un Etat indépendant, et tout le pays vibrait au rythme des coladeras et des mornas, toutes deux qui sont un héritage de l’ère de la traite négrière que les ancêtres de Cesaria ont subie jusqu’au XVIIIème siècle. Une coïncidence bizarre est que le plus grand compositeur de mornas au Cap-Vert s’appelle Francisco Da Cruz (1905-1958) et est le cousin direct du père de Cize ; voilà donc le fondement de l’héritage de la diva. La morna est, en fin de compte, le rythme qu’elle pratique le plus, ce qui lui fait véhiculer des thèmes tels que la souffrance, la mélancolie et l’exil.


Le cap très éprouvant de la trentaine-quarantaine



Une période très dure matériellement pour Cesaria. C’est aussi l’époque de l’assassinat du héros du nationalisme africain lusophone, Amilcar Cabral, en 1973. Mais, elle n’est plus une inconnue dans l’Archipel du Cap-Vert ; elle ne cesse de chanter à travers les pianos-bars. Grâce à la radio et à quelques disques de 45 tours qu’elle a sortis, elle devient prophète chez elle. Etant dans un pays pauvre, la misère ne la quitte pas pour autant ; elle vit au quotidien la mélancolie et le désespoir de ses chansons, la pauvreté et l’alcool sont ses parents les plus indéfectibles. Son pays n’est pas mieux loti et, plus de cinq cent mille capverdiens s’exilent à l’étranger. Au niveau de Cize, les difficultés sont si tenaces qu’elle décide d’en finir avec la vie très dure d’artiste ; raccrochant pendant dix ans, elle a traversé le désert, même sur le plan amoureux, accumulant déception sur déception. Son chagrin profond et récurrent, elle le confie à l’alcool ; elle s’y réfugie.


La sortie de crise



A 44 ans, le destin frappe banalement à sa porte : grâce au soutien de Bana, le parrain des musiques capverdiennes, exilé au Portugal, une association de femmes invite, en 1985, Cesaria à Lisbonne pour donner une série de concerts, et pour enregistrer un premier album, confidentiellement, dictature capverdienne oblige. Dans cette ville, elle rencontre Jose Da Silva, un jeune Français d’origine capverdienne, qui lui propose d’enregistrer cet album à Paris ; elle lui répond ’’oui’’ et cela lui ouvre la porte vers la consécration et la gloire mondiales.
En effet, Da Silva, qui devient ainsi son producteur, sort l’album ’’La Diva aux pieds nus’’, de sensibilité ’’coladera-zouk’’, qui remporte un succès immédiat. C’était en 1988. Cet opus est immédiatement suivi d’un concert qu’elle donne au New Morning, dans la capitale française ; elle en devient la révélation. Un autre album suit : ’’Destino Di Belita’’ en 1990. Les deux disques tranchent véritablement par l’arrangement original dû à la spécificité des rythmes typiquement capverdiens dont ils sont les porteurs. En bref, Cesaria rompt du jour au lendemain avec la vie âpre qui était la sienne et, tout le monde veut l’avoir à soi. Ainsi, elle parcourt, pour des prestations scéniques chaque fois redemandées, la France, l’Europe, la Scandinavie, l’Asie, l’Amérique latine, les Etats-Unis, le Canada, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord. Au cours de ces concerts, elle fait salle comble ; elle garde les pieds nus, en hommage aux pauvres de son amour de Cap-Vert.


Les albums et les thèmes



Entre 1988 et 2003, une dizaine de disques voient le jour, aussi savoureux les uns que les autres, avec, en moyenne, un tous les deux ans. Elle a été nominée six fois et a remporté un Grammy Award ; la France l’a faite Officier des Arts et des Lettres. Du côté de son pays, une telle consécration internationale ne pouvait rester non marquée. Ainsi, elle hérita, de la part du Gouvernement, d’un passeport diplomatique. Du côté des organismes humanitaires, elle a été consacrée Ambassadrice contre la Faim pour le PAM ; c’est la première fois pour une vedette africaine.
Quant aux sujets qu’elle aborde, c’est la rupture avec les thèmes du registre triste qu’on lui connaissait. Désormais, elle chante ses racines capverdiennes et développe un grand optimisme, en ce qui concerne l’avenir de sa patrie dans laquelle elle s’est construit une colossale maison où elle reçoit parents, petits-enfants, amis, voisins, et ne manque pas de partager convivialement avec eux du bon ’’catchupa’’, le plat traditionnel du pays, et de distribuer de l’argent.
Un signe supplémentaire de la réussite de Cesaria est la participation de grands musiciens instrumentistes à l’accompagnement musical de ses chansons. A près de soixante-dix ans, elle reste infatigable, accumulant tournées sur tournées.
Cesaria Evora est la preuve vivante qu’on peut réussir sa vie à tout âge. Feu Gnonnas Pedro n’avait-il pas chanté qu’ « il n’est jamais trop tard » ?


Marcel Kpogodo

mercredi 26 août 2009

Kam's, musicien au Bénin




Musique hip-hop au Bénin


Kam’s : « En 2019, j’espère atteindre le niveau de P-Square, de 2 Face, de Fally Ipupa »



Mince, taille un peu au-dessus de la moyenne, allure très simple, figure toute fraîche de la musique, il a accepté de se prêter patiemment à nos questions, révélant une assise dans le hip-hop béninois, un esprit qui pétille et de grandes ambitions de réussite dans l’art et dans le social : Kam’s, à cœur ouvert, pour vous …



Marcel Kpogodo : Bonjour Kam’s. Tu es un jeune artiste de 24 ans, vivant au Bénin, admirateur de Shaggy et de Sean Paul, et tu viens de lancer ton deuxième single. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?



Kam’s : Merci d’abord pour l’interview. Je viens de lancer mon dernier single intitulé ’’Bouge-toi’’, qui est très accessible à tout le monde, surtout aux jeunes, parce que je suis un jeune. Je me dis que pour toucher la jeunesse, il faut qu’on soit dans les normes, dans le même style. Même si le morceau du titre est ’’Bouge-toi’’, si vous l’écoutez, vous sentez qu’il y a toujours le message qui dit à la jeunesse de ne pas baisser les bras, de continuer à se battre, quoi qu’il arrive : je me considère comme un ambassadeur de la jeunesse africaine.



Pourquoi as-tu choisi de faire passer un message relatif à l’espoir ?



Au fait, le message de l’espoir parce que, aujourd’hui, quand je regarde la jeunesse béninoise, je regarde aussi la jeunesse africaine et je trouve que la jeunesse souffre ; moi-même qui en parle, je sais ce que j’endure pour faire sortir mes sons. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes africains n’ont plus d’espoir ; ils se disent : « Même si tu termines et que tu as ton diplôme, est-ce que tu auras un emploi ? Tu vas aller chercher un emploi et tu n’en auras jamais ». Beaucoup se lancent dans le banditisme ; les filles, n’en parlons même pas, peut-être, dans la prostitution et autres. Ce que, moi, je leur demande, c’est d’avoir de l’espoir, parce que, sans l’espoir, je ne pense pas qu’on peut vivre ; je leur demande de se dire : « Demain ou après-demain, le soleil brillera pour tout le monde ». On voit des exemples en Afrique : un groupe comme Magic System ; quand vous regardez leur début, ils se sont bâti leur début, c’était comme tout le monde, comme tous les jeunes en Afrique. Aujourd’hui, ils sont sur la scène internationale et, cela a été un des groupes africains qui a été invité à L’Elysée, ce qui n’est pas donné à n’importe qui. Aujourd’hui, cela va sur eux, pourquoi ? Parce qu’ils ont gardé l’espoir. Donc, c’est tout simplement ce que je demande à la jeunesse africaine, à la jeunesse béninoise, et de se battre pour ce qu’elle a choisi de faire, de se mettre à fond la caisse là-dedans, comme on le dit.



Tu considères Shaggy et Sean Paul comme tes repères, ce qui permet de prévoir que ta musique sera du rap, ragga, hip-hop …



Oui, je considère Shaggy comme un repère. Donc, vous allez le voir même déjà, dans les morceaux que j’ai eu à présenter au public, ’’Hop message’’ dont l’instrumental est reggae, et je chante aussi un peu reggae, le deuxième titre ’’Bouge-toi’’ qui fait danse-hall, comme je l’aime, et il faut dire que ma spécialité, c’est de beaucoup travailler sur le danse-hall. Donc, c’est ça qui fait cette musique tropicale danse-hall Jamaïque-Afrique, qui fait une collaboration de ce que vous écoutez dans ce deuxième morceau.



Pourquoi avoir choisi de faire ce genre de musique ?



J’ai choisi de faire ce genre de musique parce que, déjà, à l’époque, quand j’avais commencé la musique, j’étais pas un raggaman, j’étais un rappeur quand j’étais dans le groupe ’’Apokaliptik’’. Mais, après, j’ai été beaucoup influencé en écoutant le danse-hall, en écoutant du reggae comme avec Bob Marley ; j’ai beaucoup été influencé parce que, par exemple, quand vous prenez quelqu’un comme Bob Marley, il avait des textes très très engagés. Je pense que le reggae et le ragga, on trouve un peu le chant là-dedans, ce qu’on ne trouve pas dans le rap pur. Ceci fait que beaucoup de gens sont vraiment repoussés par le rap, qui est ciblé pour un certain public, et non pour tout le monde. Donc, quand c’est du reggae, tout le monde peut l’écouter, parce que ce sont des mélodies chantées ; je pense que les sons chantés, ça passe plus que le rap, tout le monde se retrouve dedans, c’est accessible. C’est ça qui m’a beaucoup influencé, sans oublier aussi l’arrivée des Neg’Marrons au Bénin, pour le Festival Hip-Hop Kankpé organisé par Ardiess ; quand ils ont joué et que je les ai suivis en live, ça m’a donné vraiment la détermination, puisque, eux aussi, c’est des gars qui ont été beaucoup influencés par la musique jamaïcaine, que ça soit du reggae, du danse-hall et tout. Donc, ça m’a beaucoup plu, et je me suis dit que si des Français font de la musique jamaïcaine en français et non en anglais, c’est réussi et que moi aussi je peux le faire. J’ai essayé et ça donne ce que ça donne aujourd’hui.



Ton premier single s’intitule comment ?



’’Hop message’’.



Tu l’as lancé en quelle année et quel en a été l’impact sur le public ?



J’ai lancé le single ’’Hop message’’ en fin 2007 jusqu’en 2008 ; ça a tourné sur toutes les chaînes de télévision et de radio, et ça continue de tourner sur Golfe FM. Au début, il s’agissait pour moi de donner une image d’ambassadeur de la génération consciente. Pour moi, c’était d’amener la jeunesse béninoise voir en Kam’s un représentant de la jeunesse africaine, et il y a beaucoup de gens qui m’ont appelé et qui m’ont dit : « Toi, on s’est retrouvés dans ton son parce qu’il nous a remontés ». Je me dis que ça ne sert à rien de faire un morceau – je ne veux indexer personne – un morceau qui passe et qui ne dit rien de beau ; je pense que lui qui est à la télévision, nous qui avons la chance de passer à la télévision, à la radio, il faudrait qu’on apporte, qu’on envoie des messages un peu conscients au moins, même si nous avons nos problèmes, parce que chacun de nous a toujours ses problèmes. Il y a des fois où on est dans des jours noirs et tout, tu allumes la télé et, au moment où les clips défilent, tu entends un gars qui te dit : « Ouais, il faut garder l’espoir … ». Tu vas te dire que si lui, il dit ça, c’est que, peut-être, on peut toujours garder espoir. Donc, c’était ça le beat ; à mon niveau, même si ce single n’a pas donné ce que je voulais en tant que tel, cela a donné à son niveau.


Est-ce que tu as un album en vue ?



Oui, j’ai un album en vue que je prépare vraiment beaucoup. Cet album, pour moi, ça sera dédié à tous les artistes, ça sera dédié à toute la génération consciente et à toute l’Afrique surtout, parce que, aujourd’hui, quand on voit le nom Kam’s, il y a l’Afrique qui est d’abord en avant, ça signifie beaucoup : c’est que ça représente l’Afrique et tout.



Et, tu penses faire sortir cet album quand, avec combien de titres ?



Je pense sortir cet album en fin 2009. Les titres, pour le moment, je suis en train de travailler dessus. Donc, je ne peux pas encore donner des titres précis. On verra avec le travail, on verra comment ça va se faire avec les moyens aussi qui vont avec, parce qu’il faut aussi les moyens qui vont avec.



En dehors du thème de l’espoir, quels sont les autres sujets que tu aimes aborder sur tes productions ?



Déjà, le prochain single sera lancé ; ’’Bouge-toi’’, c’est une promotion jusqu’en décembre. Après décembre, janvier, il y a un autre morceau qui sera lancé mais, là, quand même, je reviens sur un côté sentimental, parce qu’il faut reconnaître que c’est un truc auquel personne n’échappe dans le monde ; il n’y a personne qui va dire qu’il n’a jamais été amoureux. Donc, je vais présenter un morceau où je raconte une partie de ma vie, à l’époque où j’avais 18 ans, l’histoire d’une fille qui m’a marqué jusqu’à maintenant ; je vais chanter un peu de l’amour. C’est un peu ça. A part l’amour, vous allez trouver des sons engagés, parce que je suis quelqu’un qui suit beaucoup l’actualité au niveau politique, même si je me critique plus souvent. J’aimerais bien donner un peu seulement mon point de vue sur la politique africaine. Moi, je suis pour ce que le Président Kadhafi initie, l’Union africaine, les Etats-Unis d’Afrique ; même s’il y a des blocages aujourd’hui, l’Afrique unie, ça va faire mal demain, comme le dit Tiken Jah Fakoly.



Quel est ton parcours dans l’univers du hip-hop béninois ?



Le monde du hip-hop béninois, j’y ai beaucoup de relations, je m’entends avec tous les artistes. En réalité, j’ai commencé d’abord par le Ccf (Ndlr : Centre culturel français) de Cotonou, avec les Duels cruels, auxquels j’ai participé. Après, j’ai fait un featuring avec le chanteur PK, dans un premier morceau qu’on a présenté aux Duels cruels, qui y a été beaucoup apprécié, et qui tournait en ce moment sur Radio Tokpa ; on a présenté le morceau et ça a pris, c’était Ma dernière demeure. Pour moi, c’était une expérience, c’était la première fois que j’entrais en studio ; j’en profite pour faire un clin d’œil à l’ingénieur du son, qui est très connu dans le monde hip-hop, Sam Seed. Le travail était vraiment dur, et on doutait du morceau, au fait. En présentant le morceau, c’est là où on a eu encore de la hauteur, j’ai eu encore la détermination, surtout, de pouvoir faire mieux. Au début, quand on présentait le morceau, le public nous regardait, tout le monde nous regardait tranquillement, comme ça. Mais, après, vers la fin, tout le monde a commencé à acclamer et, vraiment, ça avait pris ce jour-là ; je me suis dit : « Si ça prend comme ça … ». C’est là où j’ai eu à connaître beaucoup d’artistes du hip-hop béninois, j’ai eu à les connaître au niveau des Duels cruels, on a sympathisé, parce que, à chaque fois, tout le monde venait là, toute la génération du hip-hop béninois, en tout cas.



As-tu d’autres références ?



Il y a, par exemple, Rap Rnb, qui était organisé, à l’époque, par Joao, l’ex-membre d’Ardiess, c’étaient mes débuts. A part ça, dernièrement (Ndlr : le 04 juillet 2009, à l’Espace Tchif), j’ai fait la première partie du concert acoustique de Zeynab, j’ai participé même au Projet du Ministère de la Culture qui était de promouvoir un peu les artistes ; l’idée du Ministre, c’était qu’on nous voit à la télévision, mais le public n’a pas toujours la chance de nous voir en contact avec lui. Même en cas de concert, c’est payant et tout le monde n’arrive pas à venir. Ce qu’il avait organisé était gratuit, ouvert à tout le monde ; j’ai participé à ça, j’ai fait beaucoup d’autres trucs, j’ai fait Miss Eneam, j’ai fait beaucoup de choses, beaucoup de podiums, qu’il y en a même qui m’échappent.



Ayant entrepris des études en Télécommunications, qu’est-ce qui t’a conduit à la musique ?



J’ai adopté la musique comme métier, tout simplement parce que je trouvais que c’est ma manière de pouvoir communiquer avec les gens. C’est pour partager, avec les gens, certaines réalités que moi-même je vis ; j’ai trouvé que la musique, c’est la meilleure manière de communiquer, parce que ta promotion est jouée et tout le monde t’écoute, tout le monde écoute ton texte forcément. Donc, c’est là où je me suis lancé dans la musique. A part ça, aujourd’hui, moi, je ne fais pas la musique pour le business, je ne fais pas la musique pour me faire voir à la télévision, je fais la musique par passion, parce que j’aime vraiment la musique. Désormais, à part que je peux partager mes textes avec les gens, désormais aussi, vraiment, quand je chante, c’est la plus belle chose pour moi ; quand j’écoute mes sons, quand je vois ce que j’ai eu à faire aujourd’hui, quand je regarde mon parcours jusqu’à maintenant, même si je ne suis pas encore satisfait de ce j’ai eu à faire, je me dis que c’est le chemin que j’ai choisi aujourd’hui, coûte que coûte, vaille que vaille.



Quel est l’objectif que tu espères atteindre d’ici à 2019 ?



D’ici à 2019, si ça continue comme ça avance maintenant, aujourd’hui, j’espère atteindre le niveau de P-Square, de 2 Face, des artistes qui ont décollé internationalement. Pourquoi pas comme Fally Ipupa ? Pour moi, sur les singles à venir, je réserve beaucoup de surprises ! C’est que, ça va frapper d’une façon où tout le monde va s’étonner : « C’est lui qui a fait ça ? » Donc, voilà pourquoi je me dis, je serai peut-être comme ces artistes que je viens de citer, comme Magic System. Voilà.



Comment fais-tu pour financer tes activités artistiques ?



Pour le moment, c’est très dur, il faut le dire. Je profite de l’interview pour pouvoir lancer un appel à un producteur professionnel, à un promoteur qui peut aider, qui sent que la musique que je fais lui plaît, qui peut mettre la main à la poche pour pouvoir accompagner ce que je fais. J’appelle tout le monde, et je remercie encore le seul partenaire que j’ai pour le moment, Monsieur Sam, qui est le Directeur de Master Prod à Cotonou ; lui, qui, jusqu’à aujourd’hui, est en train de beaucoup faire vraiment. J’invite aussi tous les autres partenaires à pouvoir se joindre à lui, pour qu’on puisse réaliser ce que je t’ai dit en quelques mots.



Un dernier mot pour ceux qui lisent cette interview …



Je dis à tout le monde de me soutenir, pas parce que, peut-être, c’est Kam’s, mais de me soutenir par rapport aux projets aussi que j’ai derrière moi. Je ne fais pas la musique parce qu’il faut faire de la musique ; il y a beaucoup qui ont chanté comme moi, qui ont chanté des morceaux d’espoir, mais, aujourd’hui, quand on regarde concrètement, ils ont fait ça pour du marketing. Mais, moi, je ne fais pas du marketing, parce que, en décembre, à part mon album qui est prévu, il y aura aussi un projet intitulé ’’Hop Message’’, qui va réunir tous les artistes de la place et pour recueillir des fonds d’aide pour les enfants orphelins, ceux qui sont dans les Ong, qui passent souvent le 25 décembre, comme ça, dans le noir, alors que, qu’est-ce qui me coûte, moi, de faire trois morceaux sur scène, sans qu’on me paye, pour ces enfants soient heureux ? Cela ne me coûte rien. Qu’est-ce que ça coûte à Zeynab, à Ardiess, à tout le monde ? Cela ne coûte rien de venir faire ce podium pour que, avec toutes les entrées qu’on aura, on puisse aider ces enfants. Donc, c’est ça le projet que j’ai pour montrer que je ne dis pas le message de l’espoir parce qu’il faut le dire dans la bouche ; je le dis et il faut aussi réaliser les choses concrètes qui vont avec.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo


Pour joindre l'artiste directement: franckparis10@yahoo.fr / kevinvirgal@yahoo.fr / Tél.: (00229) 96.14.71.00





Don emiliano, musicien béninois


Vicissitudes de la musique au Bénin


Une sirène traquée appelle au secours !


Il aura bientôt 42 ans. Qui peut croire que, dans un pays comme le Bénin, reconnu pour sa démocratie, il puisse y avoir encore des exilés ? Il en est un mais, sur le plan musical. La particularité de sa situation est que la persécution dont il se plaint d’être la victime, le pousse à restreindre ses mouvements dans tout le pays et à se recroqueviller à Lokossa. Ce n’est pas un moindre nom qu’il clame dès qu’il faut placer un auteur sur les tracasseries dont il se plaint. C’est à la limite du cauchemar !
Il a sorti son premier album de six (6) morceaux, en 1998, qui porte le titre ’’Zon mi ma wa’’ et qui danse sur plusieurs rythmes musicaux, dont la salsa originale et le « sinhou », issu du « tchinkoumè », ce qu’il se plaît à appeler la musique aquatique. Selon lui, le succès de ses titres sur les radios, au début des années 2000, a suscité la fougue de son persécuteur qui semble lui reprocher de pratiquer le même rythme que lui, et même mieux ! D’où, la chasse de ce baobab de la musique béninoise contre lui ; le nec plus ultra de cette persécution a été l’annonce de la mort de ce musicien qui, en ce moment, était vraiment très jeune. Sur certaines radios donc, sa mort fut annoncée tambour battant, alors qu’il était bel et bien vivant.
Notre artiste va jusqu’à affirmer qu’il a dû aller se cacher à Lokossa, pour se faire oublier. Il vit de prestations musicales ponctuelles qu’il exécute sur les places publiques, dans les marchés et partout où il se sent capable de réunir un petit monde pour l’écouter.
Ce jeune, qui appelle au secours, et qui voudrait bénéficier d’une protection de la part même des plus hautes autorités de l’Etat, s’appelle Don Emiliano, de son vrai nom, Emile Constantin Akodossoudé.



Marcel Kpogodo

samedi 22 août 2009

Hodall Béo et Boni Yayi


Selon Hodall Béo qui parle de Boni Yayi


« Le Chauffeur [doit être] assez vigilant, parce qu’il y a des pièges à l’intérieur de la voiture, comme sur la route … »

Quand le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd) s’invite dans la bande dessinée, c’est pour financer l’édition d’une bonne dizaine de bédéistes béninois. Hodall Béo, qui est l’un d’eux, a accepté de se confier à nous, à ce propos, ce qui n’a empêché d’aborder avec lui beaucoup d’autres sujets d’un intérêt certain, même ceux les plus inattendus.

Marcel Kpogodo : Hodall Béo, cela fait un peu longtemps qu’on a entendu parler de toi ; on est curieux de ce que tu deviens. Est-ce que tu es toujours à Cotonou, ou, est-ce que tu as effectué un voyage sur l’Etranger ?

Hodall Béo :
Non, je suis toujours à Cotonou et je continue d’exercer dans l’art plastique, dans le graphisme, en général, puisque, je ne suis pas seulement peintre, je ne suis pas seulement bédéiste, je ne fais pas que l’illustration, je suis aussi dans le montage vidéo, dans la réalisation. C’est beaucoup de secteurs d’activités déjà, que j’embrasse à la fois, c’est beaucoup de travaux qui me cachent énormément parce qu’ils sont demandeurs de ma présence et d’une certaine disponibilité.

On peut donc conclure que tu as abandonné la peinture …

Non, je n’ai pas abandonné la peinture. En fait, tout art se mûrit, se magnifie d’abord au cœur de l’artiste, donc, dire que j’ai abandonné, ce serait peu dire … Actuellement, dans mes activités, je n’ai pas suffisamment de temps pour m’adonner à la peinture mais, je fais quand même des peintures sur commande ; il ya des commandes qui me viennent, j’exécute des toiles et je les livre. Pour l’instant, la peinture conceptuelle qui consiste à penser l’art d’une certaine manière, qui vient de mon cœur, j’ai d’abord un peu arrêté cette forme de peinture mais, je continue de concevoir des toiles qui seront exécutées, je continue de planifier ce que l’avenir de ma peinture serait, ce qui est très important parce que, aller au pifomètre dans le domaine de la peinture, c’est œuvrer pour voir, un jour, son œuvre disparaître ; je ne suis pas dans cette logique-là. Je crois que l’artiste doit penser son travail et, c’est à cela que je m’attelle.

Que devient la série des « Zémidjans » ?

La série des « Zémidjans » continue. Entre temps, j’ai fait « Les Zémidjans protestent », « Les Zémidjans persistent » ; j’avais cassé le tout par « Assoclé et Bonou », qui est une bande dessinée humoristique parlant de deux jeunes adolescents, dans leurs tribulations à travers la ville de Cotonou. Actuellement, je me tourne vers la suite des « Zémidjans », c’est-à-dire le troisième volet de la saga, afin de faire une trilogie qui va donner naissance à cette série qui titre sur l’environnement de la circulation béninoise, avant de m’attaquer à d’autres personnages, pour faire prospérer davantage ma bande dessinée.


Il y a actuellement en circulation « Faoussah, la petite vidomègon » …

« Faoussah, la petite vidomègon » est, en fait, une idée que j’ai eue, c’est un projet de bande dessinée que j’avais déjà depuis très longtemps. Cela a vu le jour, grâce à l’aide du Psicd (Ndlr : Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées), sous le couvert de ce financement européen dont a bénéficié l’Association des bandes dessinateurs du Bénin, et qui a su nous accompagner, qui a permis à tous les bédéistes béninois d’avoir, aujourd’hui, sur le marché, une bande dessinée au moins, dans les rayons. Donc, c’est à cette occasion que j’ai finalisé les dessinés. « Faoussah, la petite vidomègon », c’est l’histoire d’une petite fille qui est un enfant placé et qui connaît les sévices de sa famille d’accueil.

Il s’agit donc de ton engagement contre le trafic des enfants …

En fait, tout artiste, aujourd’hui, qui réfléchit sur les différentes situations que vivent les Béninois, doit se tourner vers des thèmes récurrents qui embrigadent, qui enchaînent nos sociétés. Moi, quand, par exemple, je me tourne vers le problème du zémidjan, ce n’est pas du tout pour encourager le phénomène, c’est simplement pour avoir un regard critique sur ce qui se fait, quand je me tourne vers les vidomègon, c’est aussi pour avoir un regard critique, tout en restant un tout petit peu humoristique, afin que le drame ne soit plus trop dramatisé, afin qu’on regarde plus le drame avec une plus grande hauteur, et qu’on prenne de la hauteur par rapport à ces situations-là, et qu’on en rit plutôt que d’en pleurer.

As-tu des projets immédiats ?

Oui, j’ai des projets dans la bande dessinée. Par exemple, le troisième volet de la saga des zémidjans doit sortir très très prochainement, je m’attèle à cela. Je me tourne aussi vers des projets cinématographiques que je ne peux dévoiler davantage ici. Je crois que l’avenir nous le dira ; on me verra donc, non seulement dans la bande dessinée, mais dans d’autres formes d’expression artistique.

Quel regard un artiste comme toi porte sur les trois années du régime du Changement ?

C’est un peu délicat de répondre à cette question. Vous savez, en matière de politique, c’est le choix, c’est l’engagement d’un leader qui a en face de lui des individus ayant des points de vue différents, parce que chacun voit les choses d’une certaine manière. Donc, pour pouvoir faire avancer la machine, - aujourd’hui, on parle du Chauffeur – si on doit rester dans le vocable du Chauffeur, pour que le véhicule puisse avancer, il faudrait que le Chauffeur soit assez vigilant, parce qu’il y a des pièges à l’intérieur de la voiture, comme sur la route. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, quelque part, le Changement tant prôné est venu ; il y a eu des essais d’avancée mais je crois qu’il y a certains problèmes qui restent encore entiers quant au fait, par exemple, de savoir quelle est la place que l’art occupe dans le cœur du leader politique d’aujourd’hui ; est-ce qu’un jour, les artistes pourraient dire : « Tiens, on a une école de formation de laquelle on sort avec des compétences qu’on peut vendre à l’international » ? Si tant est que notre art n’est pas sous-tendu par une formation pure et dure, on ne saurait se présenter comme des individus ayant un certain savoir-faire dans l’art, on restera toujours des tâcherons ; tant que cela durera, on ne sera jamais professionnels, on ne sera jamais compétitifs sur l’échiquier mondial. C’est une situation que le Changement doit vraiment accomplir. Je crois quand même que, avec tout ce qui se fait, toutes les actions que le Chef d’Etat mène pourront peut-être, un jour, permettre aux artistes d’avoir un véritable idéal dans leur pays, sans forcément devoir voyager pour avoir cet idéal.

Un dernier mot ?

J’exhorte le Béninois à beaucoup plus d’attention vis-à-vis de l’art qu’il a autour de lui, parce que, les artistes apportent une dimension, une part de rêve à cette réalité-là qu’on vit ; il faudrait qu’il sache que ce n’est pas facile : l’artiste doit être encouragé, écouté, suivi. Le Béninois doit être moins indifférent à l’art que leurs frères essaient de mettre en exécution.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo


peinture au Bénin

Arts plastiques au Bénin

« L’Etat doit organiser le domaine du social », selon Kaman Esso


Si, «aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », la valeur relève aussi de l’accumulation des années, notamment, dans le domaine des œuvres de l’esprit. C’est, semble-t-il, ce qu’il est possible d’affirmer concernant l’artiste-peintre béninois, Kaman Esso. Sa sagesse, incontestablement, subtile, se révèle dans cet entretien, où il nous parle de lui, de sa pratique artistique, et du social, tel qu’il pense que l’Etat doit l’exercer.




Marcel Kpogodo : Bonjour Monsieur, vous êtes artiste-peintre béninois. Nous vous avons découvert très récemment. Est-ce que vous pouvez vous présenter un peu ?


Kaman Esso : Merci Monsieur. Mon nom, c’est Houessou Lucien ; je suis de la famille Houessou, ressortissant d’Agonlin. C’est une famille qui a émigré à Pobè, dans le Plateau. Justement, je suis devenu artiste-peintre, mais, ce n’est pas une affaire qui vient de commencer, puisque cela fait très longtemps que j’ai exercé mon apprentissage en imprimerie et que je me suis donné à ce corps de métier. Déjà, depuis mon jeune âge, lorsque j’allais à l’école, je m’étais toujours donné au dessin. Le dessin, c’était toujours mon favori. Donc, je suis obligé de reprendre le pinceau aujourd’hui, parce que, nous savons très bien que l’homme ne vit pas seulement avec tout ce qu’il connaît, on ne doit pas toujours attendre ce que l’on cherche. Comme on le dit, à défaut de ce que l’on cherche, on se contente de ce que l’on trouve. Donc, je suis devenu peintre, si non, j’ai repris ma vie antérieure. Alors, le domaine que j’ai choisi, surtout, dans la peinture, c’est presque tous les domaines. Celui qui m’a le plus attiré est l’abstraction. Je fais aussi de la philosophie : tout ce que je peins aujourd’hui, c’est par rapport à ce que j’ai déjà dépeint dans mes articles. Il est vrai, je n’ai pas encore une édition, mais, j’ai une didactique qui me permet, aujourd’hui, d’envoyer mes messages à qui bien veut, parce qu’on dit souvent que la philosophie de chacun ne sied qu’à soi-même. Cela étant, je ne veux pas trop stationner sur les données philosophiques. Mais, je crois que c’est avec la peinture seulement que je peux m’exprimer aujourd’hui.

Avez-vous un nom d’artiste ?

Oui, je m’en suis donné. Avant toute chose, l’idéal veut que l’on se réfère à certaines circonstances de la vie. Donc, le nom que je me suis donné, après avoir beaucoup réfléchi, c’est « Connaissons nos limites ». En yoruba, cela signifie « Ka man esso » ; en fon, on dit : « Mi ni toun djrè mi ton ». C’est cela mon nom d’artiste.

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Ce nom ne s’apparente qu’à moi seul ; c’est tout singulièrement que je l’ai choisi. Je crois que, de par le monde, nous sommes confrontés aux mêmes difficultés, aux mêmes problèmes. Beaucoup de philosophes l’ont déjà dit : tout excès nuit ; lorsque vous exagérez sur quelque chose, que vous enviez quelque chose qui, tant bien que mal, vous parvient, il me semble qu’il ne faudrait pas en exagérer. C’est pour cela que je me suis dit que ce nom me satisferait plus que d’autres, parce que, je ne suis pas de nature à compliquer ma vie.

Quel est le message que vous voulez porter à la connaissance du public, à travers la peinture ?

Le message que je porte, c’est, comme je venais de vous le dire, à partir des didactiques que j’ai préparées, c’est sur le problème de la mentalité humaine, ce qui m’a toujours poussé à comprendre que, dans notre existence, nous nous sommes donné un caractère privilégié d’être humain, d’être humain, (expression ainsi répétée dans l’interview), c’est-à-dire, l’homme créé, en toute symbiose par la volonté d’un Dieu, un Dieu que nous chérissons, parfois, lorsque tout va bien, et que, d’un autre côté, lorsque cela ne va pas, nous n’hésitons jamais à incriminer des petits problèmes que nous nous fabriquons nous-mêmes. Donc, mon message est parti de là ; il me semble que, pour être sincère envers soi-même, le problème de la mentalité s’impose, parce que, le mental, c’est qui se confère au calcul. Si l’homme ne calcule pas, ne fait pas des analyses, je pense bien que tout ce qu’il promet de faire sera toujours des choses illusoires. C’est à partir de là que je me suis dit que, ce que je dois défendre, ce que je défends toujours, cela, ce n’est pas parce que j’ai repris la peinture aujourd’hui. C’est depuis très fort longtemps ; j’ai rencontré des déboires, c’est vrai, mais, je pense que, à partir de tout ce que j’ai rencontré, je me suis demandé si, en fin de compte, le problème serait de moi-même ou de quelqu’un d’autre. Alors, je me suis dit qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse justifier tout ce qui se passe, c’est le mental humain.

Quel type de peinture faites-vous ? Quels matériaux utilisez-vous ?

Je manipule toutes sortes de peintures. Mais, pour le moment, c’est de la toile que je peins ; qui dit ’’toile’’ parle de la peinture à huile, souvent. Si non, la peinture à eau n’est pas conseillée pour certains travaux. Les peintures qui se font sur des supports légers, comme le papier, et certaines qualités de tissus, par exemple, on peut les faire avec de la peinture à eau ; ces qualités d’œuvres n’ont pas besoin d’être exposées à la poussière, tandis qu’avec la peinture à huile, à n’importe quel moment, on peut les relaver, les reconstruire, et puis, cela passe. Si non, c’est la peinture à huile que j’exploite.

Est-ce que, aujourd’hui, vous vivez de votre art ? Parvenez-vous à faire connaître ce que vous faites au grand public ? A quelle étape êtes-vous actuellement dans la pratique de la peinture ?

Toute ma vie, je l’ai passée dans l’imprimerie ; je ne viens que de reprendre le pinceau, comme je viens de vous le dire à l’instant, je ne me suis pas encore fait connaître du grand public. Si non, ce n’est que récemment même que j’ai commencé à peindre dehors ; tout ce que je faisais, c’est à l’intérieur que je travaillais. Je ne me suis pas encore fait connaître du grand public parce que, il me semble que, l’économie est le point afférent de tout ce que l’on peut programmer à faire ; on ne peut pas se lancer comme cela, vu l’âge qu’on a. Pour les jeunes, bon, d’accord, on peut se lancer et chercher des sponsors par-ci, par-là ; lorsqu’on a un certain âge, c’est difficile d’avoir les sponsors. Donc, j’attends ; si, toutefois, j’arrive à faire quelques tableaux, je pourrai trouver des endroits et les exposer, c’est tout ce que je pourrai faire, pour le moment.



Vous avez donc un appel à lancer …

Bien sûr que je ne me confie pas à lancer un appel ; je vous ai parlé de la question de l’âge et des moyens. L’argent est toujours le bienvenu à tout moment mais, je ne peux lancer un appel, alors que nous savons très bien que cela ne va pas un peu partout. Autant continuer seulement à me défendre comme cela ; avec le peu de moyens que j’ai, je paie mes produits, je suis en train de réunir mes tableaux. Cela dépend, si, toutefois, il y a des personnes avisées qui peuvent s’intéresser à ce que je fais, c’est tant mieux, on ne peut que le souhaiter ; s’il y a quelqu’un qui peut me venir en aide, d’accord. Si non, je crois que, malgré mon âge, je me sens toujours jeune ; je suis jeune. En ce qui concerne l’attente, je ne suis jamais pressé ; je ne peux pas me prononcer sur un appel quelconque.
Cependant, si appel il y a, c’est un appel que je pourrais peut-être me permettre de lancer, à l’endroit de nos autorités, en ceci que, franchement, notre social est en train de régresser ; ce n’est pas hier, ce n’est pas avant-hier, cela fait déjà des années. Nous sommes tous conscients de ce qu’il y a jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, nous parlons d’une nouvelle récession économique, de crise par-ci, de crise par-là. En ce qui me concerne, si j’ai dit, au préalable, que j’avais fait l’imprimerie pendant des années, et que les circonstances n’étaient pas réunies, je ne peux pas dire que j’ai eu de la malchance, j’ai toujours la chance d’avoir du travail. C’est que, nos autorités, - qu’elles me le permettent, je leur demande des excuses, chacun se défend tant bien que mal dans son domaine, - elles font tout ce qu’elles peuvent, c’est vrai, mais, concernant les points essentiels auxquels elles doivent s’attacher, moi, je leur demanderai de s’occuper du social, parce que tous ces petits problèmes que nous avons aujourd’hui, c’est parce qu’il y a manque de quoi faire. Si l’on dit ’’manque de quoi faire’’, c’est parce que qu’il n’y a pas un exergue portée vers la chose. C’est comme qui dirait : « Fais ce que je te dis, mais ne fais pas ce que je fais ».
Il me semble qu’à l’heure qu’il est, nos autorités doivent prendre le devant des choses, aller à la rencontre des populations à la base ; nous ne sommes pas tous convaincus de ce que nous pouvons faire ; ce que l’on peut faire, il y en a, mais, si les gens ne sont pas habitués à le faire, dès le départ, et que personne ne leur a montré ce qu’il faut faire, ils vont toujours passer à côté. Alors, on sera toujours en train de se replier sur soi-même, croyant que le monde est déjà perdu comme cela, et que nous avons tout perdu, alors que tout est à côté de nous. Il me semble que, à côté de tout ceci, il faut une grande prise de responsabilité, en ce qui concerne le social. Lorsqu’on parle du social, on a tendance à penser qu’il faut aller donner de l’argent aux populations, que c’est de l’argent qu’on attend. Non, ce n’est pas une question d’argent, c’est une affaire d’organisation parce que, lorsqu’on n’organise pas le social, que l’on décrète des lois, que l’on vote des lois, cela ne pourra jamais marcher. On souhaiterait que cela marche mais, je demande que l’on vienne à réfléchir sur pourquoi cela n’a pas marché. C’est parce qu’il n’y a pas d’organisation, à l’instar d’autres pays.
Pendant les 22 ans que j’ai passés dans deux pays étrangers africains, j’ai vu que c’est l’organisation. Si l’on n’organise pas un peuple, une population ou même un groupe d’individus, il y aura toujours dérapage, parce que, ce groupe d’individus, cette population, ou ce consensuel aurait une décision de nommer des gens à sa tête, qui puissent l’orienter ; ce n’est pas nous tous qui allons nous asseoir dans le fauteuil présidentiel. Je vais, par là, me référer aux propos d’une personnalité à qui je confère mes révérences ; il s’agit de Monsieur Robert Dossou qui n’a pas manqué de dire que ce n’est pas obligatoirement dans le fauteuil présidentiel, dans le haut lieu qu’on doit rester pour aider son pays ; il en a donné l’exemple sur lui-même. En me référant aussi à un certain souvenir d’Eustache Prudencio, il disait que nous ne pouvons pas vivre sans être dans notre propre mêlée, sans être ensemble. Je crois que, lorsque nos autorités prennent le devant des choses et disent que ceci doit être ceci, cela doit aller.

Si ce n’est pas trop indiscret, peut-on connaître votre âge ?

J’ai déjà presqu’atteint ma soixantaine.

Nous vous souhaitons beaucoup de chance …

Merci.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 3 février 2009

Théâtre au CCFde Cotonou



Représentation théâtrale au Centre culturel français de Cotonou


Saendou Amadou broie du noir


Après son fameux Je chausse du 45. Et toi ? ayant obtenu un succès fulgurant au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), édition 2008, tous ceux qui étaient curieux de suivre une nouvelle production de Saendou Amadou sur scène ont été servis. Mes 2 p’tites dames, le titre de la pièce de théâtre, dont il est encore l’auteur, a été représentée, vendredi 23 janvier dernier, au Centre culturel français(Ccf) de Cotonou. L’occasion pour le jeune dramaturge et metteur en scène béninois de laisser percevoir par le public un certain état d’esprit : le pessimisme.


Marcel Kpogodo


Un grand rideau noir en fond de scène et surgissent deux chaises et une table sur laquelle il y a un repas et une bouteille de boisson. Dans ce décor sobre apparaissent également, l’une après l’autre, deux femmes, vêtues, de la tête aux pieds, en tenue de deuil, chacune, dans un style vestimentaire spécifique. Le spectateur ne tarde pas à comprendre que la situation du jour consiste en des funérailles d’un homme décédé, laissant une grande fortune et deux épouses qui sont deux sœurs jumelles, l’une, légitimement mariée à lui et, l’autre, non. En réalité, Joseph Codjovi, l’époux défunt, Directeur de la Prévention nationale anti-sida, est un faux porteur du virus mais qui, grâce à sa position, s’enrichit énormément par la grosse manne d’argent dont il dispose pour la lutte contre le mal du siècle et, au nom de tous les malades du pays. La réussite de l’imposture est le fait de l’une de ses femmes qui, grâce à un laborantin qu’elle avait rencontré dans un centre psychiatrique où elle était internée, a obtenu les faux résultats positifs au test du Vih/sida.


Le noir partout


En dehors du noir profond du décor, constitué par le grand rideau de cette couleur et par les vêtements des deux femmes, d’autres noirs. D’abord, la guerre pour l’héritage, qui s’engage entre les deux femmes. Pour la circonstance, elles n’ont plus rien de sœurs jumelles mais donnent l’impression de vautours impitoyables, acharnés à s’approprier les riches restes de leur « mari » ; il n’est pas facile de les percevoir comme des veuves joyeuses. Le sentiment amoureux n’a plus sa place ; la conclusion qui s’impose est le fond d’intérêt matériel et pécuniaire qui sous-tend les unions maritales et qui, semble-t-il, déterminent les femmes à l’amour et au mariage.
Dans la même logique du noir, l’épisode de l’une des sœurs jumelles, instrumentalisée dans le passé par un chef de couvent, en tant qu’objet divinatoire, d’où la folie dont elle est victime par la suite ; c’est l’incursion dans l’univers mystérieux et apparemment redoutable de l’ésotérisme des pratiques de fétiche. Cette pièce est aussi celle d’un haut niveau d’immoralité : les deux sœurs rivales et adversaires sont aussi d’intenses lesbiennes.
Par ailleurs, le dénouement de la pièce est d’un noir plus profond que tout : les deux veuves se trouvent tuées. C’est le renoncement regrettable de l’auteur de la pièce à la logique du « happy end ». Qui a-t-on voulu punir et, de quoi ? Pour quelle conviction ? N’y avait-il réellement aucune possibilité de récupération morale de ces deux femmes cupides mais qui ont eu le mérite de n’avoir pas été emportées dans le flot mortel endigué par la providence ? Si l’écrivain détient le même pouvoir de création que Dieu, pourquoi n’imite-t-il pas l’être suprême jusqu’au bout en rachetant le pécheur ? Pourquoi ce pessimisme chez Saendou Amadou qui nous donne une fin tragique, catastrophique, réduisant ainsi à néant toute capacité à croire que malgré les vicissitudes auxquelles l’existence soumet l’homme, celui-ci n’a aucun autre choix que l’espérance en une vie meilleure ? Avec ce choix, le dramaturge ne s’inscrit-il pas dans la logique d’un plus noir que lui, Olympe Bhêly-Quenum, qui, avec un Ahouna candide et intègre, finit son Piège sans fin en le soumettant à la fatale incinération du bûcher ? L’Afrique n’a plus besoin de cette teinte noire qui envahit ses œuvres littéraires s’identifiant à la logique inacceptable dans laquelle la communauté internationale se plaît à la plonger : guerres, génocides, sécheresses, famines, sida, … D’ailleurs, les dirigeants africains eux-mêmes ne font rien pour casser une telle spirale.


Des points de blanc ...


Au-delà d’un dénouement qui casse le bonheur qu’avait éprouvé le public à suivre, en avril 2008, au Fitheb, Je chausse du 45. Et toi ?, une pièce inimitable par la lutte permanente de l’auteur pour restituer une intrigue voguant dans le perpétuel inattendu et aboutissant à un happy end d’autant plus extraordinaire, plaisant qu’inespéré, Mes 2 p’tites dames recèle de plusieurs niveaux de mérite : le public s’est difficilement ennuyé, vu que la pièce comportait de nombreux temps forts, les deux personnages féminins passaient très facilement de la danse à la bagarre, de la bagarre à la joie, des rires aux pleurs, de la jovialité à la haine, du passé noir au présent prometteur d’un futur radieux. En outre, même si le jeu d’Akofa Kougblénou et de Rosaline Daguè, les deux actrices incarnant les veuves, a manqué de réalisme, à quelques rares niveaux du déroulement de la pièce, elles ont réussi à restituer l’atmosphère intime propre au labyrinthe sinueux de la ruse féminine fondées, en même temps, sur la jalousie et le détachement amoureux, et à faire détester par le public la transformation par les institutions humaines de la pandémie du sida en une entreprise pour enrichir les cadres.

Le Peintre Africain, une fixation sur le code de la route


Vue sur un artiste


Le Peintre Africain, une fixation sur le code de la route

Kiffouly Youchaou, Le Peintre Africain

Au détour d’un vernissage au Centre culturel français de Cotonou (Ccf), une conversation libre s’engage avec l’artiste béninois qui aime se faire appeler Le Peintre Africain. Il suscite l’intérêt par l’utilisation civique qu’il pense que l’on peut faire du code de la route.


Marcel Kpogodo : Bonjour Monsieur, vous êtes artiste béninois, veuillez mieux vous présenter à nos lecteurs ….


Le peintre Africain : On m’appelle Kiffouly Youchaou ; mon nom d’artiste, c’est « Le Peintre Africain ». Je suis de spécialité « Sculpture » ; je sculpte le bois et, je suis autodidacte, en fait. Je pratique depuis plus de quinze ans ; j’ai suivi de nombreuses formations en sculpture sur bois. Après cela, j’ai été en Allemagne et, je suis revenu. Puis, j’ai voulu aussi aider mon pays, apporter ma pierre à l’édifice de sa construction.


Quelle est votre ligne artistique ?


En ce qui concerne ma démarche artistique, j’utilise les restes, c’est-à-dire les récupérations, j’utilise les capsules ; après avoir sculpté le bois, je place les capsules. Mes œuvres ont pour but, spécifiquement, de lutter contre la pauvreté, contre l’incivisme sous toutes ses formes, en Afrique et au Bénin.


Quelles sont les idées qui reviennent souvent dans vos œuvres ?


Dans mes œuvres, vous allez voir, par exemple, que j’ai sculpté un arbre géant que j’ai exposé déjà à la Mairie de Porto-Novo, sur le code de la route. Sur cet arbre, vous alliez lire, par exemple, « L’autorité qui me manque de respect est loin d’être patriote ». J’ai constaté dans mon pays, le Bénin, que beaucoup d’autorités brûlent le feu, manquent de respect aux panneaux de la route ; ceux-là sont loin d’être patriotes. Vous savez, dans un pays où on ne respecte pas le code de la route, ce pays est loin d’être émergent. Disons-nous la vérité …


On peut dire que vous êtes un artiste engagé …


Oui, je suis un artiste engagé ; depuis fort longtemps, je suis en train de lutter … Savez-vous que le Bénin n’a pas une Place de l’Indépendance, à l’instar de pays comme le Ghana, le Burkina Faso et le Togo ? On a toujours dit dans nos langues maternelles que « quand on ne sait pas où l’on va, il faudrait au moins savoir d’où l’on vient »…


On dirait que vous êtes un peu pessimiste sur le Bénin …


Non. Vous savez, je suis quelqu’un qui, comme beaucoup de patriotes, comme beaucoup d’enfants béninois qui ont voyagé, qui sont sortis de leur pays, je veux quelque chose de propre pour mon pays, oui, je veux voir, j’ai un rêve : voir l’enfant béninois respecter le code de la route, le feu, même à trois heures du matin, quand la voie est libre ; faire respecter un feu rouge, c’est mon rêve, parce que, avec le code de la route, on peut éduquer tout une nation.


Un dernier mot ?


J’invite les autorités de ce pays à donner le bon exemple, rien que le bon exemple ; qu’elles se posent la question : « Qu’est-ce que je veux que l’histoire retienne de moi ? », parce que l’homme est passager sur cette terre.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo