Musique béninoise
Edou: '' [Mon album] est un album de très haut niveau ''
Edou, de son vrai nom Edouard Ayidomèhou, a fait l’objet d’une grande curiosité auprès de ses compatriotes béninois, après la sortie de son premier album, Un mot. A travers cette interview qu’il vient de nous accorder, il lève un coin de voile sur tout ce que les Béninois voulaient savoir sur lui : son évolution dans le monde musical, les thèmes qui lui sont les plus chers, la psychologie qui est la sienne, … Voilà Edou dans tous ses réels états !
Marcel Kpogodo: Bonjour Edou. Depuis la sortie de votre premier album, il y a quelques mois, vous êtes à la mode actuellement à Cotonou. Vous êtes musicien béninois mais, quel est votre parcours, vous êtes parti d’où pour arriver à ce niveau ?
Edou : D’abord, je vous remercie. Je me présente : Edou, artiste-chanteur. Mon parcours : je suis parti d’abord de la Côte d’Ivoire, où j’ai reçu une formation au sein d’un groupe qui m’a, très jeune, découvert et qui est l’orchestre de l’Université d’Abidjan, où j’ai eu mes premiers pas, en tant que chanteur. Et, après, dans le même temps, il n’y avait pas de chanteur. Donc, j’ai été chanteur leed de cet orchestre. Ensuite, dans le même laps de temps, j’ai pu rencontrer Meiway qui a été émerveillé lors d’une répétition avec ses musiciens ; j’étais avec l’un de ses choristes, qui a demandé à ce que je les aide à chanter, vu que Meiway n’était pas là et que je connaissais pas mal de chansons de lui. Et, comme Meiway était un modèle pour moi à cette époque, je maîtrisais en fait tout son répertoire. Donc, plus d’une heure après, pendant la répétition, Meiway est arrivé lui-même répéter, il m’a vu en train de chanter ses propres chansons, il était étonné parce qu’il n’avait jamais rencontré un petit garçon en train de chanter sa chanson, exactement comme lui, dans la même gamme. Je pense que c’est ce qui l’a vraiment ébloui ; il a demandé si je voulais être recruté au sein de son orchestre pour recevoir une formation de chanteur et de chanteur-choriste, ce que j’ai accepté, parce que je pense bien que toute personne n’aurait pas refusé une telle offre. Donc, c’est parti comme ça ; dans la même année, j’ai fait la connaissance de Nayanka Bell également, qui m’a recruté pour être son choriste. Ainsi de suite. Au sein de l’orchestre de l’Université, on arrivait à accompagner des artistes, d’où je jouais le rôle également de choriste de ces artistes-là : il y a eu Tiken Jah Fakoly, le groupe RAS, Mathey, Alice Sofa, David Tayrault, en fait, pas mal d’artistes. Toutes ces formations m’ont amené à partager des scènes dans de grandes salles du Palais des Congrès, de l’Hôtel Ivoire, toujours à Abidjan, avec le groupe Extra Musica, Wenge Musica Maison Mère et Wenge Musica BCBG, j’ai partagé des scènes où j’étais choriste, pour Nayanka Bell, toujours dans certaines grandes salles de l’Hôtel Ivoire, j’ai eu l’opportunité d’être choriste d’un soir de Lokua Kanza qui est une référence, une grande figure de la musique africaine. Partant de là, avec tout ce parcours que j’ai eu à un moment donné, j’ai senti le besoin de connaître mes origines ou de venir apprendre à connaître mes origines béninoises. Donc, c’est comme ça que je suis arrivé au Bénin et, de manière inattendue, j’ai eu la proposition, comme cela, de travailler dans un orchestre ici, au Restaurant Le Berlin, qui était le groupe Feeling Stars de Monsieur Rock Quenum ; j’ai travaillé avec cet orchestre pendant un an et demie. Et, après, j’ai été sollicité pour être chanteur dans certains cabarets de la place, ici à Cotonou. Je pense que c’est toute cette expérience-là qui m’a servi aujourd’hui également de pouvoir rencontrer un producteur de taille, à qui je ne dirai jamais assez « Merci », parce qu’il a cru en la capacité vocale que j’avais, au talent, en ma petite personne et, je pense qu’il a eu confiance, il a investi, il a mis les moyens qu’il fallait pour produire un album de bonne facture. Je pense que c’est tout ce travail qui s’est fait, avec toute l’expérience acquise, qui a donné naissance à l’artiste Edou que je suis.
On peut avoir le nom de ce producteur ?
Monsieur Jules Gbaguidi.
Votre album comporte combien de titres ?
Mon album comporte dix titres. C’est un album riche en couleurs et près de 70% de ses textes parlent d’amour, sur plein de bords. Dans cet album, j’interpelle également à ce que chacun de nous puisse croire en ce qu’il fait et que, dans la vie, il ne faudrait jamais baisser les bras, il faudrait toujours croire en ce que nous faisons ; il y a une heure qui vous est proprement destinée et, par rapport à cette heure-là, quand elle sonne, nul ne peut la retenir. Je pense que ça a été la mienne, cette année, et je demande à ce que chacun de nous tous, autant que nous sommes dans ce monde, que chacun puisse garder un espoir et croire à son jour
En dehors de cela, il y a une chanson où je rends grâce à Dieu pour tous les bienfaits qu’il m’a accordés et je parle également à certaines personnes qui se découragent dans la vie ; je leur demande de ne pas se décourager, de croire en Dieu, parce que, quel que soit ce qu’on fait, quel que soit ce qu’on se fixe comme but dans la vie, il faudrait croire en Dieu parce que, à un moment donné, Dieu vous donnera la chance. J’ai énuméré comme ça, à travers cette chanson, l’histoire d’un employé qui est resté longtemps, pendant des années à la servitude, et qui ne croyait plus à la réussite, qui a confié sa destinée à Dieu, afin que Dieu lui donne la chance de pouvoir être un jour autonome et ne plus dépendre de quelqu’un.
Vous avez également d’autres textes qui parlent de séparation douloureuse entre monsieur et madame, qui se sont séparés sur un coup de tête. Voilà, il y a un peu de tout.
A travers quels rythmes musicaux il faut vous identifier ?
C’est d’abord un premier album. Pour des personnes comme moi qui ont eu à toucher à un peu de tout - parce que nous passons de cabaret en cabaret et qu’on arrive à faire tout genre musical -, il n’est pas évident de faire un album et qu’il soit accepté ; cela ne signifie pas que je suis en train de dire qu’on ne peut pas avoir fait tout ce trajet et faire un album dans un seul genre et ne pas réussir. Mais, moi par exemple, j’ai fait un peu de tout, parce que, réellement, j’ai été un chanteur à variétés, dans presque tous les genres de cabarets, j’ai fait des chanteurs africains, j’ai fait juste des standards, j’ai fait de la variété française, du zouk, un peu de tout. Donc, pour un premier album, s’il n’en tenait qu’à moi, j’aurais fait de la world music à coloration internationale et africaine, du genre Lokua Kanza et Garou. Mais, c’est vrai que tous ceux qui m’ont vu sur des scènes, des gens m’ont dit : « On aimerait bien que tu nous fasses danser, puisque tu nous as habitués à ça. » Donc, c’est dans cette optique que j’ai fait un album à variété africaine. Et, maintenant, je pense que ce qui aurait beaucoup plus plu aux gens, c’est dans cette optique-là que je travaillerais pour le deuxième album et pour les autres albums à venir.
On a vous a vu en featuring avec Ardiess Posse. Cela a quelle signification ? Est-ce que cela est la manifestation de votre intégration à la musique béninoise locale ?
En fait, je dirais que ça n’a pas de signification ... Ardiess, c’est une expérience pour montrer un tout petit peu aux gens qu’on peut associer un chanteur à un rappeur, qu’on peut associer par exemple des rappeurs à tout genre musical. Et, je pense que j’ai demandé à mes amis et frères du groupe Ardiess de pouvoir intervenir sur une chanson qui ferait une ambiance africaine internationale ; cette expérience a été bonne, c’est une chanson qui cartonne, qui plaît à beaucoup de personnes. Donc, je dirai que si cette expérience était à refaire, je la referais volontiers.
Actuellement, tu es à Cotonou. Quels sont tes projets immédiats ?
Mes projets immédiats, présentement : pouvoir permettre au peuple béninois d’être accessible à l’album d’Edou. Et puis, les projets à venir, ce sont mes voyages, mes tournées, ainsi de suite.
As-tu un dernier mot à l’endroit de tes fans, de tes admirateurs ?
A l’endroit de mes fans, honnêtement, j’avoue que je me posais pas mal de questions, à savoir si mon produit allait plaire au public béninois. Et, j’ai eu à le dire, il y a trois semaines, lors d’un spectacle, à Cotonou ici, où j’étais : j’ai été très ému, je le suis encore, de la manière très réceptive dont a réagi le peuple béninois. Honnêtement, je ne m’y attendais pas … Vous voyez, je vous en parle, j’en ai même la chair de poule, je ne m’y attendais pas ; et ça, ça m’a fait et ça continue de me faire un grand plaisir. J’étais également à certaines émissions sur certaines chaînes radiophoniques où j’ai vu la population appeler de Malanville, de Parakou, de Djougou, de Sèhouè, de Savalou, ainsi de suite, de Porto-Novo, même de Cotonou. Honnêtement, je ne m’y attendais pas, j’avoue que je reçois énormément de coups de fil … Franchement, ça fait un chaud au cœur de se sentir apprécié par la population béninoise. Et, moi, honnêtement, je remercie toute cette nation béninoise qui est réceptive à l’album et à ceux qui viendront également par la suite ; je la prierai de bien consommer cet album, sans hésitation, parce que c’est un album de très haut niveau. En reconnaissance à la manière réceptive du peuple béninois vis-à-vis de cet album, je prends l’engagement – une grande promesse, je dirai – de faire en sorte à ce que le deuxième album d’Edou soit spécialement pour le peuple béninois, une façon pour moi de dire « Merci » à la manière dont il a accepté le premier album ; je ne m’y attendais pas. Je lui dis gracieusement et énormément « Merci » ; le deuxième album, franchement, il n’en sera pas déçu, il n’en sera pas déçu.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo
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