jeudi 11 janvier 2018

Le ’’Guèlèdè’’, source d’inculturation de Sébastien Boko

Dans le cadre de la nouvelle démarche de l’artiste


Le jeune sculpteur béninois sur bois, Sébastien Boko, connaît une nouvelle orientation de son approche à son matériau favori. C’est une métamorphose dont il a fallu se rendre compte lors de sa dernière exposition au ’’Centre’’ de Godomey, dans le contexte de la deuxième édition des ’’Echos de Lobozounkpa’’, du début du mois de décembre 2017. Les quatre pièces qu’il y a présentées adoptent un profil familier aux connaisseurs des masques ’’Guèlèdè’’ auxquels il affirme être retourné, comme à ses sources.

Sébastien Boko, en compagnie de ses Amazones du ''Centre''
« Je veux avoir un pied dans ma culture ; ma base, c’est l’Afrique ». Les propos dévoilant la conviction intime et forte qui régule désormais l’inspiration créatrice de Sébastien Boko, lui dont l’essentiel de la gestion du temps professionnel consiste à modeler le bois, à lui donner forme humaine et vie, sous le prisme d’un thème, d’un message, d’une conception de la vie, une conviction et une réflexion qu’il a manifestées, quelques jours seulement après le vernissage, le 8 décembre 2017, de l’exposition dénommée ’’Amazones’’, au Centre de Godomey, elle qui a été organisée dans le cadre d’une manifestation culturelle de trois jours, propre à cet espace culturel : ’’Les Echos de Lobozounkpa’’. L’exposition indiquée s’achève le 27 janvier 2018.
Ainsi, les quatre pièces que présente l’artiste-sculpteur à l’appréciation du public sont des personnages debout, moulés dans un vêtement qui leur prend tout le corps. Un choix créatif que Sébastien Boko explique par la volonté qui l’anime de partager avec les visiteurs la réalité intrinsèque du masque ’’Guèlèdè’’ qui est désormais sa source d’inspiration : « Le ’’Guèlèdè’’, ce ne sont pas juste des masques en haut ni des danses qui existent en haut, c’est aussi et, surtout, un accoutrement entier, c’est un ensemble, c’est, du haut en bas, le pagne qui déforme la silhouette, de la tête aux pieds, avec des clochettes ». 
Les ''Amazones'' de Sébastien Boko
« Le ’’Guèlèdè’’ symbolise la danse de l’homme pour magnifier la femme ; il s’agit des femmes qui travaillent, qui ont un métier pour se nourrir, les cantinières, les cadres, les politiciennes, … », a-t-il poursuivi avant de conclure, en se rattachant au thème de l’exposition collective ayant vu rigoureusement sélectionner une dizaine d’artistes plasticiens béninois, de la nouvelle génération : « Pour moi, ce sont elles, les amazones ; il fallait que je rende hommage à ces femmes qui se battent à leur manière ». 
En réalité, le sommet de chacune des quatre sculptures représente des outils symboliques orientant vers le métier de ces amazones de l'époque contemporaine.
Puis, les lèvres de l’artiste arborent quelques salutaires conseils à l’endroit de la gent féminine laborieuse : « Même si les hommes font les femmes, ils ne peuvent jamais les réaliser, elles doivent être déterminées ; le travail seul peut les rendre indépendantes et, je ne veux pas d’une indépendance qui devienne un handicap à leur épanouissement ». 
Se rapportant à son adoption du culte ’’Guèlèdè’’ qui, désormais, fonde, renouvelle et enrichit sa démarche de travail, Sébastien Boko montre sa préoccupation de rendre remarquable toute la chaîne des métiers humains intervenant dans la réalisation de ce masque : « Il m’est important de montrer, d’attirer l’attention sur les tous types d’acteurs qui interviennent sur le Guèlèdè’’, à divers niveaux ». Ceci n’empêche qu’il exprime que la pratique du culte lié à ce masque relève d’un patrimoine domestique : « Le ’’Guèlèdè’’, c’est chez moi que ça se fait ; je suis issu d’une famille qui le pratique depuis des générations, par les joueurs et les danseurs qui l’animent, à Naogon, en région Agonlin ».

L'usine de Sébastien Boko
Du retour à ses sources ancestrales, Sébastien Boko aboutit à une totale et réelle vocation artistique débouchant sur la conception industrielle de la sculpture ’’Guèlèdè’’. A son atelier de travail, qu’il a bien voulu exceptionnellement dévoiler, une multitude de personnages viennent à la vie, façonnés dans un thème plus que précis : ’’Voiles féminins et masculins’’.


Marcel Kpogodo 

mardi 9 janvier 2018

Quand Oswald Homéky flirte avec la mafia

Dans le cadre de la gestion des dossiers du Bubédra


Le 22 décembre 2017 s’est tenue, à la Salle de conférence du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, une séance d’information organisée par le Conseil d’administration (Ca) du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), en direction des artistes du Département du Littoral. Du compte-rendu des activités du Bureau en fin de mandat de cette structure, présenté principalement par son Président, Eric Thossou, alias Eric Thom’son, il ressort que le tout nouveau Ministre de la Culture, Oswald Homéky, soutient, par un certain laxisme, la rébellion d’une douzaine de fonctionnaires de l’Etat face à une mutation opérée, plusieurs mois plus tôt, ce qui laisse croire à la compromission de l’autorité avec une mafia qui exerce dans la distraction des ressources dues aux artistes, et logées au Bubédra.


Oswald Homéky

Flora Fannou, Bruno Lokossa, Gauthier Sossou, Romain Djoffon, Jean-Baptiste Adjovi, Joseph Kiti, Elias Hounsou, Ferdinand Olouronto, Akitola Odoun-Iran, Félix Olougouna, Toussaint Kodégnonn et Laurent Sossaminou. Les douze agents de la structure sous tutelle du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports (Mtcs), qu’est le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), couverts par le Ministre Oswald Homéky, qui refusent de se soumettre à l’ordre de leur affectation dans d’autres services, un acte qui a été pris depuis le 27 octobre 2017, sous la référence n° 056/MTC/DC/SGM/DAF/SA, par Richard Sogan, Secrétaire général du Ministère de la Culture, ayant agi sous les ordres d’Ange N’Koué, ancien titulaire du département ministériel, à en croire les explications d’Eric Thossou, au cours des échanges avec les artistes.
Selon cette personnalité, le refus de ces agents de s’exécuter a pris une allure de « défi » à l’autorité de l’Etat, en général, et, en particulier, à celle du Directeur général (Dg) du Bubédra, Samuel Ahokpa qui, le 13 novembre 2017, a pris la Note de service n° 1029/MTCS/BUBEDRA/SG/DAF/SA, pour organiser la passation de services entre ces mutés et les agents réceptionnaires de leurs charges respectives. Rien n’y fit. « Ils défient la République avec la complicité du Syndicat du Ministère », s’est outré Eric Thossou, après avoir expliqué qu’il a personnellement rencontré les intéressés qui n’ont en aucun cas voulu se justifier sur leur refus de rejoindre leurs nouveaux postes de mutation, arguant que seul le Syndicat des travailleurs du Mtcs pouvait se livrer à cette justification. Grave de leur part, vu que le Conseil d’administration chapeaute la Direction générale du Bubédra !


De gauche à droite, Serge Yéou, Eric Thossou et Euloge Béo Aguiar, membres du Ca du Bubédra, au cours de la séance de reddition de comptes 

Comme s’il n’en était pas assez, ces rebelles « refusent de travailler et bloquent toute activité » au sein de cet Office du Ministère de la Culture. C’est ainsi que, pour Eric Thossou, certains parmi les agents concernés se sont compromis dans des actes de sabotage des activités : aspersion de mixtures occultes dans des bureaux, blocage du matériel de la Commission technique d’Identification des œuvres par le changement du cerveau de la serrure de la porte sans en aviser Samuel Ahokpa, blocage des clés du matériel roulant, sans oublier que, pour le Président du Conseil d’administration (Pca), d’autres « sont trempés dans des vols, dans le détournement de fonds relevant des redevances collectées sur le terrain, dans la fabrication d’artistes fictifs et de perception des droits » de ces pseudo-créateurs. Donc, il s’agit d’un club fermé de personnes ayant mis en place un système interne, secret de jouissance des fonds devant revenir aux artistes. Rien de bien loin d’une mafia. Et, comme l’a poursuivi le Président, ce sont autant d’actes qui mettent en péril le fonctionnement normal et efficace du Bubédra, surtout que Samuel Ahokpa, le Dg nommé récemment, a fait adopter par le Conseil d’administration son Plan d’actions stratégiques (Pas) qui peine à faire mettre en œuvre sa vision révolutionnaire du développement du Bubédra, surtout que, selon ce Pas, la question de cette mutation des agents devait avoir été réglée depuis juillet-août 2017.


La partition ministérielle

A son entrée en service, après sa nomination comme Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, Oswald Homéky s’est vu dans l’obligation de prendre connaissance des tenants et des aboutissants de la crise au Bubédra et, il ne tarda pas à prendre position. Pour Eric Thossou, plusieurs fois, il a reçu en audience des membres du Bureau du Syndicat du département ministériel, alors que ce n’est que le vendredi 5 janvier 2018 qu’il s’est donné de rencontrer les membres du Ca, pour se mettre au courant de leur version des faits. Bien avant cela, selon des sources dignes de foi, le Ministre, au cours d’une rencontre avec les travailleurs du Bubédra, au siège de l’institution, sis quartier Vodjè, le 2 janvier 2018, a promis d’annuler la décision de mutation des douze rebelles.
Dans le cas du respect d’une telle logique par l’autorité, il y aurait le jet d’un camouflet sur l’Etat, dans son autorité, sur le Ca et même sur la structure exécutive qu’est la Direction générale, qui, devant ces agents rebelles, ne serait plus que l’ombre d’elle-même, vu qu’ils n’auraient d’autre choix que de se réjouir de lui avoir fait mordre la poussière. Alors, l’ambiance de travail serait-elle désormais productive pour le Bubédra ?
Par ailleurs, au cas où Oswald Homéky prendrait fait et cause pour les agents non respectueux de leur ordre de mutation, cela prouverait la nullité du principe de la continuité de l’Etat, vu qu’un Ministre détruit, sans un motif imparable, la décision de son prédécesseur. De plus, étant donné les accusations de divers ordres de malversations pesant sur certains de ces travailleurs, les rétablir à leurs postes respectifs ne viendrait que confirmer les craintes des observateurs avertis : la compromission d’Oswald Homéky avec la mafia.


Marcel Kpogodo