mercredi 17 mai 2023

Aristide Agondanou outille des spécialistes en management musical

Dans le cadre d’une formation pratique


L’univers de la musique n’a aucun secret pour Aristide Agondanou. Cette personnalité tient une session de formation en management musical à l’intention des managers d’artistes musiciens. Elle se déroulera les 19 et 20 mai 2023 à Cotonou, au Bénin. Les inscriptions en restent ouvertes.


Aristide Agondanou, expert-formateur en management musical


25 personnes. Le nombre des participants qu’attend Aristide Agondanou pour la formation qu’il organise les 19 et 20 mai 2023 à Cotonou, au Bénin. Le thème en est : « Comment accompagner les artistes dans la gestion de leur carrière ».


Pour l’expert-formateur, cette session de renforcement des capacités est ouverte « à tous ceux qui ont envie d’accompagner un artiste ». A ce propos, il précise qu’elle concerne «  un agent artistique, un attaché de presse, un journaliste culturel, un manager ». De même, il annonce aux acteurs culturels liés au secteur musical qu’au cas où ils ne pourraient se libérer pour prendre part à la formation concernée, ils devraient y envoyer « les jeunes qui travaillent avec eux, les jeunes qui ont envie d’accompagner des artistes de la musique ».

 


Un contexte désolant, préoccupant


Un facteur de dysfonctionnements a amené Aristide Agondanou à initier la formation en management musical. Il a assuré la fonction de Directeur artistique du Festival international des Arts du Bénin (Finab). L’événement a eu lieu du 14 au 19 février 2023 dans trois villes du Bénin.


Il lui a été, alors, donné de constater des lacunes dans l’organisation des membres de l’équipe des artistes musiciens. « Lors des préparatifs du Finab dont j’ai été le Directeur artistique, on a demandé des fiches techniques mais celles qui nous ont été envoyées n’étaient pas compréhensibles par les techniciens qui étaient sur le festival ; ce n’était pas clair », se souvient-il.


« Lors de l’appel à candidatures, pour les artistes de la musique, la majorité des managers ont envoyé des pièces, des documents qui ne représentaient même pas leur artiste », continue-t-il à faire remarquer. « Nous avons eu la chance de connaître la plupart de ces musiciens et de ces artistes », assure-t-il. « Mais, les pièces que nous avons demandées d’eux, aux accompagnateurs, aux managers d’artistes, ils ne les maîtrisaient pas ; il y a eu trop de failles », a relancé Aristide Agondanou, avant de présenter des exemples précis.


« Lorsqu’on leur a demandé d’envoyer la fiche de distribution, les concernés nous appelaient pour nous chercher à savoir ce qu’on devait vendre, pour savoir de quoi il s’agissait, ce que cette expression signifiait. Dans un dossier de presse, ils ont des difficultés à comprendre ce qu’est une fiche de distribution, un plan de scène ; ils ont du mal à monter ces pièces, tout simplement, à faire la promotion de leur artiste ».


Se rappelant cette situation, le commentaire de la personnalité s’est imposé : « Cela était touchant, frustrant, surtout qu’au Bénin, il y a de grands musiciens, c’est-à-dire de la matière ». Dans le feu du constat, en pleine organisation du Finab, du manque de formation des managers béninois, Aristide Agondanou a conclu : « Il y a du travail ! ».

 


Prendre ses responsabilités


Aristide Agondanou ne pouvait laisser les lieux du management des artistes musiciens en leur état déplorable. « Nous nous sommes dit qu’il fallait que nous montions une formation pour échanger avec les managers, les accompagnateurs, les agents artistiques et pour apporter des solutions aux difficultés qu’ils ont ».


Pour concrétiser son idée, il est revenu à la réalité du bon fonctionnement de l’univers musical. « L’artiste est juste un créateur. Il faut une équipe managériale outillée pour l’accompagner », rappelle-t-il. L’expert en management musical a composé un programme de formation du corps des managers des artistes. Il s’est souvenu des conditions profondément mouvantes des normes en la matière. « C’est un métier qui évolue avec le temps. Donc, les nouvelles techniques, les outils qu’il faut utiliser pour accompagner un artiste, nous allons les présenter à tous nos collègues, acteurs culturels, ceux du domaine de la musique », promet-il.


La grande conviction de la personnalité à édifier les managers d’artiste dans les capacités techniques adéquates va de pair avec l’abondance du développement de ses idées : « Nous, en tant qu’acteurs, avec notre expérience, il nous incombe de partager notre expérience avec ces managers qui accompagnent les artistes, notamment, en ce qui concerne les dispositions à prendre lorsque l’artiste doit monter sur une scène. La plupart d’entre eux ne les maîtrisent pas », repart Aristide Agondanou, intarissable sur le sujet. Il s’en montre compréhensif : « Ce n’est pas de leur faute parce qu’il n’existe pas de grandes structures qui forment les acteurs dans les métiers de la musique, comme dans les autres disciplines ».


L'affiche officielle de la formation que donne Aristide Agondanou

Pour l’expert, l’absence du rayonnement extérieur de la musique béninoise est l’une des conséquences du manque de formation des managers d’artistes musiciens. « On a, quand même, de bons artistes, de bons musiciens, de bons chanteurs », se réjouit-il. Puis, il se questionne : « Il y a de la matière mais, pourquoi, sur le plan international, on ne trouve pas ces talents ? ».


Sa réponse en est implacable : « C’est parce que la faute en est, dans une certaine mesure, aux accompagnateurs. Quand un aveugle doit guider un aveugle, cela va être compliqué ». La mission d’édification que s’est donné Aristide Agondanou prend tout son sens. « Nous nous sommes dit que nous allons partager, avec nos collègues managers et avec ceux qui veulent accompagner des artistes, notre expérience, pour que ces erreurs que nous avons constatées, pendant le Finab, ne se reproduisent plus ; voilà l’idée première », achève-t-il.

 


Aperçu d’un contenu


A en croire Aristide Agondanou, la session de renforcement de capacités des 19 et 20 mai 2023 intègre des modules. Ils aborderont le management musical. Ce sujet sera présenté dans ses facteurs de fonctionnement technique d’une exploitation immédiate par le participant. Par conséquent, « il y aura plus de pratique que de théorie », clarifie l’expert. Il en justifie la pertinence par la particularité relationnelle du métier de manager. « Votre efficacité, dans votre carrière, dépend du type de rapport que vous établissez avec les autres, c’est une profession de personnes, d’où la communication est très importante », détaille-t-il. 


Il annonce la révélation de « définitions utiles », du montage du ’’media kit’’,  l’exposition et l’expérimentation, la soumission à des études de cas de l’ensemble des comportements professionnels du manager d’artiste musicien, dans leurs volets multidimensionnels. Pour le formateur, ces volets constituent la communication, la musique et l’univers de ses métiers auxiliaires, les contrats, puis, entre autres, les droits d’auteur, les droits voisins et leur gestion en rapport avec l’artiste que suit le manager.

 


Pour un certain coût


Les chapitres de la formation annoncée seront accessibles aux participants inscrits à un montant de Dix mille francs (10.000 F) Cfa. « C’est gratuit parce que la formation n’a pas de prix », en commente Aristide Agondanou. « Les pays de la sous-région considèrent des formations pareilles, à ce prix, comme un cadeau », approfondit-il.


Il étend à l’espace européen son regard du coût de ce genre de prestation intellectuelle.  « En France, l’ancien pays colonisateur, là où j’ai fait mes stages, dans les métiers de l’art musical, ce genre de formation coûte 185 euros, environ, 120.000 F pour 3 à 5 jours », informe Aristide Agondanou. Il se justifie définitivement : « On le fait gratuitement parce qu’on n’a pas eu de sponsoring, c’est sur fonds propres ».

 


Concernant les profils


Eric Topanou animera la session de formation avec l’expert, Aristide Agondanou. « A l’origine, psychologue-clinicien et psycho-thérapeute, il est un collègue qui a une bonne connaissance dans les métiers de l’art », le présente-t-il. « C’est un collaborateur avec qui j’ai animé plusieurs formations à la carte », ajoute-t-il. Il précise ses facteurs de connexion avec Eric Topanou : « Lui aussi a envie de partager avec des acteurs culturels son expérience et ses connaissances ».


Quant à Aristide Agondanou, il est un expert dans l’art musical, en particulier, et dans les arts et la culture, en général. Ses compétences sont plus reconnues, célébrées et demandées à l’international qu’au Bénin. Il est ancien fondateur et membre des célèbres ’’Gangbé brass band’’, ancien tourneur de ce groupe, ambassadeur, au Bénin, du festival marocain, ’’Visa for music’’ (Vfm) et, aussi, acteur culturel majeur multisectoriel.


Il organise la formation dont il est l’initiateur à travers l’Association ’’Adénikè’’ culture (Aac), en collaboration avec l’Ong, ’’Etoiles de la Fraternité’’. La session se déroule au centre culturel, ’’Pôle uni des Afro-descendants’’, sis quartier de Maro-militaire, à la rue des Missions, à Cotonou, derrière le ’’Bénin royal hôtel’’, au 567, Maison Lawson.

Marcel Gangbè-Kpogodo

lundi 15 mai 2023

Les jeunes urgemment attendus aux "Archi-teXtures"

Dans le cadre de la promotion du théâtre


La deuxième édition du programme, “Les archi-teXtures”, se tient bientôt. L'association, “Tout art un sens", en reçoit la candidature des jeunes passionnés de théâtre. Ce sera jusqu’aux environs de la fin de mai, pour une initiative dont Nicole Wida explique les fondements.


Nicole Wida, Directrice artistique des ’’Archi-teXtures’’

Le vendredi 26 mai 2023. La date butoir à laquelle sera close l’adhésion des jeunes à la deuxième édition des ’’Archi-teXtures’’. Les volontaires ont jusqu’à la date évoquée pour se manifester à l’association, ’’Tout art un sens’’, au courriel, toutartunsens@gmail.com, ou au numéro ’’Whatsapp’’, 67842973.


 “Les archi-teXtures” interviennent dans quatre domaines que sont la comédie, la mise en scène, la scénographie et la régie. Ils appartiennent à la création théâtrale. Les jeunes postulants qui seront retenus s'y trouveront formés. Particulièrement, le programme en question cible les jeunes des départements du Mono et du Couffo, notamment, ceux résidant à  Comè.


Selon Nicole Wida, directrice artistique du projet, “Les Archi'teXtures”, il « consiste en un vaste programme de brassage et de partage d'expériences, de création guidée avec et par des professionnels avertis, de même que de diffusion ».


Depuis la création d’une pièce de théâtre jusqu'au spectacle, les jeunes en constituent les réalisateurs. Chacun d'eux intègre une équipe. Il assure, respectivement, le rôle de comédien, de metteur en scène, de scénographe ou de régisseur. Les stagiaires seront coachés par des professionnels tels qu’Achille Sénifa et Michaël Todégo, des scénographes, et par Douriyath Dansou, spécialiste de la régie. Interviendront aussi, pour leur formation, les actrice et acteurs, Florisse Adjadohoun, Didier Nassègandé, Aristide Agbonagban, et Jean-Louis Kédagni.



Des objectifs des "Archi-teXtures"


Le projet s’articule autour de trois objectifs. Ce sont la création, la diffusion de spectacles par la formation des jeunes et la promotion de la jeune création théâtrale dans les départements du Mono et du Couffo. Il s’agit de mobiliser, progressivement, les populations autour des spectacles de théâtre.


A long terme, pour Nicole Wida, « le dispositif projette de mettre en place des troupes communales et des troupes scolaires de théâtre. L'atteinte de ces objectifs permettront à l'association “Tout art un sens” de contribuer, de cette façon, à la décentralisation des arts de la scène. Ceux-ci sont souvent concentrés dans les villes.



"Les Archi-teXtures", entre moyens de bord et innovation


Selon Nicole Wida, les ouvrages au programme dans les établissements scolaires constituent les principaux supports d'inspiration pour les jeunes comédiens tout au long des "Archi-teXtures". Ils seront amenés parfois  à adapter ce genre d’œuvre à leur création théâtrale. Quant aux jeunes scénographes, ils utiliseront « la technique de recyclage et de transformation des déchets » pour réussir leur scénographie. Pour la directrice artistique, cela s’effectue dans un contexte où les régisseurs rivalisent d'imagination pour créer les outils d'éclairage inspirés d'autres ressources lumineuses telles que le solaire.



Des spectacles itinérants aux ''Archi-teXtures''


“Les archi-teXtures” se déroulent sur cinq dates. Nicole Wida, concernant les étapes de l’événement, précise : « Nous avons la phase de sélection, tout juste après l'appel à candidatures, qui est en cours. Les résultats seront disponibles le mercredi 31 mai 2023 ».  Pour elle, une résidence de création aura lieu du 15 au 29 juin 2023 puis la restitution en interviendra le 30 juin. Les œuvres créées donneront à voir, dès le 1er juillet 2023, trois spectacles qui parcourront des espaces et des centres culturels prévus à cette fin.


Les six premières diffusions de ces spectacles auront lieu dans la commune de Comè. Ce sera dans des espaces culturels, des collèges et dans des lieux de culte. Il s'agit, d'après Nicole Wida, pour les espaces, de "La Fabrik", du "Carrefour jeunesse" et du centre "Gbogbé art et School", tous à Comè. Elle ajoute que « les diffusions vont s'étendre à des espaces partenaires comme "La Maison arc-en-ciel", à Logozohè, "La B'az" à Ouèdo, l'espace ’’Mayton’’ et le centre ’’Okinawa’’-Festhec, à Abomey-Calavi.


Concernant les établissements scolaires, pour elle, sont retenus, « certains collèges publics et privés de Comè, de Grand Popo et, entre autres, de Lokossa ». Néanmoins, dit-elle, « cela peut s'étendre à Dogbo et à Houéyogbé, notamment ».


Implanté dans les départements du Mono et du Couffo, le programme, “Les archi-teXtures”, vise à créer un réseau de diffusion de spectacles impliquant des espaces existants et des lieux non dédiés, pour réunir, progressivement, les communautés, au fil des spectacles de théâtre.

Léandre Houan

mardi 2 mai 2023

« Nous enregistrons […] un nombre débordant de participants », selon Jonas Kounou de la ’’Belle bibliothèque’’ d’Abomey

Dans l'interview accordée à notre rédaction


La ’’Belle bibliothèque’’ se situe dans la ville historique d’Abomey, au sud du Bénin. Après bientôt deux années d’existence, elle a beaucoup fonctionné. Jonas Kounou, qui en est le responsable, a accepté d’en discuter. Cet entretien s’est effectué au cours d’une interview qu’il a accepté d’accorder à notre rédaction. L’homme déborde d’un dynamisme utile à la ’’Belle bibliothèque’’ 


Jonas Kounou, dans l'enceinte de la ''Belle bibliothèque'' dont il est le responsable

Stars du Bénin : Bonjour, Jonas Kounou. Vous êtes le responsable de la ’’Belle bibliothèque’’ d’Abomey, qui a été inaugurée le 26 juin 2021, conjointement, par l’African artists for Development fund (Aad-Fund), de la famille Leridon, et par le ’’Lieu unik’’ d’Abomey, de Dominique Zinkpè. Cette structure a beaucoup fonctionné et continue d’être réellement active. De quel nombre sont les activités à travers lesquelles la ’’Belle bibliothèque’’ se montre utile à la ville d’Abomey et aux cités environnantes puis quelles sont ces activités ?

 

Jonas Kounou : Nous avons initié plusieurs activités mais trois sont opérationnelles, jusque-là, pour l'animation de la ’’Belle bibliothèque’’. D’abord, il y a "Lire pour Apprendre". Il s’agit d’une activité de lecture, qui a plusieurs phases : la première, la lecture individuelle où chaque participant choisit, dans la bibliothèque, un livre qu'il aime et il le lit pour 40 minutes environ, Ensuite, au cours de la lecture collective, un animateur sélectionne un livre unique et désigne chacun pour en lire des extraits, tout en intervenant pour des corrections, ce qui dure aussi 40 minutes environ. Enfin, au cours d’une dernière phase dite récréative qui dure 30 minutes, chaque enfant partage, avec les autres participants, une histoire qu’il a lue dans un livre ou qu’il a créée.

Nous avons aussi une activité liée aux arts plastiques. Elle consiste à inviter un artiste plasticien pour animer un atelier de dessin, de peinture ou de sculpture avec les enfants qui fréquentent la ’’Belle bibliothèque’’. Il s’agit de cultiver en eux le goût de l'art. Elle dure deux heures et s’organise périodiquement. Enfin, il y a la tenue, en direction du public, de séances de récit de contes et d’animation théâtrale. Pour réaliser cette activité, le ’’Lieu unik’’ d’Abomey a noué un partenariat avec le Festival international de Théâtre et de contes d’Abomey (Fithéca).


Pourriez-vous nous livrer des statistiques concernant le déroulement de chacune des activités que vous mentionnez ?


Pour ces trois activités, le nombre prévu de participants, c'est 30. Mais, dans la pratique, le nombre se double et, parfois, se triple.

 

Depuis le lancement de la ’’Belle bibliothèque’’, quels sont les faits de grand succès que vous avez enregistrés ?


Les faits de grand succès, c'est la grande affluence des lecteurs. Nous enregistrons surtout un nombre débordant de participants, lors des trois activités qu'organise la ’’Belle bibliothèque’’ du ’’Lieu unik’’ d’Abomey.

 

Les faiblesses faisant inévitablement partie du système de fonctionnement de toute initiative humaine, quelles sont celles que vous enregistrez après bientôt deux ans d’activités de la ’’Belle bibliothèque’’ ?


Comme faiblesses enregistrées depuis l'ouverture de la ’’Belle bibliothèque’’, nous avons, entre autres, le matériel didactique qui n'est pas suffisant et le manque de meubles en termes de chaises, de nattes et de bâches, pour gérer la grande affluence des élèves et pour contenir le public, lors des activités de la ’’Belle bibliothèque’’.


Pouvez-vous aborder les difficultés que vous rencontrez dans l’animation de la structure ?


Les difficultés que nous rencontrons sont liées au fait que, les enfants, pour participer aux différentes activités, ne viennent pas à l'heure ; ils sont en retard de 30 à à 60 minutes. C'est ce qui fait qu’au début d'une activité, on observe un petit nombre de participants et, à la fin, un nombre plus grand.

 

Comment pensez-vous que ces problèmes peuvent se résoudre ?


Concernant le manque de matériel, j’en ai envoyé une correspondance aux responsables pour que l’achat en soit fait. Tout porte à croire que, bientôt, ce problème sera résolu. Concernant le retard chez les enfants, lors des animations, nous avons initié un programme de rencontre avec leurs parents pour leur expliquer l'importance de nos activités afin qu'ils libèrent leurs enfants pour y  venir à temps. Nous échangeons aussi avec les enseignants des écoles pour qu’ils nous aident à conseiller leurs apprenants afin qu’ils viennent à l'heure. Je suis optimiste que, bientôt, ce problème de retard sera résolu.

 

Quels sont vos projets pour contribuer davantage au rayonnement de la ’’Belle bibliothèque’’ à Abomey et dans ses villes environnantes ?


Le "Lieu Unik" d'Abomey, pour l'avenir, a en vue différents projets pour contribuer davantage au rayonnement de la ’’Belle bibliothèque’’, une structure qui en dépend. Je ne peux en faire la liste ici. Par exemple, nous travaillons pour que, d'ici peu, soit instaurée une activité de danse traditionnelle. Pour le reste, nous en réservons la surprise à tous. 

 

Propos recueillis par Marcel Gangbè-Kpogodo

dimanche 30 avril 2023

Makef, le voyage en 30 ans de création

Dans une exposition rétrospective


Makoutodé Enagnon Fulbert, alias Makef, artiste contemporain béninois, a ouvert au public, depuis le jeudi 27 avril 2023, les portes de son espace professionnel de travail, dénommé ''l'Atelier Makef Enagnon'', sis quartier d'Akpakpa Yénawa. Cet événement constitue une opportunité pour lui de rappeler son univers avant-gardiste et sa vision de l'art engagé. Un parcours artistique riche de ... trois décennies.


Makef, au  vernissage de l'exposition de ses 30 ans de carrière artistique ...

30 ans, avec une série d’œuvres pour lesquelles, selon l’artiste, « il n'y a pas de thème spécifique ». Le frappant de l’exposition, à l’actif de Makoutodé Enagnon Fulbert, alias Makef, artiste contemporain béninois, dont le vernissage s’est tenu le jeudi 27 avril 2023, à ''L'Atelier Makef Enagnon'', situé au quartier d'Akpakpa Yénawa, à l’est de Cotonou, la capitale économique du Bénin.


Dès son entrée à ''L'Atelier Makef Enagnon'', le visiteur se plonge dans un univers dont Makef se charge, par lui-même, de définir le contexte : « J'ai voulu présenter toutes les productions de mon parcours du début jusqu'à présent, avec le fil conducteur de cette exposition qui est le parcours lui-même ». Des années en 30 riment, alors, avec des œuvres au nombre, aussi, de 30, représentatives qu’elles sont, de son travail au fil de ces nombreuses années.


... avec des oeuvres dont le contraste créé de l'éclairage ...

L'artiste, soucieux de faire passer un message à travers ses œuvres, contribue à l'édification sociale, dans la douceur, ce qu’il explique : « […] je suis un éveilleur de conscience, […] j'appelle les uns et les autres à la conscience collective, mais pas pour toujours frustrer ».


L'être humain se trouve au cœur de l’inspiration thématique de Makef, lui que l’artiste considère comme étant le début et la fin de tout ce qui régit le monde. Par rapport à sa démarche artistique, plusieurs matériaux lui servent à travailler, principalement, la peinture acrylique, l'huile et la toile, mais aussi le papier et le bois recyclés. 


Signe de la maturité de son processus de création, Makef donnera, peut-être, une nouvelle orientation à sa démarche : « Je pense faire de la sculpture à ma manière. J'ai commencé aussi à recycler des pots en céramique sur lesquels je compte travailler bientôt », partage-t-il.


... laisse découvrir un aperçu des ''Insomniaques''

L’exposition commémorative sans titre de Makef impose la visite, entre autres, étant donné une série de peintures, ’’Les insomniaques’’. Il l’a réalisée sur du papier, recyclé par lui-même ! Elle « commence avec les cahiers de dessin de mes enfants qu'ils n'utilisent plus », amorce-t-il, présentant de la série concernée la genèse de la création. « Et, je suis les traces de ce cahier, je dessine des croquis qui peuvent servir à réaliser mes œuvres », dit-il, très imprégné, détaillant comme une phase curative de sa démarche : « Souvent, c'est quand je ne peux pas dormir chaque nuit que je les réalise ». 


Pour Makef, ce résultat est au-dessus de ses attentes, un véritable pot-aux-roses : « Bien après, je me suis rendu compte que ce sont des œuvres à part entière. Donc, je travaille beaucoup sur ce support à présent ». Voilà de quelle manière une démarche novatrice est née, au sein d’un processus de travail affermi, établi, saturé de maturation.


L'artiste béninois féru d'avant-gardisme laisse ouvert au public ''L'Atelier Makef Enagnon'' jusqu’au 27 juillet 2023.

Léandre Houan

vendredi 21 avril 2023

Une exposition à trois thèmes se déroule à Porto-Novo

Dans le cadre de la biennale internationale, ’Dow’art’’ 2023


La Maison du Patrimoine, au grand marché de la ville de Porto-Novo, a abrité, le mardi 28 février 2023, le vernissage de l’exposition intitulée ’’La spiritualité, l’astrologie, les guerres évitables-inévitables’’. Elle se déroule pour le compte de la première édition de la biennale internationale de performance d’art, dénommée ’’Dow’art’’. Elle montre des œuvres d’artistes plasticiens originaires du Bénin et de 5 autres pays. L’évènement a eu lieu en présence de quelques autorités.


Youchaou Kiffouly, en face, expliquant l'exposition de la biennale, ''Dow'art'', aux visiteurs

’’Observation’’, ’’Le dialogue’’, ’’La paix’’, ’’Sombre et obscure’’, ’’Mouvement’’ et ’’Union’’ prenant en compte la spiritualité, l'astrologie et les guerres « évitables-inévitables ». Le titre de quelques peintures qui s’offrent au regard du public avec une exposition dont le vernissage a eu lieu le mardi 28 février 2023 à la Maison du Patrimoine, située au grand marché de la ville de Porto-Novo, la capitale du Bénin. Elle est intitulée ’’La spiritualité, l’astrologie, les guerres évitables-inévitables’’.


L’exposition indiquée intervient à la fin de la première édition de la biennale internationale de performance d’art dénommée ’’Dow’art‘’. César Gildas Godonou, Directeur départemental du Tourisme, de la culture et des arts de l’Ouémé et du Plateau, de même que Richard Hounsou, Coordonnateur de la Maison du Patrimoine, étaient présents à cette cérémonie.


Les œuvres exposées donnent l’occasion aux visiteurs de découvrir la lecture des multiples guerres qui font l’actualité. Elles permettent d’établir une relation entre ces guerres, l’astrologie et la spiritualité. « Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de guerres autour de nous » a justifié Youchaou Kiffouly, artiste plasticien, performeur et Directeur de la biennale. Selon lui, ce constat a déclenché une série d’interrogations auxquelles 11 artistes, lui compris, ont essayé d’apporter des réponses. En préparation à l’exposition, cinq jours de résidence se sont effectués à l’espace ’’Kiffouly’’. Cette rencontre a permis aux artistes de livrer le fruit de leur inspiration. Plusieurs techniques de peinture dont le collage, y ont contribué.

 


Des artistes exposants 


Asprina, de son nom à l’état-civil, Assogba Prisca Nina, est une artiste plasticienne et performeuse béninoise, qui prend part à l’exposition. Son œuvre, intitulée ’’Observation’’, un diptyque, transmet un message de paix. A cet effet, il part de la colombe, un oiseau symbole de la sagesse, en acte, et de la pureté, en matière de spiritualité. Par ailleurs, l’artiste plasticien malien, Togola Siaka, présente ’’Union’’. Il a conçu cette peinture à partir de plumes empruntées à différentes espèces d’oiseaux. Elle communique à sa manière sur le thème central de l’exposition. Respectivement, du Togo, du Congo, de l’Allemagne et de la France, Zododo Ekué et Apeli Agboka, Glory Kanga et Chancelier Muluayi, Marcel Elsy puis Judith Husch sont les autres artistes étrangers prenant part à l’exposition. Eric Médéda et Myckaël Agbénomba sont aussi des artistes plasticiens béninois y participant, le premier étant également performeur.

 


Fondement de la biennale, ’’Dow’art’’


’’Dow’art’’ est né du besoin de ses initiateurs de promouvoir la performance d’art et de valoriser cette discipline artistique inconnue au Bénin. « C’est parce qu’on a l’habitude de voyager, d’aller dans les autres pays », a commencé à s’en expliquer Asprina, l'assistante de Youchaou Kiffouly, avant de poursuivre : « On constate qu’il s’organise des performances artistiques mais, au Bénin, on ne connaît pas ce que c’est que la performance artistique », a-t-elle déploré, pour finir par conclure : « De là, notre espace s’est donné les moyens d’ouvrir cette discipline de l’art au public, surtout, la performance de rue ». 


Asprina, au centre, posant avec des invités du vernissage de l'exposition liée à la biennale, ''Dow'art'' 2023


Pour mieux atteindre cet objectif de promotion, l’événement a été baptisé ’’Dow’art’’. Cette dénomination se compose des trois premières lettres du nom du quartier, Dowa, le siège du centre culturel, ’’L’Espace Kiffouly’’, et du mot ‘’Art’’.

La première édition de la biennale internationale de la performance d’art a eu lieu du 24 au 28 février 2023, parcourant les rues et les centres artistiques du cinquième arrondissement de la ville de Porto-Novo. L’exposition s’en achève le 28 avril 2023.

Léandre Houan

jeudi 20 avril 2023

Asprina-Kiffouly, pour la protection spirituelle de l’enfant

A travers la performance artistique, ’Le dieu de l’enfant’’


Les artistes contemporains, Asprina et Youchaou Kiffouly, ont réalisé une performance artistique, le lundi 27 février 2023, dans les environs du Centre culturel ’Ouadada’’ à Porto-Novo. Intitulée ‘’Le dieu de l’enfant’’, elle a permis d’attirer l’attention sur le caractère déterminant de l’influence spirituelle des parents sur leurs enfants.


Asprina et Youchaou Kiffouly, dans l'oeuvre-divinité relevant de la performance, ''Le dieu de l'enfant''

Un géant panier, en forme de globe, au sol, et d’où émerge la tête d’un homme et d’une femme assis côte à côte, le visage et le buste blancs de farine de maïs, aussi enduits d’une certaine mixture tirant sur le jaunâtre. L’installation ayant fait la substance de la performance, ’’Le dieu de l’enfant’’, qu’ont tenue Asprina et Youchaou Kiffouly, deux artistes contemporains, le lundi 27 février 2023, à Porto-Novo, la capitale du Bénin. A l'état-civil, la première répond au nom de Prisca Nina Assogba.


Le contexte de cette performance artistique était l’organisation de la première édition de la biennale internationale de performance d’art, ’’Dow’art’’ 2023. Les guerres en constituaient le thème central. De manière spécifique, celle en jeu, au cours de la performance d’Asprina et de Youchaou Kiffouly, était la guerre au sein de la famille. En effet, le père et la mère ont la capacité de produire un impact positif ou négatif sur leur progéniture. Cette influence détermine aux enfants un avenir heureux ou malheureux.


Il se justifie le positionnement en un totem ou en une divinité du bloc que formaient les deux personnages immobilisés dans le panier et arrosés d’ingrédients destinés à ce genre d’instance sacrée : entre autres, de la farine de maïs et de l’huile de palme. Ce couple de parents est un dieu pour les enfants qu’ils ont engendrés, d’où ce traitement symbolique significatif. L’arrosage de farine et d’huile s’apparente à une cérémonie.

 


Un pur procédé de performance


La performance artistique résulte d’un savoir-faire qui s’est démontré le 27 février 2023 à Porto-Novo. En effet, le bloc constitué qui, finalement, se trouve en exposition se compose devant le public. Les spectateurs ont vu les deux personnages s’asseoir sur un siège communément appelé ’’djan zinkpo’’, en langue nationale du fon. Ils avaient le corps protégé de pagnes dont les extrémités inférieures fermaient le bord du panier pour favoriser que se déverse sur la surface extérieure du récipient géant tout ce qui allait couler du buste des deux personnages. 


La foule, au cœur du processus de la perfromance artistique

Avec leur buste dehors, ils ont vu le reste de leur corps enfermé dans le grand panier qui s’est arrondi. Puis, pendant qu’ils avaient les yeux fermés, un officiant est intervenu pour déverser sur eux, successivement, du liquide lourd d’argile rouge puis de farine de maïs et de l’huile de palme. En quelques minutes, le couple s’est vu métamorphosé en un totem, en une divinité de la religion africaine du vodoun.

 


Asprina, infatigable en performance


Le 26 février, Asprina tenait une première performance, dans le sens de l’appel à la paix. S’étant vêtue tout le corps de papier d’emballage de ciment, elle a passé sur l’ensemble un système adhésif. De cette manière, le public a pu participer à la performance. 


Asprina, au ''Dow'art'' 2023

Plusieurs personnes présentes lui ont collé sur le corps des bouts de papier, qu’elle avait préalablement préparés. En tant qu’une artiste engagée dans la défense des droits de l’enfant et de la femme, elle y avait écrit des mots portant des valeurs d’humanité : ’’Paix’’, ’’Amour’’, ’’Tolérance’’, ’’Humilité’’. Ayant pour titre, ’’Il n’y a que ça’’, la performance résumait en cette phrase l’idée essentielle pour imprégner de paix l’esprit des êtres humains. Pour Asprina, de cette manière devraient disparaître du monde les germes de guerre.



La force d’un essai


La première édition de ’’Dow’art’’, la biennale internationale de performance d’art, a fait participer 11 artistes plasticiens en provenance de 6 pays : le Bénin, le Mali, le Togo, le Congo, l’Allemagne et la France. Elle a permis d’enregistrer 5 performances.

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

Eric Médéda, la chaîne pour réduire exclusion et pauvreté

Dans le cadre d’une performance qu’il a effectuée sur le ''Dow'art performance Bénin''


Éric Médéda a animé une performance à l'espace ’’kiffouly’’ de Dowa, un quartier du cinquième arrondissement de la ville de Porto-Novo. Intitulée « Maintenant le futur », elle s’est déroulée le samedi 25 février 2023, dans le cadre de la tenue du ’’Dow'art performance Bénin’’. Il était question pour lui d'attirer l'attention sur la nécessité de lutter contre la précarité dans la vie des êtres humains, pour limiter les conflits dans les pays.

 

Eric Médéda, dans sa déambulation, sur le ''Dow'art performance Bénin''

Torse nu, barbe abondante, de l’huile d'olive dégoulinant sur le corps, des chaînes nouées autour du cou et allongées au bout de ses mains. L’aspect extérieur préoccupant d’Eric Médéda, artiste plasticien, au cours de la performance qu'il a tenue dans l'après-midi du samedi 25 février 2023, à l'espace ’’Kiffouly’’ de Dowa, un quartier du cinquième arrondissement de Porto-Novo, la capitale politique du Bénin.


La performance a débuté par des va-et-vient de l’artiste sur la voie publique. Il y déambulait, perturbant momentanément la circulation, suscitant la curiosité et le questionnement des usagers. Il continuait à se mouvoir concentrant sur lui les regards de ceux-ci.


Selon lui, les chaînes symbolisent la souffrance des ancêtres des Africains. Elles le poussent à rejeter tout fatalisme, tout abandon du combat face aux situations d’adversité. Elles l’amènent à entrevoir de l’espérance pour continuer à se battre pour des lendemains meilleurs. A en croire ses explications, il s’agit d’une lutte pour un mieux-être ne devant pas exclure de ses préoccupations l’autre, peu importe son statut social. Il s’intéresse surtout aux êtres humains dont les conditions de vie restent déplorables, eux qui meurent, de manière basique, de faim.  


Cette focalisation circonstancielle le pousse à interpeller le rôle que peuvent jouer les décideurs dans l’amélioration des conditions de vie des plus démunis. La résolution des souffrances de ceux-ci reste le moyen de mettre fin aux conflits, selon Eric Médéda. Le performeur en appelle à la garantie de chances égales dans la préparation du mieux-être des citoyens des pays. Il en aboutit à la question de l’héritage. Pour lui, cet héritage, qui doit être d’amour, s’exerce dans une tri-dimension sociale d’enfants, d’adolescents et d’adultes. 


A considérer les explications de l’artiste suivi par le public, au cours de sa performance, les enfants doivent s’engager pour ce type d’héritage. Quant aux adolescents, ils ont pour mission de le maintenir. Concernant les adultes, il leur revient de léguer cet héritage d’amour aux générations futures. Au bout de cette tri-dimension, Eric Médéda a pointé l’être humain, tout simplement, le fondement du développement, pour anéantir les conflits, les guerres. C’est ainsi qu’il a laissé le public perplexe.


En matière de déambulation remarquable de rue, l’artiste béninois en devient progressivement un professionnel, lui qui en enchaîne depuis quelques petites années, notamment, à Cotonou, la capitale économique du Bénin. D’ailleurs, sa participation au ’’Dow'art performance Bénin’’ est bien mûrie, Youchaou Kiffouly, l’initiateur de l’événement, étant, lui aussi, un performeur avéré.

Reportage : Daniel Hountondji – Rédaction : Marcel Gangbè-Kpogodo

mardi 18 avril 2023

« […] la Bandafre nous donne une certaine capacité de […] nous faire comprendre des autres », selon Hodall Béo

Dans le cadre d’une interview qu’il a accordée à notre rédaction


La bande dessinée faite par les dessinateurs des pays de l’Afrique foisonne de productions. Cependant, elle est manque d’identité. Pour résoudre cette situation, Hodall Béo, artiste bédéiste béninois, conçoit la Bande dessinée africaine (Bandafre). Il a bien voulu nous en accorder une interview. Une révélation sur les tenants et les aboutissants du concept que Hodall Béo veut fédérateur pour toute l’Afrique …  

 

Hodall Béo, initiateur du mot, ''Bandafre'', pour signifier, ''Bande dessinée africaine''


Stars du Bénin : Bonjour Hodall Béo, de votre nom, à l'état civil, Hervé Hodonou Alladayè. Vous êtes, entre autres, artiste peintre, caricaturiste et bédéiste, exerçant dans ces domaines depuis plusieurs années, de même que vous êtes désormais l'initiateur du concept de la « Bande dessinée africaine » (Bandafre). De quoi s'agit-il ? Quand avez-vous créé ce concept ? Comment le définissez-vous ?

 

Hodall Béo : La Bandafre, c'est, bien sûr, le sigle issu du groupe de mots, la Bande dessinée africaine. En effet, il faut comprendre quelque chose : quand on dit « Bd » ou « Bande dessinée », c'est une forme d'expression artistique qu'on appelle le 9ème art. Habituellement, cet art consiste à raconter des histoires en utilisant une suite de dessins posés sur une page ou sur plusieurs pages ; les dessins interviennent entre eux à travers des dialogues de textes qu'on inscrit dans des bulles qui sont des formes de cadres ronds ou rectangulaires. C'est cela, la bande dessinée.

Elle est une forme d’expression qui globalise ce type d’art venant de plusieurs pays parfois, c'est-à-dire qu’elle est de diverses origines. Donc, la Bande dessinée africaine, c'est cette expression de la bande dessinée qu'on fait en Afrique. Nous autres, dessinateurs africains, nous avons cette manière-là de raconter nos histoires à travers la bande dessinée ; elle est bien africaine, elle raconte les histoires de l'Afrique.

Lorsque la bande dessinée vient de l'Europe, on peut parler de la bande dessinée franco-belge parce que c'est davantage les Français et les Belges, les Belges, en premier, donc, qui en ont développé vraiment la technique et le style puis qui ont fait connaître cette Bd sur l'Afrique. Ce sont eux qui nous ont envahis, du fait de la colonisation, et qui nous ont apporté cette forme d'expression-là et nous avons commencé à l'appliquer chez nous. C'est bien connu, aujourd'hui. Et, nous-mêmes, nous avons développé notre manière de faire cette bande dessinée qu'on appelle la Bande dessinée africaine. Elle se particularise, donc, de la bande dessinée européenne.

Cette même forme d'expression venant du Japon s'appelle les ’’Mangas’’. Lorsque cette forme d'expression vient des États-Unis, on parle de ’’Comix’’ ou de ’’Disney’’. Donc, en fonction des origines de la bande dessinée, elle porte un nom qu'il faut bien particulariser.

En observant le fait, je me suis dit qu'il nous faut créer le sigle à partir de  l’expression, « Bande dessinée africaine », ce qui donne la ’’Bandafre’’. Cela permettra d'avoir un petit mot rapide à utiliser, facile à manipuler et plus vendable que d’utiliser, à chaque fois, toute l’expression, « Bande dessinée africaine », plus lourde à dire.

C'est surtout pour cette raison que je me suis penché sur la situation, après analyse. Et, j'ai jugé bon d’expliquer et d’exprimer la Bande dessinée africaine sous le vocable de ’’Bandafre’’.

 


Il y a, donc, un besoin que vous avez pensé à combler en mettant en place la Bandafre …

 

Cela m'est venu du fait que j'ai réfléchi un peu sur la situation parce que, la plupart du temps, j'ai constaté qu’on ne se retrouve pas souvent, entre hommes du métier, pour échanger et penser.

En réalité, notre métier, on l'exécute comme on nous l’a toujours montré. On ne se pose pas souvent des questions, on le fait comme ça. Mais, quand on en vient à la question, on constate très bien que la bande dessinée africaine existe parce que les gens la pratiquent en Afrique. On ne peut donc pas dire que les Africains font de la bande dessinée franco-belge puisqu’ils ne sont ni français ni belges. Du coup, ils font de la bande dessinée africaine bien qu'ayant appris la technique de la bande dessinée dans les livres ou dans les écoles franco-belges à travers ’’Tintin’’, ’’Spirou’’ et ’’Astérix’’, notamment, et par d’autres bandes dessinées italiennes, ’’Akim’’, ’’Zembla’’, entre autres. De même, ce n’est pas parce qu’un Africain est champion en karaté qu’il est chinois.

Pour illustrer mes propos, nous avons beau dessiner des Bd ’’Mangas’’ des Japonais, nous restons des Africains. Pour être explicite, nous demeurons des Africains exerçant la bande dessinée africaine dans un style de ’’Mangas’’. Nous sommes donc des « bandafristes ».

 


La Bandafre est-elle aussi un canal pour faire découvrir aux lecteurs les réalités que vivent, au quotidien, les habitants des pays d'Afrique ?

 

Il faut que nous recherchions, en tant qu'Africains, une certaine souveraineté en réfléchissant sur les concepts parce qu’on ne va pas toujours laisser les Européens venir penser à notre place. On est des hommes du métier, du domaine. On doit se poser des questions parce qu’on devait avoir constaté que, depuis un temps, la bande dessinée qui vient des États-Unis s'appelle d’un nom, celle qui vient du Japon s'appelle d’un nom et, celle qui vient de l'Afrique, on l'appelle de façon vague, « bande dessinée africaine »

Cela est vraiment vu de façon péjorative ; c'est une bande dessinée qui se fait en Afrique comme si cela n'existait pas. Pourtant, cela existe bel et bien : on y fabrique des histoires et plusieurs pays la pratiquent, en l’occurrence, la Côte d'Ivoire qui est très connue, en matière d'humour, ou Madagascar qui a connu une période de la floraison de la bande dessinée.

Dans ce second pays, les artistes faisaient des livres semblables, dans leur format, à la bande dessinée italienne, un peu dans le genre d’ ’’Akim’’ et de ’’Zembla’’. Ils y étaient très spécialisés et les bandes dessinées se vendaient bien, dans presque toutes les rues dans les villes de Madagascar. C'était incroyable. Ces dessinateurs-là gagnaient de l'argent par la bande dessinée ; ils fabriquaient des histoires de Madagascar. On a parlé, en ce moment-là, de l’âge d’or de la Bd malgache.

On peut dire que cette bande dessinée africaine existe bel et bien puisqu’elle est dissimulée à l'intérieur de chaque pays, de chaque enclos colonial. Cette Bd existe mais, seulement, elle est confinée dans le système francophone. Comme l’on y parle français, on l'appelle la Bande dessinée africaine. On peut simplement la mettre sous un nom plus restreint, la Bandafre !

 


Vous avez choisi de créer la Bandafre alors que les Africains ont leur regard, fasciné, tourné vers les réalités occidentales plutôt que vers leur culture d'origine …

 

Oui, la Bandafre, c'est, au fait, un mot pour pouvoir faciliter la compréhension que la Bande dessinée africaine existe. Mais, déjà, la bande dessinée africaine raconte naturellement les histoires des Africains. J'ai souvent l'habitude de dire que quand, par exemple, un bédéiste, un dessinateur de bande dessinée africaine la fait dans un style de ’’Mangas’’, il utilise les ’’Mangas’’ comme un style d'expression ; il ne peut pas dire qu'il est Japonais parce qu'il a beau dessiner comme le Japonais. Il n'est qu'un Africain et il doit pouvoir se reconnaître en tant qu'Africain.

Un Africain qui produit de la bande dessinée fait, forcément, une bande dessinée africaine donc il fait de la Bandafre.

Donc, au fait, la Bandafre est le mot générique que je donne à la Bande dessinée africaine qui relate les histoires africaines. Mais, déjà que la Bande dessinée africaine existe systématiquement, elle relate les histoires africaines ; elle peut relater les histoires de l'Europe mais si tant est que c'est un Africain qui a pris sa plume et qui dessine, il fait de la Bandafre.

 


Pourriez-vous nous parler des moyens d'action de la Bandafre pour atteindre ses objectifs ?

 

C'est pour une quête de souveraineté. On doit pouvoir être souverains. À un moment, il faut pouvoir rechercher une certaine part de fierté. Les gens ont beau se tourner vers l'extérieur, au fait, l'Afrique n'a pas choisi. L'Afrique s'est retrouvée, un beau matin, envahie ; ce n'est pas comme au Japon qui a pu fonctionner en vase clos et développer une approche de la bande dessinée qu'on appelle « héroïque fantaisie » parce qu’elle raconte des histoires d’héroïques fantaisies que les ’’Mangas’’ véhiculent. Les bédéistes japonais racontent des histoires parfois complètement détachées de toute l'histoire de leur passé, c'est-à-dire qu’ils fabriquent un personnage, de toutes pièces, et le font évoluer dans un monde complètement fantasmé. C’est cela, les ’’Mangas’’ qu'on voit.

Mais, l'Afrique n'a pas eu cette opportunité. Elle s'est retrouvée envahie depuis les grandes invasions qui ont imposé les religions telles que l’Islam, puis par la colonisation. L’Afrique n'a pas été lâchée depuis. C'est l'Europe toujours qui nous a appris à consommer ce qu'elle transforme ; on est devenus, de fait, un vivier de consommateurs.

Donc, on n'a pas eu le temps de réfléchir. On a absorbé tout ce que l’Occident et l’Orient nous ont apporté. Même la démocratie nous a été apportée. Les ’’Mangas’’ nous sont tombés dessus, de même que les ’’Comix’’ américains. 


Aperçu de planches de la Bandafre - Crédit photo ; Hodall Béo


On constate donc que la Bande dessinée africaine puise ses repères dans l’ensemble de ces styles importés puisque, de toute évidence, la Bd africaine s’est forgée et continue de se fonder sur ces Bd-là. Elle a phagocyté tout cela en elle. Du coup, vous pouvez voir des bédéistes africains qui dessinent dans le style des ’’Mangas’’ ou dans celui des ’’Comix’’. Ces styles sont venus de partout. On doit les considérer comme étant des styles au cœur de la Bandafre.

 


Un concept suppose des défenseurs, des partisans. Avez-vous des bédéistes au Bénin et ailleurs qui acceptent de vous suivre dans votre projet, qui acceptent de défendre et d'illustrer la Bandafre ?

 

Les bédéistes africains sont en train de faire déjà de la bande dessinée africaine. Cela existe bel et bien. On n'est pas en train d'inventer quelque chose de nouveau. Seulement, on est en train de mettre en place un nom qui puisse faciliter la distinction entre les Bd du monde et celles de l’Afrique.

Maintenant, l'objectif, c'est l'avenir qui nous le dira. Pour peu que les enfants africains aiment saisir leur crayon et dessiner en racontant leurs histoires, ils donneront une chance à la Bandafre d'exister.

 


Où en êtes-vous dans l'atteinte de vos objectifs depuis que la Bandafre est née et quels projets avez-vous pour la Bandafre en 2023?


Les bédéistes ne manquent pas, ils sont déjà dans le métier, Ils le font seulement. Leur souci n’est pas souvent de réfléchir sur le concept, en tant que tel. Donc, pour certains, cela devient souvent un peu dérangeant d'en parler parce que celui qui fait sa pratique de la Bd est plus dans une dynamique de création et de gagne-pain. Commencer à soulever des concepts, cela lui importe peu. Cela ne change pas non plus son quotidien.

Or, la Bandafre nous donne une certaine capacité de comprendre mieux ce qu'on fait et de nous faire comprendre des autres. Dès lors, le jour où des bédéistes sont appelés pour pouvoir parler de leur métier, ils sauront parler avec des mots plus précis et sauront mieux expliciter les concepts. C'est pour cela que c'est mieux d'y penser, de développer toute une réflexion autour de la Bandafre, pour en faire un concept de fond.

Nous allons discuter entre collègues, que ce soit les collègues de mon pays, ou d'autres pays. Nous allons échanger et faire en sorte que, petit à petit, nous puissions tous converger vers ce mot, la Bandafre, pour pouvoir, au fait, formaliser, en quelque sorte, notre métier et nous octroyer, vraiment, cette part de souveraineté qui nous fait cruellement défaut.

Propos recueillis par Herman Sonon