mercredi 22 mai 2019

Le Code de l’industrie cinématographique réemprunte la voie de son vote par les Députés

Dans le cadre de la tenue d’un atelier de pré-validation du document

La Salle ’’Vip’’ de l’ex-siège du Ministère de la Culture a connu une effervescence particulière le lundi 13 mai 2019. Divers ordres d’acteurs du monde de la cinématographie béninoise s’y sont retrouvés, invités par Eric Todan, Directeur du Centre national de la Cinématographie et de l’image animée (Cncia), pour toiletter, aux fins de sa pré-validation, le Code de l’industrie cinématographique du Bénin.

Le présidium, au lancement de l'atelier : de gauche à droite, Eric Todan, Oswald Homéky, Alex Fadonougbo, Jacques Béhanzin et Dimitri Fadonougbo
83 articles. Le contenu de la mouture finale du Code de l’Industrie cinématographique du Bénin, prête pour entreprendre le cheminement parlementaire, à l’issue de deux jours d’un atelier de pré-validation, initié par le Directeur du Centre national de la Cinématographie et de l’image animée (Cncia), Eric Todan, et qui a débuté ses travaux dans la matinée du lundi 13 mai 2019 à la Salle ’’Vip’’ de l’ancien siège du Ministère de la Culture, sis Route de l’Aéroport, à Cotonou.

Aperçu des participants ...

Officiellement ouverts par le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, ceux-ci ont connu la participation de personnalités remarquables de l’univers du cinéma béninois : François Okioh, Jacques Béhanzin et, notamment, Basile Cakpo, comme personnes-ressources, Akambi Akala, ancien Directeur de la Cinématographie, Serge Yéou, David Houétché, alias Caïman, Claude Balogoun et Alexis Adadji, en tant que représentants de la Fédération béninoise des Associations de théâtre et de cinéma (Fébatci), Dimitri Fadonougbo, Samson Adjaho, Thierry Whannou et Christiane Chabi-Kao, comme membres de la Fédération des Associations de cinéma et de l’audiovisuel du Bénin (Fénacab). 

... à l'atelier

Du côté institutionnel se sont fait représenter la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac), la Direction de la Codification du Ministère de la Justice, et la Cour suprême, sans oublier que le Ministère de la Culture s’est déployé à travers trois représentants du Cncia, y compris son Directeur, le Directeur du Bureau béninois du Droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), des cadres de la Direction des Arts et du livre (Dal) et, entre autres, Gaston Eguédji, Administrateur du Fonds des Arts et de la culture (Fac).


Un Code, 30 ans d’un parcours de Golgotha

L’atelier indiqué a été officiellement lancé grâce à une cérémonie d’ouverture au cours de laquelle l’assistance a enregistré quelques interventions de personnalités : Eugène Aballo, Directeur général du Bubédra, Eric Todan, Claude Balogoun, membre du Conseil économique et social (Ces), ayant fait connaître ses idées au nom de Tabé Gbian, Président de cette institution républicaine, et, enfin, Oswald Homéky, Ministre de la Culture.

De gauche à droite, Claude Balogoun, Eric Todan, au cours de son allocution, et Eugène Aballo

Dans un propos assez édifiant, Eric Todan a retracé un historique particulièrement éprouvant du Code de l’industrie cinématographique du Bénin. D’abord, ce document a été conçu à l’issue d’un séminaire qui fut organisé à Cotonou du 30 janvier au 3 février 1989 sur les problèmes du cinéma béninois. Ensuite, il a été transmis au Haut conseil de la République (Hcr), le parlement de la transition démocratique, avant d’être réellement voté par la deuxième mandature de l’Assemblée nationale le 24 août 1998, sous le n°98-033. Mais, presqu’un an plus tard, plus précisément, le 24 août 1999, il a été rejeté par la Cour constitutionnelle, étant donné que, selon cette institution, ont connu une violation l’alinéa 2 de l’article 105 de la Constitution et l’alinéa 2 de l’article 7 de la loi organique concernant la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la communication (Haac), ce qui amena la Haute juridiction à demander au Gouvernement de l’époque d’obtenir « l’avis motivé » de la Cour suprême et de consulter la Haac.
A en croire toujours Eric Todan, ce n’est qu’à peu près cinq ans plus tard, plus précisément, le 13 mai 2004, que cet « avis motivé » de la Cour suprême est arrivé. Et, cet apport fut mis à contribution pour produire une nouvelle version du Code, qui fut validée à Possotomé les 24 et 25 juillet 2007, dans le cadre d’un séminaire auquel ont pris part les membres de la Commission de la Législation du Ministère de la Justice, de la législation et des droits de l’homme (Mjldh).
Puis, de manière décisive, le 8 novembre 2011, le titulaire de l’époque du portefeuille ministériel de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, a pris à nouveau contact avec le Secrétariat général du Gouvernement pour rendre opérationnel le processus de l’introduction du projet de loi au Parlement. Mais, intervention d’un nouvel élément de blocage : l’absence des analyses de la Haac. Donc, « une demande d’avis » fut introduite à cette institution, trois ans plus tard ! En 2014 …
Finalement, cinq ans après, le Code  de l’Industrie cinématographique du Bénin a refait surface à travers cet atelier de pré-validation, initié par le Cncia, avec la bénédiction du Ministre de la Culture, Oswald Homéky.

Le Ministre Homéky, dans sa prise de parole

Celui-ci, dans son intervention, a émis quelques recommandations en direction des séminaristes après les avoir salués, remerciés et après avoir souhaité « plein succès » à leurs travaux : l’absence de création de nouvelles taxes, l’encadrement et l’organisation du secteur cinématographique pour une clarification des rôles, la définition précise des conditions de l’intervention de l’Etat dans le domaine du 7ème art, « se saisir de la révision du Code pour rendre le secteur du cinéma indépendant des caprices de la volonté du titulaire du portefeuille ministériel de la Culture, le règlement de « tous les problèmes d’aujourd’hui et de demain », l’émission d’un Code le plus digeste possible, la détermination d’un « maximum » pour le financement du cinéma par le secteur privé sans « figer » le pourcentage de façon à le rendre capable d’être augmenté à loisir au fil des années, la mise en place d’un fonctionnement du Code permettant de partir de l’existant pour dynamiser le secteur, la prescription d’étapes dans le processus de manière à indiquer « comment l’on commence et comment l’on finit ». «Je rêve que cela soit mis à notre actif commun », a conclu l’autorité ministérielle.

Photo de famille des participants avec le Ministre Homéky

Les travaux de l’atelier de relecture technique et de mise à jour du Code de l’industrie cinématographique du Bénin ont été conduits par un présidium de trois membres élus par les participants et constitué comme suit : Jacques Béhanzin, Président, Dimitri Fadonougbo, Secrétaire, et Alex Fadonougbo, Rapporteur.

Marcel Kpogodo

vendredi 3 mai 2019

Edwige Chekpo, la stratégie poétique au service du développement

Dans le cadre du lancement d'ouvrage effectué à l’Institut français de Cotonou

Edwige Chekpo a lancé un nouvel ouvrage à l’Institut français de Cotonou, le mardi 23 avril 2019. A l’issue des échanges qu’elle a eus avec le public ayant fait le déplacement, la poésie ne devrait plus être un mythe ; elle sert à s’aider et à contribuer à faire évoluer son pays.

Edwige Chekpo, au cours du lancement du recueil poétique
Une poésie que l’on puisse s’approprier et qui puisse apporter à soi. Ce qu’il faudrait retenir du  lancement de son nouveau livre par Edwige Chekpo à la Médiathèque de l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du mardi 23 avril 2019. Pendant une paire d’heures, ce professeur de Lettres exerçant en France a fondé son propos technique lié à la poésie sur son nouvel ouvrage qu'elle a fait connaître : ’’La création poétique au service de la vie’’, dans son tome 3, sous-titré ’’Aimer et se développer’’. Il s’agit d’un recueil de plus d’une trentaine de poèmes. En outre, le thème des échanges avec le public a bien été stipulé : « Comment associer la créativité au développement de soi en utilisant des jeux poétiques ».
Premièrement, l’enseignante-auteure a évoqué son parcours d’une Béninoise née au Bénin et ayant quitté ce pays pour la France où elle capitalise trente-cinq années de vie. Ensuite, elle s’est donné de présenter l’ouvrage de base des discussions, dans ses trois parties : ’’Aimer’’, ’’Se développer’’ et ’’Pensées et jeux de mots’’.


Le vif du sujet

Si Edwige Chekpo est aussi l’auteure de la photo de la première de couverture de l’ouvrage officiellement mis sur le marché au Bénin, elle considère qu’il existe un lien fort entre l’amour et le développement, d’où l’association du verbe dérivé de chacun de ces noms. Et, à son niveau, ces deux actes se matérialisent par l’écriture qu’elle analyse comme « un don de soi », la matérialisation d’une partie d’elle-même.
Dans son évolution, l’oratrice a procédé à la lecture de trois poèmes tirés du recueil : ’’Les malheurs de la paresse’’, ’’Aider’’ et ’’Aimer en nuance’’. Ceci a permis de mettre en place des échanges interactifs avec le public.
Spécifiquement, le premier texte a généré un flux d’idées chez la poétesse. Selon elle, quand on paresse, on ne s’aime pas dans le sens de s’aider à concrétiser sa vie, de s’aider à avancer. De même, pour Edwige Chekpo, la paresse constitue une maladie qui ne se révèle pas de manière directe ; elle ressemble à une maladie qui ne facilite pas l’avancée. Aussi, tout le monde l’ayant côtoyée, elle ne doit pas nous enchaîner, ce qui impose le travail, « cette porte qui nous mène à d’autres sphères pour réaliser nos objectifs », a-t-elle conclu. Concernant ce texte, elle a porté son intérêt sur l’utilisation abondante des verbes du premier groupe.
Avec le poème ’’Aider’’, l’auteure a montré que le comportement qu’indique ce verbe s’étend, entre autres,  aux enfants, aux jeunes et aux adultes, tous ceux par rapport auxquels il faut créer un univers qui les amène à réaliser leurs objectifs, leurs rêves.

Séances de découverte de la bibliographie de l'auteure, de dédicaces et de signature du livre d'or
Par rapport au dernier poème, de même que la poétesse l’a réalisé sur les précédents, il a servi à montrer comment par de simples jeux de mots, on peut construire un poème. Dans le cas d’espèce, elle a abordé les mots de la même famille à partir desquels un texte naît. Pour elle, les mots de la famille sont un critère à partir duquel peut émettre un poème, sans oublier qu’on peut aussi décider d’accentuer son intérêt sur des verbes du deuxième ou du troisième groupe.
Avec Edwige Chekpo, la poésie se libère de tout hermétisme, projetant des messages compréhensibles, accessibles, constructeurs de la personnalité, et suscite la vocation de se faire poète. L’extension de ce type d’atelier à plus d’espaces amènerait l’auteure bénino-française à relever un défi qui lui tient à cœur : amener toute personne à avoir une attirance pour la poésie.

Discussions d'Edwige Chekpo avec Jean-Michel Kasbarian
L’atelier s’est achevé par la découverte par le public des œuvres de l’enseignante-auteure, la vente de livres et la signature de dédicaces avec, en prime, un visiteur de marque : Jean-Michel Kasbarian, Directeur de l’Institut français du Bénin.

Marcel Kpogodo

mardi 30 avril 2019

Une grosse cagnotte en jeu pour les danseurs urbains béninois

Dans le cadre de l’édition 2019 du ’’Global dance supreme’’ (Gds)

Pendant quatre jours se tiendra en Afrique du Sud une importante compétition de danse urbaine. La substance de l’information qu’a révélée une conférence publique s’étant tenue le samedi 27 avril 2019 à l’espace de Cotonou, dédié aux danseurs contemporains et dénommé ’’Urban dance center’’ (Udc). Selon les intervenants, plusieurs millions de Francs Cfa attendent le gagnant de la compétition concernée.

De gauche à droite, Gorges Aboutui, Nourou-Deen Eniola, Rodrigue Toviho et Christie Dossou, au début de la conférence
5 millions 550 mille Francs Cfa. La somme d’argent qui sera reversée au lauréat final de la ’’Global dance supreme’’ (Gds), une compétition internationale de danse urbaine, ce qu’a annoncé Georges Aboutui, le point focal, au Bénin, de l’événement concerné, au cours d’une conférence qui s’est tenue le samedi 27 avril 2019 à l’ ’’Urban dance center’’ (Udc), sis quartier de Cadjèhoun, à Cotonou.
Toujours selon Georges Aboutui, celui qui est qualifié pour prendre part au Gds 2019 bénéficie de plusieurs autres avantages : les frais de voyage vers l’Afrique du Sud, le visa d’entrée dans le pays, l’hébergement et la restauration pendant toute la durée du séjour, sans oublier qu’à la fin de la compétition, il se voit décerner une attestation de participation, de même que, de manière particulière, un trophée et une attestation de représentation du Bénin, si le concerné est le gagnant.


L'Affiche officielle de la Gds 2019

En réalité, à en croire Rodrigue Toviho, un autre membre du Comité d’organisation ayant animé la conférence, le Gds est une compétition mise en place en Afrique du Sud, engageant, chaque année, plusieurs pays du monde dont quelques-uns en Afrique, avec la spécificité qu’en 2019, elle s’ouvre à des nations ouest-africaines dont le Bénin. Aussi, en son sein, chaque pays devra organiser un championnat pour détecter des finalistes capables d’affronter leurs pairs à l’international, plus précisément, à Johannesburg, la ville hébergeant l’événement.
Et, pour Christie Dossou, les besoins de la tenue d’une compétition préliminaire interne au Bénin a rendu nécessaire la création du ’’Global dance supreme Bénin’’ (Gdsb), surtout qu’une licence a été obtenue de la part de l’organisation mère. Ainsi, l’Association ’’Pro 7’’ prend toutes les dispositions pour cette sélection des finalistes béninois. Elle se tiendra le dimanche 12 mai 2019 dès 16 heures précises à l’Espace ’’Mayton’’, sis quartier de Zogbadjè, derrière l’Université d’Abomey-Calavi. Pour finir, la co-conférencière a évoqué les conditions que tout danseur résident au Bénin doit respecter : être de nationalité béninoise, appartenir à l’une des catégories ’’Krump’’, ’’B-boy’’, ’’All style’’ ou ’’Afro style’’, pouvoir évoluer en duo, démontrer du sérieux dans son exercice, faire preuve d’une bonne moralité et manifester une grande disponibilité.


L'Affiche officielle de la Gds Bénin 2019

Appuyant les précisions ci-dessus, Nourou-Deen Eniola, Directeur de l’Udc et aussi membre du Comité d’organisation, a mentionné que les danseurs aspirant prendre part à la finale ont jusqu’au 4 mai 2019 pour manifester leur inscription, sans oublier que les postulants retenus, le jour de la finale, le 12 mai, doivent venir à l’Espace ’’Mayton’’, à 14 heures précises, pour un tirage au sort. « C’est notre mouvement ; il faut que les danseurs l’accompagnent par la mobilisation, par la communication », a-t-il appelé, pour clore son propos.
La conférence s’est achevée par des échanges entre les membres du public autour du thème : « Danses urbaines au Bénin : état des lieux et perspectives ».

Marcel Kpogodo

lundi 29 avril 2019

Les ’’3L Ifèdé’’ prennent leur envol pour les Etats-Unis

Dans le cadre de leur participation au cinquantenaire d’un festival américain jumelé

Le dimanche 28 avril 2019, un peu plus d’une dizaine des membres de la troupe de théâtre et de danses, les ’’3L Ifèdé’’, ont pris le départ de Cotonou pour les Etats-Unis. Il s’agit pour eux de participer à la cinquantième édition du festival jumelé dénommé ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage festival’’.

Les ''3L Ifèdé'', posant peu avant la prise de leur vol
13 artistes danseurs traditionnels. Le nombre des élus devant représenter les ’’3L Ifèdé’’, cette troupe béninoise de théâtre et de danses, à la 50ème édition du ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage culture’’, et qui ont pris le départ de l’aéroport international ’’Cardinal Bernardin Gantin’’ du quartier de Cadjèhoun à Cotonou, dans le milieu de la soirée du dimanche 28 avril 2019.
Très enthousiastes, heureux, le visage rayonnant et brillant d’un grand rire, ils étaient uniformément et élégamment habillés d’un ensemble fait d’une tunique et d’un pantalon d’un blanc étincelant tirant sur le beige, le tout surmonté d’un boubou vert pur aux manches courtes et larges avec, sur la tête, un chapeau traditionnel estampillé ’’3L Ifèdé’’.
Animés du sentiment d’une mission patriotique à aller accomplir en terre américaine, ils n’ont pas hésité, dans leurs photos de groupe, à s’entourer des drapeaux du Bénin et des Etats-Unis. Jusqu’au 7 mai 2019, ils feront parler du berceau du vodoun dont ils exécuteront les danses variées et exceptionnellement chaleureuses, ce que confirment, dans les impressions qu’ils ont partagées avec notre Rédaction, Eric Orphée Gnikpo, Président des ’’3L Ifèdé’’, et Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, pièce d’attraction de la troupe.

Marcel Kpogodo




Impressions

De gauche à droite, Eric Orphée Gnikpo et Léon Hounyè

Eric Orphée Gnikpo : « C’est une fierté pour nous de porter le drapeau national »

Il faudrait vous dire merci pour cette présence. C’est ce que nous avons toujours souhaité, nous voulons d’une presse d’investigation. Nous savons tous que cet événement est de taille et vous n’avez pas quand même attendu qu’on vous appelle, vous êtes venus spontanément. Cela nous va droit au cœur et, c’est la preuve qu’au Bénin, on a des journalistes culturels d’investigation.
C’est un sentiment de joie qui anime toute l’équipe et moi. Nous sommes très fiers, aujourd’hui, de porter haut les couleurs nationales. Au-delà de la personne morale des ’’3L Ifèdé’’, c’est le Bénin qui est ainsi représenté. C’est une fierté pour nous de porter le drapeau national.
Concernant les danses, vous n’êtes pas sans savoir que nous avons une nation assez riche. Je le dirai : en Afrique, le Bénin est numéro 1 en matière de danses patrimoniales ; nous sommes inégalables, nous en avons à foison. Donc, dans cette panoplie de danses traditionnelles, nous en avons concocté une bonne vingtaine parce que nous allons jouer sur de grands podiums : on a des spectacles de 45 minutes. En tout et, pour tout, nous présenterons sept spectacles. C’est du fort, c’est du lourd. Que l’on soit du nord, du centre, du sud, de l’est ou de l’ouest, chacun aura sa danse à la Nouvelle Orléans avec les ’’3L Ifèdé’’.



Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo : « […] nous sommes des messagers, nous sommes là pour faire voir notre pays »

Pour ce Festival, je suis prêt à offrir un beau spectacle. La base de notre spectacle, ce sont les danses du vodoun parce que notre pays est basé sur le vodoun, nous y sommes nés, nous en vivons. Nous allons pour mettre en valeur le pays du vodoun, montrer comment le vodoun fait du bien ; il n’est pas là pour faire du mal. C’est ce que nous allons exprimer devant le public américain ; nous sommes des messagers, nous sommes là pour faire voir notre pays. Paradoxalement, quand vous prenez le cas de Ganvié, c’est le Togo qui la vend alors que cela se trouve au Bénin ; on a monté une danse pour présenter Ganvié ; on l’appelle ’’Atié’’. Nous allons montrer aux Américains que notre pays est très riche en cultures. Entre autres, nous montrerons aussi le ’’zangbéto’’. On a plein de surprises pour le public américain.
Je me dois de remercier le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture pour avoir cru en nous, en ce que nous sommes en train de faire. Cela, c’est très important ! Si nous avons un ministre qui ne croit pas en nous, c’est là que le problème se pose. Le Ministre [de la Culture, Oswald Homéky] ne croit pas en ce que nous sommes en train de faire.
Je reviens remercier le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture, chez qui c’est le contraire. C’est un travail énorme. Les sportifs ne peuvent jamais le faire. En Italie, nous avons reçu une médaille avec, comme seule retombée, le passage par le salon d’honneur de l’aéroport de Cotonou, alors qu’en tant qu’artistes, nous sommes les meilleurs pour faire valoir notre pays. Actuellement, nous allons aux Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans, pour faire des prestations auprès de plus de 35 pays ; on nous connaît, nous allons les marquer sur scène. Je vous l’assure.
Je remercie tous les Béninois, de même que le Président de la République parce qu’il a eu confiance aux artistes : malgré toutes les déclarations de part et d’autre, il a maintenu le Fonds des Arts et de la culture, pour les accompagner. Sans cette institution, nous ne vivons pas ; sans un soutien pour la culture, on ne peut pas vivre. Je remercie tous les acteurs culturels, tous les administrateurs du Fonds des Arts et de la culture, tous les directeurs techniques du Ministère de la Culture.
Mais, je ne suis pas prêt à remercier le Ministre de la Culture parce que nous n’avons pas du tout son soutien.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 26 avril 2019

Feu Stan Tohon sensibilise sur les élections législatives

Dans le cadre du lancement de son single posthume

Le Groupement africain des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac) a tenu une conférence de presse le mardi 23 avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’ sis quartier de Hêvié à Abomey-Calavi. Il s’agissait pour les représentants de cette structure, d’une part, de lancer officiellement un single laissé par le monument de la musique béninoise, Stan Tohon, appelant à des législatives pacifiques. D’autre part, ils ont dévoilé un projet important lié à l’existence du single indiqué.

De gauche à droite, Rodéric Dèdègnonhou et Khadija Ghak Tohon
’’Bloc contre Bloc’’. Le titre du single laissé par Stan Tohon et qu’a lancé, à titre posthume, le Groupement africain des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac), par une conférence de presse que ses membres ont animée dans la matinée du mardi 23 avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, à Hèvié, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
A en croire Rodéric Dèdègnonhou, le Responsable aux médias du Grapac, c’est cinq jours avant d’aller se faire soigner en France que l’artiste concerné est entré en studio pour composer ce morceau de 6 minutes 38 secondes, dans le cadre des élections législatives du 28 avril 2019, afin d’inciter les citoyens béninois à aller « voter dans la joie et dans la paix ». Toujours selon cet intervenant, cette chanson, réalisée selon le ’’tchink system’’, le rythme dont l’artiste a été le fondateur et le principal animateur, met en harmonie des instruments de la musique traditionnelle tels que les cloches, les castagnettes et la grosse gourde aux bords rétrécis, appelée ’’gota’’, et entre dans une tradition chère au chanteur, de son vivant : la réalisation, à la veille de chaque élection, d’une chanson de sensibilisation au vote dans la tolérance, dans la paix et dans le fair-play.
Malheureusement, dans sa projection du schéma du déroulement, dans de bonnes conditions, des législatives du 28 avril 2019, Stan Tohon, en composant ce morceau, ne pouvait imaginer que l’Opposition aurait été exclue de ces joutes électorales, ce qui l’a amené à mentionner cette tendance politique de même que la mouvance. Finalement, dans la réalité, ce sont deux partis de la seconde obédience politique qui s’affrontent ; l’artiste s’en retournerait dans sa tombe. En outre, dans sa logique de la compétition qu’il attendait des deux forces antagonistes, l’artiste est allé jusqu’à chanter que « ça va barder », alors que, vu ces conditions électorales qu’il n’a pas imaginées, sur le terrain, une campagne terne s’est imposée. Par ailleurs, beaucoup de potentiels électeurs se refusent au retrait de leur carte de vote, ce qui laisse croire que le 28 avril se fera remarquer un important taux d’abstention alors qu’au début du morceau ’’Bloc contre Bloc’’, Stan Tohon avertit : « Nul n’a le droit de rester à la maison ». C’est dire qu’en l’espace de quelques petits mois, de manière invraisemblable, le Bénin a basculé dans des habitudes politiques qui lui étaient inconnues depuis des décennies, des mœurs dans lesquelles l’artiste béninois défunt baignait en composant sa chanson de sensibilisation et qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui. Un autre facteur de retournement de Stan Tohon dans sa tombe ! Ainsi, s’il n’avait pas été amené à rejoindre le père céleste, on peut imaginer quelle aurait été sa révolte.
Au point de vue du traitement technique de la chanson laissée par le Roi du ’’tchink system’’, Marcel Padey, l’arrangeur du morceau, présent aussi à la conférence de presse, n’a pas manqué d’indiquer son respect de l’œuvre, n’en ayant rien ajouté ni retranché et s’étant contenté de le mixer, avec l’assistance de Carlos Tohon, le fils du défunt. 


Khadija Ghak Tohon, dans la continuité

Est aussi intervenue au cours de la conférence de presse, Khadija Ghak Tohon, l’épouse du défunt. Lançant officiellement le single en question, elle a insisté sur son action consistant à continuer la tradition de sensibilisation électorale chère à son époux, ce qui lui fit annoncer la tenue d’un géant concert en faveur des habitants de Hêvié, dès 16 heures, à l’espace de spectacles du Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, de façon à les amener à voter dans la paix. Vivi l’International est la marraine de cette production musicale sur scène, qui donnera  l’opportunité de connaître de prestations d’artistes tels que Gisèle Ash, Charly Guédou, Fidèle Anato, Adjos  et Rodolphe, puis du groupe ’’Les frères Totin’’.

Marcel Kpogodo

dimanche 21 avril 2019

« Venez vivre le bonheur personnifié », appelle Nina Gnonnan avec ’’Spéciale résurrection’’

Dans le cadre de son concert de Pâques à la Maison des Jeunes d’Agla

La Maison des Jeunes d’Agla promet une ambiance musicale des plus chaudes le dimanche 21 avril 2019 à partir de 20 heures. Nina Gnonnan, l’artiste de la musique béninoise, qui va s’y produire, sera soutenue par plus d’une dizaine d’autres artistes et démontrera une musique live fondée sur des rythmes béninois et universels, le gage du vrai bonheur qu’elle entend faire ressentir au public …

Nina Gnonnan, prête pour son concert
« A mon gnonnan kpon an ? », « As-tu jamais vu le bonheur ? ». La question oratoire que lance, en fon, une des langues nationales béninoises,  la chanteuse béninoise, Nina Gnonnan, aux fins de laisser deviner l’épanouissement, la satisfaction profonde qu’elle espère faire vivre au public dont elle attend un déplacement massif dans la soirée du dimanche 21 avril 2019, dès 20 heures précises, à la Maison des Jeunes d’Agla, à Cotonou. Pour un ticket d’entrée d’un montant à la portée de tous : 1000 Francs Cfa.
Ce concert, dénommé ’’Spéciale résurrection’’, semble se voir assigner deux fonctions par l’artiste : faire resplendir chez le public la fête de Pâques, celle commémorant le retour à la vie de Jésus-Christ après qu’’il a été mis à mort par crucifixion. Deuxièmement, cette ’’Spéciale résurrection’’, ce concert, organisé par la Mutuelle de Solidarité entre artistes de tous genres (Msatg), sonne comme la relance de sa carrière musicale ayant connu une grande léthargie, surtout après le décès de son époux. Ainsi, sa prestation fera vivre au public de la musique de chez nous, c’est-à-dire de l’ ’’akonhoun’’, ce rythme traditionnel très énergique dont la poitrine est le principal instrument de musique. Selon l’artiste, il sera aussi question pour elle de rallier à sa cause tous les goûts possible, ce qui justifie qu’elle s’illustrera, dans ses morceaux, par la ’’juju music’’ et à travers le jazz.

L'Affiche officielle du concert
Et, ils seront  nombreux, ses pairs créateurs qui se sont annoncés comme venant lui prêter main forte : l’humoriste Pasteur Zan, l’inventeur du ’’mass-go’’, Jean Adagbénon, le berceur Petit Miguélito, et une bonne brochette de voix féminines, Tata Grâce, Liss Mouss, Isbath Touré, Princesse Stella, Rich Savi, Alodjè Oket, puis des jeunes pousses, de nouveaux noms pour qui la ’’Spéciale résurrection’’ constitue l’opportunité pour se faire découvrir du grand public : Dica, Max Rossi et Deus Kalé.


Un fondement musical avéré  

De son nom à l’état-civil, Pierre-Claver Nina Ella Sèvo, Nina Gnonnan se renouvelle de manière décisive avec la ’’Spéciale résurrection’’, ce qui se marque par l’abandon de son précédent nom d’artiste, Ella 2 Frêle. Moulue dans la musique de variétés jusqu’en 2015, cette année a fait sonner en elle le déclic pour une option rythmique identitaire et résolument authentique. Ainsi, depuis ce temps, elle vibre de pair avec les cadences d’un ’’zinli gbété’’ qu’elle modernise à la sauce de rythmes qui se diversifient selon son inspiration : le jazz et le r’n’b. De ce fait, elle aime bien mettre en symbiose la jazz et le ’’zinli’’, de même que le r’n’bb et le ’’gbété’’. Ceci contribue à l’installer confortablement dans le registre des artistes béninois pratiquant la musique de recherche.
Par ailleurs, parus le 11 mai 2013, deux albums-jumeaux aux morceaux rythmés dans du « zinli gbété pur », selon l’expression de l’artiste, montrent qu’elle a du métier : ’’Sètchémin’’ comportant dix titres audio et ’’Soyimavo’’ avec cinq chansons vidéo. « Ces albums ont été des éléphants aux pattes cassées », commente-t-elle, avant d’expliquer : « raison pour laquelle ils n'ont pas connu une promotion bien peaufinée ». Et, comble de malheur, elle devint veuve au moment où débutait la promotion de ces disques. Le temps ayant fait son œuvre, ces déboires ont été conjugués au passé, laissant désormais se projeter sous les feux de la rampe de la scène musicale béninoise une Nina Gnonnan auréolée d’espérance, d’enthousiasme, de détermination, de joie de vivre et, particulièrement, d’un bonheur qu’elle veut communicatif.

Marcel Kpogodo 

vendredi 19 avril 2019

Les ’’3L Ifèdé’’ d’Eric Orphée Gnikpo aux Usa pour la promotion du patrimoine du Bénin

Annonce faite dans le cadre d’un point de presse

Les ’’3L Ifèdé’’ est une troupe de théâtre et de danses traditionnelles, qui se rendra sous peu aux Etats-Unis pour participer à un important festival commémorant son cinquantenaire d’existence. Le contenu du point de presse qu’a animé le responsable de ce groupe le vendredi 19 avril 2019 au siège de la Fédération nationale de Théâtre (Fénat) sis quartier de Ménontin à Cotonou.


De gauche à droite, Léon Hounyè, Eric Orphée Gnikpo et Oscar Allossè
« Comment faire pour graver l’image du Bénin dans le cœur de ces centaines de milliers de spectateurs ? ». La préoccupation qu’a gravement manifestée Eric Orphée Gnikpo, Directeur de la troupe de théâtre et de danses traditionnelles, ’’Les 3L Ifèdé’’, au cours du point de presse qu’il a animé concernant la prochaine expédition de son Groupe aux Etats-Unis, à la salle de conférence du siège de la Fédération nationale de Théâtre (Fénat) du quartier de Mènontin, à Cotonou, dans la matinée du vendredi 29 avril 2019. Pour la circonstance de la présentation de son projet, le jeune artiste et acteur culturel était entouré de deux de ses pairs, Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, et Oscar Allossè.
Selon Eric Orphée Gnikpo, pour des raisons de calendrier, seul le premier de ces deux danseurs traditionnels professionnels béninois appartiendra au groupe des 13 membres des ’’3L Ifèdé’’ qui participeront, du 28 avril au 7 mai 2019, à un événement culturel international d’une envergure monumentale qui est le jumelage de deux manifestations qui se révèlent de poids, au regard de la qualité des artistes invités, de la variété, de la diversité et de l’abondance frappante des spectateurs à chaque édition : le ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage festival’’. Ceci n’empêche pas, à en croire l’intervenant, Oscar Allossè d’être de cœur avec les partants et avec l’expérience dont ils iront s’enrichir. Un facteur important donne un intérêt particulier à l’édition 2019 de l’événement : il se trouve à son 50ème  anniversaire de déroulement.
Pour le Directeur des ’’3L Ifèdé’’, la donnée liée au demi-siècle d’âge du festival américain exige qu’en matière des artistes et des groupes participants, ce soit la « crème des crèmes » qui puisse y être appelée, d’où le défi qui s’impose à son Groupe de relever. « Nous avons l’obligation de vendre notre culture, de défendre vaillamment le patrimoine immatériel et nous nous donnons les moyens pour réussir cette mission », ce qui met l’ensemble artistique concerné en situation de travailler d’arrache-pied, c’est-à-dire « nuit et jour », a déclaré Eric Orphée Gnikpo.


Une programmation bien arrêtée

Pour le conférencier, ’’Wouétché’’ est le spectacle de danse, la dernière création que les ’’3L Ifèdé’’ produiront sur les scènes américaines de la Nouvelle Orléans et de la Louisiane. Bien rôdé en octobre 2018 à l’occasion de la première édition de la Semaine culturelle du Bénin au Togo, ce spectacle donnera l’occasion de faire découvrir les danses patrimoniales du Bénin, qu’elles manifestent leur origine au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest, de même que les rythmes respectifs qui leur sont attachés. Dans la suite de ses explications, Eric Orphée Gnikpo a montré que le séjour artistique et culturel des ’’3L Ifèdé’’ à la Nouvelle Orléans et en Louisiane donnera l’opportunité à ses membres de prendre part à des rencontres professionnelles avec des artistes et des groupes, à des ’’master class’’ dans des universités, sans oublier de tenir des échanges avec des programmateurs et des acheteurs, puis des signatures de partenariats. 
Si, au moins, une dizaine d’années auparavant, les groupes ’’Ori culture’’, ’’Gangbé brass band’’ et l’homme-orchestre Sagbohan Danialou ont particpé au ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage festival’’, il appartient aux ’’3L Ifèdé’’ d’y faire rayonner le Bénin, eux qui s’y produiront aux côtés de pays comme la Côte d’Ivoire, le Canada et le Brésil.
Par ailleurs, selon les propos d’Eric Orphée Gnikpo, le Gouvernement béninois joue une partition honorable dans le déplacement de l’Ensemble artistique et culturel indiqué de théâtre et de danses par l’apport financier du Ministère de la Culture dont le Fonds des Arts et de culture (Fac), dirigé par Gilbert Déou Malé, prend en charge tous les frais afférents à cette expérience artistique et culturelle, sans oublier le soutien remarquable de personnalités telles que Gaston Eguédji, en tant qu’acteur culturel béninois.

Marcel Kpogodo

jeudi 18 avril 2019

Quand Oswald Homéky assène un violent coup de massue aux acteurs culturels

Dans le cadre de l’Assemblée générale organisée par leur Plateforme représentative

La salle de conférence du Centre de Promotion de l’artisanat de Cotonou (Cpa) a abrité une Assemblée générale initiée par la Plateforme des artistes et des acteurs culturels du Bénin. L’événement s’est produit le 29 mars 2019. Etait à l’ordre du jour la situation qui prévaut dans le secteur culturel et les solutions à apporter aux problèmes posés. Les artistes et les acteurs culturels se sont montrés particulièrement remontés contre les choix budgétaires liés au domaine des arts et de la culture, et opérés, contre toute attente, par le Ministre de la Culture, pour le compte de l’année 2019.

De gauche à droite, Gaston Eguédji, Souleymane, Pascal Wanou et Koffi Adolphe Alladé, au cours de l'Assemblée générale
500 millions pour le Fonds de Bonification, 650 millions pour le financement par le Fonds des Arts et de la culture (Fac) des projets institutionnels, d’une part, et de ceux individuels et associatifs des artistes et des acteurs culturels, d'autre part, 400 millions pour le fonctionnement du Fac, soit 1 milliard 550 millions de Francs, pour 2019, sur une dotation globale de 7 milliards, octroyée par le Ministère des Finances. Les chiffres ayant provoqué l’indignation des artistes et des acteurs culturels qui participaient massivement à l’Assemblée générale à laquelle les a appelés la Plateforme des artistes et des acteurs culturels, et qui s’est tenue dans la matinée du vendredi 29 mars 2019 au Centre de Promotion de l’artisanat de Cotonou.
Le thème qui a servi de fondement aux échanges parfois houleux et surchauffés, d’une durée de quatre heures d’horloge, avait été annoncé à l’avance : « Etat des lieux du secteur de la culture : avancées, difficultés actuelles et perspectives ». Pour conduire les débats, quatre personnalités se trouvaient au podium : Gaston Eguédji et Souleymane Salaou, tous deux Administrateurs du Fac, Pascal Wanou, Coordonnateur de la Plateforme et, enfin, Koffi Adolphe Alladé, Président de la Confédération béninoise de danses (Cobed).
L’Assemblée générale, dans son déroulement, connaissait une évolution normale et apaisée jusqu’au moment où deux situations se sont produites et qui ont eu pour conséquence de faire tourner les humeurs au vinaigre : l’annonce du passage du montant consacré à la subvention directe par le Fac des manifestations initiées par les artistes et les acteurs culturels d’1 milliard 750 millions, en 2018, à 650 millions, en 2019 ! Deuxième situation : l’impression que les animateurs ont donné d’être les porte-parole du Ministre de la Culture, Oswald Homéky.
En réalité, l’assistance n’avait pas compris que le ton conciliant que Pascal Wanou et les siens du podium adoptaient pour expliquer la situation dramatique était dû au caractère irréversible et définitif du cadrage des fonds destinés aux subventions des activités des artistes pour le compte de l’année en cours. Conséquence : on ne pouvait plus rien changer de ces chiffres de 2019, ce qui n’a pas empêché bon nombre d’intervenants, au cours de la phase des débats, de proposer que la dotation du Fonds de Bonification soit purement et simplement reversée à la cagnotte du Fac. Un vrai médecin après la mort !
A plusieurs reprises, Pascal Wanou et les deux Administrateurs du Fac ont dû clamer leur bonne foi et leur acquisition sans failles à la cause des artistes et des acteurs culturels. Le courroux de ceux-ci était, en effet, difficile à contrôler et à dissiper ; il ne restait plus que leur colère pour déplorer les orientations budgétaires du Ministre de la Culture qui fut, à l’occasion, fortement décrié. Le fait accompli devant lequel se sont retrouvés les dirigeants de la Plateforme au cours de leur rencontre avec Oswald Homéky les interpelle sur la nécessité pour eux de développer un sens élevé d’anticipation afin de commencer à temps, dès juin 2019, au moins, le lobbying et le plaidoyer auprès des autorités concernées pour un budget 2020 favorable aux artistes et aux acteurs culturels.



Oswald Homéky : un cahier des charges à peine démarré !


Les échanges entre les membres du podium de l’Assemblée générale et les artistes puis les acteurs culturels ont débouché sur un état des lieux à la limite du désastre, comme si le Ministère de la Culture n’avait pas eu un titulaire depuis plusieurs années.
D’abord, il s’est précisé que trois directions techniques du Département ministériel concerné manquaient d’un Conseil d’Administration : le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), la Direction de l’Ensemble artistique national (Dean) et le Centre national du Cinéma et de l’image animé (Cncia). En outre, une réalité tout autant déplorable liée au fonctionnement des directions techniques restent qu’elles ne disposent pas d’un budget autonome pouvant leur permettre de mener des activités en faveur des acteurs culturels. « Il faudrait doter les directions techniques d’un budget de fonctionnement, ce qui amènerait à désengorger le Fonds des Arts et de la culture », avait lancé Gaston Eguédji.
Ensuite, d’autres situations calamiteuses furent présentées : entre autres, les dettes non encore réglées de l’ex-Fonds d’Aide à la culture selon l’exercice 2016, une question pour laquelle le Ministre de la Culture menace de demander un audit, l’absence de la carte d’artiste, le délaissement par le Ministère de secteurs comme les arts plastiques et la littérature, la difficulté dans la distribution des œuvres artistiques.
Enfin, même si plusieurs artistes et acteurs culturels ont développé, au cours de l’Assemblée générale, l’esprit d’un rejet des 650 millions accordés au Fac, quitte à ce que soit ajoutée à ce montant, la dotation de 500 millions du Fonds de Bonification, le Coordonnateur de leur Plateforme représentative, Pascal Wanou, a partagé avec l’assistance une condition supplémentaire pour se donner les chances de décrocher un financement au Fac, même si aucun appel à candidatures ne sera lancé officiellement, comme par le passé : appartenir à une association culturelle.

Marcel Kpogodo

mardi 16 avril 2019

Le Ministre Oswald Homéky avait manifesté deux préoccupations essentielles

Dans le cadre de la Réunion des Directeurs du Patrimoine culturel de la Cédéao

Le mardi 9 avril 2019 a débuté la Réunion des Directeurs généraux du Patrimoine culturel des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’événement a connu son déroulement à ’’Myosotis hôtel’’ à Cotonou. Ouvrant les travaux qui devaient durer trois jours, le Ministre béninois de la Culture, Oswald Homéky, a fait deux recommandations aux participants.

Ci-contre, Oswald Homéky
Un plan d’actions réaliste et des propositions concrètes puis pertinentes. Ce qu’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, a souhaité des experts  participant à  la Réunion des Responsables du Patrimoine culturel  et des musées des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à l’ouverture de ces assises dans la matinée du mardi 9 avril 2019. 
Ces travaux se sont effectués jusqu’au jeudi 11 avril dans le but d’amener les experts présents émanant des quinze pays de l’espace ouest-africain à mettre au point le Plan d’Action régional 2019-2023 sur le retour des biens culturels africains au niveau de leurs pays d’origine. En effet, le Bénin avait été le tout premier pays à demander à la France la restitution des richesses culturelles qu’elle a emportées dès la colonisation de l’ex-Dahomey, ce que le Ministre de la Culture a évoqué dans sa courte allocution, situant cette demande à l’année 2016. Aussi a-t-il indiqué avoir instruit Alain Godonou, Vice-président du Comité chargé de la Coopération muséale et patrimoniale entre la France et le Bénin, pour communiquer aux séminaristes les éléments relatifs à l’expérience du Bénin concernant l’initiative du retour des biens culturels.


D’autres allocutions

Deux discours ont précédé celle du Ministre de la Culture, Oswald Homéky. D’abord, dans le sien, Komlan Agbo, Représentant résident de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), a montré, en substance, que l’Uémoa et la Cédéao mènent un combat commun lié à l’expansion culturelle des pays membres de deux institutions respectives. 

Komlan Agbo, présentant son discours
En effet, la première en a fait cas dans sa ’’Politique commune de développement culturel’’ qui a débouché sur un programme devant amener à constituer la ’’Liste du Patrimoine régional’’ par un Comité approprié. Puis, après avoir fait ressortir et félicité les qualités de patriotisme, de vision et de courage du Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, puis reconnu le pragmatisme des ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de la Justice, impliqués dans le processus du retour au Bénin de ses biens culturels, il a, entre autres, rappelé aux experts participants la place importante qui est la leur dans le déclenchement par leurs pays respectifs du combat mené par le Bénin.

Le Professeur Léopoldo Amado, au cours de son allocution
Quand au Professeur Léopoldo Amado, Commissaire ’’Education, science et culture’’ de la Commission de la Cédéao, il est intervenu en lieu et place du Président de cette Commission. Ainsi, il a aussi rendu hommage au  Président Talon et remercié le Ministre Homéky d’être venu ouvrir les travaux de l’Atelier. Ensuite, il a rappelé que les travaux démarrant le 9 avril faisaient suite à la Déclaration politique émise par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao, en décembre 2018, concernant le retour des biens culturels aux pays africains, ce qui les a amenés à demander à la Commission de l’ensemble sous-régional de leur produire, à leur prochain sommet, un « Plan d’Action régional sur le retour des biens culturels africains à leurs pays d’origine », ce qui fait de cet Atelier une étape cruciale vers la concrétisation de cette demande. Par ailleurs, notamment, cette personnalité a rappelé les nouvelles échéances après la production du Plan indiqué : mai 2019, pour sa validation par les Ministres de la Culture et juin 2019, sa présentation aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao.
Un fait plaisant de cette cérémonie solennelle d’ouverture de l’Atelier : l’assurance des entre-discours par le Chœur polyphonique de l’Institut national des Métiers d’art et d’archéologie et de la culture de l’Université d’Abomey-Calavi (Inmaac/Uac) ayant magistralement interprété les hymnes nationaux du Bénin et de la Cédéao.

Marcel Kpogodo

samedi 13 avril 2019

Plusieurs griots en concert à Parakou

Dans le cadre de la 3ème édition du Fag

La troisième édition du Festival des arts griotiques (Fag) s’est tenue du 9 au 13 avril 2019 à Parakou. Parmi les  activités prévues pour animer l’événement, le public a pu se délecter des prestations respectives de plus d’une dizaine de griots venus de plusieurs régions du Bénin et de la sous-région ouest-africaine.

L'Affiche officielle du Fag 2019
Amina Bouandoko Orou et Séidou Barassounon de Parakou, Yacouba Bata de N’Dali, Alassane Kpéninré de Bembèrèkè, Fati Yêrêkou de Péhunco, Adamou Mandé de Nikki, Sangban du Nigéria, Sékou Kouyaté du Mali, Diarra Sékou et Adidjatou Diabaté du Burkina Faso et des griots prévus pour venir du Niger. La kyrielle de femmes et d’hommes, appelés « maîtres de la parole », programmés pour donner corps aux grands concerts live organisés à Parakou, dans le contexte de la 3ème édition du Festival des arts griotiques (Fag), et qui se sont effectués les 10 et 11 avril 2019.   
Ces différentes prestations scéniques ont été placées sous un thème bien précis : « Dialogue interculturel et de cohésion sociale pour la paix ». Elles se sont déroulées sur l’esplanade de la Radio ’’Deeman’’, bien connue à Parakou et ont été une occasion de faire découvrir la diversité et la spécificité régionales et sous-régionales  de la pratique de ce qu’il est convenu de dénommer l’art griotique. Déjà, le mercredi 10 avril, en soirée, dès 20h30, la plupart des griots béninois ont comblé les attentes de la foule en se produisant en compagnie de ceux du Burkina Faso. Le lendemain, dans le même créneau horaire, les paroliers burkinabè ont réalisé une nouvelle prestation, cette fois-ci, avec  le Malien Sékou Kouyaté, un ensemble qu’est venu enrichir, de par son travail, le Béninois Séidou Barassounon. En réalité, l’impressionnant reste que l’art de la parole proférée par les griots est aussi exercé par les femmes. Ainsi, le public s’est vu couper le souffle, tenir en haleine par des griottes telles qu’Amina Bouandoko Orou, Fati Yêrêkou et Adidjatou Diabaté !


Richesse d’un programme

La 3ème édition du Fag n’a pas fait qu’accorder une place remarquable à l’expression artistique des griots à travers des concerts live, qui ont permis de voir plusieurs griots évoluer sur scène. Déjà, dans la matinée du mardi 9 avril, à l’ouverture du Festival, le sociologue Simin Koto Séro animait une communication à l’Institut français de Parakou sur le thème : « Rôle et place des griots dans la société ». Et, en dehors des formations qui ont été tenues sur l’art griotique au profit de plusieurs stagiaires, et qui ont donné lieu à des séances de restitution au cours des différents concerts, la ville de Parakou, par ses différents monuments et son célèbre marché dénommé ’’Azerkè’’, a fait l’objet d’une bonne visite touristique qui a été offerte aux invités du Fag.

Séidou Barassounon
Cet événement a donc tenu la promesse de ses activités fondamentales, ce qui reste à l’actif de Séidou Barassounon. Par le biais de l’Association ’’Paroles d’Afrique’’, dont il est le Président, il n’a pas courbé l’échine devant la modestie des moyens dont il disposait pour réaliser le Fag, pour le compte de l’année en cours. Griot de surcroît, il montre qu’il porte en lui, par l’organisation annuelle du Festival indiqué, la volonté et la conviction de la sauvegarde de l’art griotique. Ceci impose de l’attendre pour une nouvelle édition en 2020.

Marcel Kpogodo