Le Groupement africain
des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac) a tenu une conférence de
presse le mardi 23 avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’
sis quartier de Hêvié à Abomey-Calavi. Il s’agissait pour les représentants de
cette structure, d’une part, de lancer officiellement un single laissé par le
monument de la musique béninoise, Stan Tohon, appelant à des législatives
pacifiques. D’autre part, ils ont dévoilé un projet important lié à l’existence
du single indiqué.
De gauche à droite, Rodéric Dèdègnonhou et Khadija Ghak Tohon |
’’Bloc contre Bloc’’.
Le titre du single laissé par Stan Tohon et qu’a lancé, à titre posthume, le
Groupement africain des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac), par une
conférence de presse que ses membres ont animée dans la matinée du mardi 23
avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, à Hèvié, dans la
Commune d’Abomey-Calavi.
A en croire Rodéric
Dèdègnonhou, le Responsable aux médias du Grapac, c’est cinq jours avant
d’aller se faire soigner en France que l’artiste concerné est entré en studio
pour composer ce morceau de 6 minutes 38 secondes, dans le cadre des élections
législatives du 28 avril 2019, afin d’inciter les citoyens béninois à aller «
voter dans la joie et dans la paix ». Toujours selon cet intervenant, cette
chanson, réalisée selon le ’’tchink system’’, le rythme dont l’artiste a été le
fondateur et le principal animateur, met en harmonie des instruments de la
musique traditionnelle tels que les cloches, les castagnettes et la grosse
gourde aux bords rétrécis, appelée ’’gota’’, et entre dans une tradition chère
au chanteur, de son vivant : la réalisation, à la veille de chaque élection,
d’une chanson de sensibilisation au vote dans la tolérance, dans la paix et
dans le fair-play.
Malheureusement, dans
sa projection du schéma du déroulement, dans de bonnes conditions, des
législatives du 28 avril 2019, Stan Tohon, en composant ce morceau, ne pouvait
imaginer que l’Opposition aurait été exclue de ces joutes électorales, ce qui
l’a amené à mentionner cette tendance politique de même que la mouvance.
Finalement, dans la réalité, ce sont deux partis de la seconde obédience
politique qui s’affrontent ; l’artiste s’en retournerait dans sa tombe. En
outre, dans sa logique de la compétition qu’il attendait des deux forces
antagonistes, l’artiste est allé jusqu’à chanter que « ça va barder », alors
que, vu ces conditions électorales qu’il n’a pas imaginées, sur le terrain, une
campagne terne s’est imposée. Par ailleurs, beaucoup de potentiels électeurs se
refusent au retrait de leur carte de vote, ce qui laisse croire que le 28 avril
se fera remarquer un important taux d’abstention alors qu’au début du morceau
’’Bloc contre Bloc’’, Stan Tohon avertit : « Nul n’a le droit de rester à la
maison ». C’est dire qu’en l’espace de quelques petits mois, de manière
invraisemblable, le Bénin a basculé dans des habitudes politiques qui lui
étaient inconnues depuis des décennies, des mœurs dans lesquelles l’artiste
béninois défunt baignait en composant sa chanson de sensibilisation et qui ne
sont plus d’actualité aujourd’hui. Un autre facteur de retournement de Stan
Tohon dans sa tombe ! Ainsi, s’il n’avait pas été amené à rejoindre le père
céleste, on peut imaginer quelle aurait été sa révolte.
Au point de vue du
traitement technique de la chanson laissée par le Roi du ’’tchink system’’,
Marcel Padey, l’arrangeur du morceau, présent aussi à la conférence de presse,
n’a pas manqué d’indiquer son respect de l’œuvre, n’en ayant rien ajouté ni
retranché et s’étant contenté de le mixer, avec l’assistance de Carlos Tohon, le
fils du défunt.
Khadija Ghak Tohon,
dans la continuité
Est aussi intervenue au
cours de la conférence de presse, Khadija Ghak Tohon, l’épouse du défunt.
Lançant officiellement le single en question, elle a insisté sur son action
consistant à continuer la tradition de sensibilisation électorale chère à son
époux, ce qui lui fit annoncer la tenue d’un géant concert en faveur des
habitants de Hêvié, dès 16 heures, à l’espace de spectacles du Centre
artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, de façon à les amener à voter dans la
paix. Vivi l’International est la marraine de cette production musicale sur
scène, qui donnera l’opportunité de
connaître de prestations d’artistes tels que Gisèle Ash, Charly Guédou, Fidèle Anato,
Adjos et Rodolphe, puis du groupe ’’Les
frères Totin’’.
Marcel Kpogodo