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lundi 28 décembre 2009

Tonakpa - Rencarts 2009

Rencarts 2009
Constant Tonakpa



A la fin des Rencarts 2009 à la Place Lénine le mercredi 23 décembre 2009


Constant Tonakpa dit ses quatre vérités ...

La clôture des Rencarts 2009, mercredi 23 décembre dernier, à la Place Lénine, a permis de rencontrer les artistes participants. En l'occurrence, Constant Tonakpa, caricaturiste reconnu, Lauréat du Prix Rfi en la matière, quelques années auparavant, a accepté de nous parler de sa participation au Festival. Une occasion qu'il a saisie pour passer au crible le fonctionnement social et culturel béninois. Des dénonciations en perspective, assorties de propositions de solutions ...



Bonjour Constant, caricaturiste reconnu, peux-tu nous parler de ta participation au Festival Rencarts 2009 ?

Constant Tonakpa : Ce que j'ai fait pendant ces jours de Rencarts, c'est créer quelques dessins qui ont rapport avec l'assainissement. Dans ce cadre, j'ai eu à créer quelques dessins, notamment un dessin sur la corruption ; nos amis policiers qui, malgré que l'autre a dit aux conducteurs de créer l'incident chaque fois que, malgré qu'ils sont en règle, les policiers les attaquent pour leur demander des sous, j'ai fait un dessin pour, quand même, montrer que ce comportement, c'est mauvais ; j'ai accentué ça.

En quoi la corruption se rapporte à l'assainissement ?


Il faut assainir ce comportement, qui est un comportement de tous les jours, qu'on voit.

Nous avons cru comprendre que l'assainissement, dans le cadre de Rencarts 2009, c'était surtout lié à la sauvegarde de l'environnement ...


L'assainissement, c'est vaste, parce qu'il n'y a pas un qualificatif qui accompagne le mot "assainissement". Donc, c'est déjà un peu plus de liberté qui nous est donnée dans la création. Moi, je pense qu'il ne faut pas se limiter seulement à l'environnement, parce que, regardez sur nos chaînes de télévision aujourd'hui, on voit, tous les jours, un nouveau film, les feuilletons qui nous viennent d'ailleurs, une culture un peu gauche, une culture qui déforme nos manières de faire ici, qui nous enseigne d'autres manières de faire, qui ne sont pas toujours bonnes ; il faut assainir ça dans les médias, il faut assainir cette manière de faire ...


Et, tu as produit des caricatures là-dessus ?

Bien sûr, j'en ai produit, pour dire qu'il faut arrêter d'importer tout le temps des films, des films comme ça.

Et s'il n'y a pas des films au plan local pour remplacer ceux-là ?

S'il n'y en a pas, il faut qu'on trouve des moyens, nous-mêmes, ici, pour en produire, pour enseigner notre culture, le bon comportement d'ici, parce que, ce qui se passe, après, c'est que, nos filles, nos femmes même, nos soeurs et nos frères n'ont pas une conscience qui puisse leur permettre de faire la part des choses et se dire : "Ah! ça, c'est pas bon; le fait de s'habiller comme ça, dans ce film, c'est pas bon, le fait de corrompre les gens, de cette manière, dans ce film, c'est pas bon" ; ils n'ont pas encore un niveau de conscience aussi élevé, pour voir ça tout de suite. Donc, je pense qu'il faut pas leur montrer ces trucs-là, tout le temps, comme ça, parce que ça vient tous les jours, maintenant, sur les chaînes ; il faut arrêter un peu ça et trouver des moyens pour imposer notre culture, nos manières, nos moeurs d'ici, il faut que ce soit beaucoup plus ça qui passe sur nos chaines de télé. On ne peut dire que tout ce qui vient de l'extérieur, on met une croix là-dessus, on en prend, mais on ne doit pas tout prendre, il faut quand même être un peu sélectif. Vous voyez, aujourd'hui, le sexe, ce n'est plus vraiment un tabou sur nos chaînes de télé ; il faut assainir un peu ! En plein midi comme ça, vous voyez des gens nus s'embrasser, faire l'amour, sur nos chaînes de télé ; il faut assainir ça un peu, il faut arrêter un peu, parce que l'Occident, c'est l'Occident, l'Afrique, c'est l'Afrique et, le Bénin, c'est le Bénin. Il faut limiter les choses un peu, sinon, tous nos enfants deviendront des travestis, demain.


Tu as produit sur la corruption sur nos routes, la dégradation des moeurs au niveau des jeunes, et quels sont les autres thèmes sur lesquels tu as cherché à sensibiliser, par rapport au sujet de l'assainissement ?

Là, je suis sur une création qui parle de la pollution de nos caniveaux ; il faut assainir un peu les caniveaux, c'est l'environnment. En une semaine, on ne peut pas faire mille créations pour aborder l'assainissement, on est obligé de se limiter un peu, parce qu'il faut rester dans le temps.

En fait, est-ce que tu peux nous donner des témoignages sur des personnes qui t'ont interpellé sur ce que tu fais ?

Mon travail, ici, à la Place Lénine, a beaucoup plus consisté à projeter mon travail qui est fait directement sur l'ordinateur. Donc, je crois qu'il y a eu beaucoup de réactions ; le public, c'est les soirs, il y a beaucoup d'élèves qui sont là les soirs, il y a quelques adultes aussi qui viennent, qui regardent les dessins projetés, qui rigolent un peu d'abord, ensuite, qui posent une ou deux questions ...

Et, tu sens que le message est passé ?

J'ai dit tout à l'heure que ceux qui sont venus me voir, ils ne rigolaient pas tous, il y a certains qui disaient : "Ah, oui, oui, voilà ! Ah, regardez la dame-là, elle s'est habillée comme ça là ..." Il y a d'autres qui perçoivent le message et, c'est à travers leurs réactions que moi, je le sais : "Ah oui, regardez le policier-là, il prend l'argent !" Vous voyez ? Donc, c'est déjà à partir de là qu'ils prennent conscience, ils savent que c'est mauvais ; s'ils rigolent seulement, ça s'arrête là. Il y a certains qui rigolent seulement, il y a d'autres qui perçoivent le message et qui comprennent. Peut-être que, parmi ces élèves-là, il y a de futurs policiers.


Est-ce pour la première fois que tu participes aux Rencarts ?


C'est pour la première fois.


Et, c'est pour le première fois qu'un caricaturiste est associé aux Rencarts ...


Je crois aussi que c'est la première fois.


Qu'est-ce que tu penses de ce Festival ? Comment peut-on l'améliorer ?


Cette expérience a été unique, elle a été le première, c'est-à-dire, projeter des dessins réalisés sur l'ordinateur directement, parce que, au fur et à mesure que je travaillais, il y avait une projection qui se faisait. Je crois que, c'est une bonne expérience, parce que, d'abord, il y a le côté créa qui permet aux gens de comprendre comment notre travail se fait, parce que ça les épate de voir, dès que je me pose mon stylet sur la palette graphique, le processus que je suis, en direct, sur grand écran. Et, à partir de là, ils se rendent compte que c'est pas magique, c'est pas sorcier. Donc, ça devient banal. Parmi les enfants qui viennent, parmi les parents qui viennent, il y a certains qui se reconnaissent un peu forcément, c'est-à-dire que, parmi les parents, il y a certains qui se rappellent tout de suite leur enfant qui dessine à la maison, il y en a parmi les élèves qui se rappellent : "Les quelques exercices de crayonnés que je fais à la maison, voilà le même métier que le monsieur-là, il fait ..." Et, ils n'ont plus peur, ils n'ont plus tellement peur, ça les rassure, ça peut susciter d'abord des vocations, parce que, nous, quand nous, on a commencé, ça a été très dur ! Les parents n'étaient pas d'accord, parce qu'ils se disaient : "Ouais, mon enfant, il est paresseux, il est tout le temps dans la chambre en train de dessiner ; qu'est-ce qu'il va devenir dans la vie ?" Ils avaient peur, ils faisaient tout pour que je ne dessine pas, mais, moi, j'ai persisté et, c'est de ça que je vis aujourd'hui ! C'est de ça que je vis aujourd'hui ! Donc, le fait de voir, de projeter des dessins, comme ça, faits directement sur l'écran, ça permet aux parents de se dire : "Ah, tiens, ce que fait mon enfant à la maison, c'est pas aussi mauvais que ça ; voilà quelqu'un qui le fait et qui, forcément, doit vivre de ça !" ; ça les rassure et ça leur permet de demander plutôt à leur enfant, une fois retournés à la maison : "Ah, mais, tu as besoin de quel instrument pour faire ton dessin ?", au lieu de lui dire : "Ah, je ne veux plus te voir dessiner !" Vous voyez, c'est un peu comme le foot, aujourd'hui ; avant, quand on te voyait jouer : "Oui, oui, oui, je ne veux plus jamis te voir au terrain !" Mais, dès qu'on voit un Drogba à la télé, qui gagne des milliards, tout de suite, ça tente. Alors, le parent, il rentre du boulot, il ramène un ballon à son enfant ; c'est à peu près la même chose. Il y a de plus en plus d'ouverture aujourd'hui et, ça c'est bon, parce qu'il faut libérer les esprits, il ne faut pas les embrigader dans un cocon où les enfants se disent : "Ah, je sais dessiner, mais je ne peux pas oser ça devant les parents". L'enfant a de bonnes notes en dessin, à l'école mais, à la maison, il fait tout pour qu'on ne le voie pas, ou bien, il a peur de montrer son bulletin, parce que, peut-être, il a eu 18/20 en dessin, alors qu'en mathématiques, il a eu 02 ; il a du talent, il faut le laisser s'exprimer ! Il faut lui permettre de s'exprimer, d'aller au-delà de ça, et de monter, parce que l'art, ç peut nourrir son homme.

Tu as un dernier mot ?



Je vais d'abord demander à nos autorités qui sont au niveau supérieur, c'est-à-dire, depuis le Président de la République, jusqu'aux ministres, jusqu'aux conseillers, aux députés et autres, les décideurs, je vais leur demander d'encourager tout ce qui est création, parce que, on ne doit pas oublier : regardez nos places, vous parcourez du troisième pont jusqu'au Carrefour Le Bélier (Ndlr : Quartier Akpakpa, à Cotonou), nous avons près de cinq rond-points, mais tout est vide. C'est horrible ! Moi, j'ai eu la chance de sortir, d'aller dans d'autres pays. Mais, je vois ! Il y a des créateurs ici, il y a les Kouas (Ndlr : Artiste-sculpteur béninois), on a de grands créateurs ici, au Bénin ; pourquoi ne pas trouver un moyen pour qu'ils créent des sculptures, des oeuvres pour occuper ces espaces-là ? Les rond-points, ça s'occupe ! C'est horrible ! C'est horrible ! Je pense qu'il y a peut-être une petite volonté déjà ; le fait d'encourager la création, en mettant un milliard pour le Fonds d'aide à la culture, c'est déjà bon. Mais, il faut diversifier ça, il faut aller beaucoup plus loin, parce que, tant que les énergies ne seront pas libérées par la créativité, on va manquer de quelque chose, on va manquer de quelque chose dans notre pays ; il faut libérer les esprits, permettre aux artistes de vivre de leur art. Regardez ! Dans tout ce Bénin, nous n'avons pas d'école de formation en art, si bien que, tous nos peintres, aujourd'hui, sont des autodidactes, tous nos musiciens sont des autodidactes, tous nos danseurs sont des autodidactes, tous nos comédiens sont des autodidactes ; vous voulez qu'ils aillent concurrencer les autres artistes, qui sont sénégalais ou ivoiriens qui, malgré leur talent, ont fait un autre circuit qui leur permet de vite joindre les deux bouts, de vite maîtriser leur art et de vite s'en sortir ? Mais, nos artistes ne peuvent pas se confronter à ceux-là ! Ils seront toujours derrière ! Donc, il faut forcément un soutien, à partir du haut niveau, il faut qu'ils réfléchissent et qu'ils trouvent des moyens pour permettre aux artistes de se former et d'atteindre des performances. C'est capital ! Comme ça, je crois que, d'ici à quelques années, le Bénin, qui regorge de talents, pourra se mettre au même niveau que les autres pays et rivaliser avec eux, et, pourquoi pas, les dépasser et faire de grandes choses, en matière de création, en matière d'art.



Propos recueillis par Armand Vidégla et Marcel Kpogodo

dimanche 27 décembre 2009

Soeur Goussikindé - Rencarts 2009

Soeur Goussikindé et ses confrères peintres, caricaturiste et chanteur de Rencarts 2009

Soeur Goussikindé, en pleine matérialisation de son inspiration, à Rencarts 2009



Rencarts 2009


Soeur Goussikindé, une festivalière assez singulière : " [...] je compare un tableau à l'histoire d'une ville où chaque jour porte ses couleurs [...]"


Le mercredi 23 décembre 2009, à la clôture des Rencarts 2009, à la Place Lénine, notre découverte d'une Soeur religieuse peintre n'a pas cessé de nous intriguer et de nous pousser à lui tendre notre micro. C'est une femme pleine de ressources, bien pensante, à qui nous n'avons pas résisté à demander des précisions sur son double statut, avant d'aborder sa participation au Festival.

Journal Le Mutateur : Une soeur religieuse qui peint des tableaux, ce n'est pas trop courant. Est-ce qu'on peut mieux vous connaître ?

Soeur Goussikindé : Je m'appelle Henriette Marie Goussikindé, je suis Soeur de Saint Augustin, artiste-plasticienne de profession ....


Avez-vous été formée dans une école ?

Si, j'ai fait l'Ecole des Beaux-Arts au Cameroun.


Vous êtes Béninoise ?

Oui, je suis Béninoise.

Vous vivez de votre art ?

Si, je vis de mon art. L'amour pour ce que je fais m'amène à créer. Dès le départ, c'était un peu difficile, mais je faisais le dessin sur des nappes de table, je créais un peu tout ce qui peut être utile à mon milieu, à la société, dans le but de vivre et de faire vivre ma communauté.

Ne faites-vous que cela à longueur de journée ? N'avez-vous pas des activités liées à votre statut de Soeur, à accomplir, des activités de piété, des activités liées à l'église ? Comment parvenez-vous à concilier les deux ?

J'appartiens à une congrégation active, c'est-à-dire que les Soeurs, en plus de leur engagement dit communautaire, ont une profession qu'elles exercent, les unes enseignent dans les écoles, les autres sont infirmières, et d'autres aussi sont couturières, etc. Mais, moi, à mon niveau, je fais la peinture, j'ai un atelier et je peins à longueur de journée. Comme c'est ma profesion, j'ai un atelier à Bohicon ; et, le plus grand atelier, c'est à Bohicon, j'en ai un petit à Cotonou, quand je suis là, je travaille sur place.

Cela veut dire que ça ne gène pas vos activités ecclésiastiques ?

Cela ne gène pas, cela ne gène pas, sinon, moi, l'expérience faite jusqu'ici m'amène à pouvoir dire tout haut que ça ne gène pas, parce que, comme les autres, c'est la fonction que j'exerce au coeur de cette congrégation, et, on a des heures de prières d'ensemble ; tôt le matin, on va aux offices. Après l'office, je commence la peinture, je peins jusqu'à l'heure du milieu du jour. Après l'heure du milieu du jour, on a un repas ensemble. Après ça, nous avons la sieste. Après celle-ci, je continue à peindre. Et, souvent, par moments, je peins la nuit aussi ; j'ai, quelques fois, des tableaux déjà préparés à côté de mon lit, quand je sens l'inspiration, je donne quelques touches, le temps de continuer le lendemain.

On peut dire que vous avez une véritable vocation pour la peinture ....


Si, effectivement. J'ai vraiment une passion pour la peinture, parce que, pour moi, la réalisation des toiles, la recherche et l'équilibre des couleurs, je les note dans le fait que je compare un tableau à l'histoire d'une ville où chaque jour porte ses couleurs et, les couleurs, pour moi, ont une pulsion si profonde que, par rapport à votre état d'âme de la journée, les couleurs et la créativité ne sont pas les mêmes, les couleurs varient par rapport à ce que vous portez comme joies et peines et, votre pressentiment intérieur joue sur la toile que vous faites juste sur le tableau. Et, pour moi, aussi, c'est un métier très profond qui me permet d'entrer en intimité avec mon Dieu, parce que, après la méditation, ce que j'ai reçu comme force dans la prière me permet de créer sur la toile, et après, parfois, je m'étonne de mes réalisations, je me demande comment j'ai pu faire pour en arriver là ; pour moi, la peinture a un sens profond, la peinture, c'est l'être même, la peinture a une profondeur, une relation si mystique avec le créateur que l'être se perd, se confond et s'identifie à chaque touche de couleur qu'il étale sur la toile.

Merci ... Vous vous êtes investie pendant une semaine dans le Festival Rencarts, sur le thème "Assainissement". Comment vous avez réalisé ce thème à travers vos oeuvres ? Vous avez fait combien de toiles et, quels sont les différents messages que vous avez cherché à faire passer ?


J'ai peint, en tout, sept toiles. L'assainissement, c'est un thème que j'ai épousé, épousé, pour le rendre mien, parce que, aujourd'hui, nous avons beaucoup de choses à assainir dans notre vie, autour de nous, à assainir en nous. Autour de nous, ce n'est pas nouveau ; ce thème est d'actualité, nous avons à assainir notre environnement. Et, j'ai essayé de creuser un peu le thème, pour entrer un peu plus en profondeur. Le thème me dit tellement beaucoup, comme si c'est moi qui l'avais proposé. En abordant l'assainissement, dans mes tableaux, j'ai parlé du commerce florissant, il y a la mendicité, un domaine à assainir, j'ai parlé aussi du silence : le silence est d'or, où le trop, l'excès de langage ne construit pas, il y a des déchets à ce niveau, que nous devons enlever, il y a aussi des déchets au niveau des animaux qui ont aussi des droits, que nous immolons, surtout les weekends, pour des cérémonies; il suffit que notre condition de vie nous permette d'en immoler autant, et nous le faisons aisément, sans contrainte.
De tout ça, j'ai donné aussi comme titre à un de mes tableaux, "Les balayeuses", les balayeuses, en tant que femmes ; je m'exhorte d'abord, dans les titres que je donne, ce n'est pas une leçon que je donne à ma société, à mon environnement, mais c'est une interpellation d'abord personnelle. Et, cette interpellation, je l'étends vers les autres, pour quelle ne soit pas seulement mienne. Donc, un autre tableau a, comme titre, "La pensée positive" ; pensons positivement ...


Quel rapport avec l'assainissement ?

La pensée positive, selon moi, a un rapport avec l'assainissement, parce que, dans nos relations les uns avec les autres, avec nos frères, dans notre petite famille, c'est là que commence la société, c'est là que commence l'être ; pensons positivement, dans le but d'aider les autres à grandir, que chacun joue son rôle : père, mère, enfants ; si chacun pouvait jouer son rôle, tout irait mieux et tout tendra vers un milieu sain.

Par rapport à la pensée positive, qu'est-ce qu'il faut assainir ?


Cette idée rejoint un peu "le silence est d'or" ....


Vous pensez donc qu'il faut assainir notre manière de penser et notre manière de cultiver des idées noires ?

Oui, notre manière d'agir, notre manière d'être, qui constituent parfois une gêne pour les autres ; on vit comme si l'autre n'existe pas, on agit comme si l'autre n'a pas de sens. Tenir compte de l'autre, c'est très important pour moi et pour nous, dans la société ; l'autre, en tant qu'autre différent de moi, l'autre est une richesse et, accepter la différence est une bonne culture qui peut nous aider à aller de l'avant.

Avez-vous un dernier mot, pour faire le bilan de votre participation, cette année, à Rencarts 2009 ?

Faire le bilan, si j'ai un mot, c'est un appel à ce que Rencarts est à sa cinquième édition ...


Vous avez participé à toutes les autres éditions ?

Non, c'est le deuxième fois que j'y participe. Rencarts est à sa cinquième édition et, il serait bien, c'est mon souhait, à ce qu'il y ait des festivals qui réunissent des artistes, qui permettent de découvrir et de valoriser des talents, parce qu'il y a des talents en arts plastiques et, ces talents sont cachés dans leurs maisons, dans des quartiers. Et, le fait de les faire sortir, de les proposer à notre environnement, de les proposer au peuple, ça permet aussi aux artistes de créer davantage, et de se prendre beaucoupl plus au sérieux.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Cay - Rencarts 2009

Rencarts 2009
Yvon Amoussou, à la Place Lénine


A la clôture du Festival Rencarts 2009 le mercredi 23 décembre 2009

Yvon Amoussou analyse sa production



Le 23 décembre dernier, à la Place Lénine, le Festival Rencarts 2009 s'achevait, laissant à l'appréciation du public, bon nombre de toiles sur le thème de l'"Assainissement". Charles Amoussou Yvon, alias Cay, l'un des artistes-peintres ayant participé à cette manifestation, nous parle de ses réalisations et de leur signification profonde.



Journal Le Mutateur : Yvon Amoussou, vous venez de participer au Festival Rencarts 2009 sur le thème de l'Assainissement. Comment avez-vous réalisé ce thème à travers vos tableaux ?


Yvon Amoussou : A travers mes tableaux, par exemple, j'ai un tableau qui représente une poubelle et une porte, qui traduit un peu le réservoir pour recevoir tous les déchets que nous produisons autour de nous, chez nous. On peut aussi, d'un autre côté, parler de déchet mental, tout ce que ça comporte comme chose à assainir. Un autre tableau représente un peu ce qu'on retrouve dans nos rues, un peu partout, les sachets, les bouts d'orange, que nous pouvons bien, par un simple geste, déposer dans une poubelle, pour éviter de pourrir notre environnement, ce qui a forcément un impact sur notre organisme. Et, je crois que, pour vivre sain vraiment, il est un devoir de tout le monde de veiller à pouvoir maintenir cet environnement qui nous insère sain, juste un petit geste qui nous évite de grands dégâts. Je crois que le thème de Rencarts, cette année, si c'est pour sensibiliser la société vis-à-vis de ce comportement, c'est un thème qui va de soi, et ça comporte son importance, d'autant que nous voulons pouvoir vivre sains, et ce, ce n'est qu'une volonté de nous-mêmes de faire dans le sens qu'il faut, pour vivre sains, veiller à la propreté autour de nous, dans notre milieu immédiat et, pourquoi pas dans le milieu extérieur. Un troisième tableau présente un seau, un balai à l'européenne et puis, un balai africain, qui traduit toujours l'ensemble nécessaire pour le nettoyage autour de soi. Un quatrième tableau représente les déchets que l'on retrouve un peu partout, que j'ai laissé sans titre, toujours dans le contexte de parler de sensibiliser mon prochain vis-à-vis de ce cadre qui est d'assainir notre monde, pour être heureux dans notre corps.


Et ce tableau où nous voyons une bassine dans laquelle coule de l'eau de robinet ?


En somme, j'ai voulu traduire la rareté de l'eau, chez nous, en Afrique et que, cependant, de par notre négligence, notre légèreté habituelle, nous arrivons à négliger, à ne pas lui donner l'importance qu'il faut ; ou, des fois, on est obligés même de consommer de l'eau qui n'est pas potable, dans certains coins. Donc, ceux qui ont cette eau à partir d'une pompe qui leur permet d'avoir de l'eau saine, doivent pouvoir protéger cette eau qu'ils ont, parce que, à côté, l'autre souffre d'une goutte d'eau qui peut lui redonner ce souffle de vie nécessaire. C'est pour ça que j'ai pensé à cette goutte d'eau qui tombe dans une bassine, à partir d'un robinet.


Après une semaine de travail sur le thème de l'assainissement, tu fais quel bilan ?


Le bilan est très concluant, du fait que, le sujet est là, sur l'assainissement, et nous savons que l'assainissement nous concerne tous, surtout pour le bien-être de l'homme, parce que, un milieu malpropre ne peut que nous avantager négativement. Donc, oeuvrons tous ; nous avons essayé de sensibiliser le monde, d'accord que l'art, c'est à la portée d'une minorité donnée, mais on espère que ce langage pictural, dont nous nous servons pour sensibiliser les autres, puisse réellement atteindre les couches les plus reculées même, pourquoi pas, afin que, à leur tour aussi, elles captent ce qu'il faut et ce qu'elles trouvent de sensé, dans ce qu'on a fait. Donc, nous, on a mis toute notre volonté, tout notre savoir, tout notre savoir-faire, pour essayer de sensibiliser le monde autour de nous, viv-à-vis de l'assainissment de notre milieu, autour de nous, rien que pour être tranquilles dans notre peau.



Un dernier mot ?

Je crois bien que, tout un chacun de nous, je mets le point dessus, doit pouvoir se dire que, pour avoir un environnement sain, c'est un devoir de tous, et que, tous, nous devons être obnubilés par l'idée de maintenir autour de nous propre. Et, en maintenant autour de nous propre, du coup, ça nous amène à maintenir même l'extérieur de chez nous au propre, afin de maintenir l'environnement propre et d'être vraiment propre en nous. C'est surtout ça que je recommande aux autres.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Kajero - Rencarts 2009

Un aperçu de quelques tableaux de Rencarts 2009

Kajero, à côté du tableau ''La faim"


Rencarts 2009


Les impressions de Kajero

De son vrai nom, Jean Roméo Kamptchouang, Kajero, d'origine camerounaise, a participé au Festival Rencarts 2009. Au dernier jour de la manifestation, le mercredi 23 décembre 2009, à la Place Lénine, il a acepté de nous associer à son bilan de l'événement.


Journal Le Mutateur : Bonjour Kajero, tu es sur le Festival Rencarts, depuis le début. Ayant fait des tableaux sur l'assainissement, quels sont les domaines que tu as explorés ?


Kajero : J'ai exploré pas mal de domaines, parce que je suis parti, d'abord, de nos gouvernements, de nos Etats. Puis, ensuite, j'ai fait un tour dans l'environnement qui est vraiment le thème central, et puis, j'ai fini au niveau de l'assainissement personnel, corporel du corps humain. Le premier tableau, je lui ai donné pour titre : "La faim". Il m'a été inspiré par une jeune fille que j'ai rencontrée un soir dans la rue; elle avait à peine quatorze ans, elle était toute triste. Je me suis dit que je pouvais l'aider, mais quand je me suis rapproché d'elle, je lui ai demandé ce qu'elle faisait là, et elle m'a dit qu'elle reste là. Je lui dis : "Mais, tu fais quoi là ? Tu restes là ? Tu habites là ?" Et, elle me dit qu'elle travaille, et je lui demande encore : "Qu'est-ce que tu travailles ?" Elle n'a plus voulu continuer. Directement, j'ai constaté quelle faisait du poteau ; elle était une prostituée. Je lui ai donc demandé : "Pourquoi est-ce que tu es là, alors qu'il y a les Mst dehors, qu'il y a le sida ? » Elle m’a dit que c’est parce qu’elle avait faim qu’elle était là, que si elle n’avait pas faim, elle ne devait pas être là, au poteau ; elle préfère mourir du sida, des Mst, que de mourir de famine, parce qu’avec un sida, elle peut vivre longtemps, alors que, par contre, avec la famine, un mois, et puis, on ne la verra plus sur la terre. C’est ça qui m’a beaucoup plus poussé à faire ce tableau que j’ai donc nommé ’’La faim’’, juste pour montrer aux gouvernements africains, pas seulement au Bénin où je vis, ou du Cameroun d’où je viens, de trouver des emplois, de créer des emplois à la population, parce qu’il n’y a pas que des prostituées que je rencontre, mais il y a des braqueurs qu’on vit tous les jours dans nos rues, il y a des voleurs, il y a des ’’gaymans’’ – c’est la nouvelle donne, de nos jours – avec les nouvelles technologies de l’information, les ’’gaymans’’ qui arrivent, il y en a partout, parce qu’il n’y a pas de boulot, il n’y a rien à faire ; on a des étudiants qui sortent de l’université avec des diplômes, mais ils ne peuvent rien faire. Donc, j’exhorte nos gouvernements à créer des emplois.


A part le thème de la faim ?


J’ai parlé de l’environnement à travers le tableau que vous voyez là-bas. Au départ, il est bleu, le tableau ; le bleu, c’est la couche d’ozone, c’est la couleur de l’ozone : avant, le climat, il était doux, il était favorable à tout le monde, on était bien couverts, bien protégés par la couche d’ozone. Mais, aujourd’hui, vous avez les feux de brousse, la production des gaz et tout, la couche d’ozone est en train de disparaître au jour le jour et, on vit dans de très mauvaises conditions maintenant, on est obligés de porter un masque ; ça ne suffit pas, quoi. J’exhorte donc les Africains à imiter les Européens, c’est-à-dire, de commencer à recycler ; c’est la raison pour laquelle vous voyez sur le tableau qu’il y a des signes de recyclage, et, vous voyez, il y a la couche d’ozone qui est en train de disparaître : je travaille avec des courbes ; vous voyez la courbe de la couche d’ozone qui est décroissante, pendant que celle de la température est plutôt croissante. Cela veut dire qu’on court à la catastrophe et, vous voyez le tableau, il n’y a pas trop de vert, il n’y a que quelques tâches de vert, ça voudrait dire que la forêt, la végétation est en train de disparaître, parce qu’on coupe des arbres, et on ne reboise plus ; je veux que tout Africain mette la main à la pâte, en polluant moins, en plantant des arbres. Quand vous voyez les grosses maisons, il y en a qui ont de grosses maisons, mais, il n’y a même pas une fleur à l’intérieur, il n’y a même pas un gazon, il n’y a même pas de pelouse, on ne sait pas pourquoi. Pourtant, c’est de la verdure qu’il nous faut.


Sur certains tableaux, on voit des chaises. Quelle est la symbolique de la chaise chez Kajero ?


La chaise, pour moi, c’est l’homme, en fait, c’est la responsabilité de l’homme. Occuper une chaise, ça veut dire, prendre certaines responsabilités. C’est la raison pour laquelle j’utilise des chaises.


Tu interpelles qui avec ces chaises ?

Avec les chaises, j’interpelle la population entière, j’interpelle l’Africain, le peuple africain, raison pour laquelle j’ai mis trop de chaises là-bas, dans le tableau qui a pour titre : ’’L’atmosphère’’.


Mais, au niveau du tableau sur la faim, il y a une seule chaise en haut …



Oui, il y a une seule chaise, parce que c’est le gouvernement, au fait ; quand je dis le gouvernement, ce sont les gouvernements africains ; chaque pays est gouverné par une personne qui est responsable. Quand je dis responsable, c’est trop dire, parce qu’elle est entourée de conseillers, de ministres, je ne pouvais pas y mettre tout ce monde ; voilà pourquoi j’ai mis une chaise, parce que cela regroupe tout ce monde, cela regroupe le gouvernement. Je voudrais donc que les gouvernements prennent leurs responsabilités.


A part les sujets sur la faim et l’environnement, qu’avons-nous d’autre ?


C’est sur la purification humaine ; j’ai mis qu’il faut qu’on se purifie nous-mêmes. Nous sommes une partie de la nature, il faut qu’on purifie la nature. Donc, il faut qu’on commence par nous-mêmes. Et nous, c’est pas la peau ; je vois les gens se décaper parce qu’ils veulent être bruns, je sais pas pourquoi, je vois les gens se vêtir, ils mettent des costumes, ils veulent imiter les Européens, je ne sais pas pourquoi, c'est pas là qu’on doit se purifier, on doit se purifier à l’intérieur. C’est la raison pour laquelle, sur ce tableau, il y a un cerveau, il y a un cœur, il y a les sexes, parce que c’est là l’homme, en fait : l’homme, c’est son cerveau, c’est son cœur et c’est son sexe ; si on ne peut pas purifier ces parties-là, c’est inutile. C’est un peu ça, le boulot que je suis en train de faire ici ; je veux donc qu’on s’assainisse, qu’on assainisse notre intérieur. Vous voyez, au niveau de la tête, il y a un carré bleu ; ce carré bleu, c’est au niveau de la bouche, en fait, parce qu’il faut qu’on sache ce qu’on dit, il faut qu’on sache ce qu’on mange, il ne faut pas qu’on dise du n’importe quoi, et qu’on mange du n’importe quoi.



Quel bilan tu fais de cette semaine d’exercice artistique sur le thème de l’assainissement ?

Le bilan, je trouve qu’il est positif, parce que, en l’espace de dix jours, je peux dire que je me suis donné corps et âme et j’ai réussi à réaliser jusqu’à quatre tableaux, c’est un record ; généralement, je prends du temps pour faire des tableaux ; je ne sais pas où j’ai puisé les forces pour le faire. Bravo ! Je me dis « Bravo ! », et puis, je dis « Bravo ! » à mes coéquipiers avec qui je travaille ici ; eux aussi, ils ont travaillé d’arrache-pied, ils ont fait plus que moi, il y a des gens qui ont fait six tableaux … Franchement, malgré tout ce qu’on a eu comme problèmes ici, on s’est battus pour travailler.


Et si c’était à refaire ?


Si c’était à refaire, je m’inscrirais toujours dans la liste des participants.


Un dernier mot ?


Je voudrais d’abord souhaiter Bonne Année 2010 à tous les Béninois, à tous les Africains ; je voudrais surtout dire à tout Béninois, en particulier, et à tous les Africains, en général, de prendre soin d’eux, c’est-à-dire, de prendre soin de la nature, de l’environnement.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 25 décembre 2009

Emmanuel Omajemite - Rencarts 2009

Rencarts 2009
Emmanuel Omajemite

Emmanuel en action sur la Place Lénine


Après une semaine d'investissement artistique sur Rencarts 2009



Le Nigérian Emmanuel Omajemite qui compétit avec son ombre ...


Nos entretiens sur la Place Lénine, site de déroulement de Rencarts 2009, se poursuivent. A présent, nous recevons Emmanuel Omajemite, un artiste-chanteur nigérian d'un type un peu particulier. Découvrez plutôt ...



Journal Le Mutateur : Emmanuel, tu es un artiste-chanteur nigérian, tu as participé au Festival Rencarts 2009. Que vient faire un chanteur dans ce Festival, parmi des peintres et un caricaturiste ?



Emmanuel : C'est à cause du style particulier de ma création, qui participe de la danse et de la chorégraphie et qui s'adapte à la peinture. Quand je trouve l'inspiration, j'essaie de danser avec mon ombre, de danser plus qu'elle. Les gens trouvent que ce n'est pas possible, et moi je dis que c'est possible. Quand je commence à danser avec mon ombre, je me donne le défi de danser plus qu'elle. Et, tant que nous dansons et qu'elle ne se fatigue pas, moi aussi je ne me fatigue pas, et j'essaie de danser plus vite qu'elle, mais même si je n'y arrive pas, je constate que, lorsque je me mesure à d'autres danseurs, je parviens à danser plus longtemps qu'eux. L'ombre, ici, montre que nous sommes avec quelque chose en nous, nous pouvons atteindre un certain niveau d'impossible, nous pouvons créer beaucoup de choses. Donc, au lieu d'utiliser cette mentalité pour penser du mal, nous avons plutôt intérêt à utiliser cette imagination pour créer quelque chose, afin de servir notre peuple.



Tout à l'heure, quand je t'ai observé, tu as fait le tour de la Place Lénine en chantant et en cognant deux boules l'une contre l'autre. Quelle est la signification de ce comportement ?



Je courais, parce que, pour danser, au niveau des tableaux de peinture, il fallait d'abord que je chauffe mon corps. Avant de commencer quelque chose, lorsqu'on est sportif, il faut se chauffer d'abord.



En fait, tu chantes quoi ?



Je chante des chansons pour dire que nous avons beaucoup de choses en nous, qu'il vaut mieux faire du bien, plutôt que du mal.



Comment tu réalises le thème "Assainissement" ?



Je propose aux hommes de nettoyer leur mentalité, tout ce qui est mal et qui nuit à la vérité, de nettoyer notre environnement, d'arrêter de jeter les ordures partout ; chaque personne doit s'auto-discipliner, pour qu'on puisse atteindre cet objectif. Ce n'est pas le rôle d'une seule personne, mais de tout le monde ; c'est ensemble qu'on peut rendre notre environnement propre, dans notre pays. C'est cela que j'essaie de chanter en anglais pour les gens, parce que je ne pratique pas bien le français. J'annonce au public tout ce qui se passe ici avec mon bruit, mes chants et mes danses.



Tu m'as dit que tu prends tes paroles à partir des psaumes de la Bible. Comment cela se passe ?


Les psaumes disent la parole profonde, la parole de Dieu qui nous a créés. Cette parole-là me motive; elle me met en contact avec le vrai amour de Dieu et je dis aux gens ce que je lis. Beaucoup de gens n'ont pas cette opportunité mais, moi, je l'ai, pour fouiller et trouver cette sagesse. Je ne dois pas la garder pour moi, je dois trouver le moyen de transmettre aux gens la bonne parole de Dieu, puisque si tu mets Dieu devant tout ce que tu fais, à coup sûr, tu vas avancer ; c'est notre créateur. De plus, de quelle manière faut-il s'y prendre pour commencer à parler de la parole de Dieu aux gens ? C'est là que j'en suis venu à taper les boules l'une contre l'autre, pour montrer que, dans la vie, on doit commencer avec rien, pour devenir quelque chose ; les boules me donnent un son, ce qui me permet d'acquérir de la force dans les bras, pour bien les faire travailler, et pour être en forme. Quant aux paroles de la Bible, j'explique aux gens que c'est vrai, et que, s'ils les appliquent, ils seront différents parmi leurs semblables. D'autre part, il y a beaucoup d'artistes qu'on aurait pu inviter à venir chanter ici, mais ma présence parmi les peintres s'explique par le caractère extraordinaire de la chose ; c'est du jamais vu. Je remercie "Artisttik Bénin" de m'avoir donné cette opportunité de montrer ce que je suis et ce que je fais. Je remercie aussi tout le monde et le Bénin.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

jeudi 24 décembre 2009

Yamferlino's - Rencarts 2009

Rencarts 2009


Yamferlino's

Dans la dernière journée des Rencarts 2009

Yamferlino's présente son opinion ...


En ce mercredi 23 décembre 2009, dernière journée des Rencarts 2009, Yamferlino's, un des artistes participants sélectionnés, tire, avec nous, les leçons de son investissement dans le Festival.

Journal Le Mutateur : Tu viens de participer au Festival Rencarts 2009. Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Yamferlino's : Bonjour M. le journaliste. Moi, on m'appelle Yamadjako Ferréol Lionel; mon nom d'artiste, c'est Yamferlino's. Je suis artiste-plasticien béninois, sélectionné pour Rencarts 2009.

Tu as réalisé cinq toiles dans le cadre de ce Festival. Quels sont les problèmes relatifs à l'"Assainissement" que tu as abordés, en une semaine de Festival ?


Vous savez, le thème choisi, c'est "Assainissement". Quand on parle d'assainissement, directement, l'homme a recours à l'environnement, à la protection de l'environnment. Non, ce n'est pas seulement la protection de l'environnement ; on peut assainir aussi l'homme psychologiquement, mentalement. C'est cela qui m'a motivé. Moi, à part l'assainissement, j'ai abordé le côté des boissons frelatées, des affichages sauvages, des boîtes de conserve expirées qui sont encore sur le marché ; il faut assainir tout ça. Il y a aussi la déforestation, les feux de brousse ; ce sont ces thèmes qui m'ont inspiré. Si on veut critiquer un peu la toile sur les boissons frelatées : vous savez, lorsque les fêtes de fin d'année s'approchent, on parle très souvent de "liquidation". Très souvent, il y a des boissons qui sont frelatées, qu'on appelle "kpayo". Donc, c'est ça qui m'a motivé à faire une toile sur les boissons frelatées. Vous allez constater que la toile qui parle des boissons frelatées est une toile sur laquelle j'ai utilisé la couleur marron, ce qui veut dire que ces boissons sont fabriquées derrière le rideau. Et, sur le marché, les marchandes aussi ont peur de vendre ces boissons-là ; elles sont vendues en cachette. C'est ce qui m'a poussé à travailler sur ce thème-là.

Concernant l'assainissement sur le plan psychologique, par exemple, qu'est-ce que tu as à dire?


L'assainissement sur le plan psychologique, de mon côté, signifie qu'il faut travailler l'homme ; ce que l'homme fait et qui n'est pas bon, il faut un peu le travailler, corriger ce qui n'est pas bon mentalement. C'est ça qui m'a inspiré. Concernant le même sujet, il y a une toile que j'ai baptisée "Affichage sauvage" ; il faut interdire tout ça. Les affichages sauvages, c'est quand on met des affiches aux murs en désordre, ça ne rend pas potable la ville de Cotonou. On a conçu des endroits pour faire les affichages et non aux murs.

Quelles sont tes impressions après avoir participé à ce Festival qui s'achève ?

Le Festival m'a permis beaucoup de connaître encore d'autres techniques de travail, parce que j'ai eu à travailler en atelier avec d'autres artistes camérounais, nigérians, ghanéens ; ça m'a permis de faire quelques échanges techniques, d'avoir encore d'autres styles de travail, le traitement des toiles, etc. Et, aussi, ça m'a encore permis de connaître d'autres artistes béninois, parce que, chaque fois, des artistes sont venus nous visiter sur le site de la Place Lénine ; j'ai eu à rencontrer Alougbine Dine, on a échangé, ça m'a beaucoup fait plaisir de le connaître : je me suis créé encore d'autres contacts.

Tu as un dernier mot ?

Ce que j'ai à dire, c'est de remercier seulement le Directeur du Festival, M. Alédji Ousmane, pour m'avoir sélectionné cette année ...

C'est ta premuère participation ?

Oui, c'est ma première participation et, nous en sommes à la cinquième édition.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo
Pour joindre Kamferlino's: (+229) 97.26.05.62
(+229) 95.14.53.92
(+229) 98.20.24.34

Totché - Rencarts 2009

Rencarts 2009

Totché




Festival Rencarts 2009


L'artiste Totché se prononce ...

Le mercredi 23 décembre, les artistes plasticiens, caricaturiste et de la chanson, invités dans le cadre du Festival Rencarts 2009, ont déposé pinceaux, crayons, ordinateurs et instruments de musique, afin de laisser la place à une exposition de leurs différtents productions. Ainsi, nous nous sommes rapproché de quelques-uns d'entre eux, rencontrés à la Place Lénine, lieu des travaux pendant une semaine, pour recueillir leurs impressions. Parmi eux, Totché qui n'avait pas été sélectionné pour participer au Festival.



Journal Le Mutateur : Bonjour Totché, nous te rencontrons à la Place Lénine, pour le travail artistique dans le cadre des Rencarts 2009. Que fais-tu ici?



Totché : Merci beaucoup. Je suis ici, parce que j'ai des confrères qui travaillent, qui se défendent pour faire connaître l'art plastique au peuple béninois et, notamment, à ceux d'Akpakpa ; je suis content que ce Festival ait choisi cette Place Lénine pour montrer ce que c'est que l'art, parce que, à Akpakpa, il n'y a pas le mouvement "Arts plastiques"; ça me réjouit, je viens les assister, je suis à leurs côtés, pour les voir dans leurs créations, on discute, on parle de tout, chacun avec son travail, ce qu'il fait, les quelques modifications, les finitions à faire, et on discute.


Qu'est-ce que tu penses du thème "Assainissment" choisi cette année, comparativement à l'année passée où c'était l'"Eau" ?



L'assainissement, c'est un thème qui sera toujours d'actualité et, dans n'importe quelle discipline, on peut toujours choisir un thème pareil. "Assainissement", c'est rendre propre ; nous-mêmes, on peut se rendre propres, autour de nous et, partout, on veut la propreté pour vivre bien. Le thème est assez bien choisi et, ça n'a pas de fin, c'est un thème ouvert, sur lequel il y a toujours des choses à dire ; chacun artiste, là où il est, quand il quitte ici, ou bien, ceux-là qui n'ont pas travaillé dans ce cadre de Rencarts vont parler aussi d'assainissement, dans des contextes divers.


Et si, toi, tu devais produire des toiles sur le thème de l'assainissement, tu aurais choisi quelle inspiration ?



J'aurais aimé travailler sur l'eau, les tas d'ordures et la nature, l'environnement, tout ce qui est autour de nous. Encore que, depuis quelques mois, je milite dans la vidéo, j'irais piocher, prendre des images qui véhiculent, qui pèsent bien le mot "Assainissement", qui n'empêchent pas le mot "empêchement" de bien respirer, j'allais attaquer ces mouvements et tout cela, pour faire passer le message.



Tu es resté un peu à côté de tes collègues, tu les a assistés pendant leur travail. Après une semaine, quel bilan peux-tu faire, toi qui les a vu travailler ?



Je ne dirai pas qu'il n'est pas positif. D'abord, je les remercie parce que, durant toute une semaine, rester sur cette place, sous ces bâches, produire, travailler son inspiration, ce n'est pas quelque chose qui nous était d'habitude; chaque artiste a son atelier, travaille chez lui, dans son cadre approprié. Ici, le Festival nous donne une autre occasion qui ne nous était pas familière : travailler en plein air, comme cela, au vu de tout le monde. Je les remercie beaucoup d'avoir fourni tant d'efforts, de nous acoucher de belles toiles qui nous entourent ici ; chaque artiste a réalisé au moins cinq oeuvres, ce n'est pas amusant; pousser l'inspiration, passer au travail jusqu'à faire cinq réalisations en une semaine, c'est assez encourageant. Le bilan, globalement, est positif; Rencarts, je crois, a de quoi s'affirmer, plus à l'échelle internationale, parce que, ce que nous voyons ici, dans les autres pays, c'est la même chose, et ça vaut plus que le Bénin présente; le Bénin, dans les grands rendez-vous, est absent, je le regrette beaucoup. Nous, les artistes, nous sommes contents parce que, les artistes, il y en a, on les retrouve à ces rendez-vous et, moi, je suis content, le bilan est positif.


Un dernier mot ?



Je remercie le promoteur de Rencarts, je remercie vous, les journalistes, qui faites ces déplacements pour venir nous rencontrer. Je remercie aussi mes chers collègues qui ont abattu tant d'efforts en une semaine et, je remercie l'art béninois, l'art plastique surtout.




Propos recueillis par Marcel Kpogodo