Dans le cadre de la parution de son nouveau single
Depuis la dernière semaine du mois de juin 2021, Guy Mapoko a fait paraître un nouveau clip : ’’Egayé’’. N’y ayant rien laissé au hasard, l’ancien membre du duo, ’’Les frères Kouda’koll’’, a usé d’ingrédients très simples, rendant, entre autres, les mélomanes béninois addictifs au morceau indiqué, un bijou musical dont les yeux et les oreilles ne peuvent pas se passer pour ces vacances et pour plus longtemps encore !
Guy Mapoko, dans une séquence frappante du clip, ''Egayé'' |
Paroles en langues béninoises mina et fon, paroles profondément
vécues par de grands mouvements expressifs, voix éraillée et forte dictant la
vérité universelle et inusable sur l’argent, images zoomées et dé-zoomées dans une
rapidité qui déboussole, guitare électrique d’un hard rock absolu et dansant
comme à l’africaine. Les quatre éléments de l’intensité d’ ’’Egayé’’, le
nouveau clip de Guy Mapoko, rendu public par l’artiste depuis le 25 juin 2021
sur son espace, ’’YouTube’’. Tel qu’il a été composé, ce single de l’ex-membre des
’’Frères Kouda’koll’’ ne peut qu’être adoré par les mélomanes béninois, entre
autres.
Concernant
les langues qu’utilise le chanteur dans le morceau, le mina, ayant sa source
dans la partie ouest du Bénin, ouvre les explications de l’artiste au public
dès la vingtième seconde du clip, laissant la place, dès la cinquante-et-unième,
au fon, plus répandu dans le pays, comme pour atteindre un public plus large
que jamais, qui s’étend à des personnes de toutes les conditions sociales,
qu’elles soient instruites ou non. Ce choix linguistique relève d’une vieille habitude
chez l’artiste lorsqu’on se souvient que, cinq à six années en arrière, dans
plusieurs des morceaux des ’’Frères Kouda’koll’’, ceux-ci utilisaient les
langues indiquées, ce qui leur permettait d’atteindre
un public hors des frontières béninoises et de faire de leurs chansons de
véritables tubes, à l’instar de ’’Jesu gnon’’, ’’Ayikun gban xo’’, ’’Zoumtombra’’,
sans oublier que, dans le morceau ’’Bada’’, le mina virait au pur, versant dans
la langue ’’ouatchi’’, parlée plus à l’ouest dans le département du Mono et au
Togo. Mapoko se trouve donc en pleine
exploitation d’une recette qui marche à chaque emploi :
Quant à sa voix rauque qui s’est éraillée avec l’exercice professionnel et la pratique musicale, elle s’écoute forte et engagée, emportée montrant comme une psychologie déchaînée contre la banalisation commune de l’argent. Elle fait ressortir la capacité incontournable de l'argent d'apporter à l'être humain la jouissance du respect social, surtout qu’il permet de réaliser un bon nombre de d’objectifs : l'alimentation, le mariage, la construction d’une maison, des investissements, les œuvres religieuses, les études des enfants, de même que leur apprentissage d’un métier. Cette voix s'accorde avec le visage de l'artiste, acteur de circonstance, démontrant de grands gestes et une mine touchante, convaincue du bien-fondé de l'argumentation sur l'argent.
En outre, les images du clip acquièrent une puissance suggestive, étant donné qu’elles décrivent d’autres objectifs que l’argent amène à réaliser sans que soit rendu nécessaire l’usage de la voix éraillée de Guy Mapoko : l’aumône, le tourisme, l’épanouissement familial, l’équipement vestimentaire, la joie de vivre provoquée par la possession financière, … ’’Egayé’’, par son clip et par les paroles du morceau, sont une défense et une illustration de l’importance de l’argent dans la société.
Par ailleurs, le film musical présente des images en gros plan ; en intro, une courte séquence fixe de Mapoko, l’acteur principal, qui dansant, de dos, se retourne progressivement et apparaît en un profil majestueux, ce à quoi succède, à partir de la douzième seconde, une autre séquence montrant neuf billets de 20 euros que l’on décompte sur une table. Le ton est donc donné du thème qui va faire l’objet de l’intérêt de l’artiste. Des images fixes et précises qui défilent rapidement entrent en harmonie avec le rythme dynamique de la musique rock, des liasses de billets craquants d’euros ou de dollars, selon le cas, en donnant envie de la possession, en plus des situations symboliques de la vie où l’utilité de l’argent est incontestable, des faits faisant voyager sur la planète de l’opulence et de ses différentes facettes.
Avec, de plus, de manière prédominante, la guitare électrique d’un hard rock absolu et dansant, vient en appui à cet instrument de musique, la tumba, ce tambour qui donne une capacité dansante à l’africaine, d’où la tendance ’’rockafrica’’ du morceau, ’’Egayé’’ qui, en trois minutes quinze secondes, égaie, de par le bonheur communicatif des acteurs du clip sous l’emprise de la puissance financière et le caractère de la chanson qui fait danser le corps, le secoue, remue l’esprit sur la nécessité de ne pas philosopher sur l’argent sans être riche. Mapoko, par le single, ’’Egayé’’, vient de frapper un nouveau grand coup artistique, montrant que sa vie, son travail et sa résidence au Canada n’ont rien entamé d’un talent et d’une compétence musicaux qui continuent à se développer.
Marcel Kpogodo Gangbè