C’était à l’Institut
français de Cotonou
Le samedi
13 juin dernier a donné lieu au lancement de l’album ’’Zandé’’ du Groupe
béninois, ’’Woodsound’’. C’était en milieu de matinée à la grande paillotte de
l’Institut français de Cotonou. Plusieurs étapes ont marqué une cérémonie dont
il est ressort une grande admiration du public participant pour la démarche
rythmique du groupe concerné. Le petit Olaïtan n’est pas resté en marge de
cette ambiance de large fusion vis-à-vis d’un orchestre qu’il a été donné à
tous de découvrir.
Le petit Olaïtan frappant du tam-tam, aidé par Bonaventure Didolanvi |
Olaïtan,
enfant métis, sidéré par le battement d’ensemble des baguettes de bois sur les
côtés du tambour, du nom local de ’’gbahouélé’. Il danse, se remue, bouge, au
rythme de la musique, non loin de ses
parents, et se retrouve sur la scène, s’approche du chef du groupe et parvient
à se faire remettre les baguettes dont il joue à son tour sur le cuir tendu de
l’instrument de musique. C’est l’apothéose dans le cadre devenu intime de la
paillotte de l’Institut français de Cotonou. Nous sommes à un « showcase ».
Olaïtan venait d’exploser publiquement de la joie artistique animant le public
venu assister au lancement du jour. Il faut le comprendre, chaque morceau dont
le public a pu jouir commençait magistralement par un irrésistible battement synchronisé
des baguettes.
’’Mèton
mèton’’, ’’Ijo’’, ’’Douwé’’, ’’Zandé’’, ’’Dagbé’’, ’’Awobobo’’, ’’Kaka’’, ’’Sè
bo’’, ’’Zenli wassa’’ et ’’Tobolo’’ sont les dix chansons de ’’Zandé’’, lancé
le samedi 13 juin 2015, à cette grande paillotte de l’Institut français de Cotonou.
Six membres sur sept du Groupe ’’Woodsound’’, « Son de bois », en
français, habillés en un ensemble local de tissu imprimé, incarnation de l’Afrique,
appuyé par un chapeau feutre noir, symbole de l’occident, entretenant le
contraste. Ils sont répartis sur la scène, trois à l’arrière, resserrés, et
trois autres, en avant, espacés. Parmi ceux-ci, Bonaventure Didolanvi, le
leader de l’orchestre. « A tout seigneur, tout honneur ». Le tissu de
sa tenue, particulière, est, de la tête aux pieds, d’un jaune scintillant, atténué
par des points noirs de peau de panthère.
L'album ''Zandé'' des ''Woodsound'' |
Sa voix
forte explique le fondement de ’’Woodsound’’ : « C’est l’Afrique et l’Europe,
c’est tout le monde, ce n’est pas que le Bénin … », rassure-t-il. « Nous
jouons des rythmes du Bénin et d’ailleurs, on essaie d’avoir une musique
universelle, de la world music, il n’y
a pas de pays où cela ne passe pas », continue-t-il, mentionnant, en
substance, que les guitares interviennent dans l’orchestre pour adoucir l’ambiance
trop bruyamment violente du son des tambours.
Et, c’est
avec six autres membres que tourne ’’Woodsound’’ : Fidel Agossou, William
Codjo, Djawou Didolanvi, Yvan Atindokpo, Noël M’Bouéké et, Brice Tchègnon qui,
lui, n’était pas du showcase. Tous
sont chanteurs et percussionnistes, sans oublier qu’en ajout à ces compétences
artistiques, William Codjo exerce à une batterie singulière, composée de deux
cymbales, d’un rideau et du tambour traditionnel sacré dénommé ’’Ahouangbahoun’’.
Quant à Yvan Atindokpo, il gratte de la guitare basse pendant que Noël M’Bouéké
fait sortir ses notes d’une guitare électrique.
Des thèmes,
Bonaventure explique que ’’Woodsound’’ en aborde plusieurs : la sincérité,
l’amour, la paix, le bien-être, entre autres. Il auréole son propos du
souhait du Groupe : « Que le bien soit au-dessus du mal, pour chacun ».
En outre, pour un orchestre dont les membres travaillent ensemble depuis six
ans, qui ont mis trois semaines pour l’enregistrement de l’album, dans un
studio à Porto-Novo, et qui, par le cri de guerre, "Ki ni wé ! - Hé ya !", montrent l'empreinte en eux de Jean Adagbénon, Marcel Padey, musicologue béninois faisant autorité, n’a
pas manqué de dresser des lauriers : « Ils ont réalisé une synthèse,
un travail de groupe très original, ils ont beaucoup travaillé, ils ont
valorisé les instruments traditionnels de chez nous et, ils ne coûtent pas cher ;
ce sont des hommes d’expérience, ils ont beaucoup appris. Ce groupe va
valablement représenter le Bénin à travers le monde ».
Les ''Tériba'' n'ont pu résister à s'inviter dans la partie ''Woodsound'' |
Et,
Bonaventure Didolanvi, de ceux qu’il administre, ne pense pas moins du bien :
« Ce sont des jeunes qui ont compris qu’il faut préparer avant de manger ;
malgré la galère, ils sont toujours là ».
Parsemant
la manifestation de présentation de l’album ’’Zandé’’, le public a pu en savourer
quelques morceaux, résistant difficilement à bouger du siège : ’’Mèton
mèton’’, ’’Zenli wassa’’, ’’Zandé’’, ’’Ijo o’’ et, surtout, ’’Dagbé’’, qui a
sorti Olaïtan de ses gonds, annonçant une vocation du rythme en cet enfant.
Demain, sera-t-il artiste comme son père, Romuald Hazoumè, mais dans le domaine
musical ? Si même les ’’Tériba’’ n’ont pas pu résister à la furie
rythmique des ’’Woodsound’’, c’est que quelque chose d’artistiquement grand
semble devoir exploser de ce bout de chou, devenu adulte.
Marcel
Kpogodo