dimanche 5 mai 2013

Restitution de la résidence du Pavi à Cotonou

9 artistes de la vidéo projettent une inspiration spécifique

La soirée du 1er mai 2013 a donné lieu à une effervescence particulière à la Place du Souvenir de Cotonou. Le moment qu'ont choisi neuf stagiaires vidéastes de quatre nationalités différentes pour partager le fruit de leurs échanges professionnelles d'une bonne quinzaine de jours sur l'art de la vidéo, à l'initiative de l'Association "Elowa", dirigée par l'artiste Rafiy Okéfolahan. Les artistes, en fin d'atelier, ont permis au public de se régaler de projections révélant la fécondité particulière de chacun d'eux.

Neuf œuvres vidéo, de quelques secondes chacune, ont constitué un véritable élément de fascination. C'était au niveau du couloir de jonction des deux voies goudronnées passant de part et d'autre de la Place du Souvenir, lieu de circonstance d'exposition. Il a servi de cadre, le mercredi 1er mai 2013, en début de soirée, à la restitution vidéo de quinze jours de travaux d'atelier auxquels ont participé six artistes vidéastes béninois, un, togolais, un autre, malien et, un autre encore, camerounais. 

Une ambiance d'atelier
Autant qu'ils sont, leur parcours montre qu'ils ne sont pas nés de la dernière pluie, d'abord, en matière d'art plastique et, ensuite, dans le domaine de la vidéo d'art. Ce sont, respectivement, Rafiy Okéfolahan, Ishola Akpo, Mathieu Adjèran, Thierry Oussou, Totché, Dina, Eza Komla, Kôké et Kajéro. 
Rafiy Okéfolahan, observant le déroulement ...

Sous le couvert du Projet dénommé Password art vidéo international (Pavi) 2013, ils ont enrichi leurs connaissances en suivant cinq modules bien précis : la prise de vue, le montage virtuel, l'écriture de scénario, l'analyse critique du récit littéraire et filmique, et l'art vidéo. 

.... des projections
Selon Rafiy Okéfolahan, Président de l'Association Elowa, qui a eu et concrétisé l'idée de cette formation, l'atelier, s'étant déroulé du 15 au 30 avril 2013, a consisté à focaliser l'attention des participants sur les tenants et les aboutissants de l'art vidéo, en ce qui concerne son histoire et les différentes techniques qui lui sont liées. Il a précisé qu'à l'issue du processus des échanges entre les neuf artistes, chacun d'eux a conçu une vidéo d'art, ce qui, d'ailleurs, faisait l'objet de l'exposition. Par la suite, ces productions seront gravées sur un support DVD et diffusées à partir d'autres sites précis de la ville de Cotonou. Cette expérience, inévitablement, fait ressortir l'humilité des stagiaires et leur volonté de partage et de communion professionnelle et artistique avec l'autre. Une humilité qui a généré des vidéo de génie, dans une spécificité et une variété enrichissantes d'inspiration.

Marcel Kpogodo


Impressions des artistes présents et d'Elise Daubelcour

Présents à l'exposition de restitution, la plupart d'entre eux ont accepté de se prêter au jeu d'explication de leur oeuvre.

Ishola Akpo, avec Le reflet du ciel : "Je m'adapte à toute chose, parce que, d'abord, l'eau prend forme à partir de ce que vous lui donnez, à partir de la couleur que vous lui donnez, l'eau prend forme à partir de ces éléments-là. Donc, pour moi, l'eau est un élément important dans la vie de l'homme, qui peut être aussi un élément de bonheur et aussi un élément destructeur ; je suis comme l'eau, je m'adapte, je peux être aussi ouvert, comme je peux montrer mon côté négatif comme mon côté positif ; je pense que tout être humain est pareil, il peut montrer son bon côté comme son mauvais côté. 
Donc, "Le reflet du ciel', c'est aussi, toujours parlant de l'eau, c'est une source naturelle qui nous vient du ciel, d'où le nom "Reflet du ciel". Mais, la vidéo que j'ai présentée est une vidéo-performance. C'est parce qu'on n'a pas eu assez de temps, sinon, j'allais faire cette performance. La performance est une forme théâtrale que l'artiste monte avec un sujet bien élaboré. Là, comme on ne devait pas avoir assez de temps, j'ai demandé à être dans ma vidéo ; au lieu d'aller filmer les autres, moi, je me suis mis sur la scène et, face à la caméra, pour exprimer mon idée. Donc, voilà un peu la particularité de ma vidéo ; vous m'y voyez avec une source d'eau quitte là-haut et me tombe dessus ; c'est une vidéo-performance. 


Dina, avec De l'ombre à la lumière : "Je veux mettre la lumière en valeur à travers l'ombre. C'est pour dire que, de la façon dont on voit l'ombre, ce n'est pas forcément ça. L'ombre, c'est la nuit qui nous fait voir la valeur du jour, c'est nos échecs qui nous poussent à rechercher la réussite. C'est un peu ça : dans ma vidéo, on voit apparaître une faible lumière qui bouge dans du noir, dans de l'obscurité carrément. Je peux dire aussi que j'aime beaucoup la spiritualité et que je travaille beaucoup là-dessus. Même dans toutes mes œuvres, j'essaie de me rapprocher un peu de la spiritualité.


Totché, avec Chacun a ses chances : Cette oeuvre invite toute la jeunesse d'Afrique, notamment, la jeunesse béninoise, à se mettre au travail, d'abord, et, après avoir acquis, les connaissances, les bases nécessaires qu'il faut, de se lever, avec courage, avec détermination, et de taper à toutes les portes. Dans la vie, j'ai remarqué qu'il y a un symbole très fort, chez nous, à la base : quand tu arrives chez toi, tu ouvres une porte d'abord avant d'entrer dans ta chambre et, quand tu sors, tu la fermes. Donc, il y a ce système d'ouvrir et de fermer. Et, la vie aussi, c'est ça ; quand on tape à une porte, l'intéressé qui est à l'intérieur peut choisir de ne pas ouvrir, comme il peut ouvrir. Aujourd'hui, la jeunesse, après avoir acquis toutes les connaissances, toutes les capacités pour construire sa nation, doit se lever et aller taper à toutes les portes ; quand une ne s'ouvre pas, il y a l'autre qui va s'ouvrir. Dans la vidéo, j'ai pris l'exemple des enfants parce que, aujourd'hui, nous, on a un âge donné et, on doit
dire aux jeunes, aux enfants de prendre conscience et connaissance de cela pour ne pas venir, un jour, à la dépravation.

Thierry Oussou, avec La protection : Au fait, je parle de la protection dans tous ses sens ; j'ai utilisé, comme matière, la bague ; le port de la bague procure beaucoup de choses, on peut porter la bague pour se protéger mystiquement, et aussi, pour se protéger contre l'infidélité. Donc, c'est dans ce sens que j'ai essayé de traiter ma vidéo". 

Rafiy Okéfolahan, avec Waba : " "Waba", c'est ce qui est accessible ; j'ai fait le constat que les vendeurs et les transporteurs d'essence ont l'habitude de nous inviter à venir acheter leur produit avec des slogans comme "Waba ! C'est accessible, venez, c'est moins cher !" Et, dans mes analyses, j'ai compris que leur vie, de la manière dont ils passent à la mort est aussi Waba ! C'est aussi très facile, parce qu'il suffit que le bidon d'essence, qu'ils transportent d'un point à un autre, explose pour qu'ils perdent la vie ; c'est ça que j'ai voulu montrer. Je voulais aussi toucher le côté selon lequel le trafic d'essence est tellement enraciné qu'il occupe une grosse part dans l'économie, c'est le cœur ; quand on essaie d'interrompre le trafic d'essence, tout va au ralenti". 


Mathieu Adjèran, avec The way : " "The way", c'est le chemin ou la voie ; c'est une invite à chacun pour qu'il écoute la voix de sa voie, c'est-à-dire que, dans la vie de chacun, à un moment donné, on est appelé à prendre une voie. Et, cette voie, quelle qu'elle soit, demande forcément un sacrifice. L'inspiration me vient d'une légende du Fâ sur la voie, qui voudrait que, sur n'importe quelle voie sur laquelle on s'engage, pour aboutir, il faut se sacrifier, il faut un sacrifice. Dans ma vidéo, vous verrez que tous ceux qui s'engagent sur une voie n'y vont pas au bout ; à un moment donné de leur cheminement sur la voie, on les perd. C'est pour symboliser qu'il est beaucoup qui s'engagent sur des voies mais, très peu y vont au bout, parce que, sur chaque voie, il y a un sacrifice et, beaucoup n'arrivent pas à supporter ça. Je vous prends le cas du journaliste culturel que vous êtes : vous êtes les moins nantis dans la corporation encore des journalistes . Donc, il y a très peu, sûrement, qui se sont engagés un jour comme journaliste culturel mais, aujourd'hui, ce peu continue. Dans ma vidéo, beaucoup s'engagent sur une voie mais peu en arrivent au bout, au beau milieu, on les perd. A un moment donné, quand vous regardez ma vidéo, on voit une voie presque vierge, de la broussaille. C'est pour dire qu'aucune voie n'est assez comble, n'est assez vieille pour qu'on ne s'y engage pas. En réalité, toute voie est toujours vierge pour qui veut s'engager vraiment. A la fin, j'ai mis : "Find yours ...", pour dire : "Trouve la tienne et va jusqu'au bout ; sûrement, cela va te demander des sacrifices mais, quand tu vas jusqu'au bout, tu deviens champion et, même les gens qui avaient voulu te dérouter hier viendront t'applaudir, t'acclamer, parce qu'ils verront que tu es un champion. Donc, trouvons notre voie, suivons-la, acceptons les sacrifices nécessaires que cette voie va nous demander. Donc, la voie aussi comme option, comme vie, comme engagement ... Quand tu choisis ta voie, ça devient un engagement".

Eza Komla, artiste togolais, avec une vidéo sans titre : "Je suis venu ici dans le cadre d'un atelier vidéo et, l'oeuvre que j'ai créée n'a pas de titre. J'ai travaillé spécialement sur l'eau. Dans mon oeuvre, j'ai parlé un peu de l'illusion que le commun des mortels a en disant qu'on a de l'eau en abondance, alors qu'au fin fond, l'eau est très rare. A l'allure où vont les choses, la plupart des grands dirigeants de ce monde disent que la troisième guerre mondiale, c'est la guerre de l'eau. J'ai créé ma vidéo tout en me référant aux résidences d'étudiants, à l'Université d'Abomey-Calavi. On voit que, dans leur baignoire ou dans leur douche, il y a un peu de gaspillage de cette eau, parce qu'on a cette impression qu'on a de l'eau en abondance, et le commun des mortels en abuse en la gaspillant. Et là, vous voyez dans la salle de bain de ces étudiants, il y a des robinets endommagés, l'eau coule abondamment des robinets ; dans des coins de l'université, ils restent ouverts et l'eau sort ! Donc, mon travail tourne autour du gaspillage".

Kôké, artiste malien, avec A la recherche de l'abondance : "Individuellement ou collectivement, tout être humain, tout pays, tout continent, tout le monde cherche, cherche, cherche le progrès, l'abondance. Donc, individuellement, quand on regarde la vidéo, on a l'eau, la mer, le chapelet en cauris. L'eau est source d'abondance, elle est la source de vie, tout vient de l'eau, tout part de l'eau. Quant au chapelet, il est une source de l'exhortation de Dieu, pour demander à Dieu de me donner des lendemains meilleurs. Les cauris, c'est l'abondance, la richesse, c'est la première monnaie de nos ancêtres ; quand tu avais assez de cauris, ça voulait dire que tu étais riche. Donc, finalement, l'homme est à la recherche de l'abondance jusqu'à ce qu'on arrive à un moment, dans la vidéo, où le chapelet se transforme en famille : sans elle, on n'a pas le bonheur ; le chapelet se transforme en cœur : sans amour, il n'y a pas de progrès ; sans l'amour de la patrie, de la nation, nos dirigeants ne peuvent pas développer nos patries, nos nations. Après le cœur, le chapelet se transforme en une carte de l'Afrique: le jour où les dirigeants, où les citoyens africains aimeront leur pays, ce jour-là, on va se développer. Donc, il faut l'amour de nos patries, il faut chercher, chercher et chercher, tomber et chercher ; je me dis que l'Afrique est en train de bouillonner, de se chercher mais, quand est-ce qu'on aura cette abondance-là ? Donc, la vidéo, c'est ça, en quelque sorte : tout vient de l'eau, tout revient à l'eau ; même scientifiquement, le monde est venu de l'eau, quand l'eau disparaîtra, le monde va partir. Religieusement, la fin du monde est avec l'eau, c'est l'eau qui va sortir des montagnes, du sol, pour engloutir la terre. Tout vient de l'eau, l'eau est source de vie, d'abondance. Et puis, chacun est libre d'interpréter cette vidéo comme il le veut".       

Elise Daubelcour : "Par rapport à la restitution de l'atelier vidéo, je pense que c'est une bonne chose qu'il puisse y avoir des initiatives de ce genre, ici, à Cotonou et puis, généralement, au Bénin. On avait vu qu' "Unik" (Complexe culturel de Dominique Zinkpè, Ndlr) avait fait, à l'époque, avec la Fondation "One minute" un atelier du même genre et que cela a pu se poursuivre avec des associations comme "Elowa", avec Rafiy, je trouve que c'est très bien, ça ne peut être que bénéfique pour les artistes, surtout que l'art de la vidéo n'est pas très répandu ici.    

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

samedi 4 mai 2013

4ème Edition de la "Journée du Textile"

Le Festival se tient dès le 9 mai prochain, avec deux grandes innovations

Par le biais d'une conférence de presse donnée le jeudi 2 mai dernier à la Salle "Evasion" du Bénin Marina Hôtel de Cotonou, Rabiatou Badirou Alli, initiatrice de la "Journée du textile", a communiqué sur le déroulement de la 4ème Edition du Festival. Deux grandes innovations sont attendues. 

Rabiatou Badirou Alli, au centre, entourée, à gauche, d'Emmanuelle Pontié, Directrice générale adjointe d' "Afrique magazine", et, à droite, de Jean-Marie Chazeau, Rédacteur en Chef d' "Outre-mer 1ère (Groupe "France télévision")
Devant les professionnels des médias, le jeudi 2 mai 2013, à la Salle "Evasion" du Bénin Marina Hôtel, Rabiatou Badirou Alli, Promotrice du Festival dénommée "La journée du textile", a expliqué que la tenue de l'événement est prévue pour les 9, 10, 11 et 12 mai prochains à Cotonou, sur le thème : "Regard sur la mode contemporaine africaine dans la mondialisation". 
Mme Badirou Alli, au cours de ses explications ...
Selon l'oratrice, le clou de ce grand festival de mode, désormais reconnu en Afrique et dans le monde, sera le vendredi 10 mai qui verra se dérouler, à partir de 19 heures et demie, la grande soirée au cours de laquelle auront lieu un cocktail, un défilé de mode, un spectacle de musique et une remise de prix aux lauréat du concours de mode qui a été lancé juste au début du mois de mai. 
Sylvana Amekugee
Diane Gbèdo
En effet, dans le cadre de la 4ème édition du Festival concerné, Rabiatou Badirou Alli a mis en place, au niveau de trois couturiers de la place, finalement retenus, une compétition de création aux ateliers "La Perle noire", l'entreprise de la promotrice. Pour leur faciliter la tâche, ceux-ci, constitués par deux Togolais et une Béninoise, ont vu mettre à leur disposition tout le matériel nécessaire à leur travail : enveloppe financière, tissu, objets professionnels, notamment. Deux d'entre eux, Sylvana Amekugee et Diane Gbèdo, participaient à la conférence de presse. 
En outre, la Présidente de Jury qui aura la lourde responsabilité de départager les concurrents est Dramé Konaré Kadiatou qui, à en croire Rabiatou Badirou Alli, est "une femme de culture à l'exigence artistique très aiguë". En réalité, ce concours constitue la première innovation du Festival "La Journée du textile" 2013. Quant à la seconde, elle consiste en la distinction de trois personnalités qui recevront un Prix ; elles appartiendront, respectivement, aux domaines de l'art, de la créativité et de l'humanitaire. 
Par ailleurs, pour la principale organisatrice, la 4ème édition de "La Journée du Textile" connaîtra des invités de poids : Pépita D, BazemSé, Bamondi, Anderson D et Gala Tahirou. Et, concernant le spectacle musical de la soirée du 10 mai, il sera assuré par la Nigériane, Yemi Alade, l'Equato-guinéenne Kamaldine et par les Béninois, Sessimè et Diamant noir. 
Closant son propos, Mme Badirou Alli précise le contenu des journées des 11 et 12 mai ; elles donneront lieu à une exposition-vente des créations des stylistes, à la Boutique "La Perle noire". Vivement donc ces moments de mode et d'art qui contribueront à rehausser, une fois de plus, la capacité béninoise à tenir des événements culturels particulièrement porteurs.

Marcel Kpogodo


Une vue du public, au cours de la conférence de presse ...
Le programme détaillé de la 4ème édition du Festival "La Journée du textile" 

Jeudi 9 mai 2013 :
9h00 : Conférence de presse de lancement, avec la presse nationale et internationale, au Bénin Marina Hôtel
15h00 : Conférence-débat, au Bénin Marina Hôtel, sur le thème : "Regard sur la mode contemporaine africaine dans la mondialisation". Orateur : Professeur Joseph Adandé.
18h00 : Vernissage de l'exposition de photos de mode africaine et de l'exposition de tableaux à l'Institut français du Bénin.

Vendredi 10 mai 2013 :
19h30 : Cocktail, défilé de mode, spectacle de musique et remise des prix aux lauréats du concours de mode, au Bénin Marina Hôtel de Cotonou.

Samedi 11 mai et dimanche 12 mai 2013 :
Exposition-vente des créations des stylistes, à la Boutique "La Perle noire", sise Boulevard Saint-Michel, face à la BIBE Dantokpa, à Cotonou.

Marcel Kpogodo

vendredi 3 mai 2013

"Bénin en création"

Une endurance enrichissante pour des acquis culturels solides

La Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou a été le témoin de la présentation du bilan du Projet "Bénin en création". C'était dans l'après-midi du mardi 30 avril 2013. Pour l'occasion, elle était remplie, notamment, d'acteurs et de journalistes culturels, et des membres des associations étant parties prenantes du Projet en question.  Au-delà des allocutions prononcées, "Bénin création" révèle un parcours d'endurance profondément productif. 

Après 15 mois de déroulement, le Projet "Bénin création", qui en était à sa deuxième édition, est arrivé à sa phase d'achèvement, ce qui justifie la tenue de la cérémonie de restitution du travail impressionnant réalisé par les associations "Atelier ouverture azo" (Aoa) et les "Editions plurielles". La devise du Projet était : "Un pas vers la décentralisation de la culture et de l'action culturelle". Les membres des deux structures de même que des acteurs culturels de tous ordres et des professionnels des médias ont honoré de leur présence cette manifestation au cours de laquelle plusieurs allocutions, entrecoupées par des projections explicatives, ont été prononcées. 
Wilfried Martin ...
... et Nicolas Méido


Wilfried Martin, Directeur de Cabinet du Ministère de la Communication, Nicolas Méido, Coordonnateur du Programme Société civile et culture (Pscc), de même que
Koffi Attédé et Brice Bonou, respectivement Directeur des "Editions plurielles" et de l'Association Aoa, sont intervenus.
Brice Bonou, à gauche, et, Koffi Attédé, à droite, lors du passage des allocutions
La page de couverture de "Tremblement de corps"
Selon le dernier de ces orateurs, le déroulement de "Bénin en création" a débouché sur cinq résultats probants : la formation de 102 acteurs du système de la création théâtrale, l'organisation d'une résidence de formation et de réécriture en faveur de 12 jeunes auteurs, l'édition en 1000 exemplaires du recueil des cinq meilleures pièces de théâtre écrites en résidence, et de deux autres textes émanant de jeunes dramaturges de moins de 18 ans, la création, en résidence du spectacle de théâtre Tremblement de corps, fondant 20 représentations dans 14 communes du Bénin, et, enfin, le renforcement des capacités de 48 acteurs de la vie culturelle béninoise, choisis dans chacune des précédentes communes, à travers les départements du pays : ce sont des élus locaux, des responsables de services culturels, des gestionnaires d'espaces culturels et des acteurs culturels de ces communes que le Projet a permis de sillonner. 
Voilà donc 15 mois d'un parcours laborieux ayant abouti à des résultats aussi tangibles, enrichis par la vulgarisation, au cours de la cérémonie de restitution, d'un "Document de plaidoyer" ; il reste le fruit de la contribution des 48 acteurs précédemment évoqués. Ceux-ci sont intervenus sur le thème : "Pour une réelle décentralisation de l'action culturelle au Bénin".  
Brice Bonou a clos son allocution en remerciant plusieurs institutions, notamment le Pscc, le principal partenaire financier de "Bénin en création". 


Le "Document de plaidoyer", le repère pour la renaissance de la culture béninoise

Le "Document de plaidoyer", c'est un catalogue format moyen, de 32 pages de bonne facture de présentation, et en couleurs. S'ouvrant par la préface de Théonas Moussou, Directeur du Cabinet d'études et de recherche-action, Riah, il se poursuit par la description décisive,  photos suggestives à l'appui, de la richesse culturelle spécifique de chacune des 14 communes prises en compte par le Projet "Bénin en création", que sont : Abomey-Calavi, Bohicon, Cotonou, Dassa-Zoumè, Djougou, Grand-Popo, Ouidah, Parakou, Pobè, Porto-Novo, Savalou et Savè. Il se clôt par la synthèse de la contribution des 48 acteurs de tous ordres, selon le thème : "Pour une réelle décentralisation de l'action culturelle au Bénin". Il s'agit du plaidoyer proprement dit qui interpelle les acteurs culturels, les décideurs au plan local et l'Etat. Cet outil intellectuel devient un bréviaire qui place chacune de ces trois composantes essentielles devant ses responsabilités d'actions concrètes. 


Des interventions

A la fin de la cérémonie de restitution, les deux têtes de pont de "Bénin en création" ont bien voulu nous confier leurs impressions :

Koffi Attédé, Directeur des "Editions plurielles" : "Déjà, c'est une satisfaction, c'est un soulagement, parce qu'on arrive à la fin d'un long processus, un processus qui a commencé depuis février 2012, qu'on a conduit pendant 15 mois ; on a eu plein d'activités, plein d'enjeux qu'on a su relever. Donc, mes impressions sont déjà des impressions de soulagement, parce qu'on a conduit tout un processus jusqu'à terme.


Quelle suite faut-il attendre à présent ?


Actuellement, la sixième édition du Concours national d'écriture est en cours, on finit d'ailleurs aujourd'hui, le 30 avril, la date limite de dépôt des romans, puisque c'est de romans qu'il s'agit, cette année. Donc, le concours continue ; ce dont on a parlé tout à l'heure, c'était la quatrième édition de ce concours qui était partenaire de "Bénin en création". Nous avons fait la cinquième édition, nous en sommes à la sixième et nous préparons la septième édition ; les deux événements qui se sont mis ensemble continuent leur petit bonhomme de chemin, de façon autonome. Si, d'aventure, après, on a d'autres choses qui nous mettent ensemble, on se mettra encore ensemble. L'enjeu, aujourd'hui, sur le Projet "Bénin en création", en lui-même, c'est de travailler à ce que la culture ne soit plus la rubrique budgétivore des Communes ; nous voulons plutôt travailler pour que la culture soit cet outil-là qui apporte de l'argent aux Communes, voilà l'enjeu actuel. C'est pour ça, justement, que nous nous traçons un chemin avec le Document de plaidoyer qui a été édité à l'issue de ce Projet.


Au niveau des "Editions plurielles", vous avez réussi à éditer des ouvrages de genres littéraires différents, au moins, sur cinq ans, par le biais de projets. Comment allez-vous faire pour réaliser la sixième édition de "Plumes dorées" ?


Ce n'est pas juste quand vous dites que nous avons publié juste sur des projets ; nous publions des auteurs. Publier, c'est déjà, par définition, publier à compte d'éditeur. Nous publions des auteurs, nous recevons des auteurs que nous publions tout le temps. Actuellement, nous sommes en train de publier des auteurs, Donc, "Plumes dorées", c'est juste un créneau pour sortir les jeunes porteurs de projet d'écriture. Mais, nous sommes, avant tout, une maison d'édition, nous publions des ouvrages régulièrement et, concernant la question relative à la capacité à faire pérenniser l'activité, celle-ci dure depuis six ans et, on en est à la  sixième édition ; des partenaires nous rejoignent, d'autres s'en vont mais, d'autres de plus importants reviennent vers nous. Donc, il est important de comprendre que là où nous en sommes aujourd'hui, nous avons tout fait pour prouver notre sérieux, notre crédibilité et notre engagement pour la chose. C'est pour ça que je peux vous donner l'assurance que ça va continuer, il n'y a pas de souci pour ça.


Comment avez-vous réussi à supplanter beaucoup de maisons d'édition qui existaient avant vous ?


Nous n'avons pas réussi, nous continuons de nous battre. La différence, c'est que, dans le contexte actuel, quand on prend, aujourd'hui, le secteur littéraire, tel qu'il est, on ne peut pas vivre de ça, il ne faut pas se faire des illusions ; le secteur de l'industrie culturelle au Bénin, actuellement, tel qu'il est organisé, ne peut pas faire vivre son homme, on ne peut pas en vivre. Donc, pour nous, aujourd'hui, c'est un sacerdoce, c'est un sacerdoce qui va payer, nous en avons la certitude. Et, nous, les revenus que nous avons sur certaines initiatives beaucoup plus importantes, beaucoup plus lucratives, nous les réinvestissons dans la publication de jeunes auteurs, pas dans le cadre de "Plumes dorées", justement, mais, dans le cadre des publications ordinaires que nous faisons. Comment nous faisons ? Nous faisons les choses dans les règles, nous faisons les choses dans les normes. Aujourd'hui, les bailleurs ont besoin d'avoir des interlocuteurs sérieux, des interlocuteurs crédibles, des gens compétents. Ces trois critères-là, beaucoup de porteurs de projet, malheureusement, ne les ont pas ; sérieux, crédibilité et compétence, c'est rare de trouver des gens qui remplissent ces trois critères ensemble. Et, c'est difficile, je le dis encore, en contre-poids, c'est difficile pour un jeune porteur de projet, pour un jeune entrepreneur culturel, aujourd'hui, d'être à la fois sérieux, crédible et compétent, c'est difficile, parce que, quand vous voulez regrouper ces trois paramètres, vous devez mettre des années à vous affirmer. Et, vous savez qu'aujourd'hui, la pratique, c'est le raccourci ; beaucoup de gens prennent un raccourci. Nous avons décidé de ne pas prendre un raccourci. Nous ne sommes même pas encore arrivé à 50% du chemin, on a encore du chemin devant. Et, nous cherchons tous les jours, nous cherchons tous les jours! Il n'y a pas que les partenaires que vous voyez, qui sont derrière nous ; il y en a que nous sollicitons et qui ne viennent pas, mais qui viennent au bout de deux, trois, quatre ans ! Par exemple, cette année, l'Institut français s'est aligné derrière nous, la Commission de la Francophonie à Cotonou s'est alignée derrière nous financièrement. Or, ce sont des structures à qui nous déposions des projets dès le départ et qui ne nous donnaient rien mais, à la fin de chaque édition, on leur déposait des rapports. Et, cela a duré cinq ans ! C'est après cinq ans que ces gens se sont positionnés sur la sixième édition pour mettre un financement. Donc, le sérieux, la crédibilité et la compétence, il faut arriver à les concentrer aujourd'hui dans chaque porteur de projet, dans chaque entrepreneur culturel, surtout, au niveau des jeunes ; c'est la clé ! Et, surtout, être persévérant, patient. Ce que nous faisons aujourd'hui, nous en sommes à la sixième édition pour "Plumes dorées". C'est six ans ! Ce n'est pas un an, ce n'est pas un an et demi. Les gens, quand ils commencent, ils veulent un résultat tout de suite. Cela fait six ans ! Et, nous n'avons pas encore vu 10% de tout ce que nous sommes capables de mobiliser comme financements ! Il y encore mieux devant, et, vous allez le voir, par la grâce de Dieu, dans les années à venir.


Brice Bonou, Responsable de l' "Atelier Ouverture Azo" : "Je suis content qu'on soit au bout des 15 mois ; ça n'a ps été facile et, c'est évident qu'aucune action humaine n'est facile. Mais, toute l'équipe administrative, tous les encadrants, tous les partenaires ont répondu fidèles, présents à tout ce qu'on s'était dit au départ et, aujourd'hui, on est en train de faire la restitution. Pour nous, c'est capital de faire la restitution, parce que cela ne sert à rien de faire un projet, de s'entendre juste avec les bailleurs et d'envoyer un rapport ; il faut faire une restitution publique pour permettre à ceux qui n'avaient pas participé ou qui n'ont pas eu les échos des activités d'avoir des informations sur ce qui a été fait et, aussi, d'apporter leur contribution à l'édifice "Culture" et, spécialement à l'édifice "Théâtre". Donc, par rapport à "Bénin en création", je pense qu'aujourd'hui, on peut être satisfait de tout ce qui a été fait.


Le parcours a sûrement été jalonné de difficultés ...


Absolument ! Des difficultés, mais beaucoup plus d'ordre technique, parce que les hommes étaient présents, mais, vous savez, lorsque vous invitez, par exemple, les gens à un atelier de mise en synergie, et qu'ils doivent venir la veille, vous réservez les hôtels, mais ils ne viennent jamais la veille. Donc, après, les responsables de l'hôtel peut-être laissent  les places à d'autres personnes et, le lendemain, quand les invités viennent, c'est compliqué à gérer. Mais, cela n'a pas empêché que nous allions jusqu'au bout et, c'est ça le plus important. Les difficultés, elles existent mais, si vous les surmontez, vous êtes plus forts.


Maintenant que "Bénin en création" arrive à son terme, que peut-on attendre désormais de l'Association "Atelier Ouverture Azo" ?


L' "Atelier Ouverture Azo" continue. "Bénin en création" était juste une activité de l' "Atelier. Elle est à terme, les autres continuent ; nous avons déjà commencé à préparer la troisième édition de "Bénin en création" qui va beaucoup s'accentuer sur la décentralisation de la culture. Et, au-delà de ça, nous avons d'autres projets ; on travaille sur un projet de conte, où on va éditer aussi un livre sur le conte. On a d'autres projets qui sont en vue. Donc, l' "Atelier Ouverture Azo" y travaille tous les jours et ne s'arrêtera pas de travailler.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo                          

mercredi 17 avril 2013

Représentation de "Tremblement de corps" au Fitheb

Une mise en scène réussie du rapport sexuel


La grande salle de spectacles du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a vibré, le samedi 13 avril 2013, en début d'après-midi, sous les déclamations passionnées de la représentation de la pièce de théâtre, "Tremblement de corps", écrite par Hurcyle Gnonhoué, dans une mise en scène de Giovanni Houansou. Un vrai délice : les étapes conduisant inévitablement à l'acte sexuel ont été explorées d'une manière plus ou moins pudique.

Les convulsions intimes d'un corps délaissé et la rage d'un visage ignoré 
Si un corps était sujet à du tremblement, c'était celui de Majoie, épouse du président de la République, première Dame du pays, physiquement abandonnée, affectueusement délaissée et sexuellement sacrifiée par son époux trop emporté dans ses préoccupations nationales. La nature ayant horreur du vide, celle-ci jette son dévolu sur Salem, un journaliste brillant, mais politiquement débarqué de sa structure professionnelle et qui décide de lancer son propre organe de presse. Celle-ci saisit la balle au bond et reçoit chez lui sa proie, sous prétexte de lui accorder une interview très prisée. Arrivé chez elle tout concentré sur l'entretien qu'il va concrétiser et, rendu euphorique par le caractère unique de sa chance, il se trouve progressivement pris sous le feu du harcèlement affectif et sexuel de son sujet. Sous la menace, il  se laisse aller à consommer l'acte fatidique, pour être vite congédié, le président arrivant. La substance de la pièce de théâtre jouée, le samedi 13 avril dernier, à la grande salle de Spectacle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb).    
Salem Sachou, à gauche,  et son collègue journaliste, discutant du protocole d'interview 
Le décor de la scène était pragmatiquement doté du strict nécessaire de meubles pour une expression du jeu des acteurs. Dans un premier temps, l'ambiance matérielle d'un jeune célibataire, un appartement à deux pièces. Ensuite, le salon de l'épouse présidentielle avec, sur la gauche, un écran plat symbolique et une chaise, un divan, sur la droite. 
Majoie Ramzi ne peut voir son mari de président qu'à la télévision ... 
Alors, Didier Sèdoha Nassègandé, alias Salem Sachou, n'a pas fait économie de son talent ni de son énergie pour imprégner dans ses gestes la soif d'un journaliste de pénétrer dans l'intimité féministe d'une première Dame apparemment peu engagée dans sa mission de conseil à son époux de président. Il réussit le jeu du naïf qui se plante lorsque la phrase ultime de son interlocutrice l'atteint en plein cerveau et le ramène à la vraie mission en vue de laquelle il a été instrumentalisé : "Soit tu plonges en moi, soit je te plonge !" 
... ce qui la pousse à des actions aguicheuses envers son interviewer ...
C'est ainsi que Majoie finit par dévoiler la stratégie qu'elle a savamment ourdie pour combler le manque de tous ordres et dominant sexuellement qui la tend. De ses perles de hanche, elle réduit au silence la résistance trop morale de son vis-à-vis ; le corps-à-corps salvateur a lieu et, dès qu'une sorte de satiété libidineuse est atteinte, elle se débarrasse de son amant comme d'une orange sucée. La femme de haut rang, aigrie, grincheuse, piquante comme une épine et aguicheuse, c'est la psychologie qu'a réussi à concrétiser Josiane Térème ; elle s'est donné le courage et le talent de jouer à cette femme en chaleur et en furie, prête à tout pour qu'un bafouement de plus ne lui donne pas l'auto-fabrication de la confirmation du caractère piètre de sa personne. De la mise en avant de ses charmes au difficile triomphe final, en passant par un mur de règles éthiques dont elle s'est heurtée aux aspérités, elle a touché le public de l'expression des lambeaux de ce qu'elle est, elle, pourtant respectable. 

... qu'elle finit par harceler ouvertement ...
Et, ce n'est pas Mathieu Koko qui, dans son double rôle sucessif de collègue de Salem Sachou et de chef d'Etat cocu, n'a pas été méritant, surfant entre sa personnalité professionnellement négligente de journaliste et celle politiquement surbooké et inefficace de président de la République.   
... assurée de sa réussite, manipulant la perle de hanches ...
... et finit par les conduire aux ébats fatidiques.
Broutant allègrement dans ce vaste registre de réussites, Giovanni Houansou, le jeune metteur en scène, lui aussi, en réussite, tire sa force de la simplicité réaliste du décor et de la décomposition de la pièce en différentes séquences aboutissant au point final de l'acte sexuel dont il a magnifié l'exercice sans choquer, sans rendre un jeu intolérable aux âmes sensibles et pudibondes : des soupirs conjugués et appropriés soutenus par un balancement harmonieux des deux corps debout, sur un fond de lumière de boîte de nuit dans une séquence de zouk love. Pour finir, toute la pièce Tremblement de corps se met sous les feux de la rampe de la valeur littéraire ; cette mise en scène contribue à valider une jeune plume dramatique dont la valeur a précédé le nombre des années : Hurcyle Gnonhoué.

Marcel Kpogodo


Brice Bonou, à gauche, les acteurs Mathieu Koko, Josiane Térème et Didier Nassègandé et, les surplombant, Hurcyle Gnonhoué, à gauche, et Koffi Attédé, à droite ...

... et, enfin, le metteur en scène, Giovanni Houansou, entouré de Régis Dapko, le régisseur, à gauche, et de Rodrigue Kouyayi, à droite

Impressions d'après-représentation

Hermas Gbaguidi, dramaturge et metteur en scène : "Les jeunes ont essayé ; il faut se réjouir du travail qu'ils ont fait. Je tire un chapeau à Giovanni et à ses collaborateurs !"

Humbert Quenum, comédien professionnel : "C'est une pièce à deux tableaux, le premier étant celui des échanges entre les deux journalistes qui parlent de la préparation de l'interview et, le deuxième, c'est le dialogue entre le journaliste et la première Dame. Le dialogue du premier tableau n'est pas au niveau du dialogue du deuxième. Le défi du metteur en scène était de travailler au moins à égaler les dialogues ou à entrer dans un processus d'évolution du premier tableau vers le deuxième. Je vois qu'ils ont choisi l'approche d'aller dans une progression du premier vers le deuxième tableau, et qu'il y a une évolution du dialogue, à un certain niveau, dans le deuxième tableau. Ce n'est pas mal comme approche de mise en scène. Je trouve aussi que les comédiens ont joué simple, ce que j'aime bien ; ils n'ont pas cherché à instrumentaliser le texte, de se l'approprier et de pouvoir communiquer leur personnalité au public."         

Brice Bonou, Promoteur culturel : "Je peux dire que le spectacle a satisfait mes attentes, en tant que porteur du Projet. Ayant défini tous les axes dès le départ, il a satisfait mes attentes. Mais, c'est le public qui dira s'il est bon ou pas".







Giovanni Houansou, metteur en scène de "Tremblement de corps" : "Aucune mise en scène n'est abordable aisément. Cette pièce, particulièrement, était assez difficile à aborder, parce que l'auteur a utilisé un niveau de langue vraiment vraiment fort. Il fallait procéder à une sorte de contextualisation, de sorte à agir beaucoup plus sur les images ; elles sont beaucoup plus compréhensibles. Pour les populations qu'on devait rencontrer et les localités que nous avons traversées, il fallait agir sur les images, pour que le niveau de langue ne soit pas un frein à la compréhension. Donc, dans cette optique, la mise en scène devait aller plus fort et nous amener à réfléchir, et à trouver les images justes pour montrer ce qu'on voulait montrer et pour nous faire comprendre. Donc, ce n'était pas abordable, mais cela a été abordé. Ce n'était pas facile, mais cela a été fait. Pour atteindre ce résultat, nous avons eu l'appui de certains aînés qui ont apporté un regard extérieur, en ce sens qu'au cours du travail, ils sont venus voir et ils ont posé leur œil de quelqu'un qui n'était pas dans le processus au départ. Ceci leur a permis de nous faire voir des choses, de poser des interrogations qui nous ont amenés à réfléchir encore. Et, à plusieurs reprises, nous avons été amenés à retourner un peu en arrière. "Ah! Telle chose ne fonctionnait pas très bien ... ", "Quelle est la compréhension que les gens de l'extérieur peuvent avoir de la chose?" Tout cela nous a permis d'aboutir à un résultat qui, ma foi, n'est pas négligeable. 
Quant aux scènes érotiques suggestives, c'était la préoccupation majeure quand on voulait aborder cette mise en scène, parce que tout le monde se demandait : "Comment il va traiter ces scènes ? Est-ce qu'on va montrer les gens en train de faire l'amour ? Ce qui serait vulgaire et, on ne serait pas au théâtre, parce que cela ne servirait à rien de montrer à quelqu'un comment on fait l'amour ; tout le monde sait comment on le fait à la maison. Ces scènes-là devaient être travaillées de sorte à offrir une image qui suggère ce fait, une image qui soit universelle et compréhensible, acceptable de tous. Et, cette interrogation qui nous a amenés à réfléchir, nous avons passé plein d'images et, on a finalement opté pour cette scène que vous avez vue. C'est vrai que vous allez voir qu'à un moment du spectacle, la dame soulevait un peu sa jupe et, là, les gens ont eu peur, ils se demandaient comment cela allait se passer. Pour nous, c'était une façon de dérouter l'attention ; qui suivait le spectacle pouvait croire que nous irions à l'acte, mais nous n'y sommes pas allés. C'est une façon pour nous de surprendre le public. Ils ont fait l'amour, vous l'avez compris ; c'est déjà bon, c'est ce qu'on voulait."

Josiane Térème, alias Ramzi Majoie : "Il faut comprendre une chose : celle que vous avec vue sur la scène, ce n'était pas Josiane ; vous avez vu Madame Majoie Ramzi : c'est différent de Josiane. Donc, j'ai incarné un personnage. Pour cela, il fallait que je me l'approprie avant de pouvoir l'exprimer, l'extérioriser, il fallait . Si je ne suis pas convaincue de ce que je fais, je ne peux pas en convaincre les autres. Donc, vous n'avez pas vu Josiane Térème, là, sur scène, mais vous avez vu Majoie Ramzi, sur scène, c'est deux choses carrément différentes. Pour la nudité, c'est un personnage imaginaire que vous avez vu, libre à vous de prendre ce que vous voulez et de laisser ce que vous ne voulez pas, c'est libre à vous de le comprendre. 
En fait, le travail de comédienne est une recherche perpétuelle, on cherche chaque jour que Dieu fait. Si tu es appelée à incarner un rôle, il faut voir tous les contours de la chose, il faut d'abord une culture personnelle de la scène ; un comédien est amené à faire n'importe quoi, si on me demande de me mettre nue et de jouer un personnage qui n'est pas moi, Josiane Térème, je le ferai, parce que c'est ça mon rôle, c'est ça mon boulot, c'est de ça que je vis. Quand on vit de quelque chose, on s'y met à fond pour le faire, de manière bien, de manière correcte. 
Je me dis que la nudité que vous avez vue, c'est mon travail de comédienne, j'ai joué mon rôle comme mon metteur a su me guider, a su me l'inculquer, a su me le faire comprendre et à me le faire jouer ; j'en suis fière.
J'ai commencé en 2004 au Club Unesco de l'Université de Kara (Nord-Togo, Ndlr). Mais, j'ai commencé effectivement ma carrière professionnelle en 2007-2008, ce qui m'a fait révéler au grand public togolais, à l'actuel Institut français du Togo. A part ça, j'ai fait des scènes internationales en France, en Belgique, j'ai joué au Burkina, au Niger, au Cameroun, pour ne citer que ces pays. C'est une expérience pour moi. Je me dis que la scène, c'est ma vie, et je ne sais pas faire autre chose. Je suis titulaire d'une Maîtrise en Sciences du langage et de la communication, j'ai aussi un diplôme de Marketing et de télécommunications, et un diplôme de Management. Mais, quand l'art te prend, il te prend, il est en toi, il faut que tu l'extériorises, tu ne peux pas faire autrement, ça t'appelle, ça t'appelle ! 
Il y a quelques années, je ne pouvais pas oser dire que je vivais uniquement du théâtre, mais, aujourd'hui, je peux le dire, je l'affirme haut et fort : même si ce n'est pas tout le temps qu'on a un contrat, ou qu'on nous appelle sur de grandes créations, j'arrive quand même à m'en sortir, je trouve au moins mon pain quotidien. Je suis aussi dans le cinéma, la publicité. Donc, je vis de mon art qui est l'art de la scène". 


Hurcyle Gnonhoué, auteur de "Tremblement de corps": "Le message de ma pièce, il est tout simple : du point de vue sociologique, c'est la question de la condition de la femme, telle qu'elle est traitée, de nos jours, à travers tout ce qui est cérémonies et fora. Ce n'est pas que cela me gêne, mais la manière dont c'est traité me gêne, de telle sorte qu'on n'a pas idée qu'il y a une catégorie de personnes qui peut bien souffrir de cela. Ici, j'ai voulu jeter mon regard dans l'univers des premières Dames, pour voir un peu comment ça se passe, puisque c'est éminemment elles qui sont d'abord devant l'actualité de la condition de la femme. Et, l'imagination m'a permis de construire cette pièce que nous avons eue, pour constater, justement, que ce n'est pas forcément évident qu'une première Dame soit heureuse tel qu'on puisse le penser, puisque l'épanouissement de la femme, ça passe aussi par la présence affective de l'homme qui, désormais est Président et qui donc, est président  d'un pays et, un peu moins, le mari d'une femme. C'était le message essentiel. En dehors de ça, puisque nous évoluons dans un univers politique, d'autres questions d'ordre politique se sont infiltrées pour construire la trame de la pièce. Prenons, par exemple, le statut du journaliste, le journaliste qui peut être démis, à qui on peut arracher son émission, par exemple, à partir d'une simple décision d'un président ou d'un directeur d'organe, sous l'influence d'un président ou bien d'une autorité, tout simplement. En tant que telle, on a toujours dit que la presse est le quatrième pouvoir, mais, moi, je pose la question, dans cette pièce, par exemple " Est-ce que la presse est restée un pouvoir? Est-ce qu'elle peut faire montre d'un statut de pouvoir et rivaliser même, en imposer de ce statut de pouvoir aux autres pouvoirs que sont le judiciaire, le législatif et l'exécutif ?" Au-delà de tout, ma pièce, c'est beaucoup plus de l'imagination, de l'imagination nourrie de faits quotidiens. Je n'en veux pour preuve que les différents déplacements de nos Président, qu'ils soient américains, africains ou européens ; tels ils bougent que je me demande s'ils ont une vie privée, à la fin. Et, me mettant un peu à la place du justicier, je me suis demandé si leurs épouses bénéficient de leur présence. Tout près de chez nous, tout près de nous, les gens disent voir des présidents qui bougent beaucoup, les gens disent des choses qui ont trait à des présidents ; j'ai eu des retours de la pièce, déjà éditée, qui m'ont mis sur des pistes réelles qui nous entourent, que nous côtoyons tous les jours. Mais, je dis : l'imagination a une grande part dans cette création. Et puis, la création se nourrit de son environnement aussi". 


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

lundi 15 avril 2013

Dixième édition du Fithélycob

Les manifestations théâtrales démarrent le 19 avril prochain

La salle de conférences du Ministère de l'Enseignement secondaire a servi de cadre, le lundi 8 avril dernier, à la conférence de presse d'information des journalistes sur la tenue prochaine de la dixième édition du Festival international itinérant du théâtre des lycées et collèges du Bénin (Fithélycob). Tony Yambodè, promoteur de l'événement, entouré des représentants respectifs des Ministres de l'Enseignement secondaire et de la Culture, a évoqué les tenants et les aboutissants de cette manifestation annuelle.

Tony Yambodè
La conférence de presse du lundi 8 avril 2013, animée par Tony Yambodè, organisateur de la dixième édition du Festival international itinérant du théâtre des lycées et collèges du Bénin (Fithélycob), a permis aux journalistes de savoir que l'événement se tiendra du 19 au 27 avril prochains et qu'il engagera la prestation de quatorze établissements scolaires : le Complexe scolaire la Rose/Rosette, le Collège catholique ''Hibiscus'' de Parakou, les Lycées Béhanzin, Toffa 1er, des Jeunes filles de Natitingou et des Jeunes filles du Borgou-Alibori, Tikun Pone - Cercle de la Jeunesse consciente, les Collèges d'enseignement général Davié, Djassin, Gbokou, Les Cocotiers, Koutongbé, Avrankou et de l'Unité.

L'affiche du Fithélycob
Comme on le pressent, chacun d'eux proposera un spectacle théâtral sur un thème libre. Et, quatre villes seront parcourues: Cotonou, Abomey-Calavi, Parakou et Natitingou. 
Dans la première, l'Institut français du Bénin (Ifb) a été sélectionnée pour accueillir le tout premier spectacle, Tofa 1er, l'Espace ''Mayton'', dans la deuxième ville, en verra jouer huit, pendant que Parakou se fait représenter par l'Institut français de la ville, avec deux représentations. Enfin, pour la ville de Natitingou, c'est l'Espace Tv5 qui a été choisie pour héberger aussi deux pièces de théâtre. 
A en croire Tony Yambodé, l'ouverture officielle du Fithélycob aura lieu le samedi 20 avril prochain, à l'Espace ''Mayton'', du côté de la sortie arrière du Campus d'Abomey-Calavi, sous la direction du Ministre de l'Enseignement secondaire, Alassane Soumanou.

Tony Yambodè, entouré, à gauche, de Moussa Diarra Soumanou et, à droite, respectivement, de Victoire Noélie Ibikounlé et de Mathieu Salan
En effet, ce département ministériel soutient l'événement depuis cinq ans, pendant que le Ministère de la Culture en est à sa dixième année de partenariat avec lui. Cette considération justifie la présence de Mathieu Salan, Chef de la Division "Comptabilité" du Fonds d'aide à la culture (Fac), de Victoire Noélie Ibikounlé et de Moussa Diarra Soumanou, tous deux représentant respectivement les Ministres de la Culture et de l'Enseignement secondaire. 

Marcel Kpogodo


La programmation du Fithélycob 2013

- Cotonou (Institut français du Bénin)
Spectacle : ''Tofa 1er" - Vendredi 19 avril 2013 - 20h - Troupe : Le Complexe scolaire La Rose/La Rosette

- Abomey-Calavi (Espace ''Mayton'')
Spectacles : A partir de 17h
1. ''On ne badine pas avec l'amour'' - Samedi 20 avril 2013 - Troupe : ...
2. ''L'enfant du péché'' - Samedi 20 avril 2013 - Troupe : CEG Djassin
3. ''Immigritude'' - Samedi 20 avril 2013 - Troupe : CEG Les Cocotiers
4. ''Iyâ Chadé'' - Samedi 20 avril 2013 - Troupe : CEG de l'Unité
5. ''Louise d'Akotomey'' - Samedi 20 avril 2013 - Troupe : Lycée Béhanzin

Spectacles : A partir de 17h

6. ''Louise d'Akotomey'' - Samedi 21 avril 2013 - Troupe : CEG Avrankou
7. ''L'enfant du péché'' - Samedi 21 avril 2013 - Troupe : CEG Davié
8. ''Iyâ Chadé'' - Samedi 21 avril 2013 - Troupe : CEG Koutongbé
9. ''Owo Eshu'' - Samedi 21 avril 2013 - Troupe : CEG Gbokou


- Maison TV5 de Natitingou
Spectacles : A partir de 20h
1. ''Sokamè'' - Samedi 25 avril 2013 - Troupe : ''Tikun Pone'' du Lycée des Jeunes filles de Natitingou
2. ''Et Dieu répondit?'' - Samedi 25 avril 2013 - Troupe : Cercle de la jeunesse consciente


- Institut français de Parakou
Spectacles : A partir de 20h
1. ''Tremblement de corps'' - Samedi 27 avril 2013 - Troupe : Collège catholique ''Hibiscus'' de Parakou
2. "Maïmouna'' - Samedi 27 avril 2013 - Troupe : Lycée des Jeunes filles du Borgou-Alibori


Marcel Kpogodo 

dimanche 7 avril 2013

Art de la sculpture au Bénin

Sébastien Boko, le coup double  de l'excellence

Sous une apparence réservée, sous des dehors de grande discrétion, Sébastion Boko, artiste sculpteur sur bois, béninois, déploie un génie de travail qui n'est pas connu par tous. Justement, son travail, apparemment peu remarquable, est percutant. Et, comme le talent ne peut jamais rester longtemps sous le boisseau, Sébastien Boko vient de démontrer la force de son exercice artistique, à travers deux circonstances différentes de rude sélection, où il dicta la loi du plus compétent, celle de la première place.

"Dahoméennes enceintes"
Sébastien Boko vient d'honorer le Bénin par sa victoire sans appel à deux compétitions organisées au niveau international pour le reconnaissance de sculpteurs de poids. D'abord, du 14 au 16 août 2012, pas moins de trente artistes béninois de ce domaine se sont retrouvés à Ouidah pour s'affronter. Il s'agissait que le meilleur d'entre eux se qualifie pour prendre part à une autre compétition plus serrée. Le thème ayant servi de fondement d'inspiration aux concurrents était ainsi libellé : "Bois, art, culture et joie". Après la prestation de chacun par la production d'une sculpture, Sébastien Boko fut qualifié pour représenter le Bénin en Tanzanie. C'est après avoir présenté l'oeuvre intitulée: "Dahoméennes enceintes". Selon lui, son message était celui de la matérialisation du processus que suivait la femme dahoméenne dès qu'une grossesse était décelée chez elle; elle devait subir une consultation chez un charlatan qui se chargeait de lire de quelle facture morale serait l'enfant qui naîtrait. Dans le cas où le présage n'était pas favorable ou s'annonçait menaçant pour sa réussite dans la vie, des sacrifices étaient faits chez un fétiche pour conjurer le malheur.


L'étape tanzanienne

"Comme du riz"
Armé de sa distinction et de son avis de sélection, le vainqueur, couvert du drapeau béninois, se rend en Tanzanie pour frotter sa pratique artistique à celle de vingt-neuf autres aspirants à la consécration finale, représentant chacun un pays africain. Le contexte de la compétition était le symposium "Wood is good". Il s'est déroulé du 17 au 24 mars 2013 en terre tanzanienne. Six sujets étaient soumis au choix des candidats. Celui dans lequel le Béninois choisit de s'inscrire se formulait explicitement : "Utilisation historique et valeur culturelle du bois". Répondant à cet appel, Sébastien Boko conçoit une nouvelle sculpture en bois : "Comme du riz". Il voulait, par cette formulation, faire allusion à l'existence du bois dans la société africaine, plus particulièrement dans la nourriture. L'oeuvre sculptée laissait voir un tam-tam et l'objet de divination du consultant de l'avenir, le "fatè", en langue fon. Elle avait des dimensions de 1,20 m de hauteur sur 30 cm de largeur, et a pris à l'artiste deux jours de travail. Verdict : il obtient, une fois de plus, le premier prix, semant ses adversaires. 


Impressions

Sébastien Boko
De retour au pays, c'est un Sébastien Boko plus que jamais discret qui se confie aux journalistes. Désormais auréolé d'un prix national et d'un autre, africain, ce sculpteur sur bois de 28 ans capitalisant sa douzième année de carrière, pense que ces compétitions auxquelles il a participé avec succès donnent plus de confiance à son choix artistique ; elles permettent que les gens accordent de l'importance à ce qu'il fait. "Il me reste beaucoup de choses à apprendre et beaucoup de choses à faire ; ce n'est que le début, ce n'est qu'un encouragement à croire plus en ce que je fais et à aller au-delà de moi-même", conclut-il. Quand il s'agit pour lui d'aborder les perspectives qu'il se construit à moyen ou à court terme, il affirme vouloir travailler beaucoup plus encore dans le but d'approfondir son art. Il entrevoit en outre pour plus tard de faire des expositions.
Si, cependant, un hic se fait jour, il concerne l'anonymat total dans lequel ce jeune artiste talentueux fait des preuves professionnelles qui annoncent une génération qui, bien que discrète, n'entend pas marchander sa compétence. Inévitablement, la persévérance dans cette voie aidera à faire remonter jusqu'aux autorités compétentes, la vérité du caractère incontournable de la force de sculpture de Sébastien Boko que n'attendra qu'un succès multidimensionnel bien mérité.

Marcel Kpogodo

Anicet Adanzounon dans le théâtre béninois

Un génie de valeurs personnelles en action

Dans l'univers du théâtre béninois, un jeune homme, d'une convivialité professionnelle, envahit de son énergie  chaque environnement qu'il côtoie. Dans ses yeux, l'empreinte d'une joie de vivre peu partagée chez les personnes de son âge. Par un état d'esprit aussi dégagé, il défie l'absence ambiante de pragmatisme et gravit de nombreux échelons dans sa carrière d'artiste. Anicet Adanzounon, ce feu qui brûle sur son chemin toute situation de stagnation, impressionne par l'audace qu'il développe de ne pas s'en laisser conter par tout ce qui voudrait l'empêcher de poursuivre son évolution.

Dans la première moitié de la trentaine, dreadlocks sur la tête, comédien, humoriste, metteur en scène, il est le stratège créateur de la Compagnie ''Coco théâtre'', qui s'investit particulièrement dans ce qu'il appelle le ''Théâtre de proximité'', c'est-à-dire un théâtre qui entre en communication directe avec les Béninois en s'intéressant à leur quotidien et en faisant intervenir les langues maternelles servant de vecteur à des spectacles qui sont joués près des habitations.
C'est sa manière à lui, Anicet Adanzounon, de montrer à ses parents et à ses proches ce qu'il exerce comme métier, eux qui ne peuvent pas toujours se rendre à l'Institut français du Bénin pour suivre ses spectacles. Il prend aussi ces précautions pour sa famille qui ne comprend pas ce métier de comédien. Pour lui, celle-ci doit voir de quelle manière il travaille pour toucher du doigt le sérieux de son activité professionnelle.
Cette énergie positive active qu'il dégage physiquement et spirituellement vous envahit et vous contamine de la manière qu'il a de concevoir la vie, qui lui ouvre toutes les portes et qui lui permet de gravir facilement les montagnes, d'écraser les obstacles ; son hilarité spontanée et débordante répand autour de lui la joie de vivre et de gagner ses défis.
Anicet Adanzounon, l'hilarité au service de l'efficacité professionnelle  et de la réussite ...
A son âge, il est d'une activité théâtrale intense qui le sort d'emblée de l'atmosphère ambiante quotidienne de chômage des jeunes et de précarité de l'emploi : il est régulièrement en tournée et fait bénéficier au public, qu'il soit nationalement béninois ou sous-régional ouest-africain, de sa force artistique. Celle-ci, il la mérite bien, ayant, d'abord, sur les bancs de l'école, cultivé l'art théâtral, à travers la coopérative scolaire, au cours de la période révolutionnaire, et ayant souvent joué dans des pièces religieuses à l'église, où il imitait Jésus. Ensuite, il s'est beaucoup investi dans le Festival Kalétas, mené pendant plusieurs années par Orden Alladatin, Ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Une autre circonstance qui affermit son talent théâtral s'étant renforcé de capacités de metteur en scène et de scénographe : un an de formation au Cours d'écriture, de scénographie, d'administration et de mise en scène (Césam), une structure pédagogique initiée par un poids lourd très discret du théâtre béninois, Hermas Gbaguidi. D'ailleurs, le spectacle "Atchadido", qu'il a joué, dans le dernier trimestre de l'année 2012, à l'Institut français du Bénin, d'une part, et, avant et après, dans une tournée départementale et sous-régionale ouest-africaine, constitue  son mémoire de fin de formation au Césam.
Anicet Adanzounon a du succès ! Il travaille beaucoup, ces mois-ci, avec son ancien formateur, Hermas Gbaguidi dont, semble-t-il, il est devenu un partenaire et, c'est un engagement du duo dans un grand nombre de projets dramatiques au Burkina Faso, qui ne peuvent que l'épanouir. Il rayonne et, son secret est simple, selon ses propres propos : "Chercher à se connaître et être sincère avec soi-même ; si tu te trompes, tu détruis ton avenir". Toujours à l'endroit des jeunes de sa génération, il montre que les jérémiades sont incompatibles avec un avenir radieux, d'où une certaine thérapie en questionnement : "La jeunesse qui passe le temps à se plaindre ne consacre pas un peu de temps à sa vie : "Qu'est-ce que je suis?", "Qu'est-ce que je peux faire?", "Qu'est-ce que j'apporte?", "Je vais où avec cela?", "Je peux coopérer avec qui pour avoir quoi?", voilà ce qui suscite des réponses qui peuvent sauver la jeunesse en perte de repères". Sûrement, c'est pour être passé par cette étape assez sensible qu'aujourd'hui, Anicet Adanzounon peut s'enorgueillir de vivre de son métier d'homme de théâtre : "Je ne me plains pas parce que je ne suis pas venu au métier par hasard ; je sais ce que je veux, je suis très patient et je travaille beaucoup". Ainsi, avec une dizaine de créations théâtrales à son actif, il fait valoir d'autres supports d'ordre psychologique à son efficacité : le courage, la détermination, la persévérance. Ce père de deux enfants qui, à un moment stratégique de sa vie, a dû, pragmatiquement, laisser de côté la comédie musicale pour s'investir à fond dans le théâtre, rêve de créer un espace culturel à Abomey-Calavi, sa commune d'habitation. Etant donné la qualité de son mental, il n'y a aucun doute qu'il puisse remporter ce nouveau défi. Autant qu'il irradie de sa vision combative de la vie.

Marcel Kpogodo                      

jeudi 21 mars 2013

En tournée à Cotonou

Anna Téko lance bientôt "Mon miracle"

Le samedi 30 mars prochain, au Bénin Marina Hôtel, Anna téko, la jeune étoile confirmée de la musique béninoise gospel, lance son deuxième album. Il est intitulé "Mon miracle". Très riche en titres et en rythmes, il fait déjà son chemin auprès des mélomanes béninois. 

L'album "Mon Miracle"
"Mon miracle", album gospel et, le deuxième de la douce voix à la maturité subtile, Anna Téko, sera lancé le samedi 30 mars prochain, à 20 heures, au Bénin Marina Hôtel de Cotonou, à travers un grand concert live. "Mon miracle" comporte un bon lot de dix-sept titres parmi lesquels quelques-uns que les mélomanes béninois connaissent déjà, à travers leur diffusion sur nos chaînes de télévision et de radio : "Au pied de ta croix", "Il est temps de changer", "Mon miracle", "O Totché", "Tu n'as pas raison", "Mon seul abri". Par ailleurs, plusieurs rythmes se bousculent pour contribuer à donner à cet album tout son éclat : de la salsa, du compa, de la biguine, du boléro, du blues, du troubadour, notamment. Il est fait d'une majorité de compositions réalisées par Anna Téko et son producteur de mari, Gilles Gabelus. Apparemment, plusieurs ethnies de notre pays s'y retrouveront, étant donné que la chanteuse nous y parle en goun, en fon, en mina, en yoruba, sans oublier en français, la langue de travail. Selon l'artiste, ce deuxième bébé est le résultat de deux années de travail et sa promotion a déjà commencé, amenant son mari et elle à en parler déjà sur les radios écoutées à Cotonou et dans le pays. En outre, disponible déjà à Radio Tokpa, à la Librairie spirituelle "La Porte étroite" et dans les feux tricolores, "Mon miracle" n'a pas attendu cette période de promotion pour déjà s'arracher comme de petits pains. Tout renseignement pour l'obtenir peuvent être reçus au numéro 66158037. Rien ne vaut alors le geste de l'achat pour encourager cette jeune vedette, désormais internationale, ambassadrice du Bénin, partout dans le monde et, notamment, en Martinique, son pays d'adoption. Pour une tournée de promotion de cet album, qu'elle a commencée depuis le 22 décembre 2012 par ce pays, elle a abouti au Bénin, après lequel elle se retrouvera au Togo, en Côte d'Ivoire, au Gabon, notamment, et prendra fin, en Guadeloupe, le 21 décembre 2013. 

Un double message

Le fait pour Anna Téko d'aborder des thèmes religieux dans l'album "Mon miracle", n'est pas nouveau. Depuis son entrée dans la musique, plusieurs années auparavant, cette étoile s'est fait identifier comme telle,  d'où son classement dans la catégorie des artistes gospel. Cependant, pour éviter tout malentendu, elle préfère que le public comprenne son caractère spirituellement fédératif : "Ma mission va au-delà des églises ; elle consiste à prêcher l'amour, à ramener des âmes vers Dieu, à apporter du réconfort à ceux qui en ont besoin. C'est l'occasion donc pour elle de lancer un appel aux responsables religieux de tous ordres pour  que ceux-ci lui facilitent la tâche, dans l'accomplissement de la mission dont elle se sent investie envers Dieu. Ensuite, à ses soeurs béninoises et africaines, son propos est sans ambiguïté ; elles doivent renoncer à la dépigmentation et à tous les artifices de beauté qui les dévalorisent et les dénaturent. Selon celle-ci, elles doivent être des vecteurs de l'authenticité de la culture originellement africaine. Il reste que les aspects du message d'Anna Téko soient entendus par qui de besoin.      

Marcel Kpogodo