mardi 8 octobre 2013

Lancement de son livre, ’’Il fera beau’’, par Daniel Edah

Décryptage du Professeur Albert Tingbé-Azalou


Le samedi 5 octobre 2013 a eu lieu, au Palais des congrès de Cotonou, le lancement par Daniel Edah, de son livre, ’’Il fera beau’’. Le Professeur Albert Tingbé-Azalou s’est chargé de faire appréhender cet ouvrage au public ayant fait le déplacement de la manifestation.

Le Professeur Albert Tingbé-Azalou
La Salle rouge du Palais des congrès était entièrement bondée à l’effet du lancement par Daniel Edah de son livre autobiographique, ’’Il fera beau’’. Ce jeune fonctionnaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) en était à sa première publication. Selon le Professeur Albert Tingbé-Azalou qui s’est chargé de présenter au public l’ouvrage édité aux Editions L’Harmattan-Bénin, il s’agit de comprendre que, si Daniel Edah a choisi de produire son autobiographie alors qu’il est encore bien jeune, c’est pour « conjurer le sort, afin qu’il fasse beau demain », de même que dans le but de marquer un arrêt pour « scruter son passé », afin d’ancrer son futur dans des certitudes plus porteuses. En outre, il n’a pas manqué de partager que ce livre de 110 pages est clair et simple, digeste et à savourer, qu’il manifeste l’expérience d’un homme, qui a dû développer un nombre impressionnant de qualités personnelles exposées dans le livre, bien qu’appuyé par la providence, pour partir de l’enfant né dans le village de Gohomè, d’un père commerçant et d’une mère couturière, et arriver au fonctionnaire international qu’il est aujourd’hui, en passant par ses anciens statuts d’écolier, de collégien, de lycéen, de jeune étudiant militant, d’engagé politique, d’activiste associatif et de directeur d’institution universitaire.
Une Salle rouge archi-comble et mobilisée.
Par ailleurs, selon le communicateur, si le livre, Il fera beau, doit être absolument lu, c’est parce qu’il comporte deux axes importants de lecture. Le premier prisme, pédagogique, se rapporte à la capacité de l’ouvrage à démontrer de quelle manière tout Béninois doit s’y prendre pour travailler à l’international, en partant pratiquement de rien. A en croire le Professeur, le second axe est critique puisqu’il analyse le parcours atypique de Daniel Edah qui, en réalité, n’a pas marchandé les sacrifices pour se hisser progressivement à l’étape sociale admirable où tout le monde le voit aujourd’hui. Par ailleurs, cette ascension fait de lui, paradoxalement, une personne humble, dévouée, respectueuse, qui a le sens de la hiérarchie sociale et familiale, notamment. Voilà autant de secrets de réussite que le lecteur ne perdrait rien à découvrir et à adopter.


Entrée littéraire, politique ?
La cérémonie de lancement de l’ouvrage Il fera beau a permis à Daniel Edah de « mettre les petits plats dans les grands » : prestations musicales d’artistes dont la réputation n’est plus à faire, comme le Togolais King Mensah – comme pour se rapprocher linguistiquement des membres de son ethnie, qui ont fait massivement le déplacement du Palais des congrès – Zeynab et Sessimè. Ensuite, des anciens ministres comme Kogblévi Aziadomè, Issa Badarou Soulé et, surtout, Damien Zinsou Alahassa, ayant assumé les départements de la Jeunesse et des sports, puis de l’Education nationale ; Daniel Edah avait été un membre remarquable de sa formation politique, le Parti du salut (Ps). La présence de cet ancien Ministre en valait la peine, vu le témoignage public élogieux sur son ancien poulain.
Daniel Edah, écrivant une dédicace ...
De plus, l’atmosphère générale, dans la Salle rouge du Palais des congrès, en cet après-midi du samedi 5 octobre, n’avait rien de celle, austère et concentrée, d’un lancement de livre alors qu’il était bel et bien question de l’entrée de Daniel Edah dans le monde littéraire ; l’heureux du jour a voulu la cérémonie particulièrement festive avec, en face de lui, des représentants de toutes les composantes de la société béninoise : des chefs traditionnels, des têtes couronnées, des fonctionnaires internationaux, des jeunes cadres, des femmes, des conducteurs de taxi-moto, des dockers, des forces de l’ordre, des élèves, des étudiants, des enseignants, entre autres.
D’autres facteurs de note politique dans ce lancement de livre restent, d’une part, le sens assez fort de reconnaissance du tout neuf écrivain, ce qui l’a amené à remercier, des plus importants aux plus humbles, des personnes qui ont contribué à son ascension intellectuelle et sociale. D’autre part, l’hymne national, mobilisant le Palais des congrès entier en position debout, a été chanté par une fanfare civile.
Tout ce cocktail, savamment conçu, donne l’impression qu’au-delà d’un simple lancement de son autobiographie, Daniel Edah a voulu faire percevoir le signal remarquable d’un sens politique qui, semble-t-il, dans les prochaines semaines, se concrétisera pas la mise sur les fonts baptismaux d’une nouvelle formation politique. Pourquoi pas ? Dans son Couffo natal, une certaine relève est à prendre et, « la nature a horreur du vide ».

Marcel Kpogodo

dimanche 6 octobre 2013

Activités du plasticien béninois Thierry Oussou

Une randonnée danoise anti-déchets


Du 9 au 28 septembre dernier, l’artiste plasticien béninois, Thierry Oussou, a effectué un séjour de création artistique au Danemark. Le cadre en était l’initiative prise par le Centre de la culture et du développement (Cku), une institution du Ministère des Affaires étrangères du pays hôte. Il fallait activer la sensibilisation contre l’exportation par les pays occidentaux de leurs appareils électroniques usagers vers l’Afrique.


Le "Zangbéto", cadeau des enfants stagiaires aux autorités danoises.

« Images du monde en mouvement 2013 ». Voici le programme mis en place pour les jeunes par le Centre de la culture et du développement (Cku), du Ministère des Affaires étrangères du Royaume de Danemark. Grâce à cette vision, l’artiste-plasticien béninois, Thierry Oussou, a tenu, dans le cadre de son séjour dans ce pays, du 9 au 28 septembre 2013, une série d’ateliers dans des écoles d’une dizaine de villes ou de villages danoises, selon le cas, notamment, Copenhague, Herning, Fudevihssund, Holbaek, Kolding et Roskilde. Mais, le 4 septembre déjà, il se trouvait dans la capitale danoise, Copenhague, pour la préparation pratique des activités. 
Sur le thème ’’Utopie’’, il s’agissait, selon l’artiste, de former ces jeunes stagiaires à la fabrication de masques inspirés de ceux béninois, comme les masques ’’Guèlèdè’’, et de réaliser des installations, pour le compte du musée de la ville de Holbaek. Le cahier de charges a été rempli et c’était en compagnie de son compatriote, artiste-plasticien aussi et récupérateur d’objets relevant des appareils électroniques et électriques usagers, Ferdinand Kounmassou, de son pseudonyme, Ferdinand Kosh, et de la coordonnatrice danoise du Projet, Fanni Baudo, assistée de Lærke Hooge Andersen, toutes deux designers.

De gauche à droite, Thierry Oussou, Fanni Baudo, Lærke Hooge Andersen et Ferdinand Kosh 
Les ateliers en question, placés sous la dénomination « Western Waste meets African Craft », de sa traduction en français, « Les déchets de l'Ouest rencontre l'art africain », ont été le socle de l’initiation de plus de 300 apprenants scolaires, en provenance de plus de 21 établissements, précisera Thierry Oussou, tout en ajoutant qu’en dehors des ateliers se sont déroulés des « Master class », du 9 au 13 septembre 2013. Résultat : les élèves ont créé des masques avec des déchets électroniques, un processus manifestant leur capacité à partager des idées, tout en livrant un signal fort sur la nécessité du recyclage comme un comportement alternatif à l’exportation de ces déchets ; les deux artistes béninois, en compagnie des deux danoises, ont participé également à la mise en place, toujours avec des déchets électroniques, d’une installation Zangbéto, dans le Musée de Holbæk, le 14 septembre. A en croire le plasticien béninois, il s’agit d’un « gardien pour demander aux Danois de ne plus envoyer des déchets électroniques au Bénin ». Le vernissage de l’exposition s’est tenu le 29 septembre.
Le montage en équipe du "Zangbéto"
Dans ses impressions, après ces trois semaines de travail, Thierry Oussou se dit particulièrement heureux d’avoir participé à un tel processus qui a permis de faire valoir la culture béninoise, en l’occurrence, le vodoun, au Danemark. Satisfait, par ailleurs, d’avoir été accueilli et traité comme un roi, durant tout son séjour de travail, il n’en demeure pas moins fasciné par ce pays dans lequel il a constaté l’exercice d’une liberté de tous ordres, dans tous les domaines de la vie, le sens de l’équité et, surtout, fait remarquable, le dynamisme de Fanni Baudo, la Coordonnatrice du Programme « Western Waste meets African Craft », qui a démontré une bonne planification des activités et un respect strict du chronogramme fixé, de même qu’un engagement et une grande détermination. Selon lui, il est prévu qu’une nouvelle phase du Programme se déroule sous peu à Cotonou.

D’un historique bien précis

En réalité, l’investissement efficace de Fanni Baudo dans le Programme « Western Waste meets African Craft » relève de sa désolation face à un comportement profondément illégal dans la législation internationale : l’envoi des Déchets d’équipements électriques et électroniques (Deee), en Afrique occidentale, par des pays européens comme le Danemark, la Grande Bretagne, la Belgique, la Hollande, l’Italie et l’Espagne. Ayant été frappée par le cas particulier du Ghana, avec la décharge d’Agbogbloshie, et visité le Bénin en mars 2013, en compagnie de Lærke Hooge Andersen, et du photographe danois, Torben Ulrik Nissen, elle a touché du doigt la situation environnementale déplorable des pays d’accueil de ces déchets qui, dans la majorité des cas, ne sont plus utilisables, mais que les populations de ces nations recherchent, à cause de la pauvreté. Il y a donc un transfert du problème de gestion des Deee, de l’Europe vers l’Afrique. 
Ainsi, Fanni Baudo a compris la nécessité d’attirer l’attention des apprenants de son pays sur le phénomène, d’où la sélection de Thierry Oussou et de Ferdinand Kosh pour l’exécution d’ateliers et d’un Master class. Vivement que les effets de cette stratégie se fassent sentir, dans les années à venir !  

Marcel Kpogodo