Une randonnée danoise anti-déchets
Du 9 au 28 septembre dernier, l’artiste plasticien béninois,
Thierry Oussou, a effectué un séjour de création artistique au Danemark. Le
cadre en était l’initiative prise par le Centre de la culture et du
développement (Cku), une institution du Ministère des Affaires étrangères du
pays hôte. Il fallait activer la sensibilisation contre l’exportation par les
pays occidentaux de leurs appareils électroniques usagers vers l’Afrique.
Le "Zangbéto", cadeau des enfants stagiaires aux autorités danoises. |
« Images du monde en mouvement 2013 ». Voici le
programme mis en place pour les jeunes par le Centre de la culture et du
développement (Cku), du Ministère des Affaires étrangères du Royaume de
Danemark. Grâce à cette vision, l’artiste-plasticien béninois, Thierry Oussou,
a tenu, dans le cadre de son séjour dans ce pays, du 9 au 28 septembre 2013,
une série d’ateliers dans des écoles d’une dizaine de villes ou de villages danoises,
selon le cas, notamment, Copenhague, Herning, Fudevihssund, Holbaek,
Kolding et Roskilde. Mais, le 4 septembre déjà, il se trouvait dans la capitale danoise, Copenhague, pour la préparation pratique des activités.
Sur le thème ’’Utopie’’, il s’agissait, selon l’artiste,
de former ces jeunes stagiaires à la fabrication de masques inspirés de ceux béninois, comme les masques ’’Guèlèdè’’, et de
réaliser des installations, pour le compte du musée de la ville de Holbaek. Le
cahier de charges a été rempli et c’était en compagnie de son compatriote,
artiste-plasticien aussi et récupérateur d’objets
relevant des appareils électroniques et électriques usagers, Ferdinand Kounmassou,
de son pseudonyme, Ferdinand Kosh, et de la coordonnatrice danoise du Projet, Fanni
Baudo, assistée de Lærke
Hooge Andersen, toutes deux designers.
De gauche à droite, Thierry Oussou, Fanni Baudo, Lærke Hooge Andersen et Ferdinand Kosh |
Les ateliers en question, placés
sous la dénomination « Western Waste meets African
Craft », de sa traduction en français, « Les déchets de l'Ouest
rencontre l'art africain », ont été le socle de l’initiation de plus de 300
apprenants scolaires, en provenance de plus de 21 établissements, précisera
Thierry Oussou, tout en ajoutant qu’en dehors des ateliers se sont déroulés des
« Master class », du 9 au 13 septembre 2013.
Résultat : les élèves ont créé des
masques avec des déchets électroniques, un processus manifestant leur
capacité à partager des idées, tout en livrant un signal fort sur la nécessité
du recyclage comme un comportement alternatif à l’exportation de ces
déchets ; les deux artistes béninois, en compagnie des deux danoises, ont participé également à la mise en place, toujours avec des déchets électroniques, d’une
installation Zangbéto, dans le
Musée de Holbæk, le 14 septembre. A en croire le
plasticien béninois, il s’agit d’un « gardien pour demander aux Danois de
ne plus envoyer des déchets électroniques au Bénin ». Le vernissage de l’exposition
s’est tenu le 29 septembre.
Le montage en équipe du "Zangbéto" |
Dans ses impressions, après ces
trois semaines de travail, Thierry Oussou se dit particulièrement heureux d’avoir
participé à un tel processus qui a permis de faire valoir la culture béninoise,
en l’occurrence, le vodoun, au Danemark. Satisfait, par ailleurs, d’avoir été accueilli
et traité comme un roi, durant tout son séjour de travail, il n’en demeure pas
moins fasciné par ce pays dans lequel il a constaté l’exercice d’une liberté de
tous ordres, dans tous les domaines de la vie, le sens de l’équité et, surtout,
fait remarquable, le dynamisme de Fanni Baudo, la Coordonnatrice du Programme « Western Waste meets African Craft », qui a démontré une bonne planification des
activités et un respect strict du chronogramme fixé, de même qu’un engagement
et une grande détermination. Selon lui, il est prévu qu’une nouvelle phase du
Programme se déroule sous peu à Cotonou.
D’un
historique bien précis
En
réalité, l’investissement efficace de Fanni Baudo dans le Programme « Western Waste meets African Craft » relève de sa désolation face à un
comportement profondément illégal dans la législation internationale : l’envoi
des Déchets d’équipements électriques et électroniques (Deee), en Afrique
occidentale, par des pays européens comme le Danemark, la Grande Bretagne, la Belgique,
la Hollande, l’Italie et l’Espagne. Ayant été frappée par le cas particulier du
Ghana, avec la décharge d’Agbogbloshie, et visité le Bénin en mars 2013, en
compagnie de Lærke
Hooge Andersen, et du photographe danois, Torben Ulrik Nissen, elle a touché du
doigt la situation environnementale déplorable des pays d’accueil de ces
déchets qui, dans la majorité des cas, ne sont plus utilisables, mais que les
populations de ces nations recherchent, à cause de la pauvreté. Il y a donc un
transfert du problème de gestion des Deee, de l’Europe vers l’Afrique.
Ainsi,
Fanni Baudo a compris la nécessité d’attirer l’attention des apprenants de son
pays sur le phénomène, d’où la sélection de Thierry Oussou et de Ferdinand Kosh
pour l’exécution d’ateliers et d’un Master class. Vivement que les effets de
cette stratégie se fassent sentir, dans les années à venir !
Marcel Kpogodo