jeudi 25 mai 2023

Sika da Silveira, reine révélatrice de l’harmonie cosmique

Dans le cadre de l’ouverture de son atelier au public 


Sika da Silveira, artiste contemporaine béninoise, ouvre au public, depuis le vendredi 19 mai 2023, son espace de travail, dénommé ''Atelier Sika'', sis quartier d’Akogbato, à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Elle y montre une trentaine d’œuvres d’art variant entre peintures, photographies et installations. Cette ouverture, par la créatrice, de son espace de travail, montre d’elle une réalité remarquable.  Elle prend le leadership de l’engagement pour des relations responsables entre l'être humain et l’univers.


Sika da Silveira, dans ses explications au public - Extrait photographique réalisé à partie d'une photo originale de Carlos Sodolpa

Vaste, étendu, espacé, diversifié, coloré, lumineux, radieux, suggestif ! Décor enchanteur, le reflet de la personnalité de Sika da Silveira à la mesure de ces valeurs de son ''Atelier Sika'', situé au quartier d’Akogbato, dans le 12ème arrondissement de la ville de Cotonou, au Bénin, cet atelier qu’elle a décidé d’ouvrir au public, en début de soirée, le vendredi 19 mai 2023. L’objectif de l’artiste plasticienne et performeuse est d’exprimer la complémentarité entre les êtres vivants, incitant l’humain à en prendre conscience, pour la sauvegarde de l’environnement.


Le visiteur, dès son entrée, découvre  une série d’œuvres d’art, qui interpellent. Des photographies, réalisées dans une technique mixte, des toiles à la charnière de l’abstrait et du figuratif et … une installation ! Majestueuse. Qui impose qu’on s’y arrête pour l’interroger, pour la laisser se faire découvrir et appréhender. 


Une trentaine d’œuvres occupent l’attention du visiteur. Selon l’artiste, son travail reflète la relation intime existante entre l’univers planétaire et l’homme. « Nous sommes des microcosmes, donc, nous portons des petits gènes du grand cosmos à l'intérieur de nous », introduit-elle. Elle approfondit : « Le noyau de mon travail, c'est toujours l'équilibre de l'homme, son équilibre spirituel. Il nous faut prendre conscience de cela pour mieux composer avec notre univers ». Cette préoccupation  de l’artiste d’appel à la conscience se lit, de façon omniprésente, d’une œuvre à une autre.


Les tableaux abstraits comme ‘’Elévation’’, ‘’Expansion’’ et ‘’L’incarné’’ traduisent, à en croire l’artiste, les « manifestations énergétiques » internes à l’humain ». Il est question de sortir pour aller à cet atelier de Sika da Silveira afin de comprendre l’analyse qu’elle réalise des œuvres précitées. « Ici, ce sont nos univers intérieurs que je traduis. Je parle ici, - d'accord ! - mais s’il était possible de taire les mots, il y a des manifestations énergétiques que nous ne voyons pas et ce sont ses mouvements que je symbolise », avance-t-elle. Elle se fait sentencieuse : « Le jour où il n'y a plus de mouvement, c'est la mort ; c'est cette vie que je traduis ». « Ça bouge et ça descend, ce n'est pas plat, c'est de la danse », explique-t-elle, le regard, tout d’un coup, rayonnant. « Il faut aussi prendre en compte l'écriture dans ce travail. C'est une écriture intuitive qui vibre avec chaque partie de l'homme », oriente-t-elle.



Rappel de la connexion cosmique


Les photographies, captivantes, entrent en accord avec l’expression par Sika da Silveira de la relation externe de l’homme avec son univers, le cosmos. Elles combinent figuratif et abstrait. A travers la série intitulée ‘’Zoun man bou’’, il se découvre des visages d’hommes, avec une omniprésence des « arbres matures », en arrière-plan. Le prétexte créatif pour un plaidoyer de l’artiste : « C'est pour rappeler la vie de ces arbres parce qu'aujourd'hui, on détruit des arbres centenaires qui portent la mémoire de l'histoire, des arbres centenaires qui participent à notre équilibre, sans qu'on ne s'en rende compte ». Elle aborde la conséquence mortifère d’une telle option humaine. « Lorsqu'on les détruit, on détruit peu à peu notre équilibre. C'est donc pour rappeler que ce sont des êtres vivants qu'on tue », clarifie-t-elle. L’artiste fait ressortir le lien spirituel unissant l’homme à son environnement, dans sa série de tableaux, dénommée, ‘’Mystique’’ et ‘’Le Vivant’’ puis à travers l’installation évoquée.



’’Les gardiens de la terre’’ 


Elle est l’unique installation à aller voir de très près. Elle symbolise comme la maturité créative de l’artiste. Sika da Silveira y matérialise adroitement les connexions cosmiques. L’artiste plasticienne y exprime les liens invisibles qui soutiennent l’interaction entre l’homme et les autres entités du cosmos. Elle l’évoque : « J'ai représenté les gardiens de la terre par les sculptures qui sont au nombre de 40 + 1». Quarante sculptures, par dizaine, entourent la terre, l'eau, et le feu, que représentent, respectivement, un bloc de terre, une petite jarre remplie d’eau et un tas de charbon. 


Comme pour se départir de tout fondement de jalousie de la part des éléments naturels, autour de l'installation, un autre groupe de dix sculptures identifie les gardiens de l'air. Au centre de l'installation se trouve la quarante-et-unième sculpture traduisant la lumière. « Ce 41ème gardien, ça peut être vous, moi ou quelqu'un d'autre qui a su se relier à ses autres entités et, à travers lesquels, il peut agir sur terre. Parce que la Terre est un organisme vivant au sein duquel nous vivons, […] il nous faut prendre conscience de cela pour notre propre équilibre, en retour », explicite-t-elle.

 

L’exposition restant ouverte jusqu’au 9 juin 2023, aucune sorte de justification ne remplacerait le déplacement des visiteurs pour une rencontre inédite et unique avec l’esprit créatif de Sika da Silveira. Cet esprit s'est développé dans la durée. D'abord, exerçant comme perleuse, elle entre dans l'univers de l'art contemporain par la performance déambulatoire. Elle connaît, ensuite, le Cénacle expérimental, qu'initie Charly d'Almeida, en avril 2015. Continuant son chemin, elle s'affirme. Plusieurs années plus tard, un autre baobab de l'art contemporain béninois la repère: Dominique Zinkpè. Il la fait participer à ''Transe'' au ''Lieu unik'' d'Abomey, en 2022. Désormais, Sika da Silveira se construit en toute autonomie.


Son atelier, se situant à quelques mètres du bureau de la Caisse locale de Crédit agricole mutuelle (Clcam) du quartier d’Akogbato, est accessible du lundi au samedi, de 9 heures à 19 heures. 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

dimanche 21 mai 2023

Des caricaturistes sur le ’’Miwa konou’’

Pour la commémoration de la Jilp


La Journée internationale de la Liberté de la presse (Jilp) a été commémorée le 3 mai 2023. L’association de caricaturistes béninois, ’’Bénin-dessin’’ en a marqué l’événement. Elle a initié ’’Miwa konou’’, un Salon international du Dessin de presse et de l’humour. Il s’est déroulé jusqu’au 7 mai à la Maison de la Bande dessinée et de l’image, dénommée ''Igbalè'', sis quartier de Womey Sodo, à Cocotomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi, au Bénin. Un nombre bien déterminé de caricaturistes était à l’honneur.


Aperçu des caricaturistes ayant participé au Salon, ''Miwa konou'', et de quelques invités

7 artistes dessinateurs de presse du Bénin, pour 7 œuvres. Ce qu’il fallait retenir du Salon international du Dessin de presse et de l'humour, ''Miwa konou'', pour la commémoration, le mercredi 3 mai 2023, de la Journée internationale de la Liberté de presse (Jilp), par l’association, ’’Bénin-dessin’’, à ''Igbalè'', ainsi nommée la Maison de la Bande dessinée et de l’image, située à Womey Sodo, à Cocotomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi, en République du Bénin.


Claude Adjaka, alias, Lenfan Claudio, Hervé Hodonou Alladayè, alias Hodall Béo, Julien Alihonou, alias Makejos, Alexandre Kossoko, Hector Sonon, Constant Tonakpa et Kenneth Vihotogbé constituent les 7 caricaturistes concernés.


En langue nationale béninoise, fon, ’’Miwa konou’’ veut dire ’’Venez rire’’. « Ce n'est que le début d'une nouvelle révolution du dessin de presse écrite et de la caricature au Bénin », a commenté, de l’initiative de l’exposition, Hector Sonon, président de ’’Bénin-dessin’’. L'objectif, selon lui, est de se retrouver, périodiquement, entre collègues dessinateurs de presse écrite et caricaturistes. Il déplore la disparition progressive du dessin de presse des journaux. 


De gauche à droite, Hodall Béo, Conseiller, et Hector Sonon, Président de l'association, ''Bénin-dessin'', organisatrice de ''Miwa konou''


Il reconnaît, actuellement, un seul journal satirique utilisant les compétences des dessinateurs de presse. Il s’agit de l’hebdomadaire, ’’Le déchaîné du Jeudi’’. A en croire Hector Sonon, depuis 1987, il y avait, déjà, de la caricature dans les journaux, au Bénin.



Des moments d'échanges sur le ''Miwa konou''


Plusieurs visiteurs ont assisté au vernissage de l’exposition, ’’Miwa konou’’. Il se trouvait, parmi eux, Tiburce Adagbé, directeur de publication de l'hebdomadaire mentionné. Il y avait, aussi, Alain Dettinger, un grand amateur de la caricature. Ils ont assisté aux échanges entre le public et les artistes exposants. Les premiers ont répondu aux questions des seconds. Ils ont abordé les sources d’inspiration à l’origine de leur travail. Ce sont les faits du quotidien et ceux des événements socio-politiques. Ils s’aident de l’humour pour faire passer leur message. La référence en est le tire de l’exposition, ’’Miwa konou’’.  



Des perspectives pour le ''Miwa konou'' 


’’Bénin-dessin’’ entend organiser des ateliers. Ils lui permettront de faire adhérer le public à l’humour par la caricature dans le dessin de presse. Il lui faudra aussi former de jeunes dessinateurs. Ils vont assurer la relève de la génération actuelle. Le Salon sera organisé chaque année pour promouvoir les talents. Il servira aussi à redorer le blason du dessin de presse et de l’humour. L’association compte sur l’aide de l’Etat et des bonnes volontés. Elle lui permettra d’atteindre ses objectifs, vu ses moyens limités. La presse en tirera profit, étant donné son statut de quatrième pouvoir.

Herman Sonon