jeudi 29 octobre 2015

Clarke, Yaovi et Pencréac'h exposent dès ce vendredi 30 octobre à Lobozounkpa

Dans le cadre des activités du Centre ’’Arts et cultures’’  



Une conférence de presse s’est déroulée dans l’après-midi du mardi 20 octobre dernier, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Il s’agissait pour Dominique Zinkpè, le Directeur de l’Espace, d’annoncer la tenue de l'exposition à laquelle participeront trois gros baobabs du secteur des arts plastiques, suite à une résidence assez laborieuse : Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h.


De gauche à droite, Bruce Clarke, Christelle Yaovi et Stéphane Pencréac'h, au cours de la conférence de presse
Après bientôt un mois de résidence, l’anglo-sud-africain, Bruce Clarke, le Français, Stéphane Pencréac’h et la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, livreront le résultat de leurs inspirations, à travers une exposition dont le vernissage aura lieu dans l’après-midi du vendredi 30 octobre 2015. Au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa. Cette information a été partagée par le Directeur de cet Espace, Dominique Zinkpè, au cours d’une conférence de presse dont il a pris l’initiative. En réalité, selon cette personnalité, c’est la troisième fois que le cadre indiqué abrite ce genre de processus, après les expériences de novembre 2014 et de février 2015. Il a, en outre, précisé que le Centre ’’Arts et cultures’’ étant multidisciplinaire, il héberge des résidences d’artistes pour que ceux-ci développent un travail particulier et qu’ils fassent des échanges, des rencontres et des partages. Et, dans leur manière de procéder en travaillant, ils évoluent dans leur studio, d’abord, et prennent en otage l’espace, ensuite.

Un aperçu du travail de Stéphane Pencréac'h ...
Concernant les artistes en action, il est revenu à chacun d’eux de décrire leur démarche. Ainsi, dans ses explications, Stéphane Pencréac’h a fait savoir que le fondement de son travail serait de réaliser des tableaux et des sculptures. Dans le premier cas, notamment, l’artiste a déclaré exercer son art à l’aide de toiles qui auront un fond de tissu imprimé, ce qui lui permettrait de peindre à partir des motifs des pagnes choisis. Et, selon lui, l’être humain fonde son inspiration : « Le sujet de la peinture, c’est l’homme », affirme-t-il, en approfondissant : « Je m’empare d’un objet qui, à mes yeux, est important, avec un regard sans morale, sans leçon de morale, sans aucun mauvais esprit ». Aussi, étant donné qu’il entend exploiter les murs du Centre pour son expression artistique, il confie vouloir mettre en perspective l’esclavage, en tant qu’ « occidental, Blanc et Français », surtout que cette notion n’est enseignée que depuis peu dans les écoles occidentales.

... de Bruce Clarke et de ...
Quant à Bruce Clarke, il donne la vision, dans sa démarche, de pratiquer un procédé lui étant familier, les personnages « qui partent debout », ce qui symbolise pour lui « la peinture de la dignité humaine ». A en croire ses propos, au cours de cette résidence, il compte exécuter un travail en deux parties, l’une murale et, l’autre, picturale. Donc, d’une part, il réalisera des peintures au mur et, d’autre part, des peintures sur tableaux, ce qui matérialise, chez lui, le début d’un nouveau projet qui lui tient à cœur : « les disparus de la méditerranée, parmi ceux qui essaient de la traverser ». Selon lui, le public devra s’attendre à une série de tableaux montrant «  des personnages debout, dignes sur l’eau ».

... Christelle Yaovi
Se rapportant à la Franco-béninoise, Christelle Yaovi, elle a annoncé travailler sur un fond de la « thérapie » de son « histoire » et de celle de tous ses « héritages », entre autres, l’esclavage ; elle relatera donc des aspects de sa généalogie, avec une profonde positivité. Elle pense, en outre, se manifester, à travers ses œuvres, par un genre particulier dont elle raffole : écrire sur les murs. Et, le projet qui portera cette attitude devenue, pour elle, artistique est tout trouvé : ’’Body trip’’. Selon les analyses de cette première femme à avoir réalisé une résidence de création au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, avec ses deux co-résidents, ils forment trois ’’mousquetaires’’ dont une communion intime entre leurs esprits respectifs a contribué à créer une rapide alchimie. Vivement donc le vernissage du 30 octobre pour toucher du doigt les marques de cette symbiose artistique à tri-dimension humaine.   


Marcel Kpogodo

Jean-Pierre Hounti-Kiki exhibe les preuves des détournements de fonds

Face au mouvement de protestation des artistes de la musique traditionnelle au Bubédra


Les artistes de la musique traditionnelle ont déversé leur bile, le vendredi 16 octobre 2015, au siège du Bureau béninois des droits d’auteurs et des droits voisins (Bubédra). Ils ont dénoncé, par la voix du Président de leur Fédération, Jean-Pierre Hountin Kiki, les détournements de leurs droits au profit d’artistes fictifs tapis dans l’ombre, de connivence avec le Directeur du Bubédra.


Innocent Assogba, Directeur du Bubédra, au moment des faits
Le siège du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra) a été envahi, le vendredi 16 octobre 2015, par un grand nombre d’artistes de la musique traditionnelle du Bénin. Ceux-ci fustigent le « réseau de mafia » installé dans cette institution, qui observe des détournements de fonds destinés aux artistes réels, en l’occurrence, ceux de la musique traditionnelle. Selon leur porte-parole, Jean-Pierre Hountin-Kiki, Président de la Fédération des artistes musiciens traditionnels du Bénin (Famtab), le Bubédra délivre des cartes d’adhésion à des non artistes, lesquelles cartes leur permettant de percevoir des sommes colossales (400.000 F et, au-delà), que ces individus viennent chercher régulièrement.
Les investigations ont révélé cette réalité et le réseau a été démantelé. Les photocopies des chèques et des cartes d’identité des individus ont été retrouvées. Le Président de la Famtab, dans sa verve, a laissé entendre qu’il a, après détention de ses preuves, adressé une note au Ministre de la Culture, dont la réaction ne s’est pas fait attendre. Celui-ci a donné des instructions fermes et l’Inspection générale du ministère (Igm) est venue apprécier la gestion financière du Bubédra. Le rapport des audits a fait état de ce qu’il y a vol et, effectivement, de tels fonds arbitrairement décaissés, pour mettre à l’abri du besoin, des non ayant-droits.  Le Ministre, à en croire le porte-parole des artistes traditionnels, est revenu sur cette lugubre affaire dans le but de voir ces spectres qui circulent avec les acquis d’autrui, arrêtés et contraints à une immédiate restitution. Mais, le Directeur du Bubédra, dans les préparatifs du vote du budget de son institution, exercice 2016, s’y est opposé sans raison majeure.
Sur les lieux de la manifestation, Jean-Pierre Hounti-Kiki, vexé par la résignation d’Innocent Assogba, Directeur du Bubédra, qui a fait l’option de s’enfermer dans son bureau, à l’étage, pour écouter la motion des protestataires vociférant au-rez de chaussée, n’a pas pu retenir sa langue : «Nous disons non ! Nous sommes sociétaires. C’est notre argent qui est ici. Ce n’est pas l’argent du Bubédra. C’est les timbres que nous achetons, c’est ce que les buvettes payent qui est ici, c’est ce que les télévisions payent qui est ici ! C’est ce que ceux qui font le théâtre paient qui est ici ! Et que des individus viennent chercher et qu’on ait les preuves et qu’on ne les prenne pas, c’est injuste ! Tu fais tout, ils passent dans la nuit pour étouffer. Le Directeur général ne restera pas. La Directrice de la Répartition ne restera pas. Le réseau est à leur niveau. Il y a un individu qui est artiste, par exemple, je ne cite pas de nom, mais j’ai les preuves. Il est artiste, dit artiste, qui est, en même temps, maintenancier, dans cette maison, et on lui délivre des factures et des sommes mirobolantes, dans cette maison, au moment où les artistes réels viennent chercher 20.000 F et 4000 F … ».
A la question de savoir ce que voulait le collectif des artistes traditionnels, majoritairement présents dans les revenus du Bubédra, Jean-Pierre Hountin-Kiki a répondu : « Nous demandons de nous retrouver ceux qui sont venus chercher notre argent ici. Ils ont les noms à leur niveau. IIs ont la photocopie de leur carte d’identité. Le Bubédra est dans l’obligation de nous retrouver les artistes fictifs. Deuxième chose, les gens qui ont coopéré avec le réseau, les gens qui font ces répartitions, on doit les remplacer. On dit que la Directrice a accepté rembourser. Elle n’a pas volé et elle va rembourser. Ça ne se passera jamais ! ».
Les hommes des médias, qui ont vainement attendu le Directeur du Bubédra, au seuil de son bureau, n’ont pas pu recueillir sa version. Tout porte donc à croire que l’abatteur des agneaux serait le berger lui-même.

Thierry Glimman