mardi 23 décembre 2014

Le Fitheb 2014, une réussite qui impose silence

Après sa tenue des 6 au 14 décembre


Le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) s’est tenu des 6 au 14 décembre 2014, sous la responsabilité officielle de Jean-Michel Abimbola, Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme (Mcaat) et, plus directe, d’Oumane Alédji, Directeur intérimaire de l’institution. Si la biennale a eu lieu malgré les prévisions peu optimistes, le succès de son déroulement laisse sans parole ses détracteurs auparavant aussi très critiques et sceptiques.

Ousmane Alédji, au cours de la cérémonie de lancement du Fitheb, le 8 décembre 2014
Beaucoup ne donnaient pas cher de la peau de la 12ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) après le déroulement duquel toutes les bouches médisantes ont dû, du fait des circonstances, être vouées au silence. Du 6 au 14 décembre 2014, cette 12ème édition a drainé un nombre impressionnant de femmes et d’hommes du monde du théâtral, du Bénin, de l’Afrique et de l’Europe, vers plusieurs espaces de jeu de non moins de 105 représentations : ceux de l’ex-Ciné Vog, du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, de l’Institut français de Cotonou, de l’Espace ’’Mayton’’ d’Abomey-Calavi, de la Maison internationale de la culture de Porto-Novo, du Centre culturel ’’Ancrage’’ de Parakou, sans oublier que toutes les catégories d’autres publics se sont ruées vers le ’’Village du Fitheb’’, situé à la Place Lénine de Cotonou, qui a fait foule forte autour de spectacles de tous genres, rationnellement programmés, et que le ’’Blackstage’’ d’Akpakpa, espace sélect, discret, singulièrement niché non loin de l’usine de la Société béninoise de brasserie (Sobébra), a fait vibrer, au son des sonorités chaudes et inoubliables des Eric Dagbo, Vi-Phint, du Groupe ’’Woodsound’’, de Jah Baba et des Polyrythmo, un autre type d’un public d’un certain niveau de raffinement, intéressant ainsi les musiciens béninois à l’événement théâtral qu’est le Fitheb.
Dans ces conditions de la réussite incontestable du Fitheb par l’organisation effective de la biennale, en seulement deux semaines de préparation, pour un budget squelettique de 150 millions de nos francs, du côté des détracteurs d’Ousmane Alédji, Directeur intérimaire de la manifestation théâtrale d’envergure internationale, on travaille à remettre en cause le choix de la première autorité de l’événement d’avoir positionné telle représentation théâtrale en ’’in’’ ou en ’’off’’, d’avoir porté un système logistique n’ayant pas pu pourvoir en badges les comédiens ayant officié dans cette seconde catégorie, d’avoir présenté des menus trop peu consistants et insuffisants en quantité, d’avoir maladroitement opérationnalisé tel facteur ou tel autre, sans précision aucune, ce qui montre qu’ils manquent, souvent, dans leurs analyses, de mots, pour identifier ce qui n’a pas marché.
Les ennemis de ce Fitheb spécial, celui de l’édition 2014 sont donc abattus, aussi bien par le direct de la cérémonie d’ouverture du 8 décembre dernier sur la chaîne béninoise du développement, ’’Bb24’’, que par des éléments d’innovation en communication comme ’’Le mensuel du Ftiheb’’, anticipatif à ’’La gazette du Fitheb’’. Sont aussi décontenancés les détracteurs de ce Fitheb de transition vers des Fitheb de plus grande vision d’une ’’bi-milliardisation’’ du montant de financement, d’une ambition plus pragmatique d’ ’’annualisation’’ de l’événement, d’une union plus réussie des professionnels du théâtre autour de leur chose, de la solidarité de ces professionnels, de ces dramaturges, de ces comédiens, de ces accessoiristes, de ces costumiers, de ces ingénieurs de son et lumière, de ces metteurs en scènes, de ces promoteurs d’événements liés au théâtre, notamment, autour de ce que personne ne pourra jamais leur disputer : le Fitheb. Ces détracteurs, ces ennemis jurés sont en mal d’un scandale qui n’arrive pas ! Sur les chaînes de radio ou de télévision, dans les journaux, sur Internet, … Il est têtu, le scandale, il n’arrive désespérément pas !
Indéniable est donc une chose : Ousmane Alédji, dans sa mission d’intérim à la tête du Fitheb, a relevé le défi de la tenue d’un événement qu’il a réussi à mettre à un niveau respectable, bâtissant une confortable case, en lieu et place d’un somptueux château, même si certains de ses ennemis les plus profonds semblaient tapis dans ses rangs, dans le ventre de son esprit, dans le ventre de son organisation, en l’occurrence, ses compagnons de la Cellule de communication qui, contrairement à la vision de l’homme, ont échoué à fédérer les énergies de la presse culturelle autour de l’événement Fitheb ! Oui, eux, ces compagnons, ils n’aiment pas Ousmane Alédji, malgré leurs larges sourires et leurs rires ouverts quand ils le voient ; ils ne l’aiment pas, parce que, toute leur mission durant, ils l’ont consacrée à développer les motifs de désaveu de cet homme de vision, de la part de la presse. Mais, fort comme un roc, Ousmane Alédji a aussi survécu à cela ; sa réputation n’en est plus que grandie, ceci, se manifestant par des demandes, par-ci, par-là, qu’il n’abandonne pas un tel flambeau, celui de l’organisation, dans les prochaines éditions, du Festival international de théâtre du Bénin (Ftiheb).

Marcel Kpogodo

mercredi 17 décembre 2014

« Je fais des bijoux qui définissent la personnalité … », selon Sarah Codjo, de ’’Perlicious accessoires’’ :

Dans un entretien qu'elle nous a accordé


Travailleuse comme la fourmi, créatrice comme une fée, la non encore trentenaire, Sarah Codjo, conceptrice, entre autres, de bijoux, artiste, jeune chef d’entreprise, a accepté d’aborder profondément, avec nous, le concept de sa marque ’’Perlicious et accessoires’’, quelques petites semaines après le lancement de sa nouvelle collection ’’Terre précieuse’’. Réflexions captivantes par un rare pragmatisme féminin, qui fait autorité …

Sarah Codjo
Le Mutateur : Bonjour Sarah Codjo. Vous êtes la Directrice générale de la Société ’’Perlicious’’ et, vous êtes aussi créatrice des bijoux de la marque ’’Perlicious accessoires’’. Pouvez-vous nous parler de tout ce que vous produisez sous le label ’’Perlicous accessoires’’ ?

Sarah Codjo : Merci beaucoup. ’’Perlicious accessoires’’ regroupe quatre volets. Le premier, c’est la création de bijoux à perles, donc en pierres précieuses. Le deuxième, c’est la création et/ou l’habillage d’accessoires de mode avec du batik sud-africain. Le troisième volet, c’est le perlage de robes de soirées, de robes de mariage, de boubous ou de chaussures, avec des perles ou des pierres ; tout dépend de la demande de la clientèle. Et, le quatrième volet, qui est le nouveau, c’est la création de tableaux d’art, avec de la peinture acrylique et des pierres précieuses.


Quelle est la particularité de chacune de ces offres de ’’Perlicious accessoires’’ ?
En commençant par le volet ’’bijoux’’, leur particularité est qu’ils sont très colorés, et ils sont très métissés ; il y a un métissage dans le sens où chaque bijou, en fait, comporte toujours des perles et des pierres précieuses, ou des matières qui viennent du Bénin et d’ailleurs ; c’est toujours, au minimum, deux origines avec, toujours, l’Afrique en vedette. Donc, il y a, d’abord, les couleurs, ensuite, le métissage des matières et, enfin, la qualité de celles-ci.
Je fais des bijoux qui définissent la personnalité ; ce ne sont pas des bijoux importés, pour aller faire des courses, ou pour quelque chose de ce genre, et qu’on va jeter parce qu’ils se sont gâtés ; ce sont des bijoux qui sont là pour la vie.
Par rapport aux accessoires de mode, en batik sud-africain, leur particularité est le batik sud-africain est produit en Afrique et qu’il a un côté un peu brillant. Donc, il peut être porté, de jour comme de nuit … Une autre chose très importante est que les accessoires sont fabriqués ici, ce ne sont pas des pagnes qu’on amène en Chine pour produire des accessoires de mode destinés aux Africains ; le batik sud-africain est fait en Afrique du sud, exporté vers le reste de l’Afrique et dans le monde, il est exploité ici, au Bénin, par ’’Perlicious accessoires’’ sur des accessoires de mode. Voilà un peu.
Il y a aussi le perlage qu’on peut définir comme le fait d’appliquer, de coudre ou d’intégrer des perles à des vêtements, à des parties de certains vêtements ou d’accessoires. C’est le cas, par exemple, des robes de mariée sur lesquelles on peut coudre des perles ou des sequins, - c’est un type de perle -, des paillettes ou des pierres précieuses.
Quant au quatrième volet, la particularité des tableaux d’art que je fais, c’est qu’ils ne sont pas en peinture acrylique seulement, c’est une technique mixte où je mêle les perles et les pierres précieuses, qui sont mes matières favorites.
Globalement, la particularité de la marque ’’Perlicious accessoires’’, c’est une offre de création colorée, de qualité, mêlant la mode et l’art.


Nous avons compris, en visitant votre boutique, que vos clients peuvent vous faire des commandes personnalisées. Qu’en est-il réellement ?
Il suffit que la clientèle, soit apporte ses propres pagnes ou ses accessoires, ou rien du tout, soit ne fait que commander, choisir parmi les imprimés que j’offre. Et, dans ce cas, on fait de l’habillage d’accessoires pour la clientèle, à sa mesure et à son goût.


Qu’en est-il des prix ?
Les prix varient selon la qualité et la quantité de la matière utilisée.


Sont-ils accessibles ?
Ils sont accessibles, absolument par la clientèle que je vise ; elle est composée, en général, des cadres d’entreprises, des deux sexes, d’une tranche d’âge de 20 à 50 ans.


Et, concernant le délai de livraison ?
En général, le délai de livraison est de 72 heures, au maximum, sauf si la tâche est très complexe. Dans ce cas, cela peut aller jusqu’à 5 jours.


Dans votre secteur qui est l’artisanat de luxe, quelle place pensez-vous avoir sur le marché béninois, après trois années d’existence de la marque ’’Perlicious accessoires’’ ?
Après trois années d’exercice, je pense que je suis la première marque à m’être lancée dans ce domaine qu’est l’artisanat de luxe ; ’’Perlicious accessoires’’ est la seule marque déposée, dans le domaine, la première entreprise du genre, et la seule qui offre ces quatre volets que j’ai cités, qui opèrent dans le domaine de la mode et de l’art. Je suis quand même reconnaissante d’avoir une place centrale ; on verra comment les choses vont évoluer.

  
A la fin du mois de novembre, vous avez tenu un grand événement, qui a drainé un grand monde et tes clients de tous ordres. Pouvez-vous en parler et aborder les résultats que vous as obtenus ?
Il s’agissait du lancement de ma nouvelle collection, ’’Terre précieuse’’ ; elle s’articule autour de tout ce que la terre de chez nous, la terre du Bénin, peut nous offrir. Au-delà du lancement de la collection, c’était aussi une occasion de rencontre entre jeunes entrepreneurs. En fait, c’était le premier événement que j’organisais depuis deux ans ; il était très important pour moi de travailler à ça, pour essayer de réunir tout le monde, de relancer l’ancienne clientèle, d’accueillir la nouvelle et, surtout, travailler avec un réseau d’entrepreneurs comme moi. Il était très important de créer un événement autour des produits de la marque, présenter à tous son nouveau volet, le quatrième, dont je vous ai parlé précédemment.


Avec ’’Terre précieuse’’, votre nouvelle collection, on a l’impression que vous allez exploiter un nouveau matériau, la terre rouge, l’argile de chez nous …
L’argile rouge est un peu compliquée à utiliser en bijouterie. En revanche, ce que nous avons fait, c’est d’introduire, au niveau de chaque accessoire, une notion liée à la terre ; il y a beaucoup de sacs et de chaussures qui ont été habillés avec le batik sud-africain ayant les couleurs des différents sables qu’on trouve au Bénin.


Parlant du batik sud-africain, pourquoi aller jusqu’en Afrique du sud alors qu’on peut trouver du tissu purement de chez nous, au Bénin, à exploiter ?
Le problème, au Bénin, c’est que nous ne produisons pas de pagnes qui soient typiquement de chez nous ; nous consommons le pagne d’ailleurs, nous consommons le wax hollandais qui est le plus cher, nous consommons des wax qui sont une imitation du wax hollandais, et qui sont produits en Chine, nous consommons l’extérieur, nous consommons le non Africain.
Par rapport à ce qui est produit au Bénin, nous avons des bases comme la percale, mais le travail sur ce tissu exige un prix de revient très élevé. Donc, on ne peut pas offrir des accessoires avec de la percale travaillée, à des prix abordables pour tout le monde. Cela risque d’écrémer un peu la clientèle, ce qui n’est pas l’objectif voulu ; il est plutôt que l’Africain consomme Africain. S’il est vrai que le batik est Sud-africain, cela reste Africain et, c’est ça le plus important ; c’est de l’Africain travaillé, modifié et utilisé au Bénin par des Béninois.


Sarah Codjo, vous êtes une artisane qui travaille sur les bijoux et les accessoires de beauté, mais vous êtes aussi une intellectuelle de haut niveau. Pouvez-vous nous en parler un peu ?
J’ai eu la chance de faire les études très tôt ; juste après mon Bac G2, je me suis envolée vers le Sénégal où j’ai obtenu une Licence en Finances et, ensuite, un Master en Audit et contrôle de gestion. En outre, j’ai eu la chance de travailler très tôt dans les entreprises ; dès ma première année à Dakar, je travaillais dans les entreprises.  Donc, à partir de ce moment, lorsque j’ai obtenu mon Master, j’avais déjà cinq ans d’expérience dans différents domaines et, entre temps, j’ai pu faire aussi deux attestations, respectivement, en Anglais couramment parlé et en Anglais d’affaires.
Mais, j’ai toujours rêvé de créer ma propre entreprise, c’est clair que c’était le but ultime pour moi. Et, je suis contente de l’avoir réalisé, parce que, après, il faut savoir que je me suis toujours orienté vers des domaines qui devaient me servir plus tard dans mon entreprise . Tous mes choix même d’études et, l’anglais, très important, tout a été fait dans le but de créer mon entreprise. Et, je ne pouvais pas le faire dans un domaine où je n’étais pas passionnée, c’est ce qui a fait que j’ai créé ’’Perlicious et accessoires’’ ; c’est la passion qui est le pivot dans mon entreprise.


Donc, dans la gestion de la marque ’’Perlicious accessoires’’, j’ai l’impression que vous risquez d’éliminer cet aspect cadre de la gestion, de l’audit et du contrôle de gestion, de votre personnalité, de ton expérience professionnelle …
Elle n’est pas éliminée, elle est utilisée, elle est intégrée tous les jours ; quand je fais le contrôle de mes factures, je fais du contrôle de gestion, quand je fais la comptabilité de mon entreprise, cela fait partie du contrôle de gestion, quand je contrôle ce que font mes artisans, je fais de l’audit qualité, quand je discute avec mes fournisseurs et avec mes partenaires étrangers, je parle anglais. Donc, tous les domaines que j’ai appris ou touchés, pendant mes études, je les exploite, d’une manière ou d’une autre, mais, je les exploite concrètement pour ma propre entreprise. Quand on travaille pour d’autres personnes, c’est qu’on désapprend sur certains domaines ; quand on travaille pour soi, on pratique : soi-même, on peut voir ses propres erreurs, ce n’est plus le patron qui vous fait des remarques, c’est vous-même qui vivez vos erreurs et, forcément, vous vous corrigez plus vite et, à vie …


Avez-vous un appel à lancer à vos clientes, à vos clients ? 
Mes clientes et mes clients, je les remercie d’être là et d’être toujours aussi fidèles, de comprendre, l’essence même de ’’Perlicious et accessoires’’, qui mêle la mode et l’art. Aux potentiels clients, nous sommes là pour les recevoir, pour les écouter et pour leur faire exactement ce qu’ils désirent, pour les conseiller aussi.


Et aux jeunes filles qui voudraient réussir, comme vous, à mettre en place leur entreprise ?
Un seul conseil : vivez de votre passion.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo