Dans un entretien qu'elle nous a accordé
Travailleuse comme la
fourmi, créatrice comme une fée, la non encore trentenaire, Sarah Codjo, conceptrice,
entre autres, de bijoux, artiste, jeune chef d’entreprise, a accepté d’aborder
profondément, avec nous, le concept de sa marque ’’Perlicious et accessoires’’,
quelques petites semaines après le lancement de sa nouvelle collection ’’Terre
précieuse’’. Réflexions captivantes par un rare pragmatisme féminin, qui fait
autorité …
Sarah Codjo |
Le
Mutateur : Bonjour Sarah Codjo. Vous êtes
la Directrice générale de la Société ’’Perlicious’’ et, vous êtes aussi
créatrice des bijoux de la marque ’’Perlicious accessoires’’. Pouvez-vous nous
parler de tout ce que vous produisez sous le label ’’Perlicous
accessoires’’ ?
Sarah
Codjo : Merci beaucoup. ’’Perlicious accessoires’’
regroupe quatre volets. Le premier, c’est la création de bijoux à perles, donc
en pierres précieuses. Le deuxième, c’est la création et/ou l’habillage
d’accessoires de mode avec du batik sud-africain. Le troisième volet, c’est le
perlage de robes de soirées, de robes de mariage, de boubous ou de chaussures,
avec des perles ou des pierres ; tout dépend de la demande de la clientèle.
Et, le quatrième volet, qui est le nouveau, c’est la création de tableaux
d’art, avec de la peinture acrylique et des pierres précieuses.
Quelle
est la particularité de chacune de ces offres de ’’Perlicious
accessoires’’ ?
En commençant par le
volet ’’bijoux’’, leur particularité est qu’ils sont très colorés, et ils sont
très métissés ; il y a un métissage dans le sens où chaque bijou, en fait,
comporte toujours des perles et des pierres précieuses, ou des matières qui
viennent du Bénin et d’ailleurs ; c’est toujours, au minimum, deux
origines avec, toujours, l’Afrique en vedette. Donc, il y a, d’abord, les
couleurs, ensuite, le métissage des matières et, enfin, la qualité de
celles-ci.
Je fais des bijoux qui
définissent la personnalité ; ce ne sont pas des bijoux importés, pour
aller faire des courses, ou pour quelque chose de ce genre, et qu’on va jeter
parce qu’ils se sont gâtés ; ce sont des bijoux qui sont là pour la vie.
Par rapport aux
accessoires de mode, en batik sud-africain, leur particularité est le batik
sud-africain est produit en Afrique et qu’il a un côté un peu brillant. Donc,
il peut être porté, de jour comme de nuit … Une autre chose très importante est
que les accessoires sont fabriqués ici, ce ne sont pas des pagnes qu’on amène
en Chine pour produire des accessoires de mode destinés aux Africains ; le
batik sud-africain est fait en Afrique du sud, exporté vers le reste de
l’Afrique et dans le monde, il est exploité ici, au Bénin, par ’’Perlicious
accessoires’’ sur des accessoires de mode. Voilà un peu.
Il y a aussi le perlage
qu’on peut définir comme le fait d’appliquer, de coudre ou d’intégrer des
perles à des vêtements, à des parties de certains vêtements ou d’accessoires.
C’est le cas, par exemple, des robes de mariée sur lesquelles on peut coudre
des perles ou des sequins, - c’est un type de perle -, des paillettes ou des
pierres précieuses.
Quant au quatrième
volet, la particularité des tableaux d’art que je fais, c’est qu’ils ne sont
pas en peinture acrylique seulement, c’est une technique mixte où je mêle les
perles et les pierres précieuses, qui sont mes matières favorites.
Globalement, la
particularité de la marque ’’Perlicious accessoires’’, c’est une offre de
création colorée, de qualité, mêlant la mode et l’art.
Nous
avons compris, en visitant votre boutique, que vos clients peuvent vous faire
des commandes personnalisées. Qu’en est-il réellement ?
Il suffit que la
clientèle, soit apporte ses propres pagnes ou ses accessoires, ou rien du tout,
soit ne fait que commander, choisir parmi les imprimés que j’offre. Et, dans ce
cas, on fait de l’habillage d’accessoires pour la clientèle, à sa mesure et à
son goût.
Qu’en
est-il des prix ?
Les prix varient selon
la qualité et la quantité de la matière utilisée.
Sont-ils
accessibles ?
Ils sont accessibles,
absolument par la clientèle que je vise ; elle est composée, en général,
des cadres d’entreprises, des deux sexes, d’une tranche d’âge de 20 à 50 ans.
Et,
concernant le délai de livraison ?
En général, le délai de
livraison est de 72 heures, au maximum, sauf si la tâche est très complexe.
Dans ce cas, cela peut aller jusqu’à 5 jours.
Dans
votre secteur qui est l’artisanat de luxe, quelle place pensez-vous avoir sur
le marché béninois, après trois années d’existence de la marque ’’Perlicious
accessoires’’ ?
Après trois années
d’exercice, je pense que je suis la première marque à m’être lancée dans ce
domaine qu’est l’artisanat de luxe ; ’’Perlicious accessoires’’ est la
seule marque déposée, dans le domaine, la première entreprise du genre, et la
seule qui offre ces quatre volets que j’ai cités, qui opèrent dans le domaine
de la mode et de l’art. Je suis quand même reconnaissante d’avoir une place
centrale ; on verra comment les choses vont évoluer.
A
la fin du mois de novembre, vous avez tenu un grand événement, qui a drainé un
grand monde et tes clients de tous ordres. Pouvez-vous en parler et aborder les
résultats que vous as obtenus ?
Il s’agissait du
lancement de ma nouvelle collection, ’’Terre précieuse’’ ; elle s’articule
autour de tout ce que la terre de chez nous, la terre du Bénin, peut nous
offrir. Au-delà du lancement de la collection, c’était aussi une occasion de
rencontre entre jeunes entrepreneurs. En fait, c’était le premier événement que
j’organisais depuis deux ans ; il était très important pour moi de
travailler à ça, pour essayer de réunir tout le monde, de relancer l’ancienne
clientèle, d’accueillir la nouvelle et, surtout, travailler avec un réseau
d’entrepreneurs comme moi. Il était très important de créer un événement autour
des produits de la marque, présenter à tous son nouveau volet, le quatrième,
dont je vous ai parlé précédemment.
Avec
’’Terre précieuse’’, votre nouvelle collection, on a l’impression que vous
allez exploiter un nouveau matériau, la terre rouge, l’argile de chez nous …
L’argile rouge est un
peu compliquée à utiliser en bijouterie. En revanche, ce que nous avons fait,
c’est d’introduire, au niveau de chaque accessoire, une notion liée à la
terre ; il y a beaucoup de sacs et de chaussures qui ont été habillés avec
le batik sud-africain ayant les couleurs des différents sables qu’on trouve au
Bénin.
Parlant
du batik sud-africain, pourquoi aller jusqu’en Afrique du sud alors qu’on peut
trouver du tissu purement de chez nous, au Bénin, à exploiter ?
Le problème, au Bénin,
c’est que nous ne produisons pas de pagnes qui soient typiquement de chez
nous ; nous consommons le pagne d’ailleurs, nous consommons le wax
hollandais qui est le plus cher, nous consommons des wax qui sont une imitation
du wax hollandais, et qui sont produits en Chine, nous consommons l’extérieur,
nous consommons le non Africain.
Par rapport à ce qui
est produit au Bénin, nous avons des bases comme la percale, mais le travail
sur ce tissu exige un prix de revient très élevé. Donc, on ne peut pas offrir
des accessoires avec de la percale travaillée, à des prix abordables pour tout
le monde. Cela risque d’écrémer un peu la clientèle, ce qui n’est pas
l’objectif voulu ; il est plutôt que l’Africain consomme Africain. S’il
est vrai que le batik est Sud-africain, cela reste Africain et, c’est ça le
plus important ; c’est de l’Africain travaillé, modifié et utilisé au
Bénin par des Béninois.
Sarah
Codjo, vous êtes une artisane qui travaille sur les bijoux et les accessoires
de beauté, mais vous êtes aussi une intellectuelle de haut niveau. Pouvez-vous
nous en parler un peu ?
J’ai eu la chance de
faire les études très tôt ; juste après mon Bac G2, je me suis envolée
vers le Sénégal où j’ai obtenu une Licence en Finances et, ensuite, un Master
en Audit et contrôle de gestion. En outre, j’ai eu la chance de travailler très
tôt dans les entreprises ; dès ma première année à Dakar, je travaillais
dans les entreprises. Donc, à partir de
ce moment, lorsque j’ai obtenu mon Master, j’avais déjà cinq ans d’expérience
dans différents domaines et, entre temps, j’ai pu faire aussi deux
attestations, respectivement, en Anglais couramment parlé et en Anglais
d’affaires.
Mais, j’ai toujours
rêvé de créer ma propre entreprise, c’est clair que c’était le but ultime pour
moi. Et, je suis contente de l’avoir réalisé, parce que, après, il faut savoir
que je me suis toujours orienté vers des domaines qui devaient me servir plus
tard dans mon entreprise . Tous mes choix même d’études et, l’anglais, très
important, tout a été fait dans le but de créer mon entreprise. Et, je ne
pouvais pas le faire dans un domaine où je n’étais pas passionnée, c’est ce qui
a fait que j’ai créé ’’Perlicious et accessoires’’ ; c’est la passion qui
est le pivot dans mon entreprise.
Donc,
dans la gestion de la marque ’’Perlicious accessoires’’, j’ai l’impression que
vous risquez d’éliminer cet aspect cadre de la gestion, de l’audit et du
contrôle de gestion, de votre personnalité, de ton expérience professionnelle …
Elle n’est pas
éliminée, elle est utilisée, elle est intégrée tous les jours ; quand je
fais le contrôle de mes factures, je fais du contrôle de gestion, quand je fais
la comptabilité de mon entreprise, cela fait partie du contrôle de gestion,
quand je contrôle ce que font mes artisans, je fais de l’audit qualité, quand
je discute avec mes fournisseurs et avec mes partenaires étrangers, je parle
anglais. Donc, tous les domaines que j’ai appris ou touchés, pendant mes
études, je les exploite, d’une manière ou d’une autre, mais, je les exploite
concrètement pour ma propre entreprise. Quand on travaille pour d’autres
personnes, c’est qu’on désapprend sur certains domaines ; quand on
travaille pour soi, on pratique : soi-même, on peut voir ses propres
erreurs, ce n’est plus le patron qui vous fait des remarques, c’est vous-même
qui vivez vos erreurs et, forcément, vous vous corrigez plus vite et, à vie …
Avez-vous
un appel à lancer à vos clientes, à vos clients ?
Mes clientes et mes
clients, je les remercie d’être là et d’être toujours aussi fidèles, de
comprendre, l’essence même de ’’Perlicious et accessoires’’, qui mêle la mode
et l’art. Aux potentiels clients, nous sommes là pour les recevoir, pour les
écouter et pour leur faire exactement ce qu’ils désirent, pour les conseiller
aussi.
Et aux
jeunes filles qui voudraient réussir, comme vous, à mettre en place leur
entreprise ?
Un seul conseil :
vivez de votre passion.
Propos
recueillis par Marcel Kpogodo
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