jeudi 18 septembre 2014

L'Agence "Creative" tient le Concours ’’Miss Bénin France Europe’’ en juin 2015

Selon Ezin Pierre Dognon : « [...] la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté ... »


En juin 2015, les Béninois de la diaspora vivant en France et en Europe devront compter avec un événement qui s’annonce de taille : ’’Miss Bénin France Europe’’. Ezin Pierre Dognon, nommé Directeur de l’équipe d’organisation de l’événement, aborde, à travers cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, les tenants et les aboutissants d’une telle manifestation, tout en évoquant sa portée hautement sociale. Avec la mobilisation de la diaspora béninoise en Europe, autour de "Miss Bénin France Europe", la Miss élue sera une grande ambassadrice de lutte contre l'ulcère de Buruli.  
 Ezin Pierre Dognon, Président du Comité d'organisation de "Miss Bénin France Europe"
Stars du Bénin : Bonjour Ezin Pierre Dognon. Vous êtes, depuis peu, le Directeur de l’équipe d’organisation de l’événement ’’Miss Bénin France Europe’’. Pouvez-vous nous dire ce que c’est, ’’Miss Bénin France Europe’’ ?

Ezin Pierre Dognon : Tout d’abord, je vous remercie de me donner l’opportunité de parler de ’’Miss Bénin France Europe’’, via votre canal. ’’Miss Bénin France Europe’’ est le concours de beauté, au sein de la communauté béninoise, en France et en Europe. C’est un événement culturel qui se veut fédérateur de tous les Béninois de la diaspora européenne. Il est conçu et créé par l’Agence Créative, agence de communication et d’événementiel, basée en France.


On sent qu’il y a une nette différence avec Miss Bénin tout court …

Nous ne sommes pas dans une logique de comparaison entre notre événement et celui de l’Association Culturelle Miss Bénin. Cette dernière a quand même 20 éditions à son actif. Il ne peut donc pas y avoir de comparaison avec nous qui sommes à la première édition. Loin d’être deux événements opposés ’’Miss Bénin’’ et ’’Miss Bénin France Europe’’ doivent être complémentaires, car il s’agit de la même communauté, même si ces événements sont sur deux territoires différents.


L’organisation de "Miss Bénin France Europe" se fait-elle en rapport avec l’Association culturelle Miss Bénin (Acmb) qui travaille au Bénin alors ?

C’est ce que nous souhaitons. En effet, nous avons mené plusieurs démarches auprès de l’Acmb afin de trouver un consensus de collaboration, et je puis vous dire que les tractations sont en cours. Nous avons fait des propositions de partenariat qui sont certainement en étude. Nous espérons que les choses évolueront dans les prochains jours.


Ne craignez-vous pas un conflit d’attributions entre la structure préparant "Miss Bénin France Europe" et l’Acmb ?

Aucune crainte à ce sujet puisqu’il s’agit de deux entités différentes mais qui peuvent être complémentaires, comme je l’ai évoqué précédemment. Les échanges avec le Président de l’ACMB ont été très cordiaux et fraternels, ce qui suppose qu’il n’y a visiblement pas de conflit d’intérêts.


Il nous est revenu que "Miss Bénin France Europe" est un événement qui s’est illustré, très récemment, dans un scandale, retentissant, de malversations de tous ordres. Etiez-vous de l’équipe ayant cela à son actif ? Que s’était-il passé ?

Déjà, à l’époque, le concours ne s’appelait pas ’’Miss Bénin France Europe’’ mais ’’Miss Bénin France’’, tout court. Nous ne sommes associés ni de près ni de loin à l’organisation de cet événement.
Avant de se lancer dans la création de ’’Miss Bénin France Europe’’, l’agence Creative et toute l’équipe ont fait un état des lieux, en l’occurrence, par rapport à ce qui avait été fait par le passé. Nous avons, certes, eu des échos très peu favorables au sujet de ’’Miss Bénin France’’, de 2012. Mais, n’ayant pas été présent à cet événement, nous ne saurions décrire avec précision ce qui s’était passé.
Ceci étant dit, il est avéré, des conclusions de notre état des lieux, que ’’Miss Bénin France’’, tel que conçu et organisé en 2012, a été une déception totale pour, en premier lieu, les participantes, les membres de l’équipe organisatrice, les partenaires et, en second lieu, pour la communauté béninoise elle-même.
Au regard de tout ceci, les Béninois de la diaspora se retrouvent privés d’un événement capable de les réunir autour d’un thème d’adhésion générale qu’est la promotion de la culture, à l’international. Au même moment, les autres communautés, dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Togo, etc., font un travail formidable, dans ce domaine, ce qui leur permet de valoriser leur culture, tout en créant un creuset d’union.
La question principale qui fonde ’’Miss Bénin France Europe’’ est de savoir s’il fallait s’arrêter à l’échec des autres ou s’il fallait donner à la communauté béninoise d’Europe une vraie opportunité d’avoir un événement culturel digne de son image.


Qu’est-ce qui nous montre que "Miss Bénin France Europe" n’a aucun rapport avec ce dont nous avons entendu parler et qui est très malsain pour la réputation des porteurs béninois de projets vivant en France ?

Comme je vous l’ai signifié précédemment, ’’Miss Bénin France Europe’’ est organisé par l’Agence Creative qui n’a aucun lien avec l’autre société qui s’était essayé à la chose en 2012. Je ne porte pas de jugement personnel à l’égard du promoteur de 2012, car un événement de cette envergure demande beaucoup de travail, d’énergie et toute une organisation, sur une longue durée. Il a certainement fait un travail formidable qui s’est heurté à des couacs qui l’empêchent de rééditer l’événement. Il faut aussi dire que nous avons tous droit à l’échec car c’est de ceci que naissent les grandes réalisations. Je pense que la communauté béninoise en Europe a besoin de se doter d’une ambassadrice de beauté et c’est ce à quoi mon équipe s’attelle.


Avez-vous fait un sondage auprès des Béninois vivant en France pour savoir s’ils sont prêts à faire à nouveau confiance à une nouvelle équipe, la vôtre ?

Vous le savez, sans doute, un promoteur culturel ne lance pas son événement sans réaliser un benchmark. Je vous avais dit plus haut que nous avons fait un état des lieux, ce qui implique que nous avons écouté un certain nombre de personnes et de responsables d’associations représentant la communauté béninoise. Le besoin d’avoir un cadre d’échanges existe mais, vu ce qui s’est passé en 2012, le travail de confiance doit être permanent. Nous avons donc comme défi de réussir cette première édition afin de gagner la confiance et l’adhésion totale des Béninois de France et d’Europe.


En réalité, quelles sont les innovations de "Miss Bénin France Europe" ?

Déjà, on ne s’improvise pas créateur d’événement. Le directeur d’équipe que je suis a été recruté sur un appel à candidatures, dont les critères de sélection sont stricts sur les compétences techniques et l’expérience. Les autres membres de l’équipe que j’ai constituée ont été aussi sélectionnés sur des critères assez pointus, du point de vue motivation, intérêt pour la chose culturelle, en général, et pour le développement du Bénin, en particulier, sans oublier les compétences.
Ce premier point, pour vous dire le sérieux que l’agence a voulu mettre autour de l’événement. En plus, nous ne comptons pas organiser un concours de beauté de plus mais nous voulons faire de la Miss élue une ambassadrice de la lutte contre une maladie très sérieuse que beaucoup ignorent et qui fait des ravages dans notre pays, le Bénin. Par ailleurs, il y a cette ouverture vers les autres communautés béninoises de l’Europe afin d’élire une Miss unique de la diaspora béninoise en Europe qui représentera celle-ci à la finale de Miss Bénin, dans les éditions à venir.


Quels sont les moyens dont vous disposez pour réussir l’organisation de cette manifestation, dès juin 2015 ?

En toute chose, « il n’est de richesses que d’hommes », pour citer Jean Bodin. Il y a les moyens humains, des compétences, de la volonté et de la détermination de mon équipe. Celle-ci a mis en place des stratégies pour mobiliser des partenaires institutionnels et privés autour de l’événement. En elle-même, la communauté béninoise constitue un moyen fort de par son adhésion et sa spontanéité à inciter les candidatures des proches.


Comment pensez-vous procéder pour recruter des candidates ?

Le casting a été déjà lancé et est étendu sur une durée allant jusqu’au 31 janvier 2015. Cela permettra aux potentielles candidates, ayant 17 ans, en 2014, de pouvoir postuler. Une vaste campagne sur les réseaux sociaux et la diffusion des informations dans les réseaux associatifs, dans la presse, via des mailings, etc., sont des procédés adoptées par l’équipe pour atteindre un maximum de personnes. De plus, des flyers et des affiches sont en cours de diffusion, à des points stratégiques, dans toute la France et, dans les autres représentations diplomatiques du Bénin en Europe. Nous espérons que nos sœurs répondront nombreuses à l’appel.


Vous attachez, si notre compréhension est bonne, "Miss Bénin France Europe" à l’éradication de l’ulcère de Buruli au Bénin. Pourquoi le choix de cette maladie ? La Miss élue viendra-t-elle en mission au Bénin, dans le cadre de la lutte contre cette maladie ?

Je pense qu’il y a plusieurs concours de beauté qui s’organisent, de nos jours, de par le monde. La question d’une démarcation sérieuse s’est posée au sein de l’équipe d’organisation qui s’est donné le défi d’apporter une touche particulière à l’événement, afin de faire porter par la Miss un véritable projet de société. Des réflexions ont donc été engagées sur les maladies qui affectent la jeune enfance au Bénin. Le choix s’est porté sur l’Ulcère de Buruli qui fait partie des 17 maladies tropicales négligées en Afrique, en général et, en particulier, au Bénin.
Il résulte de l’infection par Mycobacteriumulcerans, un micro-organisme appartenant à la famille des bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre. 6000 à 7000 nouveaux cas sont détectés, chaque année, au Bénin, en majorité chez les enfants de moins de 15 ans, ce que je trouve personnellement énorme. La Miss élue sera au cœur d’une grande campagne de sensibilisation sur les causes, les symptômes et les traitements de cette maladie. Elle apportera également son appui pour l’insertion et l’épanouissement des personnes atteintes. Vous convenez donc avec moi qu’elle fera des déplacements sur place pour la mise en œuvre de ce projet. Tout ceci se fera en collaboration avec la Fondation Raoul Follereau qui travaille dans toute l’Afrique avec les Coordinations nationales de lutte contre l’Ulcère de Buruli.


L’Etat béninois est-il, d’ores et déjà, impliqué ?

Nous organisons un événement de promotion de la culture béninoise en Europe. La logique oblige que les représentations diplomatiques et consulaires soient associées. Des démarches sont en cours, à cet effet. Il en va de même pour le Gouvernement, via le Ministère de la Culture. A ce sujet aussi, des démarches ont été faites. Nous espérons des ouvertures d’adhésion à ces différents niveaux.


En guise de clôture de cette interview, avez-vous un appel à lancer aux Béninois, en général, et à ceux vivant en France et en Europe, en particulier ?

La culture est ce qu’il nous reste quand nous avons tout oublié et, un peuple qui ne valorise pas sa culture rend les autres ignorants de son existence. Je pense que nous avons le devoir de porter au-devant de la scène internationale ce que nous avons de mieux à vendre puisque nous sommes caractérisés par notre culture. Je comprends l’amertume des acteurs impliqués, de près ou de loin, dans l’organisation de 2012. Mais, il importe de fermer la parenthèse et d’avancer vers de nouveaux horizons. Je demande donc aux parents de nous faire confiance et de permettre à leurs filles d’être des ambassadrices de la beauté au sein de la diaspora béninoise en Europe. Aux partenaires, je pense que c’est une occasion unique de se rendre visible en choisissant de se positionner sur ’’Miss Bénin France Europe’’. Je tiens à remercier l’Agence Creative qui a porté son choix sur ma candidature pour diriger l’équipe d’organisation de ce grand événement.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 14 septembre 2014

Claude Balogoun, la poigne du monde culturel béninois

Selon l'homme, « On est en Afrique et, la manière de parler importe, la manière d’aborder le sujet avec les gens importe ... »


Avec sa réélection spectaculaire, tout dernièrement, au Conseil économique et social (Ces)  et sa présence, subtilement remarquable, forte, dans la désignation des différents représentants des acteurs culturels dans le Conseil d'administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), Claude Balogoun s'impose comme l'incontournable stratégie gagnante du système culturel, au Bénin. Nous l'avons rencontré, aux alentours de la Salle Vip du Ministère de la Culture, le vendredi 12 septembre dernier, positionnant, avec quelques lieutenants, ses pions, en préparation de la fatidique élection des derniers membres du Ca/Fitheb. Sa réponse à nos questions montre que l'homme est bel et bien conscient d'une force de frappe qu'il détient et qu'il ne doit en rien au hasard ...


Kokou Claude Balogoun
Stars du Bénin : Bonjour M. Claude Balogoun, vous êtes Conseil au Conseil économique et social (Ces). Nous vous avions vu, le mardi 9 septembre dernier, à la Salle de conférence de la Direction de la Promotion artistique et culturelle (D/Pac), dans le cadre de l’élection du représentant des promoteurs culturels au prochain Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Ce vendredi 12 septembre, nous vous voyons encore, non loin de la Salle Vip du Ministère de la Culture, de l’alphabétisation de l’artisanat et du tourisme (Mcaat), en train de calmer les ardeurs et de suivre de près l’élection des représentants respectifs des metteurs en scène, des comédiennes, des comédiens et des dramaturges au même Ca du Fitheb. Quelle est la signification de votre présence à ces différents lieux ?

Claude Balogoun : Merci, cher ami. Je vais répondre en commençant par vous donner l’exception qui confirme la règle. L’exception, c’est la désignation des journalistes culturels au Ca/Fitheb ; vous ne m’avez pas vu à cet événement, même si je suis journaliste, par ailleurs, je ne suis pas reconnu comme tel, c’est pour cela que vous ne m’avez pas vu là-bas. Alors, si vous m’aviez vu avec les promoteurs culturels, c’est parce que j’en suis un, ayant la structure qu’on appelle ’’Gangan production’’, qui est complètement en règle vis-à-vis des textes qui régissent le secteur. Donc, j’ai été convoqué dans le corps électoral pour voter dans le cadre de la désignation du représentant des promoteurs culturels.
Aujourd’hui (Le 12 septembre, Ndlr), je suis là. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis comédien, metteur en scène, cinéaste et producteur. Aujourd’hui, on est venu pour élire le représentant des comédiens, des metteurs en scène, des dramaturges ; toutes ces corporations, j’y évolue ; je n’ai pas demandé à Dieu de me faire pluridisciplinaire. Donc, je suis là, tout simplement.
Par contre, je ne suis pas dans la salle. Je ne suis pas dans la salle, tout simplement parce que, d’abord, ce matin, j’avais une production audiovisuelle à aller assurer. Deuxièmement, je me dis que les associations dans lesquelles on évolue, il y a des gens valables qui peuvent être dans la salle pour désigner convenablement et valablement toutes ces différentes personnalités qui vont siéger au Ca/Fitheb. C’est simplement pour ça.
Je suis venu juste en supervision pour regarder si les choses se passent bien ou pas : ça chauffe un peu dans la salle, j’essaie de calmer les gens comme je peux, tout simplement parce qu’un Conseiller de la République, représentant les artistes au Conseil économique et social est, en réalité, la personne, outre le Ministre de la Culture, qui est à l’Exécutif, la personne à même de semer la paix dans toutes les disciplines qui représentent tous les artistes au Bénin. Je suis comme le Président de la République des Artistes ; je suis obligé de les calmer.


J’ai l’impression que votre présence sur les lieux de cette élection manifeste une grande influence de votre part sur le secteur culturel au Bénin …


Oui, si vous avez été élu, au niveau des artistes, sur la base de 538 personnes qui vous ont accordé leurs suffrages, contre 10 abstentions, je pense qu’en réalité, cela va sans dire que j’ai montré une certaine influence dans le milieu ; 538 personnes, c’est quand même beaucoup, dans le milieu artistique, pour dire : « Celui-là qui a pu mobiliser des gens, du Sud jusqu’au Nord, c’est quelqu’un à qui on doit vouer le respect, parce qu’il a son mot à dire … »
Les électeurs qui sont dans la salle, actuellement, il y en a qui sont partis du Nord, hier, il y en a qui sont venus de Parakou, de Natitingou ; ils sont tous venus me voir, en tant que leur représentant, pour me dire : « M. le Conseiller, nous sommes là déjà, pour participer au scrutin ». Voilà, c’est normal …


Quel est le secret de cette influence ?


Mon secret est simple : j’essaie de travailler positivement, j’essaie d’être avec tout le monde, de répondre à la sollicitation de tout le monde ; cela me fait dépenser beaucoup d’argent, me fait dépenser beaucoup d’énergie mais, je suis bien obligé d’être à l’écoute de tout le monde. Je n’ai pas de camp, je n’ai pas de clan. Dans la salle, il y a différents candidats ; je peux vous assurer que tous les candidats sont passés me voir et j’ai pu les aider tous, comme je le peux. Je ne peux pas dire comment je les ai aidés … Mais, tous les candidats, de quelque bord que ce soit, sont passés me voir.
Alors, je n’ai pas de secret ; si secret il y a, c’est que ma porte est ouverte à tout le monde, ma poche aussi est ouverte à tout le monde et, moi-même, je suis ouvert à tout le monde. Ce n’est que ça, mon secret ; je souhaite que beaucoup de Claude Balogoun, ouverts comme ça, existent dans le secteur, pour que les choses puissent changer vraiment.


Dans les coulisses, on dit que vous avez la mainmise sur beaucoup d’associations, ce qui vous permet d’avoir vraiment cette influence-là. Est-ce que vous confirmez cela ?


La mainmise, je ne sais pas de quoi vous parlez. Je maîtrise véritablement les hommes, ce ne sont pas les associations que je maîtrise ; ce sont les hommes qui animent les associations. La dernière fois, si on a eu cinq cents et quelque personnes, cela veut dire qu’il a eu ce nombre d’associations, divisé par trois ; toutes ces associations ont été négociées, une à une, du Nord jusqu’au Sud. Je ne peux pas refuser aux autres entrepreneurs culturels de faire pareil ; nous, on va vers les gens pour leur parler.
La preuve : votre Association, ’’Le Noyau critique’’, était venue me voir, la veille du vote, n’est-ce pas ? Alors que je n’avais pas appelé ’’Le Noyau critique’’, parce que cette organisation avait estimé que j’avais des principes qui rencontraient les siens, que j’avais une manière qui rencontrait les siennes, que j’avais un plan, un programme qui pouvait l’arranger. Donc, ’’Le Noyau critique’’ s’était rapprochée de moi pour me demander : « Est-ce qu’on peut te soutenir ? Est-ce qu’on peut faire quelque chose ? » Le débat s’est bien passé, le jour-là ; la preuve en a été que mon vote a été éclatant et, je suppose que parmi les 538 personnes, ’’Le Noyau critique’’ a voté pour moi …
Est-ce qu’on ne peut pas dire que je maîtrise ’’Le Noyau critique’’ ? Je pense que c’est oui ! Encore que ’’Le Noyau critique’’ a son indépendance.
Lorsqu’il y a une échéance, je sais comment approcher cette association pour qu’elle aille dans le sens que je souhaite. La preuve, pour le vote des journalistes culturels, j’ai dû appeler les gens du ’’Noyau critique’’ pour savoir si on pouvait encore se voir pour que vous puissiez nous aider ; le candidat que j’ai souhaité a été élu, même si celui-ci a fait son travail à son niveau, unilatéralement.
Ce n’est pas que je maîtrise les associations, il n’y a pas une autre manière de maîtriser … On est en Afrique et, la manière de parler importe, la manière d’aborder le sujet avec les gens importe. Donc, moi, j’ai une manière que les gens qualifient de bonne, de les approcher, de les solliciter, de leur demander des services, et les gens me les rendent facilement.
La preuve aussi en est que lorsque les gens ont leur festival, leur manifestation, je n’hésite pas à imprimer des affiches pour eux, à leur envoyer des caméras, par mes maigres moyens, 50 mille, 100 mille, pour les aider à organiser leur manifestation. De toute façon, il ne peut en être autrement, parce que si vous regardez les affiches que les gens mettent partout pour les manifestations, il y a toujours le logo de ma structure ’’Gangan production’’ là-dessus. Je crois que ce n’est pas gratuit ; on ne met pas le logo des autres promoteurs comme ça, c’est parce que je suis ouvert, d’une certaine manière, et que je contribue, d’une certaine manière.


On a l’impression qu’il faut aussi dépenser beaucoup d’argent pour avoir cette influence-là …


Non, je ne dépense pas … Je vous ai dit, tout de suite, que je donne une caméra ; si on doit calculer cela, effectivement, c’est de l’argent … Quand on fait le budget d’une manifestation, la captation est quelque chose qu’on facture. Si vous la facturez à 500 mille, et que vous venez voir Claude Balogoun, et qu’il vous dit de donner 100 mille, cela veut dire qu’il a participé de 400 mille, et ce n’est pas qu’il a sorti cette somme d’argent de sa poche ; ce n’est pas que j’ai l’argent, je n’ai rien, j’ai de la difficulté à payer les salaires de mon personnel, ce mois-ci, je n’ai rien … Mais, j’ai une manière de répondre aux gens, en temps et en heure, c’est cela qui les aide, ce n’est pas une question d’argent, je n’en donne pas ; ’’Le Noyau critique’’, est-ce que vous avez eu un rond, pour venir voter pour moi ? En quoi on dépense de l’argent ? Ce n’est pas une question d’argent …


Avez-vous un appel à lancer aux futurs représentants du monde culturel, en général, au Ca/Fitheb ?


Deux choses importantes : d’abord, vis-à-vis des réformes, moi, je suis un légaliste ; dès lors que l’institution qui gère la culture a décidé de mettre en place des réformes, si nous voulons exercer dans ce secteur, et travailler avec cette institution, nous sommes obligés de répondre à ces réformes. Je demanderais à tous les acteurs culturels de fournir les documents pour aller prendre leur carte professionnelle, aux associations de fournir les documents pour aller prendre leur agrément, et d’être à l’écoute des autorités, pour participer à l’éclosion de la Culture.
Deuxièmement, je demanderais aux autorités de diffuser, le plus largement possible, les informations essentielles dont les gens ont besoin pour que cela ne crée pas, à chaque fois, des frustrations.
Dernièrement, les nouveaux membres du Ca/Fitheb, qui vont siéger, je demanderais que, très tôt, ils s’approprient les nouveaux textes du Fitheb, qu’ils comprennent comment cela doit fonctionner et qu’ils aident le nouveau Directeur qui va venir à réussir véritablement sa mission, pour que le Fitheb redore effectivement son blason. Je souhaiterais qu’il n’y ait pas de division là-dedans, je souhaiterais que, même si les membres sont de différents camps, qu’ils s’entendent pour travailler ensemble, je souhaiterais également, enfin, qu’il n’y ait pas d’antagonisme avec l’autorité : avec tout Conseil d’administration, s’il y a brouille avec l’autorité, les choses ne marchent pas ; nous, on ne souhaite pas ça, je ne souhaite pas que cela arrive.
Je souhaite que ces nouveaux membres élus du Ca/Fitheb brisent complètement les liens avec les ailes de l’équipe de tous les anciens Directeurs du Fitheb, et qu’ils réinventent une autonomie créative qui pourrait nous permettre de réussir véritablement la mission qui est de faire remonter le Fitheb dans ses lettres de noblesse.          



Propos recueillis par Marcel Kpogodo