Dans le cadre de l'élection
manquée des représentants du secteur théâtral au Ca/Fitheb
Plus de trois semaines
après l’élection manquée des représentants des comédiens, des metteurs en scène
et des dramaturges dans le Conseil d’administration (Ca) du Festival
international de théâtre du Bénin (Fitheb), Denis Abiona, candidat favori des
metteurs en scène, a accepté de se confier à nous pour faire partager son
analyse des événements, en appelant au consensus.
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Denis Abiona |
Stars du Bénin : Bonjour
M. Abiona. Nos informations nous permettent de croire que vous étiez le favori,
pour le compte des metteurs en scène, lors de l’élection qui devait se tenir le
vendredi 12 septembre dernier, dans le cadre de la désignation des
représentants des comédiens, des metteurs en scène et des dramaturges dans le
prochain Conseil d’administration (Ca) du Festival international de théâtre du
Bénin (Fitheb). Finalement, cette élection n’a pas eu lieu. Pouvez-vous nous
dire ce qui s’était passé ?
Denis Abiona : Ce
qui s’était passé réellement, c’est que, à l’entrée, ce jour-là, les membres du
bureau de vote ont d’abord commencé par vérifier les agréments, ce qui leur a
permis d’éliminer, déjà, tous ceux qui n’appartenaient pas au secteur du
théâtre. Donc, ils ont fait entrer tous ceux qui avaient un agrément lié à la
danse et au théâtre ; c’est ceux-là qui ont été acceptés dans la salle, pour les élections.
Mais, force est de
constater que quand les choses sérieuses devaient commencer, les amis ont
commencé à soulever un certain nombre de préoccupations que j’avais trouvé
légitimes, parce qu’ils ont parlé du décret ayant fixé les conditions de
déroulement de l’élection. C’est vrai qu’au niveau de ce texte, il y a des
choses qu’on peut corriger, mais, là, le moment n’était pas opportun pour le
faire. Quand le débat a évolué, j’ai compris qu’en réalité, les amis
s’attaquaient à ma personne ; ils disaient me voir plus dans le domaine de
la danse que du théâtre, alors que, moi, je suis metteur en scène, chorégraphe,
artiste chanteur et compositeur, je suis Directeur artistique et pédagogique du
Centre artistique et culturel (Cac) ’’Oshala’’. Or, dans cette structure, nous
faisons du théâtre, de la danse, de la musique, un peu de tout ce qui concerne
les arts de la scène.
Donc, ils ont commencé
à contester ma présence dans la salle, puisqu’ils prétendaient que mon
électorat venait plus du milieu de la danse. Prenons, par exemple, Adolphe
Alladé, qui est, certes, connu pour la danse, mais, qui a quinze dates de
tournée nationale, chaque année, pour le théâtre. Nos amis disaient que nous
avons amené des gens du ballet, alors qu’Adolphe fait de la danse et du
théâtre. Des gens comme Stanislas Dègbo
aussi étaient là.
En bref, comme mes amis
ont vu que j’étais quand même avec un nombre d’électeurs, qui allait me
permettre de gagner, ils ont commencé à faire du bruit … Mais, je dis à mes
amis qu’il y a un malentendu entre nous parce que, même quand je prends la
danse, il y a une mise en scène qui se fait ; surtout quand vous faites de la
danse thématique, vous travaillez autour d’un thème. Donc, il y a une mise en
scène qui se fait. En dehors de cela, nous faisons aussi du théâtre, dans son
genre populaire et, même au sein du Cac ’’Oshala’’, nous faisons le genre
classique ! Voilà que les amis disent que nous sommes seulement du
côté de la danse ; cela a fait que les élections n’ont pas pu se dérouler.
Personnellement,
j’attends. J’ai appris qu’ils ont écrit et j’ai consulté ma base, parce que, après
tout, je suis membre de la Fédération nationale des troupes de danse et de
théâtre du Bénin. Nous attendons de voir quand la Direction de la Promotion
artistique et culturelle va convoquer le corps électoral pour le déroulement
des élections.
Nous avons entendu dire
qu’à cette élection, il y avait plus de votants dans le camp du ballet et de la
danse que dans celui du théâtre classique. Est-ce que vous confirmez
cela ? Comment avez-vous fait ?
Comme vous le savez,
quand il y a une élection, il faut battre campagne. Moi, de mon côté, comme je
suis de la danse et du théâtre, j’ai contacté les amis qui font la même chose
que moi et, ils ont répondu présents, ils sont venus là pour me soutenir. C’est
vrai que, si l’élection s’était passée, ceux qui étaient là auraient voté pour
moi. Et, même ceux qui font du théâtre classique sont aussi venus voter pour moi. Donc, j’avoue que j’avais la
majorité, ce jour-là.
Est-ce que vous
confirmez qu’il y a une différence entre les hommes du ballet et du théâtre,
d’une part, et ceux du théâtre pur, d’autre part, surtout qu’on entend dire que
les premiers n’ont pas fait de longues études, qu’ils n’ont pas un niveau
intellectuel élevé, qu’ils sont plus brutaux, plus instinctifs, alors que les
seconds seraient plus intellectuels ?
Ecoutez, à quoi
comparez-vous l’intellect ? Ce jour-là, mon électorat n’avait pas le
manteau de danseurs. Je ne voulais même rien dire … Quand certains se voient
plus intellectuels, ils veulent me dire que, parmi eux, ils ont tous des
diplômes universitaires ? Quand on fouille, ce n’est pas vraiment le
cas ! Moi, de mon côté, j’ai fait au moins un Bac+2 ! Donc, on ne
peut pas me dire que je ne suis pas un intellectuel … C’est vrai qu’au niveau du
théâtre populaire, il y en a beaucoup qui n’ont pas fait de grandes études, ce
qui fait qu’on a l’impression que ceux-là sont des gens qui ne réfléchissent
pas, alors que l’intellect n’est pas synonyme de diplôme. Moi, je ne veux pas
entrer dans ce débat. Quand ils disent que, dans notre groupe, nous n’avons pas
de grands diplômes, je le leur concède. Mais, dans ce que nous faisons, on se
connaît ; quand on entre dans le domaine du théâtre classique, on sait qui
fait quoi et qui a quel diplôme ; on se connaît …
Donc, avec cette
affaire de diplôme, ils cherchent tout simplement des prétextes pour distraire
l’opinion publique, dans je ne sais quel objectif …
Est-ce que vous pouvez
présenter un peu votre parcours ?
J’appartiens au Centre
artistique et culturel ’’Oshala’’, ’’Oshala’’ qui veut dire ’’La grande
divinité’’. Mais, je n’ai pas commencé mes expériences avec cette structure,
j’étais le metteur en scène et le chorégraphe de l’Ensemble artistique et
culturel ’’Towara’’, que tout le monde connaît. C’est à ce niveau que j’ai
commencé à faire de la mise en scène. Par la suite, j’ai décidé de prendre mes
responsabilités et, c’est là où j’ai mis en place le Centre artistique et culturel Oshala, en 2006 ; nous y faisons de la danse, du théâtre, de la
musique moderne d’inspiration traditionnelle. Chacun de ces domaines constitue
une section avec, à sa tête, un responsable. Concernant le Cac ’’Oshala’’, j’en
suis le Directeur artistique et pédagogique. Nous nous sommes lancés dans la
formation des élèves, une des activités du Centre, puisqu’ils constituent la
relève efficiente de demain.
Avez-vous un appel à
lancer ?
Nous avons l’obligation
de nous mettre ensemble pour que la politique n’entre pas dans la culture,
parce que tout se passe de telle sorte qu’aujourd’hui, on veut tout politiser si
bien que quand on ne parvient pas à tirer le drap de son côté, on sème le désordre.
L’appel que j’ai à lancer est que, nous sommes dans le domaine et nous y resterons,
donc, si nous sommes divisés, on ne peut rien ; il faut que nous restions
soudés et que nous nous entendions. Il faut que nous cultivions l’écoute ;
quand l’autre parle, il faut que son interlocuteur ait la patience de
l’écouter. Pour finir, je dirai que « ce qui nous réunit est plus fort que
ce qui nous divise ».
Propos recueillis par
Marcel Kpogodo