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mercredi 3 septembre 2014

La Faplag-Bénin relève le défi de l'inauguration de son siège au quartier Gbéto-Gbèdomidji de Cotonou

Sous la férule du Président de la structure, Philippe Abayi


Le siège de la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), sis quartier Gbéto-Gbèdomidji, non loin du Complexe scolaire protestant (Csp), à Cotonou, a fait l’objet de son inauguration, le jeudi 28 août 2014. C’était en présence des responsables de la structure associative et de plusieurs ordres de participants à la cérémonie.

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Pierre Ayilolé, représentant du Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme (Mcaat), a, solennellement, déclaré officiellement inauguré le siège de la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin). Il est possible de le retrouver dans la deuxième rue à gauche, après l’Eglise protestante ’’Shalom’’ de Gbéto, au niveau de l’immeuble 567, de couleur rose, à droite.

Rahimi Moussa, Secrétaire à la Communication de la Flaplag-Bénin, évoquant le programme de la cérémonie d'inauguration

Cette inauguration s’est effectuée, le jeudi 28 août dernier, à l’issue d’une cérémonie ponctuée d’intermèdes remuants de musique traditionnelle et d’interventions, entre autres, de certains invités, plus précisément, Pascal Wanou, ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) et Florent Eustache Hessou, Journaliste et animateur culturel.

Vue partielle des invités de classe
Bien avant Pierre Ayilolé, Philippe Abayi, Président de la Faplag, a prononcé une allocution dans laquelle il a fait la genèse du combat ayant mené à la mise en place de ce siège, de même qu’il a remercié les autorités à divers niveaux ayant contribué à ce facteur de réussite de la Faplag. En particulier, il a focalisé ses propos de gratitude sur Blaise Tchétchao, Directeur du Fonds d’aide à la Culture, dont la contribution de l’institution a permis, notamment, de solder deux années de bail de l’immeuble du siège.

Une idée de l'ambiance artistiquement épanouissante de la cérémonie

Enfin, la Président Abayi a décliné les activités importantes du second semestre de l’année en cours et a insisté sur la tenue, dès la fin de la cérémonie d’inauguration, jusqu’au 4 septembre prochain, de la mini-exposition dénommée « collective des arts plastiques béninois », qui permettra de faire découvrir les œuvres de « quelques figures de proue des arts plastiques et graphiques du Bénin », avait-il fini.

Les hommes aussi étaient de la partie

Ainsi, après la coupure du ruban symbolique par Pierre Ayilolé et lui, Philippe Abayi a guidé les invités et les artistes présents à la cérémonie d’inauguration vers les œuvres exposées. Il ressort de sa présentation que 33 artistes étaient à l’honneur ; parmi eux, il fallait trouver le Président de la Faplag, lui-même, Grégoire Noudéhou, Dominique Zinkpè, Charly d’Almeida, Midy, Henriette Goussikindey, Rafiy, Marius Dansou, notamment. Voilà une inauguration qui préfigure d’un exercice prometteur des activités de la Faplag-Bénin.

Marcel Kpogodo



L'intégralité du discours du Président de la Faplag-Bénin

Monsieur le Représentant du Ministre en charge de la Culture,
Monsieur le Directeur de la Promotion Artistique et Culturelle,
Monsieur le Représentant du Directeur du Fonds d’Aide à la Culture,
Eminents Présidents des Associations et Fédérations soeurs
Honorables invités.
Cher(e)s ami(e)s
           
Le Président, Philippe Abayi, présentant son allocution
            Au nom du Bureau Exécutif de la Faplag-Bénin que j’ai l’honneur de présider, je voudrais avant tout, vous souhaiter la bienvenue et vous adresser mes vifs et sincères remerciements pour avoir répondu à notre invitation ce matin, en dépit de vos multiples occupations. Cela témoigne de l’intérêt que vous portez à la culture et, particulièrement, aux arts plastiques, dans notre pays.

          Mesdames et Messieurs, Honorables invités, la Fédération des Associations Professionnelles des Plasticiens et Graphistes du Bénin, qui vous accueille, ce jour, dans ses espaces, est née le 29 novembre 2011, de la volonté commune d’une dizaine d’Associations intervenant dans le domaine des arts plastiques et graphiques, de se mettre ensemble pour fusionner leurs énergies, afin de mieux travailler à l’amélioration des conditions de travail et de vie de leurs membres.
             Mesdames et Messieurs, comme vous le savez, les Arts plastiques constituent l’un des maillons de la chaîne des valeurs qui permettent à la communauté d’assurer son équilibre et son développement. Aussi, la grandeur de cet art ne peut se concevoir sans l’épanouissement de ses acteurs. C’est pourquoi, l’événement qui nous réunit ce jour, j’ai nommé, l’inauguration officielle du siège de la Faplag-Bénin revêt, pour les plasticiens et graphistes de notre pays, une importance capitale.

              Voici plus d’un quart de siècle que l’APB, la toute première Association des Artistes Plasticiens du Bénin, reconnue officiellement en 1988, se bat  pour doter la corporation d’un siège et d’un espace pouvant abriter ses activités sans jamais avoir pu,  pour des raisons qui ne puissent rien enlever à sa volonté d’y arriver.
             Aujourd’hui, jeudi 28 août 2014, nous pouvons affirmer, haut et fort, que l’union fait réellement la force. En témoigne la cérémonie officielle d’inauguration du siège de la Faplag-Bénin, notre siège, celui des plasticiens béninois qui est  également un espace d’Information, de Formation, de Promotion et de Valorisation des créateurs béninois en arts plastiques.
              C’est bien le couronnement d’un long cheminement qui, n’eût été la volonté politique au sommet de l’Etat de soutenir, d’une manière ou d’une autre, la culture au service du développement, et aussi la détermination de mon équipe, à ne pas céder au désespoir et au découragement, le chantier d’aujourd’hui n’aurait pu voir le jour.

              C’est le lieu, Mesdames et Messieurs, honorables invités, de remercier particulièrement le Chef de l’Etat, son Excellence le Docteur Boni YAYI, qui ne ménage aucun effort pour soutenir, depuis quelques années, le secteur de la culture, en général et les créateurs d’œuvres de l’esprit, en particulier.  En dotant le Fonds d’Aide à la Culture, d’abord, d’un milliard, qui est  passé, respectivement, depuis quelques mois, au milliard cinq, puis, au tri-milliard, d’ici à 2015, les plasticiens tiennent à le féliciter et à l’encourager à aller plus loin dans l’aide à la création, dans notre pays.

               Mes remerciements vont ensuite à l’endroit du Ministre Jean-Michel ABIMBOLA, en charge de la Culture, qui travaille constamment à la création d’un environnement favorable à l’exercice de la profession d’artiste dans notre pays. 
            La FAPLAG-BENIN tient aussi à exprimer sa gratitude à l’endroit de ses partenaires, d’aujourd’hui et de demain, en particulier, le Fonds d’Aide à la Culture (FAC) et son Directeur, M. Blaise TCHETCHAO, dont l’appui financier institutionnel a permis, respectivement, d’acquérir une partie du matériel informatique indispensable aux formations et aux recherches et, à assurer, pour quelques mois, le contrat de bail du siège, qui s’étend, pour le moment, sur deux ans. 

            Chers amis, Présidents de fédérations sœurs,  je vous sais gré de votre soutien, sans réserve. Au nom du Bureau Exécutif de la Faplag-Bénin, je vous dis simplement merci. Merci infiniment.

          A vous, Chers collègues plasticiens et graphistes, pleins de volonté, je dois vous exprimer mes sentiments de totale satisfaction, pour tous les efforts que vous ne cessez de déployer pour m’accompagner, chaque jour, vers l’atteinte de nos objectifs. Le résultat que nous savourons tous aujourd’hui est à votre actif. Et, comme vous le constatez, il est la solution aux problèmes de relations interpersonnelles, entre artistes que nous sommes.

            A vous, membres du Bureau Exécutif de la Faplag-Bénin, je vous dis merci pour votre engagement et que l’Eternel nous protège et nous donne la force et les moyens nécessaires pour œuvrer à asseoir un environnement favorable à l’exercice de notre profession.

          Chers collègues plasticiens, cet espace vous offre désormais l’opportunité de vous informer sur les opportunités dans votre domaine : « les arts plastiques ».
·                              Vous disposerez également de cet espace pour vous faire initier ou former aux techniques modernes de création en arts plastiques et graphiques, à  partir des outils des technologies nouvelles de l’information et de la communication. Dans cet espace, il sera question de diffuser et de promouvoir la  jeune création, avec l’organisation périodique de mini-expositions-vente, d’ateliers d’échanges et de performances.

           Aussi importe-t-il de préciser que, pour le reste du second semestre, en dehors du programme de renforcement de capacités en développement personnel à mettre en place au profit de nos membres, trois (03) principales activités sont prévues:
1-      L’exposition nationale d’arts plastiques dénommée « Arts 7 sur 7 » prévue pour le 04 septembre 2014, dédiée aux professionnels béninois à la Galerie de la médiathèque des diasporas (Ex-Place des martyrs),
2-      La deuxième édition du Symposium International de la Jeune Création en Arts Plastiques dont le thème est : « VOIR »,
3-      La  célébration de la Journée Internationale des Arts Plastiques (JIAP 2014) qui aura lieu le 04 novembre 2014 à Cotonou, Porto-novo, Parakou, Lokossa et Abomey.
          D’autre part, nous profitons de votre présence pour informer le public béninois, en général, et les plasticiens et graphistes, en particulier, que la Fédération des Associations Professionnelles des Plasticiens et Graphistes a son siège sis quartier Gbéto-Gbèdomidji, 2è rue après l’Eglise protestante Shalom de Gbéto – 1ère maison à étage rose n° 567 à droite, lequel siège constitue un Espace de Formation, d’Information, de Diffusion, de Promotion et de Valorisation des créateurs béninois en arts plastiques.
            Le public béninois et étranger est invité à découvrir, jusqu’au 4 septembre 2014, la mini-exposition dédiée à la jeune création contemporaine dénommée « Collective des arts plastiques au Bénin », avec quelques figures de proue des Arts Plastiques et Graphiques du Bénin.
            Honorables invités, Mesdames et Messieurs, puisse le Seigneur tout-puissant vous accorder sa grâce et sa bénédiction afin que vous soyez toujours en mesure de soutenir les arts plastiques dans notre pays.

Vive la culture,
Vive les arts plastiques au service du développement
Vive la devise de Faplag-Bénin «  Unus pro omnibus, omnès pro uno » Un pour tous, tous pour un.

A toutes et à tous, je dis merci.


Album-photos de l'explication exclusive de leur oeuvre par des artistes, en marge de la cérémonie d'inauguration
Le terrible Elon-m, avec la lumineuse, "Mentalisme"
Mahoussi Ahodoto, expliquant "Les regards"
Alihossi Alofan, démystifiant "Le gardien du temple"
Eliane Aïsso, avec "Effervescence"
Le Doyen, Philippe Abayi, dans sa magistrale, "Gogoloto"
Youchaou Kifouli, restituant la logique de "L'avenir"

dimanche 1 septembre 2013

Renforcement de capacités du Césam

Six scénographes béninois formés à l'art de la décoration d'intérieur

Le Cours d'écriture, de scénographie, d'administration de compagnie et de mise en scène (Césam) a initié, du 26 au 28 août 2013, un atelier de formation de six scénographes béninois à l'art de la décoration d'intérieur. C'était au Café des arts, sis Quartier Fidjrossè à Cotonou. Un spécialiste a édifié les participants par ses connaissances sur la pratique professionnelle dans le domaine. 

Hermas Gbaguidi et Alain Dossa, tous deux à gauche, face à quelques-uns des stagiaires
Le lundi 26 août avait débuté une formation de trois jours, organisée par le Cours d'écriture, de scénographie, d'administration de compagnie et de mise en scène (Césam) dont le metteur en scène et dramaturge béninois, Hermas Gbaguidi, est le promoteur et le directeur. Eric Médéda Doudou, Sébastien Boko, Marius Dansou, Romain Agbassa, Benjamin Déguénon et Bruno Méya étaient les artistes concernés par l'atelier. La plupart d'entre eux appartiennent à la première promotion des apprenants formés par le Césam.
Alain Dossa, à l'oeuvre
Pour Hermas Gbaguidi, présent à l'ouverture de la session, devant le risque que les scénographes, dans quelques années, perdent tous les marchés de décoration, octroyés par les institutions et réservés, à l'heure actuelle, aux coiffeuses, à des non professionnels, il était nécessaire de mettre en place ce processus de renforcement  des capacités des vrais acteurs concernés par la décoration d'intérieur : les scénographes. Et, selon cette même personnalité, trois modules ont donné du poids à la formation : "Connaissance du matériel de décoration", "Les formes de nœuds" et "Agencement des couleurs". Par ailleurs, le formateur principal n'était personne d'autre qu"un professionnel de la décoration d'intérieur, qui fait de cet art une pratique au quotidien : Alain Dossa ; il dirige un institut de décoration. Aussi, quatre scénographes burkinabè et, un autre, togolais, en séjour au Bénin, ont été conviés à participer aux travaux, afin de partager leurs expériences en décoration d'art, avec les stagiaires. 
Une bonne ambiance d'échanges a prévalu pendant le processus de transmission des connaissances
Concernant la gestion du temps, au cours de la formation, seules les matinées des deux premiers jours ont été exploitées. En outre, le mercredi 28 août a servi de journée de pure pratique, ce qui a permis aux stagiaires de procéder à la décoration de leur lieu de formation, le Café des arts, de la Salle de conférence et d'un bureau de la Direction du Fonds d'aide à la Culture. Les voilà donc outillés pour faire valoir une autre branche de leurs capacités artistiques.


Marcel Kpogodo 

lundi 21 janvier 2013

Biennale Regard Bénin 2012

''La débrouille'', un regard valorisant des handicapés

La devanture du cadre d'exposition du Projet spécial ''La débrouille'', à Fidjrossè, lors de sa tenue
La Biennale ''Regard Bénin 2012'', inaugurée depuis le 8 novembre 2012, a donné lieu à la mise en oeuvre d'un certain nombre de projets spéciaux. Parmi ceux-ci, il faut compter ''La débrouille'', porté par l'Association ''Vakpo''. Il s'est déroulé à la Boutique du même nom que le Projet spécial, située au Boulevard Gondouana, à côté de l'Espace ''O'', à Fidjrossè-Calvaire. De par ses activités, cette initiative a mis en exergue une compréhension profondément humaine de la situation d'handicapé. Ceci se révèle par le travail original et multidimensionnel de quatre artistes ayant exposé, déterminés à faire tomber les tabous sur les personnes handicapées, à les faire percevoir sous un regard plus humain, à les faire aimer.

Sébastien Boko, Marius Dansou, Sophier Négrier et Nathanaël Vodouhè. Voici le quartuo d'artistes exposant dans le cadre du Projet spécial ''La débrouille'', qui s'est engagé dans le processus de destruction des préjugés négatifs qui maintiennent les handicapés de tous ordres dans la marginalisation sociale, ce qui débouche sur la mendicité, notamment, dans les lieux de culte et sur les places publiques, pour la grande majorité de ceux qui n'ont pas réussi à cultiver un état d'esprit de foi en leurs capacités de victoire sur la précarité. Ces artistes, ce sont, respectivement, un sculpteur sur bois, un sculpteur sur fer, une photographe et styliste, et, enfin, un peintre. Dans le cadre de la Biennale ''Regard Bénin 2012'', ils ont fait connaître le concept ''La débrouille'', sous la forme d'un projet spécial, par une exposition dont le vernissage avait eu lieu le 8 novembre 2012, et qui s'est achevée le 31 décembre de la même année. Ils avaient réalisé cette activité à la Boutique ''La débrouille'', au Boulevard Gondouana, à côté de l'Espace ''O'', dans le quartier Fidjrossè-Calvaire, En réalité, chacun d'eux, selon le domaine d'art qui le concerne, a investi l'univers des handicapés pour projeter, soit des objets à la fois artistiques et commerciaux, donc, des utilitaires adaptés à leur handicap, soit une vision qui permet à ces démunis un certain nombre de largesses artistiques, un certain nombre de rêves qui pourraient, qui sait, demain se concrétiser s'ils développent la force de s'accrocher à ceux-ci. Certains de ces artistes se retrouvent des deux côtés. 

Le trône-siège pour handicapés des membres inférieurs

Marius Dansou, le faiseur de roi
D'abord, dans le camp des artistes qui proposent, à la fois, un rêve et des articles utilitaires, nous avons Marius Dansou. Pour lui, il faudrait imaginer une personne handicapée roi. Ceci l'amène à lui sculpter, en fer, un fauteuil roulant auquel il a adapté le concept original d'un trône dont il peut détacher le fauteuil. Ainsi, dans sa vie quotidienne, l'utilisation de cet objet avec le trône incorporé, surtout s'il se trouve à domicile, aura comme avantage d'amener cet être défavorisé à imaginer qu'il peut être un souverain, au-delà de cela, dans le contexte moderne, un leader, un dirigeant politique, un draineur de foules. "J'ai fait ce trône pour rassurer les handicapés qu'ils sont aussi des personnes à considérer, pour leur dire qu'un handicapé peut être Président de la République. Pourquoi pas? " 

Sébastien Boko, le styliseur
Les béquilles artistiques de Sébastien Boko
Cet artiste aussi est sculpteur mais, sur bois. Sa partition dans ''La débrouille'', Projet spécial de la Biennale ''Regard Bénin 2012'', c'est une installation un peu singulière, une installation de béquilles auxquelles il a donné une touche artistique. Selon lui, les objets utilisés habituellement par les handicapés sont juste fabriqués pragmatiquement pour jouer un rôle précis. Ainsi, ils sont dénués de toute esthétique, ce qui l'a poussé à décider de "styliser'', dans le cas d'espèce, des béquilles ; celles-ci peuvent jouer le rôle qu'on leur connaît tout en développant une certaine beauté, il les a conçues de façon à ce qu'elles aient une forme humaine, que celle-ci soit un homme ou une femme. Et, son explication en est simple : "Un être humain, quelque part, est une béquille pour quelqu'un d'autre. A un certain moment, quand on tombe amoureux, on sent directement ce qui se passe, quand la personne aimée n'est pas là, on ne se sent pas bien. Du coup, une femme, une copine, est une béquille pour l'homme, l'homme aussi est une béquille pour la femme. En dehors de cela, il y a les mamans, les enfants ; un enfant est une béquille pour ses parents, ils l'ont voulu, ils l'ont eu, il donne du sens à leur vie. Je trouve donc que tout être humain est important, il est là pour quelque chose, il a son rôle qu'il joue et les autres ne s'en rendent pas compte".      
Les handicapés épanouis et renés de Sophie Négrier

Sophie Négrier, la bivalente 
Elle s'est fait remarquer, dans cette exposition, qui s'est déroulée, du 8 novembre au 31 décembre 2012, avec deux casquettes : celle qu'on lui connaît de photographe et, l'autre, complètement inattendue de styliste.
Dans le premier cas, il y a eu des photographies dont la beauté réside dans le fait du raffinement de la perspective des prises de vue et dans la stylisation de l'image des personnes handicapées choisies comme modèles. Sophie Négrier a su réussir à faire dépasser, du côté du regard du visiteur de son exposition de photos, la répulsion instinctive que suscite la vue d'un handicapé. A première vue, les modèles ne sont pas des personnes de ce genre tellement, ces photos leur ont restitué de nouveaux pieds, elles leur ont donné une certaine résurrection physique, elles ont participé à donner une meilleure image d'eux, surtout que certains modèles sourient, se moquent de leur handicap, le dépassent et le noient dans une espérance leur permettant d'entrevoir un avenir réellement reluisant. Par ses photos, Sophie Négrier aura produit un impact, chez les handicapés, de révélation en eux de potentialités cachées, voilées par un condition social peu recommandable, délétère.

Du côté du stylisme
Des habits pour handicapés, sous la coupe de Sophie ...
Sophie Négrier styliste ! Pour ceux qui n'avaient pas cette information, le Projet spécial ''La débrouille'' de la Biennale ''Regard Bénin 2012'' a permis de révéler un autre des champ de travaille de cette photographe, très connue de plusieurs porteurs de projets béninois, ayant fait montre de son professionnalisme sur un nombre non négligeable d'événements culturels. Dans son travail, elle s'est intéressée aux handicapés des membres, plus précisément aux amputés pour qui elle a confectionné des tenues prenant en compte la spécificité de leur handicap.  Ensuite, elle a réalisé des photos qui, d'une part, magnifient physiquement les handicapés, et qui, d'autre part, exposent clairement leur handicap tout en donnant à celui-ci un aspect plus reluisant, plus représentatif de cet aspect différent de ce qu'est l'être humain. Dans le premier cas, ces habits pouvaient, au cours de l'exposition, être achetés et emportés par les personnes handicapées ou par tout autre individu. Cette vocation styliste de Sophie Négrier vient montrer une grande capacité de polyvalence. 

De la droite vers la gauche, la toile ''Univers'', notamment, de Nathanaël Vodouhè 
Nathanaël Vodouhè, le fidèle
La licence particulière de Nathanaël aux handicapés visuels
Lui a travaillé beaucoup plus avec et pour les handicapés visuels. Comme il le précise, c'est "ceux qui n'ont jamais vu de leur vie". Son oeuvre de participation au Projet spécial ''La débrouille'' est constituée par quatre tableaux qu'il a exposés. Il nous entretient un peu de la démarche qu'il a suivie à cet effet : "A un moment donné de mon travail, j'ai été obligé d'aller vers ceux-là, dans leur Centre, à Sègbèya, à Akpakpa, et je leur ai posé un certain nombre de questions. Avant même de leur poser des questions, j'ai juste cherché à leur expliquer ce que, moi, je fais, mon travail et, ils ont compris. Donc, on a échangé d'abord." Les tableaux granuleux qu'il a présentés sont le fruit de ses discussions avec les handicapés visuels ; elles lui ont permis d'utilisé du sable de plage dans la confection des oeuvres  afin que celles-ci soient lisibles au toucher. En ce qui concerne les couleurs, il a fait l'option des monochromes, ce qui a permis de voir un tableau tout en noir, un autre en blanc, un autre encore en couleur sable. De manière générale, Nathanaël Vodouhè laisse entendre que ces tableaux, étant destinés aux non voyants, le voyant ne pouvait y avoir accès au message qu'en fermant lui aussi les yeux. Donc, entrer dans l'univers des destinataires de l'exposition faisait partie d'un cheminement incontournable d'initiation du rapport de ceux-ci aux objets.  
En fin de compte, le Projet spécial ''La débrouille'' aura innové par l'intérêt d'un groupe de jeunes artistes travaillant au Bénin pour une vie des handicapés qu'ils ont appréhendée de l'intérieur et qui a suscité, chez chacun d'eux, une inspiration artistique débouchant sur la création d'objets utilitaires et ornementaux. C'était la manière de ces créateurs d'oeuvres de l'esprit d'ouvrir la vie de ces défavorisés et de ces oubliés à plus d'amour, de fraternité et d'humanité chez les Béninois, trop fermés à cette frange sociale.


Marcel Kpogodo

dimanche 20 janvier 2013

Destruction de '' L'homme debout '' à Ouidah

Coup de gueule des artistes béninois

L'oeuvre détruite, ''L'homme debout'' de Bruce Clarke, une femme debout ...
En marge d'un reportage sur un vernissage à la Place du Souvenir, ex-Place des Martyrs de Cotonou, ce samedi 19 janvier 2013, des artistes béninois, Prince Toffa, Thierry Oussou (Ces deux premiers ont fait partie de la construction collective de '' Lhomme debout '' avec Bruce Clarke) et Marius Dansou, ont réagi concernant le rasage, sur les ordres du Ministère de la Culture du Bénin, sur le site de la Porte du Non-Retour à Ouidah, de l'Oeuvre artistique collective de sept artistes béninois, patronnée par le plasticien Sud-africain, Bruce Clarke, dénommée ''L'Homme debout''. Elle avait été réalisée sous l'initiative de la Fondation Zinsou. Cet artiste mondialement connu s'est déjà illustré dans ce genre de chef-d'oeuvre dans un pays comme le Rwanda sur les lieux de mémoire du génocide des Tutsis .



L'artiste-plasticien Prince Toffa : 
" Ce qui m'a fait mal, moi, dans cette affaire, c'est que, faisant partie du ''workshop de Bruce Clarke'' qui était passé au Bénin, c'est que nous avons travaillé de manière acharnée pour deux semaines avant d'avoir accroché la toile et, il paraît que c'est le Ministre de la Culture qui a donné l'ordre qu'on la casse ... Ce qui me fait mal, c'est l'oeuvre d'art cassée ; on ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est une toile de 8m x 3m ! On aurait pu l'enlever ... (Visage très amer) On aurait pu l'enlever avant de casser l'endroit ! On ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est impossible ! Si c'était le Ministre de la Défense ou le Ministre des Travaux Publics, on aurait pu comprendre cela ! Là, maintenant, on parle du Ministre de la Culture, quelqu'un qui est censé connaître la Culture, la valeur d'une oeuvre d'art ! Je suis désolé, c'est impossible, c'est terrible ! Je ne suis pas du tout content ... "

L'autre plasticien, Thierry Oussou : 
" Un Ministre ? Donner l'ordre d'aller casser une oeuvre ! C'est vraiment dommage ! A sa place, moi, j'aurais démissionné, même si c'est qu'on m'avait demandé de le faire ... On aurait pu décrocher l'oeuvre et casser le mur ! Ce mur était resté là pendant très longtemps avant qu'on ne travaille sur une bâche tissée ... On aurait pu appeler la Fondation Zinsou pour lui dire : " Venez enlever la bâche ... " On est en train de se battre pour que la population accepte l'art béninois mais, lui, il est en train de faire le contraire ! Nous, nous sommes contre le fait qu'ils aient cassé l'oeuvre ! Il peut y avoir quelque chose entre le Ministre et la Fondation ; nous, on ne veut rien en savoir. Mais, c'est l'acte que moi, je condamne ! " 

Le plasticien, spécialiste des Masques, Marius Dansou : 
" Franchement, il faut placer des gens à la place qu'il faut ! Moi, je suis désolé qu'un Ministre de la Culture puisse donner l'autorisation de casser une oeuvre ... J'ai été choqué quand j'ai appris l'histoire ... Comment on peut casser une oeuvre d'art ? On ne peut pas détruire une oeuvre d'art ! Il y a de l'émotion là-dedans ! Cela a été conçu par des artistes ! Cela a été réfléchi, pensé, pendant des années ! Je suis désolé ! On ne peut pas détruire une oeuvre d'art comme ça, par amour et par respect pour l'art ! Je suis désolé ! Je suis vraiment désolé ! Actuellement, là où je suis, je suis choqué, je n'arrive même pas à m'exprimer comme il faut ... " 

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 18 septembre 2012

Biennale Bénin Bénin 2012

Le Collectif "Nudowa Yôyô" lance un cri de protestation : "Biennale Bénin Bénin 2012"

"Je ne conçois pas que l'artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option ... Etre engagé, cela signifie pour l'artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre des problèmes de son pays avec intensité et en rendre témoignage." Se retrouvant profondément en phase avec cette réflexion d'Aimé Césaire qui, selon eux, rend amplement compte des fondements de l'initiative du Collectif "Nudowa Yôyô" qu'ils ont mis en place, les cinq artistes plasticiens béninois que sont Rafiy Okéfolahan, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Kajero et Totché, créent leur propre Biennale d'Arts, dénommée "Biennale Bénin Bénin 2012" ; elle est prévue pour se tenir du 7 novembre 2012 au 14 janvier 2013. Leur programme, à cet effet, est bien clair : réaliser une performance, organiser des rencontres, des discussions et tenir des expositions, durant toute la période évoquée. Ils annoncent avoir un site Internet en construction et disent détenir une liste ouverte à tous les artistes qui aiment l'art ; il n'y aurait pas de conditions financières préalables à remplir pour cette inscription. Ainsi, la Biennale "Bénin Bénin 2012" constitue leur cri de vigoureuse protestation contre ce qui se profile à l'horizon : la tenue de deux Biennales, à partir du 08 novembre 2012, celle dénommée "Consortium Regard Bénin" dont Dominique Zinkpè est le Président, et "Regard Bénin", dirigé par le non moins connu, Ousmane Alédji, de l'Association ''Regard Bénin". 

La bannière de la Biennale "Bénin Bénin 2012" du Collectif "Nudowa Yôyo"
Selon Rafiy Okéfolahan, la question qu'il faudrait se poser, face à cette division qui menace la bonne tenue et l'existence future de la Biennale tout court, est de savoir si on fait de l'art pour le ''Dan-mi'' ou pour la passion, le ''Dan-mi'' dont le sens est, à en croire l'intervenant, le trésor de l'arc-en-ciel, en plus clair, les financements importants qui sont annoncés pour pleuvoir sur les organisateurs. 
S'exprimant au nom du Collectif "Nudowa Yôyô", il explique que cette initiative vise à dénoncer cette double Biennale qui n'aura d'autres conséquences que de ridiculiser le Bénin au plan international, si ce n'est déjà fait, de le décrédibiliser et de faire fuir les partenaires qui sont annoncés pour financer cette événement qui se trouve à sa deuxième édition. 
Marius Dansou, très révolté aussi, appelle à ce que les deux camps se comprennent au plus tôt afin de sauver la Biennale, de réussir sa tenue et de garantir sa pérennisation, ce qui le pousse à crier : "Nous voulons notre Biennale pour 2012 et pour toutes les autres éditions !" Dans le cas contraire, "Bénin Bénin 2012" aura lieu, ce qui créera davantage d'imbroglio, un fait qui ne déplaît guère à Benjamin Déguénon, pour qui, le Collectif n'a pas trouvé nécessaire de rencontrer le Ministre de la Culture, vu les tracasseries administratives que cela suggère, ni de chercher à réconcilier le chef de file de chacun des deux groupes proposant un programme différent pour la Biennale, surtout que chaque camp reste accroché à sa position, la préoccupation du groupe étant que la Biennale se tienne pour que les artistes pour qui elle a été conçue puissent montrer leurs œuvres et faire apprécier leur talent. 
Vivement une force au-dessus de la mêlée qui réussisse à rétablir l'ordre dans l'organisation de la Biennale, une situation contraire qui compromettrait une manifestation culturelle de grande envergure prévue pour promouvoir la culture contemporaine béninoise. 

Marcel Kpogodo

samedi 10 mars 2012

Vernissage à Cotonou

Processus de Waba 2012


Neuf philosophes en marche vers Belleville



''Exhibition trip'' : c'est le nom de l'exposition collective qui permet à neuf artistes plasticiens béninois de montrer leurs œuvres, au Restaurant l'Atelier, depuis le jeudi 8 mars dernier. Une initiative qui constitue la transition vers une aventure, celle de la ville française de Belleville ; elle s'annonce pour dans quelques petites semaines.



Marius Dansou, Grek, Ange Houndéton, Benjamin Déguénon, Kajéro, Phillipe Abayi, Romuald Mévo-Guézo, Méhomez et Zansou : ce sont les 9 artistes-plasticiens béninois, les 9 futurs voyageurs qui font leur les intimes salles-à-manger du Restaurant ''L’Atelier'' de Cadjèhoun, à Cotonou, depuis le jeudi 8 mars, et qui s'en iront de là le 25 du même mois.
A travers les œuvres et, surtout, le message qui en ressort, ils prennent l'allure de philosophes déterminés, tout en inscrivant dans la nature des leçons fortes sur les secrets de notre vie tantôt purement africaine, tantôt universelle, à construire le parcours qui s'achèvera avec leur participation au Festival Waba 2012, cet événement tant attendu en novembre de cette année, qui aura la particularité de connaître l'exploration de l'univers plastique béninois par un regard bellevillois assez ouvert et facile à l'adaptation.
Selon quelques-uns de ces philosophes, l'exposition collective ''Exhibition trip'' se lie à deux objectifs cardinaux : permettre à ces Bellevillois en puissance de récolter des fonds aux fins du financement de leur voyage et de leur séjour dans cette ville française, et cultiver au sein de ces artistes le travail en équipe, entretenir la synergie qu'ils sont capables de créer, afin d'enrichir Belleville de la spécificité artistique béninoise, dans la diversité des talents en jeu.



De l'un à l'autre

Si ces 9 artistes ont enregistré la sympathique et symbolique participation de leur aîné, le reconnu Dominique Zinkpè, à travers un tableau sans titre, le seul sur chevalet, ils manifestent, l'un et l'autre, la spécificité d'inspiration souhaitée pour une expression d'un Bénin et d'une Afrique pluriels.

D'abord, Marius Dansou, le philosophe des Masques, lance les hostilités, à travers pas moins de cinq œuvres qui magnifient l'art de celui-ci de confectionner métalliquement une diversité de formes de visages humains rencontrés çà et là.

Avec Grek, le philosophe de la magie latéritique, c'est la station debout de ses quatre sculptures, qui monopolise le regard du visiteur, celles-ci qui, résultat de la combinaison, de la fusion de papier, de tissu jean, de carton, de fer, de plastique, de colle, notamment, suscitent, comme il fallait s'y attendre, des interrogations multiples focalisantes.

Quant à Ange Houndéton, ce philosophe des sciences des couvents béninois, ce ne sont que deux œuvres, deux statues, mais qui en imposent par la densité du message de lui qui se considère comme le ''Dieu des Africains'' et qui s'inspire énormément de cette célébrité d'Homme-orchestre de Sagbohan Danialou selon qui, ''si l'Afrique en est aux errements culturels actuels, ce n'est pas la faute de l'ex-colonisateur mais plutôt de l'Africain qui a vendu son frère à ce dominateur", ce qui met l'Afrique dans la triste et regrettable position de la connaissance de son histoire et de sa culture authentiques par le recours aux Blancs. C'est une catastrophe que dénonce Houndéton, d'où son appel à l'arrêt par l'Africain de la négligence, du rejet de son patrimoine. Ainsi, du fond de l'exploitation des capsules de bouteilles de boisson, en lieu et place des cauris, du fond de l'utilisation du raphia utilisé à une époque lointaine par les Rois dans les couvents, du fond du réinvestissement des noix de ces couvents, des perles des femmes de ces lieux de culte et, du fond des deux œuvres résultant de tous ces matériaux, Ange Houndéton conclut à la nécessité pour l'Africain du retour à ses sources religieuses, cultuelles et culturelles, elles qui, aujourd'hui, inspirent le Blanc, dans sa lutte contre l'épuisement et la saturation de sa propre culture.

En ce qui concerne Benjamin Déguénon, voilà le philosophe de la multi-dimension, naviguant librement entre dessins et œuvres de récupération, aux fins de l'expression de formes de métamorphoses se fondant sur une certaine complémentarité entre le réel et l'irréel pour finalement traduire les mutations complexes auquel est sujet l'homme à notre époque. Ce sont dix-sept tableaux - ce qui fait de lui le plus prolifique de l'expo - divisés en deux groupes, l'un consacré à des dessins révélant justement ces métamorphoses et, l'autre, montrant un art particulièrement intéressant dans l'agencement d'une multitude de figures géométriques communiant dans la symbiose du message de la prudence dans la conduite de la vie.


Avec Kajéro s'impose la philosophie de la liberté, celle apparemment traduite par le ''Ose devenir qui tu es'' d'André Gide. Donc, par quatre tableaux produits à partir de papier mâché, de sciures de bois, et par des couleurs de toutes sortes valorisant la liberté, le tout mis à contribution pour construire l'histoire du destin humain compromis par la renonciation à la vocation originelle, Kajéro impose son message : "L'homme qui naît, c'est une place qui se crée et qui nous attire, ce que manifeste la chaise qui revient intrinsèquement à cet homme et qu'il doit occuper, de peur de vivre une vie écartelée, manquant d'authenticité". Voilà donc un appel de ce philosophe à l'homme ayant une double mission : découvrir l’œuvre pour laquelle il est né et l'accomplir.

Se rapportant à Philippe Abayi, ''le Doyen'', ce philosophe de l'anticipation, une toile unique s'exprimant par un faisceau de couleurs variées et harmonieuses, sur fond de la technique de l'acrylique sur toile, lance une atmosphère excitant à l'échange comme s'il avait prévu cette situation nationale de la crise dans le système éducatif béninois.

Du côté de Romuald Mèvo-Guézo, ce sont sept sculptures qui mettent au jour la technique mixte particulière, propre à lui, dénommée par lui "éco-plastique sculpture". Voici le philosophe du réalisme socio-politique livrant des faits du quotidien banal de toutes sortes de personnages. Mais frappe cette étincelance neutre et discrète de la matière des sculptures, ce qui dénote de la force d'un travail de longue haleine sur la matière.

Méhomez : C'est un artsite-palsticien teint clair de Porto-Novo dont le regard chaud et futé, illuminant une tête ''rastarisée'', capitalise l'intérêt du visiteur vers trois œuvres qui, dans un élan commun, parlent de la fête, à travers deux concepts chers à cet autre philosophe du réalisme social : la cannette et le torchon. L'un est un matériau concret, l'autre, virtuel, immatériel.

Zansou, lui, frappe dans la grandeur pour marteler son message, dans une technique associant le charbon combiné à l'ocre et à l'acrylique. C'est le philosophe de la nuit ; pour lui, elle est le point de départ, peut-être pour Belleville ....


Marcel Kpogodo





Le regard de Fabiola Badoï sur l'exposition

"Car le monde n'est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu'il est devenu objet de dialogue".
Hannah Arendt


Ce qui, de prime abord, lie les Artistes exposant à l'Atelier est leur participation collective à la 23ème édition des Portes ouvertes de Belleville, à Paris, début mai 2012, dans le cadre d'un dialogue artistique entre l'Association Elowa et AAB, l'Association des Artistes de Belleville. En janvier dernier, 6 artistes bellevillois ont passé deux semaines en résidence au Bénin à travailler et exposer avec leurs collègues béninois. A leur tour, ces artistes béninois poursuivront l'échange en France, à découvrir ce qui se fait dans l'art, ailleurs que chez eux, à rencontrer le public européen et les galeries parisiennes afin de se positionner sur le marché de l'art. C'était l'objectif de WABA, la première ouverture des ateliers des artistes de Cotonou et de Porto-Novo, manifestation organisée par Elowa, en 2010, dans le cadre de Regard Bénin.

Pourquoi eux ? Tout simplement parce qu'ils font partie de ceux qui donnent un nouveau souffle aux arts plastiques béninois.

Vu le nombre des artistes, le travail proposé ici est bien évidemment varié ; il couvre aussi bien la sculpture sous ses représentations diverses, statuettes, masques en bois, en métal, en plastique fondu ou en tôle, que la peinture et le dessin, explorés en toute liberté créatrice.

C'est indéniable et dans l'ordre des choses que certaines de leurs œuvres font encore la transition entre un passé de traditions et de croyances, un monde avec des règles bien établies, et le présent, moderne, sans inhibitions, sans tabous mais, souvent déstabilisant et chaotique, en permanente mutation où ils vivent. Mais, ce souffle novateur que j'évoquais traverse l'ensemble de leur œuvre, les arrache à ce mo(n)de connu en les inscrivant dans un parcours que l'artiste défriche ou découvre, toujours en quête, de cette condition qui, on le sait, est la sienne.

Leur travail aborde des thèmes universels : l'identité, la religion, la place qu'on occupe dans le monde, le quotidien, nos craintes et nos espoirs, dans un ballet sulfureux de matières, de formes et de surfaces.

Ils sont 9. 9 "exhibitionnistes" en voyage, 9 "gens du voyage", intérieur celui-ci, 9 comme sang neuf, tous mus par un même désir : proposer leur vision intime du monde.

Ils nous invitent à être du voyage, à nous exposer nous aussi à leur regard, puisque lorsque nous regardons une œuvre, elle nous regarde aussi et ce n'est que ce croisement de regards qui permet la rencontre.


Fabiola Badoï