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samedi 22 août 2020

"(...) Patrice Talon, le choix (...) de 2021, c'est vous (...) !", dixit Pascal Wanou

Dans le cadre de la Journée de Réflexion des artistes et des acteurs culturels

La Grande salle de spectacles du Festival international de Théâtre du Bénin (Fitheb), sis ex-Ciné Vog, à Cotonou, a servi de cadre, le samedi 22 août 2020, à la tenue de la Journée de Réflexion des artistes et des acteurs culturels sur le bilan des actions du Gouvernement dans le secteur culturel, ces cinq dernières années. A l'issue de cette rencontre, une analyse satisfaisante des concernés les a conduits à demander au Chef de l'État, le Président Patrice Talon, de renoncer à sa volonté de n'exécuter qu'un quinquennat. C'était à travers une vibrante allocution présentée par Pascal Wanou, Coordonnateur de la Plateforme des Confédérations et des fédérations d'artistes et d'acteurs culturels du Bénin.

Pascal Wanou, au cours de son allocution 

"Oui, Excellence Monsieur Patrice Talon, (...), la continuité est le gage d'une paix durable et d'un développement certain ; n'arrêtons donc pas la dynamique ! Ensemble, continuons en 2021 !". L'essence de la déclaration effervescente qui a clos la Journée de Réflexion des artistes et des acteurs culturels, qui s'est tenue dans la matinée du samedi 22 août 2020, à la Grande salle de spectacles du Festival international de Théâtre du Bénin (Fitheb), de l'ex-Ciné Vog de Cotonou, concernant le bilan des actions du Gouvernement dans le secteur culturel pour le compte du mandat présidentiel du Chef de l'État, Patrice Talon.


Lue par Pascal Wanou, Coordonnateur de la Plateforme des Confédérations et des fédérations d'artistes et d'acteurs culturels du Bénin, la déclaration indiquée constitue la synthèse du fonctionnement du secteur culturel avant l'arrivée au pouvoir de l'actuel locataire de la Marina face aux réalisations à l'actif du régime de la Rupture et du Nouveau départ depuis son arrivée au pouvoir le 6 avril 2016.


Par conséquent, à en croire Pascal Wanou, sous le couvert des réformes, il faudrait enregistrer la restructuration du névralgique système de financement des arts et de la culture au Bénin par la refonte de l'ex-Fonds d'Aide à la culture (Fac) en Fonds des Arts et de la culture (Fac) avec lequel "seuls les vrais acteurs, quelles que soient leurs positions géographiques et, sans intermédiaires, peuvent obtenir des accompagnements des projets pertinents dont ils sont porteurs", selon le Coordonnateur Wanou, estimant le nombre de projets soutenus à 2000, depuis 2018, l'année de concrétisation de la réforme du mode de subvention de la culture.



D'autres facteurs de satisfaction

Outre le financement à grande échelle des projets émis par les artistes et par les acteurs culturels, Pascal Wanou a évoqué plusieurs autres grands acquis dans le secteur culturel à l'actif du régime du Président Talon, ce que l'orateur a dénommé "les divers chantiers de réforme du secteur culturel". Ainsi, d'abord, du côté du Fac, il a reconnu l'existence d' "une star, 12 dates", une initiative empruntant sa "phase active", de même que "la mise en oeuvre de l'initiative nationale d''animation des territoires" et le "projet de bonification". 


Ensuite, plus généralement, l'intervenant a évoqué "la restructuration du Ministère" de la Culture "avec, pour finir, l'arrimage tourisme et culture", "la création de divers circuits et points d'attraction touristiques", "l'enjeu du retour des biens spoliés", "la réinvention de la cité lacustre de Ganvié", des projets du monde culturel, notamment, "la Marina Avlékété, le Parc de la Pendjari, les chantiers d'Abomey, la Route des Couvents, la Route de l'Esclave, la statue de l'Amazone", sans oublier la mise en place de la Direction des Arts et du livre (Dal), les classes culturelles, "le démarrage du processus d'installation de la Maison de l'Artiste", "le lancement du choeur polyphonique, la recomposition du Conseil d'Administration et le projet de recherches sur le patrimoine culturel immatériel à l'Ensemble artistique national".


Se rapportant au "grand chantier de restauration du statut des acteurs" culturels, le Coordonnateur Pascal Wanou a énuméré six actes forts qu'a concrétisés le Gouvernement du Président Talon afin de "mettre en place une véritable société civile culturelle organisée, unifiée et forte" : l'immatriculation des associations culturelles, la création du Conseil national des Organisations d'artistes (Cnoa), la modernisation de la licence de promoteur culturel, la modernisation du fonctionnement du Bureau béninois du Droit d'auteur et des droits voisins (Bubédra) et l'achèvement de la nomenclature des "métiers artistiques".



L'appel à un nouveau mandat

Étant donné ces  nombreuses réalisations, Pascal Wanou n'a eu d'autre choix que d'appeler, au nom des artistes et des acteurs culturels, le Chef de l'État à revenir sur sa promesse de candidat à n'effectuer qu'un mandat. "Aujourd'hui, nous, acteurs du secteur de la Culture, lançons, solennellement et publiquement, un appel pressant et patriotique au Chef de l'État, le Président Patrice Talon, à rester avec nous dans la barque du développement et à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2021", a-t-il, entre autres, conclu, de même qu'une exhortation à Patrice Talon est revenue à plusieurs reprises : "Avançons !". 



La force d'un acte symbolique


Pascal Wanou, transmettant à Gilbert Déou-Malé la plaque destinée au Chef de l'État

Pascal Wanou, matérialisant les conclusions de la Journée de Réflexion des artistes et des acteurs culturels, ne s'en est pas arrêté à la délivrance de la déclaration mentionnée. Son intervention appartient à un processus savamment mis en place et méticuleusement exécuté qui s'est achevé par la remise à Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture, d'une plaque d'exhortation à la conquête d'un nouveau mandat présidentiel, que cette personnalité devrait remettre au Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, qui est appelé à la transmettre au Chef de l'État.


Plusieurs personnalités participantes

De gauche à droite, Ousmane Alédji, Philippe Abayi, Marcellin Tossou Ahonoukoun et, entre autres, Gilbert Déou-Malé ...

Le public abondant ayant transformé la Grande salle du Fitheb en un oeuf était constitué d'un nombre impressionnant d'artistes, tous domaines confondus, d'acteurs culturels et, aussi, d'une crème de personnalités : Ousmane Alédji, Chargé de Mission du Chef de l'État, Marcellin Tossou Ahonoukoun, Député à l'Assemblée nationale, Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fac, Marcel Zounon, Directeur de l'ensemble artistique national, Koffi Attédé, Directeur général des Arts et du livre, Claude Balogoun, Trésorier général du Conseil économique et Social (Ces), Philippe Abayi, Président du Conseil national des Organisations d'artistes (Cnoa), les artistes très célèbres Nel Oliver, Alèkpéhanhoun, Vincent Ahéhéhinnou, Alèvi, Gbèzé, Pélagie la Vibreuse, notamment, et plusieurs acteurs culturels : Koffi Adolphe Alladé, Stanislas Dègbo, Jean-Pierre Hounti-Kiki.
... et bien d'autres artistes et acteurs culturels, ont pris part à la Journée de Réflexion

Il s'agit d'une manifestation dont l'Administrateur du Fac, Gaston Éguédji, était le Président du Comité d'Organisation. Il a, par une courte allocution, lancé les activités de présentation des conclusions de la Journée de Réflexion, avant que ne se succèdent quelques tableaux de chants accompagnés des danses du cru des régions du Bénin. 


Il reste à savoir si le Président Patrice Talon se laissera fléchir par l'appel des artistes et des acteurs culturels béninois, à quelques petits mois de l'élection présidentielle.

Marcel Kpogodo

mardi 18 septembre 2018

« […] toute personne qui contemple mes tableaux doit aller au-delà des objets … », selon l’artiste plasticien Karimou Assani

Dans une interview accordée à notre Rédaction

Succinct dans le propos, la concision de ses idées laisse découvrir l’impensable : la force, l’explosion d’un message que concentrent en elles des œuvres, une série d’œuvres conçues à l’aide du vent, de la chaleur, de la fraîcheur, de grains de sable. Ainsi, Karimou Assani dompte l’attention du visiteur ; il s’agit d’un artiste plasticien à découvrir, même s’il parle plus par ses créations que par le son que libèrent ses lèvres …

Karimou Assani, à l'instant sacré de la création ...
Le Mutateur : Bonjour Karimou Assani. Vous êtes un artiste peintre d'un genre particulier, étant donné que vous réalisez vos tableaux en utilisant des matériaux comme du sable, des allumettes et de la colle. Pouvons-nous comprendre comment vous travaillez ? 

Karimou Assani : Bonjour à vous. Il est vrai que je suis un artiste plasticien d'un genre particulier. Pour la réalisation de mes œuvres artistiques, j'utilise les allumettes, du sable, des cauris, des coquillages, certains objets de récupération observables dans la nature ... Bien sûr que oui. Mon travail part toujours d'une inspiration. Une fois que je suis inspiré, je conçois la maquette de l'œuvre  à réaliser ; je réunis ensuite tous les éléments, les matériaux pouvant servir à la réalisation de ladite œuvre. Et, enfin, je commence à les agencer quand il le faut. La durée de réalisation varie d'une œuvre à une autre.


Pourquoi le choix de ces matériaux ? 

L'artiste a plusieurs manières de s'exprimer. Moi, je préfère utiliser les quatre éléments de la nature, la terre, le feu, l’eau et l’air, pour m'exprimer à travers mes  tableaux. Vous verrez souvent le feu que les bûchettes d'allumettes symbolisent. La terre est représentée par des grains de sable ou par des résidus d'écorce d'arbres. L'eau est portée par des liquides tels que la colle et du vernis. L'air est symbolisé par le maintien en équilibre des éléments précités.


Les toiles qui ressortent de l'utilisation de ces matériaux donnent l'impression de ne pas bénéficier de luminosité. Qu'en dites-vous ? 

Quelques oeuvres ...
Je suis heureux que vous ayez parlé d'impression. Les matériaux que j'utilise n'ont rien d'extraordinaire. Ils se trouvent dans la nature et sont à 50% naturels et à 50% artificiels. Et, c'est de cet équilibre que naît tout l'éclat du tableau. Pour moi, toute personne qui contemple mes tableaux doit aller au-delà des objets, car, le vrai message véhiculé est toujours dans les profondeurs de l'œuvre.


Quels thèmes vous inspirent ? Quel message êtes-vous soucieux de faire passer ? 

de l'artiste plasticien
Je n'ai pas un thème fixe. Je me laisse guider, au jour le jour, par les différents thèmes qui me  hantent. Ils peuvent être des faits sociaux, des faits religieux, des faits politiques, des faits culturels, ... Pour une vie paisible, il faut l'équilibre entre les éléments constituant l'Univers.


Où et comment vous rencontrer pour se procurer vos œuvres ? Avez-vous un appel à lancer au public ?
Contactez-moi par WhatsApp au (00229) 97573662 pour vous les procurer. J'exhorte le public béninois et les étrangers à nous accompagner dans la promotion de nos œuvres artistiques. 

''De l'Hexagone à la Marina : un homme et un destin''
« Ce tableau, intitulé ’’De l’Hexagone à la Marina, un homme et un destin’’, est une représentation artistique qui symbolise le parcours atypique d’un homme : Patrice TALON, actuel Président de la République du Bénin.
Les cinquante-huit (58) cauris utilisés, dans le cadre de la réalisation de ce tableau, correspondent à son âge à l’accession au pouvoir. Les trois (3) cauris formant un triangle isocèle représentent, respectivement, la Première Dame et les deux enfants du couple présidentiel. C’est au contact de ces trois (3) personnes que l’homme excelle dans ses œuvres.
Aussi avons-nous deux (2) cartes : celle de la France et celle du Bénin. Elles retracent les deux (2) territoires qui ont marqué son histoire. Son exil forcé du Bénin pour la France et son retour triomphal de la France pour le Bénin où il arrive à accéder à la Marina », Assani Karimou, Artiste plasticien et Professeur d'Allemand.  

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 5 juin 2018

Barnabé Laye au Bénin, la fausse note d’Oswald Homéky


Découverte à la faveur d’une conférence tenue à Cotonou

L’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire, à Cotonou, a accueilli une grande conférence littéraire au centre de laquelle se trouvait un écrivain de forte stature : Barnabé Laye. L’événement s’est déroulé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018 et a réuni une large brochette d’universitaires, d’écrivains, d’hommes et de femmes de lettres et de culture. Un couac, cependant : le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a été indexé dans un acte peu recommandable manifestant son profond mépris pour le secteur littéraire béninois.

Barnabé Laye
’’La parole et le feu’’, un livre que, depuis environ deux mois, Oswald Homéky, s’acharne à ne pas récupérer alors qu’il émane d’une personnalité dont l’influence dans la littérature béninoise est avérée : l’écrivain vivant en France, Barnabé Laye. Un tel comportement semble hautement méprisant et profondément révélateur du grand problème que pose un positionnement politique, ce qui a été vivement dénoncé dans la matinée du jeudi 24 mai 2018, à l’amphithéâtre ’’Christophe Sadeler’’ de l’Institut des Sciences biomédicales appliquées (Isba) du Champ de foire de Cotonou, au cours de la phase des débats, consécutive à la présentation des exposés liée à la conférence publique consacrée à rendre hommage à cet auteur béninois.

L'ouvrage ''La parole et le feu''
Selon Florent Couao-Zotti, en tant que représentant du Ministre de la Culture, mandaté comme tel par cette autorité, lui avait dirigé la délégation béninoise qui avait participé au Salon du livre de Paris, du 13 au 19 mars 2018. Et, ayant profité de ce séjour parisien pour rendre visite à Barnabé Laye, l’éminent poète avait demandé au chef de la délégation de transmettre au Ministre Homéky son ouvrage, ’’La parole et le feu’’, l’un des derniers qu’il a écrit et qui constitue l’anthologie de sa production littéraire, étant paru à Paris au début du mois de décembre 2017 à ’’Agora éditions’’, et ayant 416 pages.
A en croire toujours Florent Couao-Zotti, à son retour au Bénin, la fin du mois de mars l’a vu déposer le rapport des activités menées à Paris au cabinet d’Oswald Homéky, celle-ci, assortie d’une demande d’audience pour, entre autres, lui remettre l’ouvrage dont il était le porteur pour lui. Et, jusqu’au 24 mai, au moment de son intervention à la conférence sur Barnabé Laye, l’autorité ne l’avait encore reçu. Pire, contacté à ce sujet par notre Rédaction, le vendredi 1er juin 2018, l’audience n’avait pas encore été accordée à l’écrivain, en dépit de l’intervention, au niveau du Ministre, de personnalités de trempe du monde des arts et de la culture.  


Positionnement politique absurde

Pour un profane du secteur culturel, ne pas accorder plus d’importance à un écrivain de taille que lorsqu’il s’agit de l’envoyer en mission, cela ne pose aucun problème. Pour un non habitué du secteur culturel, banaliser la réception d’une commission envoyée par un écrivain de poids, cela n’est rien. Pour une personnalité qui ne connaît absolument rien aux codes de fonctionnement du monde culturel, ne pas contribuer à dresser le tapis rouge présidentiel à un cinéaste béninois qui, de haute lutte, a conquis l’Etalon d’Argent au Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco), dans son édition 2017, cela n’a rien de grave. Cependant, pour ceux qui fonctionnent nuit et jour dans le domaine des arts et de la culture, qui y souffrent pour créer, qui en tirent l’essentiel de leurs revenus substantiels, qui, par conséquent, se trouvent, consciemment ou inconsciemment, à l’affût du moindre signe visant à reconnaître la portée du fruit de leurs sacrifices, de leur labeur, de leurs peines, les cas d’actes de manquement, précédemment évoqués, sonnent comme un sacrilège, comme une faute forte qui devrait décourager de continuer à créer, si l’on devait tenir compte de sa profonde gravité.
Une grosse situation ! Le ver qui, malheureusement, détruit le fruit ! Si Oswald Homéky, chef d’entreprise, homme de confiance et d’écoute du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon, qui a été fait Ministre, entre autres, de la Culture, pour y rassembler une famille écartelée, désunie, et qui, après sa prise de service, dans ses premiers propos en direction des acteurs culturels, leur avait garanti de connaître et de maîtriser la maison et ses problèmes, puis de s’atteler à les résoudre, qui, le 21 février 2018, à l’Hôtel ’’Golden Tulip Le diplomate’’, avait présenté le Programme d’actions du Gouvernement (Pag), dans son orientation culturelle, rassurant de sa bonne foi, de sa bonne volonté, cette personnalité gouvernementale, dans ses actes, donne l’impression que c’est tout le contraire de cet état d’âme, qui fait battre son cœur, le mépris affiché vis-à-vis des écrivains Florent Couao-Zotti et Barnabé Laye n’étant que la face visible de l’iceberg, l’arbre cachant la forêt de toute une gestion déplorable du secteur culturel avec, à la clé, des promesses non tenues.
En effet, le 21 février 2018, Oswald Homéky avait notifié aux artistes le projet de recensement des festivals importants se déroulant à l’international et l’octroi d’un appui à ceux-ci pour une participation effective à ces rendez-vous. Dans la réalité, la treizième édition de la Biennale de Dakar, qui s’est déroulée du 3 mai au 2 juin 2018, n’a pas permis à son institution de financer le déplacement d’artistes contemporains béninois vers cet événement, malgré leurs démarches en direction de son cabinet. Pour un autre festival, en préparation de tenue dans un pays d’Amérique du Nord, le meilleur que le Ministère de la Culture a pu faire est d’octroyer une Attestation d’artiste comme un document pouvant faire obtenir un visa !
En réalité, les belles paroles, très rassembleuses mais politiquement réfléchies, ne suffisent plus : Oswald Homéky est difficilement à la hauteur de la tâche, ce qui devrait amener le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités en confinant cette personnalité aux Sports, vu qu’elle a réussi, par deux fois, en 2017 et en 2018, à octroyer des subventions aux fédérations sportives, et à donner du financement aux clubs de football des première, deuxième et troisième divisions. Et, ce ne sont pas les personnalités inculturées qui manquent pour voir confier à l’une d’elles un Département des Arts et de la culture, radicalement détaché des Sports.


Un carré pour un secteur culturel

En lieu et place d’Oswald Homéky à la Culture, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour dénicher la perle rare, bonne connaisseuse du secteur et capable d’y apporter, enfin, le bonheur, surtout que plusieurs personnalités, quatre précisément, gravitent dans l’environnement plus ou moins proche du premier des Béninois.
Premièrement, Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge, essayiste, administrateur d’espace culturel, collectionneur d’art, promoteur culturel et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), est si compétent pour être Ministre de la Culture que le Président de la République l’a d’abord retenu auprès de lui comme ses Conseiller culturel et Chargé de mission. N’est-il pas temps de le mettre au fourneau de la charge ministérielle pour la réalisation de prouesses dans la maison ’’Culture’’ ?
Deuxièmement, Gilbert Déou-Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), historien de formation et, par-dessus tout, artiste chanteur et danseur du ’’Tchingoumè’’, l’une des musiques traditionnelles phare du Bénin, de son nom d’artiste, Ohangnon, il pilote une troupe multivalente, artistiquement parlant, et manifeste une imprégnation des réalités intrinsèques du secteur culturel béninois, portant un langage et des idées qui fascinent les artistes et les acteurs culturels.
Troisièmement, Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national, artiste, à la base, du secteur de la danse, Directeur de la troupe ’’Towara’’ et Président du Festival des Rituels et des danses masquées (Féridama), pétri d’humilité, moulé dans le fonctionnement administratif et financier propre au circuit de l’appui aux initiatives culturelles, toujours vêtu de costumes de chez nous.
Quatrièmement, Claude Balogoun, comédien, metteur en scène, dramaturge, romancier, promoteur culturel, Directeur général de la Société ’’Gangan Prod’’, mécène culturel et représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces). Une véritable tête pensante qui, à son actif, trouve, notamment, l’idée fonds de démarrage visant à faire tourner les arts et la culture au Bénin.
Si le nombre n’est nullement exhaustif des personnalités pouvant être pressenties pour prendre les rênes du Ministère de la Culture, ces quatre, évoquées ci-dessus, constituent une crème de profils affinés par une pratique et une expérience de plusieurs décennies dans le secteur culturel béninois, le prochain remaniement ministériel étant une chance qu'aurait dû saisir le Président Talon pour positionner une personnalité inculturée au Ministère de la Culture, ce qui aurait contribué à montrer sa rupture avec le comportement habituel des chefs d’Etat béninois consistant à faire de Département ministériel le point de chute et de remerciement des hommes politiques qu’on n’aurait pas réussi à caser à des postes considérés comme plus sérieux, plus influents.

Marcel Kpogodo  

mercredi 4 octobre 2017

Le poignant mot à l’indignation diplomatique d’Aris Dagbéto à Patrice Talon

Dans le cadre d’une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat

L’accession au pouvoir du régime du Nouveau départ, le 6 avril 2016, a suscité un grand espoir d’une vie radieuse, très vite déçu, notamment, dans le secteur des Arts et de la culture. Sous le prétexte de réformes qu’on y opère, il connaît, depuis plus d’une quinzaine de mois, une anomie et une sécheresse artificielles, fondées sur la mise en priorité du tourisme sur la culture, une situation sur laquelle l’artiste peintre béninois Francel Aris Dagbéto attire l’attention du Chef de l’Etat, dans une courte lettre ouverte aux contours d’une tristesse digne, d’une révolte sage et contenue. A lire …

Francel Aris Dagbéto

Intégralité de la Lettre ouverte de l’artiste Francel Aris Dagbéto

Je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui, Monsieur le Président de la République du Bénin, Son Excellence M. Patrice Talon, parce que, comme tous les Artistes Béninois qui ont encore une conscience, notre corporation souffre, notre honneur est amputé, notre fierté est écorchée. Je porte aujourd’hui, Monsieur le Président, la voix de tous les Acteurs culturels du pays pour vous dire que ça ne vas pas.

L’acte que je pose aujourd’hui, devant le destin et l’histoire, n’est aucunement une improvisation, mais une réalité que beaucoup d'entre nous n'osent pas crier haut et fort en préférant se taire, mais ce silence commence à tuer plus d'un. Je suis donc triste et indigné, face à notre sort.
Mon pays est reconnu par sa diversité Artistique, culturelle et touristique. Mais, que sera le tourisme sans les Acteurs culturels ?

Portrait circonstanciel de Patrice Talon, par Francel Aris Dagbéto
C'est juste une question innocente que je me permets de poser, en sachant bien que vous y pensez fermement et on vous en remercie.

Il faut aimer son pays pour accepter d’y vivre dans les conditions dans lesquelles nous, Acteurs culturels Béninois, sommes actuellement ; il faut aimer le Bénin, pour accepter de mourir pour le Bénin. Engageons le combat et attaquons le mal là où il est, avec les moyens disponibles. Les Artistes du Bénin sont déterminés à travailler pour le rayonnement du Bénin, Culturellement parlant, mais dans de meilleures conditions de vie et de travail.
Pour la gloire et la grandeur du Bénin, nous vaincrons.

Francel Aris Dagbéto

dimanche 23 juillet 2017

« Non à la martyrisation des journalistes culturels!», exige ''Le Noyau Critique''

Dans le cadre de la Session Extraordinaire de son Bureau Directeur

Le vendredi 21 juillet 2017 s'est achevée la Session Extraordinaire du ''Noyau Critique'', Association de Journalistes Culturels et de Critiques d'Art pour le Développement. Débutée le jeudi 20 juillet, cette réunion avait, comme unique question, à l'ordre du jour, la situation déplorable créée à la corporation des journalistes culturels béninois par la participation des artistes du Bénin aux 8èmes Jeux de la Francophonie, du 21 au 31 juillet 2017, en Côte d'Ivoire. A l'issue de sa Session Extraordinaire, le Bureau Directeur du ''Noyau Critique'' a rendu public un Communiqué de presse. 





Communiqué de presse


Non à la martyrisation des journalistes culturels !


Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ s’est réuni en une Session Extraordinaire, à Cotonou, du 20 au 21 juillet 2017, pour se prononcer sur la situation, à triple niveau, générée par la participation des artistes de notre pays, le Bénin, aux 8èmes Jeux de la Francophonie, du 21 au 30 juillet 2017.

Le premier niveau du scandale a consisté, pour le Secrétariat Général à la Présidence de la République, à écarter, délibérément, pour des  « raisons budgétaires », trois artistes parmi les huit, officiellement et rigoureusement sélectionnés par la Francophonie, pour participer à une compétition planétaire. Il s’agit d’un comportement profondément délétère, pour l’univers des Arts et de la Culture du Bénin, qui, par la suite, a généré l’affaire ’’Mireille Gandébagni’’, du nom de l’une des artistes écartés.

Cette situation interpelle l’ensemble des artistes et des acteurs culturels du Bénin, dont bon nombre sont souvent victimes de ce genre de machination, et qui communiquent rarement là-dessus, de peur de représailles ultérieures. Dans le cas du scandale largement répandu et déploré au Bénin, en Afrique et à travers le monde, par le biais de son relais sur les réseaux sociaux, il faut saluer le courage qu’a manifesté la jeune écrivaine, Mireille Gandébagni qui, devant le constat administratif de son écartement, a choisi de ne pas se laisser faire, de ne pas se taire, ce qui a conduit à la révélation de l’affaire, preuves à l’appui, à des journalistes culturels qui, sans tarder, en ont fait un large écho dans tous les canaux d’information et de diffusion dont ils avaient la maîtrise.

Ainsi, dans le but de mettre fin au traînement dans la boue de l’honorabilité du Chef de l’Etat, du Gouvernement et de son Ministère du Tourisme et de la Culture, des mesures urgentes furent prises, à des niveaux élevés et insoupçonnés de la gestion des affaires de l’Etat, pour une réparation urgente de l’injustice, ce qui a abouti à la réintégration de Mireille Gandébagni et, notamment, du photographe d’art, Yannick Folly, dans la liste des artistes sélectionnés par la Francophonie pour participer aux Jeux de l’année 2017, en Côte d’Ivoire.

Ainsi, de fait, entre autres, ces deux artistes, ré-inclus dans la délégation béninoise, ont effectué le départ du Bénin vers la Côte d’Ivoire, dans l’après-midi du mercredi 19 juillet 2017. Ceci est un dénouement heureux que salue le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’, au nom de tous les journalistes culturels membres de cette Association de Journalistes Culturels et de Critiques d’Art pour le Développement.

Par ailleurs, le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ en appelle à l’observation permanente et à la vigilance accrue des artistes et des acteurs culturels, de même qu’à celles de l’opinion publique nationale et internationale, afin que de pareils cas d’exclusion soient diligemment dénoncés, et pour que Mireille Gandébagni ne soit pas, plus tard, punie de son courage, par quelque manœuvre que ce soit, venant des autorités de notre pays, à son retour de la Côte d’Ivoire, et à la reprise de ses activités, au Bénin.

Quant au deuxième niveau de l’Affaire ’’Mireille Gandébagni’’, il se rapporte à la renonciation par les artistes marionnettistes à leur participation aux 8èmes Jeux de la Francophonie.

En effet,  pour des raisons de « restrictions budgétaires », les marionnettistes ont vu amputer leur groupe de deux membres, ce qui a amené ces cinq artistes, du fait de la rupture de la cohésion de leur spectacle, à renoncer solidairement à se rendre à Abidjan. Gravissime !

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ analyse comme extrêmement grave le fait pour le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture d’avoir laissé se concrétiser ce retrait, sans lever le petit doigt, privant les marionnettistes de l’opportunité de faire évaluer leur spectacle, à un niveau aussi élevé d’une compétition internationale. N’aurait-on pas pu purger la liste officielle de la délégation béninoise des artistes de deux accompagnateurs ? Cela n’aurait-il pas permis de récupérer les deux marionnettistes exclus et, par conséquent, de reconstituer leur indestructible groupe de cinq acteurs ?

Enfin, le troisième niveau scandaleux de l’Affaire ’’Mireille Gandébagni’’ tient à la participation officielle des journalistes culturels à la couverture des 8èmes Jeux de la Francophonie, dans le volet culturel de ces manifestations compétitives.

La consultation de la liste des membres de la délégation des artistes, dirigée par M. Bernard Bétinida, Directeur Adjoint des Arts et du Livre, permet de remarquer la présence d’un ’’journaliste culturel’’ ayant effectivement fait le déplacement de la Côte d’Ivoire, le mercredi 19 juin 2017 : Magloire Dato !

En questionnant les faits, le Bureau Directeur de l’Association culturelle ’’Le Noyau Critique’’ ne parvient pas à trouver les traces permanentes et actualisées des activités professionnelles du Sieur Magloire Dato, dans le secteur des Arts et de la Culture, au Bénin, qu’il s’agisse, notamment, de la couverture médiatique des manifestations dans ce domaine, de la publication d’articles ou de sa participation à des formations initiées par les associations y opérant.

Connu comme le Directeur de Publication du quotidien ’’L’Actualité’’, le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ s’interroge sur les critères ayant permis de choisir M. Magloire Dato comme le journaliste culturel devant appartenir à la délégation des artistes. N’aurait-il pas été plus pertinent pour le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture de se référer aux trois associations des Journalistes Culturels pour que, de commun accord, elles désignent un professionnel approprié, versé dans le traitement continuel de l’information culturelle, aux fins d’une participation de qualité des journalistes culturels aux 8èmes Jeux de la Francophonie ?

Avoir décidé de passer outre un processus aussi bien consensuel que rationnel met le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture dans une situation de fragilisation, de tuerie et d’enterrement de la corporation des journalistes culturels, un catastrophisme déplorable contre lequel s’insurgent avec véhémence les journalistes culturels réunis au sein de l’Association ’’Le Noyau Critique’’, et représentés par son Bureau Directeur. Un tel procédé de désignation donne l’impression que le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture considèrent que les journalistes culturels doivent suer sang et eau, se tuer à la tâche, avoir des salaires ridicules, travailler sans salaire, pour la grande majorité d’entre eux, mais ne doivent jamais jouir des rares avantages liés à leur métier si difficile que peu de professionnels des médias veulent bien se sacrifier pour l’exercer.

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ constate avec amertume l’état de dénuement dans lequel végètent les journalistes culturels et où travaillent à les maintenir les autorités gouvernementales, par de tels comportements d’exclusion et de dérision.

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ prend à témoin de cette situation, le peuple béninois, les artistes et tous les acteurs culturels, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), les structures faîtières des journalistes béninois que sont le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel du Bénin (CNPA-Bénin) et l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB), l’opinion publique nationale et internationale, afin qu’il soit mis fin à la martyrisation des journalistes culturels.


Cotonou, les 20 et 21 juillet 2017

Pour le Bureau Directeur de l’Association culturelle ’’Le Noyau Critique’’,

Le Président,

Marcel KPOGODO

mardi 11 juillet 2017

« […] demander à un artiste de venir emprunter de l'argent, je peux garantir que ça ne marchera jamais », dixit Meschac Gaba

Dans une interview accordée à notre Rédaction

Depuis la dernière semaine du mois de juin 2017, l’artiste plasticien béninois, Meschac Gaba, est en exposition à la Galerie ’’Tanya Bonakdar’’ de New York. De retour de cette ville américaine et, en marge d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder pour discuter de cette exposition, l'artiste montre un avis complètement défavorable face à l’idée du Ministère béninois de la Culture de soumettre les artistes et les acteurs culturels à un Fonds de bonification …

Meschac Gaba

Le Mutateur : Meschac Gaba, bonjour à vous. Vous revenez  de New-York où vous avez lancé votre exposition à la Galerie ’’Tanya Bonakdar’’. Comment s'intitule cette exposition ? 

Meschac Gaba : Cette exposition s'intitule ’’Solo Meschac Gaba’’.


 
Dans quel cadre cette exposition a-t-elle été organisée à New-York ?

Cette exposition, comme c'est une galerie commerciale, je travaille avec elle, elle travaille avec d'autres artistes. Donc, tous les deux ou trois ans, les artistes qui travaillent avec elle, elle leur donne l'opportunité de faire une exposition-vente. Ce n’est pas une exposition muséale ou institutionnelle, c’est une exposition où les travaux seront vendus.


Ces expositions vont durer combien de temps ?

Je pense, normalement, un mois, mais la Galerie peut montrer ces travaux, ces œuvres dans des foires ou dans des musées.


Vous avez envoyé à cette galerie trois œuvres fondamentales, trois œuvres qui interpellent. Est-ce que vous pouvez, une à une, les prendre, donner leur titre et nous expliquer leur concept ?

Je vais commencer pas ’’Les perruques de Washington’’, une œuvre qui a été réalisée à Cotonou et qui a été montrée en défilé au ’’Centre’’ de Godomey, à Atrokpokodji. 
''Les perruques de Washington'' (Crédit photo : Meschac Gaba)

Ce sont des perruques de Washington ; c'est dans cette ville de Washington que je les ai faites en perruque. Je pense que ce travail n'est plus nouveau pour quelqu'un ; ce sont des tresses, mais c'est des formes de buildings qui se trouvent à Washington.


''Reflexion room'' (Crédit photo : Meschac Gaba)
La deuxième œuvre s’appelle "Reflexion room’’. C’est une tente qui est faite avec les drapeaux déformés du monde ; ça peut faire penser peut-être à l'Amérique où tu retrouves toutes les nationalités, ou à une ville africaine, comme l'Afrique du Sud, pour ne pas même épargner le Bénin, parce qu'à l'heure où nous parlons, je ne sais pas s'il y a un pays nationaliste qui existe vraiment. Si un pays nationaliste existait, on serait en train de faire cette interview en fon ; on la fait en français, donc, d'une manière ou d'une autre, tous les pays du monde sont devenus un peu internationaux. Si on parle de globalisation, on retrouve tout le monde sous la même tente, avec le problème de chacun, car le Bénin ne peut pas avoir les mêmes problèmes que les Etats-Unis et les Etats-Unis ne peuvent pas avoir les mêmes problèmes que le Bénin.

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Et la troisième œuvre, s'il vous plaît ?

La troisième œuvre, c'est ’’Hommage aux  noyés’’. 

''Hommage aux noyés'' (Crédit photo : Meschac Gaba)

J'ai fait cette œuvre par rapport aux réfugiés et aux immigrants qui, l'année passée, sont tombés et, même, maintenant, tombent par centaines ou par milliers, dans la mer, en prenant des bateaux de petite fortune, pour aller chercher quel bonheur ? On ne sait pas … Le rêve de l'eldorado …, mais qui finissent beaucoup, noyés, dans la mer. J'ai fait ça en hommage à ces réfugiés parce que comme je te l'ai raconté, nous, à une époque, on a habité le quartier ’’Maro millitaire’’ (A Cotonou, Ndlr). C'était proche de la mer.
Donc, il y avait beaucoup de noyades dans la mer. Les gens, nos parents ou nos amis, ils mettaient du tissu et des lanternes à la mer quand un de leurs proches était noyé, pour que son esprit ne vienne pas pleurer à la maison et les déranger ; j'ai fait ça en hommage aux réfugiés. C’est pour ça qu’il y a trois lanternes et beaucoup de draps ; c'est symbolique.


Mais, on constate qu'à travers ces trois expositions, il y une couleur culturelle purement béninoise, surtout quand on prend la dernière œuvre que vous avez expliquée ; vous y avez utilisé le cru du Bénin, la mentalité béninoise …

Au fait, je suis Béninois, je suis né à Cotonou. Bien sûr que j'ai vécu en Hollande, mais c’est quand j'avais 35 ans que j’ai voyagé pour ce pays. Donc, la culture béninoise est ancrée en moi, mon travail ne peut pas échapper à ça, mon travail reflète la culture béninoise.


Quels sont les artistes que vous avez côtoyés à New-York, au cours de votre exposition qui devrait durer un mois ?

Il y avait quelques artistes dont Mark Dion ; c'est un artiste américain.  En dehors de lui, il y avait de jeunes artistes que la galerie m’a présentés. Avec Mark Dion, on était dans le même dîner. Dans l’exposition, j’ai aussi rencontré des curateurs et des directeurs de musées, des consultants d’art. Et puis, je connais d'autres artistes ivoiriens qui étaient à New-York, mais j’étais trop occupé à montrer mon exposition, pour aller leur rendre visite. Ce sera pour une autre exposition.  


Quand on imagine les perruques et les lanternes, est-ce que cette exposition a été difficile à monter ? 

Non. Dans une galerie, on dispose d’au moins cinq assistants. Donc, comme j'étais là pour cinq jours, cela a été monté,  dans les délais ; je ne peux pas dire que c'était difficile, c'était ok, c'était bon.


De quelle manière les Américains chez qui vous avez exposé ces trois œuvres ont récupéré cette mentalité béninoise ? Est-ce que vous avez réussi à leur inculquer toute cette réalité qui vient du Bénin et qui vous a vraiment inspirée ?

C'est une bonne question. Tu sais, quand je fais mon travail, je pense que je suis artiste, je ne suis pas un artiste nationaliste, je suis un artiste international, je fais mon travail que chacun interprète à sa manière, mais je ne fais pas un travail en ne pensant qu'au Bénin, je fais un travail en pensant au monde entier, parce que le problème que le Bénin a peut dépendre du monde ; on ne gagne rien en se renfermant et, il n'y a plus aujourd'hui, dans le monde entier, un pays qui a un problème qu'il peut gérer tout seul, donc, mon travail est plus ouvert sur le monde que renfermé sur le Bénin. Alors, dans mes expositions, je ne mets pas un accent grave sur le Bénin, mais le Bénin fait partie de l'histoire de mon travail.


On constate que vous n'avez pas changé votre tendance cosmopolite, votre tendance internationaliste qu'on a vue à travers des expositions, comme ce que vous avez fait lors de la Biennale ’’Regard Bénin’’ de 2012. On avait vu beaucoup de drapeaux et on constate que votre tendance vraiment universaliste est permanente et, pourtant, il y a des pays qui refusent de recevoir des réfugiés, il y a des pays qui rejettent les étrangers, il y a beaucoup de pays en Europe qui ont opté, à travers les élections, pour des partis purement nationalistes, hostiles à l’entrée des étrangers sur leur territoire ...

Je pense que ça va passer ; c'est des trucs qui ne marchent pas. Je pense que, d'une manière ou d'une autre, ces petites histoires de nationalistes, ça ne va pas durer un temps, ça ne va pas aller loin parce que le monde sera le monde. Tu sais,  si tu prends l'histoire de la Chine, c'est le marché mondial, c'est là où les gens ont fabriqué tout, donc, il n'y a plus de pays aujourd'hui qui puisse se renfermer sur lui-même. Le reste, c'est pour attirer des élections populaires. C'est tout, ça s'arrête là !


Avez-vous la même interprétation par rapport aux États-Unis qui ont voté pour Donald Trump, un républicain archi-nationaliste ?

(Gros rires) Tu vois, c'est une question qu’on se pose : est-ce que cette personnalité ne joue pas ? Est-ce qu'on connaît vraiment cette personne ? La même personne qu'on dit qu'elle est archi-nationaliste, avant de descendre au Bénin, j’ai lu, sur les réseaux sociaux, que ce Président a proposé un décret pour que les Congolais viennent en Amérique sans visa. Donc, c'est un peu ambigu. Tu comprends ! Je pense qu'on doit faire un peu attention, pour lui donner un peu de temps, parce que Trump, il vient de commencer, ça fait à peine deux ou trois mois, donc, il faut lui donner du  temps : un an ou deux ans. Oui, pour qu'on puisse vraiment le juger, parce que, moi, j'étais choqué et embêté de voir un président qu'on dit très nationaliste mais qui dit que les Congolais peuvent venir en Amérique sans Visa.
Parfois, ces personnes jouent pour gagner les élections. Alors, si ce Président dit que les Congolais peuvent entrer en Amérique sans visa, ça veut dire qu’il n'est vraiment pas contre les Africains. Maintenant, s’il y a des pays qui ont des dettes économiques à régler avec l'Amérique, c'est leur problème ; ce n'est pas l'Afrique qui a ce problème à régler avec l'Amérique. 


Vous vivez, le plus clair de votre temps, en Hollande, mais vous êtes au Bénin actuellement. Est-ce que vous permettez qu'on parle politique ? 

Ouais, c'est une bonne question. Je ne connais  pas trop la politique béninoise et, c'est ce que tu connais que tu peux critiquer. On entend, dans la rue, les gens qui se plaignent un peu. Moi, je ne me plains pas. Tu comprends ? Et, si je veux parler de la politique béninoise telle que je la comprends, pour le Président, il faut donner encore un an ou deux ans pour voir, parce qu'il a hérité d'un pouvoir. Si tu hérites d'un pouvoir, il y a beaucoup de choses à corriger et, je ne sais pas s'il a hérité d'un pouvoir où l’on a laissé beaucoup d'argent ou d'un pouvoir où il y a beaucoup de dettes. Si c'est un pouvoir où il y a beaucoup de dettes, même si l’on dit qu'il est milliardaire, il ne va pas donner tout son argent pour régler le problème d'un pays. Son argent ne peut pas devenir l'argent de la trésorerie béninoise. Alors, il faut lui donner un peu de temps pour voir. Maintenant, si on n’est pas satisfait, comme il a dit qu'il va faire cinq ans, il va les faire et il saura qu'il a mal dirigé, mais on ne va pas se mettre à le bouder, à le critiquer. C'est difficile de diriger, hein, même une petite entreprise ! 



Meschac Gaba, votre dernière exposition au Bénin, c'était le 4 février 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, situé au quartier Atrokpokodji. Cela vous a permis de rencontrer beaucoup d'autres artistes béninois, à travers le vernissage qui a eu lieu. Quels sont les retours que vous avez eus par rapport à cette exposition, quelques mois auparavant ?

Les retours ? Tu sais, c'est un travail expérimental que j'ai fait par rapport aux peintures et, des journalistes ont produit des articles là-dessus ; je ne connais pas l'opinion du public concernant ce travail, mais je sais qu'il y avait du monde. J'étais heureux que le public béninois s'y soit intéressé et puis, il y a une galerie sud-africaine que cela a aussi intéressé, et deux quand même de ces peintures exposées ont étés vendues à la Foire de Bâle de 2017, mais à un très bon prix ! Donc, je pense que cela a été positif pour moi. Tu vois ? On n’a même pas fini l'année et j’ai commencé à vendre ces peintures sur des marchés internationaux. Donc, je remercie ’’Le Centre’’, qui m’a donné l'opportunité de faire cette exposition parce que, quand tu veux expérimenter quelque chose, tu as besoin d'un espace aussi pour le montrer. Cet espace qu’est ’’Le Centre’’ m’a permis d'expérimenter quelque chose ; ça me permet de continuer dans ce sens, avec les peintures.


On peut dire que votre jardin privé d'où vous avez tiré vraiment la substance de ces tableaux si extraordinaires que vous avez réalisés, ce jardin privé que vous nous avez donné le privilège de visiter vous a porté chance …

Ouais, je peux le dire ! Cela m’a porté bonheur. Tu a vu que quand tu es entré tout à l'heure chez moi, j’y étais … C'est un jardin que j'aime et qui m'inspire, donc, je suis tout le temps en train d'arranger les plantes.


Quelles sont vos relations avec les artistes d'art contemporain qui sont au Bénin ? Qui sont ceux que vous fréquentez le plus ? Qui sont ceux qui viennent vous voir, vous qui êtes souvent en Hollande ?

Je fréquente Dominique Zinkpè. Je pense qu'il est un peu occupé maintenant, donc, je le fréquente moins : il gère deux structures, il a son propre travail, il doit être très occupé. Pour le reste, on se retrouve sur les réseaux sociaux, comme avec Charly d'Almeida, Bello, puis, il y a aussi Gratien Zossou, Koffi Gahou et Kouass, qui sont des amis à moi et, quand on a l'occasion de se rencontrer, de créer des situations, on le fait. Maintenant, il y a d'autres jeunes dans mon quartier qui ont un café à côté ; quand je passe, je leur dis bonjour.


Vous voulez parler du ’’Parking bar’’ de Fidjrossè ?

 Ouais. 


Vous avez sûrement entendu parler de la polémique des réformes au Ministère de la Culture, des réformes au niveau du Fonds d'aide à la culture. Tout à l'heure, vous avez parlé de Koffi Gahou. Avez-vous appris qu’il a publié une Lettre ouverte au Président de la République sur le Fonds d'aide à la culture ?

J'aimerais bien la lire ... Après l’avoir lue, je vous en donnerai mon point de vue.



Que dites-vous de la polémique sur les réformes au Ministère de la Culture, et qui font que tout est bloqué actuellement ?

J'en ai entendu parler. Je sais qu'il y a une crise économique dans le pays. Peut-être que c'est ça qui en est à l’origine. On ne le dit pas directement, mais on est en train de réajuster le Fonds d'aide à la culture. Peut-être qu’il y a une crise économique derrière ça et, quand il y a une crise économique, dans un pays, la première victime, c'est la culture.
En Europe, on connaît ça ; le sport, les gens le tolèrent,  parce que le sport ramène de l'argent. Mais, la culture, ça ne ramène pas beaucoup à l'État. Tu vois ? Donc, la culture est la première victime. Maintenant, si ce n'est pas qu'il y a une crise économique, alors, c'est qu'il y a un problème à résoudre ; ça veut dire que nos dirigeants ne sont pas intéressés par la culture. Mais, si c’est qu’il y a une crise économique, il faut que les artistes soient tolérants avec eux. Maintenant, je ne connais pas ce qui est à la base du blocage, parce que si je te donne l'exemple de la Hollande, beaucoup de professionnels de la culture ont perdu leur travail, beaucoup de musées se sont fermés.



C'était en quelle année ?

Ce n’est pas loin ; il y a trois ou quatre ans. En Hollande, ils ont pas mal de musées ; ils ont renvoyé beaucoup d'employés. Je ne sais pas si c'est le même phénomène qui se passe ici.


En matière de réformes, le Ministère de la Culture veut revoir le système de  d'octroi de l'aide aux artistes, il veut qu'il y ait un Fonds de bonification qui soit là pour rembourser les intérêts des prêts qui auront été faits aux artistes …

Pour faire des prêts !


Oui, désormais, les artistes bénéficieront de prêts qu’ils rembourseront après la réalisation de leurs projets

L'idée est bien quand il y a un marché de l'art, l'idée est bien quand il y a un marché de musique. Si le Ministère de la Culture veut créer une banque pour les artistes, je ne trouve pas ça mauvais.


On a parlé d'un Fonds de bonification …  

Je ne sais pas ce que le Ministère appelle ’’bonification’’. Et si les artistes ne remboursent pas ? 


Il semble que lorsque l'artiste fait le prêt et que l'Etat est là pour garantir les intérêts, c’est lui qui va prendre en compte les intérêts générés par ce prêt. Mais, l'artiste doit venir rembourser intégralement ce qu'il a pris …

Dans tous les pays du monde, l’art est inclus dans les organisations à but non lucratif ;  est-ce que le Ministère va prêter aussi de l'argent à ces organisations à but non lucratif ?


Apparemment, oui …

Et, comment une organisation à but non lucratif peut payer, peut rembourser ? Puisque c'est une organisation qui ne fait pas de bénéfices, elle va rembourser comment ? Tu vois qu'il y a un problème qui ce pose.
Donc, ça veut dire que les gens qui gèrent la culture, ce ne sont pas des gens qui connaissent le système. Ils doivent mettre des gens qui connaissent le système, qui connaissent la culture, les gens qui ont de l'expérience, parce que ce truc est complètement erroné et faux.
On ne peut pas prêter de l'argent à un artiste qui a un marché. Un artiste qui a un marché n'a pas besoin du Ministère de la Culture, il peut s'adresser directement à une banque. Donc, si le Ministère béninois de la Culture veut faire des prêts, je pense que c'est erroné. Je pense qu'il faut leur dire d'arrêter avec cette histoire.
S'il y a un artiste qui a les moyens, qui a besoin de prêt, il va à une banque. Il y a des banques primaires comme les Clcam (Caisses locales de crédit agricole mutuel, Ndlr), mais il n'ira pas emprunter de l'argent au Ministère de la Culture. À la rigueur, la structure bancaire peut demander à l’artiste de lui donner une peinture ou un tableau, pour en faire un musée, demain. Mais, demander à un artiste de venir emprunter de l'argent, je peux garantir que ça ne marchera jamais. C'est clair et net ! Alors, c'est une idée complètement fausse.
Moi, j'ai de l'expérience ; j'ai sillonné le monde : même les galeries commerciales postulent à des fonds d'aide parce qu'elles payent beaucoup et, parfois, elles ne savent si elles vont faire des ventes.
Par exemple, la galerie qui m'a invité, c'est elle qui a acheté mon ticket, c'est elle qui m'a hébergé à l'hôtel, c'est elle qui a payé le transport de mes œuvres. Donc, si elle ne fait pas des ventes, elle va faire des pertes. Même les fonds d'aide, en Europe, aident un peu les galeries commerciales, pour couvrir les frais de transport, les frais d'hôtel, les frais de restauration. Par rapport à ce que dit le Ministère de la Culture, je lui propose d’envoyer ses cadres faire des stages en Europe, en France, pour savoir comment ça se passe, au lieu de rester ici et d'improviser des choses. Ils ont vraiment besoin d'expérience ; c'est ce que je pense.


Avez-vous quelque chose, une initiative pour les artistes d'art contemporain, qui vivent au Bénin, qui aiment bien vos expériences, qui se rapprochent de vous, qui ont envie de profiter un peu de vos expériences, qui ont envie que vous les aidez à aller l'international ?

Toute artiste jeune qui a besoin de conseils, c'est gratuit. S'il m'approche, j'ai un peu d'expérience que je peux partager avec lui, ça ne me gêne pas. Même des gens qui ont des problèmes avec le Fonds d'aide, s’ils ont besoin de conseils, je peux leur en donner. 
Et, vous savez, c'est pour la première fois j'entends parler d’un ministère de la culture qui veut prêter de l'argent aux artistes ; cela, c'est complètement incroyable. Il peut, à la rigueur, acheter des œuvres, s'il ne veut pas jeter son argent pour aider l'artiste ; ça se fait en Europe où on donne et on reçoit aussi quelque chose. C'est comme ça qu’on gère un fonds d'aide, mais on ne prête pas un fonds d'aide aux artiste, ça va finir par un bagarre. Le Ministère de la Culture ne peut pas mettre en prison, parce que l'art, c'est de la passion, ce n'est pas un travail qui a un but lucratif. Nous, les artistes, sommes heureux qu'on puisse gagner de l'argent avec l’art, mais les galeries invertissent de l'énergie pour que cela soit le cas. Ce n'est pas qu'elle met l’argent dans une petite chambre et qu’elle s'asseoit, c'est qu'elle voyage dans des foires où elle loue des stands à 20 mille, 10 mille ; elle a un personnel à qui payer son salaire.


Quand vous parlez de 20 mille, de 10 mille, c'est en euros ou en dollars ? 

En euros, si c’est en Europe et, en dollars, chez les Américains. Ce sont des gens qui invertissent beaucoup. Déjà, dans un pays où il n'y a pas de musées, l'État doit coopérer avec les artistes, au lieu de les pénaliser et de les empêcher de travailler.


Avez-vous un mot à dire à nos lecteurs pour clore cette interview ? Quels sont vos projets ? 

Dans le mois prochain, j'irai en Afrique du Sud, pour faire un projet sur une pièce qui s'appelle ’’Détresse’’, avec les phares de voiture. Et puis, je vais faire une exposition, en septembre, à Paris, dans une galerie et, éventuellement, je vais passer pas Londres pour préparer un projet pour l'année prochaine.  


Merci beaucoup, Meschac Gaba !


Recueil des propos : Marcel Kpogodo
Transcription : Frumence Djohounmè
Correction : La Rédaction