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mardi 31 mars 2015

Sébastien Boko ou l'appel à une intériorisation du regard humain

Ce que révèle l’exposition ’’L’envol take off’’


Depuis le vendredi 27 mars 2015 se tient l’exposition dénommée ’’L’envol take off’’, qui a été lancée par un vernissage. C’était à l’Agence de voyage ’’Air France-Klm’’ de Cotonou. Parmi les deux artistes mis en vue par Christelle Yaovi, l’initiatrice de l’événement, se trouve Sébastien Boko dont les œuvres donnent l’impression d’une nouvelle dimension d’un travail purement interpellatif. L'exposition prend fin le 27 mai.
Sébastien Boko
Sébastien Boko prend part à l’exposition ’’L’envol take off’’, présentant pas moins de 9 sculptures de deux factures différentes. La première est constituée de 5 pièces ; chacune est un  visage géant en bois sculpté sur socle. La seconde catégorie d’œuvres se rapporte à 4 sculptures en bois couleur claire, avec des traces noires qui, entretenant le contraste, les rendent belles. Elles sont devenues ordinaires, seulement que, depuis peu, les formes en sont plus arrondies.

Une des pièces de Sébastien Boko
Concernant les visages, ils ont la particularité de porter une paire de lunettes d’un genre particulier : les glaces, de chaque côté, sont un amoncellement de cadenas, petits ou moyens, fermés. Tout simplement ! Se prononçant sur ce choix, Sébastien Boko n’a pas manqué de remonter à la signification originelle du cadenas dans la sociologie béninoise : « Je suis conscient que le cadenas signifie un élément de fermeture, un facteur d’envoûtement, d’ensorcellement, d’enfermement de l’âme d’une personne à qui l’on veut nuire ; j’en suis conscient … ». Sans tarder, il précise le sens réel de sa démarche artistique : « Les êtres humains ont de la facilité à reprocher des choses aux gens, on ne se regarde pas, on fuit vers ce qu’on désire, on ne se recherche pas, on ne se voit pas ». Devant un constat aussi amer, il préconise la solution : « Si on se regarde, on peut voir autre chose, on peut voir des portes qui vont s’ouvrir pour nous apporter quelque chose de bien, de plus positif ; il faut que les hommes se voient ».
La stratégie artistiquement cadenassée de Sébastien Boko révèle donc son appel à ce que l’homme se repère, se regarde, entre en lui-même, et qu’il parte de l’intérieur de lui pour envisager l’extérieur, ce qui, selon l’artiste, ne peut qu’être porteur de satisfaction pour lui, d’où le phénomène de l’intériorisation du regard de l’homme.


Sébastien Boko dans ’’Le monde de Sica’’

Christelle Yaovi, au centre, avec Dina, au cours du vernissage de ''L'envol take off''
’’Le monde Sica’’ est un concept de fédération, par petits groupes, des énergies artistiques, opéré par l’artiste peintre franco-béninoise, Christelle Yaovi. Très sélective, elle n’inclut pas dans son univers n’importe qui, si l’on consulte les artistes qui, avec elle ou non, ont déjà exposé dans ce concept : en février 2014, Daphné Bitchatch, Diagne Chanel et le phénoménal Dominique Zinkpè, en décembre de la même année, Thierry Oussou et l’autre imprévisible, Meschac Gaba, sans compter qu’à présent, Sébastien Boko se trouve nez-à-nez avec Dina.
Se prononçant les raisons de l’entrée triomphale de Sébastien Boko dans son ’’Monde’’, Christelle Yaovi est sentencieuse sur son labeur : « Il mouille la chemise, qu’il ait de l’argent ou pas, il travaille énormément et très dur, il ne se lamente pas ; le bois est lourd et, pourtant, il y travaille, c’est quelqu’un qui cherche à apprendre, il est très humble et très respectueux, de même qu’il a beaucoup de talent … Je le connais depuis 3 ans, j’aime bien ce qu’il fait ».


Sébastien Boko, le Turc

S’il n’a pu être au vernissage de ’’L’envol take off’’, dans la soirée du vendredi 27 mars dernier, c’est qu’il était en train de revenir de Turquie où il a bouclé un séjour purement professionnel en Turquie. Il venait d’y participer au Symposium de la culture sur bois, à l’occasion du ’’World wood day’’, en français, Journée mondiale du bois. Seul sculpteur représentant le Bénin et, égrenant sa troisième participation à ce rendez-vous où 90 pays ont droit au chapitre, il a marqué son empreinte, une fois de plus, par la sculpture d’une déesse, celle qui, à coup sûr, lui portera davantage bonheur, pour des dimensions plus que jamais reluisantes, surtout que, dès le 1er avril 2015, il devra s’enfermer au ’’Café cauris coquillages’’, dans le cadre de la résidence de création, ’’Cénacle phénoménal’’, en compagnie de huit autres de ses collègues artistes plasticiens.


Marcel Kpogodo