Quand l’humour lui va
comme un gant
Le vendredi 5 décembre
2013, la commémoration, au Palais des congrès de Cotonou, du centenaire de la
naissance du président Sourou Migan Apithy, a donné l’occasion au public ayant
fait le déplacement de déguster la prestation artistique d’un bon nombre d’étoiles
et de groupes. Parmi ceux-ci, le comédien et metteur en scène, Arsène Kocou
Yêmadjè, a impressionné par ses insoupçonnés grands talents d’humoriste.
Arsène Kocou Yêmadjè |
En cette soirée du
vendredi 5 décembre dernier, Arsène Kocou Yêmadjè, connu comme comédien et metteur en scène, a planché devant le public de la Salle rouge du Palais des
congrès de Cotonou, en tant qu’humoriste. C’était dans le cadre de la
commémoration du centenaire de la naissance du Président Sourou Migan Apithy.
Près de vingt minutes de
prestation, dont il a été difficile de sentir l’écoulement, lui ont donné l’occasion
de montrer que son coup d’essai dans le domaine de l’humour a été un coup de
maître. Dans un genre techniquement dénommé ’’Stand up’’, il a entraîné le
public dans l’univers d’un certain médecin dont la préoccupation la plus
intense est la rémunération attendue de son client, plutôt que la maladie dont
il a le devoir professionnel de le guérir. Tournant en dérision ce genre de
personne, il a développé un comique verbal fondé sur des jeux bien mûris de
mots, comme dans l’extrait « Vous avez la foi ? Je vous conseille un
cancer de foie ! »
Dans un registre de ce
genre, il a exploré la complexe psychologie féminine, jouant ironiquement à
faire suggérer des réalités assez intimes et licencieuses tout en montrant
définitivement qu’il était loin de la rive sur laquelle il a fait accoster le
public, ce qu’il a réalisé, notamment, dans un éblouissant jeu entre les mots ’’chatte’’
et ’’chat’’, sans oublier de sauter, en en laissant rien paraître, à un
parallélisme entre la femme et la voiture.
Arsène Kocou Yêmadjè,
humoriste, c’est le développement d’un autre comique, celui de l’absurde, grâce
auquel il déclenche, à plusieurs reprises, les éclats spontanés, forts et francs
de rire des spectateurs, manipulant, avec une aisance remarquable, le sens du
paradoxe, d’un contraste dont la profondeur s’est révélé par une inspiration sortie
des tréfonds de l’imagination de l’homme. Des rires, de même que des
applaudissements à tout rompre. Voilà l’accueil que ce public d’une soirée d’hommage
présidentiel a réservé à Arsène Kocou Yêmadjè lorsqu’il sortait de scène.
Sachant que les Béninois n’ont pas le rire et l’approbation faciles, il n’y a
aucun doute que sa prestation, ayant provoqué autant de comportements d’enthousiasme
et de satisfaction, dénotait d’une qualité artistique montrant la naissance d’un
nouvel humoriste au Bénin.
Selon Arsène Kocou Yêmadjè
Hors de scène, l’artiste
a bien voulu se confier à nous, dans le but d’expliquer les tenants et les
aboutissants de cette séquence d’humour ayant déchaîné la grande hilarité du
public. Selon lui, cette prestation est le résultat de six mois d’écriture et d’à
peu près une dizaine de jours de répétition. En outre, s’il a choisi de développer
en lui la vocation d’humoriste, c’est pour des raisons d’un pragmatisme lié aux
problèmes d’expression du théâtre au Bénin : « Economiquement, le
stand-up est bon, rentable ». Ainsi, il permet de faire l’impasse sur des
comédiens à payer, sur une logistique contraignante pour les prendre en charge,
sur des costumes à financer, sur des artifices à mettre en place : «
C’est un théâtre adapté à l’absence de financement des activités artistiques au
Bénin », finit-il par conclure, indiquant, par ailleurs, qu’avec l’humour,
on peut rire de tout sujet grave, mais qu’on ne peut en rire avec tout le
monde. En réalité, il fallait sentir venir Arsène Kocou Yêmadjè dans le genre
de l’humour, déjà qu’il avait, quelques mois plus tôt, mis en scène le comédien
Alfred Fadonougbo, dans Le leurre, un
one man’s show satirique, au Centre culturel Artisttik Africa de Cotonou.
Marcel Kpogodo