Sanvi Panou tient promesse malgré tout
Sanvi Panou, au lancement de la table ronde |
Le début de soirée du
samedi 9 novembre 2013 a donné lieu, dans la grande salle de représentation du
siège du Fitheb, à la tenue des Etats généraux du cinéma, organisés par Sanvi
Panou, réalisateur béninois vivant à l’Etranger. Malgré le nombre extrêmement restreint
des invités ayant fait le déplacement, des échanges d’une grande teneur
intellectuelle et technique se sont déroulés, créant un déclic salvateur pour
le cinéma béninois.
« Les états
généraux du cinéma et de l’audiovisuel au Bénin ». Voici le thème de la
table ronde pour laquelle la principale salle de représentation du Festival international
de théâtre du Bénin (Fitheb) était décidément trop vaste pour accueillir une
rencontre initiée par le cinéaste béninois originaire d’Agoué, Sanvi Panou, ce
samedi 9 novembre 2013. Une séance où le caractère squelettique de l’auditoire
contrastait avec l’abondance, la force et la puissance des idées développées
sur le cinéma dans le monde, en général, et sur le cinéma béninois, en
particulier, ce par rapport à quoi, Bonaventure Assogba, Directeur du Fonds
d’appui à la production cinématographique (Fapa), du Ministère de la
Communication, présent à ces Etats généraux, n’a pas manqué de faire remarquer
que ce n’est pas le nombre des participants qui détermine la réussite du
processus d’idées qui aidera le Bénin cinématographique à sortir de l’ornière.
Bonaventure Assogba, Directeur du Fapa |
Bien avant lui, Sanvi
Panou, introduisant la table ronde prévue pour accueillir tout le gratin du
cinéma béninois, a justifié la projection cinématographique ayant précédé les
échanges ; elle avait pour titre, ’’Bamako’’, produite par Abderrahmane
Sissoko. Selon lui, elle a été motivée par la volonté de donner aux
participants de vivre l’esprit de cinéma, que l’on ne peut capter que dans une
salle de cinéma comme celle hôte qui, dans le passé, était celle du ’’Ciné
Vog’’ ; il s’agit, à en croire l’orateur, d’un « moment de
recueillement » qui permet de vivre, ensemble, avec émotion, une histoire.
Par la suite, celui-ci
n’a pas manqué de faire connaître ses idées sur les exigences pour un cinéma
béninois performant et compétitif : injecter des moyens financiers énormes
dans ce secteur avec, à la clé, une production d’une vingtaine de films par an,
s’il fait supposer que chacun d’eux a un coût moyen de 300 millions de Francs
CFA. Donc, il faudra crever largement le plafond du fameux milliard culturel.
Et, ce ne sont pas des solutions qui ont manqué au cinéaste béninois pour
juguler le manque d’argent pour financer le cinéma : prélever des taxes au
niveau de certains secteurs qui en brassent énormément, entre autres, la
téléphonie mobile, le tabac, la cigarette.
Ensuite, selon Sanvi
Panou, la nécessité s’impose pour l’Etat béninois d’instaurer un système de
quota, qui puisse imposer aux chaînes béninoises de télévision un nombre
minimal de films locaux à diffuser sur ces canaux, ce qui devra impulser la
production et, une de qualité, avec une culture béninoise mise en ligne de
mire, ce qui sèvrera, à juste titre, les cinéphiles béninois des films
d’Amérique du sud et d’Orient, notamment d’Asie. Pour cela, « montrons au
monde ce qui est à la hauteur de notre culture », conclura-t-il, avant
d’avertir : « Ceux qui n’incluent pas la culture dans le
développement font fausse route ».
Aperçu des participants à la table ronde |
Par ailleurs, sortir, à
en croire Sanvi Panou, le cinéma béninois, de la léthargie, passe par des
rencontres telles que celle qu’il a initiée en ce samedi 9 novembre, à la
grande salle de spectacles du Fitheb, sise l’ex-Ciné Vog : « Il nous
faut nous mettre ensemble pour une plate-forme de propositions ».
S’il faut reconnaître
que cette table ronde sur le cinéma était une initiative louable, rien
n’empêche de mentionner, à la charge de Sanvi Panou, vu l’extrême maigreur
numérique du public présent à la séance de cette soirée du samedi 9 novembre
2013, au Fitheb, qu’il n’a pas réussi à se concilier la participation massive
de ses concitoyens béninois qui foisonnent dans le secteur du cinéma ;
cela pose, semble-t-il, le problème de l’adaptation des Béninois vivant à
l’Extérieur de leur méthode de travail à celle du pays, à sa mentalité qui,
dans sa spécificité, déjoue les stratégies, salvatrices soient-elles, qui ne
mettent pas en avant la proximité, les réseaux d’amitié et de complicité, les
coups de fil amicaux de rappel, le sens affectif et la mise en vue chez les
potentiels participants de leur intérêt personnel. Des annonces sur une chaîne
de grande écoute n’ont jamais suffi pour mobiliser les Béninois, quelle que
soit la beauté et la noblesse de la cause défendue.
Des ’’Ecrans de
résistance’’
Au cours de la table
ronde sur le cinéma du samedi 9 novembre, Sanvi Panou n’a pas manqué d’évoquer
les tenants et les aboutissants de l’événement de son initiation, le Festival
international des films d’Agoué, dénommé, ’’Les Ecrans de résistance’’ 2013.
Délégué général de cette manifestation culturelle et, de surcroît, Directeur de
la Société ’’O_lympide productions’’, il a fait savoir que ce canal de
projection de films que sont ’’Les Ecrans de résistance’’ vise à refuser
d’accepter la disparition des salles de cinéma au Bénin, vouées désormais aux
opérations commerciales et aux manifestations religieuses.
A Agoué, ancienne ville
phare du Département du Mono et du Bénin, et partout dans le pays, les ’’Ecrans
de résistance’’ envahiront tous les espaces possibles aux fins de la projection
de films. Seront donc concernés les lieux culturels, les universités, les
établissements scolaires, des espaces spécifiquement aménagés. Le bulldozer est
donc lancé contre les ravages des films Dvd sur les pratiques cinématographiques
du Béninois et, redoutable défi que celui de le ramener dans les salles de
cinéma mais, mission bel et bien possible si, Sanvi Panou, qui naviguera entre
le Bénin et la France, trouve les bons moyens pour, progressivement, conduire
ses compatriotes vers les ’’Ciné Vog’’, ’’Ciné Concorde’’, ’’Ciné Le Bénin’’,
’’Ciné Okpè oluwa’’, ’’Ciné Iré akari’’, notamment.
Marcel Kpogodo
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