mardi 22 janvier 2013

A l'Espace '' Mayton'' d'Abomey-Calavi

Rosaline Baï Daahguè, ''receveuse''


La scène de l'Espace ''Mayton'', situé à Abomey-Calavi, non loin du portail de sortie arrière du campus de l'Université du même nom, a accueilli un spectacle expérimental de théâtre, assez original, ce lundi 21 janvier, en fin d'après-midi. L'actrice béninoise très connue, Rosaline Baï Daahguè y incarnait la ''receveuse'', dans une pièce du Camerounais, Wakeu Fogaing.


''La receveuse'', retranchée derrière sa tribune et sermonnant la population
Juste pendant quelques minutes, Rosaline Baï Daahguè, que l'on connaît comme la pleureuse professionnelle dans bon nombre de films réalisés au Bénin en ces dernières années, s'est produite sur la scène de l'Espace ''Mayton'', dont Tony Yambodé est le promoteur, à Abomey-Calavi. C'était dans un rôle de ''One man's show'', tiré de la pièce de théâtre, ''Je ne suis pas en colère ... je crie '' du dramaturge camerounais, Wakeu Fogaing. Mise en scène par le non moins connu et virevoltant, imprévisible, Arsène Kocou Yémadjè, elle a fortement impressionné la délégation d'étudiants québécois, notamment, pour lesquels la pièce était jouée, et le public spontané. 
Tenue de scène de Rosaline ....
Ici, elle joue le rôle d'une femme, devenue fille de joie, la ''receveuse'', justement, après avoir longtemps attendu un mari pour l'épouser. Chassée par d'autres femmes, stigmatisant son métier, elle est pratiquement exilée de son milieu social, mise au ban, ce qui la révolte et, excédée, elle sort de ses gongs, véritablement. 
C'est parti pour un ensemble de récriminations solitaires qui ne ménagent personne, plus précisément, les femmes, sa cible privilégiée et, secondairement, les hommes qui, la nuit, viennent vers elle pour le plaisir charnel mais qui, en plein jour, lui jettent la pierre. Sa propre fille, qu'elle a eue d'une certaine liaison, ayant eu la chance de s'être mariée, fait partie de ses juges.
Isolée derrière une sorte de ring, elle s'en prend à ceux-ci par des mots d'une dureté sans pareille, défendant la cause des femmes de cette frange sociale pointée du doigt. Le jeu va très loin, l'amenant à observer, en tant qu'actrice, un certain niveau de dénudement, visant à traduire le réalisme de sa situation sociale d'emprunt. 
Elle se fait l'avocate de ces êtres de sexe féminin, de plus en plus nombreux au Bénin, qui se voient, par la force des choses, enfoncés dans un célibat qui, parfois, dure toute leur vie active. "C'est une pièce qui parle de la femme libre, des méchancetés qu'elle reçoit, de part et d'autre ", confirme Rosaline Daahguè, devant les journalistes, après le spectacle. " Or, si la femme devient libre, ce n'est pas de sa faute '', continue-t-elle. " On dit que la femme, c'est comme un escargot, elle aime là où c'est frais. Donc, n'ayant pas trouvé mieux, elle résiste à cela. Mais, les gens ne la comprennent pas. Tout ce qu'on lui reproche, c'est de ne pas être mariée, puisque la société conçoit qu'à un certain âge, une femme doit être chez son mari et, plus précisément, il y a celle qui a épousé un ivrogne et qu'on frappe, qu'on maltraite mais qui préfère rester avec celui-ci, pour échapper au jugement de la société ". 
Voilà donc une thématique d'une actualité quotidienne qui permet à l'actrice de se transformer en "la voix des sans-voix", comme elle le conçoit elle-même.
Photo de famille de Rosaline, avec ses invités et spectateurs québécois, après le spectacle
Par rapport à la pièce proprement dite, dans sa représentation, le metteur en scène reste fidèle à la logique du ''one man's show'', ce qui lui fait y intervenir une vidéo relatant le renvoi de la receveuse de sa communauté par d'autres femmes. Ensuite, une sorte de ring prend en charge l'essentiel du décor, reflétant aussi bien la mise au ban que la nécessité pour la chassée de disposer d'une tribune privilégiée pour se vider de ses frustrations, de ses convictions peu partagées, de la réalité de ses pensées, dénuées de toute hypocrisie. Par ailleurs, le tissu rouge qui borde le long du bas du ring entre en symbiose avec l'état d'âme de l'actrice, qui est une colère irrépressible. Une fois de plus, Arsène Kocou Yémadjè n'a rien laissé au hasard pour faire parler en chorus le texte, l'émotion, la gestuelle et le décor. 

Marcel Kpogodo

lundi 21 janvier 2013

Premiers pas sur scène

Ifè a donné le meilleur d'elle-même

Dans la soirée du vendredi 18 janvier 2013, le Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin (Ifb) a connu les fortes vibrations d'un concert musical de lancement d'album. Ifè, de son nom à l'état-civil, Awoulath Alougbin, danseuse artistique reconnue, était en piste, appuyée par un orchestre dirigé de main de maître par l'international jazziste béninois, Gilles Lionel Louèké. Plusieurs titres de son album de douze, ''Témi'', ont été chantés, laissant la vedette de la soirée donner de sa voix toute nouvelle et se trémousser sur plusieurs rythmes musicaux du Bénin. Elle s'est battue pour être à la hauteur des attentes du public.

Ifè, dans l'une de ses démonstrations et ...
... dans une séquence langoureuse, appuyée musicalement par Gilles Louèkè
''Biotoun'', ''Mawalémi'', ''Ifèmini'', ''Ange'', ''Baba mi'', ''Louanges'', ''Ayanfè'', ''Ibédji'', ''Prison dorée'', ''Agbaléléma'', ''Ayé'', ''La cour'', les douze morceaux de l'album ''Témi'' qu'a lancé la nouvelle vedette de la chanson de la soirée. Dès les premières minutes de vingt-et-une heures, dans sa très élégante robe bleue, Awoulath Alougbin, de son nom d'artiste, Ifè, sans complexes, apparaît sur la scène du Théâtre de verdure de l'Institut français du Bénin, en cette soirée du vendredi 18 janvier 2013. L'y attendent l'élancé Gilles Lionel Louèkè, maestro, cramponné à sa guitare jazziste, avec les Christi Josaphat, Didier Ahouandjinou, Raphaël Houédékoutin, respectivement distribué à leurs postes de batterie, de clavier et de percussions. Pour enrichir scéniquement et musicalement le décor, trois belles choristes venues du Nigeria, vêtues de leur élégant ensemble. Les lumières diversifiaient leurs couleurs et s'entrecroisaient. Après un peu plus de soixante minutes de prestation, la mutation d'Awoulath Alougbin en Ifè est réussie; le yoruba, épaulé par l'idaatcha, est le labyrinthe qu'elle a empruntée, de par une voix, tantôt forte, tantôt onctueuse, pour donner à découvrir des rythmes locaux béninois, parmi lesquelles le kaka et le gbon, que la musique moderne pop et funk, en guitare jazzy de l'excellent arrangeur, en piano et en trompettes, venait fluidifier, de quoi préparer un cocktail confortable capable de faire le tour du monde. 
Dansante et aussi langoureuse, la musique qu'Ifè a livrée au public ayant fait le déplacement de ce concert porte la griffe d'une inspiration thématique, surtout biographique, un peu nostalgique du père disparu ayant comblé son enfance ; cette musique se fait aussi la marque de l'expérience artistique d'envergure de Gilles Louèkè !

Infatigable, Ifè, face aux journalistes, après le concert ...
Dans ses propos d'après-scène, face aux professionnels des médias, celle qui vient de réussir la cérémonie de prise d'un nouveau nom et d'un nouveau secteur artistiques confie qu'il lui a fallu trois ans d'un travail laborieux pour en arriver là, évoquant un parcours de la combattante où rien n'a été laissé au hasard, même le yoruba pur des chansons, qu'elle est allé chercher et travailler au Nigeria, avec l'aide d'Adouni, la chef choriste de cette soirée de lancement de ''Témi''. Naturellement, au cours du concert, le contraire aurait surpris, Ifè a réussi ses déhanchements, dans ses formes modernes et traditionnelles. 
Ainsi, dans un registre clairement plus différent, Ifè, qui veut dire "amour'', emboîte les pas à la feue Affo Love et à Pélagie-la-Vibreuse qui, passant des ondulations du corps aux amplifications vocales du micro, va conduire une double carrière de danse contemporaine et de chanteuse, pour faire exploser davantage une vocation musicale avec, comme atouts, un arrangeur et une manager de premier choix : Gilles Louèkè qu'elle espère toujours voir travailler avec elle, et Elise Daubelcour.

Marcel Kpogodo 

Biennale Regard Bénin 2012

''La débrouille'', un regard valorisant des handicapés

La devanture du cadre d'exposition du Projet spécial ''La débrouille'', à Fidjrossè, lors de sa tenue
La Biennale ''Regard Bénin 2012'', inaugurée depuis le 8 novembre 2012, a donné lieu à la mise en oeuvre d'un certain nombre de projets spéciaux. Parmi ceux-ci, il faut compter ''La débrouille'', porté par l'Association ''Vakpo''. Il s'est déroulé à la Boutique du même nom que le Projet spécial, située au Boulevard Gondouana, à côté de l'Espace ''O'', à Fidjrossè-Calvaire. De par ses activités, cette initiative a mis en exergue une compréhension profondément humaine de la situation d'handicapé. Ceci se révèle par le travail original et multidimensionnel de quatre artistes ayant exposé, déterminés à faire tomber les tabous sur les personnes handicapées, à les faire percevoir sous un regard plus humain, à les faire aimer.

Sébastien Boko, Marius Dansou, Sophier Négrier et Nathanaël Vodouhè. Voici le quartuo d'artistes exposant dans le cadre du Projet spécial ''La débrouille'', qui s'est engagé dans le processus de destruction des préjugés négatifs qui maintiennent les handicapés de tous ordres dans la marginalisation sociale, ce qui débouche sur la mendicité, notamment, dans les lieux de culte et sur les places publiques, pour la grande majorité de ceux qui n'ont pas réussi à cultiver un état d'esprit de foi en leurs capacités de victoire sur la précarité. Ces artistes, ce sont, respectivement, un sculpteur sur bois, un sculpteur sur fer, une photographe et styliste, et, enfin, un peintre. Dans le cadre de la Biennale ''Regard Bénin 2012'', ils ont fait connaître le concept ''La débrouille'', sous la forme d'un projet spécial, par une exposition dont le vernissage avait eu lieu le 8 novembre 2012, et qui s'est achevée le 31 décembre de la même année. Ils avaient réalisé cette activité à la Boutique ''La débrouille'', au Boulevard Gondouana, à côté de l'Espace ''O'', dans le quartier Fidjrossè-Calvaire, En réalité, chacun d'eux, selon le domaine d'art qui le concerne, a investi l'univers des handicapés pour projeter, soit des objets à la fois artistiques et commerciaux, donc, des utilitaires adaptés à leur handicap, soit une vision qui permet à ces démunis un certain nombre de largesses artistiques, un certain nombre de rêves qui pourraient, qui sait, demain se concrétiser s'ils développent la force de s'accrocher à ceux-ci. Certains de ces artistes se retrouvent des deux côtés. 

Le trône-siège pour handicapés des membres inférieurs

Marius Dansou, le faiseur de roi
D'abord, dans le camp des artistes qui proposent, à la fois, un rêve et des articles utilitaires, nous avons Marius Dansou. Pour lui, il faudrait imaginer une personne handicapée roi. Ceci l'amène à lui sculpter, en fer, un fauteuil roulant auquel il a adapté le concept original d'un trône dont il peut détacher le fauteuil. Ainsi, dans sa vie quotidienne, l'utilisation de cet objet avec le trône incorporé, surtout s'il se trouve à domicile, aura comme avantage d'amener cet être défavorisé à imaginer qu'il peut être un souverain, au-delà de cela, dans le contexte moderne, un leader, un dirigeant politique, un draineur de foules. "J'ai fait ce trône pour rassurer les handicapés qu'ils sont aussi des personnes à considérer, pour leur dire qu'un handicapé peut être Président de la République. Pourquoi pas? " 

Sébastien Boko, le styliseur
Les béquilles artistiques de Sébastien Boko
Cet artiste aussi est sculpteur mais, sur bois. Sa partition dans ''La débrouille'', Projet spécial de la Biennale ''Regard Bénin 2012'', c'est une installation un peu singulière, une installation de béquilles auxquelles il a donné une touche artistique. Selon lui, les objets utilisés habituellement par les handicapés sont juste fabriqués pragmatiquement pour jouer un rôle précis. Ainsi, ils sont dénués de toute esthétique, ce qui l'a poussé à décider de "styliser'', dans le cas d'espèce, des béquilles ; celles-ci peuvent jouer le rôle qu'on leur connaît tout en développant une certaine beauté, il les a conçues de façon à ce qu'elles aient une forme humaine, que celle-ci soit un homme ou une femme. Et, son explication en est simple : "Un être humain, quelque part, est une béquille pour quelqu'un d'autre. A un certain moment, quand on tombe amoureux, on sent directement ce qui se passe, quand la personne aimée n'est pas là, on ne se sent pas bien. Du coup, une femme, une copine, est une béquille pour l'homme, l'homme aussi est une béquille pour la femme. En dehors de cela, il y a les mamans, les enfants ; un enfant est une béquille pour ses parents, ils l'ont voulu, ils l'ont eu, il donne du sens à leur vie. Je trouve donc que tout être humain est important, il est là pour quelque chose, il a son rôle qu'il joue et les autres ne s'en rendent pas compte".      
Les handicapés épanouis et renés de Sophie Négrier

Sophie Négrier, la bivalente 
Elle s'est fait remarquer, dans cette exposition, qui s'est déroulée, du 8 novembre au 31 décembre 2012, avec deux casquettes : celle qu'on lui connaît de photographe et, l'autre, complètement inattendue de styliste.
Dans le premier cas, il y a eu des photographies dont la beauté réside dans le fait du raffinement de la perspective des prises de vue et dans la stylisation de l'image des personnes handicapées choisies comme modèles. Sophie Négrier a su réussir à faire dépasser, du côté du regard du visiteur de son exposition de photos, la répulsion instinctive que suscite la vue d'un handicapé. A première vue, les modèles ne sont pas des personnes de ce genre tellement, ces photos leur ont restitué de nouveaux pieds, elles leur ont donné une certaine résurrection physique, elles ont participé à donner une meilleure image d'eux, surtout que certains modèles sourient, se moquent de leur handicap, le dépassent et le noient dans une espérance leur permettant d'entrevoir un avenir réellement reluisant. Par ses photos, Sophie Négrier aura produit un impact, chez les handicapés, de révélation en eux de potentialités cachées, voilées par un condition social peu recommandable, délétère.

Du côté du stylisme
Des habits pour handicapés, sous la coupe de Sophie ...
Sophie Négrier styliste ! Pour ceux qui n'avaient pas cette information, le Projet spécial ''La débrouille'' de la Biennale ''Regard Bénin 2012'' a permis de révéler un autre des champ de travaille de cette photographe, très connue de plusieurs porteurs de projets béninois, ayant fait montre de son professionnalisme sur un nombre non négligeable d'événements culturels. Dans son travail, elle s'est intéressée aux handicapés des membres, plus précisément aux amputés pour qui elle a confectionné des tenues prenant en compte la spécificité de leur handicap.  Ensuite, elle a réalisé des photos qui, d'une part, magnifient physiquement les handicapés, et qui, d'autre part, exposent clairement leur handicap tout en donnant à celui-ci un aspect plus reluisant, plus représentatif de cet aspect différent de ce qu'est l'être humain. Dans le premier cas, ces habits pouvaient, au cours de l'exposition, être achetés et emportés par les personnes handicapées ou par tout autre individu. Cette vocation styliste de Sophie Négrier vient montrer une grande capacité de polyvalence. 

De la droite vers la gauche, la toile ''Univers'', notamment, de Nathanaël Vodouhè 
Nathanaël Vodouhè, le fidèle
La licence particulière de Nathanaël aux handicapés visuels
Lui a travaillé beaucoup plus avec et pour les handicapés visuels. Comme il le précise, c'est "ceux qui n'ont jamais vu de leur vie". Son oeuvre de participation au Projet spécial ''La débrouille'' est constituée par quatre tableaux qu'il a exposés. Il nous entretient un peu de la démarche qu'il a suivie à cet effet : "A un moment donné de mon travail, j'ai été obligé d'aller vers ceux-là, dans leur Centre, à Sègbèya, à Akpakpa, et je leur ai posé un certain nombre de questions. Avant même de leur poser des questions, j'ai juste cherché à leur expliquer ce que, moi, je fais, mon travail et, ils ont compris. Donc, on a échangé d'abord." Les tableaux granuleux qu'il a présentés sont le fruit de ses discussions avec les handicapés visuels ; elles lui ont permis d'utilisé du sable de plage dans la confection des oeuvres  afin que celles-ci soient lisibles au toucher. En ce qui concerne les couleurs, il a fait l'option des monochromes, ce qui a permis de voir un tableau tout en noir, un autre en blanc, un autre encore en couleur sable. De manière générale, Nathanaël Vodouhè laisse entendre que ces tableaux, étant destinés aux non voyants, le voyant ne pouvait y avoir accès au message qu'en fermant lui aussi les yeux. Donc, entrer dans l'univers des destinataires de l'exposition faisait partie d'un cheminement incontournable d'initiation du rapport de ceux-ci aux objets.  
En fin de compte, le Projet spécial ''La débrouille'' aura innové par l'intérêt d'un groupe de jeunes artistes travaillant au Bénin pour une vie des handicapés qu'ils ont appréhendée de l'intérieur et qui a suscité, chez chacun d'eux, une inspiration artistique débouchant sur la création d'objets utilitaires et ornementaux. C'était la manière de ces créateurs d'oeuvres de l'esprit d'ouvrir la vie de ces défavorisés et de ces oubliés à plus d'amour, de fraternité et d'humanité chez les Béninois, trop fermés à cette frange sociale.


Marcel Kpogodo

dimanche 20 janvier 2013

Destruction de '' L'homme debout '' à Ouidah

Coup de gueule des artistes béninois

L'oeuvre détruite, ''L'homme debout'' de Bruce Clarke, une femme debout ...
En marge d'un reportage sur un vernissage à la Place du Souvenir, ex-Place des Martyrs de Cotonou, ce samedi 19 janvier 2013, des artistes béninois, Prince Toffa, Thierry Oussou (Ces deux premiers ont fait partie de la construction collective de '' Lhomme debout '' avec Bruce Clarke) et Marius Dansou, ont réagi concernant le rasage, sur les ordres du Ministère de la Culture du Bénin, sur le site de la Porte du Non-Retour à Ouidah, de l'Oeuvre artistique collective de sept artistes béninois, patronnée par le plasticien Sud-africain, Bruce Clarke, dénommée ''L'Homme debout''. Elle avait été réalisée sous l'initiative de la Fondation Zinsou. Cet artiste mondialement connu s'est déjà illustré dans ce genre de chef-d'oeuvre dans un pays comme le Rwanda sur les lieux de mémoire du génocide des Tutsis .



L'artiste-plasticien Prince Toffa : 
" Ce qui m'a fait mal, moi, dans cette affaire, c'est que, faisant partie du ''workshop de Bruce Clarke'' qui était passé au Bénin, c'est que nous avons travaillé de manière acharnée pour deux semaines avant d'avoir accroché la toile et, il paraît que c'est le Ministre de la Culture qui a donné l'ordre qu'on la casse ... Ce qui me fait mal, c'est l'oeuvre d'art cassée ; on ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est une toile de 8m x 3m ! On aurait pu l'enlever ... (Visage très amer) On aurait pu l'enlever avant de casser l'endroit ! On ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est impossible ! Si c'était le Ministre de la Défense ou le Ministre des Travaux Publics, on aurait pu comprendre cela ! Là, maintenant, on parle du Ministre de la Culture, quelqu'un qui est censé connaître la Culture, la valeur d'une oeuvre d'art ! Je suis désolé, c'est impossible, c'est terrible ! Je ne suis pas du tout content ... "

L'autre plasticien, Thierry Oussou : 
" Un Ministre ? Donner l'ordre d'aller casser une oeuvre ! C'est vraiment dommage ! A sa place, moi, j'aurais démissionné, même si c'est qu'on m'avait demandé de le faire ... On aurait pu décrocher l'oeuvre et casser le mur ! Ce mur était resté là pendant très longtemps avant qu'on ne travaille sur une bâche tissée ... On aurait pu appeler la Fondation Zinsou pour lui dire : " Venez enlever la bâche ... " On est en train de se battre pour que la population accepte l'art béninois mais, lui, il est en train de faire le contraire ! Nous, nous sommes contre le fait qu'ils aient cassé l'oeuvre ! Il peut y avoir quelque chose entre le Ministre et la Fondation ; nous, on ne veut rien en savoir. Mais, c'est l'acte que moi, je condamne ! " 

Le plasticien, spécialiste des Masques, Marius Dansou : 
" Franchement, il faut placer des gens à la place qu'il faut ! Moi, je suis désolé qu'un Ministre de la Culture puisse donner l'autorisation de casser une oeuvre ... J'ai été choqué quand j'ai appris l'histoire ... Comment on peut casser une oeuvre d'art ? On ne peut pas détruire une oeuvre d'art ! Il y a de l'émotion là-dedans ! Cela a été conçu par des artistes ! Cela a été réfléchi, pensé, pendant des années ! Je suis désolé ! On ne peut pas détruire une oeuvre d'art comme ça, par amour et par respect pour l'art ! Je suis désolé ! Je suis vraiment désolé ! Actuellement, là où je suis, je suis choqué, je n'arrive même pas à m'exprimer comme il faut ... " 

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

dimanche 13 janvier 2013

Commémoration du 50ème Anniversaire du Traité de l'Elysée

Douze caricaturistes béninois à l'honneur à l'Institut français du Bénin


Sylvain Treuil, Directeur de l'Institut français du Bénin, dans son intervention ...
En fin d'après-midi, le mardi 8 janvier 2013 s'est tenu, à l'espace Kpobly de l'Institut français du Bénin, le vernissage d'une exposition des productions de douze caricaturistes béninois, avec, comme fondement, le thème : "Le Bénin face au défi de la mondialisation". Cette activité s'est déroulée dans le cadre de la commémoration du 50ème Anniversaire d'un acte fondateur qui a scellé l'amitié franco-allemande : le Traité de l'Elysée. Le Directeur de l'Institut français du Bénin, plusieurs personnalités du domaine diplomatique ont rehaussé de leur présence la manifestation. Y participaient aussi les artistes concernés et une foule d'amateurs de la caricature.


Trois générations de caricaturistes sont en exposition, depuis le mardi 8 janvier 2013, dans l'espace Kpobly de l'Institut français du Bénin : Hervé Constantin Adadja, Folly Evariste Amouzouvi, alias AE Folly, Gbèlohan Michel Aïssè, alias Mickey, Fagnon Claude Adjaka, alias Lenfan Claudio, Julien Alihonou, alias Makéjos, Constant Tonakpa, Hector Sonon, Relaxe Joël Hounsounou, Boris Cédric Quenum, G. N. Alexandre Kossoko, Kodjo A. Joseph Akligo, alias Jo Palmer, et Dossou Paul Kpitimé.
Jean-Paul Monchau et Hans Neumann, au vernissage
Si ces artistes se sont ainsi retrouvés en situation de vernissage de l'exposition d'oeuvres qu'ils ont réalisées avec le concours de deux autres caricaturistes avec qui ils ont travaillé en atelier, quelques jours durant, l'un français, Julien Berjeaut, et, l'autre, allemande, Julia Grinnenberg, c'est que le cadre en était bien tracé : le Traité de l'Elysée, signé le 22 janvier 1963, au Palais de l'Elysée, en France, entre le Général de Gaulle, Chef d'Etat français de l'époque, et le Chancelier allemand, Konrad Adenauer.
Michael Raynor n'a pas voulu se faire conter l'événement ...
Depuis, le couple franco-allemand s'est révélé le moteur de ce qui est devenu aujourd'hui l'Union européenne. C'est en rappelant cela, dans ses propos de lancement de l'exposition, que l'Ambassadeur de la France près le Bénin, Jean-Paul Monchau, ayant à ses côtés celui d'Allemagne, Hans Neumann et, dans la masse des nombreux invités, celui des Etats-Unis, Michael Raynor, a montré que ces deux pays étant des partenaires de coopération pour le Bénin, il a fallu faire travailler les artistes concernés sur la crise économique sévissant en Europe et qui ne manque pas d'avoir des conséquences sur le Bénin.
Un aperçu de quelques caricatures exposées
                                        
                                                       Une caricature forte, exemple du génie observateur, imaginatif et humoristique  des  artistes béninois ..


  
En réalité, l'Association Bénin Dessin, née en 1999, est le creuset associatif comportant des dessinateurs de presse et de bandes dessinées, qui a établi le lien entre les deux Ambassades commémoratrices et les caricaturistes. Par conséquent, les thèmes abordées dans les réalisations sont d'une variété allant de la situation économique peu reluisante du Bénin, de l'Afrique, à la complexité des relations entre ce continent et l'Occident, en général. Pour se détendre et rire franchement, il vaut se rendre à cette exposition ; les caricaturistes concernés font percevoir de leur science un génie de transcription des faits de la vie réelle par le dessin et une observation critique et humoristique inouïe, qui interpellent.


Marcel Kpogodo

Activités des artistes béninois à l'Extérieur

Le jeune Yamferlino's au Nigeria

L'artiste palsticien, Yamferlino's, de son vrai nom, Ferréol Lionel Yamadjako, a effectué une activité artistique au Nigeria, quelques semaines auparavant, du 19 au 24 novembre 2012. C'était au ''Departement of creative art'', de l'Université de Lagos, dans le cadre de l'événement ''Art is everywhere''. Il s'agissait pour lui de participer à un processus de création à partir de la récupération d'objets de tous genres.

Yamferlino's, en chapeau, au travail ....
Une oeuvre réalisée par Francis Ike, un participant nigérian à l'Atelier
Au total, vingt-huit artistes plasticiens se sont retrouvés, du 19 au 24 novembre 2012, à l'Université de Lagos, pour la Xème édition du Art is everywhere. Parmi ceux-ci, il fallait compter des artistes professionnels et, aussi, des amateurs qui sont des étudiants du Departement of creative art de l'université indiquée, n'ayant pas encore terminé leurs études. Le Festival Art is everywhere, initié par Adewunmi Ayo, constitue un atelier international de récupération d'art, une opportunité permettant aux artistes participants de créer des oeuvres à partir de matériaux de récupération et de voir celles-ci exposées dans une galerie de la ville de Lagos, pour être vendues. Si Yamferlino's a vécu une telle expérience, c'est qu'après une exposition qu'il avait tenue à l'Alliance française de l'Etat d'Enugu, l'occasion lui a été donnée de rencontrer des étudiants de l'Université Imt de la même région, et de discuter avec eux de sa pratique artistique. Dans ces conditions, le Coordonnateur d'Art is everywhere l'a invité à participer à son événement, pour l'édition qui suivait. Selon notre compatriote, cela s'est révélé très enrichissant, vu qu'il a échangé professionnellement avec des artistes d'un autre pays. Il révèle qu'au cours de son séjour, il a rencontré, en même temps que les autres artistes, un grand collectionneur nigérian d'oeuvres d'art, le Pdg de la Société Osayaf Legacy
Yamferlino's, entre Elon-m Tossou, à gauche, et Nathanaël Vodouhè, à droite.
Ont aussi eu cette opportunité deux autres jeunes plasticiens béninois comme lui : Nathanaël Vodouhè et Elon-m Catilina Tossou. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit pour ces trois mousquetaires d'un nouveau galon à leur épaule, ce qui matérialise un processus de maturation de leur art.

Marcel Kpogodo 

vendredi 11 janvier 2013

Lancement de la 11ème édition du Festival ''Quintessence''

Quatre récompenses attribuées

Le grand amphithéâtre de l'Institut régional de santé publique (Irsp) de Ouidah, rempli à bloc, a été le témoin, le mercredi 9 janvier 2013, dans l'après-midi, du lancement de la onzième édition du Festival cinématographique ''Quintessence'', initié par le cinéaste béninois, Jean Odoutan.  En présence de plusieurs autorités, cette cérémonie a été le tremplin pour son organisateur principal de distinguer trois personnalités béninoises et une institution de financement de la culture, ayant, chacune, à sa manière, contribué au rayonnement du Festival au Bénin, depuis sa création.

Moussa Sène Absa, saluant Sylvain Treuil, à son arrivée ....


Claude Balogoun, Directeur général de la Société ''Gangan Productions'', Akambi Akala, ancien Directeur de la Cinématographie, Bonaventure Assogba, Directeur du Fonds d'appui à la Production audiovisuelle (Fapa) du Ministère de la Communication et des technologies de l'information et de la communication (Mctic), et le Programme ''Société civile et culture'' (Pscc) ont été primés par Jean Odoutan, Délégué général de ''Quintessence'', au cours de la cérémonie d'ouverture de la onzième édition du Festival concerné, ce mercredi 9 janvier 2013, à l'Institut régional de santé publique de Ouidah. Ces trois personnalités et l'institution émanant de l'Union européenne ont reçu, chacune, le Prix spécial ''Python Pscc''.


 
Claude Balogoun, recevant son Python '' Spécial Pscc''


Au tour de Bonaventure Assogba de recevoir le sien, des mains du réalisateur, Mama Keita ...
Un aperçu du public venu assister à la cérémonie d'ouverture de  ''Quintessence '' 2013 ...


C'était en présence de plusieurs personnalités dont Jean-Michel Abimbola, Minsitre béninois de la Culture, Sévérin Adjovi, Maire de Ouidah, Sylvain Treuil, Directeur de l'Institut français du Bénin et représentant l'Ambassade de France, et une équipe du Pscc avec, à sa tête, Nicolas Méido, Coordonnateur de la Structure. 

Le Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola avec, à sa droite, Sévérin Adjovi, le Maire de Ouidah et son épouse, suivi de l'ancien Ministre, Soulé Dankoro. Derrière eux, Sylvain Treuil, Représentant de l'Ambassade de France au Bénin  ...


Moussa Sène Absa, Président du Jury Long métrage de Quintessence 2013, les réalisateurs Moussa Touré et Mama Keita, Jean-Pierre Garcia, Directeur sortant du Festival international du Film de la ville d'Amiens, en France, le professeur Honorat Aguessy et Ousmane Alédji, Directeur du Centre culturel Artisttik Africa, aussi étaient, notamment, de la partie. 


Nicolas Méido, Coordonnateur du Pscc, remerciant pour la distinction ....
Dans son propos, Jean Odoutan, l"homme à l'origine de cette distinction, a fait ressortir que le Festival cinématographique ''Quintessence'', à travers son parcours jusqu'à cet onzième exercice, a connu l'appui de certaines personnalités et de quelques structures parmi lesquelles il a choisi de récompenser les plus clés. Ces distinctions sont donc, selon lui, une marque de reconnaissance vis-à-vis de la partition qu'elles ont spécifiquement joué dans l'essor de cet événement annuel. 


M. Agon, représentant Akambi Akala ....

Remarquons que l'édition de la présente année verra décerner huit trophées, après que cinq jurys auront statué sur, respectivement, douze longs métrages, quatorze documentaires, quinze courts métrages, neuf films d'animation et sept réalisations cinématographiques, dans la catégorie ''Demain, c'est aujourd'hui'', neuf dans celle ''TV/Moyen métrage''. Par ailleurs, deux tables-rondes, quatre ateliers et un Master-class ont commencé leur déroulement depuis le 10 janvier. Pour un Festival lancé le 9 janvier et prévu pour se clore le 13, voilà un vaste cahier de charges dont l'aboutissement est tant attendu : l'attribution des différents trophées Python, en début de soirée de la dernière journée.

Marcel Kpogodo