mercredi 7 novembre 2018

Cyrus D’Hyzo, une endurance porteuse dans la Jiap 2018


Face à une grande exposition collective

Le vernissage de l’exposition commémorative de la cinquième édition de la Journée internationale des arts plastiques (Jiap) a eu lieu, à la galerie de la Médiathèque des Diasporas, sis Place du Souvenir, à Cotonou, dans l’après-midi du dimanche 4 novembre 2018. Il s’agit de la date arrêtée par la Fédération des Associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), pour célébrer, de façon annuelle, cette Journée, au plan mondial. Parmi la plus d’une trentaine d’artistes plasticiens participant à cette exposition se trouve Cyrus Orfin Don’kui D’Hyzo, n’ayant pas encore atteint la première moitié de la vingtaine d’âge, mais, qui, déjà, manifeste une poigne et une expérience remarquables, le résultat d’une pratique patiente et positive du secteur béninois des arts plastiques.

Cyrus D'Hyzo, dans son explication de la toile, ''Le marché''
’’Le marché’’ et ’’Femme au foyer’’. Les deux toiles que donne à voir au public Cyrus D’Hyzo, depuis le dimanche 4 novembre 2018, jour de la célébration de la cinquième Journée internationale des arts plastiques (Jiap), une date à laquelle a eu lieu le vernissage de l’exposition collective sans titre, qui a été mise en place par la Fédération des Associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin), à la Médiathèque des Diasporas de Cotonou.
Le premier tableau, réaliste à souhait, peint à l’acrylique, faisant cohabiter des couleurs communicantes, présente un marché, dans ses manifestations : « J’y montre les différents mouvements de ce genre de lieu, les va-et-vient des femmes, l’énergie qu’elles développent, les cris qu’elles lancent pour appeler les clients », précise Cyrus D’Hyzo. 

Cyrus D'Hyzo, avec ''Femme au foyer''
Et, comme si prendre la cause de la femme faisait l’objet d’un engagement, relevait d’une obsession, était lié à un problème qu’il voulait contribuer à résoudre, l’être humain de sexe féminin est au centre de sa seconde œuvre exposée à la Jiap 2018 : ’’Femme au foyer’’. « Je décerne une couronne à la femme qui est la reine de la maison, elle y suit tout ce qui s’y passe, met tout en ordre, la maintient dans la propreté, la nourrit », a argumenté l’artiste. Il s’agit d’une toile d’une expression aussi bien discrète que répétitive, de quoi, effectivement, faire ressortir la démultiplication physique de la femme, une démarche que viennent appuyer des stratégies de collage de tissu, de mise en relief d’étoffes et de trois ustensiles de cuisine, ce dernier trait, inévitablement, rappelant un domaine qui est souvent l’apanage de la femme : la cuisine. Un sens créatif ainsi bien marqué, chez Cyrus D’Hyzo. Par conséquent, des toiles à aller voir, absolument …


Gros faits d’armes

Jeune artiste peintre d’une vingtaine d’âge légèrement dépassée, fils d’Hippolyte D’Hyzo, père du même métier, Cyrus D’Hyzo, par ses réalisations, ne laisse aucunement penser qu’il ne vient que d’arriver dans la peinture, en particulier, et dans les arts plastiques, en général. En réalité, ses explications laissent comprendre qu’il se fait valoir, en tant qu’artiste, depuis les bancs de l’école primaire, du collège et du lycée, contraint qu’il était, déjà, à cette époque, de se prendre en charge, de payer un loyer et de soutenir une petite sœur qui partageait son local. Ami des autorités scolaires, du fait de sa connaissance de l’art du dessin, il récoltait de certains d’entre eux qui l’aimaient bien, de petits cadeaux financiers qui l’aidaient à résoudre ses petits besoins. Elève au Collège d’Enseignement général (Ceg) de Pahou, il rencontrait des camionneurs originaires du Burkina Faso, en arrêt, en transit dans la zone, à qui il proposait de décorer, par des dessins, leurs véhicules, ce qu’ils trouvaient intéressant et qu’ils acceptaient. Ainsi, il gagnait, selon le cas, vingt, vingt-cinq ou trente mille francs Cfa, selon le cas, le weekend. « C’était un job de nourriture et un job de peinture ; je faisais face à mon loyer, à mes besoins alimentaires de même qu’à ceux de ma sœur, et je m’achetais des pots de peinture », explique-t-il. « C’est aussi dans ces moyens que je m’achetais des fournitures scolaires, le moment venu », dit-il, en complément.
Désormais, courant 2009 et 2010, distribuant son temps entre les cours et ses petits contrats de dessin, il percevait, selon lui, la grande différence entre ses camarades et lui. « Je les plaignais car eux qui étaient assidus étaient démunis alors que, moi, j’avais toujours un peu d’argent dans les poches », confie-t-il. Evoluant dans sa pratique artistique, il opère une réalisation de poids. L’ouverture à un véritable déclic. Le 2 novembre 2011, il remporte le deuxième Prix du concours de création de logo, organisé par le Centre national de Transport rural (Cntr) du Ministère des Travaux publics et des transports de l’époque, ce qui lui a valu une enveloppe de cinq cent mille francs Cfa et le respect total, dans son entourage, pour son art et pour lui. Deux années plus tard, il décroche la subvention de l’ex-Fonds d’Aide à la Culture (Fac), pour un montant de sept cent mille francs Cfa, d’où la tenue d’une exposition personnelle, à l’espace d’exposition de la Place du Souvenir, sur « La déperdition en milieu scolaire et la cybercriminalité ». Gonflé d’assurance, la même année, il met en place, avec certains de ses collègues, l’Association des Jeunes artistes plasticiens (Ajap) dont il préside aux destinées.
Par ailleurs, il enchaîne les participations aux séances de renforcement de ses capacités techniques et professionnelles, en l’occurrence, en 2016 : du 13 au 15  septembre, il est un stagiaire à la Phase 2 de l’atelier national de formation des décorateurs et des accessoiristes au théâtre, au cinéma et à la télévision, à l’initiative de l’Association des Artistes plasticiens du Bénin (Apb). Puis, du 29 juillet au 28 septembre, il manifeste une présence régulière à la formation mise en place par l’Association pour la Promotion de la Jeune création en Arts plastiques (Apj-Cap), en collaboration avec l’Ong ’’Chandelier de la Paix’’, sur le thème : « Fâ, une source intarissable d’inspiration pour les plasticiens béninois ». De plus, entre 2009 et 2017, il prend part à pas moins de huit expositions collectives, ce qui témoigne de sa reconnaissance par ses pairs du secteur des arts plastiques. 


Cyrus D'Hyzo, confiant en l'avenir
Armé du triple sens du contact, de la vision et de la foi en soi, son rêve se veut libéré de tout facteur d’obstruction à son projet phare : « Il me faut exposer un peu partout dans le monde et, je compte beaucoup sur le travail pour m’ouvrir les portes que je souhaite, même si être artiste au Bénin, ce n’est pas facile ».

Marcel Kpogodo  

mardi 6 novembre 2018

Erick-Hector Hounkpê : les statistiques clés du Fitheb 2018


Dévoilement au cours du point de presse du Directeur

Le point de presse qu’a animé Erick-Hector Hounkpê, Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), le jeudi 11 octobre 2018, à Cotonou, a permis aussi bien de rassurer sur la tenue effective de la 14ème édition de la biennale de théâtre, en novembre prochain, que de faire connaître les grands chiffres de cet événement tant attendu par les professionnels du secteur.

Le Directeur Erick-Hector Hounkpê, au cours du point de presse
6 villes d’accueil, 11 pays participants, 20 spectacles programmés, 3 activités et 4 personnalités invitées. Les statistiques globales à retenir de la tenue, du 16 au 24 novembre 2018, de la 14ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), celles-ci ayant été annoncées et développées aux journalistes au cours d’un point de presse qu’a animé le Directeur de la Biennale, Erick-Hector Hounkpê, dans l’après-midi du jeudi 11 octobre 2018, dans la grande Salle bleue du siège de l’institution, sis Ciné Vog, à Cotonou.
Avec, en fond de décor, l’image de l’icône béninoise, artiste du théâtre et du cinéma, Ignace Yètchénou, le conférencier a décliné le thème qui servira de fondement au déroulement de l’événement : « Théâtre, engagement critique et social pour un développement durable au Bénin, en Afrique et dans le monde ». Puis, il lui est revenu de préciser que le Fitheb 2018 se tiendra simultanément à Cotonou, Porto-Novo, Lokossa, Abomey, Parakou et à Natitingou, allant jusqu’à donner des détails sur les espaces qui seront exploités dans chacune de ces communes : pour la capitale économique, l’Institut français de Cotonou, la Salle bleue du Fitheb, le Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, l’Espace ’’Mayton promo’’ et l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), sans oublier que plusieurs places publiques verront s’organiser des spectacles d’attraction, pour la capitale politique, la Maison internationale de la Culture, l’Espace ’’Ouadada’’ et le Jardin des Plantes naturelles (Jpn), à Lokossa, la Maison du Peuple et l’esplanade de sa devanture, les Palais des Rois Béhanzin et Guézo, à Abomey, puis, notamment, à Natitingou, l’Espace ’’Tv5’’.
Se rapportant aux pays étrangers qui manifesteront leur présence sur la Biennale, ils sont une dizaine à avoir été retenus : le Burkina Faso, le Cameroun, le Canada, la Chine, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Mali, le Niger et la Tunisie. Et, les vingt pièces de théâtre, qui seront représentées, selon Erick-Hector Hounkpê, elles sont une dizaine émanant du Bénin et, une autre, concerne les pays invités. Du côté béninois, il faudra s’attendre à voir programmer ’’Le chroniqueur du Pr’’, ’’Yêkou ou Le conte chez nous’’, ’’Mon père est un comique’’, ’’L’os de Mor Lam’’, ’’La Tragédie du Roi Césaire’’, ’’7 milliards de voisins’’, ’’25 décembre’’, ’’Touch my body, don’t touch my body’’, ’’Tache noire sur le cœur’’ et, enfin, ’’La honte du prétexte ou Une leçon de calcul’’.
De l’étranger, comme annoncé par la première autorité du Fitheb, dix autres pièces ont attiré l’attention du Comité chargé de la sélection des œuvres à représenter : ’’Le fabuleux destin d’Amadou Hampâté Bâ’’ (France, Burkina, Mali), ’’Je suis Charlotte’’ (Cameroun), ’’Palabres de cordonnier’’ (Togo), ’’L’Humanité Plage’’ (Burkina Faso), ’’L’écrivain public’’ (France), ’’Qui es-tu, toi qui m’entraînes ?’’ (Côte d’Ivoire), ’’Chemins de fer’’ (Haïti), ’’Les voix de …’’ (Madagascar) et ’’Violences’’ (Tunisie). Du côté de la Chine, la Troupe artistique chinoise présentera une prestation.


Des activités et des personnalités invitées

Dans la suite de son propos, Erick-Hector Hounkpê a évoqué la tenue de manifestations qui auront lieu parallèlement aux représentations théâtrales liées au Fitheb. A l’en croire, trois catégories différentes de celles-ci sont prévues : une campagne de communication, les « sous-activités du Pré-Fitheb » et les rencontres professionnelles. S’étant étendu sur les deux derniers aspects, il a d’abord fait remarquer que le « Pré-Fitheb » donnera lieu à trois types d’activités.
Premièrement, en symbiose avec les journalistes culturels mobilisés massivement, il s’effectuera, dans un premier volet, la mise au propre des espaces dédiés à l’accueil de villages du Fitheb et l’exercice d’actes sociaux et culturels à la maison d’arrêt de Cotonou, de même que des visites seront organisées vers des « maisons d’accueil des diminués mentaux », un ensemble d’initiatives qui seront menées et qu’il a désignées par l’ « impact social du Fitheb » (Isf). Un deuxième volet donnera lieu, du 8 au 15 novembre 2018, à des lectures scéniques qu’abriteront des établissements secondaires appartenant aux villes mentionnées précédemment pour accueillir des pièces de théâtre de la Biennale. Enfin, le troisième volet, selon l’orateur, se rapporte à l’organisation de spectacles d’attraction au niveau des places publiques de ces mêmes villes, ce à quoi il pourrait être associé des spectacles de contes, à l’intention des enfants. Ce sera du 10 au 17 novembre 2018.
Concernant les rencontres professionnelles, le Directeur Erick-Hector Hounkpê a indiqué qu’il sera tenu deux ateliers régionaux, une table ronde, une « rencontre des directeurs de festivals de théâtre » et une cérémonie de distinction.
Le premier des ateliers mettra en communion, du 16 au 18 novembre 2018, les journalistes culturels, qu’ils soient de la presse écrite, de la radio, de la télévision ou du web. Quant au second, il réunira, du 18 au 20 novembre, les professionnels du théâtre sur le facteur de la lecture scénique, avec des séances de « restitution publique ». Par rapport à la table ronde, Erick-Hector Hounkpê en a défini le thème, elle qui se tiendra les 15 et 16 novembre : «Théâtre, engagement critique et social pour un développement durable au Bénin, en Afrique et dans le monde ».
En ce qui concerne ce que le Directeur du Fitheb a dénommé la « rencontre des directeurs de festivals de théâtre », elle se tiendra, selon lui, le 21 novembre, pour assurer la fécondation d’un bébé qu’on fera accoucher avec des dents, le Marché actif du théâtre en Afrique (Mata), celui à qui il sera assigné une grande mission : « Asseoir un Marché de théâtre sud-sud, dynamique et inclusif, qui dessine et offre deux itinéraires qui vont, in fine, s’asseoir, se rencontrer et s’imbriquer pour la circulation libre de nos offres artistiques ». Ces deux itinéraires ont fait l’objet, de la part de l’orateur, à une précision : « L’itinéraire côtier qui intègre les pays de la côte et, celui, sahélien, pour les pays sahéliens ». En outre, à l’en croire, le Mata constitue la résultante de deux rencontres antérieures, en 2016 : la 13ème édition du Fitheb, à Cotonou, et, une autre, qui s’est tenue, en novembre de cette année, à Tunis, à l’occasion des Journées théâtrales de Carthage.
Enfin, pour Erick-Hector Hounkpê, ’’Fitheb-Distinction’’ est le dernier événement qui marquera la 14ème Biennale ; il aura lieu le 18 novembre et verra décerner une distinction à de grands noms du théâtre et à des structures, au Bénin et en Afrique. Au plan national, Tola Koukoui, Alougbine Dine, Koffi Gahou et José Pliya, pour les personnalités, l’Institut français de Cotonou et le Centre culturel chinois, pour les institutions, ont été sélectionnés pour être honorés. Dans la sous-région ouest-africaine, le Togolais Kossi Assou, l’Ivoirien Zié Coulibaly et le Burkinabè Hamadou Mandé le seront. Et, respectivement, la petite Salle bleue du Fitheb et la Salle de conférence de l’institution se verront attribuer un nom : ’’Antoine Dadélé’’, pour la première, et ’’Oscar Kidjo’’, pour la seconde, en souvenir du fait que la première personnalité, décédée, depuis peu, a co-fondé et dirigé la Biennale, pendant que la seconde en a été membre du Conseil d’administration. 
  
Marcel Kpogodo