Et, comme si prendre la cause de la femme faisait l’objet d’un engagement, relevait d’une obsession, était lié à un problème qu’il voulait contribuer à résoudre, l’être humain de sexe féminin est au centre de sa seconde œuvre exposée à la Jiap 2018 : ’’Femme au foyer’’. « Je décerne une couronne à la femme qui est la reine de la maison, elle y suit tout ce qui s’y passe, met tout en ordre, la maintient dans la propreté, la nourrit », a argumenté l’artiste. Il s’agit d’une toile d’une expression aussi bien discrète que répétitive, de quoi, effectivement, faire ressortir la démultiplication physique de la femme, une démarche que viennent appuyer des stratégies de collage de tissu, de mise en relief d’étoffes et de trois ustensiles de cuisine, ce dernier trait, inévitablement, rappelant un domaine qui est souvent l’apanage de la femme : la cuisine. Un sens créatif ainsi bien marqué, chez Cyrus D’Hyzo. Par conséquent, des toiles à aller voir, absolument …
Gros faits d’armes
Jeune artiste peintre d’une vingtaine d’âge légèrement dépassée, fils d’Hippolyte D’Hyzo, père du même métier, Cyrus D’Hyzo, par ses réalisations, ne laisse aucunement penser qu’il ne vient que d’arriver dans la peinture, en particulier, et dans les arts plastiques, en général. En réalité, ses explications laissent comprendre qu’il se fait valoir, en tant qu’artiste, depuis les bancs de l’école primaire, du collège et du lycée, contraint qu’il était, déjà, à cette époque, de se prendre en charge, de payer un loyer et de soutenir une petite sœur qui partageait son local. Ami des autorités scolaires, du fait de sa connaissance de l’art du dessin, il récoltait de certains d’entre eux qui l’aimaient bien, de petits cadeaux financiers qui l’aidaient à résoudre ses petits besoins. Elève au Collège d’Enseignement général (Ceg) de Pahou, il rencontrait des camionneurs originaires du Burkina Faso, en arrêt, en transit dans la zone, à qui il proposait de décorer, par des dessins, leurs véhicules, ce qu’ils trouvaient intéressant et qu’ils acceptaient. Ainsi, il gagnait, selon le cas, vingt, vingt-cinq ou trente mille francs Cfa, selon le cas, le weekend. « C’était un job de nourriture et un job de peinture ; je faisais face à mon loyer, à mes besoins alimentaires de même qu’à ceux de ma sœur, et je m’achetais des pots de peinture », explique-t-il. « C’est aussi dans ces moyens que je m’achetais des fournitures scolaires, le moment venu », dit-il, en complément.
Désormais, courant 2009 et 2010, distribuant son temps entre les cours et ses petits contrats de dessin, il percevait, selon lui, la grande différence entre ses camarades et lui. « Je les plaignais car eux qui étaient assidus étaient démunis alors que, moi, j’avais toujours un peu d’argent dans les poches », confie-t-il. Evoluant dans sa pratique artistique, il opère une réalisation de poids. L’ouverture à un véritable déclic. Le 2 novembre 2011, il remporte le deuxième Prix du concours de création de logo, organisé par le Centre national de Transport rural (Cntr) du Ministère des Travaux publics et des transports de l’époque, ce qui lui a valu une enveloppe de cinq cent mille francs Cfa et le respect total, dans son entourage, pour son art et pour lui. Deux années plus tard, il décroche la subvention de l’ex-Fonds d’Aide à la Culture (Fac), pour un montant de sept cent mille francs Cfa, d’où la tenue d’une exposition personnelle, à l’espace d’exposition de la Place du Souvenir, sur « La déperdition en milieu scolaire et la cybercriminalité ». Gonflé d’assurance, la même année, il met en place, avec certains de ses collègues, l’Association des Jeunes artistes plasticiens (Ajap) dont il préside aux destinées.
Par ailleurs, il enchaîne les participations aux séances de renforcement de ses capacités techniques et professionnelles, en l’occurrence, en 2016 : du 13 au 15 septembre, il est un stagiaire à la Phase 2 de l’atelier national de formation des décorateurs et des accessoiristes au théâtre, au cinéma et à la télévision, à l’initiative de l’Association des Artistes plasticiens du Bénin (Apb). Puis, du 29 juillet au 28 septembre, il manifeste une présence régulière à la formation mise en place par l’Association pour la Promotion de la Jeune création en Arts plastiques (Apj-Cap), en collaboration avec l’Ong ’’Chandelier de la Paix’’, sur le thème : « Fâ, une source intarissable d’inspiration pour les plasticiens béninois ». De plus, entre 2009 et 2017, il prend part à pas moins de huit expositions collectives, ce qui témoigne de sa reconnaissance par ses pairs du secteur des arts plastiques.
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Cyrus D'Hyzo, confiant en l'avenir |
Armé du triple sens du contact, de la vision et de la foi en soi, son rêve se veut libéré de tout facteur d’obstruction à son projet phare : « Il me faut exposer un peu partout dans le monde et, je compte beaucoup sur le travail pour m’ouvrir les portes que je souhaite, même si être artiste au Bénin, ce n’est pas facile ».
Marcel Kpogodo
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