vendredi 5 octobre 2018

’’Frankosun and the family’’, le défi de l’Afrobeat en Finlande


Face à la reconstitution du Groupe musical

’’Frankosun and the family’’, un groupe musical bénino-finlandais, fondé en 2013, est passé par le double prisme de la participation à plusieurs scènes et d’une décisive recomposition pour se donner sa voie : l’adoption de l’afrobeat, dans sa source, telle que créée, expérimentée, pratiquée et laissée en héritage à la postérité par l’anticonformiste chanteur et musicien nigérian, Fela Kuti. Un gros cahier artistique de charges !

Au grand complet, le Groupe ''Frankosun and the family''
Chanter en yoruba, de même que dans un anglais de rue du Nigeria, le ’’pidgin’’, et réussir, matérialiser  une formation dans la pratique du rythme très africain de l’afrobeat. Ce à quoi doit se conformer, se déterminer, se consacrer ’’Frankosun and the family’’, le groupe musical dirigé par le Béninois Franck Koumolou, de son nom d'artiste, Frankosun, et dont tous les autres membres sont des Finlandais, qui est né en 2013, a traversé un certain désert jusqu’en mars 2017 où il a été reconstitué par son initiateur qui l’a renouvelé à 30% de son effectif manquant. Si s’est imposé cette orientation, c’est, selon ce jeune leader artistique, à cause du choix du public que l’orchestre a pratiqué au cours de ses différentes prestations sur plusieurs scènes finlandaises : ’’Festafrica’’, ’’Kallio block party’’ et ’’Kulturnatten’’, entre autres.
Ainsi, les mélomanes finlandais, après avoir assisté à des productions du Groupe en salsa, en reggae et, notamment, en afrobeat, ont senti la fusion se réaliser avec le ’’Frankosun and the family’’ lorsqu’il exécute le troisième rythme. Et, comme les artistes ne s’épanouissent qu'en provoquant le même effet chez le public, la question du style musical qui allait identifier, spécifier le Groupe ne se posait plus.


Bonne carte d’identité

A en croire Frankosun, la fraternité et la solidarité cimentent la nouvelle formule du ’’Frankosun and the family’’, ce qui lui a permis de faire beaucoup de scènes en 2018 à Helsinki en Finlande, si bien que l’artiste n’a pu s’empêcher d’en marquer une profonde satisfaction : « C’est l’équipe idéale que j’ai toujours cherchée ». Par ailleurs, le fon, le yoruba, l’anglais ’’breaking’’ sont les langues par lesquelles se transmettent les messages qui tiennent à cœur au Groupe.
Se rapportant aux morceaux lui permettant de marquer sa spécificité musicale, ’’Welcome to Benin’’ étant le single de valorisation des « icônes » du berceau du vodoun, que le nouvel ensemble a mis sur le marché, en avril 2018, de quoi marquer sa cohésion et son unité, il se trouve, inscrit dans son patrimoine, de manière générale, un pré-album de trois titres, disponibles depuis la même année, qui ont fait le tour de plusieurs plateformes musicales en ligne, telles que ’’Spotify’’, ‘’  Itunes’’ et ’’Youtube’’, sans oublier qu’au total, six morceaux seront validés pour constituer le premier album du Groupe. 

Franck Koumolou, alias Frankosun
Et, une chanson, déjà bien connue comme ’’Manasalélé’’, a fait l’objet d’un clip vidéo qui a été tourné au Bénin et en Finlande, pendant  qu’un morceau intitulé ’’Fatima’’, ayant réalisé un certain parcours, s’est vu refait, dans sa version afrobeat, ce que Frankosun annonce devoir être mis en ligne incessamment. En outre, le nouveau des plus nouveaux existe : ’’Malaria’’ est, à l’en croire, un « nouveau morceau de sensibilisation des parents et des enfants sur le paludisme ». Un enregistrement live, précise-t-il. Une vidéo à voir sur la chaîne ’’Youtube’’ de l’orchestre.


Perspectives …

2019. L’année qui suscite l’intérêt du ’’Frankosun and the family’’ pour franchir des étapes remarquables, dans son évolution : détenir un site Internet officiel « avec un logo distinctif », insiste Frankosun, faire paraître le premier album entièrement enregistré sur le rythme de l’afrobeat, faire découvrir le Bénin à la grande majorité des membres finlandais du Groupe et, enfin, mettre en place un grand festival musical. Le moyen d’un brassage qu’il appelle de tous ses vœux entre les artistes béninois et les musiciens de son orchestre, ce qu’il entrevoit comme devant se révéler l’opportunité pour que le ’’Frankosun and the family’’ travaille sur des rythmes béninois et, entre autres, tienne des spectacles sur différents sites artistiques et culturels de son pays natal.


Ouverture – visibilité


De gauche à droite, Frankosun et Mohamed du Groupe ''Aigle de Guinée, à la ''Radio Basso''
Vivant et travaillant en Finlande, Frankosun fait l’objet, au vu de ses activités dans le groupe musical dont il est le fondateur, de l’intérêt de son entourage professionnel. L’effet : il se voit associé à des événements se déroulant dans son environnement. Le cas en est ’’Afrobeat club’’, un festival de la promotion des groupes musicaux constitués d’étrangers ayant résidence dans le pays d’accueil concerné et montrant le point commun de l’exercice du célèbre rythme d’origine nigériane. Ayant connu son lancement le 30 juin 2018, ce creuset culturel a servi de fondement à une interview qu’a accordée, le jour d’avant, Frankosun, à un média de la capitale finlandaise : ’’Radio Basso’’. Reconnaissance, oui et, certainement, pour une popularité en explosion, pour une visibilité finlandaise, européenne, africaine, internationale, puis planétaire, celle entrevue du ’’Frankosun and the family’’.


Des membres du Groupe


Franck Koumolou vocals and perc. (Bénin)
Elina Koskela vocals (Finlande)
Suvituuli Siikasaari vocals (Finlande)
Mikael Siljanen – basse (Finlande)
Lauri Kallio – guitare (Finland)
Ville Sirviö guitare (Finlande)
Johannes Sarjasto – saxophone (Finlande)
Panu Luukkonen – trombone (Finlande)
Keijo Koskenharju drums (Finlande)
Aapo Watanen percussion (Finlande)

Marcel Kpogodo

samedi 29 septembre 2018

Franck Hantan : « Je veux révéler les valeurs culturelles, cultuelles et historiques de mon pays, le Bénin […] »

Dans une interview accordée à notre Rédaction

Franck Hantan est un artiste béninois tenturier, peintre et sculpteur. Dans sa démarche de travail, il franchit ses paliers, traversant des étapes, explorant, chaque fois, de nouvelles phases, pour un but à deux bras, qui, lui, manifeste sa persévérance : l’immersion dans la pratique séculaire de la tenture par ses ancêtres d’artistes, et la remise au goût de l’actualité de pratiques que la religion africaine, dénommée le ’’vaudun’’, retient comme salvatrices pour l’homme. Ce second aspect, qui valorise la démarche artistique de ce créateur, fonde une nouvelle affinité de toiles que Franck Hantan soumet à la découverte du public : ’’La série des initiés’’. Plus de détails dans cette interview …

Franck Hantan
Le Mutateur : Bonjour Franck Hantan. Vous êtes un artiste peintre et, un peu sculpteur, qui s’affirme par la pratique modernisée de l’art de la tenture, hérité des ancêtres, ce qui s’est rendu remarquable par votre dernière exposition du 21 octobre 2017 à Cotonou, intitulée ’’Succès’’. Presqu’un an après cet événement, quel bilan pouvez-vous faire de cette exposition ? A-t-elle été un succès ?

Franck Hantan : Ma dernière exposition du 21 octobre 2017, à Cotonou, intitulée ’’Succès’’, était déjà un succès avant d’être car, le succès, pour moi, est l’avancement dans ma création et l’ouverture qu’elle m’apporte. Je peux donc dire que cette exposition a été un succès car elle m’a permis de décrocher d’autres expositions en Europe.


En mars 2018, vous avez tenu une autre exposition à Paris. Dans quelle galerie l’avez-vous organisée ? Quel en était le thème ? Quelles œuvres pouvait-on y voir ?

Le 26 mars 2018, j’ai tenu une autre exposition à Paris, sous la direction de la Galerie ’’Arts Design Africa’’. Le thème de cette exposition était ’’Houindonomboua’’, ce qui veut dire, en langue fon,  « La culture ne s’éteint jamais ». On pouvait y voir quelques œuvres de ma collection ’’Succès’’ et de ’’La série des initiés’’.


En ce début du mois de septembre 2018, la Page Facebook de la ’’Galerie Hantan’’ laisse admirer de nouvelles œuvres, celles de ’’La série des initiés’’. Une nouvelle démarche semble se dessiner, celle de la rentrée. Pouvez-vous nous expliquer ? Pouvez-vous nous décrire cette nouvelle démarche ?

’’Les initiés’’ est une série sur laquelle je travaillais avant l’exposition du 26 octobre 2017. Cette inspiration vient des divers aspects de Gbôzunmê, la forêt sacrée où vivaient mes ancêtres avant d’être capturés comme esclaves par le roi Agadja, et aussi de mon attachement à l’environnement sain, au terreau.


Apparemment, ces œuvres abordent des réalités historiques et culturelles typiquement béninoises. Pouvez-vous les évoquer ?

« La culture nous apparaît comme la connaissance de ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers », a affirmé André Malraux, pour signifier l’importance de la culture en chaque être humain. 


''Le temple des pythons'' et ...
Platon ira plus loin en affirmant qu’ « une culture est le mode de vie d’une société ». Chaque individu, chaque peuple n’existe donc qu’à travers sa culture. La culture étant vaste et très diversifiée, surtout, dans mon pays aux multiples facettes comme le Bénin, il paraît judicieux de l’aborder au travers d’un de ses pans les plus importants, notamment, le ’’vaudun’’.


''Place Agondji'', deux toiles de ''La série des initiés''
Quel message voulez-vous faire passer par ces œuvres ?

Dans cette série, je veux expliquer que l’initiation dans le vaudun comporte plusieurs étapes : l’isolement, l’initiation, les initiés, la danse des initiés et, les jumeaux, qui sont un peu spéciaux.


Elles vous ont demandé combien de temps de travail ?

Il m’a fallu environ trois mois pour les réaliser.


Pour vous qui vivez et travaillez en France, quel est le sens de votre recours à ces réalités historiques et culturelles typiquement béninoises ? Nostalgie ? Excitation de vos compatriotes à un retour aux sources ? Rappel historique ?

Je veux révéler les valeurs culturelles, cultuelles et historiques de mon pays, le Bénin, pays de l’Afrique de l’ouest, à travers le monde entier.


Ces œuvres montrent l’abandon de l’art modernisé, à votre goût, de la tenture. Cet abandon est-il momentané ou définitif ?

Non, ce n’est pas un abandon, car il y a toujours la présence de l’histoire des tenturiers, Hantan et Zinflou, dans chaque œuvre créée. Les fils tissés que j’applique sur mes œuvres constituent l’héritage que j’ai gardé de l’art de mes aïeux.


Il nous a semblé que vous vous lancez simultanément dans la sculpture. Qu’en est-il ?

Oui je fais aussi de la sculpture à partir de mes pots de colle et de peinture. Je sculpte surtout quand je n’ai pas beaucoup d’inspiration pour peindre.


Avez-vous des projets pour le Bénin ? Lesquels ? Dans quelle durée ?

En août dernier, j’ai été reçu par Madame Gaëlle Baujean qui est conservatrice au Musée ’’Jacques Chirac’’, à Paris. Lors de cette rencontre, j’ai découvert trois tentures réalisées par mes ancêtres vers les années 1800. Reprendre ces tentures, dans une nouvelle technique, puis en faire une grande exposition itinérante, en commençant par mon pays, est mon objectif. Le sens de cette exposition sera une plongée dans l’histoire du Danhomè. Et, je pense la faire vers la fin de 2019.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo