jeudi 12 juin 2014

Darlène Abissi, 16 ans bientôt mais, déjà, une styliste de talent !

Elle fait connaître ses modèles le vendredi 13 juin prochain

L'Institut français de Cotonou donnera à connaître, le vendredi 13 juin 2014, à partir de 19h30, un défilé de mode libre et gratuit, d'un genre particulier. Il présentera une collection de vêtements conçus par une styliste d'une jeunesse créative impressionnante : Darlène Abissi.

Darlène Abissi
« Funmilayo ». Voilà la marque sous laquelle Darlène Abissi présentera un peu moins d’une vingtaine de vêtements, le vendredi 13 juin prochain, à l'Institut français de Cotonou, en début de soirée, juste après le match du Cameroun contre le Mexique, au cours d’un défilé libre et gratuit. « Funmilayo » est son deuxième prénom qui fait porter tout un programme alléchant à la cérémonie annoncée : « Procure-moi la paix, la joie et tout ce qui est bon ». Tout se passe donc comme si Darlène Abissi, par sa création, entendait faire valoir, auprès du public, des qualités de paix, de joie, notamment.

Quelques séquences ...
Ces valeurs qu’elle veut partager, elle les suggèrera dans le cadre du défilé de mode de ce vendredi 13 juin, avec des modèles qu’elle fera connaître par des mannequins qui les montreront au public. Conçues entièrement par elle et cousues par une couturière professionnelle, ces créations existent sous la collection  « Soyez mystérieuse » à laquelle elle a consacré trois années de travail ; elle lui donne une signification très simple : «  Elle est riche en couleurs et en formes ; les tenues ont été conçues pour accentuer le côté mystérieux de la femme, dans le but de sublimer sa sensualité », nous disait-elle, assistant à la répétition des pas de marche des mannequins, dans l’après-midi du mercredi 11 juin, sous la grande paillotte de l’Institut français de Cotonou.
... de l'entraînement des mannequins ...
... sous la paillotte de l'Institut français de Cotonou, le mercredi 11 juin 2014
A en croire Darlène, ces tenues sont destinées à être portées par les consommateurs féminins de tous les âges, entre autres, les enfants, les adolescentes, les jeunes filles, les dames.
Ainsi, si le public devrait faire massivement le déplacement de ces lieux du défilé, c’est parce que les modèles qu’elles souhaitent faire découvrir relèvent profondément de sa création personnelle, ce que n’altère pas la couture qu’elle a suivie de très près en proposant tous les détails possibles, dans l’agencement des couleurs, notamment.
Par ailleurs, les habits ’’Funmilayo’’, que se feront le devoir de présenter les mannequins, rayonneront exclusivement de la marque « Woodin », un nom bien connu du tissu. Elle justifie ce choix : « C’est un tissu africain », lance-t-elle calmement.
Si, aussi, l’événement se tiendra le vendredi 13 juin, c’est grâce au soutien d’un ordre ou d’un autre de plusieurs entreprises et structures de la place : Mtn, le Port autonome de Cotonou, la Loterie nationale du Bénin, l’Institut français de Cotonou, l’Agence ’’Timagine’’, entre autres. L’appel de Darlène Abissi, qui devrait être entendue, se trouve, donc, sans ambigüité : « J’invite toute la population béninoise à venir me soutenir et à découvrir ce que je fais ». Ce défilé est très attendu pour révéler de quelle qualité de créativité est cette adolescente apparemment très précoce.



Darlène Abissi …

A la veille de sa 16ème année seulement, Darlène Abissi est une élève en classe de 1ère B d’un collège public de la ville de Cotonou. Ayant décidé d’orienter son don du dessin vers le stylisme, elle a une corpulence fine et une taille modeste contrastant avec la richesse et la grandeur de ses ambitions professionnelles très entrepreneuriales, incrustée qu’elle est dans la manipulation, comme les jeunes de son âge, des technologies de la communication, mais, fort heureusement, très éloignée des vices que développent ceux-ci. Pour une fois qu’une jeune fille démontre sa capacité de développer une vision d’avenir, dans un pays et un continent, un univers où le sens des contre-valeurs plonge la jeunesse dans le moindre effort, la superficialité, la paresse et l’attentisme, le moindre des soutiens à Darlène Abissi serait d’abord de faire le déplacement de ce défilé de mode du vendredi 13 juin, à l’Institut français de Cotonou, pour découvrir la teneur de cette jeune créativité qu’elle est. Sa détermination fera le reste.    

Marcel Kpogodo

samedi 7 juin 2014

’’Danxomè-xo », une magistrale réussite artistique et intellectuelle

Suite à sa représentation à l’Institut français de Cotonou


La soirée du vendredi 30 mai 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce, ’’Danxomè-xo’’, écrite et mise en scène par l’homme de théâtre, Patrice Toton. Un spectacle d’une totale réussite qui a marqué les esprits aux plans artistique et intellectuel.

De gauche à droite, Patrice Toton, Souléman Laly, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo et Edouard Ahlonsou, remerciant le public, à la fin de la représentation
A la fin de la représentation du spectacle, « Danxomè-xo », le vendredi 30 mai dernier, à la grande paillote de l’Institut français de Cotonou, les nombreux spectateurs, encore sous l’effet de la prestation impressionnante des artistes de l’Association ’’Katoulati’’, déambulant dans les environs de la cafétéria, voient Alougbine Dine, comédien, metteur en scène, responsable d’espace de représentation théâtrale et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), les deux mains sur la tête de Patrice Toton, auteur et metteur en scène de la pièce jouée, comme en signe de bénédiction, le féliciter en ces termes : « C’est très bien ! C’est très bien ! Tu as frappé fort ! Je suis content, je suis content ! »

L'inédit "standing ovation" des universitaires avec, de gauche à droite, les Professeurs, Bienvenu Akoha, Toussaint Tchitchi et Guy Ossito Midiohouan
Une autre image saisissante et révélatrice du succès éclatant de "Danxomè-xo" : le ’’standing ovation’’ d’un carré de professeurs d’université venus assister à la représentation théâtrale, au moment où les acteurs avaient fini de faire connaître leur identité au public. Bienvenu Akoha, appuyé de son épouse, Guy Ossito Midiohouan, Toussaint Tchitchi et, d’un autre côté du premier rang des bancs, Dodji Amouzouvi, continuaient d’applaudir après le public.

Après la pièce, la satisfaction probante du Professeur Guy Ossito Midiohouan, en bleu, du Département des Lettres Modernes, de la Faculté des Lettres, de l'Université d'Abomey-Calavi
Même lui, ce public, n’est pas resté en marge des félicitations par le geste. Après avoir app

laudi à tout rompre, à plusieurs reprises, à la fin du spectacle et au cours de la présentation des acteurs par Patrice Toton, il resté, pendant plusieurs minutes, accroché à son siège, comme s’il demandait une reprise du spectacle. Intensément et abondamment comblé par la prestation des acteurs, il n’avait de cesse de finir de digérer ce jeu extraordinaire, animé et instructif.   
Côtoyant ces maîtres du savoir, Ignace Yètchénou, comédien, acteur de cinéma, n’a pas manqué de faire connaître ses impressions, à la fin de la pièce, confiant à Patrice Toton : « J’ai perdu le goût d’aller au théâtre. Mais, avec ce spectacle, tu m’as redonné l’espoir et l’envie d’aller au théâtre. »
Toutes ces marques d’un succès éclatant qui ne trompe pas, ne sont pas gratuites. En 65 minutes, les trois comédiens-conteurs-personnages et le percussionniste, alternant les rôles, passant du récit engagé au jeu bien cadré d’un héros circonstanciel, en transitant par des séquences bien synchronisées de chants traditionnels en chœur, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo, Souléman Laly et Edouard Ahlonsou, pour ce qui est de leur nom à l’état-civil, ont restitué des réalités historiques stratégiques du Bénin pré-colonial à celui contemporain, résumant, dans une exposition fortement exprimée, la volonté inextinguible d’hégémonie du royaume du Danxomè sur les 14 autres, de la côte, de l’est, du centre, de l’ouest et du nord de l’actuel Bénin. Une volonté érigée en une forte détermination conquérante de souverains successifs, Houégbadja, Agadja, Guézo, Glèlè, Béhanzin, aux déboires spécifiques et fatals  mais, une détermination concrétisée par des avancées conquérantes sérieuses, freinées opportunément par le colon militaire français et récupérées à son profit par lui pour asseoir une colonisation durable. 

Parfait Dossa, Agadja
Souléman Laly, en Béhanzin
Parfait Dossa, à cet effet, a incarné le téméraire Agadja et y a réussi, de même que Souléman Laly, par rapport à Béhanzin, sans compter Charrelle Hounvo qui, dans la même plus que châtiée diction que ses homologues de scène, une profération parfois mécanique, à souhait, a retracé des tranches de parcours illustres de ces célébrités. Et, que ne pas dire d’Edouard Ahlonsou, dont la voix mélodieuse et entraînante, renforcée par un timbre de griot, a lancé et scellé des chants du sud et du nord du Bénin, contraignant ses trois compagnons de scène à une chorégraphie circonstancielle embellie par le chorus de l’accoutrement.

L'engagement sans failles des comédiens-conteurs dans le conte théâtralisé, "Danxomè-xo"

Un accoutrement uniforme des conteurs, constitué, à la base, d’une sorte de tunique en coton, de manches courtes ovales et débordantes, une tunique ornée, le long des boutonnières, au col et au bord des manches, du même registre d’un large motif indigo dominant, agrémenté par de gros points jaunes. C’était une tunique sur un pantalon ample. Cet accoutrement, surtout chez les trois premiers conteurs, était extraordinaire par sa capacité, sans rien en laisser paraître au spectateur, à se muer rapidement en un autre. Ainsi, l’accoutrement de scène était aussi colonial, avec, pour les conteurs, des lunettes à la petite monture fine posée sur le nez. Dans un autre univers, constitué, en quelques petites minutes, par le biais d’un chant chaleureux exécuté à l’unisson, toujours par les mêmes trois conteurs, dos tourné au public, en retrait dans un coin droit de la scène, ce nouvel univers leur a fait continuer la pièce avec une chemise désormais sans manches sur un pantalon blanc, le tout mis en valeur par un chapeau feutre noir !
Et, nous voilà, en un tournemain, plongé dans notre Bénin du 21ème siècle, dans la capitale économique, avec ses réalités côtières de pêche d’une habitude séculaire, de belle vie de plage et de pratiques sexuelles débridées. Toute l’atmosphère savoureuse de l’environnement de la ’’Route des pêches’’ !

Les comédiens-conteurs, dans une séquence à la fois chantée et dansée

Et, dans ce passage aisé d’une époque historique à l’autre de notre pays, pas de rupture dans le jeu de scène, les chants et les danses aidant à cela. Le public a savouré des séquences chorégraphiques courtes et plaisantes qui s’enchaînaient habilement à d’autres séquences de récit ou de jeu de rôles. Ces moments chorégraphiques, mis au point stratégiquement, ont permis au metteur en scène de faire pratiquer par les comédiens-conteurs un déplacement agile et aisé sur la scène ; l’exploitation équilibré de celle-ci était fondée sur le positionnement des comédiens-conteurs en un triangle qui se déployait, s’élargissant en carré, en rectangle ou en cercle, selon les circonstances. Ceux-ci, maîtrisant leur texte, le vivaient, chaleureusement et joyeusement, disant, chantant, déclamant, célébrant même des rituels royaux, sacrés ou profanes, manipulant facilement des accessoires convertibles qui, eux aussi, changeaient de fonction : les bâtons à sculptures de jumeaux étaient auparavant des esclaves et les tabourets ont été restitués en balcons de maison à étages, balcons du haut desquels les colons pouvaient dédaigneusement considérer la population réduite à la soumission.
Au centre, Edouard Ahlonsou, dans son rôle de chanteur-percussionniste
Entrant en concordance avec tout ce système de successions des époques, des héros, des costumes, des accessoires, la lumière, blanche, jaune ou rouge, forte ou allégée, alternait, s’adaptant aux circonstances de détresse, de recueillement ou de joie, rougeoyant s’assombrissant ou éclatant, lançait ses feux.
Voilà une complète effervescence qui a animé la pièce, chassant du public l’ennui, l’instruisant par les faits d’histoire, le maintenant attentif et entretenant en lui un suspens qui a duré jusqu’à la fin de la pièce. Voilà une totale réussite ayant induit aussi bien la réticence du public à quitter les lieux du spectacle à la fin de la pièce, que les nombreuses félicitations au metteur en scène et la reconnaissance des professeurs d’université. Une telle pièce ne pourrait-elle pas épanouir les spectateurs du prochain Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) ?


Un speech de feu


Au-delà de son volet purement artistique, la pièce ''Danxomè-xo'' a laissé Patrice Toton, son auteur et metteur en scène, rappeler le contexte du premier jeu du spectacle, la participation de l’Association ’’Katoulati’’ au Festival ’’Yeleen’’ du Burkina Faso, en novembre-décembre 2013. 

Patrice Toton, dans son adresse au public, après le spectacle
L’homme de théâtre a alors, fortement et brièvement, partagé sa conviction de la nécessité que les universitaires s’emparent du processus qui est le sien de la réécriture de l’histoire nationale, selon la vérité des faits et non à partir de celle qui arrangeait l’ancien colonisateur et qui a été véhiculée jusqu’à aujourd’hui. Une véritable envolée intellectuelle de Patrice Toton qui, visiblement, a suscité l’intérêt des professeurs présents, quitte à ce que des initiatives scientifiques ultérieures viennent donner corps à un tel projet.     


Marcel Kpogodo