samedi 30 novembre 2013

Concert d’hommage à GG Vikey et à Gnonnas Pedro


Décalage contre décalquage

Des membres du public en liesse, dansant sur la scène, sous l'interprétation du duo Gilles Gnonnas-Dag Jack ...

La commémoration du cinquantenaire de l’Institut français du Bénin a donné lieu, le samedi 23 novembre 2013, au théâtre de verdure de la structure, à un concert d’hommage à deux icones défuntes de la musique béninoise : Gnonnas Pedro et GG Vikey. La lourde responsabilité artistique de leur imitation a été assurée respectivement par Gilles Gnonnas, le fils du premier, et par Dag Jack. Deux factures différentes de réussite.

 '’Agbadja’’, ’Vonvon non’’,’’Fini pavé’’, ’’Musique en vérité’’, ’’Midomiton’’, ’’Agan massi’’ et ’’Do winnin’’, d’une part, et ’’Gentleman Vikey’’, ’’Davi ré’’, ’’Que Dieu te bénisse’’, ’’Fais-toi plus belle’’, ’’Adowè’’, ’’Je te revois’’, ’’Le lac Ahémé’’, ’’Vive les mariés’’, d’autre part, sont les morceaux interprétés, chacun de son côté, par, respectivement Gilles Gnoonas et Dag Jack, en cette soirée du samedi 23 novembre 2013, au théâtre de verdure de l’Institut français du Bénin dont la commémoration du cinquantenaire était en jeu. Il s’agissait pour eux de faire revivre aux mélomanes nostalgiques des voix disparues de Gnonnas Pedro et de GG Vikey les élans de leur voix musicale qui les enchantaient tant, du vivant de ces baobabs de la musique béninoise.
Gilles Gnonnas en individuel ...
A l’arrivée, la voix de Gilles Gnonnas était appuyée par des balancements très enthousiastes des pieds et des bras, rythmés par l’agencement des instruments harmonieusement joués par les ’’Black santiago’’ de Cotonou, selon tel ou tel autre morceau de son père. Il manifestait une voix se moulant très difficilement dans celle forte et mélodieuse de son géniteur, d’où un décalage que le public lui pardonnait bien. En effet, il avait le mérite de replonger ces inconditionnels de l’ancien sociétaire des ’’Africando’’ dans l’ambiance instrumentale et thématique des chauds moments salsa et lyriques de ce Gnonnas Pedro qui avait fait bouger Cotonou, l’Afrique, l’Amérique latine et le reste du monde.
... de même que Dag Jack ...
... avec ses quatre garçons après le concert ...
Concernant Dag Jack, celui-ci était plus en réussite, dans son imitation de la voix de GG Vikey. La personnalité qu’il déployait se décalquait si bien dans celle de son mentor de circonstance, aussi bien dans la sobriété élégante de son allure vestimentaire que dans sa voix si tendre, si mélodieuse, si envoûtante, si lyrique, si vraie, que le public avait l’impression de se retrouver en face du vrai GG Vikey. Ceci poussa une spectatrice, fanatique plus que jamais à s’écrier : « Mais, c’est lui, il est de retour ! »
... où les Black santiago, saluant le public ...
Dans de telles conditions d’excellence vocale et psychologique, les huit morceaux que Dag Jack a exécutés, avec, aussi, l’appui instrumentale des ’’Black santiago’’, se sont déroulés trop vite, au goût du public dont certains membres se succédaient sur la scène, qui pour danser, qui pour donner un billet à l’interprète. La réussite de Dag Jack dans le décalquage de la voix de GG Vikey a révélé que l’homme était un expert en la matière lorsque, moulé dans un duo ultime avec Gilles Gnonnas, pour un morceau de Pedro, il a supplanté le fils putatif sur son propre terrain ; ses qualités de professionnel en matière d’interprétation n’ont donc plus fait l’objet d’aucune ambiguïté.
...  se sont raffraîchis.
Par rapport à son jeu, Dag Jack a donc occasionné une terrible confusion, suscitant, dans sa tenue sur scène, le questionnement au niveau des spectateurs : « S’agit-il de GG Vikey lui-même? », « Celui-ci est-il ressuscité ? » Sa posture droite, le geste rare mais bien calculé, le visage impassiblement rêveur, nostalgique des rives du fleuve Mono, un visage parfois empreint d’une tristesse amoureuse, d’une langueur décisive, le timbre de voix parfaitement décalqué sur celui du vrai GG Vikey, voilà autant de faits de réussite ayant nettement travaillé à créer l’effet d’un réel décalquage de l’image de Dag Jack sur celle de ce célèbre chanteur béninois originaire de Bopa. Au terme de l’effet psychologique d’illusion analogique, c’est le retour de tous sur terre. Les éléments de réussite précédemment évoqué ont, par ailleurs, placé Dag Jack au-dessus de Gilles Gnonnas, même s’il ne s’agissait pas d’un concours d’interprétation de morceaux de chanteurs béninois.
Pour un concert d’hommage de commémoration du cinquantenaire de l’Institut français du Bénin, ce fut une occasion pour le public de mesurer la qualité du travail artistique se réalisant en sourdine chez Gnonnas Gilles et Dag Jack. 

Marcel Kpogodo 

jeudi 28 novembre 2013

Lagunimages 2013 au Bénin


Une programmation multidimensionnelle 

Bientôt, en décembre 2013, le Festival ’’Lagunimages’’ à Cotonou. L’information substantielle qui ressort de la conférence de presse tenue, le samedi 23 octobre 2013, au siège de cette manifestation culturelle du cinéma.

Du 5 au 8 décembre 2013, le Festival ’’Lagunimages’’, tient sa septième édition à Cotonou. Christiane Chabi Kao, Présidente de l’Association du même nom que l’événement, et Noélie Noudéhou, Directrice du Festival, en ont informé les professionnels des médias, le samedi 23 octobre 2013, au Quartier ’’Les cocotiers’’. Si le thème en est « Cinéma et cultures urbaines », il s’agira pour ’’Laguinimages’’ 2013, selon la seconde personnalité, de faire valoir un ensemble d’activités culturelles de grand public, qui prendront en compte des arts parallèles au cinéma, tels que la musique, la peinture, la danse et la mode. A cet effet, le rap, le slam, les graffitis et les danses ghanéenne et brésilienne que sont l’azonto et la capoeira, seront à l’honneur pour meubler quatre bons jours de divertissement instructif que des projections cinématographiques de poids viendront enrichir davantage, surtout que ce sont des films africains ayant reçu l’Etalon de Yennenga, la plus grande distinction du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), du Burkina Faso.
Toujours à en croire Noélie Noudéhou, neuf lieux de projection sont retenus pour faire partager au public des instants collectifs de dégustation de la richesse cinématographique africaine. Ce sont le siège du Fitheb, les Instituts français de Cotonou et de Parakou, le village de pêcheurs de Fidjrossè-plage, l’Université d’Abomey-Calavi, le Collège d’Enseignement général Océan de Cotonou, l’Ecole primaire publique de Godomey, la Place Togoudo d’Allada et le marché de Godomey.
Par ailleurs, les films prévus pour les différentes projections sont réparties dans les cinq sections « Images thématiques », « Vision intérieure », « Cycle Junior », « Les Etalons de Yennenga » et « Le Brésil », du nom du pays qui est l’invité spécial de cette septième édition de ’’Lagunimages’’. D’ailleurs, le film d’ouverture du Festival, intitulé « Pedra da memmoria » se trouve étroitement lié à cette nation.
En outre, les explications de la Directrice de ’’Lagunimages’’, au cours de la conférence de presse du samedi 23 novembre dernier, a permis aux journalistes culturels de comprendre que l’édition 2013 de ce Festival ne se serait pas donnée les moyens de produire un impact porteur si ses planificateurs n’avaient pas mis en place un processus de formations et d’échanges entre les acteurs du cinéma et diverses composantes du public dont les relations avec la cinéma et les arts parallèles prévus ne souffrent, ce qui permet de noter la programmation de cinq ateliers, d’un forum, de deux découvertes et de quatre rencontres.
Premièrement, les séances de renforcement de capacités concernent respectivement « L’acteur face à la caméra », « Réalisation et production d’un documentaire pour la télévision », « Initiation à la réalisation d’une fiction et d’un documentaire court-métrage », « Slam » et, enfin, « Flash mob et danses urbaines ». Quant au forum, il se déroulera, le 7 décembre prochain, à l’auditorium du Fitheb, sur le thème : « Périphérie au centre dans la production cinématographique brésilienne : une histoire de continuité et de ruptures ». Il s’agit d’une communication qu’animera Emi Koide, Professeur à la Faculté de Communication et des arts de la ville de Saô Paulo, au Brésil. Avant les quatre rencontres d’ordre professionnel qui se tiendront, respectivement, les 4, 5, 6 et 8 décembre, prenant en compte les cérémonies d’ouverture et de clôture, une soirée de bienvenue et une « leçon de cinéma », le Festival tient deux « Découvertes » fondamentales, celle des taggeurs béninois, d’Afrique et d’Europe, par des photographies qu’exposera Franck Chabi Kao, d’une part, et celle de la danse brésilienne ’’Capoeira’’, à travers la démonstration de Mamoudou Fassassi, d’autre part.
Cette programmation de ''Lagunimages '' 2013, de belles fleurs dont certains fruits permettent déjà de présager de la bonne qualité.

Marcel Kpogodo