vendredi 22 juin 2012

Fidèle Anato dans son nouvel album

Où est l'os, sur le marché cinématographique béninois

Depuis le 14 juin dernier, le comédien béninois, Le Baobab, de son vrai nom, Fidèle Anato, a publié Où est l'os, un album cinématographique du registre humoristique, qui dure 1 heure 10 minutes. Deux mille francs suffisent pour se procurer cette vidéo, inspirée du conte, L'os de Mor Lam de Birago Diop. 
En substance, l'histoire se déroule à Towéta, situé à Lalo dans le Département du Couffo, village d'origine de la mère de l'auteur qui, symbole possible de nostalgie, y a passé son enfance. Cette histoire est celle de Gbodja, avare, égoïste, qui refuse de partager son os et qui en a des conséquences tragiques.

Selon l'auteur, cette œuvre, éditée chez Gangan Prod, relève d'un processus laborieux comportant un casting, une formation des sélectionnés au jeu d'acteur, le tournage, la post-production et la promotion. Par ailleurs, la distribution laisse apercevoir un certain nombre de comédiens, entre autres : Fidèle Anato, lui-même, incarne un fou, Judicaël Avagbé, l'avare qui a pour épouse,Vovo, Edith Béhanzin, de son nom réel, Fiacre Anato, qui interprète Kpakpa, l'ami de Gbodja. 
Dans l'harmonie de leur jeu, ils permettent de faire ressortir une leçon forte, surtout en cette période que certaines langues veulent croire morose : il faut partager ce que l'on a avec les autres, surtout si l'on en a en surplus. Cet appel constitue le résultat d'un constat désolant effectué par Le Baobab : "Il existe un fossé entre les riches et les pauvres", ce qui l'amène à exhorter : "Décentralisez vos os, c'est-à-dire vos poches car, à force de ne pas donner, on court à sa perte." Poursuivant selon cette logique, son regard devient soudain grave : "Quand il y en a trop et que les gens meurent de faim, ils peuvent vous tuer pour s'en approprier." 
Cette œuvre relève d'une auto-production que des partenaires ont accompagnée : la télévision béninoise Canal 3, le Jus de fruits Xana, le Port autonome de Cotonou, la Société béninoise de manutention portuaire (Sobemap), la Société Afrique destination, notamment.
Après Ici, maître, sa première œuvre cinématographique humoristique, Fidèle Anato, Où est l'os sous les bras,  se lance à la conquête du public béninois et aussi de celui de la sous-région ouest-africaine.

Marcel Kpogodo

mardi 12 juin 2012

Séjour d'Alain Mabanckou à Cotonou

Alain Mabanckou rejette une certaine Afrique

Alain Mabanckou, écrivain africain originaire du Congo-Brazzaville, a tenu une conférence de presse, ce mardi 12 juin, à Cotonou. C'était à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français. Bon nombre de questions ont fait l'objet de ses échanges avec les journalistes. Il ressort qu'il assume difficilement certaines idées reçues adoptées en Afrique.

Alain Mabanckou, dans ses échanges avec les journalistes béninois présents à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ce mardi 12 juin 2012, s'est montré opposé aux idées faisant la promotion d'une Afrique des jérémiades, qui se remet mal de l'esclavage et de la colonisation et qui, rendant responsable l'Occident de son sous-développement actuel, refuse de se battre pour en sortir. Quand on pense que, dans un Bénin ravagé et fragilisé par la cybercriminalité où les jeunes qui s'y investissent justifient leurs escroqueries par l'idée d'un vengeance contre les Occidentaux pour, justement, l'esclavage et la colonisation, on comprend que l'écrivain a touché à un point sensible de la mentalité de la jeunesse de notre pays. Il s'est insurgé, en outre, dans un humour finalement instinctif, contre une Afrique qui se veut pure et exempte de toute tare, contre une Afrique qui n'a rien à se reprocher et qui trouve que ce sont les autres qui portent tous les grands défauts.


Dans son évolution, l'écrivain congolais est allé jusqu'à démontrer que ce continent, à travers certains de ses pays, a laissé se manifester un ''racisme intra-africain'' ayant fait de certains autochtones des chiens méchants et des xénophobes vis-à-vis d'Africains, étrangers, venus de pays voisins. Ce langage complètement rectificateur intervient dans un contexte où il vient de faire paraître son nouveau roman aux Editions Fayard, ouvrage intitulé Le sanglot de l'homme noir. Il faudra attendre le vendredi 15 juin prochain, à 18 heures 45, à la Paillote de l'Institut français du Bénin, pour voir l'écrivain congolais s'étendre plus amplement sur cet ouvrage. Rappelons qu'à son actif se trouvent un peu moins d'une dizaine de productions romanesques : Bleu-Blanc-Rouge (1998), Et Dieu seul sait comment je dors (2001), Les petits-fils nègres de Vercingétorix (2002), African psycho (2003), Verre cassé (2005), Mémoires de porc-épic (2006), Black Bazar (2009), Ma Soeur Etoile (2010) et Demain j'aurai vingt ans (2010). Parmi celles-ci, Verre cassé a reçu, en 2005, successivement le Prix des Cinq continents de la Francophonie, le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs et le Prix RFO 2005, pendant que Mémoires de porc-épic a été auréolé du Prix Renaudot 2006. Se rapportant au Sanglot de l'homme noir, les explications et les éclairages d'Alain Mabanckou, nourris dans un humour subtil, restent très attendus.


Marcel Kpogodo