jeudi 22 avril 2010
Vie des médias au Bénin
vendredi 16 avril 2010
Africa Star 2010
mercredi 14 avril 2010
Révélation de la musique béninoise
Rock-Herman
Ce qui est désolant
Les grands efforts d'ordre artistique menés par Rock-Herman au Sénégal seraient en bonne voie pour lui permettre de recevoir les lauriers du meilleur arttiste, si quelques insuffisances en matière de communication n'intervenaient pour fragiliser le candidat béninois à Africa Star 2010. En effet, depuis le début de la nouvelle saison de cette émission télévisuelle de détection des stars africaines de la musique, la télévision nationale béninoise n'a fait aucun cas de cette manifestation culturelle très suivie sur le continent africain et à l'Extérieur ; elle n'a rien diffusé, ni en direct ni en différé, en ce qui concerne les prime qui se sont déroulées, déjà que les candidats ont besoin d'être soutenus par leurs compatriotes à travers un vote par sms qui compte aussi dans l'évaluation finale des concurrents.
samedi 10 avril 2010
Culture et politique au Bénin
On doit reconnaître que quelque chose a bougé. Disons que Boni Yayi est venu après que tout a été par terre pratiquement et, donc, le peu qu’il fasse, c’est déjà grand. Dans ce sens, on doit reconnaître que c’est avec lui que les artistes et les créateurs ont bénéficié du milliard culturel, même s’il reste à épiloguer à propos de la gestion de cet argent-là ; ça reste un acquis. Aussi, on doit reconnaître que, sous ce gouvernement, on a subventionné et offert au public des spectacles, ce qui a fait travailler les artistes, ce qui leur a fait gagner de l’argent, même si on doit réfuter l’aspect que ce ne soit les musiciens souvent ; ce ne sont pas que les musiciens qui soient des artistes, il y a des plasticiens, des hommes de théâtre, des écrivains, des poètes, ainsi de suite. Par exemple, on aurait pu aussi subventionner des créations, des pièces de théâtre qu’on fasse circuler et qui aillent rencontrer les populations dans les localités. Ces choses ne se sont pas vues. Donc, on peut reconnaître que, même si on n’a pas eu les changements escomptés, on est – c’est déjà beaucoup dans ce secteur – dans cette illusion de changement ; on est dans des acquis qui permettent d’espérer un lendemain plus ou moins costaud, plus ou moins heureux. Cela dit, on aurait aimé mieux, parce qu’on estime que le Chef de l’Etat, c’est quand même un Docteur, c’est quand même quelqu’un qui a de la stature, vous voyez, comme au Sénégal, comme en Côte d’Ivoire, comme ailleurs où, dans une délégation officielle en déplacement, on voie un artiste ; c’est important : cela donne des clins d’œil aux créateurs, cela donne des clins d’œil en ce sens qu’ils se disent qu’ils sont considérés dans leur pays. De toute façon, on ne peut pas asseoir la diplomatie d’une nation à l’exclusion des créateurs, parce que ce sont eux qui, d’abord, donnent un rayonnement international à une nation et, on doit profiter de ce qu’ils génèrent pour améliorer l’image de marque de notre pays.
Je reconnais qu’il y a des changements positifs dans le secteur des arts. Autre chose : même si le Programme de soutien aux initiatives décentralisées (Psicd), désormais défunt, n’a pas été conçu sous le règne du Président Boni Yayi, c’est sous lui qu’on é exécuté ce premier mandat et, c’est quand même quelque chose d’important, c’est quand même un financement assez conséquent et lourd dont ont bénéficié des créateurs locaux, des Béninois et qui ont mis en route des projets immenses çà et là, que ce soit des festivals, que ce soit du hip-hop et autres, que ce soit des expositions pour donner de la lisibilité à ce qui se crée de meilleur dans le pays. Aujourd’hui, c’est vrai, on a reformulé ce programme sous la vaste enveloppe de ’’société civile et créateurs’’ ; je dis : c’est dommage, parce que le fait de mettre les créateurs à part nous donnait une certaine identité. Autre chose : je pense que c’est quand même sous son règne que les créateurs sont de plus en plus reçus à part ; ce n’est pas le magma de la société civile. C’est des gestes simples mais qui donnent le signal aux artistes, aux hommes de culture qu’ils existent. Et, je pense que nous devons, à l’avenir, veiller à approfondir ces genres d’acquis, qu’il y ait des artistes dans les délégations officielles, que les prix du Président de la République fleurissent, que ce soit en littérature, au théâtre, en musique, ainsi de suite, que des événements importants soient portés et subventionnés par le Gouvernement, qui permettent non seulement la révélation des talents, mais la démarche à l’exportation de ce que nous avons, parce que, croyez-moi, rien que pour ce que j’observe, ce pays dispose d’énormément de talents en matière de création, de couturiers, de stylistes, des artisans, des musiciens, d’immenses talents que les pays nous envieraient si on le mettait en valeur ; les autres n’ont pas mieux qu’ils chantent, qu’ils valorisent et autour desquels ils ameutent le monde en terme de tourisme. Il nous faut entrer dans cette logique, encore que nous en ayons beaucoup nous autres, il nous faut faire en sorte que les hommes de théâtre aillent jouer à la Présidence de la République des spectacles qui critiquent le Gouvernement, pour que le Gouvernement, tout assis, suive, que ce ne soit pas dans la rue qu’on le critique, que ce soit les créateurs qui le critiquent.
Je dois aussi reconnaître que, même si la tendance a commencé depuis les gouvernements antérieurs, l’insertion des animations culturelles au cœur des séminaires, est devenue systématique dans les ministères et les institutions, c’est quand même un atout ; moi, je suis créateur, ça me fait vivre. En même temps que ça me fait vivre, ça redéfinit mon profil aux yeux de mes compatriotes, j’exerce, j’ai l’espace pour exercer, je suis sollicité.
Je crois que le Gouvernement actuel, en matière de culture, fait un peu mais, nous le savons, tant qu’il reste à faire, eh bien, on ne peut pas gloser, chanter ce qui est fait ; je crois que c’est acceptable.
Le Changement ? Moi, je ne peux pas parler de changement, parce que je vais parler de ce que je sais, de ce que je maîtrise, c’est le monde des artistes-plasticiens. Je ne pense pas qu’il y ait un changement ; je pense peut-être qu’on a appelé quelques-uns, qu’on a parlé à quelques-uns et puis, les autres sont restés à l’arrière. Mais, le jour où je parlerai de changement par rapport au statut de l’artriste-plasticien que je suis, c’est lorsqu’un président viendra et qu’il dira : « Je vais construire quelque chose, un siège où les artistes-plasticiens vont se retrouver », comme on a fait, je pense, pour les hommes de théâtre ; ils arrivent à se retrouver à un endroit, ils font du théâtre, tout ça ; si on pouvait avoir un siège où on pourra dire qu’on a eu ce siège, qu’on a bâti ce siège pour les artistes, où on pourra se retrouver, où on pourra dire que c’est là que les artistes-peintres se retrouvent, le jour où on aura un endroit comme ça, on pourra dire que quelqu’un est arrivé pour changer quelque chose à notre niveau. Si c’est au niveau de la culture en générale, sûrement, on a fait quelque chose pour les ballets, le théâtre, les musiciens mais, pour l’art plastique, je ne crois pas que quelqu’un, depuis Kérékou, ait fait quelque chose.
Le changement ? Je ne crois pas qu’à notre niveau, il y ait eu changement et, c’est toujours le personnel, chacun travaille de son côté, on n’a pas d’association, on a essayé de faire une association qui n’a pas tenu parce que ceux pour qui on a voté n’ont pas tenu parole, ils n’ont pas fait ce qu’ils ont à faire ; je pense qu’il n’y a pas de changement. Déjà, c’est qu’on puisse faire notre métier convenablement, qu’on se retrouve bien dans notre peau, parce qu’on fait notre métier avec amour ; le reste, je laisse ça aux politiciens.
En réalité, quand je vois autour de moi, ça bouge, il y a des travaux ; nos routes et nos quartiers changent, des efforts se font, nous avons un Président qui a des idées. Est-il bien entouré ? Le conseille-t-on bien ? Existe t-il un homme en ce monde qui n’écoute personne, comme on le dit de lui ? Cela n’existe pas.
Au début, nous avons tous épousé l’idée du changement proposée par Yayi Boni, mais nous avons oublié les efforts et les sacrifices qui vont avec. Peut-on bâtir sur du vieux ou raser et faire du neuf ? Qu’est-ce qui est plus solide ? Soyons honnête et reconnaissons qu’il y a du changement, minime soit-il ; tout le reste n’est que politique, triste politique, égoïsme politique. Ne nous laissons pas manipulés par ces politiques qui ne pensent qu’à leur petite personne. On va nous faire croire qu’un autre candidat sera meilleur et fera mieux que Yayi. Erreur ! Il ne fera que ce qu’il pourra et, ceci, sous la pression de ceux-là qui l’ont fait venir et ils n’attendront de lui qu’une part de gâteau. Un cercle vicieux. Et, ce sera ainsi tous les 5 ans si nous nous endormons et laissons ces politiques décider pour nous.
Le Président n’est pas le messie, il a ses défauts, ses qualités, c’est juste un homme comme nous ; laissons-le bosser, collons-lui la paix ! Qui n’a jamais détourné, lui jette la première pierre ! Je ne fais pas la politique et aucun politicien de ce pays ne me donne envie d’en faire ; ils me donnent tous envie de vomir ! Des menteurs et des lâches qui ne sont pas un exemple pour les jeunes.
Je voudrais passer un message : la culture, ce n’est pas seulement le théâtre, le ballet national, la musique, c’est aussi l’art plastique. Mais, il y a une certitude : si nous sommes ignorés, c’est de notre faute ; pas d’organisation, pas d’unité, éparpillés. Donc inexistants dans le monde culturel. Pourtant, nous faisons partie des plus grands ambassadeurs de ce pays.
Hodall Béo, caricaturiste et bédéiste :
Le Changement de Yayi Boni, je ne sais pas ce que ça donne aujourd’hui et, je crois qu’il va devoir faire plus attention et moins improviser. Dans le domaine culturel, je crois quand qu’il y a une certaine avancée ; on a parlé du milliard culturel, mais est-ce que les personnes qui sont tenues d’exécuter ces projets-là sont les bonnes personnes ? Le problème, c’est en fait les personnes qui doivent travailler à faire exécuter les projets, ce qui amène la question de la bonne personne à la bonne place. Donc, si tant est qu’on condamne souvent les anciennes méthodes et qu’on n’a pas changé les personnes, les méthodes ne changeront pas non plus, puisque les mêmes personnes sont toujours en place. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de changer les mentaux qui sont à ces niveaux décisionnels, pour que le Changement soit visible, au niveau de la culture, par exemple.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo
mardi 6 avril 2010
Groupes de musique béninois
Musique Béninoise
Le groupe Aïfamily dans tous ses états
L’effervescence de la musique béninoise aujourd’hui s’effectue grâce à l’entrée dans le domaine de jeunes de talent qui y manifestent une réelle originalité dans l’inspiration et la création. C’est ce qu’il est possible de constater avec le groupe musical Aïfamily dont le premier responsable, Calvin Aïnadou, a accepté d’aborder avec nous les tenants et les aboutissants de l’existence de ce groupe qui, dès ses premiers pas, connaît un grand succès.
Le Mutateur : Bonjour Calvin Aïnadou, tu es le chef du groupe ’’Aïfamily’’. Pourquoi le nom ’’Aïfamily’’ ?
Calvin Aïnadou : Dans ’’Aïfamily’’, nous avons ’’Family’’ qui signifie ’’La famille’’ en anglais ; ’’Aï’’, ce sont les deux premières syllabes du nom de famille ; nous sommes tous des frères venant de la famille ’’Aïnadou’’.
Vous êtes trois frères …
Oui, on est trois frères : il y a moi, Calvin Aïnadou, ensuite, Cédric Aïnadou et, le plus jeune, Auriol Aïnadou.
Avez-vous des parents musiciens ou des ascendants ?
Oui, nous avons des oncles musiciens, ce sont des oncles instrumentistes, mais qui ne vivent pas ici, qui sont en Guadeloupe, qui font de la musique en Guadeloupe et avec qui on travaille.
Quelle est la genèse de la création du groupe ’’Aïfamily’’ ?
Il faut dire qu’au départ, ’’Aïfamily’’ était membre d’une chorale religieuse ; on appartenait tous à la chorale, celle de l’église Eckankar. Donc, déjà là, on a commencé à apprendre à écrire la musique avec les maîtres de la chorale, à apprendre à jouer à des instruments ; chacun de nous avait choisi des instruments. Par exemple, moi, j’avais choisi d’apprendre la guitare basse. Donc, aujourd’hui, je suis bassiste. Cédric, lui, a pris l’orgue, donc, il est pianiste. Et, le plus petit est un batteur, il a appris à jouer la batterie, et c’est aussi un bon vocaliste. C’est de là que l’idée nous est venue ; l’idée est venue de moi particulièrement : je me suis demandé s’il ne fallait pas faire de la musique profane. Je me suis dit que nous avions des talents, que nous pouvions, à part chanter des chansons religieuses, faire de la musique profane pour faire valoir nos talents. Et, j’ai commencé à écrire de petits textes, au départ, seul et, après, j’en ai parlé à mes deux frères, et, ensemble, on a d’abord sorti quelque chose, pour voir. Et, lorsqu’on a eu l’idée, on s’est dit qu’il fallait sortir quelque chose qui ne soit pas encore sur le terrain, qui accrocherait les Béninois et qu’ils n’avaient encore jamais vu. Donc, notre idée est allée déjà sur un rythme qui n’est pas trop familier aux Béninois et, on a choisi le compa. Le compa, c’est un rythme haïtien, c’est comparable au rythme que fait le groupe Kassav. Le choix s’est porté sur ce rythme parce qu’on s’est dit qu’avec les oncles qui font déjà de la musique en Guadeloupe, on pouvait, avec leur aide, faire quelque chose de comparable au rythme compa. Donc, on a d’abord composé le texte, on a été en studio, on a fait le son et, après, on l’a envoyé en Guadeloupe ; on a demandé aux parents qui sont là-bas de nous aider à orchestrer le son, à l’harmoniser et à l’arranger. Le travail a été fait ; ils nous l’ont renvoyé et on l’a mis sur les ondes, on a commencé par les radios. Les gens ont commencé à apprécier. Avec l’aide des parents toujours, on a tourné la première vidéo ; c’était en 2004. Les gens ont apprécié et on s’est dit que si les gens ont apprécié la première sortie, pourquoi il ne fallait pas faire un album carrément. Donc, on est encore entrés en studio, on a suivi le même processus : on a fait le son avec quelques percussions, on l’a envoyé en Guadeloupe, les gens y ont travaillé et on nous l’a renvoyé. Et, nous nous sommes dit qu’à part le fait de choisir un rythme qui n’est pas familier, qui est nouveau, il fallait travailler sur des textes qui touchent. C’est pour ça qu’on a choisi le social, on s’est dit qu’il fallait qu’on chante, par exemple, sur la paix en Afrique, l’unité africaine, les enfants placés. Sur l’album, on a même chanté sur la maladie du siècle, c’est-à-dire le Vih/Sida. Et, après, comme c’est un rythme antillais, on a parlé un peu de la femme ; le rythme antillais est cousin du zouk et, comme c’est un peu sensuel, on a parlé de la femme sur l’album.
Merci beaucoup. Le premier album du groupe est sorti en quelle année ?
Le premier album est sorti un an après le premier single, c’est-à-dire que c’est en 2005 qu’on l’a finalisé. Donc, ça fait déjà cinq ans. C’est un album intitulé « Sa ka pa étonné » ; c’est en créole. Déjà, notre rythme est antillais, donc nous avons fait l’effort de chanter un peu en créole, en fon et en français, ce qui fait qu’on a mis le titre de l’album en créole : « Sa ka pas étonné », qui veut dire : « Il ne faudrait pas que cela vous étonne, au Bénin, on peut faire de la musique antillaise ».
Cela veut dire que les membres du groupe parlent créole aussi …
Oui, un peu, un peu … Quelques fois, on demande à ce que les oncles nous traduisent ce qu’on fait en français en créole. Mais, déjà, nous aussi, nous nous y essayons un peu.
Comment faites-vous pour conduire cette vocation musicale ? Vous n’êtes que musiciens ou bien vous faites autre chose dans la vie ?
On n’est pas que musiciens ; on est tous des étudiants. Moi, j’ai fini en 2008 un Bts en Relations humaines et j’ai fait aussi l’Anglais sur le campus ; je suis en stage dans une agence de voyage. Les deux autres sont en journalisme, bizarrement.
Est-ce qu’il est facile de concilier les études et la musique ? Où est-ce que vous trouvez les moyens pour financer la sortie de vos albums ?
Concilier les deux domaines, c’est une affaire d’organisation. Pour le financement, c’est une auto-production carrément ; l’album est à 100% auto-produit par le groupe. En ce qui concerne l’argent, nous avons eu la chance que les parents ont apprécié ce qu’on fait. Donc, la majorité du financement est assuré par eux. Mais, nous-mêmes, déjà avec le premier single qu’on a sorti, les gens ont apprécié et nous avons fait des dossiers de demande d’aide, de sponsoring qu’on a envoyées aux bonnes volontés qui nous ont aidés à sortir petit à petit les autres morceaux, jusqu’à finaliser l’album. Mais, la majeure partie du financement est venue des parents.
Par rapport à vos études, c’est vous-mêmes qui les payez ?
Non, ce sont les parents qui nous paient les études. Moi, je viens de vous dire que j’ai fini ; ce sont les parents qui ont payé jusqu’à ce que je finisse et, pour le moment, je suis en train de ’’jobber’’, je ne suis pas encore fixe. Les deux aussi, ce sont les parents qui continuent de leur payer les études.
Est-ce qu’on peut avoir une idée de ce que font vos parents ?
On fait partie d’une famille nombreuse, comme on le dit en Afrique, on a deux mamans et on vit tous ensemble avec les deux mamans. Puis, on a beaucoup de frères et de sœurs. Papa a été capitaine des forces de l’ordre, il a travaillé à la présidence de la République et il est à la retraite. Quant à nos deux mamans, elles sont des commerçantes ; elles vont au marché Dantokpa et elles reviennent les soirs.
Quels vos projets immédiats ? Est-ce qu’il y a un album en vue pour 2010 ?
Oui, on est en train de finaliser un album ; on a même fini. Ce qui reste, c’est le travail technique au niveau du studio. Donc, on attend l’ingénieur qui va mixer, ’’masteuriser’’ les sons. Déjà, pendant les congés de Pâques, on sort notre deuxième album.
Comment va s’intituler cet album ?
Il va s’intituler « No comment » et il aura toujours dix titres, comme le premier album. On va aborder toujours les thèmes comme la maltraitance des enfants, d’une autre façon ; on va parler aussi de la femme, comme on en a l’habitude, et de l’Afrique dans un autre domaine.
Est-ce que le jeune groupe ’’Aïfamily’’ a déjà fait des concerts ?
Oui, on a fait beaucoup de concerts ; je peux citer le concert qu’on a fait au Bénin, il y a trois ans, avec un groupe haïtien, ceux qu’on a fait lors des élections Miss Bénin, Miss Cotonou, lors des activités de la Journée internationale de lutte contre le sida, on a fait plein de concerts quand même, avec le premier album.
Par rapport aux thèmes sociaux que vous abordez, est-ce que vous sentez que votre message a un impact sur la société béninoise ?
Par rapport à ça, on n’a pas fait trop attention, mais je peux déjà dire que, à part le fait qu’on chante pour les enfants et qu’on passe un message, nous accompagnons ce geste par des actions concrètes sur le terrain. L’année surpassée, on a organisé, sur nos propres fonds, un concert au Palais des Congrès, qu’on a dénommé « L’école pour tous » ; on a essayé de collecter des jouets, des habits et surtout des fournitures scolaires, parce que c’était à la veille de la rentrée scolaire de cette année-là ; on a mobilisé beaucoup de fournitures scolaires et, autour de ça, on a organisé un concert, on a invité des artistes amis et on a offert ces jouets, ces habits, ces fournitures scolaires à deux foyers d’enfants, à Cotonou ici, le foyer Laura Vicuna de Zogbohouè et le foyer Villeneuve de Zogbo. On les a invités ; ce sont des sœurs qui sont venues au Palais des congrès, elles sont venues avec les enfants, on a fait le concert gratuitement pour les enfants. A la fin, on a été dans les foyers, on a été voir les enfants avec les cadeaux et on les leur a offerts. C’était vraiment une action que les gens, les sœurs ont apprécié et, accompagnés de ce morceau qui parle de la maltraitance des enfants, on a vu quand même que les gens sont sensibles au message que véhicule cette chanson. Ainsi, lors du passage de cette chanson sur les enfants, on a vu quand même la salle se lever et chanter avec nous. Donc, on peut déjà dire que les gens sont sensibles et prennent en compte le message que véhicule cette chanson. Je dois aussi préciser autre chose : dans la collecte des fournitures et autres, on a rencontré quelques ministres, à savoir l’ancien ministre chargé des relations avec les institutions, Alexandre Hountondji, et le ministre de l’enseignement maternel et primaire d’antan, Christine Ouinsavi, de même que l’ancien ministre de la culture, Soumanou Toléba. J’avoue que ces personnalités nous ont aidés dans la collecte des fournitures, des jouets et autres ; à part ce que nous-mêmes avons acheté, ils nous ont aidés à gonfler les dons aux enfants. Et, ils avaient envoyé, tous, leurs représentants. Nous avons eu même un parrain, le député Malèhossou qui était présent et qui, vraiment, avait soutenu l’événement. C’était un événement grandiose relayé par les médias de la place.
Est-ce que les trois membres du groupe vivent aujourd’hui de la musique ?
Là, je dirai non ; on ne peut pas dire aujourd’hui que la musique nous donne à manger et qu’on peut déjà s’adosser à elle. Dès qu’on a sorti le premier album, on en a fait 500 exemplaires et on n’a pas fait un mois qu’on était en rupture de stock. On en a commandé d’autres et c’est encore fini. Donc, actuellement, on n’a même plus en stock le premier album. Malgré qu’on n’a pas eu de distributeurs qualifiés et que c’est nous-mêmes qui l’avons distribué, qui l’avons confié à des boutiques, les gens l’ont quand même acheté et d’autres personnes le demandent encore. Mais, cela ne suffit pas pour dire qu’on peut déjà se fier à la musique et ne plus rien faire, parce qu’on est au Bénin. Au Bénin, nous savons ce que c’est que la musique, ça ne nourrit pas son homme comme dans les pays développés. Mais, petit à petit, on pense quand même que ça va venir.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo
mardi 30 mars 2010
fitheb 2010
Sipoef 2010
Le Sipoef se tiendra au Luxembourg
Plus de trois semaines après la tenue de la 4ème édition du Salon international des poètes francophones (Sipoef) à Cotonou, Amine Laourou a bien voulu se confier à nous pour un bilan et des perspectives par rapport à l'événement. Il ressort de notre entretien que le 5ème Sipoef se tiendra l'année prochaine au Luxembourg, une annonce qui permet à ce promoteur culturel d'épingler le système béninois de financement des initiatives culturelles.
Journal Le Mutateur : Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), comme nous le savons, la 4ème édition de cette manifestation a eu lieu du 1er au 6 mars dernier. Peux-tu partager avec nous un bilan de cette édition ?
Amine Laourou : Je peux dire que c'est la meilleure édition, cette année. Je peux l'affirmer : le Sipoef 2010 a été la meilleure édition, parce que plusieurs poètes béninois se sont impliqués, comme Kakpo Mahougnon, Florent Eustache Hessou, Henri Dagbédji Hessou, Innocent Sossavi, etc. Plusieurs poètes se sont impliqués mais, malheureusement, c'est la dernière édition au Bénin ; j'annonce que la prochaine édition se tiendra au Luxembourg dans la deuxième semaine du mois de mars 2011. Depuis 4 ans, je peux dire que le sipoef 2010, c'est la meilleure édition ; nous avons eu des difficultés mais, quand même, je tiens à remercier le Ministère de la Culture et, surtout, l'Ambassade de France, des partenaires à l'étranger comme le Conseil des arts du Canada, du Québec, le Gouvernement luxembourgeois. Je peux vous affirmer que, cette fois-ci, c'est parti parce que c'est le Sipoef itinérant maintenant. Donc, nous allons passer peut-être une année au Luxembourg et, après, voir si on peut envoyer l'événement dans un pays africain francophone.
Quand vous dites que le Sipoef 2010 a été le meilleur, quels sont les autres éléments d'appréciation qui vous permettent d'avoir ce jugement ?
La première, la deuxième et la troisième édition, c'était un peu compliqué parce que les amis écrivains béninois n'en voulaient pas, il y avait des malentendus, de petites histoires que nous avons pu régler à la dernière minute et, voilà, tout le monde est impliqué, tout le monde veut bien accompagner le Sipoef : l'Association des écrivains béninois, le Pen-club béninois, .... ; quand vous organisez un événement et que vous avez deux ou trois, quatre écrivains béninois représentés, c'est pas beau. Mais, cette fois-ci, ils étaient là ; il y en a d'autres qui nous ont invités chez eux à la maison avec les poètes invités des cinq continents.
Pourquoi alors cette délocalisation au Luxembourg ? Ce pays ne vous semble-t-il pas trop loin ? Ce choix me semble la marque d'une déception du Bénin ...
Je peux dire oui mais, à la fois, je veux bien organiser encore cette rencontre ici ; c'est un peu dur pour moi, parce que le Bénin est le quartier latin de l'Afrique et, pour garder ce nom, il faut s'affirmer à travers des événements comme le Sipoef ! Voilà ! Les Luxembourgeois ont décidé de nous accueillir, parce qu'ils disent que la Francophonie, c'est pas seulement le Bénin et qu'il y a d'autres pays : le Luxembourg, la France, la Belgique, le Canada, les pays francophones d'Afrique et d'Asie, d'Europe. Je crois que le Bénin sera toujours à l'honneur ; nous allons toujours inviter des écrivains béninois à cette rencontre là-bas, que ce soit au Luxembourg ou quelque part d'autre, le Bénin sera toujours représenté. Je crois que c'est un acquis pour moi, parce que, souvent, ici, vous avez des problèmes de financement et, c'est à trois jours de votre rencontre qu'on débloque les moyens pour organiser votre événement ou c'est après l'événement qu'on vous rembourse l'argent, après l'objectif ; c'est du cinéma, c'est du jonglage. Avec les Luxembourgeois, en trois jours, nous avons décidé ; les moyens sont là déjà, la programmation est en cours, c'est ce que je veux aussi pour le Bénin, mais c'est compliqué : quand un ministre est limogé, il faut tout recommencer à zéro, c'est compliqué, il y a la lenteur et, la lenteur, ça torture, ça torture, ça décourage. C'est triste, mais c'est notre pays qui est comme ça, c'est notre culture, on est habitués. Peut-être que quand nous allons faire le Sipoef deux, trois, quatre ou cinq ans dehors, ceal va permettre quand même aux hommes politiques de savoir que c'est un événement incontournable qu'il faut soutenir, qu'il faut voir comment traiter avec les promoteurs culturels béninois. Et, encore, on dit qu'il y a le Fonds d'aide à la culture. Moi, je vois qu'il faut dissoudre la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer un Conseil des arts et lettres du Bénin. S'il y a une Direction des Lettres, une Direction de la musique, du cinéma, de la poésie, on peut dire : "Bon, vous avez 50 millions pour la poésie". A travers les associations, les fédérations, on peut organiser et faire beaucoup de choses. Mais, si on doit négocier, si les événements qui sont vraiment reconnus sur le plan international ne sont pas pris en compte au Bénin et qu'il faut toujours négocier, supplier, qu'il faut s'agenouiller des fois, jouer à la courbette, ça décourage, ça décourage, c'est triste. Pour moi, je crois qu'il faut finir avec la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer le Conseil des arts et lettres du Bénin, c'est très important, il faut finir avec ça, il faut qu'il y ait vraiment la transparence ; si nous avons un Directeur ou une Directrice du Conseil des arts et lettres du Bénin, il faut impérativement faire des appels à candidatures pour ceux qui veulent occuper ce poste, pour un mandat de deux ans non renouvelables comme le Centre culturel français. Si tu n'es pas d'accord avec un Directeur, tu attends trois ans après et quand il part, peut-être qu'avec l'autre, tu auras une chance. Et, le Ccf a toujours fonctionné. Et, aussi, il faut voir comment est-ce que nous n'avons pas une Maison de la culture, nous n'avons pas un Centre culturel béninois, il faut aussi voir tout ça ; s'il faut jouer à la courbette pour obtenir quelque chose, ce n'est plus ce que vous voulez vous-même, vous jouez le jeu, on vous apprend à voler, c'est la société qui vous apprend à tricher et, ça, ça ne vient pas de vous. Donc, c'est en quelque sorte ça ; le Sipoef est au Luxembourg, dans la deuxième semaine du mois de mars, en 2011 ; nous allons inviter aussi des journalistes culturels béninois là-bas, pour célébrer l'événement. En cinq ans, je crois que c'est mieux pour nous, nous pouvons aider le Bénin, l'Afrique, de l'extérieur.
Les innovations du Sipoef au luxembourg, c'est quoi concrètement ?
D'abord, les innovations, c'est que les poètes n'ont jamais été payés, cette fois-ci, ils seront payés, ils seront traités comme des artistes et, il n'y a plus question à être triste pour l'hébergement, la restauration, les lieux de spectacles. Donc, c'est un acquis déjà pour nous ; c'est vrai que nous n'allons plus inviter les poètes qui ont publié seulement un recueil, c'est la cour des grands, il va falloir faire une sélection de ceux qui vont participer à cette grande rencontre là-bas au Luxembourg. Ici, au Bénin, on peut compter le nombre de poètes, c'est aussi ça, on peut compter le nombre de poètes. Donc, il faut dépasser l'époque de Senghor, de Césaire, de la négritude et voir autre chose ! L'Afrique souffre aujourd'hui, il y a la dégradation de l'environnement, les maladies transmissibles, il y a la famine ; il faut écrire sur ça, plutôt que de s'occuper des histoires de Blancs ou de Noirs ; que tu sois un homme noir peint en blanc, ça t'engage, c'est toi ! Donc, aujourd'hui, avec la globalisation, il faut voir autre chose ! C'est ça ma vision.
Un dernier mot ?
Je porte le Bénin dans mon coeur, j'aime beaucoup mon pays ; j'ai quand même fait quatre années du Sipoef ici, j'ai eu la chance de connaître mes défauts, les défauts des autres aussi, de savoir comment me comporter avec eux. Le Bénin, c'est un pays formidable, vous pouvez avoir des expériences, surtout dans le milieu culturel ; c'est pas du tout facile, mais je suis fier d'être Béninois. Le Sipoef au Luxembourg, ça ne veut pas dire que je suis découragé, que je ne reviendrai plus chez moi, mais c'est toujours la littérature béninoise au Luxembourg.
Propos recueillis par Marcel kpogodo