jeudi 22 avril 2010

Vie des médias au Bénin

Carlos Kitomé





Cinquième édition du Festival de la presse




Carlos Kitomé parle des innovations de l'événement




Débutée en cette journée du 22 avril devant la Maison des médias à Cotonou, la version 2010 du Festival de la presse s'annonce avec un grand nombre d'innovations. A cet effet, le journaliste culturel Carlos Kitomè, l'initiateur de cette manifestation, a accepté de se prononcer sur celles-ci, dans le langage direct qui est souvent le sien.





Journal Le Mutateur : En tant qu'organisateur du Festival de la presse, peux-tu nous parler des innovations de cet événement, cette année ?




Carlos Kitomé : On peut dire que la première innovation, c'est d'abord d'être à la Maison des médias, cette année, chez nous. La deuxième, c'est que nous avons prévu de faire des émissions en direct depuis la Maison des médias, qui vont passer sur des radios de la place, si tout se passe comme nous le voulons. La troisième, c'est de permettre à toutes les différentes entités de la presse béninoise d'exposer ce qu'elles savent faire ; c'est pour ça que nous avons prévu des stands, des stands pour les caricaturistes, les photo-journalistes, pour les journaux spécialisés et pour les maisons de communication qui sont dans la publicité et qui accompagnent les organes de presse.

Donc, c'est un peu ça les innovations ; il faut avouer qu'en plus de tout ça, nous avons prévu une compétition de culture générale et une compétition de A à Z, des éléments qui n'existaient pas auparavant dans le Festival. Donc, voilà un peu.




Quelles sont les grandes leçons que tu tires, après cinq années d'expérience ?




Il a fallu cinq ans pour qu'on vienne tenir le Festival, pour la première fois, à la Maison des médias, il a fallu cinq ans pour que toutes les associations nous soutiennent d'une certaine manière. Donc, c'est la plus grande leçon que nous tirons des cinq ans d'existence du Festival de la presse ; nous avons fini par nous faire accepter de nos pairs et, c'est la plus grande victoire que nous pouvons dire avoir eu, après ces cinq ans.





Nous avons entendu dire qu'il y a un certain nombre de personnalités du journalisme béninois qui auront des prix. Est-ce que tu veux bien dire quelques mots sur le nom de ces personnalités et sur les raisons pour lesquelles elles ont été choisies ?





Il y a le Doyen Roger Tchaou de l'Ortb (Ndlr : Office de radiodiffusion et télévision du Bénin) qui est déjà à la retraite, que le Comité a décidé de primer, parce que c'est un non-voyant ; depuis l'école primaire, il est non-voyant et, il a pu étudier, faire carrière dans la presse jusqu'à aller à la retraite. C'est une chose que nous saluons et nous voulons que cela serve d'exemple aux non-voyants.

En plus de lui, nous allons primer Annick Balley, la Rédactrice en chef de la télévision nationale, parce que c'est une femme battante, c'est une femme qui nous a donné envie de faire cette profession, c'est une femme qui est agréable à voir quand elle est à l'écran et qui affiche une certaine rigueur dans la façon de faire son travail. Et, c'est cette rigueur que nous saluons ; elle n'est pas seule mais, depuis, elle est là et elle tient toujours la route, et de fort belle manière.

Nous allons primer également Félix Sohoundé Pépéripé, alias Fsp, qui, à notre avis, est un vrai battant. C'est un journaliste sportif ; nous le remercions parce que, celui-là, il a ressuscité la retransmission en direct du championnat, c'est une chose qui n'existait plus, il est arrivé à Radio Tokpa avec toute sa passion, toute sa fougue, il s'est battu et la chose est revenue, et tout le monde a repris. C'est pour ça que le Comité a décidé de lui faire remarquer qu'il a été important, qu'il a joué un rôle important, un rôle capital dans la presse béninoise.

Nous allons primer également le Doyen Justin Sossou, Justin Sossou, le Chef programmes de la radio nationale, qui a beaucoup fait dans la presse béninoise, beaucoup, beaucoup trop ! Parce que la plupart des jeunes aujourd'hui qui sont sur les radios privées sont passés par lui et, les jeunes, à la radio nationale, il les a toujours encadrés, il a lancé une émission sur Atlantic Fm qui a fait école et qui a vu passer tous ceux qui sont les vrais animateurs aujourd'hui. Et, c'est pour ça que nous avons voulu le distinguer.

Nous allons distinguer également la Doyenne Constance Meffon. C'est la plus ancienne femme de la presse sportive ; elle est là, elle est restée, elle demeure là et, ce n'est pas facile ; tout le monde vient, les gens fuient, elle a résisté, elle est là, malgré toutes les difficultés. Elle n'a pas été vraiment logée à la belle enseigne, mais elle est restée, elle est restée fidèle à la rubrique. Et, c'est pour ça que le Comité a pensé à lui décerner un Prix.

Donc, voilà, en quelques mots, les motifs qui ont poussé le Comité à distinguer des confrères.




Un dernier mot ? Un message à lancer aux confrères ?




Les confrères, c'est pour eux que nous nous sommes sacrifiés, que nous nous sommes battus. Donc, nous les attendons, qu'ils viennent. Ceux qui se sont inscrits doivent venir participer à ces activités et que les autres viennent quand même les accompagner, rester à côté pour qu'ensemble, on puisse vraiment s'amuser. Le 03 mai, c'est notre fête mais, avant le 03 mai, on veut bien pouvoir s'amuser un peu.





Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 16 avril 2010

Africa Star 2010

Tous pour soutenir Rock-Hermann et le porter à la victoire finale ! ! ! !




Depuis le 19 mars dernier, la deuxième saison de la très célèbre émission télévisuelle francophone africaine "Africa Star" a été lancée.




Un candidat béninois défend les couleurs Vert Jaune Rouge de notre pays. Alors, tous les Béninois qui lisent mes articles sur ce blog sont priés dès à présent de voter et de faire voter leurs amis compatriotes par leur portable pour Rock-Herman, en envoyant STARO2 au numéro 7112, sur le réseau Moov; cela vous coûte 200 F CFA.






Merci d'avance pour ce haut acte de soutien à la culture béninoise !







Marcel Kpogodo

mercredi 14 avril 2010

Révélation de la musique béninoise

Phases pré-éliminatoires à Africa Star 2010



Le jeune Béninois Rock-Herman franchit pas à pas les obstacles

L'émission télévisuelle de détection de jeunes talents africains de la chanson, Africa Star, qui a connu sa première édition en 2008, vient d'afficher, depuis quelques petites semaines, le lancement de la deuxième saison. C'était au Sénégal. En ligne de mire, notre compatriote, Rock-Herman, qui est en train de faire des merveilles.






Rock-Herman





C'est à Dakar la capitale du Sénégal que la deuxième saison de l'émission Africa Star fut lancée le 19 mars dernier. Elle est prévue pour achever son cycle le 29 mai prochain. Si 14 candidats sont en lice pour emporter la consécration finale, la compétition n'a pas encore donné lieu aux éliminatoires, ce qui a permis aux concurrents d'être soumis à déjà trois différentes prestations scéniques qu'on appelle des ''prime'', les 19, 26 mars et 02 avril. Au cours de chacune de celles-ci, Rock-Herman, le représentant du Bénin, s'est illustré, avec beaucoup de quote favorable de la part des membres du Jury, dans, d'abord, l'interprétation, avec une autre candidate, du morceau "Chaise électrique" de Fally Ipupa et d'Olivia. Ensuite, c'est un morceau de Sam Fan Thomas qui lui a permis de mettre en valeur tout son talent vocal et de prestation scénique. En troisième lieu, c'est l'Ivoirien Alpha Blondy qui lui a servi de source d'interprétation. Au finish, il apparaît de nos recoupements que le candidat béninois, Rock-Herman, est celui qui a fait l'objet de moins de reproches de la part des membres du Jury. S'il est très soutenu là-bas à Dakar par Gaël le lauréat béninois de la première saison d'Africa Star, il fait office de favori.




Ce qui est désolant



Les grands efforts d'ordre artistique menés par Rock-Herman au Sénégal seraient en bonne voie pour lui permettre de recevoir les lauriers du meilleur arttiste, si quelques insuffisances en matière de communication n'intervenaient pour fragiliser le candidat béninois à Africa Star 2010. En effet, depuis le début de la nouvelle saison de cette émission télévisuelle de détection des stars africaines de la musique, la télévision nationale béninoise n'a fait aucun cas de cette manifestation culturelle très suivie sur le continent africain et à l'Extérieur ; elle n'a rien diffusé, ni en direct ni en différé, en ce qui concerne les prime qui se sont déroulées, déjà que les candidats ont besoin d'être soutenus par leurs compatriotes à travers un vote par sms qui compte aussi dans l'évaluation finale des concurrents.

Si l'Ortb a choisi de faire le black-out total sur cet événement, comment les télespectateurs béninois de tous les départements du pays, peuvent-ils savoir qu'il leur suffit d'envoyer, de leur téléphone portable, "STAR02" au 7112, pour un coût de 200 F CFA sur le Réseau Moov, pour que Rock-Herman voie ses efforts appuyés et valorisés? Ou bien, l'Ortb attend-il que notre jeune Rock national soit en passe de remporter la compétition pour faire diffuser les émissions? Dans ces conditions, peut-on dire que la télévision nationale béninoise reste fidèle à ce qu'elle a toujours clamé concernant le soutien sans faille à la culture béninoise? Quelques investigations seraient nécessaires pour découvrir les tenants et les aboutissants du silence de l'Ortb sur les différents phases télévisuelles d'Africa Star 2010.




Marcel Kpogodo

samedi 10 avril 2010

Culture et politique au Bénin

Galiou Soglo, Ministre béninois de la Culture




Bilan de quatre ans de pouvoir de Boni Yayi


Des artistes donnent leur opinion

Si tous les domaines ont été, d'une certaine manière, investis par le régime du Changement, celui de la culture manifeste une grande particularité en ce qui concerne l'intérêt du pouvoir pour ce secteur. Ainsi, quelques artistes donnent leur opinion de l'impact qu'aurait pu produire le Changement sur le secteur de la culture.

Erick-Hector Hounkpè,artiste-poète, déclamateur, homme de théâtre :

On doit reconnaître que quelque chose a bougé. Disons que Boni Yayi est venu après que tout a été par terre pratiquement et, donc, le peu qu’il fasse, c’est déjà grand. Dans ce sens, on doit reconnaître que c’est avec lui que les artistes et les créateurs ont bénéficié du milliard culturel, même s’il reste à épiloguer à propos de la gestion de cet argent-là ; ça reste un acquis. Aussi, on doit reconnaître que, sous ce gouvernement, on a subventionné et offert au public des spectacles, ce qui a fait travailler les artistes, ce qui leur a fait gagner de l’argent, même si on doit réfuter l’aspect que ce ne soit les musiciens souvent ; ce ne sont pas que les musiciens qui soient des artistes, il y a des plasticiens, des hommes de théâtre, des écrivains, des poètes, ainsi de suite. Par exemple, on aurait pu aussi subventionner des créations, des pièces de théâtre qu’on fasse circuler et qui aillent rencontrer les populations dans les localités. Ces choses ne se sont pas vues. Donc, on peut reconnaître que, même si on n’a pas eu les changements escomptés, on est – c’est déjà beaucoup dans ce secteur – dans cette illusion de changement ; on est dans des acquis qui permettent d’espérer un lendemain plus ou moins costaud, plus ou moins heureux. Cela dit, on aurait aimé mieux, parce qu’on estime que le Chef de l’Etat, c’est quand même un Docteur, c’est quand même quelqu’un qui a de la stature, vous voyez, comme au Sénégal, comme en Côte d’Ivoire, comme ailleurs où, dans une délégation officielle en déplacement, on voie un artiste ; c’est important : cela donne des clins d’œil aux créateurs, cela donne des clins d’œil en ce sens qu’ils se disent qu’ils sont considérés dans leur pays. De toute façon, on ne peut pas asseoir la diplomatie d’une nation à l’exclusion des créateurs, parce que ce sont eux qui, d’abord, donnent un rayonnement international à une nation et, on doit profiter de ce qu’ils génèrent pour améliorer l’image de marque de notre pays.


Je reconnais qu’il y a des changements positifs dans le secteur des arts. Autre chose : même si le Programme de soutien aux initiatives décentralisées (Psicd), désormais défunt, n’a pas été conçu sous le règne du Président Boni Yayi, c’est sous lui qu’on é exécuté ce premier mandat et, c’est quand même quelque chose d’important, c’est quand même un financement assez conséquent et lourd dont ont bénéficié des créateurs locaux, des Béninois et qui ont mis en route des projets immenses çà et là, que ce soit des festivals, que ce soit du hip-hop et autres, que ce soit des expositions pour donner de la lisibilité à ce qui se crée de meilleur dans le pays. Aujourd’hui, c’est vrai, on a reformulé ce programme sous la vaste enveloppe de ’’société civile et créateurs’’ ; je dis : c’est dommage, parce que le fait de mettre les créateurs à part nous donnait une certaine identité. Autre chose : je pense que c’est quand même sous son règne que les créateurs sont de plus en plus reçus à part ; ce n’est pas le magma de la société civile. C’est des gestes simples mais qui donnent le signal aux artistes, aux hommes de culture qu’ils existent. Et, je pense que nous devons, à l’avenir, veiller à approfondir ces genres d’acquis, qu’il y ait des artistes dans les délégations officielles, que les prix du Président de la République fleurissent, que ce soit en littérature, au théâtre, en musique, ainsi de suite, que des événements importants soient portés et subventionnés par le Gouvernement, qui permettent non seulement la révélation des talents, mais la démarche à l’exportation de ce que nous avons, parce que, croyez-moi, rien que pour ce que j’observe, ce pays dispose d’énormément de talents en matière de création, de couturiers, de stylistes, des artisans, des musiciens, d’immenses talents que les pays nous envieraient si on le mettait en valeur ; les autres n’ont pas mieux qu’ils chantent, qu’ils valorisent et autour desquels ils ameutent le monde en terme de tourisme. Il nous faut entrer dans cette logique, encore que nous en ayons beaucoup nous autres, il nous faut faire en sorte que les hommes de théâtre aillent jouer à la Présidence de la République des spectacles qui critiquent le Gouvernement, pour que le Gouvernement, tout assis, suive, que ce ne soit pas dans la rue qu’on le critique, que ce soit les créateurs qui le critiquent.


Je dois aussi reconnaître que, même si la tendance a commencé depuis les gouvernements antérieurs, l’insertion des animations culturelles au cœur des séminaires, est devenue systématique dans les ministères et les institutions, c’est quand même un atout ; moi, je suis créateur, ça me fait vivre. En même temps que ça me fait vivre, ça redéfinit mon profil aux yeux de mes compatriotes, j’exerce, j’ai l’espace pour exercer, je suis sollicité.


Je crois que le Gouvernement actuel, en matière de culture, fait un peu mais, nous le savons, tant qu’il reste à faire, eh bien, on ne peut pas gloser, chanter ce qui est fait ; je crois que c’est acceptable.

Hervé Gigot, artiste-plasticien béninois :

Le Changement ? Moi, je ne peux pas parler de changement, parce que je vais parler de ce que je sais, de ce que je maîtrise, c’est le monde des artistes-plasticiens. Je ne pense pas qu’il y ait un changement ; je pense peut-être qu’on a appelé quelques-uns, qu’on a parlé à quelques-uns et puis, les autres sont restés à l’arrière. Mais, le jour où je parlerai de changement par rapport au statut de l’artriste-plasticien que je suis, c’est lorsqu’un président viendra et qu’il dira : « Je vais construire quelque chose, un siège où les artistes-plasticiens vont se retrouver », comme on a fait, je pense, pour les hommes de théâtre ; ils arrivent à se retrouver à un endroit, ils font du théâtre, tout ça ; si on pouvait avoir un siège où on pourra dire qu’on a eu ce siège, qu’on a bâti ce siège pour les artistes, où on pourra se retrouver, où on pourra dire que c’est là que les artistes-peintres se retrouvent, le jour où on aura un endroit comme ça, on pourra dire que quelqu’un est arrivé pour changer quelque chose à notre niveau. Si c’est au niveau de la culture en générale, sûrement, on a fait quelque chose pour les ballets, le théâtre, les musiciens mais, pour l’art plastique, je ne crois pas que quelqu’un, depuis Kérékou, ait fait quelque chose.

Le changement ? Je ne crois pas qu’à notre niveau, il y ait eu changement et, c’est toujours le personnel, chacun travaille de son côté, on n’a pas d’association, on a essayé de faire une association qui n’a pas tenu parce que ceux pour qui on a voté n’ont pas tenu parole, ils n’ont pas fait ce qu’ils ont à faire ; je pense qu’il n’y a pas de changement. Déjà, c’est qu’on puisse faire notre métier convenablement, qu’on se retrouve bien dans notre peau, parce qu’on fait notre métier avec amour ; le reste, je laisse ça aux politiciens.


En réalité, quand je vois autour de moi, ça bouge, il y a des travaux ; nos routes et nos quartiers changent, des efforts se font, nous avons un Président qui a des idées. Est-il bien entouré ? Le conseille-t-on bien ? Existe t-il un homme en ce monde qui n’écoute personne, comme on le dit de lui ? Cela n’existe pas.


Au début, nous avons tous épousé l’idée du changement proposée par Yayi Boni, mais nous avons oublié les efforts et les sacrifices qui vont avec. Peut-on bâtir sur du vieux ou raser et faire du neuf ? Qu’est-ce qui est plus solide ? Soyons honnête et reconnaissons qu’il y a du changement, minime soit-il ; tout le reste n’est que politique, triste politique, égoïsme politique. Ne nous laissons pas manipulés par ces politiques qui ne pensent qu’à leur petite personne. On va nous faire croire qu’un autre candidat sera meilleur et fera mieux que Yayi. Erreur ! Il ne fera que ce qu’il pourra et, ceci, sous la pression de ceux-là qui l’ont fait venir et ils n’attendront de lui qu’une part de gâteau. Un cercle vicieux. Et, ce sera ainsi tous les 5 ans si nous nous endormons et laissons ces politiques décider pour nous.


Le Président n’est pas le messie, il a ses défauts, ses qualités, c’est juste un homme comme nous ; laissons-le bosser, collons-lui la paix ! Qui n’a jamais détourné, lui jette la première pierre ! Je ne fais pas la politique et aucun politicien de ce pays ne me donne envie d’en faire ; ils me donnent tous envie de vomir ! Des menteurs et des lâches qui ne sont pas un exemple pour les jeunes.


Je voudrais passer un message : la culture, ce n’est pas seulement le théâtre, le ballet national, la musique, c’est aussi l’art plastique. Mais, il y a une certitude : si nous sommes ignorés, c’est de notre faute ; pas d’organisation, pas d’unité, éparpillés. Donc inexistants dans le monde culturel. Pourtant, nous faisons partie des plus grands ambassadeurs de ce pays.


Hodall Béo, caricaturiste et bédéiste :

Le Changement de Yayi Boni, je ne sais pas ce que ça donne aujourd’hui et, je crois qu’il va devoir faire plus attention et moins improviser. Dans le domaine culturel, je crois quand qu’il y a une certaine avancée ; on a parlé du milliard culturel, mais est-ce que les personnes qui sont tenues d’exécuter ces projets-là sont les bonnes personnes ? Le problème, c’est en fait les personnes qui doivent travailler à faire exécuter les projets, ce qui amène la question de la bonne personne à la bonne place. Donc, si tant est qu’on condamne souvent les anciennes méthodes et qu’on n’a pas changé les personnes, les méthodes ne changeront pas non plus, puisque les mêmes personnes sont toujours en place. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de changer les mentaux qui sont à ces niveaux décisionnels, pour que le Changement soit visible, au niveau de la culture, par exemple.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 6 avril 2010

Groupes de musique béninois

Les membres du Groupe Aïfamily (dont Calvin Aïnadou, à gauche)

Musique Béninoise



Le groupe Aïfamily dans tous ses états



L’effervescence de la musique béninoise aujourd’hui s’effectue grâce à l’entrée dans le domaine de jeunes de talent qui y manifestent une réelle originalité dans l’inspiration et la création. C’est ce qu’il est possible de constater avec le groupe musical Aïfamily dont le premier responsable, Calvin Aïnadou, a accepté d’aborder avec nous les tenants et les aboutissants de l’existence de ce groupe qui, dès ses premiers pas, connaît un grand succès.



Le Mutateur : Bonjour Calvin Aïnadou, tu es le chef du groupe ’’Aïfamily’’. Pourquoi le nom ’’Aïfamily’’ ?



Calvin Aïnadou : Dans ’’Aïfamily’’, nous avons ’’Family’’ qui signifie ’’La famille’’ en anglais ; ’’Aï’’, ce sont les deux premières syllabes du nom de famille ; nous sommes tous des frères venant de la famille ’’Aïnadou’’.



Vous êtes trois frères …



Oui, on est trois frères : il y a moi, Calvin Aïnadou, ensuite, Cédric Aïnadou et, le plus jeune, Auriol Aïnadou.



Avez-vous des parents musiciens ou des ascendants ?



Oui, nous avons des oncles musiciens, ce sont des oncles instrumentistes, mais qui ne vivent pas ici, qui sont en Guadeloupe, qui font de la musique en Guadeloupe et avec qui on travaille.



Quelle est la genèse de la création du groupe ’’Aïfamily’’ ?



Il faut dire qu’au départ, ’’Aïfamily’’ était membre d’une chorale religieuse ; on appartenait tous à la chorale, celle de l’église Eckankar. Donc, déjà là, on a commencé à apprendre à écrire la musique avec les maîtres de la chorale, à apprendre à jouer à des instruments ; chacun de nous avait choisi des instruments. Par exemple, moi, j’avais choisi d’apprendre la guitare basse. Donc, aujourd’hui, je suis bassiste. Cédric, lui, a pris l’orgue, donc, il est pianiste. Et, le plus petit est un batteur, il a appris à jouer la batterie, et c’est aussi un bon vocaliste. C’est de là que l’idée nous est venue ; l’idée est venue de moi particulièrement : je me suis demandé s’il ne fallait pas faire de la musique profane. Je me suis dit que nous avions des talents, que nous pouvions, à part chanter des chansons religieuses, faire de la musique profane pour faire valoir nos talents. Et, j’ai commencé à écrire de petits textes, au départ, seul et, après, j’en ai parlé à mes deux frères, et, ensemble, on a d’abord sorti quelque chose, pour voir. Et, lorsqu’on a eu l’idée, on s’est dit qu’il fallait sortir quelque chose qui ne soit pas encore sur le terrain, qui accrocherait les Béninois et qu’ils n’avaient encore jamais vu. Donc, notre idée est allée déjà sur un rythme qui n’est pas trop familier aux Béninois et, on a choisi le compa. Le compa, c’est un rythme haïtien, c’est comparable au rythme que fait le groupe Kassav. Le choix s’est porté sur ce rythme parce qu’on s’est dit qu’avec les oncles qui font déjà de la musique en Guadeloupe, on pouvait, avec leur aide, faire quelque chose de comparable au rythme compa. Donc, on a d’abord composé le texte, on a été en studio, on a fait le son et, après, on l’a envoyé en Guadeloupe ; on a demandé aux parents qui sont là-bas de nous aider à orchestrer le son, à l’harmoniser et à l’arranger. Le travail a été fait ; ils nous l’ont renvoyé et on l’a mis sur les ondes, on a commencé par les radios. Les gens ont commencé à apprécier. Avec l’aide des parents toujours, on a tourné la première vidéo ; c’était en 2004. Les gens ont apprécié et on s’est dit que si les gens ont apprécié la première sortie, pourquoi il ne fallait pas faire un album carrément. Donc, on est encore entrés en studio, on a suivi le même processus : on a fait le son avec quelques percussions, on l’a envoyé en Guadeloupe, les gens y ont travaillé et on nous l’a renvoyé. Et, nous nous sommes dit qu’à part le fait de choisir un rythme qui n’est pas familier, qui est nouveau, il fallait travailler sur des textes qui touchent. C’est pour ça qu’on a choisi le social, on s’est dit qu’il fallait qu’on chante, par exemple, sur la paix en Afrique, l’unité africaine, les enfants placés. Sur l’album, on a même chanté sur la maladie du siècle, c’est-à-dire le Vih/Sida. Et, après, comme c’est un rythme antillais, on a parlé un peu de la femme ; le rythme antillais est cousin du zouk et, comme c’est un peu sensuel, on a parlé de la femme sur l’album.



Merci beaucoup. Le premier album du groupe est sorti en quelle année ?



Le premier album est sorti un an après le premier single, c’est-à-dire que c’est en 2005 qu’on l’a finalisé. Donc, ça fait déjà cinq ans. C’est un album intitulé « Sa ka pa étonné » ; c’est en créole. Déjà, notre rythme est antillais, donc nous avons fait l’effort de chanter un peu en créole, en fon et en français, ce qui fait qu’on a mis le titre de l’album en créole : « Sa ka pas étonné », qui veut dire : « Il ne faudrait pas que cela vous étonne, au Bénin, on peut faire de la musique antillaise ».



Cela veut dire que les membres du groupe parlent créole aussi …



Oui, un peu, un peu … Quelques fois, on demande à ce que les oncles nous traduisent ce qu’on fait en français en créole. Mais, déjà, nous aussi, nous nous y essayons un peu.



Comment faites-vous pour conduire cette vocation musicale ? Vous n’êtes que musiciens ou bien vous faites autre chose dans la vie ?



On n’est pas que musiciens ; on est tous des étudiants. Moi, j’ai fini en 2008 un Bts en Relations humaines et j’ai fait aussi l’Anglais sur le campus ; je suis en stage dans une agence de voyage. Les deux autres sont en journalisme, bizarrement.



Est-ce qu’il est facile de concilier les études et la musique ? Où est-ce que vous trouvez les moyens pour financer la sortie de vos albums ?



Concilier les deux domaines, c’est une affaire d’organisation. Pour le financement, c’est une auto-production carrément ; l’album est à 100% auto-produit par le groupe. En ce qui concerne l’argent, nous avons eu la chance que les parents ont apprécié ce qu’on fait. Donc, la majorité du financement est assuré par eux. Mais, nous-mêmes, déjà avec le premier single qu’on a sorti, les gens ont apprécié et nous avons fait des dossiers de demande d’aide, de sponsoring qu’on a envoyées aux bonnes volontés qui nous ont aidés à sortir petit à petit les autres morceaux, jusqu’à finaliser l’album. Mais, la majeure partie du financement est venue des parents.



Par rapport à vos études, c’est vous-mêmes qui les payez ?



Non, ce sont les parents qui nous paient les études. Moi, je viens de vous dire que j’ai fini ; ce sont les parents qui ont payé jusqu’à ce que je finisse et, pour le moment, je suis en train de ’’jobber’’, je ne suis pas encore fixe. Les deux aussi, ce sont les parents qui continuent de leur payer les études.



Est-ce qu’on peut avoir une idée de ce que font vos parents ?



On fait partie d’une famille nombreuse, comme on le dit en Afrique, on a deux mamans et on vit tous ensemble avec les deux mamans. Puis, on a beaucoup de frères et de sœurs. Papa a été capitaine des forces de l’ordre, il a travaillé à la présidence de la République et il est à la retraite. Quant à nos deux mamans, elles sont des commerçantes ; elles vont au marché Dantokpa et elles reviennent les soirs.



Quels vos projets immédiats ? Est-ce qu’il y a un album en vue pour 2010 ?



Oui, on est en train de finaliser un album ; on a même fini. Ce qui reste, c’est le travail technique au niveau du studio. Donc, on attend l’ingénieur qui va mixer, ’’masteuriser’’ les sons. Déjà, pendant les congés de Pâques, on sort notre deuxième album.



Comment va s’intituler cet album ?



Il va s’intituler « No comment » et il aura toujours dix titres, comme le premier album. On va aborder toujours les thèmes comme la maltraitance des enfants, d’une autre façon ; on va parler aussi de la femme, comme on en a l’habitude, et de l’Afrique dans un autre domaine.



Est-ce que le jeune groupe ’’Aïfamily’’ a déjà fait des concerts ?



Oui, on a fait beaucoup de concerts ; je peux citer le concert qu’on a fait au Bénin, il y a trois ans, avec un groupe haïtien, ceux qu’on a fait lors des élections Miss Bénin, Miss Cotonou, lors des activités de la Journée internationale de lutte contre le sida, on a fait plein de concerts quand même, avec le premier album.



Par rapport aux thèmes sociaux que vous abordez, est-ce que vous sentez que votre message a un impact sur la société béninoise ?



Par rapport à ça, on n’a pas fait trop attention, mais je peux déjà dire que, à part le fait qu’on chante pour les enfants et qu’on passe un message, nous accompagnons ce geste par des actions concrètes sur le terrain. L’année surpassée, on a organisé, sur nos propres fonds, un concert au Palais des Congrès, qu’on a dénommé « L’école pour tous » ; on a essayé de collecter des jouets, des habits et surtout des fournitures scolaires, parce que c’était à la veille de la rentrée scolaire de cette année-là ; on a mobilisé beaucoup de fournitures scolaires et, autour de ça, on a organisé un concert, on a invité des artistes amis et on a offert ces jouets, ces habits, ces fournitures scolaires à deux foyers d’enfants, à Cotonou ici, le foyer Laura Vicuna de Zogbohouè et le foyer Villeneuve de Zogbo. On les a invités ; ce sont des sœurs qui sont venues au Palais des congrès, elles sont venues avec les enfants, on a fait le concert gratuitement pour les enfants. A la fin, on a été dans les foyers, on a été voir les enfants avec les cadeaux et on les leur a offerts. C’était vraiment une action que les gens, les sœurs ont apprécié et, accompagnés de ce morceau qui parle de la maltraitance des enfants, on a vu quand même que les gens sont sensibles au message que véhicule cette chanson. Ainsi, lors du passage de cette chanson sur les enfants, on a vu quand même la salle se lever et chanter avec nous. Donc, on peut déjà dire que les gens sont sensibles et prennent en compte le message que véhicule cette chanson. Je dois aussi préciser autre chose : dans la collecte des fournitures et autres, on a rencontré quelques ministres, à savoir l’ancien ministre chargé des relations avec les institutions, Alexandre Hountondji, et le ministre de l’enseignement maternel et primaire d’antan, Christine Ouinsavi, de même que l’ancien ministre de la culture, Soumanou Toléba. J’avoue que ces personnalités nous ont aidés dans la collecte des fournitures, des jouets et autres ; à part ce que nous-mêmes avons acheté, ils nous ont aidés à gonfler les dons aux enfants. Et, ils avaient envoyé, tous, leurs représentants. Nous avons eu même un parrain, le député Malèhossou qui était présent et qui, vraiment, avait soutenu l’événement. C’était un événement grandiose relayé par les médias de la place.



Est-ce que les trois membres du groupe vivent aujourd’hui de la musique ?



Là, je dirai non ; on ne peut pas dire aujourd’hui que la musique nous donne à manger et qu’on peut déjà s’adosser à elle. Dès qu’on a sorti le premier album, on en a fait 500 exemplaires et on n’a pas fait un mois qu’on était en rupture de stock. On en a commandé d’autres et c’est encore fini. Donc, actuellement, on n’a même plus en stock le premier album. Malgré qu’on n’a pas eu de distributeurs qualifiés et que c’est nous-mêmes qui l’avons distribué, qui l’avons confié à des boutiques, les gens l’ont quand même acheté et d’autres personnes le demandent encore. Mais, cela ne suffit pas pour dire qu’on peut déjà se fier à la musique et ne plus rien faire, parce qu’on est au Bénin. Au Bénin, nous savons ce que c’est que la musique, ça ne nourrit pas son homme comme dans les pays développés. Mais, petit à petit, on pense quand même que ça va venir.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 30 mars 2010

fitheb 2010

Pascal Wanou



Deux jours après le démarrage du Fitheb



Le Directeur Pascal Wanou donne ses impressions



A la veille du lancement officiel du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), Pascal Wanou, son Directeur, rencontré ce lundi 29 mars au soir, au Centre culturel français de Cotonou, se prononce sur l'organisation de cette manifestation internationale, surtout qu'un certain budget lui a été alloué par l'Etat.


Journal Le Mutateur : Monsieur le Directeur, deux jours après le démarrage des spectacles du Fitheb, quelles sont vos impressions ?


Pascal Wanou : De très bonnes impressions, des impressions de satisfaction, de satisfaction totale, parce que le Festival a démarré avec beaucoup de bonheur, les spectateurs, vous les voyez, sont là tous les soirs, la salle est remplie tous les soirs, il y a des spectacles de très bonne facture. Donc, je ne peux que m'en réjouir, pour le bonheur des hommes de théâtre.


Par rapport au budget octroyé par l'Etat, est-ce qu'il faut s'attendre à des difficultés au cours du Festival ?

J'ai eu de l'Etat béninois 150 millions. A ces 150 millions s'ajoutent d'autres contributions. Ce qui est certain, c'est que le Festival se déroule et se tient dans l'enveloppe qui est disponible ; il n'y aura aucune difficulté, il n'y aura pas de dettes, il y a peut-être les difficultés de la lenteur dans le déblocage des fonds, c'est tout. Donc, le Festival tiendra dans l'enveloppe qui est disponible là, tout est mis en oeuvre, tout est mis en place pour ça.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Sipoef 2010

Amine Laourou

Pour sa 5ème édition


Le Sipoef se tiendra au Luxembourg





Plus de trois semaines après la tenue de la 4ème édition du Salon international des poètes francophones (Sipoef) à Cotonou, Amine Laourou a bien voulu se confier à nous pour un bilan et des perspectives par rapport à l'événement. Il ressort de notre entretien que le 5ème Sipoef se tiendra l'année prochaine au Luxembourg, une annonce qui permet à ce promoteur culturel d'épingler le système béninois de financement des initiatives culturelles.





Journal Le Mutateur : Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), comme nous le savons, la 4ème édition de cette manifestation a eu lieu du 1er au 6 mars dernier. Peux-tu partager avec nous un bilan de cette édition ?





Amine Laourou : Je peux dire que c'est la meilleure édition, cette année. Je peux l'affirmer : le Sipoef 2010 a été la meilleure édition, parce que plusieurs poètes béninois se sont impliqués, comme Kakpo Mahougnon, Florent Eustache Hessou, Henri Dagbédji Hessou, Innocent Sossavi, etc. Plusieurs poètes se sont impliqués mais, malheureusement, c'est la dernière édition au Bénin ; j'annonce que la prochaine édition se tiendra au Luxembourg dans la deuxième semaine du mois de mars 2011. Depuis 4 ans, je peux dire que le sipoef 2010, c'est la meilleure édition ; nous avons eu des difficultés mais, quand même, je tiens à remercier le Ministère de la Culture et, surtout, l'Ambassade de France, des partenaires à l'étranger comme le Conseil des arts du Canada, du Québec, le Gouvernement luxembourgeois. Je peux vous affirmer que, cette fois-ci, c'est parti parce que c'est le Sipoef itinérant maintenant. Donc, nous allons passer peut-être une année au Luxembourg et, après, voir si on peut envoyer l'événement dans un pays africain francophone.





Quand vous dites que le Sipoef 2010 a été le meilleur, quels sont les autres éléments d'appréciation qui vous permettent d'avoir ce jugement ?





La première, la deuxième et la troisième édition, c'était un peu compliqué parce que les amis écrivains béninois n'en voulaient pas, il y avait des malentendus, de petites histoires que nous avons pu régler à la dernière minute et, voilà, tout le monde est impliqué, tout le monde veut bien accompagner le Sipoef : l'Association des écrivains béninois, le Pen-club béninois, .... ; quand vous organisez un événement et que vous avez deux ou trois, quatre écrivains béninois représentés, c'est pas beau. Mais, cette fois-ci, ils étaient là ; il y en a d'autres qui nous ont invités chez eux à la maison avec les poètes invités des cinq continents.





Pourquoi alors cette délocalisation au Luxembourg ? Ce pays ne vous semble-t-il pas trop loin ? Ce choix me semble la marque d'une déception du Bénin ...





Je peux dire oui mais, à la fois, je veux bien organiser encore cette rencontre ici ; c'est un peu dur pour moi, parce que le Bénin est le quartier latin de l'Afrique et, pour garder ce nom, il faut s'affirmer à travers des événements comme le Sipoef ! Voilà ! Les Luxembourgeois ont décidé de nous accueillir, parce qu'ils disent que la Francophonie, c'est pas seulement le Bénin et qu'il y a d'autres pays : le Luxembourg, la France, la Belgique, le Canada, les pays francophones d'Afrique et d'Asie, d'Europe. Je crois que le Bénin sera toujours à l'honneur ; nous allons toujours inviter des écrivains béninois à cette rencontre là-bas, que ce soit au Luxembourg ou quelque part d'autre, le Bénin sera toujours représenté. Je crois que c'est un acquis pour moi, parce que, souvent, ici, vous avez des problèmes de financement et, c'est à trois jours de votre rencontre qu'on débloque les moyens pour organiser votre événement ou c'est après l'événement qu'on vous rembourse l'argent, après l'objectif ; c'est du cinéma, c'est du jonglage. Avec les Luxembourgeois, en trois jours, nous avons décidé ; les moyens sont là déjà, la programmation est en cours, c'est ce que je veux aussi pour le Bénin, mais c'est compliqué : quand un ministre est limogé, il faut tout recommencer à zéro, c'est compliqué, il y a la lenteur et, la lenteur, ça torture, ça torture, ça décourage. C'est triste, mais c'est notre pays qui est comme ça, c'est notre culture, on est habitués. Peut-être que quand nous allons faire le Sipoef deux, trois, quatre ou cinq ans dehors, ceal va permettre quand même aux hommes politiques de savoir que c'est un événement incontournable qu'il faut soutenir, qu'il faut voir comment traiter avec les promoteurs culturels béninois. Et, encore, on dit qu'il y a le Fonds d'aide à la culture. Moi, je vois qu'il faut dissoudre la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer un Conseil des arts et lettres du Bénin. S'il y a une Direction des Lettres, une Direction de la musique, du cinéma, de la poésie, on peut dire : "Bon, vous avez 50 millions pour la poésie". A travers les associations, les fédérations, on peut organiser et faire beaucoup de choses. Mais, si on doit négocier, si les événements qui sont vraiment reconnus sur le plan international ne sont pas pris en compte au Bénin et qu'il faut toujours négocier, supplier, qu'il faut s'agenouiller des fois, jouer à la courbette, ça décourage, ça décourage, c'est triste. Pour moi, je crois qu'il faut finir avec la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer le Conseil des arts et lettres du Bénin, c'est très important, il faut finir avec ça, il faut qu'il y ait vraiment la transparence ; si nous avons un Directeur ou une Directrice du Conseil des arts et lettres du Bénin, il faut impérativement faire des appels à candidatures pour ceux qui veulent occuper ce poste, pour un mandat de deux ans non renouvelables comme le Centre culturel français. Si tu n'es pas d'accord avec un Directeur, tu attends trois ans après et quand il part, peut-être qu'avec l'autre, tu auras une chance. Et, le Ccf a toujours fonctionné. Et, aussi, il faut voir comment est-ce que nous n'avons pas une Maison de la culture, nous n'avons pas un Centre culturel béninois, il faut aussi voir tout ça ; s'il faut jouer à la courbette pour obtenir quelque chose, ce n'est plus ce que vous voulez vous-même, vous jouez le jeu, on vous apprend à voler, c'est la société qui vous apprend à tricher et, ça, ça ne vient pas de vous. Donc, c'est en quelque sorte ça ; le Sipoef est au Luxembourg, dans la deuxième semaine du mois de mars, en 2011 ; nous allons inviter aussi des journalistes culturels béninois là-bas, pour célébrer l'événement. En cinq ans, je crois que c'est mieux pour nous, nous pouvons aider le Bénin, l'Afrique, de l'extérieur.





Les innovations du Sipoef au luxembourg, c'est quoi concrètement ?





D'abord, les innovations, c'est que les poètes n'ont jamais été payés, cette fois-ci, ils seront payés, ils seront traités comme des artistes et, il n'y a plus question à être triste pour l'hébergement, la restauration, les lieux de spectacles. Donc, c'est un acquis déjà pour nous ; c'est vrai que nous n'allons plus inviter les poètes qui ont publié seulement un recueil, c'est la cour des grands, il va falloir faire une sélection de ceux qui vont participer à cette grande rencontre là-bas au Luxembourg. Ici, au Bénin, on peut compter le nombre de poètes, c'est aussi ça, on peut compter le nombre de poètes. Donc, il faut dépasser l'époque de Senghor, de Césaire, de la négritude et voir autre chose ! L'Afrique souffre aujourd'hui, il y a la dégradation de l'environnement, les maladies transmissibles, il y a la famine ; il faut écrire sur ça, plutôt que de s'occuper des histoires de Blancs ou de Noirs ; que tu sois un homme noir peint en blanc, ça t'engage, c'est toi ! Donc, aujourd'hui, avec la globalisation, il faut voir autre chose ! C'est ça ma vision.





Un dernier mot ?





Je porte le Bénin dans mon coeur, j'aime beaucoup mon pays ; j'ai quand même fait quatre années du Sipoef ici, j'ai eu la chance de connaître mes défauts, les défauts des autres aussi, de savoir comment me comporter avec eux. Le Bénin, c'est un pays formidable, vous pouvez avoir des expériences, surtout dans le milieu culturel ; c'est pas du tout facile, mais je suis fier d'être Béninois. Le Sipoef au Luxembourg, ça ne veut pas dire que je suis découragé, que je ne reviendrai plus chez moi, mais c'est toujours la littérature béninoise au Luxembourg.




Propos recueillis par Marcel kpogodo

jeudi 25 mars 2010

Initiatives culturelles au Bénin

Christel Gbaguidi, en plein jeu scénique, dans la pièce "L'exception et la règle" de Bertolt Brecht
Bientôt à Cotonou
Lancement du projet "Théâtre à l'école"
Dans les tout prochains jours, l'univers du théâtre béninois va s'enrichir d'un projet d'une importance capitale pour le développement de l'art dramatique en milieu scolaire. A l'occasion d'une causerie avec quelques journalistes culturels, Christel Gbaguidi, Président de l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin", a accepté de parler de cette initiative.
La date du 29 mars 2010 est celle qu'il faut retenir pour le lancement de ce projet qui est intitulé "Théâtre à l'école". En partenariat avec le Service de coopération et d'action culturelle (Scac) de l'Ambassade de la France près le Bénin, il est justement mis en place par l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin". Selon son Président, Christel Gbaguidi, il vise à établir un pont entre le lycée français Montaigne de Cotonou, le Ceg Godomey et le Collège catholique Père Aupiais, d'une part, et à travailler au retour du théâtre professionnel dans les écoles, les collèges et les lycées du Bénin, d'autre part. C'est dans cette optique que "Théâtre à l'école" se propose d'offrir une opportunité de création et de formation à au plus soixante jeunes collégiens issus des établissements scolaires précités. Concernant particulièrement le volet "Formation", l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin" a prévu que ces stagiaires volontaires aient l'opportunité de s'investir à acquérir des connaissances pratiques dans plusieurs sous-secteurs liés au théâtre : la mise en scène, la décoration, les costumes, la photographie et la régie. Et, ce sont des professionnels concernant chacun de ces compartiments, qui seront chargés d'animer les ateliers, respectivement Patrtice Toton, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Serge Zossou et Christel Gbaguidi aussi, pour la mise en scène, Christian Gbégnon et Marius Dansou, pour la décoration, Pamela Houénoudé et Patrice Tomédé, pour les costumes, Jessica Vuillaume et Sophie Négrier, pour la photographie et, enfin, Jean-Claude Ouangbey, pour la régie générale.
Les autres points focaux du programme
A en croire Christel Gbaguidi, ce projet qui démarre le 29 prochain va permettre aux élèves du lycée Montaigne, des collèges Godomey et Père Aupiais de travailler pendant quatre mois sur la mise en scène de trois pièces dont chacune est spécifiquement affectée à chacun des établissements pour être jouée : L'avare de Molière, pour le compte du Ceg Godomey, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti, pour Père Aupiais, et La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmidt, pour Montaigne. Par ailleurs, le stratégique travail de la compréhension globale de ces différents ouvrages sera réalisé en faveur des élèves participants par les professeurs Yvon Le Vagueresse et Dieudonné Adingbossou, exerçant respectivement à Montaigne et à Aupiais.
Pour ce qui est du déroulement proprement dit du Projet, Christel Gbaguidi précise des dates clés : du 29 mars au 07 avril, la visite d'échanges entre les lycées et collèges sur fond de participation des élèves volontaires des trois collèges au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) dont les manifestations démarrent le 27, le 10 avril, la tenue au Centre culturel français de Cotonou d'un café littéraire et la visite des locaux de cette institution par les élèves stagiaires, le 17 avril, la découverte par tout le groupe de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine et la discussion avec ce grand nom du théâtre béninois sur la pièce Le médecin malgré lui, qu'il va faire jouer au Fitheb. En outre, les 26, 27 et 28 mai, il est prévu la représentation des spectacles préparés par les élèves au Ccf et dans certains établissements scolaires. Entre temps, ces stagiaires en théâtre auront tourné des séances vidéo avec l'autre célébrité, Tola Koukoui. Et, le Projet s'achève, entre autres, par la réalisation d'un Livret d'information devant témoigner de l'initiative.
Des perspectives de l'événement
Christel Gbaguidi, dans son exposé, a expliqué que le Projet "Théâtre à l'école" est pilote. S'il s'y donne pour mission de rehausser le prestige du théâtre béninois, il entend le pérenniser, avec des éditions prochaines qui vont voir s'élargir le nombre des établissements participants. Les pouvoirs publics béninois devraient s'approprier cette initiative, vu, d'une part, qu'elle permet à la génération apprenante actuelle de combler le vide en activités de formation additive à l'édification intellectuelle de cette jeunesse, et qu'elle augmente le nombre de cordes professionnelles des jeunes adhérents au Projet, des cordes qui leur seront utiles lorsqu'ils auront fini leurs études et qu'ils se trouveront confrontés au monde de l'emploi. Christel Gbaguidi aura donc contribué à susciter et à développer la vocation des jeunes pour le théâtre.
Marcel Kpogodo

vendredi 12 mars 2010

Théâtre au Ccf de Cotonou

Philippe Adrien, face aux journalistes

Spectacle au Ccf de Cotonou ce weekend
Philippe Adrien parle de la pièce "Rêver à Cotonou"
"Rêver à Cotonou" est une pièce de théâtre d'un genre particulier qui sera représentée les vendredi 12 et samedi 13 mars 2010 au Centre culturel français de Cotonou. Le Français Philippe Adrien, qui en est le metteur en scène, montre l'ancrage de cette création dans l'univers du rêve.
Premier élément d'originalité: "Rêver à Cotonou" est un spectacle déambulatoire, ce qui suppose que les spectateurs seront amenés à se déplacer d'un point à un autre. Plus précisément, ils iront, notamment, au sein du Centre culturel français, de la scène au bar, en passant par la paillotte et, quelque part sur le parcours sera visualisable la vidéo de l'artiste béninois Totché, qui est un film monté en boucle. A en croire Philippe Adrien, la mobilité de la pièce se justifie par la nécessité de "déshabituer les spectateurs", de leur faire "voir autre chose"; il affirme, en outre, que ''l'idée de ce parcours est cohérente avec le rêve où il faut sans cesse décaler." Et, dans cette vague d'anticonformisme de la mise en scène s'inscrit le second facteur d'originalité: la pièce elle-même est une pratique initiatique de l'univers du rêve! Selon Philippe Adrien, "Rêver à Cotonou" donne lieu à un ''traitement scénique des rêves''.
Pour une pièce qui sera jouée lors du prochain Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb), il s'agit d'un jeu fondé sur un maximum de quinze rêves sélectionnés parmi près d'une cinquantaine, des rêves faits par des comédiens, collectionnés par ceux-ci auprès de leurs amis, de leurs connaissances, en général, des rêves racontés, scénarisés et mis en scène, avec le concours de deux personnalités d'une importance capitale: Rémi Secret, Directeur du Centre culturel français, avec l'engagement et la collaboration de qui l'idée de représentation de rêves au théâtre est née et s'est vue concrétisée par Philippe Adrien appelé à cette oeuvre. Deuxièmement, le metteur en scène laisse entendre que Gustave Akakpo, écrivain togolais de pièces de théâtre, a joué une partition fondamentale, celle du traitement des rêves collectionnés, un cru que lui aussi a contribué à enrichir de ses propres rêves. En ce qui concerne les langues de la pièce, les spectateurs entendront du fon et français, et "des langues inventées", pour des rêves dont le contenu étonne Philippe Adrien, de par les thèmes typiquement béninois: l'argent, le sexe et la mort. Donc, ce sont des rêves qui vont permettre d'entendre "des malheurs, des misères, des vérités contradictoires, paradoxales, dérangeantes ... " Ils donneront l'occasion aux spectateurs d'entrer en contact avec l'inconscient des Béninois, s'inscrivant dans une problématique globale qui matérialise la manière dont les Africians vivent la question de l'ailleurs, la manière dont les Béninois entendent les rapports Nord-Sud.
Le fond de la préparation
Pour Philippe Adrien, il a fallu une dizaine de jours de stage, qu'il a passés à l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine, à former treize comédiens béninois qui ne sont plus des inconnus. Parmi eux, Jean-Louis Kédagni, Charelle Hounvo, Tonton Mass, Alfred Fadonougbo, Florisse Adjanohoun, Carole Lokossou, Guy Kpohento, Didier Nassègandé et Fidèle Anato. D'autres noms très influents du monde artistique béninois ont apporté leur pierre à l'édifice de l'oeuvre, tous autres domaines confondus, entre autres, le musicien Eric Thomson, le plasticien Dominique Zinkpè, le producteur et réalisateur Claude Balogoun et le spécialiste de vidéos Totché. Grâce à tout ce beau monde, Philippe Adrien, Diresteur du "Théâtre de la tempête", Professeur de théâtre et d'interprétation au Conservatoire national de Paris, qui se réjouit d'avoir travaillé avec des artistes béninois, promet: les spectateurs "vont avoir quelque chose à démêler, ils auront à démêler des sensations, ils auront des surprises". Reste alors à aller voir cette pièce, de quoi constater si les fruits vont tenir la promesse des fleurs.
Marcel kpogodo