mercredi 14 septembre 2022

Quand Myster Ezin relève le défi ’’Mc Solaar’’

Dans le cadre de la parution de son album


Acteur culturel bien connu au Bénin pour avoir dirigé l’association ’’Oladé’’ tourisculture du Bénin (Otb), Ezin Pierre Dognon, doctorant en musicologie, a mis au point un album dont la parution officielle est prévue pour le mois de septembre 2022 en France. Se métamorphosant en ’’Myster Ezin’’, en tant qu’artiste musicien, il a fait de son « coup d’essai un coup de maître », en interprétant un morceau remarquable du rappeur français, Mc Solaar, pour porter l’album concerné.


La pochette de l'album, ''Espoirs''

’’Caroline’’ interprété et clippé. L’un des morceaux mythiques du tout premier album du rappeur français, Mc Solaar, que Myster Ezin, de son nom, à l’état-civil, Ezin Pierre Dognon, a choisi d’interpréter à travers l’album qu’il met sur le marché discographique dès le 23 septembre 2022 dans l’Hexagone où il vit et étudie.

Intitulé ’’Espoirs’’ et édité en France par le label, ’’III Lumière’’, ce disque comporte 9 titres dont ’’Caroline’’ qui reste la preuve que, de la même manière que, comme l’a pensé Voltaire, « on n’écrit bien qu’après avoir lu ceux qui ont bien écrit », on ne peut bien chanter qu’après avoir écouté ceux qui ont bien chanté. Dans le don par Myster Ezin de sa version  de ’’Caroline’’, l’enveloppe rythmique est similaire à l’originelle, avec l’artiste dont la voix chaude rassure, la bonne articulation des mots aidant. 

Si, en s’attaquant à la citadelle ’’Mc Solaar’’ et en la conquérant, le Béninois d'origine, Myster Ezin, a chanté comme un rappeur, le slam est le genre musical qu’il choisit de pratiquer. Cet engagement se justifie par le fondement nostalgique de l’impact de la puissance de la parole proférée sur son bas âge. « Quand j’étais enfant, j’aimais écouter les griots raconter des histoires au clair de lune. Je pense qu’il y a eu cette influence dans le choix, pendant les discussions, autour de la direction artistique du projet », en déclare-t-il. De même, avec le slam, il est question, se rapportant à lui, d’une relation de grande symbiose, ce qu’il clarifie : « Le slam est un art qui me correspond et auquel correspondent mes valeurs ».  En outre, selon lui, il s’agit d’un genre avec lequel il est fusionnel : « Le slam dégage, pour moi, une esthétique musicale dans laquelle je me retrouve complètement ».

Quant à l’album, ’’Espoirs’’, Myster Ezin en prévoit une cérémonie officielle de présentation pour le 15 octobre 2022 à l’espace ’’Jeunesse’’ d’Aix-en-Provence, la ville de ses études de 3ème cycle. Coîncidence ? Le 15 octobre est, aussi, la date de la sortie, en 1991, de l'album, ’’Qui sème le vent récolte le tempo’’, sur lequel se trouve ’’Caroline’’ ...


 

Musicologue et artiste musicien


De l’étude de la musique à sa pratique, Myster Ezin a vite franchi le fossé, vivant l’expérience comme une marque de pragmatisme scientifique : « Il y a comme une aisance, [comme] une assurance, [comme] un sentiment que l’on sait ce que l’on fait, [comme] un sentiment que l’on sait où l’on va parce qu’en tant que spécialiste de la musique, musicien et chanteur, on sait de quoi l’on parle. Il n’y a pas de place pour l’improvisation. Et, même quand il y a de l’improvisation, c’est un chaos qui est voulu ». Pour lui, la passion servant à faciliter l’exercice des deux postures, le théoricien et l’artiste se complètent : « Etre enseignant-chercheur est une profession. La pratique musicale n’est qu’un prolongement des connaissances et une envie de vivre d’autres expériences ».

Aussi, revendiquant, de manière convaincue, son nouveau statut d’artiste musicien, Myster Ezin ne fait pas les choses à moitié, se donnant un pseudonyme, comme le font les artistes, et renouvelant son apparence physique, en arborant des tresses dont la fonction n’est pas limitative : « Mon nouveau look date d’avant le projet d’album et de carrière musicale. Comme beaucoup de personnes, avant moi, je ne suis qu’un homme qui lutte contre la calvitie. Sur conseil de ma nièce, coiffeuse de profession, j’ai adopté ce look et cela semble le bon choix pour faire pousser mes cheveux, en plus de me permettre de me sentir bien ».


 

Parcours conséquent


Myster Ezin, artiste slameur, aujourd’hui, succède à Ezin Pierre Dognon, acteur culturel, par le passé, ancien président de l’association, ’’Oladé’’ tourisculture du Bénin (Otb). Il en garde, dans son palmarès, la médaille d’avoir décroché un financement de 100 mille euros, de la part de l’Union européenne, pour la tenue, en 2012, de la 7ème édition du festival, ’’Itinér’ance’’, que portait annuellement l’organisation.

Deux années après ce fait d’arme, il s’établit en France pour la poursuite de ses études, ce qui débouche sur l’obtention, en 2014, d’un Master of Business administration (Mba) en médiation culturelle, dans l’option, ‘’Management de la musique, des festivals et du patrimoine’’. En 2017, il s’inscrit à un doctorat en musicologie. Polyvalent, il tient, à son actif, la publication de deux ouvrages narratifs de fiction, ’’Dullah, la grosse énigme’’ et ’’Désolé madame, j’épouse mon portable’’, parus, respectivement, en 2015 et en 2017, de même que de ''Petites chroniques de Castellet'', un livre édité en 2021.

Marcel Gangbè-Kpogodo

lundi 29 août 2022

Grande productivité de Jérôme Tossavi inspiré par Eric Médéda

Dans le cadre d’une résidence de création


Le 12 août 2022 s’est ouverte, aux ’’Ateliers Médéd’art’’, sis quartier de Fidjrossè, à Cotonou, la résidence de création artistique dénommée ’’Au clair de lune’’. Elle était prévue pour mettre en symbiose l’observation de l’écrivain béninois, Jérôme Tossavi, avec la démarche de travail de l’artiste plasticien et performeur, Eric Médéda, afin de générer une production littéraire de la part du premier. Une semaine après, l’espace culturel indiqué pullule d’écrits du poète, romancier et dramaturge …


Jérôme Tossavi, ci-contre, en production instantanée à partir d'une inspiration directe ...

Des textes partout remarquables et des toiles de peinture. Le résultat de la résidence de création qu’ont effectuée les artistes Jérôme Tossavi et Eric Médéda, du 12 au 18 août 2022, aux ’’Ateliers Médéd’art’’ du quartier de Fidjrossè, à Cotonou, plus précisément, en venant du carrefour du quartier d’Adjaha, dans l’angle gauche de la deuxième ruelle avant la place du ’’Calvaire’’.


Tout calcul fait, des citations, des compositions dans l’ordre de la trentaine, se manifestant sous la forme de courts poèmes et de mots en association, ont envahi tous les recoins, même les plus inattendus du centre indiqué, que ce soit sur du papier, au sol, aux murs que sur des toiles de peinture. Celles-ci sont au nombre d’une douzaine. Les ayant entamées avant la résidence, Eric Médéda les a achevées aux ’’Ateliers Médéd’art’’, au fur et à mesure que Jérôme Tossavi le regardait travailler, appréhendait sa démarche et s’en inspirait, déversant instantanément le fruit de son analyse sur le support immédiat qu’il avait à portée de main. 


... concernant Eric Médéda, sur plusieurs jours de travail en symbiose

Bien que libre, l’écrivain avait pour mission de laisser canaliser son inspiration par le fondement d’un sujet bien précis : le patrimoine culturel.



Justification d’une sélection


Il existe un grand nombre d’hommes de plume actifs. Eric Médéda, à en croire ses explications, entretenait en lui la flamme d’une vision si précise qu’il a identifié, pour le soutenir à concrétiser le projet de résidence de création, le lauréat du prix international 2015 de la poésie, dénommé ’’Léopold Sédar Senghor’’, et, en même temps, le Grand prix littéraire 2020 du Bénin, dans la catégorie du théâtre : « J’ai opéré le choix de Jérôme Tossavi parce qu’il a écrit ’’Incinérés’’, une pièce de théâtre sur la restitution à notre pays des 26 trésors royaux. Il s’agit d’une commande de l’Ambassade de la France près le Bénin et d’une œuvre qui a été mise en scène par Alougbine Dine. C’est après que j’ai vu cette pièce que le projet est né. Donc, [j’ai directement associé Jérôme Tossavi] parce qu’il a abordé cette question de la restitution. Ainsi, pour moi, il est plus facile d’évoluer, de retracer l’histoire parce qu’il l’a déjà écrite et que cette restitution a été ma source d’inspiration concernant le projet, ’’Au clair de lune’’. Cela me permet de faire de cette pièce représentée une source et de ne pas mettre de côté la source d’inspiration du projet ».


L'affiche officielle de la résidence de création, ''Au clair de lune''

Ancré dans ce fondement d’honnêteté intellectuelle, Eric Médéda se montre, par ailleurs, attaché à l’une des anciennes pratiques culturelles africaines, aujourd’hui complètement ensevelie dans le mouvement de la modernité et de la mondialisation. « Le titre du projet, c’est ’’Au clair de lune’’ ; c’est comme l’ ’’adjrou’’ » (’’Conte’’, en langue béninoise du fon, Ndlr), a-t-il précisé, « qui se faisait au clair de lune dans l’Afrique traditionnelle pour que les sages racontent des histoires. Voilà pourquoi le projet porte le titre, ’’Au clair de lune’’ ».


Quant aux productions de l’écrivain, il en a prévu l’évolution : « Les textes de Jérôme Tossavi finiront sur des toiles comme sur des supports encadrés ». Elle se trouve bien ciblée dans le temps : « Ce sera à la fin du projet, lors de la grande exposition, celle qui va rassembler les créations liées aux ateliers avec tous les corps artistiques prévus ».



Un projet de longue haleine


Dans son esprit, l’artiste contemporain et performeur engagé, Eric Médéda, ne limitera pas sa collaboration artistique à l’univers de l’écriture, surtout qu’il prévoit que son projet du moment tienne d’août 2022 à octobre 2023. « C’est un projet qui s’étend sur un an », s’ouvre-t-il, avant de déterminer : « Après la littérature, ce sera une rencontre successive avec la danse et avec la musique ». De même, il éclaire : « A chaque nouvelle édition, le thème va changer mais sera axé sur le patrimoine culturel à cause de l’actualité liée à la restitution des trésors royaux au Bénin par la France ». Puis, il s’introduit dans la perspective d’une ambition aux contours incommensurables : « Ces trésors constituent le socle pour réécrire notre histoire, pour écrire la vraie histoire de l’ex-Dahomey, la vraie histoire de l’Afrique ».


Se rapportant aux manifestations auxquelles il faudra que le public s’habitue pour l’expression du vaste projet en cours, Eric Médéda décline des expositions, des journées de portes ouvertes, des échanges et des séances de performance.


« En matière de performances », a-t-il ajouté, « elles donneront lieu à des rencontres avec d’autres performeurs de la place au Bénin et à l’international. Dans ces conditions, le projet prend en compte mon déplacement sur le Cameroun, pour participer à un autre festival ».


Pour l’instant, « l’exposition reste ouverte jusqu’au 30 août et donne l’occasion d’échanges de divers ordres avec les visiteurs sur le projet, ’’Au clair de lune’’ », a-t-il terminé.

Marcel Gangbè-Kpogodo