lundi 29 avril 2019

Les ’’3L Ifèdé’’ prennent leur envol pour les Etats-Unis

Dans le cadre de leur participation au cinquantenaire d’un festival américain jumelé

Le dimanche 28 avril 2019, un peu plus d’une dizaine des membres de la troupe de théâtre et de danses, les ’’3L Ifèdé’’, ont pris le départ de Cotonou pour les Etats-Unis. Il s’agit pour eux de participer à la cinquantième édition du festival jumelé dénommé ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage festival’’.

Les ''3L Ifèdé'', posant peu avant la prise de leur vol
13 artistes danseurs traditionnels. Le nombre des élus devant représenter les ’’3L Ifèdé’’, cette troupe béninoise de théâtre et de danses, à la 50ème édition du ’’New Orleans jazz’’ and ’’Heritage culture’’, et qui ont pris le départ de l’aéroport international ’’Cardinal Bernardin Gantin’’ du quartier de Cadjèhoun à Cotonou, dans le milieu de la soirée du dimanche 28 avril 2019.
Très enthousiastes, heureux, le visage rayonnant et brillant d’un grand rire, ils étaient uniformément et élégamment habillés d’un ensemble fait d’une tunique et d’un pantalon d’un blanc étincelant tirant sur le beige, le tout surmonté d’un boubou vert pur aux manches courtes et larges avec, sur la tête, un chapeau traditionnel estampillé ’’3L Ifèdé’’.
Animés du sentiment d’une mission patriotique à aller accomplir en terre américaine, ils n’ont pas hésité, dans leurs photos de groupe, à s’entourer des drapeaux du Bénin et des Etats-Unis. Jusqu’au 7 mai 2019, ils feront parler du berceau du vodoun dont ils exécuteront les danses variées et exceptionnellement chaleureuses, ce que confirment, dans les impressions qu’ils ont partagées avec notre Rédaction, Eric Orphée Gnikpo, Président des ’’3L Ifèdé’’, et Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo, pièce d’attraction de la troupe.

Marcel Kpogodo




Impressions

De gauche à droite, Eric Orphée Gnikpo et Léon Hounyè

Eric Orphée Gnikpo : « C’est une fierté pour nous de porter le drapeau national »

Il faudrait vous dire merci pour cette présence. C’est ce que nous avons toujours souhaité, nous voulons d’une presse d’investigation. Nous savons tous que cet événement est de taille et vous n’avez pas quand même attendu qu’on vous appelle, vous êtes venus spontanément. Cela nous va droit au cœur et, c’est la preuve qu’au Bénin, on a des journalistes culturels d’investigation.
C’est un sentiment de joie qui anime toute l’équipe et moi. Nous sommes très fiers, aujourd’hui, de porter haut les couleurs nationales. Au-delà de la personne morale des ’’3L Ifèdé’’, c’est le Bénin qui est ainsi représenté. C’est une fierté pour nous de porter le drapeau national.
Concernant les danses, vous n’êtes pas sans savoir que nous avons une nation assez riche. Je le dirai : en Afrique, le Bénin est numéro 1 en matière de danses patrimoniales ; nous sommes inégalables, nous en avons à foison. Donc, dans cette panoplie de danses traditionnelles, nous en avons concocté une bonne vingtaine parce que nous allons jouer sur de grands podiums : on a des spectacles de 45 minutes. En tout et, pour tout, nous présenterons sept spectacles. C’est du fort, c’est du lourd. Que l’on soit du nord, du centre, du sud, de l’est ou de l’ouest, chacun aura sa danse à la Nouvelle Orléans avec les ’’3L Ifèdé’’.



Léon Hounyè, alias Sakpata Zogbo : « […] nous sommes des messagers, nous sommes là pour faire voir notre pays »

Pour ce Festival, je suis prêt à offrir un beau spectacle. La base de notre spectacle, ce sont les danses du vodoun parce que notre pays est basé sur le vodoun, nous y sommes nés, nous en vivons. Nous allons pour mettre en valeur le pays du vodoun, montrer comment le vodoun fait du bien ; il n’est pas là pour faire du mal. C’est ce que nous allons exprimer devant le public américain ; nous sommes des messagers, nous sommes là pour faire voir notre pays. Paradoxalement, quand vous prenez le cas de Ganvié, c’est le Togo qui la vend alors que cela se trouve au Bénin ; on a monté une danse pour présenter Ganvié ; on l’appelle ’’Atié’’. Nous allons montrer aux Américains que notre pays est très riche en cultures. Entre autres, nous montrerons aussi le ’’zangbéto’’. On a plein de surprises pour le public américain.
Je me dois de remercier le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture pour avoir cru en nous, en ce que nous sommes en train de faire. Cela, c’est très important ! Si nous avons un ministre qui ne croit pas en nous, c’est là que le problème se pose. Le Ministre [de la Culture, Oswald Homéky] ne croit pas en ce que nous sommes en train de faire.
Je reviens remercier le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture, chez qui c’est le contraire. C’est un travail énorme. Les sportifs ne peuvent jamais le faire. En Italie, nous avons reçu une médaille avec, comme seule retombée, le passage par le salon d’honneur de l’aéroport de Cotonou, alors qu’en tant qu’artistes, nous sommes les meilleurs pour faire valoir notre pays. Actuellement, nous allons aux Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans, pour faire des prestations auprès de plus de 35 pays ; on nous connaît, nous allons les marquer sur scène. Je vous l’assure.
Je remercie tous les Béninois, de même que le Président de la République parce qu’il a eu confiance aux artistes : malgré toutes les déclarations de part et d’autre, il a maintenu le Fonds des Arts et de la culture, pour les accompagner. Sans cette institution, nous ne vivons pas ; sans un soutien pour la culture, on ne peut pas vivre. Je remercie tous les acteurs culturels, tous les administrateurs du Fonds des Arts et de la culture, tous les directeurs techniques du Ministère de la Culture.
Mais, je ne suis pas prêt à remercier le Ministre de la Culture parce que nous n’avons pas du tout son soutien.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

vendredi 26 avril 2019

Feu Stan Tohon sensibilise sur les élections législatives

Dans le cadre du lancement de son single posthume

Le Groupement africain des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac) a tenu une conférence de presse le mardi 23 avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’ sis quartier de Hêvié à Abomey-Calavi. Il s’agissait pour les représentants de cette structure, d’une part, de lancer officiellement un single laissé par le monument de la musique béninoise, Stan Tohon, appelant à des législatives pacifiques. D’autre part, ils ont dévoilé un projet important lié à l’existence du single indiqué.

De gauche à droite, Rodéric Dèdègnonhou et Khadija Ghak Tohon
’’Bloc contre Bloc’’. Le titre du single laissé par Stan Tohon et qu’a lancé, à titre posthume, le Groupement africain des Artistes pour la paix et la concorde (Grapac), par une conférence de presse que ses membres ont animée dans la matinée du mardi 23 avril 2019 au Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, à Hèvié, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
A en croire Rodéric Dèdègnonhou, le Responsable aux médias du Grapac, c’est cinq jours avant d’aller se faire soigner en France que l’artiste concerné est entré en studio pour composer ce morceau de 6 minutes 38 secondes, dans le cadre des élections législatives du 28 avril 2019, afin d’inciter les citoyens béninois à aller « voter dans la joie et dans la paix ». Toujours selon cet intervenant, cette chanson, réalisée selon le ’’tchink system’’, le rythme dont l’artiste a été le fondateur et le principal animateur, met en harmonie des instruments de la musique traditionnelle tels que les cloches, les castagnettes et la grosse gourde aux bords rétrécis, appelée ’’gota’’, et entre dans une tradition chère au chanteur, de son vivant : la réalisation, à la veille de chaque élection, d’une chanson de sensibilisation au vote dans la tolérance, dans la paix et dans le fair-play.
Malheureusement, dans sa projection du schéma du déroulement, dans de bonnes conditions, des législatives du 28 avril 2019, Stan Tohon, en composant ce morceau, ne pouvait imaginer que l’Opposition aurait été exclue de ces joutes électorales, ce qui l’a amené à mentionner cette tendance politique de même que la mouvance. Finalement, dans la réalité, ce sont deux partis de la seconde obédience politique qui s’affrontent ; l’artiste s’en retournerait dans sa tombe. En outre, dans sa logique de la compétition qu’il attendait des deux forces antagonistes, l’artiste est allé jusqu’à chanter que « ça va barder », alors que, vu ces conditions électorales qu’il n’a pas imaginées, sur le terrain, une campagne terne s’est imposée. Par ailleurs, beaucoup de potentiels électeurs se refusent au retrait de leur carte de vote, ce qui laisse croire que le 28 avril se fera remarquer un important taux d’abstention alors qu’au début du morceau ’’Bloc contre Bloc’’, Stan Tohon avertit : « Nul n’a le droit de rester à la maison ». C’est dire qu’en l’espace de quelques petits mois, de manière invraisemblable, le Bénin a basculé dans des habitudes politiques qui lui étaient inconnues depuis des décennies, des mœurs dans lesquelles l’artiste béninois défunt baignait en composant sa chanson de sensibilisation et qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui. Un autre facteur de retournement de Stan Tohon dans sa tombe ! Ainsi, s’il n’avait pas été amené à rejoindre le père céleste, on peut imaginer quelle aurait été sa révolte.
Au point de vue du traitement technique de la chanson laissée par le Roi du ’’tchink system’’, Marcel Padey, l’arrangeur du morceau, présent aussi à la conférence de presse, n’a pas manqué d’indiquer son respect de l’œuvre, n’en ayant rien ajouté ni retranché et s’étant contenté de le mixer, avec l’assistance de Carlos Tohon, le fils du défunt. 


Khadija Ghak Tohon, dans la continuité

Est aussi intervenue au cours de la conférence de presse, Khadija Ghak Tohon, l’épouse du défunt. Lançant officiellement le single en question, elle a insisté sur son action consistant à continuer la tradition de sensibilisation électorale chère à son époux, ce qui lui fit annoncer la tenue d’un géant concert en faveur des habitants de Hêvié, dès 16 heures, à l’espace de spectacles du Centre artistique et culturel ’’Stan Tohon’’, de façon à les amener à voter dans la paix. Vivi l’International est la marraine de cette production musicale sur scène, qui donnera  l’opportunité de connaître de prestations d’artistes tels que Gisèle Ash, Charly Guédou, Fidèle Anato, Adjos  et Rodolphe, puis du groupe ’’Les frères Totin’’.

Marcel Kpogodo