Dans le cadre d’une
adresse de 8mn 22s à divers ordres de responsables d’artistes et d’acteurs
culturels
La matinée du samedi 22
avril 2017 a donné lieu à une rencontre entre Gilbert Déou-Malé, Directeur
général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), et plusieurs dizaines de responsables
d’artistes et d’acteurs culturels, qui étaient réunis au sein de la Plateforme des
Confédérations et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin. C’était
dans une Salle Vip 2 n°112 archi-comble du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou
de Cotonou. En réponse à l’allocution de remerciements, adressée par les
membres de la Plateforme, représentés par Pascal Wanou, au Chef de l’Etat, face
à l’injonction qu’il a donnée du remboursement de leurs reliquats aux artistes
et aux acteurs culturels, Gilbert Déou-Malé, qui le représentait, a pris la
parole et, dans une improvisation de 8 minutes 22 secondes, a partagé avec ses
interlocuteurs des réflexions d’une qualité qu’ils ont abondamment applaudie.
Intégralité du propos
de Gilbert Déou-Malé
« Chers artistes,
non, chers collègues !
« Les mots me manquent
pour remercier tous qui ont effectué le déplacement, parce que, c’est une
surprise, en tout cas, pour moi, le contenu du document. Ce qui me réjouit
davantage, c’est de voir ici, autour de cette table, assises, les sommités. Je
me réjouis du fait que tous les artistes soient réellement représentés ici,
parce que, à voir, autour de cette table, ceux qui sont assis, c’est une
fierté ; cela suppose que,
réellement, les artistes avaient un message à adresser au Chef de l’Etat.
Je crois que, si nous
étions en période guerre, la guerre est terminée.
« Ceux qui ont pensé que
je pouvais, en toute confiance, transmettre le message de mes collègues au Chef
de l’Etat, ne se sont pas trompés, simplement parce que je fais partie
réellement du Nouveau départ. Donc, je peux remettre ce document au Chef de
l’Etat. Je peux aussi le commenter ; je peux apporter des éclairages, des éclaircissements
au Chef de l’Etat, s’il en avait besoin, parce que j’ai vécu tout ce que vous
avez vécu là, avec vous. Et, j’ai le même ressentiment, parce que je suis en
train d’intervenir, en tant qu’artiste, comme vous.
« C’est vrai, je suis
Directeur général du Fonds des Arts et de la culture mais, c’est passager et,
je demeure artiste à vie. C’est pour cela que je n’aurai pas peur ;
pendant tout le temps que le Chef de l’Etat me fera confiance, je n’aurai pas
peur de défendre rien que les intérêts des artistes et, rien que ça parce que,
désormais, il faut que l’artiste soit respecté comme tel.
« Moi, en tant
qu’artiste, je me sens beaucoup plus important qu’un homme politique. Oui,
parce que, quand un homme politique fait son meeting, c’est lui qui donne de
l’argent à la population, mais quand je fais ma prestation, c’est la population
qui me donne de l’argent.
«Tous ceux qui ne le
savent pas et qui pensent qu’injecter de l’argent dans la culture, c’est jeter
de l’argent par la fenêtre, se trompent ; ils se trompent parce que,
simplement, quand on met de l’argent dans l’éducation, le lendemain, on n’en a
pas les retombées, quand on met de l’agent dans la santé, le lendemain, on n’en
a pas les retombées mais, nous, artistes, quand nous voulons sortir un morceau,
nous payons des taxes, nous payons l’électricité ; au studio où je suis
allé me faire enregistrer, il y a des gens qui sont en service là, donc, nous
participons à la création de la richesse.
« Investir dans la
culture, ce n’est pas jeter de l’argent par la fenêtre et, c’est ce que le Chef
de l’Etat a compris, depuis qu’il était candidat, quand il a dit qu’il ferait
du tourisme et de la culture le levier même, le socle du développement
économique et social de notre pays. Cela voudra dire quoi ?
Tous les artistes du
Bénin doivent se sentir fiers parce que c’est la première fois que nous avons
un Chef d’Etat, qui pense que nous devons être le levier du développement. Et,
nous devons tout faire pour mériter cette confiance.
« Il y a, pour finir, un
petit quelque chose que je voudrais dire, comme nous sommes en famille : nous
allons nous mettre ensemble pour assainir notre milieu. Cela voudra dire quoi ?
Que cela commence aussi par nous-mêmes ; nous devons avoir des
comportements dignes. Un artiste, c’est un éducateur, c’est un communicateur,
il doit être un exemple ; nous devons alors, dans nos comportements
quotidiens, en donner la preuve. C’est pour cela que, quand on sort dans la rue
et qu’on apprend, par exemple, que c’est au sein de nous, les artistes, qu’on
remarque des toxicomanes, je crois que nous avons le devoir, l’obligation d’accompagner
le Gouvernement dans la lutte contre le trafic illicite, contre le trafic de la
drogue, dans notre pays, simplement parce que ceux qui se livrent à ce
commerce-là s’enrichissent mais, ce sont nos enfants qui sont détruits physiquement,
mentalement. Il faut que’ désormais, on commence à nous respecter, nous,
artistes.
« De toutes les façons,
nous interpellons, ici, les douaniers, les policiers, les magistrats, pour que
la lutte se mène de manière honnête et sincère.
« En outre, le Nouveau
départ, les artistes l’ont bien compris et, nous sommes prêts pour le Nouveau
départ. Par rapport à cela, je voudrais vous garantir que le Chef de l’Etat
aura le document, dès la semaine prochaine. Et, pour tous ceux qui hésitent
encore parmi nous, ils n’ont qu’à comprendre que la lutte est commune ; j’ai
appris que certains doutent encore de ce que les reliquats seront payés. Il y a
des doutes au niveau des acteurs culturels.
« Depuis ma prise de
service, j’ai juré de faire payer ces reliquats parce que c’est simplement une
injustice : des artistes se sont endettés pour mettre en œuvre leurs
activités parce, simplement, ils ont reçu des notifications, ils ont eu un
contrat avec le Fac (Fonds des Arts et de la culture, Ndlr), donc, avec l’Etat.
L’Etat doit prendre ses responsabilités. C’est pour cela que le Chef de l’Etat
a instruit pour que les artistes soient intégralement payés et, le Fac le fera.
Donc, plus de doute ! Nous allons nous organiser pour payer intégralement
tout ce que nous devons aux artistes ».
Propos recueillis par
Marcel Kpogodo