Aperçu sur un cru de
bonne qualité
Le samedi 11 avril
dernier a donné lieu à une exposition d’une soirée. C’était à l’Institut
français de Cotonou, dans le cadre de la clôture de la résidence de création
dénommée ’’Cénacle expérimental’’. Parmi les 10 artistes ayant participé à l’opération,
vue sur trois d’entre eux dont la fougue artistique abonde dans le sens d’un
talent récurrent : Elon-m, Yamferlino’s et Sébastien Boko.
Deux jeunes artistes peintres
et un sculpteur. Elon-m, de son nom plus complet, Elon-m Catilina Amévi Tossou,
Yamferlino’s, s’appelant, à l’état-civil, Lionel Ferréol Yamadjako et, enfin,
Sébastien Boko. Un travail d’une trempe singulière, chez l’un et l’autre. Une
remarque qui s’imposait à l’exposition de restitution d’une dizaine de jours de
travail en résidence, une présentation organisée par Charly d’Almeida, le samedi
11 avril 2015, à l’Espace ’’Joseph Kpobly’’ de l’Institut français de Cotonou.
Elon-m, en résidence de création, le 3 avril dernier |
Le premier, Elon-m, a
matérialisé son inspiration sur le thème de la liberté, par trois toiles :
’’Liberty city’’, ’’Laissez-moi dire’’ et ’’La liberté des individus’’. Selon
ses explications, il a réalisé la première et la troisième, grâce à la
technique du couteau, dans le sens de l’expression d’une représentation
réaliste de la vie. Le couteau se révèle donc comme un instrument novateur dans
sa démarche de travail, complétant sa stratégie par le crayonnage devant
concorder avec les idées à exprimer, celles-ci se marquant par l’étude des tons
pour agencer les couleurs, de façon à ce qu’elles s’appellent, a continué de
clarifier Elon-m.
Grâce à cet instrument
qu’est le couteau, il réussit aussi à installer confortablement ses idées dans
l’abstraction, les stylisant, rendant hermétique son message, ce dont il se
satisfait, montrant, d’une part, la liberté et l’ouverture du lecteur de l’œuvre
à manifester sa propre compréhension de la toile et, d’autre part, la nécessité
de rendre sélectif le groupe restreint des lecteurs pouvant se rapprocher du
message. Voilà le sens du tableau ’’Laissez-moi dire’’ où il faut lire une
décomposition artistique du visage humain dont les différentes parties sont généreusement
disséminées aux quatre coins de la toile, laissant le public à son sort de
grandes et profondes équations de déchiffrage.
... de même que Yamferlino's ... |
Se rapportant à
Yamferlino’s, trois travaux aussi lui servent à concrétiser ses pensées : ’’Service
libre’’, ’’Libre expression’’ et ’’Visibilité’’. Un point commun : des
traits de gribouillage qui replongent nostalgiquement l’artiste dans l’enfance,
aux premières années de sa pratique du dessin. Sinon, sur ses tableaux, les
couleurs rivalisent d’espace, les visages tentent de se faire jour, le peintre
s’amuse ; pour Yamferlino’s, l’entreprise semble avoir été un jeu.
... et Sébastien Boko, en pleine manipulation de sa tronçonneuse |
Sébastien Boko, lui, a
montré, au cours de cette exposition de l’Institut français de Cotonou, deux
pièces de sculpture : ’’Aïcha’’ et ’’Kèkènon’’. Des visages, longs, sur
socle, les lèvres arrondies, les lunettes aux verres embrouillées par plusieurs
cadenas, pour une explication très simple de l’artiste : « Je bloque
les critiques sur l’autre et je me braque sur moi, pour me changer ». Et,
les contours arrondies des pièces ont une cause : Sébastien Boko conçoit
désormais un monde au féminin, de quoi en extirper les affrontements, les
guerres, les crises, des fléaux trop masculins.
Les artistes résidents et Tchif |
Elon-m, Yamferlino’s et
Sébastien Boko. Ce sont trois forces qui sont et qui devront persister à être, de même que les sept autres, celles de Sika Adjélé da Silveira, d'Eliane Aïsso, de Constantine Gbètoho, de Bello Kifouli, de Damas, d'Achille Adonon, de Mahoussi Ahodoto, qui, toutes, ont reçu les sages conseils d'un aîné, à l'issue de la soirée d'exposition : Tchif.
Marcel Kpogodo