mardi 8 octobre 2013

Lancement des manifestations du cinquantenaire de l’Institut français du Bénin

Les fruits ont dépassé la promesse des fleurs (Sébastien Boko et Youchaou Kiffouly, deux Performeurs fous de ’’Nuit blanche’’)


Dans la soirée du samedi 5 octobre 2013, l’Institut français du Bénin (Ifb) a vécu une effervescence particulière. L’institution tenait la cérémonie de lancement des manifestations artistiques devant marquer la commémoration du cinquantième anniversaire de sa création. Si des officiels béninois et français étaient présents à la cérémonie, la fin de celle-ci a donné lieu à un bon nombre de performances artistiques dans le cadre de la première édition de ’’La Nuit blanche’’, au Bénin. Parmi ces performances, celles animées par Sébastien Boko et Youchaou Kiffouly, entre autres, ont particulièrement frappé les esprits.


Sébastien Boko, constatant la lourdeur de sa charge.
’’Gankpogblégblé’’ est la performance réalisée par le jeune artiste sculpteur sur bois béninois, Sébastien Boko, dans le cadre de la première édition de ’’La Nuit blanche’’, au Bénin. Son œuvre présentait un aspect peu ordinaire : lui-même, complètement peint en drapeau rouge étoilé de la Chine, tirait laborieusement, de manière transpirante, une charrette métallique dans laquelle trônait lourdement aussi une cage enfermant trois jeunes hommes peints respectivement en drapeaux des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Egypte. Dans ses explications au public curieux de comprendre son déambulement dans un certain espace avec sa charge qu’il peinait visiblement à tirer, l’artiste déclare que la Chine qu’il incarne, tire les puissances économiques représentées par les drapeaux des personnages emprisonnés ; il les domine désormais après avoir exploité ardemment leurs secrets de développement.
Le personnage de Kiffouly, "dépecé", après son assaisonnement.
Une autre performance frappante fut celle de l’artiste béninois vivant à Porto-Novo, Youchaou Kiffouly, dit ’’Le Peintre africain’’. Sur le thème, ’’La gastronomie, citoyens du monde et instituts’’, il a produit sa performance sur la scène du Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou. Lui-même, personnage, apparaît, se débarrassant de ses vêtements et épargnant juste le slip. Se faisant arrêter et ligoter par trois autres personnages, il est traîné au sol dans ses liens et posé sur un aménagement plat, constitué de parts de nourriture. Sans vergogne, ses adversaires lui verse sur tout le corps, pendant qu’il est ainsi couché, du jus de tomate et d’autres ingrédients non perceptibles immédiatement. Sur ce, l’un de ses agresseurs qui n’est personne d’autre que l’artiste Bimo, à l’aide d’un petit couteau, se sert de la nourriture recueilli sur le personnage couché et se régale. C’était le sommet de l’absurde et de la démesure artistique !
L'étalage rocambolesque de l'artiste, Prince Toffa.
Bien d’autres performances ont agrémenté la soirée : celle régulée par le caricaturiste, Hector Sonon, dessinant en live des danseuses contemporaines en action, et le fruit de son travail était livré au public par un grand écran, sous la paillote de l’Ifb ; une autre, animée par Marius Dansou, incarnant un ministre très généreux, distribuant à qui le hasard de sa tension le permettait des billets ficitifs. Le Prince Toffa, de son côté, mobilisait le public autour de lui pour la découverte d’un étalage d’un genre particulier ; tout en hauteur triangulaire, il proposait des slips, des strings, des préservatifs usagers, des soutien-gorge, notamment. Le comble de l’ironique !
Pendant que deux autres performances se fixaient, l’une pour matérialiser le Roi Béhanzin et ses épouses, et qu’une autre replongeait l’observateur dans l’univers de l’esclavage, à travers le dessin d’un bateau de transport d’esclaves, Guy-Ernest Kaho, grand conteur et comédien béninois, prenait, en un court instant, la scène du Théâtre de verdure en otage pour déclamer en solo la situation loufoque d’un personnage amusant le public par ses mésaventures. Sans compter Bimo, excellant en tours de magie !
Hector Sonon, vu de dos, caricaturant devant le public ...
Quant à lui, maître de cérémonie, Sergent Marcus, rappeur et slammeur, il annonçait inlassablement les performances et, parfois, se risquait à faire patienter un public conditionné à suivre une performance qui, pour une technique qui se rebellait, se faisait attendre !
’’La Nuit blanche’’, pour sa première édition au Bénin, a plu par les sensations artistiques fortes qu’elle a essaimées, de quoi en faire redemander, l’année prochaine !   
Photo de famille de Mme Kuster-Ménager, avec les Directeurs de l'Institut et les artistes béninois
Cependant, bien avant tout ce déchaînement artistique, l’aspect formaliste du lancement des performances n’a pas été occulté. Du côté béninois, Eric Totah, Secrétaire général du Ministère de la Culture, représentant le Ministre, Jean-Michel Abimbola, avait fait le déplacement de ce lancement du trimestre d’activités artistiques devant servir à célébrer le cinquantenaire de l’institut français du Bénin (Ifb), anciennement, Centre culturel français (Ccf) de Cotonou, en cette soirée du samedi 5 octobre 2013.
Romuald Hazoumè, dans son coup de gueule ...
Du côté français, Aline Kuster-Ménager, Ambassadeur de la France près le Bénin, assistée de Luc Fabre, Directeur de l’Ifb, et de Sylvain Treuil, Directeur de l’Institut français de Cotonou, a prononcé une grande allocution. En outre, intervenant au nom des artistes animant l’exposition ’’Hommage’’, en l’honneur de l’institution qui a permis à bon nombre d’entre eux d’y mener des expositions et de s’ouvrir des débouchés à l’Extérieur, Romuald Hazoumè a marqué les esprits par une allocution acerbe appelant l’Etat béninois à prendre ses responsabilités, celle que la France, à travers l’Ifb exerce, à sa place, en faisant se produire des artistes béninois et en articulant leur promotion professionnelle sur les espaces internationaux.

Marcel Kpogodo

Lancement de son livre, ’’Il fera beau’’, par Daniel Edah

Décryptage du Professeur Albert Tingbé-Azalou


Le samedi 5 octobre 2013 a eu lieu, au Palais des congrès de Cotonou, le lancement par Daniel Edah, de son livre, ’’Il fera beau’’. Le Professeur Albert Tingbé-Azalou s’est chargé de faire appréhender cet ouvrage au public ayant fait le déplacement de la manifestation.

Le Professeur Albert Tingbé-Azalou
La Salle rouge du Palais des congrès était entièrement bondée à l’effet du lancement par Daniel Edah de son livre autobiographique, ’’Il fera beau’’. Ce jeune fonctionnaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) en était à sa première publication. Selon le Professeur Albert Tingbé-Azalou qui s’est chargé de présenter au public l’ouvrage édité aux Editions L’Harmattan-Bénin, il s’agit de comprendre que, si Daniel Edah a choisi de produire son autobiographie alors qu’il est encore bien jeune, c’est pour « conjurer le sort, afin qu’il fasse beau demain », de même que dans le but de marquer un arrêt pour « scruter son passé », afin d’ancrer son futur dans des certitudes plus porteuses. En outre, il n’a pas manqué de partager que ce livre de 110 pages est clair et simple, digeste et à savourer, qu’il manifeste l’expérience d’un homme, qui a dû développer un nombre impressionnant de qualités personnelles exposées dans le livre, bien qu’appuyé par la providence, pour partir de l’enfant né dans le village de Gohomè, d’un père commerçant et d’une mère couturière, et arriver au fonctionnaire international qu’il est aujourd’hui, en passant par ses anciens statuts d’écolier, de collégien, de lycéen, de jeune étudiant militant, d’engagé politique, d’activiste associatif et de directeur d’institution universitaire.
Une Salle rouge archi-comble et mobilisée.
Par ailleurs, selon le communicateur, si le livre, Il fera beau, doit être absolument lu, c’est parce qu’il comporte deux axes importants de lecture. Le premier prisme, pédagogique, se rapporte à la capacité de l’ouvrage à démontrer de quelle manière tout Béninois doit s’y prendre pour travailler à l’international, en partant pratiquement de rien. A en croire le Professeur, le second axe est critique puisqu’il analyse le parcours atypique de Daniel Edah qui, en réalité, n’a pas marchandé les sacrifices pour se hisser progressivement à l’étape sociale admirable où tout le monde le voit aujourd’hui. Par ailleurs, cette ascension fait de lui, paradoxalement, une personne humble, dévouée, respectueuse, qui a le sens de la hiérarchie sociale et familiale, notamment. Voilà autant de secrets de réussite que le lecteur ne perdrait rien à découvrir et à adopter.


Entrée littéraire, politique ?
La cérémonie de lancement de l’ouvrage Il fera beau a permis à Daniel Edah de « mettre les petits plats dans les grands » : prestations musicales d’artistes dont la réputation n’est plus à faire, comme le Togolais King Mensah – comme pour se rapprocher linguistiquement des membres de son ethnie, qui ont fait massivement le déplacement du Palais des congrès – Zeynab et Sessimè. Ensuite, des anciens ministres comme Kogblévi Aziadomè, Issa Badarou Soulé et, surtout, Damien Zinsou Alahassa, ayant assumé les départements de la Jeunesse et des sports, puis de l’Education nationale ; Daniel Edah avait été un membre remarquable de sa formation politique, le Parti du salut (Ps). La présence de cet ancien Ministre en valait la peine, vu le témoignage public élogieux sur son ancien poulain.
Daniel Edah, écrivant une dédicace ...
De plus, l’atmosphère générale, dans la Salle rouge du Palais des congrès, en cet après-midi du samedi 5 octobre, n’avait rien de celle, austère et concentrée, d’un lancement de livre alors qu’il était bel et bien question de l’entrée de Daniel Edah dans le monde littéraire ; l’heureux du jour a voulu la cérémonie particulièrement festive avec, en face de lui, des représentants de toutes les composantes de la société béninoise : des chefs traditionnels, des têtes couronnées, des fonctionnaires internationaux, des jeunes cadres, des femmes, des conducteurs de taxi-moto, des dockers, des forces de l’ordre, des élèves, des étudiants, des enseignants, entre autres.
D’autres facteurs de note politique dans ce lancement de livre restent, d’une part, le sens assez fort de reconnaissance du tout neuf écrivain, ce qui l’a amené à remercier, des plus importants aux plus humbles, des personnes qui ont contribué à son ascension intellectuelle et sociale. D’autre part, l’hymne national, mobilisant le Palais des congrès entier en position debout, a été chanté par une fanfare civile.
Tout ce cocktail, savamment conçu, donne l’impression qu’au-delà d’un simple lancement de son autobiographie, Daniel Edah a voulu faire percevoir le signal remarquable d’un sens politique qui, semble-t-il, dans les prochaines semaines, se concrétisera pas la mise sur les fonts baptismaux d’une nouvelle formation politique. Pourquoi pas ? Dans son Couffo natal, une certaine relève est à prendre et, « la nature a horreur du vide ».

Marcel Kpogodo