dimanche 24 janvier 2010

Sergent Markus 2010

Lancement d'album au Bénin Marina Hôtel de Cotonou

Sergent Markus raffine son art

Dans les jardins du Bénin Marina Hôtel de Cotonou, ce samedi 23 janvier 2010, il y avait un vaste public, notamment, de parents, d'amis, de journalistes, d'artistes-chanteurs et d'autres domaines, pour participer à la cérémonie de lancement de son album par Sergent Markus, journaliste culturel et artiste hip-hop, qui, pour la circonstance, avait une allure profondément relookée et stylée. Le nouvel album aussi, de son côté, est dans le mouvement de la rupture : il vire tout droit dans le slam.


Le Markus, très rappeur, dans son apparence extérieure d'habits amples circonstanciels, capuchoné, s'est métamorphosé en un autre, très soft, costume cravate, tout en sombre. On a compris qu'il devait s'adapter au contenu de l'album intitulé "Mots pour maux", celui qu'il a mis sur le marché, depuis ce samedi 23 janvier 2010. Comportant douze (12) titres, il adopte un style musical complètement cousin du hip-hop auquel il nous a habitués : le slam. Cette voix qu'on connaît dure, forte, intransigeante, stridente, revient pour se fondre dans des paroles restées fortes mais, servies par une voix que vient rendre langoureuse une musique soul à l'africaine dont Queen Eteme et Vi-phint sont les explorateurs : Sergent Markus est en pleine évolution. D'ailleurs, dans un duo, à l'après-midi de lancement, avec la même Queen, à travers le morceau "Au clair du soleil", magistralement interprété et, ce duo, soutenu par un cocktail instrumental tri-dimensionnel, en guitare et en trompette, notamment, Sergent Markus s'incrustre dans des sphères de tons qui élèvent cet artiste au rang de chanteur, doux remueur de coeur, candide provoqueur de larmes. Sa voix monte désormais pour briser les coeurs et les âmes, et non plus pour les rudoyer, comme par le passé. Sergent Markus a changé ; il s'épanouit dans des habits neufs de maturité. C'est une évolution comparable à celle de putschistes en treillis qui, à la longue de l'exercice du pouvoir, adoptent le strict costume cravate. Désormais, à écouter les quelques morceaux diffusés au lancement, Sergent Markus s'engage à tutoyer l'atmosphère du jazz.
En attendant d'écouter nous-même entièrement l'album et de nous exprimer sur ses sonorités et sur le message de ses textes, voici quelques prises lors de la cérémonie de lancement :
La pochette de l'album "Mots pour maux"
Sergent Markus, décontracté, face à quelques journalistes ...

L'artiste sur scène, le visage transfiguré ...

Le public, vu de presque face avec, de la droite vers la gauche, devant, Ousmane Alédji, le parrain de la cérémonie, et le poète, Eric-Hector Hounkpè

Le public, vu de plus proche

Il y avait même des musclés, prêts à tout casser, en cas de "qu'est-ce qu'il y a ?" ...

Vi -Phint, qui est intervenu sur l'album, en featuring avec l'artiste, dans le morceau, "Ode à l'enfance", a tenu à tout applaudir de près

Le public, vu du rond de son dos ....

Le rond du dos du public assistant à la prestation d'un groupe venu soutenir Sergent ...

Réalisation : Marcel Kpogodo

dimanche 3 janvier 2010

Flouminisme - Cotonou 2010

Ousmane Alédji, répondant à nos questions ...



Organisation de La Nuit du Flouminisme à Cotonou



Ousmane Alédji donne des éclaircissements sur le "flouminisme" ...


La soirée du 1er janvier 2010 a donné lieu, à la Galerie "Artisttik Bénin" à Cotonou, au déroulement de "La Nuit du Flouminisme". Etant donné la nouveauté du mot "flouminisme", nous nous sommes rapprochés d'Ousmane Alédji, initiateur de la Nuit, pour plus de précisions sur les tenants et les aboutissants de la manifestation et, surtout, sur le sens du mot "flouminisme".



Journal Le Mutateur : M. Ousmane Alédji, "La Nuit du Flouminisme", ça signifie quoi pour vous ?


Ousmane Alédji : "La Nuit du Flouminisme", c'est une nuit pour célébrer la liberté de créer, la liberté de l'artiste, la liberté de délirer, se donner le droit de faire ce qu'on veut. Aussi, pour moi, c'est une façon de vivre, c'est aussi notre façon à nous de célébrer l'artiste, le créateur, surtout, l'art plastique ; les musiciens ont leur fête, les hommes de théâtre ont leur fête, les danseurs ont leur fête : j'ai envie que les plasticiens aient leur fête.


Le "flouminisme", ça veut dire quoi ?


Le "flouminisme", c'est l'art a priori de tromper les gens, de vendre le faux pour le vrai ; c'est aussi, de mon point de vue, l'art de se proclamer artiste. Si nous sommes d'accord que, quelques fois, les délires, les non-sens, les gestes de hasard, au final, construisent du sens, et que le sens, quelques fois, c'est l'essentiel, on peut dire que, de là, le "flouminisme", pour moi, c'est la célébration de la liberté, la liberté sans aucune barrière possible, la liberté totale, la liberté de créer, la liberté de dire, de délirer, la liberté de s'affirmer, la liberté de mentir, de vendre le faux pour le vrai ; c'est une façon de célébrer la liberté de l'artiste, simplement.


"Flouminisme", c'est un mot qui n'existe pas dans la langue française ; comment il s'est constitué ?


Cela s'est constitué, à force de débats passionnels, à force de contradictions, de tensions aussi ; c'est arrivé, par hasard, dans la discussion lors des échanges avec les artistes, où on prétendait connaître l'art plus que d'autres, où on se posait la question de savoir qu'est-ce qui est art, qu'est-ce qui ne l'est pas. C'est dans cette espèce d'ambiance d'échanges très virils que ce mot-là est né. Et, pour moi, le flouminisme vient de "floumin", le préfixe "floumin" qui est un mot fon qui veut dire "mentir", "tromper", "usurper", si possible, et du "minisme" qui caractérise l'attitude, en fait. Voilà le "flouminisme" ; ça peut aussi dire, dans une façon, le "flou", c'est l'obscurité, c'est les ténèbres, c'est l'ignorance aussi. On peut être ignorant par rapport à l'art plastique. A ce moment-là, c'est l'autre qu'on indexe, ce n'est plus l'acte créateur qu'on nomme, mais, c'est l'autre qui n'arrive pas à percer le mystère, à percer cette espèce d'obscurité qui est dans le flou, qui est dans le noir ; c'est un mot assez fort, à mes yeux.


Quand on parle de "flouminisme", avec ce que vous avez expliqué, ça nous rappelle le "coupé-décalé", "coupé", pour dire "escroquer", "extorquer des fonds" et "décalé", "fuir", qui a pris une ampleur mondiale, mais qui a une connotation un peu négative, semble-t-il ...


Non, le "flouminisme" n'est pas cet art qui consiste à voler et à fuir ; je vous parle de liberté, ce n'est pas la même chose, sauf qu'ici, nous revendiquons d'avance cette liberté de délirer. J'ai envie, l'année prochaine, de mettre trois à quatre châssis ici, d'arrêter tous les passants et de les amener à créer, à participer à l'art fondateur, à l'art créateur ; ce n'est pas, pour moi, du vol, ce n'est pas voler, fuir, même si je comprends bien l'esprit du coupé-décalé", qui consiste à escroquer et à fuir. Ici, la personne est prévenue ; quand vous venez dans une galerie, dans un musée d'art, il n'est pas dit que vous compreniez tout, il, n'est pas dit que ce que l'autre dit soit accessible directement. Donc, d'une façon ou d'une autre, vous restez dans l'ignorance, pourtant, vous achetez. Mais, ici, ce qui est différent, c'est que, ici, le personnage achète, on ne lui vole pas son argent, malgré qu'il ne comprend pas, malgré qu'il n'a pas accès à ces codes, à cette connaissance, il achète quand même ; c'est là la différence.


Pourquoi avoir associé seulement les artistes-peintres à ce concept ?


Merci. Je travaille davantage avec les artistes-plasticiens, au quotidien et, comme je le disais, j'ai le sentiment qu'ils ont besoin d'une façon de se récréer, de se distraire, de s'amuser, de profiter de la vie et des gens qui viennent les voir travailler. Et, le lieu, la façon de les mettre ensemble avec leur public, avec n'importe qui, qui passe et qui s'intéresse à ce qu'ils font, c'est de créer cette fête-là. Pour l'instant, ça se réduit à nous-mêmes, à nos petites poches, à nos petites envies, à leur détermination à eux les artistes, mais, je suis persuadé que d'ici à trois ans, quand ça va prendre une ampleur nationale, voire internationale, nous allons faire venir les gens pour participer à la fête de l'art plastique, le "flouminisme".


Est-ce que vous pensez que, plus tard, il y aura un "flouminisme" qui s'élargisse aux autres domaines de la culture ?


Non, non, je pense pas ; si on le fait comme ça, ça va perdre de sa pertinence. Je crois que chaque art a sa façon de s'exprimer, a sa façon de voyager ; l'art plastique, pour l'instant, pour les artistes-plasticiens que je connais au Bénin ici, ils n'ont pas des moments de distraction, des moments de convivialité, des moments de fête, ils n'en ont pas : la musique en a, le théâtre en a, la danse en a. Donc, c'est déjà pour eux, surtout pour eux et, on peut inviter d'autres à venir participer à la fête, mais, c'est prioritairement, c'est surtout pour l'art plastique ; on va fermer le cercle sur les artistes-plasticiens, les autres sont des invités, leurs invités, les acteurs de cette fête-là, c'est les plasticiens.


Avez-vous des Voeux de Nouvel An ?


Des Voeux ? Certainement. Je souhaite, pour ce début d'année, de la réussite pour chacun et pour tous, de la résistance, davantage de résistance à chacun et à tous. Et, si j'ai un appel à lancer, ce serait à l'endroit de tout le monde, des autorités à divers niveaux, au niveau municipal, au niveau central, aux journalistes, à tout le monde : je suis persuadé que l'art est un secteur d'investissement, donc, un secteur de développement ; entourons ça de soin, je suis persuadé de ça, ce n'est pas de l'utopie, ce n'est même pas un rêve, c'est de la réalité. Et, le Bénin mérite aussi de vendre ses artistes, de profiter du savoir-faire de ses artistes.


Propos recueillis par Armand Vidégla et Marcel Kpogodo