Dans le cadre d’une résidence de création
Le
12 août 2022 s’est ouverte, aux ’’Ateliers Médéd’art’’, sis quartier de
Fidjrossè, à Cotonou, la résidence de création artistique dénommée ’’Au clair
de lune’’. Elle était prévue pour mettre en symbiose l’observation de
l’écrivain béninois, Jérôme Tossavi, avec la démarche de travail de l’artiste
plasticien et performeur, Eric Médéda, afin de générer une production
littéraire de la part du premier. Une semaine après, l’espace culturel indiqué
pullule d’écrits du poète, romancier et dramaturge …
Jérôme Tossavi, ci-contre, en production instantanée à partir d'une inspiration directe ... |
Des
textes partout remarquables et des toiles de peinture. Le résultat de la
résidence de création qu’ont effectuée les artistes Jérôme Tossavi et Eric
Médéda, du 12 au 18 août 2022, aux ’’Ateliers Médéd’art’’ du quartier de
Fidjrossè, à Cotonou, plus précisément, en venant du carrefour du quartier
d’Adjaha, dans l’angle gauche de la deuxième ruelle avant la place du
’’Calvaire’’.
Tout calcul fait, des citations, des compositions dans l’ordre de la trentaine, se manifestant sous la forme de courts poèmes et de mots en association, ont envahi tous les recoins, même les plus inattendus du centre indiqué, que ce soit sur du papier, au sol, aux murs que sur des toiles de peinture. Celles-ci sont au nombre d’une douzaine. Les ayant entamées avant la résidence, Eric Médéda les a achevées aux ’’Ateliers Médéd’art’’, au fur et à mesure que Jérôme Tossavi le regardait travailler, appréhendait sa démarche et s’en inspirait, déversant instantanément le fruit de son analyse sur le support immédiat qu’il avait à portée de main.
... concernant Eric Médéda, sur plusieurs jours de travail en symbiose |
Bien que libre, l’écrivain avait pour mission de laisser
canaliser son inspiration par le fondement d’un sujet bien précis : le
patrimoine culturel.
Justification d’une sélection
Il
existe un grand nombre d’hommes de plume actifs. Eric Médéda, à en croire ses
explications, entretenait en lui la flamme d’une vision si précise qu’il a
identifié, pour le soutenir à concrétiser le projet de résidence de création,
le lauréat du prix international 2015 de la poésie, dénommé ’’Léopold Sédar
Senghor’’, et, en même temps, le Grand prix littéraire 2020 du Bénin, dans la
catégorie du théâtre : « J’ai opéré le choix de Jérôme Tossavi parce qu’il a
écrit ’’Incinérés’’, une pièce de théâtre sur la restitution à notre pays des
26 trésors royaux. Il s’agit d’une commande de l’Ambassade de la France près le
Bénin et d’une œuvre qui a été mise en scène par Alougbine Dine. C’est après
que j’ai vu cette pièce que le projet est né. Donc, [j’ai directement associé
Jérôme Tossavi] parce qu’il a abordé cette question de la restitution. Ainsi,
pour moi, il est plus facile d’évoluer, de retracer l’histoire parce qu’il l’a
déjà écrite et que cette restitution a été ma source d’inspiration concernant
le projet, ’’Au clair de lune’’. Cela me permet de faire de cette pièce
représentée une source et de ne pas mettre de côté la source d’inspiration du
projet ».
L'affiche officielle de la résidence de création, ''Au clair de lune'' |
Ancré
dans ce fondement d’honnêteté intellectuelle, Eric Médéda se montre, par
ailleurs, attaché à l’une des anciennes pratiques culturelles africaines,
aujourd’hui complètement ensevelie dans le mouvement de la modernité et de la
mondialisation. « Le titre du projet, c’est ’’Au clair de lune’’ ; c’est comme
l’ ’’adjrou’’ » (’’Conte’’, en langue béninoise du fon, Ndlr), a-t-il précisé,
« qui se faisait au clair de lune dans l’Afrique traditionnelle pour que les
sages racontent des histoires. Voilà pourquoi le projet porte le titre, ’’Au
clair de lune’’ ».
Quant aux productions de l’écrivain, il en a prévu l’évolution : « Les textes de Jérôme Tossavi finiront sur des toiles comme sur des supports encadrés ». Elle se trouve bien ciblée dans le temps : « Ce sera à la fin du projet, lors de la grande exposition, celle qui va rassembler les créations liées aux ateliers avec tous les corps artistiques prévus ».
Un
projet de longue haleine
Dans
son esprit, l’artiste contemporain et performeur engagé, Eric Médéda, ne limitera pas sa collaboration artistique à
l’univers de l’écriture, surtout qu’il prévoit que son projet du moment tienne
d’août 2022 à octobre 2023. « C’est un projet qui s’étend sur un an »,
s’ouvre-t-il, avant de déterminer : « Après la littérature, ce sera une
rencontre successive avec la danse et avec la musique ». De même, il éclaire :
« A chaque nouvelle édition, le thème va changer mais sera axé sur le
patrimoine culturel à cause de l’actualité liée à la restitution des trésors
royaux au Bénin par la France ». Puis, il s’introduit dans la perspective d’une
ambition aux contours incommensurables : « Ces trésors constituent le socle
pour réécrire notre histoire, pour écrire la vraie histoire de l’ex-Dahomey, la
vraie histoire de l’Afrique ».
Se
rapportant aux manifestations auxquelles il faudra que le public s’habitue pour
l’expression du vaste projet en cours, Eric Médéda décline des expositions, des
journées de portes ouvertes, des échanges et des séances de performance.
«
En matière de performances », a-t-il ajouté, « elles donneront lieu à des
rencontres avec d’autres performeurs de la place au Bénin et à l’international.
Dans ces conditions, le projet prend en compte mon déplacement sur le Cameroun,
pour participer à un autre festival ».
Pour
l’instant, « l’exposition reste ouverte jusqu’au 30 août et donne l’occasion
d’échanges de divers ordres avec les visiteurs sur le projet, ’’Au clair de
lune’’ », a-t-il terminé.
Marcel
Gangbè-Kpogodo