Dans le cadre d’un vernissage organisé à Akassato
"Mes
origines" est une exposition collective dont le vernissage s’est tenu le
samedi 13 août 2022 à l’espace artistique et culturel dénommé ’’Enakpami’’, sis
arrondissement d’Akassato, dans la commune d'Abomey-Calavi. 15 artistes
sélectionnés ont mis au point des photos d’art, que pourra découvrir le public.
L’exposition concernée prend un caractère particulier, étant donné qu’à côté
des artistes titulaires de la manifestation, un peu moins d’une quinzaine
d’enfants et d’élèves émanant d’Akassato ont eu l’occasion de présenter des
peintures avec, comme sujet d’inspiration, le nom de famille.
Junior Avocanh, dans l'explication de son travail de peinture ... - Crédit photo : Léandre Houan |
«
C’est le roi Glèlè qui, après avoir gagné une guerre avec l’aide de mon aïeul,
un prêtre des religions endogènes, l’a surnommé ’’Djagla’’, du nom de l’un des
plus redoutables signes du ’’Fâ’’, un système divinatoire africain. La
révélation qu’a partagée Brice Djaga concernant son patronyme, dans
l’après-midi du samedi 13 août 2022, lors du vernissage de l’exposition, ’’Mes
origines’’, qui s’est déroulé au complexe artistique et culturel, ’’Enakpami’’,
qui se situe dans l’arrondissement d’Akassato, de la commune d’Abomey-Calavi.
Gérard Hountondji, élu consulaire à la Chambre des Métiers, était présent au
vernissage indiqué, de même que Youss Atacora, un artiste contemporain béninois
confirmé.
De
son côté, Junior Avocanh a expliqué, face à ses travaux, que son nom de
famille, ’’Avocanh’’, vient de sa création par une divinité protectrice du roi
Houégbadja, l’un des monarques de l’ancien royaume du Danhomè.
En
s’exprimant ainsi, Brice Djaga et Junior Avocanh, dans un ensemble de 9
enfants et jeunes élèves puis de 5 artistes amateurs, ont fait découvrir par le
public le résultat de leurs recherches. Il s’agit de tableaux de peinture ayant
traité du nom de famille africain.
Selon
les précisions qu’a apportées Mozard Fandohan, fondateur et directeur d’
’’Enakpami’’, ’’Mes origines’’ est le résultat d’un processus laborieux. Ceci a
débuté par la sélection d’un groupe de 15 artistes, sur la base des travaux
qu’ils avaient à leur actif, après un appel à candidatures. Ensuite, ces élus
ont été formés aux Technologies de l’Information et de la communication (Tic),
à la photographie et à la vidéo d’art, puis au graphisme et à la manipulation
de plusieurs logiciels de montage de photos et de vidéos. En outre, il leur été
donné d’effectuer une sortie culturelle au niveau des musées et des sites
touristiques de Porto-Novo. Par ailleurs, ils ont intégré une résidence de
création, qui leur a donné l’opportunité de produire les œuvres photographiques
en exposition depuis la soirée du samedi 13 août 2022.
Une
expérience parallèle liée à l’inculturation
La commune d’Abomey-Calavi, par l’arrondissement d’Akassato où se situe le centre ’’Enakpami’’, est la dernière étape que connaît l’exposition, ’’Mes origines’’. Itinérante, elle a été montrée, quelques semaines plus tôt, dans les villes que sont Natitingou, Abomey, Porto-Novo et Cotonou. Voulant accorder à cette exposition un cachet particulier à son point de chute qu’est Akassato, Mozard Fandohan a initié le recensement de ce groupe de 14 enfants, d’élèves et d’artistes amateurs y habitant et leur a demandé de réaliser des peintures en s’inspirant de l’histoire de leur nom de famille.
De gauche à droite, Mozard Fandohan, Youss Atacora et Gérard Hountondji, au cours du vernissage de ''Mes origines'' - Crédit photo : Léandre Houan |
Pour
cet artiste plasticien et acteur culturel, la démarche de travail sur le
patronyme béninois se justifie pleinement. Selon le Directeur d’ ’’Enakpami’’,
l’atmosphère du rejet de sa culture par la société africaine contemporaine s’y
prête parfaitement. En conséquence, « l'appel au retour des valeurs culturelles
est un défi générationnel », a-t-il été amené à analyser, dans son intervention
liée au lancement du vernissage indiqué.
De
cette manière, comme décidé à jouer sa partition en combattant le mépris par le
Béninois de ses valeurs culturelles authentiques et, pour l’inciter au retour à
son identité culturelle, par le biais des arts plastiques, il a fait de ’’Mes
origines’’, le tremplin par lequel le groupe des 14 est allé faire des
recherches. Il s’agissait, pour chacun des membres de l’ensemble, de découvrir
le fondement historique de son patronyme, ainsi que les panégyriques claniques afférents, ce qui se dénomme ’’ Àkɔ’’, en langue nationale béninoise du fon.
A
en croire Mozard Fandohan, la focalisation, de manière particulière, sur le nom
de famille part d'un constat amer selon lequel « plusieurs parents ignorent
leur identité culturelle, leur langue maternelle, leurs symboles identitaires,
au profit de la modernité ». Pour lui, cette situation constitue une anomalie
qui se pérennise beaucoup trop dans le temps. Avec cet abandon, au niveau des
Béninois, des facteurs de leurs origines et, par extension, de leur identité
culturelle, il en a évoqué, comme autre manifestation, le désintérêt pour les cicatrices
raciales.
"Mes
origines", par son déroulement, permet la concrétisation du projet,
"Accès gratuit à la Culture pour tous au Bénin". Il est financé par
le programme Acp-Ue Culture-Awa, pour le compte de l’Afrique de l'Ouest. Il
s’agit d’un programme que porte un Consortium constitué par l'Institut français
de la ville de Paris, en France, et son partenaire co-demandeur, le Centre
Culturel ’’Kôrè’’ de Ségou, au Mali.
L’exposition
’’Mes origines’’ se clôt le 19 août 2022. « Les œuvres exhibées, ici, au Centre
’’Enakpami’’ sont accessibles aux populations, de jour comme de nuit », a
indiqué Mozard Fandohan.
Léandre
Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo
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