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jeudi 21 janvier 2021

Gilbert Déou Malè sauve la Jmca 2021 au Bénin et en lance les activités

Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à Cotonou

Le Grand théâtre du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ a accueilli la conférence de presse de lancement de l’édition 2021 de la Journée mondiale de la Culture africaine (Jmca), le mardi 19 janvier 2021, en présence de Gilbert Déou Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac) et, notamment, des membres du Comité de Mobilisation et d’organisation de l’événement dont la personnalité a officiellement lancé les activités.

Gilbert Déou Malè, en deuxième position, de la droite vers la gauche 

« Je déclare ouverte la Journée mondiale de la Culture africaine et souhaite plein succès à vos travaux ». C’est ainsi qu’à la fin de la matinée du mardi 19 janvier 2021, suite à la conférence de presse, qui s’est tenue au Grand théâtre du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, Gilbert Déou Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), a, au nom de Jean-Michel Abimbola, Ministre du Tourisme, de la culture et des arts, lancé les activités de la Journée mondiale de la Culture africaine (Jmca) qui se tient à Cotonou des 22 au 24 janvier 2021.


Pour cette autorité, le Gouvernement du Président Talon entend faire de la culture le deuxième levier de développement après l’agriculture, ce qui impose de « donner une visibilité » à l’ « identité culturelle » du Bénin. C’est ainsi que Gilbert Déou Malè a justifié l’accompagnement des activités de la Jmca 2021 par le Ministère béninois de la Culture. Selon lui, cet événement cadre avec la vision de l’Exécutif, qui est de « révéler la culture » béninoise de pair avec les initiatives prises par des pays de la sous-région et même de l’Afrique. Bien avant de clore son propos par le lancement officiel indiqué, il a invité les professionnels des médias à faire preuve de patriotisme en faisant ressortir, dans leur traitement de l’actualité culturelle, la vérité sur la culture africaine. « Parlez de ce que nous avons en Afrique et qu’on ne trouve nulle part ailleurs », a-t-il indiqué.


 

La Jmca 2021, résultat de l’engagement de Gilbert Déou Malè


Il est revenu à Sa majesté Togbui Akatsi, Roi de Comé, Président du Comité de Mobilisation et d’organisation de la Jmca 2021, d’intervenir au cours de la conférence de presse, ce qui a amené la personnalité à faire l’historique de la naissance de la Jmca et la lumière sur le combat que le Point focal qu’il est de l’événement au Bénin a mené afin que la célébration concernée soit affectée à notre pays.

De gauche à droite, Annick Agbodjan d'Almeida, Gilbert Déou Malè, Dagbo Hounon Hounan II, Sa majesté Togbui Akatsi et, notamment, Mère Jah

A en croire ses propos, la longue marche a débuté par le lancement de la Journée mondiale de la Culture africaine et afro-descendante le 24 janvier 2014, à l’initiative du Togolais John Ayité Dossavi, au nom du Réseau africain des Promoteurs et des entrepreneurs culturels (Rapec) dont il est le Président. Cette réussite s’est concrétisée sur le fondement de la Charte de la Renaissance africaine adoptée et ratifiée par bon nombre de pays dont le Bénin. Puis, après plusieurs années de combat et de lobbying à l’international, la 40ème Conférence générale de l’Unesco, qui s’est tenue le 20 novembre 2019, a fini par adopter la Journée indiquée, ce qui y engage ses 193 Etats membres.


Cet exposé fut l’occasion pour le Roi de Comé de dresser des lauriers à Gilbert Déou Malè. En effet, selon lui, sans l’appréhension par cette personnalité de l’enjeu de l’hébergement par le Bénin des activités de la Jmca 2021, la conférence de presse de lancement ni les activités de commémoration prévues n’auraient pu être organisées, vu qu’il fallait un financement conséquent dans lequel peu d’autorités béninoises avec lequel le Comité de Mobilisation et d’organisation a pris contact ont accepté de s’engager.


Se rapportant au Professeur Dieudonné Gnamankou, Vice-président du Comité de Mobilisation et d’organisation, il a indiqué les objectifs que visaient les chefs d’Etats africains en signant la Charte de la Renaissance africaine et en adoptant la Jmca : s’appuyer sur les valeurs africaines pour réaliser le développement de l’Afrique, diffuser les exemples de réussite dans ce continent et vulgariser toutes les connaissances, tous domaines confondus, émanant du continent concerné. Selon lui, célébrer les nombreuses valeurs africaines et afro-descendantes, et les diffuser sont des exigences capitales.


Quant à Annick Agbodjan d’Almeida, Marraine de la Jmca 2021, elle a décliné les activités liées à l’événement qui débute le vendredi 22 janvier 2021 au Stade de l’Amitié de Cotonou par une cérémonie de lancement. Elles se poursuivent le samedi 23 au Ministère des Affaires étrangères et le dimanche 24 janvier, notamment, au Palais des Congrès de Cotonou, selon tout un processus scientifique dans lequel Gilbert Déou Malè est prévu pour animer deux communications.

Marcel Kpogodo Gangbè  

lundi 18 janvier 2021

« Préparez-vous à aller au Fonds de Bonification », a demandé Gilbert Déou Malè

Dans le cadre de sa rencontre avec les promoteurs culturels


L’espace artistique et culturel, ’’Artisttik Africa’’, à Cotonou, a accueilli une séance d’échanges entre Gilbert Déou Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), et  les promoteurs culturels, le vendredi 15 janvier 2021. L’autorité a exhorté ses interlocuteurs à s’engager dans le Fonds de Bonification, dont elle a amplement expliqué le fonctionnement.

De gauche à droite, Hounon Béhumbéza, Gaston Eguédji, Gilbert Déou malè, Souleymane Salaou et Jean-Pierre Hounti-Kiki

« Le Fonds de Bonification est une opportunité pour vous ». Ce qu’a, en substance, déclaré Gilbert Déou Malè, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), face à un auditoire de promoteurs culturels, dans le milieu de la matinée du vendredi 15 janvier 2021, à la salle de spectacles de l’espace culturel, ’’Artisttik Africa’’ sis quartier d’Agla Kangloè, à Cotonou. L’intervenant était alors entouré des deux administrateurs du Fac, émanant de l’univers des arts et de la culture, Gaston Eguédji et Souleymane Salaou, puis de l’acteur culturel, Jean-Pierre Hounti-Kiki et du mécène des artistes, prêtre d’une divinité endogène, ’’Hounon’’ Béhumbéza.


Dans son propos, Gilbert Déou Malè s’est focalisé sur le Fonds de Bonification parce que, selon lui, de toutes les prestations qu’offre l’institution qu’il dirige, ce Fonds constitue celui qui concerne plus les promoteurs culturels. Il l’a présenté comme un produit issu des réformes initiées par le régime du Nouveau départ et de la Rupture et « qui vise à accompagner tous ceux qui veulent créer une industrie culturelle dans le secteur de la culture, ce qui l’a amené à se montrer ferme et exclusif : « On n’a jamais demandé aux artistes d’aller au prêt pour faire un album ni pour un vernissage ».

Les promoteurs culturels, suivant Gilbert Déou Malè

S’agissant des opportunités qu’offre le Fonds, la première reste qu’il joue un rôle important dans la professionnalisation du domaine artistique et culturel puisqu’il impose de sortir de l’illégalité et de l’informel, ce qui constitue un atout permettant de « booster l’économie culturelle ». En effet, pour Gilbert Déou Malè, lorsque le Fac décide d’accompagner un entrepreneur culturel en lui faisant bénéficier du Fonds de Bonification, c’est après avoir vérifié s’il a prévu d’acquérir un « équipement de pointe », « de dernière génération » qui pourra contribuer à mettre au point des « produits compétitifs », « vendables ». Ensuite, le Fac devra se rassurer qu’une partie des fonds alloués contribue à réaliser le renforcement des capacités de l’équipe technique devant intervenir sur le projet.


Par ailleurs, selon la personnalité, le Fac s’engage à intervenir dans la promotion du produit résultant de l’action de l’entrepreneur culturel financé au niveau des chaînes internationales, le seul moyen, à l’en croire, pour « vendre la destination ’’Bénin’’ », à s'inspirer de la vision du Gouvernement béninois pour lequel la culture compléterait le tourisme pour, les deux, développer une influence dans l’économie. « On ne peut pas réussir cela sans les promoteurs que vous êtes », a conclu Gilbert Déou Malè, avant de lever un certain malentendu sur la manière dont le Fac fait bénéficier du Fonds de Bonification au promoteur culturel. 


A en croire ses propos, l’institution qu’il dirige ne donne pas directement le financement voulu au promoteur culturel élu mais facilite son contact avec la banque aux fins de l’étude de son dossier en termes de pertinence et de rentabilité du projet. Ainsi, toutes les conditions étant réunies, celle-ci débloque le financement décidé dont le Fonds de Bonification paie les intérêts. Ceci conduit le promoteur culturel à devenir autonome et un bon contribuable, avec un impact certain : de la discipline dans un secteur culturel devenu digne. Un tel postulat a amené Gilbert Déou Malè à clore son propos sur la question : « Etre artiste n’est plus un vain mot, être acteur culturel n’est plus donné à tout le monde ».



Un agenda infatigable


La présentation du Directeur général du Fac a débouché sur des préoccupations qu’ont fait valoir les promoteurs culturels qui, dans les réponses qu’a apportées l’autorité, ont été édifiés sur la nouvelle donne au Fac, en général, et sur le modus operandi du Fonds de Bonification, en particulier.

Gilbert Déou Malè et sa délégation au domicile  ...

... de Feu Adignon Hambaladji

Quittant l’espace culturel, ’’Artisttik Africa’’, Gilbert Déou Malè, les administrateurs indiqués du Fac et des promoteurs culturels se sont rendus au domicile de la vedette de la musique traditionnelle, Feu Adjignon Hambaladji, afin de présenter les condoléances du Gouvernement à la famille éplorée. Ensuite, le Dg/Fac a pris la direction à l’Hôpital ’’La croix’’ de Zinvié pour se rendre compte de l’état de santé de l’artiste de la musique béninoise, Aline-D, hospitalisée après avoir subi une opération chirurgicale. Enfin, la personnalité a rendu visite à Im’ran en bonne convalescence.

Marcel Kpogodo Gangbè     

lundi 17 février 2020

Gilbert Déou-Malé réaffirme les critères pour bénéficier d'une subvention au Fac

Dans le cadre de ses échanges avec les acteurs culturels

Dénombrés à environ la double centaine, ils ont rallié la salle de conférences de l'Hôtel "JP Alafia" situé dans l'arrondissement de Godomey de la commune d'Abomey-Calavi, pour écouter Gilbert Déou-Malé, Directeur général  du Fonds des Arts et de la culture (Fac), le jeudi 13 février 2020. Artistes, acteurs et promoteurs culturels, arrangeurs et hommes de médias ont répondu à un rendez-vous initié par un groupe restreint dirigé par le coach et acteur culturel, Auguste Amoussou. Il aura servi à l'invité à faire connaître les normes à suivre pour bénéficier d'une subvention du Fac en 2020.

Gilbert Déou-Malé, au cours de la rencontre ...

Cinq bonnes conditions. Celles que le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), Gilbert Déou-Malé, a partagées, à la salle de conférences de l'Hôtel "JP Alafia", à Godomey, le jeudi 13 février 2020, avec de nombreux artistes et acteurs culturels, et qui se rapportent aux conditions pour bénéficier d'une subvention dans l'institution de financement dont il a la charge de l'administration et de la gestion. A cette occasion, il était entouré, notamment, de l'un des administrateurs de l'institution, Souleymane Salaou, et d'Auguste Amoussou, facilitateur de la séance.


A en croire les éclaircissements qu'a apportés Gilbert Déou-Malé, les cinq conditions indiquées restent accessibles : être un artiste, un acteur ou un promoteur culturel béninois, concevoir un projet culturel prenant en compte la politique annuelle de l'État en matière de culture, se conformer au canevas de demande de subvention du Fonds des Arts et de la culture (Fac) et à celui du rapport de fin d'activités, être capable de définir de quelle manière à partir de l'activité subventionnée réaliser son autonomie financière et être prêt à défendre son projet devant un comité technique.


En outre, pour le Directeur général, les réformes rendent obligatoire un tel cheminement, ce qui permettrait l'adoption par les demandeurs de critères propres au Fac et la mise en place d'un système dénué de tracasseries et de rançonnements. Montrant son ouverture envers son auditoire, il a par ailleurs annoncé devoir initier ultérieurement des rencontres respectives avec les managers qu'il entend faire former sous peu, les journalistes culturels, les propriétaires de studio d'enregistrement, avec lesquels il espère s'organiser pour faire produire des albums de musique de label "Fac", les responsables d'espaces culturels et les artistes qui s'engagent dans la promotion de la musique béninoise à l'extérieur.

Marcel Kpogodo

vendredi 7 février 2020

Gilbert Déou-Malé démonte les accusations de supposées rétro-commissions au Fac

Dans le cadre d'une interview accordée à l'émission "Sociétal culturel"

L'affaire avait fait grand bruit. Un article publié dans le numéro 4515 du quotidien "Le progrès", daté du vendredi 24 janvier 2020 et relayé sur "Banouto", un site béninois d'informations, affirmait le rançonnement d'un acteur culturel du secteur du patrimoine culturel par un agent du Fonds des Arts et de la culture (Fac) d'une somme d'argent de 300.000 F CFA, sur une subvention totale reçue de 700.000 F. Une accusation qu'a rejetée avec véhémence Gilbert Déou-Malé, Directeur général de l'institution de financement sous tutelle du Ministère de la Culture, le mercredi 5 février 2020, au cours d'une interview qu'il a accordée à l'émission de Radio "Planète", dénommée " Sociétal culturel".

                                               Gilbert Déou-Malé, au cours de l'interview ...
"[...] je dis ici, c'est un défi : dans les archives du Fonds des Arts et de la culture, depuis 2016 jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons jamais accompagné, à hauteur de 700.000, un acteur culturel sur la promotion du patrimoine culturel ; ce n'est pas dans nos archives ! C'est sorti d'où ?". La réplique apportée par le DIrecteur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), GIlbert Déou-Malé, en profondeur de l'interview qu'il a accordée aux membres de l'émission, "Sociétal culturel", de Radio "Planète", à son bureau, dans l'après-midi du mercredi 5 février 2020, lorsqu'il lui a été demandé de réagir concernant la publication par le quotidien "Le progrès" du vendredi 24 janvier 2020 d'un article représenté en manchette par un titre accusateur : "Fonds des Arts et de la culture : des soupçons persistants de rétro-commissions".


L'article concerné dénonçait la remise par un acteur culturel subventionné par le Fac à un agent de cette institution d'une enveloppe de 300.000 F, sur un financement reçu de 700.000 F. En commertant la situation présentée, Gilbert Déou-Malé a immédiatement relevé un biais déontologique chez le journaliste rédacteur de l'article : "Le titre ne correspond pas au contenu". Puis, il lui est revenu de situer les responsabilités de la gestion de la subvention qui est supposée avoir été octroyée : "Lorsque vous allez vous adresser à quelqu'un qui vous a aidé à rédiger votre dossier et que vous lui avez promis de l'argent, normalement, quand vous prenez votre argent, vous allez le rembourser. Est-ce que c'est le Fac ? Le Fac n'y est pas impliqué". Prenant alors, à travers le fait incriminé, la mesure des conséquences fâcheuses de la difficulté de la rédaction de leurs projets de demande de subvention au Fac par les acteurs culturels, le premier responsable de l'institution de financement a fait valoir une proposition palliative : "Nous allons mettre à la disposition des artistes, des acteurs culturels et des promoteurs un canevas-type de demande de subvention". Finissant avec ce sujet, le Directeur général du Fac a réitéré : "Ce qui est dit n'est pas vrai mais cela permet de nous organiser pour que cela n'arrive jamais".



D'autres vérités assénées

Du ton ferme, coupant et cinglant qu'on lui connaît, Gilbert Déou-Malé a, au cours de l'interview indiquée, rejeté les rumeurs de discrimination positive en faveur des femmes dans l'attribution des subventions aux artistes par le Fac, prouvant, par les statistiques de l'année 2019, que sur les 426 dossiers ayant été qualifiés pour recevoir la subvention indiquée, 80% concernent les hommes avec 333 personnes et 20% sont lîés aux femmes, avec un total de 93 dossiers admis.


En outre, l'autorité a montré que le guichet de demande de subvention du Fac est ouvert tout le long de l'année, contrairement à une pratique courante dans le passé avec l'ex-Fonds d'Aide à la culture, qui rendait publiques des dates d'ouverture et de fermeture du guichet. Cette disposition, selon Gilbert Déou-Malé, aurait été prise pour ne pas pénaliser l'artiste dans son inspiration qui peut arriver à tout moment.


Concernant l'artiste proprement dit, confronté aux réformes, il a déclaré : "Nous sommes en train de formater un nouveau type d'artiste". Et, selon lui, sous l'impulsion du Conseil d'Administration du Fac, l'objectif cardinal qu'il se bat pour atteindre en 2020 est précis : il s'agit d'aboutir à "des acteurs culturels positionnés comme de vrais acteurs de développement", ce qui laisse comprendre que les critères pour bénéficier de la subvention du Fac deviennent plus exigeants, à en croire Gilbert Déou-Malé : être Béninois, détenir une Attestation d'artiste délivré par la Direction des Arts et du livre (Dal), tenir compte de la politique de l'État en matière culturelle pour l'année en cours pour produire son projet, se conformer au canevas-type de demande de subvention et à celui de rédaction du rapport d'activité, préciser dans le dossier de postulation la stratégie mise en place pour réaliser son autonomie vis-à-vis du Fac, surtout qu'il n'est plus attendu que les mêmes artistes bénéficient chaque année de la subvention mais que les élus, après quelques années, puissent laisser leur place à d'autres.


Par ailleurs, le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture a évoqué le mode d'étude des dossiers, rejetant les allégations laissant croire qu'il serait la seule personnalité à décider de quel demandeur pourrait être éligible à la subvention. Pour lui, l'appel à des sachants spécialistes du secteur culturel d'appartenance du dossier lui permet de déterminer, suite au rapport déposé par les concernés, si le dossier gagne la subvention demandée ou non. Et, dans le cas d'espèce, un élément de différence avec l'ex-Fac est que les personnalités consultées ne sont pas connues des postulants à la subvention, ce qui permettrait d'éviter les connivences et les combines.


Quant aux dettes de la saison artistique 2016, laissées par l'ex-Fac, l'invité de "Sociétal culturel" s'est voulu profondément rassurant, expliquant que le Ministre de la Culture, Jean Abimbola, lui a confié comme mission de mettre à jour la liste des artistes et des acteurs culturels devant percevoir leur solde. Ainsi, il lui revient de faire la part des choses entre les acteurs culturels ayant reçu une notification d'octroi de la subvention mais qui ne sont pas allés percevoir l'acompte prévu, ceux ayant perçu la première tranche mais n'auraient pas déposé leur rapport depuis trois ans après avoir exécuté l'activité et, enfin, ceux qui ont reçu la notification d'éligibilité à la subvention, en ont perçu la première tranche, ont exécuté l'activité prévue et en ont déposé le rapport.


En relation avec le Fonds de Bonification, Gilbert Déou-Malé en a montré le caractère incontournable en dépit de la méfiance de bon nombre d'acteurs culturels : "Le Fonds de Bonification est le produit qui viendra accompagner les efforts des artistes sur toute l'année". Ensuite, il a annoncé qu'une vingtaine de postulants parmi lesquels des promoteurs d'espace culturel, sont en lice pour la validation de leur dossier pour pas moins de quatre banques avec lesquelles le Fac est en négociatipn pour lancer la première vague des prêts. Voilà une situation expérimentale que le Directeur général a assorti d'un grand défî : "Nous avons l'obligation de réussir les premiers dossiers pour montrer aux banques et aux acteurs culturels que le Fonds de Bonification est un projet salvateur".


Pour ce qui relève des relations de son institution avec les journalistes culturels, Gilbert Déou-Malé n'a pu qu'afficher une certaine déception, étant donné, selon sa lecture, la collaboration qui s'est avérée difficile entre les artistes réticents à faire contrôler la réalité du déroulement de l'activité financée par le Fac et les professionnels des médias soucieux d'une rémunération conséquente à partir du budget de la communication, prévu par l'artiste pour l'activité concernée : "J'ai été trahi par les journalistes culturels et par les acteurs culturels". Néanmoins, optimiste, l'autorité a nourri l'espoir de la mise en place d'une nouvelle base de confiance pour le travail en symbiose entre les deux parties, pour la bonne marche du Fac : "En 2020, on situe chacun et on repart de plus belle", a-t-elle rassuré.

Marcel Kpogodo

mercredi 10 juillet 2019

Le Ballet national béninois s’envole pour le Portugal

Dans le cadre de sa tournée internationale de l’année 2019

Au petit matin de ce jeudi 11 juillet 2019, quelques membres du Ballet national béninois, encore appelé l’Ensemble artistique national (Ean), fouleront le sol portugais. Ce serait pour tenir une tournée internationale qui leur permettra de participer à un certain nombre de festivals estivaux, prévus pour se dérouler dans ce pays d’Europe, qu’est le Portugal. L’annonce en a été faite le mercredi 10 juillet, à Cotonou, au cours d’une conférence de presse qu’a animée le Directeur de l’Ensemble artistique national, Marcel Zounon.

Les membres du Groupe, dans une effervescence d'avant-goût
18 membres pour 4 festivals pendant 30 jours. L’essentiel à retenir de la conférence de presse qu’a tenue le Directeur de l’Ensemble artistique national, Marcel Zounon, le mercredi 10 juillet 2019, au siège de l’institution, situé au quartier de Mènontin, à Cotonou.
A en croire l’intervenant, le Gouvernement béninois, à travers le Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, par son bras de financement des activités artistiques et culturelles qu’est le Fonds des Arts et de la culture (Fac), a dégagé un montant de 15 millions de Francs Cfa, pour rendre cette tournée possible. Pendant ce temps, de son côté, le Ballet national a mobilisé, à cet effet, 8 millions de Francs. 
Marcel Zounon, au cours de la conférence de presse ...
Ainsi, selon Marcel Zounon, le Groupe du Ballet national comportant des chanteurs, des danseurs et des percussionnistes, sera amené à se produire à travers des spectacles de danses traditionnelles des différentes aires culturelles du Bénin. Ceci s’exercera dans un cadre bien quadrillé, celui de quatre festivals estivaux qui connaissent leur déroulement dans la période actuelle. Détaillant la chose, le Directeur de l’Ensemble artistique national a précisé que le premier Festival auquel prendra part le Ballet est le ’’Festimalorca’’, prévu du 13 au 18 juillet 2019, pendant que le deuxième est le Festival international de ’’Folclore Rio’’, qui s’étend du 19 au 27 juillet. Quant aux troisième et quatrième, ils sont, respectivement, le ’’Folkmonçao’’, pour les 1er au 8 août, et, le ’’Fest’ In Folk Corredoura’’, des 5 au 11 août 2019.

... que suivent aussi les membres du Groupe du Ballet national ...
Et, pour cet expert culturel, l’élément de facilitation de ce brassage hors pair du Ballet national béninois avec des groupes homologues, à travers le monde, est le Conseil international des Organisations de festivals de folklores et d’arts traditionnels (Cioff) dont cette personnalité est le point focal au Bénin.
En conséquence de ce partenariat fructueux, le Ballet national n’a fait qu’agrandir l’envergure de ses expériences de participation à ces rendez-vous internationaux de brassage culturel, ce qui invite à se souvenir que le Ballet national, sous la direction de Marcel Zounon, a marqué sa présence dans ces festivals estivaux, déjà, en 2013, en Hongrie, en Pologne et en Russie, aux Pays-Bas, en 2014, au Portugal, au Mexique et en Italie, respectivement, en 2015, 2016 et 2017.

... sans exception
En outre, Marcel Zounon n’a pu clore son propos sans présenter des marques de reconnaissance. « Cette tournée internationale s’effectue grâce au leadership du Ministre Oswald Homéky que je me dois de remercier », a-t-il dit à l’endroit du Ministre du Tourisme, de la culture et des sports. De même, il a manifesté sa gratitude à plusieurs institutions, à l’échelle nationale, qui sont intervenues, à divers niveaux, pour l’obtention du financement et du visa en faveur de la délégation qu’il conduit à cette tournée : le Fonds des Arts et de la culture, la Direction des Affaires consulaires du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération et l’Ambassade de France au Bénin. Du côté de la France, il a mentionné le Festival ’’Cultures du monde’’.
Heureux de cette tournée internationale qui leur donnera l’opportunité de faire à nouveau parler leurs preuves et le Bénin, les membres du Ballet national ont présenté aux journalistes une esquisse de ce qu’ils sont prêts à aller démontrer au Portugal.

Marcel Kpogodo

La Fim 2019 à Ouidah : une opération réussie par Fadji, Président de la Fammob

Dans le cadre de l’organisation de l’événement

La 37ème édition de la Fête internationale de la Musique (Fim) s’est déroulée le vendredi 21 juin 2019 dans plusieurs villes du Bénin, notamment, à Ouidah. Dans cette cité historique, la tenue de l’événement a été assurée par la Fédération des Associations de musique moderne et tradi-moderne du Bénin (Fammob). Représentée par son Président, Marius Fagbédji Missinhoun, alias Fadji, elle a travaillé à l’érection et à l’animation d’un podium musical, jusqu’à une heure tardive de la nuit.

Un aperçu de prestation musicale à la Fim 2019 au Fort français de Ouidah
De 20h à plusieurs minutes au-delà d’une heure du matin. Le moment qu’a duré le concert initié par la Fédération des Associations de musique moderne et tradi-moderne du Bénin (Fammob), le vendredi 21 juin 2019, au Fort français de Ouidah, à l’occasion de la 37ème édition de la Fête internationale de la Musique (Fim). Ainsi, sous la houlette de Marius Fagbédji Missinhoun, plus connu sous le pseudonyme de Fadji, célèbre artiste de la musique moderne d’inspiration traditionnelle, ayant appartenu au mythique groupe ’’H20’’, un podium a été monté à l’endroit indiqué. Ceci a permis à un nombre impressionnant d’artistes de la musique béninoise de se produire sur scène.

Les têtes couronnées et les sages de la ville de Ouidah n'ont pas voulu se faire conter la Fim 2019 ...
Ainsi, pour une circonstance aussi vespérale, un public impressionnant a fait le déplacement avec, à son premier rang, des têtes couronnées, des personnalités des religions endogènes, des sages et des dignitaires de la ville, sans oublier des représentants du Fonds des Arts et de la culture (Fac), une institution relevant du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports.

... de même que Christelle Bokossa, représentante du Dg/Fac ...
Il a été alors fait l’honneur à des chanteurs bien connus d’ouvrir le bal des passages par des prestations musicales en live. Ils étaient accompagnés par l’orchestre ’’Divine mélo’’. Donc, Sk Punto, Djok Vicoz et Bless Antonio, notamment, ont été respectivement lancés, présentant au public, plus d’une chanson, chacun, des morceaux puisés d’un répertoire que le public, de par sa réaction accompagnatrice, semblait bien connaître.


... et la population de Ouidah ... 
Et, plusieurs autres artistes ont successivement pris d’assaut le podium, avec, cette fois-ci, des morceaux en play-black : Princesse Stella, Castella Ayélo, Réka Bell, Tonton Monyo, Don Lucas, notamment. La succession des chanteuses et des chanteurs était si abondante que l’animateur de circonstance, l’humoriste à l’hilarité facile à déclencher et d’une finesse inégalée, Caporal ’’Djangoun’’, a dû montrer une rigueur implacable : un morceau par personne, de peur d’être purement et simplement coupé par la régie du son. Donc, chaque élu devait se contenter de réussir sa prestation et de quitter la scène.

... qui a fait le déplacement des grands jours
De cette manière, des artistes, accompagnés ou non d’un danseur ou plus, ont enchanté le public, de par la variété des rythmes et même des différentes tendances d’un même rythme. C’est ainsi qu’un peu moins d’une dizaine d’artistes venus de la ville de Bohicon, appartenant à la génération montante de la musique béninoise, ont pu s’illustrer par une pratique diversifiée du ’’soyoyo’’, de quoi montrer que Robinson Sipa n’aura pas prêché dans le désert, à travers l’effervescence qu’a connue, à une certaine époque, le Groupe, ’’La panthère noire’’. Par ailleurs, le septentrion n’était pas du reste, par rapport à des artistes en provenance, entre autres, de la ville de Parakou.
En outre, pêle-mêle, plusieurs groupes ont enrichi le podium du Fort français de Ouidah, parmi lesquels ’’Axwadi’’, ’’Oxygène’’, ’’Commando 229’’, et d’autres artistes : Guy Alléchou, Too Jove, Z Claudel. Tchad P. Limac Jove, Papa Akouè, Adk Kurin.



Le live, une loi tenace

Cependant, coup de théâtre … Après un bon moment de play-back, la programmation a choisi de renouer avec le live, de quoi remettre en selle et en scène le Groupe ’’Divine mélo’’ qui s’est donné d’accompagner des artistes musiciens qui ont clos la succession jusqu’à une heure du matin, dans ses premières minutes : notamment, Rich Savi et Tata Grâce. 



Sécurité assurée

En réalité, le déroulement du concert spécialement mis en place pour célébrer la Fête internationale de la Musique a connu une telle explosion dans le public, un engouement si intense, si fort que des mélomanes ne manquaient pas de se déporter sur la scène pour esquisser des pas de danse en compagnie d’un artiste préféré ou dans le but de communier de manière plus proche avec les notes d’un morceau qu’ils appréciaient particulièrement. Ceci a permis de se rendre compte de l’existence, au Fort français de Ouidah d’un dispositif sécuritaire qui, pour la circonstance de la garantie de l’intégrité morale et physique des musiciens prestants, a dû se faire remarquer. Ainsi, des agents du Groupement des Sapeurs pompiers ne manquaient pas d’intervenir périodiquement pour limiter la volonté de certains danseurs circonstanciels de déranger l’équilibre et l’harmonie de l’évolution d’un artiste donné sur scène. D’un autre côté, au moins un agent de la Police républicaine se devait de sortir du maquis pour jouer le même rôle. C’est dire que le podium du Fort français de Ouidah a fait l’objet d’une sécurisation exemplaire, d’un bout à l’autre de la manifestation. 



Partition efficace du Fac

Pouvaient témoigner de ce bon déroulement, Christelle Bokossa et Ange Mèhinto, deux fonctionnaires du Fonds des Arts et de la culture, qui, en lieu et place de Gilbert Déou Malé, Directeur général de cette institution étatique de financement des activités artistiques et culturelles, ont vécu la réussite de la Fim 2019 à Ouidah. Le Fac ne devrait que se réjouir d'avoir apporté une contribution financière substantielle pour soutenir un tel événement.


Marcel Kpogodo





Fadji présente ses impressions


Fadji, à propos de la Fim 2019 à Ouidah : « […] nous avons eu tout un mélange de genres parce que c’est la célébration de la musique ! »



En marge de la célébration de la Fim 2019 à Ouidah, Marius Fagbédji Missinhoun, alias Fadji, l’organisateur principal de l’événement, a accepté de partager avec notre Rédaction ses analyses, suite à la tenue du plateau musical spécial mis en place au Fort français de Ouidah.


Fadji


Le Mutateur : Bonjour Marius Fabédji Missionhoun. Le public vous appelle Fadji. Vous êtes le Président de la Fédération des Associations de musiques modernes et tradi-modernes du Bénin (Fammob), avec laquelle vous êtes au sein de la Confédération de la Musique moderne et de la musique moderne d’inspiration traditionnelle (Cmmit), qui vous a permis d’organiser la Fête de la Musique (Fim) 2019, ce vendredi 21 juin au Fort français de Ouidah. Avec ce défilé d’artistes venus d’un peu partout, au Bénin, quel bilan pensez-vous pouvoir nous faire de cette organisation ?


Fadji : Il faut dire que l’édition 2019 de la Fête internationale de la Musique (Fim) a été une édition spéciale parce qu’elle a permis aux Fédérations qui sont membres de la Confédération de la Musique moderne et de la musique moderne d’inspiration traditionnelle du Bénin (Cmmit) d’organiser leur propre plateau. De par le passé, c’était un seul plateau pour toute la Confédération, avec toutes les fédérations et les composantes qui s’y trouvent. Mais, aujourd’hui, on a décidé, ensemble, de laisser chaque Fédération organiser son propre plateau, bien sûr, sous la coordination de la Cmmit.
Donc, la Fammob, dont j’ai l’honneur de diriger le Bureau exécutif, a organisé son propre plateau à Ouidah, au Fort français. C’est une occasion qui a permis à plus d’une centaine d’artistes de défiler. Certains même n’ont pas pu le faire parce qu’on a dû arrêter les événements, vu l’heure tardive à laquelle nous sommes arrivés.
Il faut reconnaître que notre Fédération a une emprise beaucoup plus large ; nous avons des associations dont les membres sont un peu partout à travers le Bénin. Ces associations ont envoyé des délégués qui ont quitté Bohicon, Abomey, le Mono, Tori, Kissèmè, Ekpè, Cotonou, entre autres, et on s’est tous regroupés à Ouidah et, la fête a été belle. Il y a eu du spectacle live, du spectacle play back ; nous avons eu tout un mélange de genres parce que c’est la célébration de la musique ! Ce n’est pas la célébration d’une musique mais de la musique. Donc, nous avons eu tous les courants qui sont passés sur scène.
Nous sommes partis de la musique moderne d’inspiration traditionnelle à la musique moderne en passant par la salsa, le ’’soyoyo’’, la musique urbaine. On a eu un mélange, on a eu un plateau assez varié, riche qui a duré quatre à cinq heures de temps.
Donc, par rapport à 2018, la fête était concentrée à un seul endroit. Aujourd’hui, la Confédération a occupé au moins cinq villes ; la Fammob était au Fort français de Ouidah, les autres fédérations avaient leurs plateaux aussi. Cela a permis à des artistes d’autres localités de vivre la ferveur de cette fête-là.
Donc, on peut dire qu’en 2019, cette Fête a été un peu spéciale parce que nous avons voulu diversifier les plateaux, permettre aux fédérations de la musique d’être présentes sur le terrain, avec la coordination de la Confédération. On a eu beaucoup d’artistes, hommes comme femmes, qui ont presté et le public est resté debout jusqu’à la fin. Il faut noter que ce public avait soif de spectacles. Malgré que, dans la soirée du 21 juin, il y a eu le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations (Can), le public était venu très nombreux et plusieurs spectateurs ont rejoint le plateau après le match.
Nous, nous avions une grosse inquiétude : à cause de la Can, on se disait que, pendant le match, il n’y aurait pas du monde. Mais, c’était fou ; il faut noter que les gens avaient une envie de sortir, de se distraire, de se déstresser. Donc, c’est ce qu’on a vécu à Ouidah le 21 juin ; cela a été une très belle fête. Nous en remercions, au passage, le Gouvernement, le Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, le Fonds des Arts et de la culture, la Direction des Arts et du livre, de même que tous nos partenaires tels que la Mairie de Ouidah, les associations et tous les artistes qui ont bien voulu participer pour donner un cachet spécial à cette Fim, édition 2019. 




Entre cette Fim 2019 qui vient de s’achever et celle de 2020, est-ce qu’il y aura le silence total en attendant que se tienne une nouvelle édition, ou est-il prévu des activités, de la part de la Confédération, pour meubler cette année ?


Oui, il y aura beaucoup d’activités. Au niveau de la Fammob, nous entendons aller, d’abord, en une assemblée générale pour renouveler les instances dirigeantes ; il en est de même pour la Confédération. Nous, on ne fonctionne pas dans une Fédération où les dirigeants passent vingt ans sans élection. Il y a le renouvellement des membres du Bureau exécutif pour la Fédération, de même que pour la Confédération.
De plus, avant la fin de cette année, nous avons des activités de sensibilisation envers les associations membres de nos fédérations ; ce sont des séances de travail afin de redynamiser la troupe, de donner les nouvelles orientations à suivre. Nous avons des événements en vue, des festivals qui sont prévus pour être organisés, notamment, le Festival international de Musique du Bénin (Fimub) que la Confédération entend relancer. En 2015, la première édition avait été totalement réussie. Et, tous les partenaires continuent d’écrire pour réclamer cette deuxième édition ; la Confédération projette de l’organiser. Donc, il y a plein d’activités qui sont prévues.
Nos organisations sont à la fois sur le terrain pour organiser des événements, que sur celui du plaidoyer, de la veille citoyenne, pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des artistes béninois.



Nous souhaiterions mieux connaître la Fammob …


La Fammob est née il y a presque six ans. Elle est dirigée par ma modeste personne, avec un Bureau exécutif de sept membres. Nous avons environ une quarantaine d’associations qui en font partie, répandues qu’elles sont sur toute l’étendue du territoire national. De nouvelles associations continuent d’adhérer à la Fammob. Certaines ne se sont pas formalisées et nous leur demandons de le faire avant d’y entrer.
Nous avons organisé beaucoup d’activités. C’est une Fédération qui est très dynamique et dans laquelle s’identifient la plupart de tous les courants de la jeune génération de la musique béninoise d’aujourd’hui, ce qui fait que nous occupons beaucoup le terrain. Avec celles qui y sont, nous avons des démembrements un peu partout.
Nous réglons beaucoup de problèmes dans la corporation, sans bruit ni publicité ni radio ni télévision. Nous participons beaucoup aussi à la lutte pour l’organisation  de la corporation. Nous espérons qu’elle va grandir indéfiniment, même si, demain, on en quitte la tête et que nous passons le témoin à des gens, on espère que cela va continuer.
Je remercie beaucoup les animateurs culturels qui nous accompagnent ; c’est une famille. Nous avons besoin d’eux, de même qu’eux de nous, pour écrire. Donc, c’est comme le moulin et le maïs : le moulin a besoin du maïs et le maïs a besoin du moulin ; c’est une grande famille, mais une grande famille qui souffre beaucoup et à laquelle la juste mesure du travail n’est pas reconnue. Nous espérons que cela va changer, du jour au lendemain, toujours un peu plus.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 26 mars 2019

« […] je porte la responsabilité de tout un pays sur mes épaules, sur ma petite tête », dixit Hervé Wégbomè, comédien béninois

Dans le cadre de sa participation aux ’’Rencontres théâtrales francophones en Arménie’’

La République d’Arménie est un ancien Etat de l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (Urss) qui se situe dans le Caucase, une région montagneuse établie en l’Asie et l’Europe. Du 28 mars au 7 avril 2019 s’y tiennent les Rencontres théâtrales francophones en Arménie. A cet événement participent deux artistes béninois dont le comédien Hervé Wégbomè. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à notre Rédaction, sa capacité d’explication est si efficace que ces Rencontres n’ont plus aucun secret pour le lecteur, par rapport aux contours diplomatiques et d’œuvres sociales qui les fondent. En réalité, les artistes béninois possèdent le secret de faire rayonner et développer le Bénin, au-delà des attentes … 

Hervé Wégbomè, au cours de l'entretien
Le Mutateur : Bonjour Hervé Wégbomè. Vous êtes un comédien, un conteur et, entre autres, un percussionniste béninois. Vous participez à un événement dénommé ’’Les rencontres théâtrales francophones en Arménie’’. Il se déroule du 28 mars au 7 avril 2019, dans un pays qu’on appelle l’Arménie. Pouvez-vous nous détailler de quoi il s’agit ?


Hervé Wégbomè : ’’Les rencontres théâtrales francophones en Arménie’’, c’est un événement organisé par une association francophone d’Arménie, qui est l’Association ’’Avant-scène’’. Il s’agit, pour deux acteurs culturels béninois, Brice Bonou et moi, de participer à ces ’’Rencontres’’. Cela se centralise autour des textes de théâtre, que nous écrivons, de façon collective avec un Français, Bernard Renoult, avec qui Brice Bonou est metteur en scène sur les spectacles que je donne, notamment, celui intitulé ’’Traversées’’ qui est accueilli et qui sera joué à ces Rencontres-là, deux fois par moi-même, en tant que comédien seul sur scène. Cette pièce sera aussi interprétée par une troupe d’étudiants. Nous avons également un autre texte, ’’Sin liho’’, qui relève aussi d’une écriture collective de nous trois ; il sera joué par une autre troupe arménienne d’étudiants.
Je dois indiquer que le texte, ’’Traversées’’, est traduit en arménien et publié dans un recueil de quatre pièces théâtrales de quatre auteurs africains. Donc, à ’’Traversées d’Hervé Wégbomè  s’ajoutent ’’Néma’’ de Koffi Kwahulé, ’’Poussière’’ de Penda Diouf et ’’A bout de sueurs’’ d’Hakim Bah. En plus de cela, il y a une soirée qui est dédiée à la culture béninoise ; elle aura lieu à l’Alliance française d’Arménie, à Erévan, la capitale de ce pays.


L’Arménie est très loin du Bénin. Quel est ce pays et comment s’est effectuée la rencontre entre l’Arménie et vous ?


L’Arménie est vraiment très loin du Bénin. C’est un pays qui est situé à la frontière entre l’Europe et l’Asie, et qui n’a jamais eu de collaboration artistique avec le Bénin qui est un pays inconnu là-bas. La rencontre avec l’Association que j’ai évoquée tout à l’heure s’est faite sur un autre festival à Lyon, à travers les Rencontres théâtrales de Lyon, où j’avais été invité pour présenter mon spectacle, ’’Traversées’’, qui aborde les migrations. La Présidente de l’association arménienne, ’’Avant-scène’’, était venue aussi avec sa troupe pour présenter un spectacle. Après ma représentation, elle qui est professeur d’université et, en même temps, metteur en scène du spectacle présenté par les Arméniens, s’est rapprochée de moi, m’a félicité très sérieusement pour la prestation et a émis le souhait très vif d’accueillir le spectacle béninois dans son pays puis de profiter pour faire découvrir à ses compatriotes arméniens la culture béninoise. C’est comme cela que, de réflexions en réflexions, elle a trouvé ce bon bout de nous inviter sur son événement. Voilà un peu comment la rencontre s’est faite.  


Aux Rencontres théâtrales francophones en Arménie, il y a, comme vous l’avez dit, trois activités principales qui y impliquent Brice Bonou, Bernard Renoult et vous : vous, Hervé Wégbomè, ferez deux représentations théâtrales de la pièce, ’’Traversées’’, avec vos deux collègues, vous animerez des ateliers de théâtre et, enfin, il y aura une soirée béninoise en Arménie, où vous cuisinerez pour vos hôtes un plat typiquement béninois. Comment appréhendez-vous ce vaste programme qui vous attend ?


J’appréhende tout cela avec beaucoup de fierté et de sérénité parce que c’est un grand honneur pour ma petite personne, pour un petit comédien béninois qui fait son petit bonhomme de chemin. C’est une grande fierté parce que, des conversations que nous avons eues avec les amis en Arménie, il y a eu une phrase qui m’a profondément touché. Quand ils se sont rendus compte, là-bas, que l’Arménie n’a jamais rien eu d’officiel avec le Bénin, ils m’ont demandé : « Hervé, sais-tu que ce programme-là est un projet diplomatique ? ». Je me suis dit alors que cela fait davantage une responsabilité, une très grande responsabilité parce que, non seulement je représente mon pays, le Bénin, mais, je le représente dans un pays qui ne le connaît pas du tout. Donc, c’est une lourde responsabilité ; il ne faudrait pas que je fasse piètre figure, parce que je porte la responsabilité de tout un pays sur mes épaules, sur ma petite tête. Il faut que cela soit un passage qui marque les Arméniens pour qu’après, ils puissent encore être demandeurs : « Tiens ! Ce que nous avons vu sur le Bénin, c’est tellement fort qu’on a envie d’en avoir davantage ». Donc, c’est, d’abord, une grande fierté pour nous, une grande responsabilité que j’ai envie de remplir de manière bien réussie.


Selon le regard de certains de vos partenaires sur vos activités culturelles à l’international, c’est un « projet diplomatique ». A cet effet, avez-vous le soutien des autorités béninoises par rapport à cette randonnée que vous allez effectuer dès le 28 mars ?


On peut dire qu’on a un petit soutien même si je doute que les gens, du côté des autorités béninoises, aient pris la vraie mesure de la chose. De façon indirecte, je peux dire qu’on a un soutien parce que, pour une fois, Hervé Wégbomè bénéficie de l’appui financier de l’Etat béninois pour les spectacles qu’il donne à l’extérieur du Bénin. De quoi s’agit-il ?
Depuis 2011, j’ai commencé, avec Brice Bonou, une aventure qui nous amène, de façon assidue, en France, tous les ans. Parfois, c’est deux fois par an, pour représenter le Bénin, pour faire parler du Bénin à travers nos pièces théâtrales qui abordent exclusivement le Bénin, l’Afrique. Et, c’est la première fois que le Ministère de la Culture, à travers le Fonds des Arts et de la culture (Fac), a pris en charge nos billets d’avion. Donc, le Fac nous a attribué les fonds pour l’achat de deux billets d’avion et pour les frais de visa de Paris à Erévan. Le visa du Bénin vers la France, nous l’avions déjà.
Donc, nous avons le soutien de l’Etat béninois, ne serait-ce que pour la prise en charge des billets d’avion. Pour le reste, en grande partie, on le fait de nos poches et, avec l’appui de nos hôtes arméniens puisque, là-bas, les gens ont pris la mesure diplomatique du Projet ; ils sont allés au niveau de leur Ministère des Affaires étrangères et ils ont parlé de leur envie d’inviter une troupe béninoise. De même, ils ont fait envoyer un courrier depuis cette institution vers le Ministère béninois des Affaires étrangères et de la coopération. Et, on a appris, dans les coulisses, que ce courrier a été affecté au Ministère de la Culture. Qu’est-ce que ce Ministère va en a faire par la suite ? On ne le sait pas. Avant l’arrivée de ce courrier, nous avions introduit une demande et nous avons reçu une notification pour la prise en charge des billets d’avion. Est-ce qu’ils vont nous rappeler ? On ne le sait pas encore. Jusque-là, on n’a pas été appelés par les autorités. Etant donné que nous devons aller représenter le Bénin, notre souhait aurait été de travailler avec la Direction du Tourisme, pour que nous ayons en notre possession des outils pour parler du Bénin à l’extérieur. Il faut avouer que c’est très lourd. Pour la petite expérience que nous avons eue de ces démarches-là, par le passé, c’est très lourd, c’est lent, pour rencontrer ces autorités, pour bénéficier d’appuis, pas que financiers, mais aussi logistiques. Parfois, cela épuise et décourage. Du coup, avec Brice Bonou, on évite de trop se gêner. Ceci nous amène à faire tout avec nos maigres moyens ; on a acheté, déjà, de nos poches, les petits objets qui nous serviront à parler de notre pays.



Comme vous l’avez mentionné, depuis 2011, vous faites le va-et-vient entre le Bénin et la France, ce qui vous a permis d’animer plusieurs spectacles : ’’Kan hohonou’’, par exemple, un conte théâtralisé qui vous a exigé plus de 300 spectacles à travers la France, ’’Sin liho’’, un autre conte théâtralisé, avec plus d’une centaine de représentations, ’’Parenthèse’’, concernant la guerre de 1914-1918, que vous avez joué en duo avec une comédienne française, pour plus d’une centaine de représentations aussi dans plusieurs villes de la France. Aujourd’hui, vous en êtes à la pièce, ’’Traversées’’, où vous êtes seul sur scène. Dans votre jeu, généralement, vous intervenez en tant que comédien, conteur et percussionniste. Nous imaginons que cela n’est pas facile … Est-ce que cela n’est pas épuisant physiquement et intellectuellement ?



Avec la passion, on peut dire que tout est facile. Physiquement et intellectuellement, c’est épuisant, mais la passion efface rapidement tout cet épuisement-là. Aujourd’hui, si l’on doit rassembler toutes ces représentations des quatre pièces créées et qui tournent actuellement, je peux dire qu’on en est à plus de 600 représentations données sur le territoire français en sept ans, à raison de deux mois et demie de tournée par an, ce qui fait environ quinze à seize mois de représentations dans plus de 50 villes françaises. C’est beaucoup. Il y a quelques semaines, quelques mois, on discutait, on rigolait entre amis et, lorsqu’on a fait le point, on s’est demandé à quel moment on a réussi à faire tout ceci. Cela veut dire que la passion efface rapidement tout l’épuisement physique et intellectuel qu’on peut ressentir ; on n’est pas près de s’arrêter, on a envie de continuer.


L'Affiche du spectacle, ''Traversées''
L’autre chose qui fait plaisir, qui encourage, qui donne envie de continuer dans ce sens, c’est le ressenti des gens. Quand vous allez dans un village français où les gens n’ont presque jamais vu un Noir, où les gens nourrissent des préjugés vis-à-vis de l’homme noir, vis-à-vis de l’Afrique, les habitants vous accueillent, tout curieux, ils suivent votre spectacle et, à la fin, ils vous posent des centaines de questions pour savoir qui vous êtes, pour connaître votre pays. A la fin, des semaines plus tard, ils vous appellent et vous disent : « Ecoutez, on a envie de venir découvrir votre pays ; on en a tellement entendu du bien qu’on a envie d’aller voir si, effectivement, ce qu’on a entendu est vrai ». Et, au-delà de la parole, ils vous appellent encore pour vous dire : « Hervé, je viens de prendre mon billet d’avion : de telle date à telle date, est-ce que tu es chez toi ? On viendra … ». Effectivement, ils arrivent au Bénin et, après un séjour, ils disent : « On ne savait rien de ce pays, on ne savait pas que vous viviez avec autant d’amour du prochain, avec autant d’humanité ; on va revenir ».
Quand on entend ces choses, cela encourage, cela fait plaisir. Depuis 2011 qu’on a commencé, on peut dire que, pratiquement, tous les ans, il y a au moins cinq Français qui visitent le Bénin parce qu’ils ont vu les spectacles, parce qu’ils ont croisé Hervé Wégbomè et Brice Bonou qui leur ont parlé du Bénin ; ils viennent découvrir, ils viennent sur deux ou trois semaines. Il y a, par exemple, Jean-Michel Barrault, qui nous accompagne beaucoup pendant nos tournées et qui a adopté le Bénin. Ce qui l’y a poussé, c’est que, son père étant militaire, il est né à Cotonou mais il est parti du Bénin à un an et demie ou deux ans. Mais, il n’a pas eu l’occasion d’y revenir, il n’en a plus jamais entendu parler. Et, quand il nous a rencontrés, il nous a dit : « Je suis Béninois comme vous mais je ne connais pas mon pays. Avec vous, je pense que je vais renouer avec lui ». Cela fait quatre ans que Jean-Michel arrive au Bénin tous les ans. Parfois, il vient deux fois. Il était arrivé, en 2018, en août, pour un séjour de trois semaines, et il est revenu faire le Nouvel an au Bénin. Il y a quelques jours, il m’a annoncé qu’il revient en août. Ce qui est aussi intéressant, c’est qu’il initie des projets avec des jeunes Béninois.
Tout cela, c’est une fierté, cela encourage et cela donne envie de continuer, de ne pas abandonner l’idée. Voilà ce que je peux dire de cette aventure ; c’est épuisant, effectivement mais, avec la passion, avec cette fierté qu’on éprouve, on n’a pas envie d’arrêter.


Au-delà de cette endurance physique et intellectuelle, comment vous sentez-vous face aux préjugés de ces spectateurs français sur l’Afrique, sur les Noirs, quand ils réagissent, quand ils les font connaître ? Il est aussi probable que vous soyez confronté au racisme … Comment cela se passe ? Comment vivez-vous tout ce regard peu flatteur sur l’Afrique, sur les Noirs?


Il y a une réalité et l’on y a été confrontés : la méconnaissance de l’Afrique par les Français, dès les premières années. Je suis allé pour la première fois en France en 2004 dans le cadre d’un projet de lutte contre le trafic des enfants, avec un groupe de Français. C’était un projet culturel et théâtral aussi. Et, après une représentation, les jeunes, les enfants, le public qui a suivi le spectacle pose des questions. Par là, on s’est rendus compte que toutes ces personnes ne connaissaient pas l’Afrique ; elles n’avaient pas la vraie image de l’Afrique d’aujourd’hui. Pour les plus petits, l’Afrique se présentait comme dans ’’Tarzan’’, comme dans ’’Kirikou’’ où l’on ne voit que les enfants avec le ventre ballonné, à courir dans la jungle, dans la forêt, tout nus. Et, c’était réel ; c’est l’image qu’ils avaient de l’Afrique. Cette image est encouragée par les médias occidentaux qui, pour parler de l’Afrique, présentent celle des guerres, des épidémies, du sida, d’ébola ; on ne montre pas vraiment l’Afrique qui se développe, qui réussit, qui fait des inventions. Du coup, confrontés à cette réalité, on s’est dit qu’il fallait qu’on la corrige. Comment le faire ? On n’est pas des politiciens ni des diplomates. On ne pouvait corriger cela que par ce qu’on savait faire le mieux : le théâtre. C’est de là qu’on a créé le premier spectacle, ’’Kan hohonou’’, en 2011.
A partir de ceci, je pense que, pour les villes qui ont accueilli ce spectacle, on a réussi à corriger cette image, parce que les gens posent beaucoup de questions ; ils sont curieux, ils posent des questions et ont envie de découvrir. Alors, on leur apporte la vraie information, preuves à l’appui. Quand on leur présente des éléments, on leur dit : « Allez sur Internet. Depuis chez vous, tapez tel nom, tapez tel site, visitez le Bénin de façon virtuelle ; vous allez découvrir ce que c’est que l’Afrique, à travers le Bénin ». Des gens, après, reviennent avec des témoignages, en nous disant : « Effectivement, on ne savait pas que c’était comme cela ». Cela nourrit en eux l’envie d’aller découvrir le Bénin. Et, ils viennent.
Donc, cette image de l’Afrique sauvage, nous, on réussit à la corriger, ne serait-ce que pour les villes qui nous accueillent. Plus de 50 villes, pour plus d’une centaine d’individus par ville, multipliée par 50, vous voyez donc qu’il y a vraiment quelque chose qui se fait, en sourdine, mais il y a quelque chose qui se fait. Nous avons des gens qui reviennent nous dire : « Nous sommes allés sur tel site et nous avons vu telle chose … », « On ne savait pas que le Bénin a une équipe de football … », « On ne savait pas que tel artiste chez nous est écouté au Bénin ... », « On a suivi les informations et on a vu qu’il y a le Président béninois qui est venu chez nous … », « On ne savait pas qu’il y a tel footballeur béninois qui intervient dans tel club chez nous … On l’a découvert … ». Ils nous appellent, ils nous écrivent, ils nous demandent : « Tu connais telle personne ? ». Je leur réponds : « Oui, c’est un footballeur béninois … ». « Il joue chez nous … », continuent-ils. Et, je leur réponds encore : « Oui, vous voyez que le Bénin, ce n’est pas que dans la forêt ; moi, je suis Béninois, je vis au Bénin et je n’ai jamais croisé un éléphant dans la rue ». Cela les étonne et, certains demandent : « Comment cela ? Tu es un Africain et tu vis en Afrique ? ». Il y a des enfants qui m’ont demandé, me faisant tomber des nues : « Mais, Hervé, comment est-ce que tu es arrivé en France ? ». En rigolant, je leur dis : « Je suis venu à dos d’épervier ». « C’est vrai ? », me demandent-ils et, je leur réponds : « Est-ce que vous pensez qu’un homme peut voyager à dos d’épervier, du Bénin vers la France, faisant plus de six mille kilomètres ? Ce n’est pas possible, ce n’est que dans des films, ce n’est que dans la fiction ; ce n’est pas possible : je suis venu en avion ». « Ah bon ! ». « Mais oui ! Chez nous, on a un aéroport, des avions atterrissent chez moi ». Ils s’en étonnent. Ils étaient à peu près en classe de Cm2 (Cours moyen deuxième année, Ndlr), en 2004 ou en 2006 : « Hervé, est-ce que toi aussi, chez toi, tu dors dans des arbres ? ».
Quand vous entendez ce genre de questions, en l’an 2000, cela vous donne des frissons, ce qui veut dire que les gens ne nous connaissent pas du tout. Mais, cinq ans après, quand certains enfants vous revoient : « J’ai suivi telle émission … » ou « Je suis allé chercher telle information sur Internet sur le Bénin ; j’ai eu telle information, telle information … ». Cela vous donne de la fierté. Au moins, chez ces personnes, nous avons réussi à changer quelque chose et, cela continue ; c’est une fierté : on le fait, on ne communique pas beaucoup là-dessus mais on le fait. Si beaucoup plus de Béninois faisaient des choses du genre, je crois que la diplomatie béninoise gagnerait plus par la culture que par la politique. Voilà une occasion pour lancer un appel aux autorités ayant en charge la culture béninoise : c’est d’y croire. Tout se passe comme si elles ne croyaient pas que la culture peut participer à développer le Bénin. Nous n’avons pas une autre richesse à faire valoir à l’extérieur que notre culture ; elle est très très très demandée. De façon insoupçonnée, chaque fois que je vais en France, avec des amis, qu’on se retrouve et qu’on se parle, je peux dire qu’environ une bonne vingtaine de Béninois qui vont sur des festivals, sur des événements, sur des projets, en France, en Europe, parlent du Bénin, pas dans l’environnement politique, mais dans celui culturel qui draine plus de monde, avec des gens qui sont à l’écoute, qui sont curieux de découvrir la culture de l’autre. Ces gens, c’est le peuple, c’est la population elle-même, ce n’est pas dans la politique. Je pense que c’est par ces gens-là que le développement peut se faire. Ce sont eux qui se déplacent vers notre pays, qui apportent des devises.
Comme je vous l’ai dit, Brice Bonou et moi faisons venir au Bénin plus de cinq Français par an ; ce sont des gens qui viennent avec de l’argent, qui dorment dans des hôtels, qui achètent des souvenirs, qui achètent à manger. Tout cet argent, ce sont des devises que cela constitue pour notre pays. Imaginons qu’il y a cent artistes béninois qui font venir cinq, dix Français ou dix Européens au Bénin, par an ; vous pouvez voir ce que cela fait. Ces gens, quand ils arrivent, ils découvrent des choses, ils voient des problèmes qu’ils ont envie de corriger ; beaucoup de touristes français venus au Bénin ont initié des projets et ils sont revenus pour intervenir dans la lutte contre le trafic des enfants, dans le droit des enfants, dans leur épanouissement. Certains viennent participer à construire des hôpitaux, des écoles. Le développement passe par là. Donc, la culture, en plus de tout ce qu’on peut faire par la politique, peut apporter beaucoup ; il faut que nos autorités prennent en compte cet aspect de la chose et qu’elles en aient une conscience amplifiée : il n’y a pas de tourisme sans la culture. Pour que les gens soient intéressés à visiter un pays, il faut que la culture les attire.


Parlant des projets que des Français viennent exécuter au Bénin par le biais de vos tournées théâtrales en France, il y en a un qui a été exécuté à Zakpota. Pouvez-nous nous développer son contenu ?


Les tournées d’Hervé Wégbomè en France, ce n’est pas pour me faire de l’argent, personnellement. Je ne suis pas riche, vous le voyez. En temps normal, un comédien béninois qui a à son actif plus de 600 représentations en Europe, cela sous-entend qu’il s’en met plein les poches aussi. Mais, non. Les bénéfices des tournées d’Hervé Wégbomè en France vont à un projet à Zakpota, celui qui donne aux enfants le droit à des loisirs sains : c’est le Centre des Loisirs de Zakpota.
Dans cette Commune, les enfants avaient souffert du trafic des enfants ; il y a donc eu des Ong et des institutions internationales qui, à travers des dizaines, des centaines de projets, ont réussi à faire reculer ce phénomène et à faire revenir dans la région des enfants qui étaient dans des mines au Nigeria, au Tchad, notamment. A la fin de ces projets, plus rien n’a été fait pour qu’ils se sentent chez eux, pour les maintenir dans leur milieu d’origine. Et, à un certain moment, ces enfants, pour ceux qui ont été rescolarisés, sont tentés de repartir pendant les vacances à cause de l’oisiveté, de la recherche de financements pour résoudre des besoins vitaux. Nous, nous nous sommes demandé ce qu’on pouvait faire pour résoudre ce problème ; c’était peut-être de créer un centre de loisirs où ces enfants, si ce n’est pas la période où ils accompagnent leurs parents aux champs, puissent avoir des distractions saines. Ceci nous a poussés à voir comment cela se fait en France à travers les centres de loisirs et, on en a créé un à Zakpota. Il est entretenu par les bénéfices de mes tournées. C’est un Centre qui accueille 300 à 400 enfants sur une période de six semaines, pendant les grandes vacances. Y viennent ceux qui ont envie de découvrir autre chose, qui ont envie de s’amuser, de s’épanouir. Et, pour les encadrer, ce sont des jeunes de la localité, qui ont reçu une formation en bonne et due forme, une formation qui a été réalisée par des formateurs spécialisés en Loisirs en France, ce qui a amené ces jeunes à obtenir le Brevet d’Aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa). D’un autre côté, si ces jeunes encadreurs viennent le ventre vide, ils n’auront pas la force qu’il faut pour réussir leur mission ni l’envie nécessaire à cet effet. A travers ce Projet, on arrive à leur trouver aussi une rémunération qui leur permet de préparer leur rentrée scolaire, étant donné qu’ils sont des collégiens, des lycéens et des étudiants.
Si ces enfants qui viennent au Centre n’ont que des loisirs, ils s’ennuieront, de même qu’avec le ventre vide, ils ne seront pas présents de corps et d’esprit. Du coup, on prend en charge leur déjeuner et leur goûter quand ils sont dans le Centre. Et, ils sont contents. Pour la plupart d’entre eux, ce déjeuner constitue le seul repas correct de la journée. Aujourd’hui, quoi qu’on puisse dire, Zakpota est encore à ce stade-là. Quand on y va, on voit des enfants dont on est très proches des conditions de vie.
A Noël, on organise une fête pour les enfants de Zakpota, on leur distribue des cadeaux. Les deux premières années, on avait été surpris de voir des enfants qui reviennent et qui nous montrent les cadeaux qu’on leur avait donnés l’année d’avant, des cadeaux encore emballés. A notre question pour comprendre ce comportement, ils répondent : « Ah, c’est trop joli pour être déballé ! ». Ainsi, ils ne découvrent pas ce qu’il y a dans l’emballage ; ce sont des enfants qui ne sont pas habitués à recevoir des cadeaux du genre. C’est nous qui leur disons que ce n’est pas l’emballage qui forme le cadeau et qu’il y autre chose dedans. On prend le paquet, on l’ouvre et l’on leur montre ce qui s’y trouve ; ils sont sidérés. A chaque nouvelle fête, on les éduque au déballage des cadeaux, à s’amuser avec leur contenu, à l’utiliser.
Comme tout ne peut pas se faire avec les bénéfices de la tournée, un autre projet de parrainage a vu le jour. Des Français qui viennent découvrir le Bénin participent à scolariser quelques enfants déshérités. Tout se passe de manière très transparente. Parmi les enfants, on choisit ceux orphelins les plus indigents et des invités les parrainent, ce qui leur permet d’avoir leurs frais d’écolage assurés pendant toute l’année, ainsi que de l’argent pour leur petit déjeuner et pour les photocopies. La gestion en est faite de telle sorte les moyens financiers vont directement à ces enfants. Donc, il y a de ces projets où les gens, spontanément, parrainent quelques enfants. Aujourd’hui, on en a cinq qui sont parrainés par des Français qui viennent découvrir le Bénin, qui se sont mis en association pour cette cause.
Donc, il y a beaucoup de retombées de nos tournées pour le Bénin et pour ces enfants de Zakpota. L’année dernière, on a essayé d’élargir le Centre ; on en a créé un à Bohicon aussi. On a rencontré le Maire Luc Atrokpo, on lui a parlé de l’expérience de Zakpota. Il en était sidéré et a promis de participer à ce qu’on fasse aussi quelque chose à Bohicon, pour les enfants de cette Commune. On a commencé mais cela n’a pas encore vraiment pris. Cette autorité a mis à notre disposition un local pour abriter les activités du Centre des Loisirs. Mais, financièrement, cela ne pend pas encore parce que nos tournées n’ont pas assez de bénéfices pour couvrir à la fois Zakpota et Bohicon. On s’est dit qu’on va en créer dans beaucoup d’autres localités si les mairies sont prêtes à accompagner la chose. On en est là, pour l’instant.


Un appel ?


L’appel que j’ai à lancer, c’est encore à l’endroit des autorités politico-administratives ou des autorités en charge de la Culture au Bénin : je les exhorte à croire davantage à la Culture et à mettre les moyens à disposition parce qu’ils existent. Et, ils vont à qui et à quoi ? C’est une question qu’il faut qu’on se pose. Parmi, ces moyens, il y a le Fonds des Arts et de la culture. Le Bénin en est envié par beaucoup de pays de la sous-région. Nous, au Bénin, qu’est-ce qu’on en fait ? A qui est-ce que ce Fonds profite ? Il y a beaucoup d’associations qui travaillent réellement et qui ont un grand impact mais, malheureusement, elles ne profitent pas du Fonds des Arts. Je ne demande pas qu’on transforme les projets culturels en des projets sociaux, mais il faut que cela soit des projets à impact réel pour le développement de la Culture et pour l’épanouissement du peuple. L’essence de la culture, c’est d’épanouir le peuple. Voilà notre vision de la chose. Il faut que nos Etats, nos autorités puissent nous accompagner dans ce sens. C’est l’appel que j’ai à lancer.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo