Dans le cadre d’un événement à l’Institut français de Cotonou
’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’ est une anthologie poétique mise au point par le poète béninois, Daté Atavito Barnabé-Akayi. L’œuvre a été officiellement lancée le samedi 20 février 2021 à l’Institut français de Cotonou (Ifc), en présence de l’auteur, des poètes contributeurs et, notamment, de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, et de nombreux apprenants. Le public put alors se faire une idée de certains thèmes forts qu’aborde le livre.
Une partie de la première de couverture de l'ouvrage lancé |
277 pages, 10 poètes contributeurs, 4 autres invités et 1 préface d’Apollinaire Agbazahou, pour un livre paru en juillet 2020 aux éditions ’’Plumes soleil’’. La substance de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’, l’anthologie poétique ayant connu son lancement officiel dans l’après-midi du samedi 20 février 2021 à la paillote de l’Institut français de Cotonou (Ifc), avec la participation de Daté Atavito Barnabé-Akayi, l’auteur de l’ouvrage, de l’ensemble des dix poètes, de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, de professeurs de Français en activité et d'autres, à la retraite, puis de plusieurs dizaines d’apprenants en provenance d’établissements scolaires de la ville de Cotonou.
Aperçu du public ayant fait le déplacement de l'événement |
De gauche à droite, Laurent Faton, Jérôme Tossavi et Guy Houndayi, au cours de la cérémonie de lancement ... |
Dirigée par Jérôme Tossavi, bibliothécaire à la médiathèque de l’Ifc, la cérémonie de lancement a consisté en la présentation synoptique, en suivant l’ordre d’arrivée dans l’ouvrage, des dix poètes contributeurs de l’anthologie, chacun d’eux ayant fait le déplacement : Eric Amour Amayidi, Anselme Amayidi, Christophe Amoussou, Espérat Bocovo, Laurent Faton, Grégoire Folly, Issa Gbénou, Guy Houndayi, Zamba Oussa et Amour Toliton.
... sans oublier, d'un côté, Eric Amour Amayidi, Anselme Amayidi, Christophe Amoussou et Grégoire Folly ... |
Ils se sont respectivement fait découvrir par le public, non par leur biographie, mais à travers la définition par eux-mêmes de leur démarche d’écriture poétique et de leurs thèmes de prédilection, une révélation qui, chaque fois, s’est achevée par la lecture, circonstanciellement scénique, d’un extrait du recueil qu’ils ont produit dans ’’Didactique de la beauté - Anthologie des poètes de feu’’, ce qui fut appelé un « poème-ruban ».
... et, d'un autre, Zamba Oussa, Espérat Bocovo, Issa Gbénou et Amour Toliton |
Ainsi,
toujours par ordre d’arrivée des poètes contributeurs dans l’anthologie, le
public a pris connaissance, par la lecture du comédien Bardol Migan, des
extraits respectifs de ’’La langue dans le brasier’’, ’’Les moissonneurs de la
foudre’’, ’’Le royaume des étoiles’’, ’’L’autel lumineux’’, ’’Les étincelles de
l’Iroko’’, ’’Les tisons de la nuit’’, ’’Faisceaux d’or’’, ’’Les perles du
Feu’’, ’’Flambées’’ et de ’’Les charmes de la canicule’’.
A
travers les 12 poèmes du recueil lié à chaque contributeur, quelques éléments
de constance se sont fait jour : les auteurs, par leur pratique poétique,
ont rejeté le poème à forme fixe évidente, ont armé leur verbe du fondement thématique
de l’un des quatre éléments naturels du feu et ont dédié le fruit de leur
inspiration à une femme d’importance présente dans leur conscience, la mère ou
l’épouse, selon le cas. Par rapport à la deuxième considération
caractéristique, le sous-titre de l’ouvrage la préfigure ; elle les
identifie comme des « poètes de feu ».
Se
rapportant aux quatre poètes invités dans l’ouvrage, que sont Jean Benoît
Alokpon, Eugène Gbédédji, Bruno Ahossi et Daté Atavito Barnabé-Akayi, les trois
premiers n’ont pas fait le déplacement du lancement de l’anthologie poétique,
comme s’il avait été décidé de laisser la primeur de la découverte par le
public aux dix élus, mis en vitrine, dès la page de couverture du livre.
En
réalité, la cérémonie, ayant laissé à la poésie une place prépondérante et, d’ailleurs
essentielle, a plu et s’est enrichie de la variété du choix thématique, en
passant d’un auteur à l’autre, surtout que chacun d’eux a bénéficié de deux
minutes de temps de parole afin d’éclairer le public sur le choix de la
manifestation d’un sujet ou d’un autre. Ensuite, le public a disposé de
l’opportunité de faire valoir des analyses ou de poser des questions.
Et,
surprise ! Tout ce qui est dédié à la poésie étant considéré comme, soit
hermétique, soit ennuyeux, soit les deux à la fois, il semble n’en être rien
apparu chez les participants à la cérémonie, dont la grande majorité était des
collégiens et des lycéens. Le signe que Daté Atavito Barnabé-Akayi est en train
de relever un défi aux multiples facettes : détruire l’effet
’’chasse-mouches’’ autour de la poésie, en construire une de spécifiquement
béninoise par la spécificité inculturée des sujets et des thèmes, constituer
une palette d’auteurs poétiques nationaux, qui ira s’élargissant, se développant en
nombre, démontrer que la poésie ne constitue pas ce genre aussi pauvre
d’amateurs et de férus, puis, entre autres, contribuer à la disparition du
mythe autour d’un genre littéraire aussi fui et pratiquement banni.
Voilà qui augure de la réconciliation d’un large lectorat futur avec un genre longtemps redouté et inutilement sacralisé, ce qui donne l’occasion de faire apparaître de Daté Atavito Barnabé-Akayi, un profil psychologique d’une certaine rareté au Bénin.
Daté Atavito Barnabé-Akayi, rebelle spirituel
L’édition de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’, dans une vision de démythification et de valorisation de la poésie au Bénin, sans oublier, de promotion d’une jeune pousse en la matière, donne de Daté Atavito Barnabé-Akayi la posture d’une personnalité littéraire au rire illuminant en permanence son visage, qui se moque et qui s’extraie de la fameuse et tant décriée ’’béninoiserie’’. Il lui fait un véritable pied-de-nez, acceptant, contrairement aux habitudes, de s’effacer afin de laisser exister d’autres esprits aspirant à la pratique de la poésie, un art dont il est devenu un grand maître ; il a réduit à néant en lui ce fléau moral et spirituel, ouvrant le boulevard à dix talents de poids, dont il n’a pas peur qu’ils le concurrencent ni qu’ils lui fassent de l’ombre.
Daté Atavito Barnabé-Akayi, au cours de l'événement |
Cet
acte de rébellion spirituelle, qui devrait faire école au Bénin, dans plusieurs
secteurs d’activités, s’ouvre sur un comportement de haute et de profonde
humilité du Prix du Président de la République 2017 qu’il est, lorsqu’ayant
investi le secteur de la poésie par ses productions enchaînées et l’avoir
dompté, en l’espace de quatre à cinq années de production assidue, et s’en étant
imposé aux plans, à la fois, national, sous-régional et international, en est
revenu avec une tête qui n’a pas grossi d’un centimètre, se contentant de
prendre et d’occuper la juste place de poète béninois qui lui revient, un
tempérament de maîtrise et d’effacement de probables pulsions d’orgueil, qui permet
de comprendre qu’un tel esprit puisse se lancer dans une initiative d'anthologie
de suscitation et de déversement d’une relève d’une qualité incontestable.
Dans
cette logique de rester à la place scientifique qu'il lui revient d’occuper, il
n’a jamais affiché l’ambition de détrôner les anciens, ses prédécesseurs dans
la pratique de l’art poétique. Au contraire, il leur voue un culte, il leur
témoigne un respect absolu, il leur rend hommage, travaillant à davantage faire
connaître leur travail, les invitant dans ses livres, en tant que préfaciers ou
comme simples invités. Comment ces aînés ne peuvent-ils pas tomber sous le charme
d’une générosité aussi divine ?
Concernant
les poètes qu’il précède, il va jusqu’à contribuer à faire naître ceux encore
en gestation, d’où la publication de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des
poètes de feu’’. Comment, alors, ces petits frères, en panne d’une opportunité
d’édition et révélés dans leur talent poétique intrinsèque aménagé en une
inspiration thématique inculturée et labellisée du Bénin, ne peuvent-ils pas s’arracher
cet homme apparemment doté de l’onction de découvreur et de promoteur des
talents cachés, sous le prisme, naturellement, de la manifestation d’une
rigueur monacale dans la sélection des meilleurs qu’il a mués en des élus, à l’instar
de ces 10 « poètes de feu » révélés au grand public le samedi 20
février 2021 ?
Beaucoup
pourraient alors indexer la qualité d’éditeur de Daté Atavito Barnabé-Akayi comme
le levier lui facilitant une telle entreprise de révélation. Cependant, de
manière générale, les éditeurs se lancent-ils dans ce genre d’aventure sans
être certains d’entrer dans les fonds investis ?
Très
influent en tant qu’éditeur se définissant des objectifs d’action supplantant
le profit, il manifeste l’art de l’investigation scientifique en littérature,
pressentant le talent, le dénichant, le manifestant et le diffusant, ce qui
fait qu’avec ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes’’, il en est à
sa cinquième œuvre dans le genre, ayant contribué à faire connaître des aînés, parmi
lesquels des poètes de tiroir, et de jeunes talents, les renforçant alors de l’assurance
nécessaire afin qu'ils fassent le chemin de l’écrivain en poésie, dans ses aspects
positifs et dans ses déboires.
Avant
tout, Daté Atavito Barnabé-Akayi reste un poète. Non, la poésie en perpétuelle
construction, même dans ses ouvrages d’autres genres littéraires, déroutant et subjuguant
par son jeu de cache-cache avec les mots, avec les tournures osées, ironiques,
humoristiques et allusives. Il est simplement, déjà, un passeur inculturé,
nationaliste et africaniste, si bien qu’il va de soi que l’ouvrage lancé en
ouvre la voie à bien d’autres dont l’auteur garde le secret du contenu du
prochain. En attendant que ce successeur, nouveau-né littéraire, voie le jour, ''Didactique de la beauté - Anthologie des poètes de feu'' se cède à cinq mille francs Cfa, dans toutes les librairies de la place.
Marcel
Kpogodo Gangbè