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jeudi 9 juin 2016

Le Ministre Ange N’Koué échappe aux artistes à la base

Au cours d’une manifestation en deux temps
(Les manifestants menacent de revenir très vite à la charge)


Ce petit matin du mercredi 8 juin 2016 a vu, notamment, se dérouler, au Ministère du Tourisme et de la culture, une manifestation de la part de plusieurs artistes béninois. Il s’agissait pour eux de revendiquer une implication des acteurs culturels dans les réformes en cours dans ce Département ministériel. Mais, Ange N’Koué n’a pas accédé à la volonté des manifestants de descendre écouter leurs revendications.

Patrice Adandédjan, devant la presse, après l'étape de la Présidence
« Oui aux réformes, mais sans les acteurs culturels, non », « Ma culture, je me dois de la protéger contre les vautours ». Le message fortement suggestif, en lettres blanches, vertes et jaunes, lisible sur deux bâches d’un fond rouge frappant, présenté avec, derrière elles, des dizaines de manifestants réunis sur une cour dallée, en biais gauche à la façade intérieure du Ministère du Tourisme et de la culture, à Cotonou, en cette fraîche matinée du mercredi 8 juin 2016, pour une revendication pure et simple : rencontrer le locataire des lieux, le Ministre Ange N’Koué, pour lui dire, de vive voix, leur exigence de le voir faire entrer les acteurs culturels dans le système de conception des réformes, concernant le secteur des arts et de la culture. Mais, celui-ci n’a pas cédé à cette attente puisque, pendant que les manifestants se faisaient remarquer bruyamment, il s’est tranquillement infiltré dans sa 4x4 noire de fonction et a quitté les lieux, pour se rendre en Conseil des Ministres.  

Les représentants des manifestants face à la délégation ministérielle
Les manifestants en question étaient des artistes, tous secteurs confondus, et sans étiquette organisationnelle : des artistes à la base. Ils ont réalisé leur présence dans ce lieu public par un tintamarre musical fait de chants révolutionnaires et de danses, rythmés par des sons de fanfare, de tam-tam et d’un morceau de rail faisant office d’un gong que quelqu’un battait de manière très stridente. Tout d’un coup, stratégique interruption du vacarme profondément perturbateur des activités des fonctionnaires dont un certain nombre était juché aux vitres des fenêtres de leur bureau. En effet, un peu avant le départ d’Ange N’Koué, vient de faire son apparition Richard Sogan, Secrétaire général du Ministère (Sgm), qui portait la tête d’une petite délégation de 3 personnalités dont Francis Zogo, le Directeur du Fonds d’aide à la culture (Fac). « On ne peut pas faire des réformes dans le coton sans les cotonculteurs ; nous demandons juste deux minutes au Ministre pour écouter nos revendications et nous repartons », s’est alors écrié Patrice Adandédjan, artiste de la musique traditionnelle et l’un des meneurs du mouvement. Face au représentant du Ministre exigeant une orthodoxie dans la méthode de revendication des manifestants, et sollicitant qu’ils montent pour discuter en salle de conférence, leur porte-parole se montre négativement preneur, évoquant les humiliations antérieures faites par Ange N’Koué, dans des circonstances où ils avaient accepté de se soumettre à la même demande.

Les manifestants, au Ministère de la Culture
Devant cette fin de non recevoir, le Sgm et sa petite équipe quittent les lieux, ce qui fait reprendre le tintamarre musical mais, plus fortement, jusqu’à ce que, de manière plus ou moins remarquable, le Ministre de la Culture quitte son lieu de travail. Face à l’évidence de ce départ, cessation de la musique, concertation rapide des têtes de pont et, diffusion rapide de la nouvelle stratégie : aller rattraper Ange N’Koué à la Marina, quitte à même rencontrer Patrice Guillaume Athanase Talon, le Chef de l’Etat, pour se plaindre à lui du fait que son Ministre les exclue des réformes en cours.

L'atmosphère, bien que tendue, était très festive
Dissolution donc de la masse des manifestants, qui, au fil des minutes, avait considérablement grossi.
En un tournemain, les artistes en colère, qui avaient, en majorité, des engins, s’auto-transportent et, les voilà à la Présidence de la République. Cette fois-ci, pas de bruit, ni de musique ni de chants ; les lieux, même à leur devanture, imposent une véritable solennité que les manifestants, flairant le signe, décident de ne pas troubler. Nous sommes à la façade extérieure droite de la Marina, quelques petits mètres avant le premier poste de filtrage des entrants ; la barrière dressée des gardes ferme une entrée étroitement contrôlée.

A la Présidence de la République
Des négociations sont lancées entre les représentants des manifestants et un des soldats, très affable, réitérant à ses vis-à-vis la nécessité de suivre une procédure avant de se pointer sur ce genre de lieu. Comme alerté très discrètement, un des responsables des militaires, en tenue de sport, fait son apparition. D’une grande jovialité, il rassure les représentants des artistes en colère et leur tient le même langage, en contrepartie de quoi il reçoit l’évocation de l’inertie des procédures administratives pendant qu’Ange N’Koué cuisine ses réformes dans son bureau, ce que, notamment, Patrice Adandédjan juge inacceptable, et l’adrénaline semble vouloir remonter à la surface quand la sérénité du militaire en tenue de sport calme et rassure. Par ailleurs, les négociations continuent pour donner la chance aux manifestants d’entrevoir le très célèbre Sieur Patrice Guillaume Athanase Talon que ceux-ci considèrent comme le dernier recours. Sur ces entrefaites survient, d’une voiture banalisée dont il bondit comme un chat, Tétédé Idjouola, le Chef de la Garde républicaine, taille modeste, carrure solide, sourire aux lèvres, semblant bien connaître Patrice Adandédjan. Visiblement, cet artiste n’est pas un intrus dans la maison Marina. Nouveaux propos de manifestation de l’impossibilité pour les artistes de rencontrer le Chef de l’Etat. La concertation restreinte des porte-parole avec le patron de la sécurité présidentielle accouche d’un fin de non recevoir distillée dans le sourire par le militaire. Le rassemblement est donné et l’annonce est faite d’une rencontre, dans l’après-midi, entre ceux-ci et Tétédé Idjouola, pour harmoniser les points de vue, d’où la levée du siège de la devanture extérieure de la Marina. Et, on promet avec véhémence de revenir à la charge, tant qu’Ange N’Koué n’aura pas montré son engagement à associer les artistes à la construction des réformes au Ministère du Tourisme et de la culture.

Marcel Kpogodo




Le film d’une manifestation particulière



7h30 - 8h10 : Rassemblement progressif des manifestants sur la façade intérieure du Ministère de la Culture

8h10 : Début du jeu d’un orchestre bruyant alliant instruments modernes et traditionnels : fanfare, tam-tam, gong, notamment. Chansons révolutionnaires. Certains manifestants sont habillés de rouge, d’autres ont leur tricot, exprès, à l’envers. Etant artistes, ceux-ci utilisent leurs moyens de travail que sont l’orchestration, les chants et les danses, pour se faire entendre. Perturbation littérale de l’atmosphère sonore des lieux.

8h26 : Apparition du Sgm, Richard Sogan, en compagnie, notamment, de Francis Zogo, Directeur du Fonds d’aide à la culture. Négociations chaudes avec Patrice Adandédjan, très intraitable : « Le Ministre ou rien … ». Menaces d’aller chez le Chef de l’Etat, à la Marina.

8h30 : Départ de la délégation ministérielle.

8h32 : Compte-rendu bref aux manifestants et reprise du tintamarre, avec des pas de danse plus endiablés et une musique plus forte, comme pour marquer une certaine exaspération. Le groupe des manifestants s’élargit de dizaines de nouveaux arrivants.

8h36 : Départ d’un véhicule officiel 4x4 noir de plaque bleue, vraisemblablement celui du Ministre de la Tourisme et de la culture. Tintamarre plus intense, vacarme musical de plus en plus assourdissant.

8h44 : Cessation de la musique et des chants, pour une concertation rapide. Prise de la décision du départ pour la Présidence de la République, sans bruit aucun et avec les moyens de bord dont dispose chacun, pieds ou engin : consigne des organisateurs.

8h46 : Départ effectif, vidage de la cour intérieure.

9h02 : Positionnement des manifestants sur l’espace latéral droit de la devanture de la Marina, l’Institut français de Cotonou leur faisant face. Discrétion absolue. Calme. Discipline. Discussions entre les meneurs du mouvement et un militaire ayant pris le devant des négociations. Incompréhensions, de part et d’autre, exprimées dans une courtoisie et une sérénité hors du commun.

9h21 : Arrivée de Tétédé Idjouola. Discussions avec Patrice Adandédjan ; les deux hommes se connaissent. Réaffirmation par le cadre militaire de la fin de non recevoir, il faudra prendre d’autres dispositions plus traçables pour rencontrer le Chef de l’Etat.

9h26 : Rassemblement général des manifestants par leurs représentants. Apport de l’information aux artistes. Prévision d’une rencontre des responsables avec Tétédé Idjouola, à 15h.

9h30 : Démobilisation officielle de la manifestation, repli ordonné vers le Stade de l’Amitié, pour une plus grande liberté de concertation.

9h33 : Débriefing sur le parking de l’Institut français de Cotonou.

9h34 : Interview des meneurs à la presse : soupçons évoqués par Patrice Adandédjan de corruption nocturne de certains aînés et de têtes de pont de la famille des artistes, ce qui justifierait leur absence à la manifestation. Motivation de la manifestation du mercredi 8 juin par des correspondances vaines envoyées au Ministre Ange N’Koué. Demande du limogeage par l’intervenant de cette personnalité pour la remplacer par un acteur du secteur des arts et de la culture. Disparition progressive et totale des manifestants.

10h10 : Arrivée et entrée dans le Palais du discret mais impressionnant cortège de Son Excellence Patrice Guillaume Athanase Talon, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.

10h15 : Arrivée de l’artiste Eléphant Mouillé sur un terrain dégarni de la plupart des manifestants ; il va aux nouvelles.


M. K.

lundi 6 juin 2016

8 énormes griefs de la Cbaac contre Ange N’Koué, Ministre béninois de la Culture

Dans le cadre d’un point de presse tenu par cette institution faîtière des acteurs culturels béninois
(Entre autres, Patrice Talon a été vivement interpellé)


La Médiathèque des diasporas de Cotonou, sis Place du Souvenir, a abrité un très retentissant point de presse, organisé par la Confédération béninoise des acteurs des arts et de la culture (Cbaac). C’était dans la matinée du dimanche 5 juin 2016. Cette sortie médiatique a permis aux responsables de cette institution de faire ressortir 8 colossaux éléments de colère contre Ange N’Koué, Ministre béninois de la Culture, sur un fond de 3 appels pressants.

De gauche à droite, Philippe Abayi et Pascal Wanou, au cours du point de presse
Avoir contribué à bloquer complètement les échanges entre les acteurs culturels et, lui, Ange N’Koué, Ministre béninois de la Culture, avoir coupé toute communication entre son Département et ces types d’acteurs, avoir manqué d’installer la Commission chargée de l’élaboration des nouvelles réformes au Ministère du Tourisme et de la culture, avoir mis en place « une atmosphère de confusion, de dédain et de mépris » vis-à-vis des « organisations faîtières (des artistes, Ndlr) légalement constituées et de leurs responsables », avoir instauré un « système de caporalisation de la gestion des ressources du Fonds d’aide à la culture (Fac), avoir brisé le « partenariat acteurs culturels-administration ministérielle », au vu de la « mise à l’écart totale des acteurs culturels dans la définition des réformes par le Ministère », avoir choisi de faire régner de l’opacité dans « la gestion de la crise en n’associant pas les acteurs culturels à sa résolution » et, enfin, avoir fait le choix du « pourrissement de la situation » en assistant passivement à l’achèvement du mandat des administrateurs du Fonds d’aide à la culture, laissant ainsi aboutir à un « vide juridique favorable à un fait accompli savamment préparé à l’avance », ce qui fait conclure par la Cbaac à la décision d’Ange N’Koué de créer un ’’Comité de gestion’’ pour remplacer le Fac, afin de disposer à sa guide de la « cagnotte » de 5 milliards, gérée annuellement par ce Fonds. La liste des 8 fondements de la profonde indignation des acteurs culturels béninois, exposés, hier, dimanche 5 juin 2016, à la Médiathèque des diasporas, par les responsables de la Confédération béninoise des acteurs des arts et de la culture (Cbaac), au cours d’un point de presse auxquels ont participé beaucoup d’artistes et de responsables d’associations et de fédérations d’artistes, parmi lesquels Alèkpéhanhou, Gaston Eguédji, Jac’Oho, Dimitri Fadonougbo, le Professeur Codo, Richard Adossou, Léon Hounyè et bon nombre de ses collègues du G113, Setge Yéou, Simplice Béhanzin, Bienvenu Abaï, sans oublier la plupart des responsables de la Cbaac tels que son Président, Philippe Abayi, Pascal Wanou, et le 1er Vice-président de cette institution faîtière des fédérations des artistes de tous les secteurs.
Dans un ton acerbe, Pascal Wanou qui, justement, portait la parole des acteurs culturels béninois, a martelé, au comble de la colère : « Nous ne sommes pas des badauds, nous ne sommes pas des idiots, nous ne sommes pas des mendiants … ». Avant cette lancée, celui que l’on reconnaît comme un ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a montré que des actions musclées seraient mises en œuvre, quelques heures seulement après le point de presse, concluant d’une manière très ferme : « Nous n’allons pas nous laisser faire ! ».
Par ailleurs, à en croire Pascal Wanou, les acteurs culturels, en dépit de l’affront qui leur est fait par Ange N’Koué, restent « ouverts au dialogue », ce qui les amène à adresser 3 types d’appel.



Les appels des acteurs culturels

En premier lieu, les acteurs culturels interpellent le Chef de l’Etat, le Président Patrice Guillaume Athanase Talon, afin que, selon les termes de Pascal Wanou, « il se préoccupe personnellement du développement culturel du Bénin et de l’épanouissement réel des acteurs culturels ». Puis, le porte-parole l’a appelé à la nomination d’un Ministre de la Culture, qui soit issu du rang des artistes, ce qui, selon lui, serait la matérialisation de la vraie ’’Rupture’’.
En direction d’Ange N’Koué, les acteurs culturels proposent, en substance, la prolongation du mandat des Administrateurs du Fonds d’aide à la culture jusqu’au 31 décembre 2016, une action salutaire qui devrait amener à la « préparation et à la mise en œuvre des réformes, en étroite collaboration avec les acteurs culturels ». Selon ceux-ci, ce résultat ne pourrait être atteint sans la concrétisation par le Ministre de quelques qualités essentielles auxquelles ils l’appellent : « l’esprit de discernement, d’ouverture et de dialogue, le respect des textes et l’arrêt de toute ingérence dans la gestion quotidienne du Fac ».
Enfin, closant son propos, Pascal Wanou a suscité chez les siens, acteurs culturels, « l’union dans la diversité et l’unité d’action », le sens de la « discussion, du travail » et « l’arrêt de toutes sortes de stigmatisation, de dénigrement », avant de leur demander deux choses : l’apaisement et la mobilisation totale pour, bientôt, « livrer bataille », au cas où l’autorité les y contraindrait.   
Le régime de la Rupture et du Nouveau départ étant désormais à l’épreuve de la gestion des affaires publiques, il faudrait que les divers niveaux de prise de décisions, indexés par les acteurs culturels puissent ne pas faire la sourde oreille face à l’exaspération et à la colère, visibles chez ceux-ci, à ce point de presse du dimanche dernier, un entêtement, délétère, qui se révélerait nuisible à la corporation des arts et de la culture, en particulier, et au Bénin, en général.

Marcel Kpogodo

vendredi 20 mai 2016

Le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, fait honte au Nouveau départ

Dans le cadre des cérémonies d’hommage à Jean Pliya


Sous le couvert de la commémoration du 1er anniversaire du décès de Jean Pliya, a eu lieu, le samedi 14 mai 2016, la représentation magistrale, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, de la pièce, ’’Kondo le Requin’’, assurée par le ’’Théâtre Kaïdara’’, dans une bonne succession de tableaux. Mais, un gros cheveu sur la soupe : n’est pas venu le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Un désaveu pour une vision d’espérance du Nouveau départ de Patrice Talon.

Une séquence de de la représentation de l'intronisation du Roi Béhanzin
Une absence de taille : le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, n’a goûté à aucune seconde des deux explosives heures de la représentation de ’’Kondo le Requin’’, une pièce historique écrite par Feu Jean Pliya. Cet événement signalait le dernier acte, en cette soirée du samedi 14 mai 2016, d’une série de manifestations liées à la commémoration du 1er anniversaire du décès, justement, de cet auteur, dramaturge, entre autres. Et, très chargé, il n’a pu se rattraper les mercredi 18 et jeudi 19 mai, deux dates où la pièce avait été à nouveau jouée.
Elle relate les difficiles relations du Roi Béhanzin, ’’Kondo le Requin’’, avec le colon français que représente le Général Dodds. Celui-ci est sorti gagnant d’une dure guerre contre le Royaume du Danhomè, ce qui en a conduit le souverain à se rendre à l’ennemi et à être conduit en exil.
La mise en scène par Tola Koukoui de la représentation d’une telle pièce a réussi, d’abord, du fait de la restitution d’un décor rappelant le rouge ambiant de la terre argileuse du cadre ordinaire de la vie au Royaume du Danhomè. Grégoire Houdéhou, qui s’en est chargé a fait le choix d’une façade de fond de scène d’un long mur d’enceinte, doté d’une ouverture centrale enregistrant les brusques arrivées et sorties du roi et de sa suite, puis conçu avec des passages décrépits, comme dans le vrai, sans oublier des panneaux, de part et d’autre de ce mur, montrant deux différentes époques de règne : celle du Roi Glèlè finissant, avec le lion, et l’œuf matérialisant celle de Béhanzin.
Au centre de la scène se déroulait l’essentiel des actions dont la plupart concernaient le souverain. Dans une répartition symétrique, les femmes, à gauche et, les hommes, du côté droit, suivaient tout de près, les premières pour ne lancer que des louanges au ’’Dada’’, les êtres de sexe masculin, pour, parmi ceux qui en avaient la posture, respectueusement s’adresser au Roi et tenter de faire passer leur point de vue. Il s’agit donc d’une mise en scène qui est restée fidèle à la mentalité sociale de l’époque du Royaume du Danhomè : les femmes n’avaient pas le droit à la parole, surtout en public. Si elles devaient la prendre, ce ne devait être qu’en groupe pour couvrir ’’Dada’’ de chansons glorifiantes.

Un des merveilleux tableaux de la pièce ...
Par ailleurs, la mise en scène de ’’Kondo le Requin’’ par Tola Koukoui a réussi, comme à cette représentation au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2008. En effet, l’intérêt du spectateur était permanent tellement des tableaux captivants se sont succédé : l’épisode de l’entrevue de Kondo avec Dodds, Glèlè, le roi en exercice étant malade, la danse du deuil du décès de celui-ci, la cérémonie d’intronisation de Béhanzin, dans ses deux aspects rituel donc privé, restreint à quelques ministres, et public, ce qui veut dire ouvert à tous, les chants et les danses, la consultation négativement accueillie par le Roi de Guèdègbé, les louanges des griottes, Béhanzin en privé avec deux de ses épouses rivalisant de câlins et de massages, pour se faire préférer, les critiques en privé de paysans comme de nobles, la détresse de Béhanzin avec, à son point culminant, le célèbre ’’discours d’adieu’’.
Tous ces faits du jeu théâtral ont été assurés par une brochette de comédiens et de comédiennes béninois distribués, dont le professionnalisme n’a fait qu’exploser davantage : Josette Loupéda et Carole Lokossou, les coépouses du roi,  Eliane Chagas, notamment, dans le rôle de l’intrigante Vitchégan,  Nathalie Hounvo-Yèkpè,  Sandra Adjaho, Nicole Dadjo, Nadjibath Ibrahim, Espoir Abogourin, Blanche Hounga, Félicité Gounou, Céciline Abissi, entre autres, toutes des griottes, Koffi Gahou le ’’Guèdègbé’’, devin du roi, Patrick Gbaguidi, Raphaël Hounto, Fidèle Anato, James Salanon, alias ''Major'', Bardol Migan, le ministre de la justice, Franck Béhanzin le ’’Yovogan’’, Mathieu Koko le ’’Mèhou’’, Serge Zossou le ’’Gahou Goutchili’’, chef des armées du royaume, et, surtout, Nicolas Houénou de Dravo, dans le rôle tant exposant de Béhanzin.
En outre, le metteur en scène, Jean-Michel Coulon et le bibliothécaire, David Longin, ont assuré les rôles respectifs de représentants coloniaux. Et, Adolphe Koffi Alladé, acteur aussi, a coordonné les chants et les danses par le biais de son groupe de ballet, ’’Hwendo na bua’’, sans oublier Koffi Gahou s’étant aussi chargé des costumes et des accessoires. Du côté de la régie du spectacle, Bruno Adadja a fait montre d’une science sans failles.


Le gros hic

« Nous acceptons de rencontrer ceux-là qui nous permettront enfin de mettre en place les soubassements, les fondements d’une culture de la vraie culture ». Ainsi s’est exprimé, quelque peu déçu, à la fin de la représentation théâtrale, Tola Koukoui, entouré par les comédiens ayant salué le public et avec, à sa proximité, le Professeur Adrien Huannou, organisateur des manifestations d’hommage au Feu Jean Pliya ; il cherchait des yeux un représentant du Gouvernement pour mettre fin officiellement à celles-ci, le spectacle venant clore les activités de la commémoration du premier anniversaire du décès de cet homme de Lettres, de culture, de naturothérapie et d’évangélisation.

Au premier plan, de gauche à droite, Adrien Huannou et Tola Koukoui
En réalité, si la représentation de ’’Kondo le Requin’’ n’était pas un événement, elle avait un cachet particulier, vu qu’elle visait à faire se souvenir de Jean Pliya, à faire honneur à ses qualités de dramaturge, à marquer le premier anniversaire de sa disparition. Ainsi, la présence d’Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, au spectacle et à la cérémonie de clôture aurait montré l’intérêt du Gouvernement de la Rupture pour la célébration de la mémoire des grands hommes de la République. Dans le cas d’un agenda supposé chargé, un membre de son cabinet aurait valablement rempli cette mission, ce qui aurait sauvé les meubles du respect de l’Exécutif pour la chose artistique et culturelle. N’avoir pas pris la précaution d’être présent ni de se faire représenter semble montrer le poids léger des événements culturels dans l’esprit d’Ange N’Koué ; il devrait résolument reconsidérer cette conception, étant donné l’espoir immense que suscite le régime du Nouveau départ dans l’univers béninois des Arts et de la culture.




Marcel Kpogodo    

mercredi 13 avril 2016

Le ministre Ange N'Koué rejette les élections du 18 avril prochain

Dans le cadre d'un arrêté ministériel pris ce jour

La matinée du mercredi 13 avril a permis au Ministre du Tourisme et la culture, Ange N'Koué, de remettre en cause les élections devant permettre au monde des arts et de la culture de choisir ses représentants au sein du Conseil d'Administration du Fonds d'aide à la culture (Fac). Elles étaient prévues pour se tenir le 18 avril prochain.
Ange N'Koué
Les élections du 18 avril 2016 concernant le choix des administrateurs du Fonds d'Aide à la culture (Fac) sont annulés, donnant la victoire aux mouvements des artistes béninois, ''Trop c'est trop'' et ''Plateforme Wanilo'', qui s'étaient ouvertement engagés contre la tenue de ce scrutin, un processus prévu pour s'achever le 22 du même mois. Ce qui relève de l'Arrêté n°098/MTC/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA, signé dans la matinée de ce mercredi 13 avril 2016. 


Ce texte vient ainsi abroger l'Arrêté n°082/MCAAT/DC/SGM/CTJ/CTC/PCA-FAC/SA du 1er avril 2016, portant modalités de désignation des représentants des fédérations d'artistes et d'associations de promoteurs culturels au Conseil d'administration du Fac. 


Voilà donc qui relance le débat sur la définition d’un nouveau cheminement pour la désignation par les acteurs du secteur des arts et de la culture du Bénin de leurs porte-voix au veau du Conseil d’administration du Fac, une instance stratégique, vu la partition décisive que ces représentants jouent dans l’attribution des subventions annuelles de l’Etat béninois aux artistes.


Marcel Kpogodo